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Effondrement de la France

Une France bloquée, vers la crise de régime

Les élections législatives anticipées de juin et juillet 2024 ont été la conséquence de la vague Rassemblement national aux élections européennes de juin 2024, mais plus encore elles sont le produit de la crise ouverte en 2022, lors de la réélection d’Emmanuel Macron.

Il n’avait alors qu’une faible majorité parlementaire et celle-ci s’est ébranlée au fil du temps, avec notamment l’utilisation très controversée de l’article 49.3 de la Constitution pour forcer la main aux députés. Tout cela est le reflet d’une France malade, prise dans le tourbillon de la crise du capitalisme à l’échelle mondiale commencée en 2020.

Ce qui s’est passé électoralement en juin et juillet 2024 est de ce point de vue très simple à voir. L’aspect principal est que la France est devenue entièrement soumise à la superpuissance américaine, elle n’est pour ainsi dire plus qu’un satellite américain en Europe, comme le montre son soutien acharné à la guerre contre la Russie.

Les forces politiques en présence sont donc toutes les mêmes dans leur fondement : les nuances ne suffisent pas à produire une vague politique et donc une majorité pour gouverner. Mais il y a en même temps de trop fortes traditions politiques, qui font qu’un consensus à l’américaine, bi-partidaire et par en haut, est devenu pratiquement impossible. C’est donc une période de grande instabilité qui s’ouvre maintenant.

Regardons les choses un peu en détail.

La première, c’est que le camp présidentiel a été largement défait lors de l’élection, avec à chaque fois au premier et au second tour, environ 6,5 millions de voix.

Cela n’a permis que d’obtenir 150 sièges, dont 2 dès le premier tour. Ce n’est pas négligeable, mais, même avec des alliances de proximité, il est impossible de gouverner le pays car c’est bien trop loin de la majorité absolue de 289 sièges.

Le produit commercial « Emmanuel Macron » est donc périmé, il ne suffit plus à maintenir le régime en France. Il lui reste trois ans de mandat, et il ne pourra pas dissoudre l’Assemblée nationale avant un an. C’est là un premier blocage.

Ensuite, la force juste au dessus (et qui prend la première place) est la coalition électorale faite entre la fausse Gauche et les populistes de la France insoumise, qui récolte 7 millions de voix au second tour, contre 9 millions au premier tour.

Le fait qu’il y ait moins de voix aux second tour s’explique par le fait que beaucoup de députés ont été élus dès le premier tour, les voix en leur faveur n’ont donc pas eu à s’exprimer à nouveau.

Cette engouement électoral permet d’envoyer 178 députés à l’Assemblée nationale. C’est, en apparence, une victoire, car il s’agit du plus grand nombre de députés. Toutefois, c’est très loin d’une majorité pour gouverner, et surtout c’est en réalité un assemblage très bancal, pour ne pas dire un bricolage.

Dans les faits, il n’y aura pas nécessairement un seul groupe de députés et il y a des divergences énormes de ligne politique, ainsi qu’en réalité aucune structuration décisionnaire. Toutefois, c’est là un épiphénomène propre à la décadence du pays.

La troisième chose qu’il faut voir est en fait la plus importante. C’est l’incapacité du Rassemblement national à arriver à la tête du pays, malgré son hégémonie politique. C’est là un facteur de blocage essentiel pour la France.

Le Rassemblement national (en alliance avec Eric Ciotti de la Droite classique) a récolté 10 millions de voix au second tour (et un peu plus au premier tour). Il obtient pratiquement 40 députés dès le premier tour et les autres candidats font en général des scores très élevés.

Au premier tour, cela donne un peu moins de 34 % des suffrages exprimés, et au second tour c’est 37 % des suffrages exprimés. C’est énorme, largement de quoi obtenir naturellement une majorité et un gouvernement. Cela d’autant plus qu’il y a une hégémonie sur les thèmes qui sont mis en avant dans le débat public français : refus de l’immigration, inquiétude quand à l’insécurité, apathie culturelle, volonté de figer le capitalisme tel qu’il était au 20e siècle.

Seulement, le Rassemblement national se heurte à une France faible et fragile, incapable d’avoir un Jordan Bardella comme Premier ministre. Celui-ci est pourtant très consensuel et particulièrement peu radical, si on le compare aux différents leaders populistes à travers le monde. Ni dans ses propos, ni dans son attitude, il ne sort du cadre et il paraîtrait comme un modéré si on le mettait à côté de n’importe quelle figure de la Droite française des années 1980.

Mais c’est encore de trop pour une France devenue insignifiante. La petite bourgeoisie hystérique des centre-villes et des cités de banlieue a pu largement s’exprimer et inventer une menace « fasciste » et « raciste » pour exister et empêcher le Rassemblement National. Cela a été suivi par la bourgeoisie moderniste française, elle aussi des grandes villes, qui a espéré profiter de la situation pour se maintenir.

Dans ces conditions, le Rassemblement national et ses alliés n’a pu obtenir que 143 sièges : ce n’est même pas la moitié de ce qu’il lui faudrait pour gouverner ! Le décalage avec la situation politique réelle est donc gigantesque.

Et il faut bien noter cet aspect. Formellement, la France est entrée au cœur de la crise politique ouverte en réalité dès 2022 avec la faible majorité obtenue par Emmanuel Macron : la crise s’exprimant effectivement avec deux ans de retard, ont peut donc s’attendre à une énergie cinétique immense, notamment en termes de rancœurs accumulées.

Car il ne faut pas s’y tromper : la défaite politique du Rassemblement national, pour ne pas dire son échec, est une défaite populaire, et par bien des aspects, prolétarienne. Non pas que le parti de Marine Le Pen soit celui du prolétariat, seule la Gauche authentique peut le représenter et le Rassemblement national n’a rien de Gauche, n’étant qu’une forme moderne de Droite sociale et populiste. Mais il est évident que le prolétariat en France, faible, isolé, marginalisé culturellement et politiquement pendant des décennies, n’a pas pour l’instant pu trouver mieux que Jordan Bardella pour s’exprimer.

Et quand il l’a fait, il s’est pris une gifle monumentale, avec une absence de gouvernement malgré la dynamique politique et le nombre très important de suffrages. Jordan Bardella n’a pas pu faire la différence, car il est coincé par la situation elle-même : d’un côté il ne sort pas du cadre du capitalisme et de la soumission à la superpuissance américaine, donc il ne peut pas soulever de réelle vague populaire, d’un autre il assume beaucoup trop de choses, notamment des exigences d’ordre et de sécurité, pour que la France molle et décadente de 2024 soit capable de le mettre à sa tête.

Et ce qu’il se passe, c’est que personne n’est maintenant capable de gouverner. La seule option possible est une coalition de gouvernement, comme cela existe dans de nombreux pays. Mais c’est impossible en France, où il n’y a ni la rigueur, ni la discipline politique pour que cela fonctionne.

D’autant plus dans une situation de crise (économique notamment, avec une crise de la dette qui ne demande qu’à exploser à la figure du pays) et avec l’engagement militaire du pays contre la Russie.

Voici une projection faite par le Figaro, qui reste le grand journal le plus sérieux en France (ou disons, le moins décadent), avec une connaissance fine de la politique nationale. Cinq scénarios de coalitions sont envisagés, avec seulement un scénario comportant une réelle majorité.

On comprend tout de suite que cela est intenable. La France est en crise, au-delà de l’instabilité, c’est carrément une crise de régime qui se profile.

L’Histoire avance malgré les Français. Préparons-nous pour qu’elle avance avec eux, par la lutte de classes, pour le Socialisme!

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Le désastre de Fabien Roussel et du PRCF aux législatives de 2024

Depuis l’annonce des résultats du premier tour des élections législatives 2024, Fabien Roussel n’est plus député. Le secrétaire général du PCF occupait ce siège depuis 2017. Mais le candidat du RN l’a emporté avec 50,30% des suffrages exprimés, tournant une page de l’histoire politique.

Fabien Roussel a chuté à Saint-Amand-les-Eaux, dans le vieux bassin industriel du Nord. La classe ouvrière y est omniprésente, élisant jusque-là, depuis le début du siècle dernier et sans discontinuer, des candidats de gauche.

Et à en croire les bobos des villes, c’en serait fini de la classe ouvrière. Classe dangereuse, elle aurait perdu la raison et serait vendue aux fascistes.

En réalité, Roussel est le dirigeant d’un parti politique à prétention sociale agissant dans le cadre des institutions. Et pour défendre ses intérêts, l’électeur des classes populaires de sa circonscription aura préféré l’assurance tranchante de la droite populiste à la bonhomie “syndicalisante” de la gauche populiste.

En guise d’exemple du style de pantomime présenté par le PCF aux classes populaires, citons le rassemblement qui a eu lieu à Lens, le 6 octobre 2023. Les maires de la circonscription, accompagnés des parlementaires communistes du Pas-de-Calais, s’étaient donné rendez-vous devant la sous-préfecture un vendredi à 18h, pour déposer une pétition demandant la hausse des salaires et des retraites.

Ce rassemblement faisait suite à une campagne de pétition lancée à l’appel de Fabien Roussel. Un peu plus de 10 000 signatures avaient été recueillies durant l’été, “sur le terrain”, c’est-à-dire en réalité sur les marchés, devant les supermarchés, ou directement chez les habitants de sa circonscription.

10 000 signatures sur un bassin de vie de 250 000 habitants, ce nombre dérisoire montrait alors le manque d’ancrage dans le réel de cette farce de lutte des classes. 10 000, c’est deux fois moins que le nombre de suffrages obtenus par le candidat de la droite populiste dans la circonscription de Saint-Amand-les-Eaux, qui ne compte que 80 000 inscrits.

A Saint-Amand-les-Eaux justement, le PCF disparaît donc du paysage. Reste l’essentiel : la classe ouvrière. Lors du premier tour des législatives anticipées de 2024, elle s’est livrée à une droite aigre par défiance d’elle-même. Elle agit encore par procuration, mais… la tension monte. Elle ne tardera pas à trouver en elle-même les ressources nécessaires pour provoquer le changement qu’elle attend.

Pour cela, la classe ouvrière doit accepter son vrai visage. Il n’est ni celui des beaufs de la gauche populiste, ni celui des arrivistes de la droite populiste.

De manière contradictoire, ce visage, c’est peut-être André Stil, journaliste et écrivain né à Hergnies près de Saint-Amand-les-Eaux et promoteur de la révision du communisme par le PCF, qui en parlait le mieux. Dans son livre autobiographique « l’optimisme librement consenti » paru en 1979, il décrit un type d’Homme dont il craignait la rigueur de l’engagement.

“La politique est nécessaire, c’est un mal nécessaire. Dans le monde d’aujourd’hui, une bonne politique est ce qu’on peut faire de mieux pour les hommes. Mais la politique est dure, souvent inhumaine.

Et le plus douloureux n’est pas toujours les coups à prendre ; il y a aussi les contrecoups de ceux qu’on donne. La plus humaine des politiques est parfois inhumaine.

Des hommes tout dévoués au bonheur de l’humanité peuvent, dans ce dévouement même, croire nécessaire de prendre un visage de bois.”

A Saint-Amand-les-Eaux et partout où la gauche de pantalonnade leur cède la place, les visages grimaçants de la droite populiste n’occuperont pas la scène bien longtemps. Et l’échec de Fabien Roussel, qui s’est cru populaire en maniant les éloges de la viande et de la voiture, fait partie de ce parcours-détour.

Dans le même registre, il y a d’ailleurs le désastre du PRCF. Le Pôle de Renaissance Communiste en France est issue de l’aile gauche du PCF, celle qui a la nostalgie du PCF des années 1980, de l’URSS des années 1980.

Le PRCF a choisi de présenter trois candidats pour ces législatives, après une campagne de boycott des élections européennes. C’était un vrai test, car le PRCF tente de se poser comme centre d’un nouveau Parti Communiste, différent de celui de Fabien Roussel, devant revenir sur le devant de la scène historique en France.

Le choix des circonscriptions a été prudent. Les candidats se sont présentés dans des endroits pour ne pas risquer de favoriser le Rassemblement National, des circonscriptions donc acquises à la gauche, où par ailleurs, il existait d’autres candidatures témoins d’extrême-gauche.

Seulement, voilà, au total il a été recueilli 541 voix par les trois candidats. Pour obtenir cela, autant ne rien faire. Quel intérêt que de se faire humilier et rappelé à son insignifiance politique? L’impact de la « gauche programmatique », dont fait partie le PRCF (comme Lutte Ouvrière ou le Parti Matérialiste Dialectique) est réel sur le plan des idées et de la culture, mais cela ne va pas au-delà et cela ne saurait se concrétiser en termes électoraux dans la France actuelle.

Ou alors c’est de la démesure et il y avait vraiment l’espoir de parvenir à quelque chose, ce qui serait une énorme erreur. Le PRCF propose en effet une « Alternative Rouge et Tricolore ». Et le terrain de ce mélange « national » et « social » est déjà occupé par le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella.

Le PRCF peut bien dire que le RN est démagogue et mystificateur, que ses valeurs n’ont rien à voir, dans la pratique les gens ne comprennent rien à ce qui leur apparaît comme des nuances sans importance.

Les gens voient Fabien Roussel défendre le bleu-blanc-rouge, la viande et la voiture, ils voient le PRCF tout fonder sur la patrie… Qu’à cela ne tienne, il y a déjà Marine Le Pen et Jordan Bardella.

Il aurait fallu porter une différence, mais Fabien Roussel et le PRCF s’imaginent que la France est encore en 1960, qu’il n’y a pas de société de consommation, que les gens sont réellement pauvres voire misérables, etc. Ce manque de réalisme est fatal.

Dans le détail pour les résultats du PRCF, on a 131 voix pour Gilliatt De Staërck, dans la sixième circonscription d’Ille-Et-Villaine au nord de Rennes, ce qui représente 0,20% des voix. La candidate Manon Haller a fait 291 voix dans la deuxième circonscription du Val-de-Marne, soit 0,71% des voix, juste derrière le candidat Reconquête. Quant au troisième, il s’agissait de Yannick Duterte avec 119 votes soit 0,28% des voix dans la septième circonscription de Seine-Saint-Denis.

En Ille-et-Vilaine le PRCF appelle à l’abstention avec un deuxième tour Renaissance contre RN, dans le Val de Marne à voter pour le Nouveau Front Populaire (NFP) incarné par Rachel Keke, et en Seine-Saint-Denis aucune consigne n’est donnée puisque s’opposent le dissident LFI Alexis Corbière à Sabrina Ali-Benali de la France insoumise-NFP.

Le PRCF appelle en général à soutenir les candidats du PCF et de La France Insoumise, et à boycotter les autres. Ce qui revient à la position initiale du PRCF, qui est de se poser « à gauche » de La France Insoumise, avec toujours un grand respect pour Jean-Luc Mélenchon notamment.

Où est l’intérêt de tout cela? Quelle est la qualité apportée? Surtout alors que ce qui va arriver va être historiquement d’une autre dimension!

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Comment qualifier le Rassemblement National?

L’Histoire se présente toujours de manière tortueuse, ce qui demande un effort intellectuel pour en saisir correctement les contours et ses dynamiques. En ce début d’été 2024, la poussée inouïe du Rassemblement national aux élections législatives anticipées interroge quant à la nature de sa dynamique.

Car rien n’est très clair quant à la nature du phénomène selon que l’on prend le programme présenté, la dynamique sous-jacente, les alliances politiques effectuées ou bien encore les discours tenus par certains de ses principaux dirigeants.

Il est aisé de renvoyer aux origines du Front national pour le qualifier de « fasciste », ce qui n’est par ailleurs pas forcément justifié puisqu’il était surtout, dans cette époque donnée, un pôle de la droite anticommuniste.

Dans les années 1980-1990, Jean-Marie Le Pen va essentiellement représenter un réflexe bourgeois face à la Gauche au pouvoir, dans une dynamique anticommuniste et libérale. Il était de ce point de vue une option d’extrême-Droite, au sens d’un parti bourgeois radicalisé face aux prétentions de la Gauche.

C’est la raison pour laquelle les places fortes de la percée du Front national de Jean-Marie Le Pen aux élections législatives de 1986 se situent dans les grandes villes. Tout comme la tentative de mettre sur pied des syndicats Front national au milieu des années 1990 relevait d’une stratégie de barrage de la lutte des classes, d’opposition droitière au mouvement ouvrier organisé et non pas d’une tentative d’assécher son terrain pour en faire basculer ses éléments vers le « camp national ».

Cette perspective droitière anticommuniste et libérale a eu comme point d’orgue l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002, disqualifiant Lionel Jospin, premier ministre sortant d’un gouvernement de « gauche plurielle » en cohabitation avec Jacques Chirac.

Comme on le sait, cette orientation a changé alors que Nicolas Sarkozy avait pu récupérer l’électorat droitier lepéniste de 2002 à l’élection présidentielle de 2007 en fondant cette même année une « Union pour une majorité présidentielle » devenue « Union pour un mouvement populaire » (UMP).

À la fin des années 2000 lorsque Marine Le Pen progresse dans les instances du pouvoir du parti jusqu’à en prendre les reines en 2012, elle impose comme on le sait une nouvelle orientation qui a pris le nom de « dédiabolisation ». En fait de « dédiabolisation », il y avait une transformation en un sens fasciste avec le fait d’assumer l’option « ni de droite, ni de gauche » avec une forte prétention sociale.

C’est l’époque où Alain Soral est proche du Front national et où est effectué un travail de sape de la Gauche historique pour proposer une option littéralement national-socialiste. De la même manière que c’est la décennie où, notamment après l’élection présidentielle de 2012, le Front national emporte des pans entiers des couches populaires anciennement acquises à la Gauche. Une Gauche qui, en parallèle, s’éloigne de son héritage historique pour devenir une Gauche américaine fondée sur les valeurs libérales-libertaires et l’idéologie postmoderne.

À la différence de Jean-Marie Le Pen, la perspective de Marine Le Pen n’était pas de se heurter frontalement aux restes du mouvement ouvrier, mais d’en assécher le terrain pour en récupérer des grappes, et notamment certains de ses cadres. Cela a relativement fonctionné comme l’a prouvé les ralliements d’anciennes figures de la gauche de la gauche au Front National : Davy Rodriguez passé du Front de gauche au FN en 2015, Aurélien Legrand issu des rangs de la LCR/NPA et passé au FN en 2014 ou bien encore André Kotarac passé du parti de gauche au Rassemblement National en 2019.

Et la stratégie de Marine Le Pen a elle aussi connu son point d’orgue quelque part entre 2017 et 2019 avec Florian Philippot, élu vice-président du parti en 2012 et défendant le « Frexit » comme vecteur de cette orientation national-socialiste, avant d’être expulsé du parti après l’échec de la présidentielle de 2017.

Le mouvement des gilets jaunes qui est apparu comme une sorte de petit 6 février 1934 aurait pu provoquer une tentative de coup de force avec un front populiste de nature national-social. Mais son anti-parlemantarisme n’a surtout donné qu’un rejet de la politique, bloquant toute perspective de ce type, alors même que le FN devenait le Rassemblement National pour mieux mettre de côté ses origines.

Qu’est-il aujourd’hui ? Jordan Bardella devenu président du RN en 2021 se rapproche bien plus d’une figure de la Droite populaire telle qu’elle existait dans les années 1990 avec par-exemple le RPF de Charles Pasqua. Aussi n’est-il n’est plus nécessaire d’aller assécher le terrain de la Gauche, puisqu’elle-même a fini de muter en une fausse gauche américaine réfugiée dans les grandes villes comptant électoralement sur des communautés identitaires.

Reste que Jordan Bardella peut bénéficier de tout l’apport des années 2010 en termes d’électorat et de dynamiques populaires, alors que la ligne national-socialiste a échoué en 2017-2018 face au fameux « plafond de verre ». Depuis elle a été rabotée voir carrément abolie, notamment avec l’abandon de la sortie de l’Union européenne et de la monnaie unique. Sans même parler de l’acceptation totale de l’Otan et de la guerre à la Russie, évidemment!

Alors que représente en 2024 le RN ? Ni vraiment un parti d’extrême-Droite affichant une volonté de s’opposer à la lutte des classes, pour l’instant au point mort, ni un parti fasciste visant à faire de la France une grande puissance en mode cavalier seul.

Historiquement, il apparaît en réalité comme l’expression torturée et déformée d’une partie du peuple pour s’émanciper d’une société bourgeoise en décadence. Mais l’échec de la ligne national-socialiste des années 2010 fait qu’il va se heurter à sa propre incapacité historique, puisqu’il soulève un problème bien trop immense pour lui. Le poids de la dette, la récession économique et les nécessité de la guerre à la Russie forment les principaux moteurs de son échec annoncé.

Il en sortira demain ou bien un retour en force de l’option nationaliste-révolutionnaire, ou bien l’option de la Gauche historique, celle que nous portons, en première ligne. Agauche.org est au service de l’avenir inéluctable, du drapeau rouge !

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Victoire électorale et psychologique du Rassemblement national

Le parti de Marine Le Pen, emmené par son président Jordan Bardella en alliance avec Eric Ciotti, est arrivé en tête sur le plan national du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024. Ce sont 10 628 386 personnes qui ont voté pour les candidats présentés par le Rassemblement national et l’alliance avec Eric Ciotti.

Cela donne 33,15 % des suffrages exprimés (21,55 % des inscrits), ce qui est très marquant. Ce qui compte surtout est le choc psychologique crée par le Rassemblement national, qui arrive largement en tête des suffrages en faisant plus que doubler son nombre de voix par rapport au précédent scrutin en 2022 où il avait récolté 4 248 537 voix. Et par rapport aux élections européennes du début du mois de juin 2024, il augmente son nombre de voix de 37%.

Irrémédiablement, Marine Le Pen est parvenue à briser le plafond de verre qui enserrait son parti et l’empêchait de coller à la réalité politique du pays.

Derrière, l’alliance électorale entre la fausse Gauche vraiment électoraliste, les post-modernes et les populistes de la France insoumise, récolte 8 974 566 voix. Cela représente 27,99 % des suffrages exprimés (18,19 % des inscrits).

Quant aux nombre de sièges obtenus dès le premier tour (pour les candidats obtenant plus de 50% des voix), c’est le même rapport : le Rassemblement national et Eric Ciotti en gagne déjà 38 et le « Nouveau Front populaire » 32.

Loin derrière, la majorité présidentielle n’en obtient que 2 et la Droite traditionnelle des Républicains 1 (ainsi que 2 pour des élus classés divers droites).

En nombre de voix sur le plan national, cela donne :

6 425 568 pour la majorité présidentielle, soit 20,04 % des suffrages exprimés (13,02 % des inscrits) ;

2 104 981 pour Les Républicains soit 6,57 % des suffrages exprimés (4,27 % des inscrits).

Dans ces deux cas, c’est un véritable effondrement.

Il faut noter également la participation qui a été très importante, marquant la grande confiance existante en France envers le régime. Le taux d’abstention n’a été que de 33,29%, contre 52,49% en 2022 et 51,29% en 2017.

Il y a deux fois plus de personnes qui ont voté que de personnes qui se sont abstenues. Ce ne sont donc que 16 421 470 de personnes qui ont choisi de rester à l’écart des différentes dynamiques électorales. Par rapport au nombre de voix récoltées par le Rassemblement national et Eric Ciotti, cela fait tout de même un tiers de plus.

En ce qui concerne l’Assemblée nationale, le véritable enjeu de ce scrutin, il y a déjà 76 députés qui sont d’ores et déjà élus, ce qui exprime une grande vague, un engouement, dans certaines circonscriptions, soit pour le Rassemblement national, soit pour le « Nouveau Front populaire ». Il n’y avait que 5 élus au premier tour en 2022 et 4 en 2017.

La géographie électorale est très nette et mérite un commentaire. Il y a de manière flagrante un vote majoritaire soit pour le « Nouveau Front populaire », soit pour la majorité présidentielle, dans les circonscriptions des grandes métropoles, dont l’Île-de-France. A contrario, il y une vague Rassemblement national ailleurs.

C’est très visible avec les candidats élus au premier tour, dans le nord, l’est et une partie du sud pour le Rassemblement national, et en Région parisienne, à Rennes, Nantes, Marseille, Toulouse pour le « Nouveau Front populaire ».

Le choc psychologique produit par la domination du parti de Marine Le Pen conduit à un nombre extrêmement important de désistements au second tour (des candidats arrivés troisièmes et se retirant pour faire barrage au Rassemblement national). Lundi 1er juillet au soir, 155 désistements ont été recensés, dont 104 pour des candidats « Nouveau Front populaire » et 48 pour la majorité présidentielle.

Il faudra maintenant attendre le résultat du second tour dimanche 7 juillet pour bien saisir l’ampleur et la signification politique de ces élections. Notamment, il s’agira de savoir s’il y a une véritable vague populaire de contestation (ou plutôt d’aigreur contestatrice) faisant que le Rassemblement national obtient une majorité (et donc le gouvernement), ou bien si les partisans du turbocapitalisme et de la décadence culturelle postmoderne réussiront à garder l’hégémonie dans le pays.

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1er tour des Législatives 2024: le pays murmure

Les législatives françaises ne se fondent pas sur le principe de la proportionnelle, mais en termes de circonscriptions. Il faut donc attendre le second tour pour savoir combien de députés parviendront à rassembler une majorité.

Mais ce petit jeu de dimension locale n’a pas l’importance des tendances de fond historique. Il y a un attrait pour le Rassemblement national, qui a obtenu 33,5% des voix, alors que le « Nouveau Front populaire » a un score de 28,5%, la majorité présidentielle de 22,1%, la Droite classique de 9,7%.

Deux figures politiques de la Gauche l’ont d’ailleurs appris à leurs dépens, et ce malgré leur célébrité et leur populisme les ayant rendu « appréciables » pour un certain point de vue populaire. François Ruffin, un bourgeois se présentant comme un tribun populaire, est quant à lui loin derrière la représentante du Rassemblement National. Cela malgré ses gesticulations permanentes en tant que député et une surexposition médiatique très poussée.

Pire encore, Fabien Roussel, le dirigeant du PCF, a perdu son siège de député (obtenu en 2017 puis maintenu en 2022), ayant perdu dès le premier tour face à un représentant du Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Et ce malgré tout son style apéro-barbecue-voiture.

Cela montre bien qu’il y a une vague, si ce n’est de colère, de concassage. Le pays murmure, le peuple rumine, les esprits maudissent, les nerfs se tendent. Il y a quelque chose de cassé, comme une sorte d’innocence ou de fausse pudeur des Français par rapport à leur propre pays.

Cela implique qu’il se passe davantage de choses chez les électeurs du Rassemblement national que du côté de la Gauche gouvernementale rassemblée en le « Nouveau front populaire ». Comment pourrait-il en être autrement, puisque cette « Gauche » des bobos, des LGBT, des migrants, des centre-villes et du turbocapitalisme est répugnante pour les couches populaires ?

Voici des propos relatés par Le Figaro qui montrent le degré de caricature de cette fausse Gauche. On est dans un rassemblement parisien à la suite des élections, à Paris.

« Séverine (le prénom a été changé), elle, est une habituée des manifestations. Mais le rassemblement de ce soir a une autre saveur. Pour cette assistante sociale, l’arrivée du RN au pouvoir menace «la mixité», qui lui est si chère. Si elle est fière du score du NFP de ce soir, elle reste pessimiste pour le second tour.

«C’est trop tard, on aurait dû davantage convaincre les banlieues. Elles se sentent abandonnées par la gauche», estime-t-elle. Pour Séverine, quand le RN arrivera à Matignon, s’il gagne, Paris va se soulever. «Les JO seront foutus, ça c’est sûr», conclut-elle. »

Que peut-on faire avec ces gens pour qui il y a les centre-villes et les banlieues, et rien d’autre ? Avec ces gens formés par les universités bourgeoises, pétris dans le libéralisme et le relativisme, qui considèrent que le prolétariat n’existe plus ?

Normalement, il devrait y avoir l’idée d’une grande reconquête de la classe ouvrière, du prolétariat, en disant : la fainéantise de soutenir des populistes nationalistes doit être brisée, elle doit céder la place au drapeau rouge pour la bataille pour le Socialisme !

Et si cette idée n’apparaît pas là, elle est inéluctable. En fait, elle ne peut pas émerger spontanément. Elle ne peut être qu’une expression politique, idéologique, culturelle. Nous sommes là pour ça !

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Premier week-end électoral du psychodrame de 2024

Le premier tour des élections législatives de juin-juillet 2024 a lieu le 30 juin, et le week-end des 29-30 apparaît à l’échelle de tout le pays comme un psychodrame. Angoisse, amertume, inquiétude, incertitude… Rancœur, colère sourde, ressentiments… Tels sont les mots-clefs du psychodrame national.

C’est une anti-révolution. Au lieu que tout le monde bouge, personne ne bouge. Au lieu que les idées fusent, les esprits sont congelés. Au lieu que les choses changent, elles veulent retourner à leur situation antérieure !

Tout cela n’a aucune ambition ni profondeur : c’est la simple peur de gens au mode de vie petit-bourgeois. Le petit-bourgeois n’a pas le côté grandiose du bourgeois, ni le côté réel du prolétaire. Il vit avec un esprit détaché, au jour le jour, avec comme axe la propriété et le confort de sa propre vie.

Et en 2024, même les prolétaires et les bourgeois vivent ainsi en France, trahissant leur propre nature de classe. Pour les bourgeois, on peut le comprendre, leur classe est décadente. Mais pour les prolétaires, comment expliquer cela ? Comment peuvent-ils être assez corrompus pour nier l’Histoire du Socialisme depuis la fin du 19e siècle et se précipiter dans les bras du populisme ?

Que cela se passe aux États-Unis, on peut le comprendre, la Gauche n’a jamais obtenu là-bas de dimension nationale et historique. Mais en France ? Le pays de la Commune de Paris, du Front populaire, de la Résistance, du PCF des années 1950, du mouvement étudiant de mai 1968 et ouvrier de juin de la même année ?

C’est que la France est devenue une province de l’empire américain, et que tout a été lessivé. Des heures passées chaque jour sur internet, la consommation facile avec Amazon, des emplois aliénants et abrutissants… Les Français sont KO techniques et ne veulent rien savoir. Depuis 2020 et la pandémie fracassant le capitalisme, c’est une évidence.

Il faut donc qu’ils paient le prix de leur fainéantise, de leur passivité, de leurs raccourcis culturels et intellectuels. Le week-end des 29-30 juin 2024 sert de révélateur, il montre la France au grand jour, et elle ne vaut pas grand chose sur le plan de la Révolution, pour ne pas dire rien du tout.

Soit les Français l’acceptent et à ce moment-là le pays sera simplement à la dérive. Il s’effondrera progressivement, alors que le tiers-monde va se soulever. Il va être géré tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, avec des « Républicains » face à des « Démocrates », mais cela ne changera rien au fond.

Soit les Français ne l’acceptent pas, et c’est le retour de la Politique, avec comme seule dynamique historique possible la recomposition du prolétariat pour mettre en place un nouvel ordre, par un nouvel État. Le Socialisme… Le Parti !