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Benoît Hamon trahit la Gauche pour EELV

L’opportunisme pro-EELV se généralise sans états d’âme.

Benoît Hamon sera candidat en juin pour les régionales sur la liste Europe Écologie-Les Verts. Ce sera dans les Yvelines et il sera même en seconde position, juste derrière Julien Bayou.

Naturellement, Benoît Hamon justifie cela en disant qu’il faut davantage d’écologie, qu’il faut une majorité clairement écologiste. Dans une interview accordée au Parisien, il assume cependant au détour d’une question ce qui est le réel arrière-plan : la liquidation de la Gauche par l’intermédiaire d’EELV.

« Vous ne craignez pas de vous faire vampiriser par Les Verts ?

Si l’on peut se diriger vers la création d’une grande formation écologiste et sociale, moi, comme Génération.s, nous nous en réjouirions. Il n’y a rien d’indépassable entre nous, le PS, les Verts et les Insoumis. »

Benoît Hamon précise d’ailleurs qu’il soutiendra le candidat de rassemblement prenant en compte son programme de revenu universel. Cela sera donc EELV.

Comment en est-on arrivé là ? C’est assez simple : Benoît Hamon est sympathique et sincère, mais il vit en bourgeois et Génération-s est composé de bourgeois. Le résultat en a été que la scission à gauche du Parti socialiste se ramène à un retournement par la liquidation. Incapable d’assumer l’orientation vers la Gauche historique, il y a l’attirance naturelle vers les valeurs post-modernes, une « écologie » pour relancer le capitalisme qui serait humanisé, etc.

Le principe du revenu universel relève tout à fait de cette approche individualiste. Il est né à l’origine dans la gauche italienne issue de l’Autonomie Ouvrière des années 1970, qui espérait dépasser le capitalisme en instaurant une sorte de communisme immédiat par le revenu universel.

Il a été repris par toute une flopée d’intellectuels de la « seconde gauche » (c’est-à-dire non liée au mouvement ouvrier), puis même par des courants ultra-libéraux de la Droite comme moyen de supprimer en échange la sécurité sociale et les assurance-chômage. Car, dans l’idée, on a une atomisation complète de la société, une société qui n’est d’ailleurs même alors plus qu’un simple mot pour désigner une myriade d’individus séparés les uns des autres, vivant chacun « différemment ».

Cependant, au-delà de cette question, ce qui compte c’est la réalité politique et il faut dire les choses comme elles le sont. Benoît Hamon poignarde la Gauche. N’ayant pas réussi à mettre en place une formation de gauche assez puissante, Benoît Hamon procède à une vente à la découpe au profit d’EELV. Les dernières élections internes de Génération-s reflètent bien ce processus.

EELV a en effet un objectif stratégique : former un appel d’air pour siphonner les cadres de la Gauche, en présentant les élections présidentielles comme incontournables et en disant que seul un candidat EELV peut parvenir à quelque chose.

C’est en appeler à l’opportunisme. C’est la lutte des places au lieu de la lutte des classes. Benoît Hamon s’est vendu tôt : il aura une bonne place. Pour EELV, il sert de poteau indicateur au reste de la Gauche : pour exister, venez à nous. Entre EELV et les populistes de La France Insoumise, la Gauche est d’ailleurs en train de se faire broyer.

Cela souligne d’autant plus la nécessité de défendre les fondamentaux et de ne pas se laisser contaminer par l’opportunisme et le populisme. Surtout à une époque où l’extrême-Droite avance à grands pas ! EELV ne fait pas le poids face au nationalisme et au militarisme et La France Insoumise n’en est qu’une sorte de variante ultra-sociale.

C’est vers le mouvement ouvrier et son histoire qu’il faut se tourner, pas vers EELV. Quant à l’excuse de l’écologie, elle ne tient pas une seule seconde. Car l’écologie passe aussi par la question animale et cette question est tellement subversive qu’elle porte directement en elle un conflit de classe. Ce n’est pas pour rien qu’EELV ne peut pas réellement en parler.

La question animale, l’écologie… c’est la question de la vision du monde pour une société entièrement nouvelle, où tout a été transformé. C’est quelque chose d’envergure. C’est donc quelque chose qui ne peut être porté que par la classe ouvrière.

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Appel: «Nous, les Hauts-de-France !»

Voici un appel salutaire pour l’Union de la Gauche pour les Hauts-de-France aux élections régionales de mars 2021. Certains y verront avec regret l’absence d’une écologie tournée vers les animaux (et pas seulement réduite à la question de la limitation des rejets de CO2), d’autres esprits chagrins diront avec justesse sans doute que l’Aisne, l’Oise et la Somme cela a un nom : la Picardie.

Cela étant, c’est une initiative unitaire qui, si elle parvient réellement à porter quelque chose, serait une contribution réelle pour aider la Gauche à sortir du pétrin dans lequel elle est.

« 🥁 NOUS LES HAUTS-DE-FRANCE !

Nous les Hauts-de-France est un mouvement de citoyennes et de citoyens qui souhaitent ouvrir une nouvelle ère pour notre région. Venus de l’Aisne, du Nord, de l’Oise, du Pas-de-Calais et de la Somme, nous mettons en commun nos richesses, nos expériences et notre désir d’action pour être les moteurs de la transformation économique, écologique et démocratique qui redonnera aux Hauts-de-France la première place dans la France du XXIème siècle !

📢 NOTRE APPEL :

Des cités populaires aux grands ports du Nord, du cœur des métropoles aux territoires frontaliers, de la Baie de Somme aux plaines agricoles et au bassin minier, des bords de l’Escaut, à ceux de l’Aisne et de l’Oise, nous sommes fiers de notre région, les Hauts-de-France, de son histoire plurielle, souvent meurtrie, et de sa culture singulière, toujours chaleureuse.

Nous appelons à l’unité de projet et d’action pour changer son avenir qui s’assombrit.

Il n’est de richesse que d’hommes. Pourtant notre région est frappée d’une crise de vitalité : elle se vide et se dépeuple. Alors qu’elle comptait plus de 6 millions d’habitants en 2015, les Hauts-de-France sont désormais en voie de rétrécissement avec une population totale qui est passée sous les 6 millions d’habitants et qui perd, cette année, sa troisième place au niveau national en termes démographiques. Les territoires ruraux sont les premiers touchés. La faute à une politique régionale qui a négligé l’attractivité économique, environnementale et culturelle et a laissé partir nos talents.

Notre région est en mauvaise santé. Elle est malade de la pollution de l’air, des sols et des sous-sols. Naître dans les Hauts-de-France c’est, aujourd’hui, avoir l’espérance de vie la plus faible de tout l’Hexagone. En rupture avec les majorités précédentes, aucune politique de santé d’envergure n’a été mise en place durant cinq ans à l’échelle régionale pour lutter contre cette mortalité précoce. La prévention est faible, les déserts médicaux s’étendent, les maternités ferment, les hôpitaux sont saturés et la région regarde ailleurs.

Notre région continue de souffrir, plus que d’autres, d’un chômage massif et de taux records de précarité et de pauvreté, dévastateurs pour la cohésion sociale. Dans ce domaine le Président de Région semble faire mais en réalité fait semblant. La politique de la région en matière d’emploi est une gabegie financière et un échec économique. Gabegie financière car la région a dupliqué, sans aucune coordination et sans résultat probant, le service public national de l’emploi en créant un avatar régional de Pôle emploi. Proch’emploi c’est Pôle emploi en moins : pas d’accompagnement des demandeurs d’emploi, une simple mise en relation et un nombre de retours à l’emploi au niveau régional artificiellement gonflé par des entrées nombreuses en contrats d’apprentissage courts et donc peu professionnalisants. La région ferait mieux de promouvoir des solutions innovantes comme, par exemple, un outil bancaire public régional finançant des projets utiles créateurs d’emplois, à partir de critères écologiques et sociaux forts. Dans le même temps, la formation initiale a été délaissée avec notamment un sous-investissement de la région dans les lycées.

Notre région a aussi été privée d’ambition écologique alors même que les Hauts-de-France devraient être l’avant-poste d’une écologie sociale exigeante et populaire. Exigeante car la reconstruction écologique du pays implique de mettre la région au travail pour assurer la bascule dans un monde sans carbone. Populaire car l’écologie du quotidien c’est celle qui libère les habitants de la région des embouteillages sur leur trajet domicile-travail en leur offrant des solutions de transport en commun publiques, riches et diversifiées et en réduisant drastiquement le nombre de camions sur les routes par le ferroutage et le transport fluvial. C’est aussi celle qui permet de faire baisser la facture de chauffage par la rénovation thermique des logements et qui assure à tous une alimentation saine et de qualité. C’est enfin celle qui encourage le « vivre et travailler au pays » par le recours au télétravail, négocié avec les salariés, en assurant le financement de la construction d’espaces de travail partagés publics à proximité du lieu de résidence.

Nous, élus, citoyens volontaires, femmes et hommes libres, nous refusons que notre région continue de s’effacer et soit prisonnière de dogmes libéraux et d’un modèle de pensée, de gouvernance et de gestion périmés. Nous voulons redevenir la locomotive du pays, une région exemplaire pour son excellence sociale, environnementale, culturelle, numérique. Une région qui mise sur ses atouts et notamment son industrie mise en action pour accompagner les transitions à venir.

Nos priorités sont claires. Il s’agit de surmonter la crise sanitaire, économique et sociale issue de l’épidémie de la COVID-19, d’éviter la catastrophe climatique et d’empêcher le grand bond en arrière démocratique que constituerait la conquête de notre région par le Rassemblement national.

Pour ce faire, nous nous engageons dans la création d’un mouvement citoyen, de la gauche et de l’écologie, unitaire, qui portera les espoirs d’une reconstruction environnementale et sociale aux élections régionales de 2021 et permettra le dépassement des rivalités de personnes.

Nous les Hauts-de-France ! sera le lieu de l’enthousiasme collectif, du travail civique, du débat et de l’action pour l’avenir de notre Région et de ses habitants.

Rejoignez-nous !

✍️ LES PREMIERS SIGNATAIRES :

Thierry AURY (PCF, 60), Eric BOCQUET (PCF, 59), Jean-Louis BRICOUT (PS, 02), Thierry BROCHOT (EELV, 60), Rémi Cardon (PS, 80), Dominique CLINCKEMAILLIE (EELV, 60), Damien Carême (EELV, 59), Delphine DAMIS-FRICOURT (Generation.s, 80), Marie-Laure DARRIGADE (LFI, 60), Yves DAUDIGNY (PS, 02), Karima Delli (EELV, 59), Antoine DETOURNE (Generation.s, 62), Vincent DHELIN (EELV, 59), Jean Bruno GORNY (citoyen engagé à Hénin-Beaumont, 62), Frédéric FAUVET (militant associatif, 80), Martine Filleul (PS, 59), Brigitte Fournié-Turquin (EELV, 02), Aurélien GACK (LFI, 62), Aurélien GALL (PCF, 02), Michelle Greaume (PCF, 59), Jacky Hénin (PCF, 80), Thomas Hennequin (PS, 02), Patrick Kanner (PS, 59), Benjamin LUCAS (Generation.s, 80), Roxane LUNDY (Generation.s, 60), Christian MANABLE (PS, 80), Bastien MARGUERITE (PS, 62), Alain MOREAU (Responsable associatif, 02), Alexandre Ouizille (PS, 60), Fabien Roussel (PCF, 59), Laurence Rossignol (PS, 60), Émilie THÉROUIN (EELV, 80), Marine Tondelier (EELV, 62), Karine TROTTEIN (PCF, 59), François VEILLERETTE (militant écologiste, 60), Sarah ZEROUALI (citoyenne engagée dans une association étudiante d’accès aux droits, 59).

➜ Découvrez notre l’appel et les premiers signataires :
https://nousleshautsdefrance.fr/ »