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«Équilibre», le somptueux troisième album des Pirouettes

The Pirouettes est un groupe difficilement accessible de par la profondeur avec laquelle ils assument et sondent la sensibilité amoureuse. Il faut en effet beaucoup de sincérité et d’authenticité pour apprécier ces portraits à la fois subtils et directs ; cela va clairement à contre courant d’une époque et d’une société comme la nôtre.

Leur premier album « Carrément, carrément » était un magnifique tableau de l’insouciance amoureuse de la jeunesse, le second « Monopolis » peignait avec un talent rare la richesse et la complexité de la vie de (jeune) couple, et voilà que le troisième album « Équilibre » s’attache à la délicate question de la rupture, de l’éloignement, de la dichotomie des sentiments.

Le décor de l’album avait été planté dès la fin 2019 avec les saisissants « San Diego » et « pli du cœur », dont voici le clip du premier :

Le morceau « Il n’y a que toi » est toutefois celui qui illustre le mieux la teneur de l’album. En voici le clip, d’une grande finesse photographique et scénaristique, sortie l’été dernier :

Le double clip « Encore un peu d’amour / Ciel radieux » est également une très belle présentation de l’album, avec ce jeu de réponse très bien vu entre les deux morceaux qui se suivent :

« Ciel radieux » est ici un judicieux portrait de la femme française, à la fois précieuse et indépendante, répondant aux errements de l’homme français, toujours trop à la traîne.

On a là une approche absolument française d’exploration de la profondeur psychologique des sentiments amoureux. Et comme c’est admirablement bien mis en chanson par un sens de la mélodie et du rythme digne de l’Angleterre des années 1980, cela donne quelque chose de vraiment somptueux et très marquant.

Pour finir, difficile de ne pas être saisi, pris à la gorge par les émotions à l’écoute de « Tu parles trop » qui exprime la douleur de la déchirure amoureuse avec une sensibilité incroyable…

  • Le double album « Équilibre » des Pirouettes est sortie le 5 février 2021 – En écoute sur les plateformes de streaming et disponible à la vente CD et vinyle chez les disquaires ou en ligne sur la page bigwax du groupe.

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«Acts of rebellion» d’Ela Minus, punk du futur

Ela Minus est une artiste colombienne vivant aux États-Unis depuis une dizaine d’années. Elle réalise avec « Acts of rebellion » un album électro-pop (analogique) très marquant, grâce à un esprit néo-punk particulièrement novateur et une touche très en phase avec les tourments de la société américaine (et sud-américaine).

Avec le somptueux « They told us it was hard, but they were wrong » (Ils nous ont dit que c’était dur, mais ils avaient tort), Ela Minus avait marqué le printemps 2020 sur un mode électro-pop atmosphérique très envoûtant.

Son album « Acts of rebellion » sorti le 23 octobre 2020 est largement à la hauteur des attentes, avec 10 titres d’une grande qualité très cohérents dans leur enchaînement. On y trouve notamment « El cielo no es de nadie » (le ciel n’est à personne), un morceau indiscutablement techno, mais dans un style soft et pop aussi novateur que réussi. Elle le présente comme « un appel pour nous tous à chercher et à donner le vrai amour. »

Le titre « Dominique », dont le clip a été dévoilé quelques jours avant l’album, est peut-être celui sur lequel l’artiste native de Bogotá imprime le plus franchement sa touche.

C’est toutefois par le morceau « Megapunk » que l’album acquiert toute sa dimension et prend tout son sens. Le clip, sur le mode collage punk version 2020, illustre parfaitement le « you won’t make us stop » (ils ne nous feront jamais stopper) asséné tout au long du morceau comme un slogan ! Elle explique d’ailleurs qu’il a été composé pour être un hymne motivant pour que les gens « se mobilisent, s’organisent et défilent », avec à l’esprit l’image d’un groupe de femmes marchant pour le féminisme.

L’album est d’autant plus marquant qu’il est composé et joué tout en analogique, comme sur ce live :

Enfin, on ne sera pas vraiment étonné d’apprendre qu’Ela Minus (Gabriela Jimeno de son vrai nom) vient à l’origine de la scène punk hardcore ; très jeune, elle jouait à la batterie et chantait dans le groupe Ratón Pérez :

>> L’album « Acts of rebellion » d’Ela Minus est sorti sous le label anglais Domino Records. Un concert est prévu à Paris à la Boule Noire le 19 février 2021, mais rien n’est moins sûr vue le contexte sanitaire… 

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Ça ira ça ira, le nouveau clip très frais des Pirouettes

C’est frais, c’est coloré, c’est positif ! Extrait de l’excellent album Monopolis.

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Presque l’Amour – Tu m’as trop menti (Chantal Goya cover)

Voici une reprise de « Tu m’as trop menti » de Chantal Goya par l’excellent groupe Presque l’Amour, originaire de Rouen. C’est une version électro-pop plus industrielle, une remise au goût du jour très bien vue de ce superbe titre.

https://www.youtube.com/watch?v=Py3_6bSxWfY

Chantal Goya est une chanteuse populaire française marquée à Droite depuis 1974, notamment en ayant soutenu le libéral Valéry Giscard d’Estaing en 1974 ou en étant contre la pénalisation des clients des prostitués.

Elle fut cependant proche de la Gauche et les textes qu’elles chantaient étaient sincères, comme « Tu m’as trop menti » qui prône la sincérité amoureuse.

C’est en particulier le cas de la bande-son du film Masculin Féminin de Jean-Luc Godard, où elle fait une grande partie de la musique et où elle joue aussi.

C’est sur le tournage de ce film qu’elle a rencontré l’homme qui a écrit les paroles de « Tu m’as trop menti », Jean-Jacques Debout, avec qui elle entamera une relation amoureuse.

Tant la version originale que la reprise de Presque l’Amour en 2015 ont une tonalité très française, so french, avec cette façon de dire l’amour de manière à la fois engagée et réservée, avec cette forme de retenue très sophistiquée dans la façon de chanter.

Voici la version originale du titre chanté par Chantal Goya :

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Videoclub – En nuit (Clip officiel)

La nouvelle vidéo du groupe Videoclub est marquante, de nouveau, par sa profonde candeur. Elle reflète une très profonde modification des mentalités, les jeunes nés à partir de 2000 étant en rupture sur de très nombreux points avec les générations précédentes.

Il est difficile encore d’en cerner tous les contours, mais les différences sont bien plus que simplement perceptibles et elles annoncent bien des choses pour l’avenir.

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Vers le soleil, vers la Kabylifornie

Qui s’intéresse à la fois à la France et l’Algérie avec du cœur imagine très bien une fédération des deux pays, où les deux pays devenus socialistes se développeraient fraternellement. L’immigration irait alors vers le soleil, notamment la Kabylifornie.

Le groupe français Bagarre a tourné la vidéo de sa chanson Kabylifornie juste avant les événements caractérisés par la révolte populaire contre le président Bouteflika, pauvre vieil homme malade utilisé comme marionnette par le pouvoir militaire. Cependant, sur le plan historique, la convergence est parfaite. L’Algérie est un pays où la jeunesse est prépondérante, sans pour autant que les infrastructures aient suivi, sans parler de l’ennui.

Il y a 20 ans, cet ennui aurait été comblé par une religiosité très marquée et l’islamisme. Ce dernier a échoué et s’est enlisé, au point de ne plus représenter grand-chose, à l’opposé de la religiosité personnelle, qui reste intense. Mais si elle satisfait des questions intérieures, au sens où cela fait un thème par où passer pour se sentir exister, cela ne fait pas disparaître l’ennui. Il faut donc une révolte contre l’ennui, et la vidéo de Kabylifornie est ici splendide.

Naturellement, la Kabylie n’est pas l’Algérie dans son ensemble. On sait comment les Kabyles évitent beaucoup ce fanatisme religieux faisant du Coran un texte intouchable, comment également les valeurs de partage restent très présentes, comme prolongement d’une vie communautaire longtemps maintenu.

Mais l’Algérie, c’est aussi la Kabylie et il faudra bien que l’Algérie l’accepte, elle qui se définit comme arabe et musulmane seulement. L’unité populaire va forcément passer par une prise en compte de la dimension kabyle, et de toutes façons c’est toute la jeunesse algérienne qui exprime le besoin de se tourner vers une Kabylifornie.

 

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KABYLIFORNIE…FAILED VERSION 🤡

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Ne peut-on d’ailleurs pas dire que la jeunesse française, elle aussi, recherche la Kabylifornie ? Il y a un besoin de modernité qui frappe la jeunesse du monde. Elle sent qu’il y a beaucoup de choses possibles, alors pourquoi cela n’existe-t-il pas ? Les possibilités matérielles de l’amusement, de la culture, sont énormes, et pourtant on s’ennuie ! Tout cela parce que les vieux veulent que tout reste pareil !

Il est évident qu’un nouveau mai 1968 se profile, qu’une révolte de la jeunesse est en train de couvert, contre un monde trop gris, dépassé par les échanges culturels, la diffusion de la musique, du design, du style vestimentaire, de l’exigence d’une certaine classe dans les comportements. Ce besoin de modernité personnelle ne peut être exprimé par le Socialisme, mais les jeune sauront-ils abandonner leur individualisme ?

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Amour plastique de Vidéoclub, la grande fraîcheur de la jeunesse urbaine française

Le clip Amour plastique de Vidéoclub rencontre un grand succès dans la jeunesse française, avec plus de 8 millions de vue à ce jour et alors que le groupe n’a encore produit que deux morceaux. C’est une électro-pop à la française d’une grande fraîcheur, typiquement urbaine et branchée, exprimant la sensibilité d’une jeunesse en quête d’authenticité et de « fun ».

La vidéo a été portée par la notoriété de sa chanteuse Adèle Castillon, dont la chaîne YouTube aussi drôle que fascinante mène une critique acerbe de la futilité des rapports sociaux à notre époque, dénonçant notamment « le manque d’originalité » et « d’élévation spirituelle » des youtubeurs.

Ce premier morceau n’a pourtant rien d’un « premier morceau » lancé comme une blague par une youtubeuse marrante, comme l’était celui à succès sur« les pâtes ». La justesse sonore d’Amour plastique l’a en fait rapidement propulsé à des records d’écoutes sur les plateformes de streaming, qui l’ont beaucoup relayé dans des playlists. Le titre est maintenant connu par la jeunesse tout aussi bien en Suède qu’en Pologne.

On y reconnaît bien sûr la touche électro-pop à la française du moment, mais avec ce petit quelque chose qui fait qu’on se dit que c’est un peu plus qu’un bon morceau. Son succès vient certainement de cet excellent dosage entre la légèreté, car la jeunesse ne veut pas se prendre la tête avec des choses ennuyantes, et l’authenticité, car la jeunesse la plus avancée culturellement ne supporte pas le fake.

On y parle donc d’amour fou, passionnément mais sans le grotesque habituel de la variété, ni ses notes insipides. C’est aussi à l’opposé de la fausse gravité d’un groupe comme Fauve, ou de toute une partie du rap français qui se complaît dans une esthétique larmoyante.

Le clip d’Amour plastique porte très bien le morceau, car il y a chez ces jeunes nantais une démarche artistique très aboutie, à la production aussi minutieuse que spontanée. C’est d’ailleurs tellement sophistiqué qu’il y a une vidéo making-off diffusée ensuite, elle-même très artistique.

Le style est très branché, en plein dans la hype « année 90 » du moment, avec cette sorte de fascination pour la culture pré-internet. On imagine que le nom du groupe, Vidéoclub, vient de là, comme un regard sur une époque où se procurer une vidéo relevait d’une démarche presque complexe, en tout cas impliquée, contrairement à maintenant où il suffit de scroller pour subir littéralement des milliers d’heures de vide audiovisuel.

Internet est arrivé tellement rapidement dans les vies, sans aucun contrôle, dans une société où règnent les rapports marchants et le libéralisme des mœurs, qu’il propose bien plus d’horreurs que de perspectives culturelles réjouissantes.

Il ne s’agit cependant pas d’être fasciné par le passé, et on aurait d’ailleurs du mal à imaginer que ces deux artistes prônent un romantisme réactionnaire, conservateur. Ils proposent au contraire une telle fraîcheur et un tel besoin de réalité, que leur démarche est forcément positive.

On peut être à peu près certain qu’ils n’en sont qu’à leurs débuts, eux qui le mois dernier n’avaient encore jamais donné de concert !

Le clip de leur second morceau, Roi, est lui aussi très sympathique.

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Monopolis de The Pirouettes, la romance électro-pop à la française

Monopolis est le second album électro-pop de The Pirouettes, sortie le 28 septembre 2018. Comme à son habitude, ce jeune duo amoureux dans la vie évoque la romance, avec un style et un ton sophistiqué mais très épuré, à la française.

Les poèmes d’amour des Pirouettes sont très passionnés, mais toujours mesurés. Dans chaque morceau, la mélodie est aérienne et le rythme puissant, sans s’égarer dans les frasques de l’électro ni la vulgarité du langage. Il y a là indéniablement un style français, une « french touch » qui tout en modernité, synthétise une grande partie de la pop française des années 1980 et 1990.

Le côté « ktich » est parfaitement assumé, dans une attitude mi-moqueuse mi-nostalgiques très tendance, dans la lignée de la vaporwave ou bien de la mode des friperies.

Monopolis est d’ailleurs une référence à la ville « capitale de l’occident » imaginée dans Starmania par Michel Berger. L’album ne s’intéresse pas ici au thème social-culturel de la comédie musicale mais se sert du décor, qui forme un peu un contexte, en plus d’être une référence sonore.

Chaque chanson est censée raconter une histoire se passant à Monopolis, avec systématiquement ce thème, si français, de l’amour et de la romance. Si leur premier album Carrément Carrément (2016) racontait surtout le quotidien de la jeunesse, les premiers temps de l’amour, c’est plutôt la complexité des rapports amoureux qui est évoquée ici. La peur de voir disparaître la romance dans les tracas du quotidien et l’élaboration du couple lui-même.

Le titre Ce paradis exprime bien cela, avec un très joli clip tourné au pied de l’Interféromètre du Plateau de Bure dans les Alpes.

L’écriture est belle, les mots sont précis mais légers, sans fioriture, se suffisant à eux-mêmes :

« Passant, absent, replié sur moi-même
J’ai longtemps galopé aux dépens de ce que j’aime
J’ai trop voulu tout niquer, j’ai tout perdu, fini par tout casser
Et je m’en veux, c’est pas un jeu, oh, je t’en prie, laisse-moi le retrouver

Ce paradis imaginé pour toi et moi
Au large des îles d’un continent qu’on n’connait pas »

Le chant est d’ailleurs quelque-chose qui peut rebuter au premier abord, semblant trop lisse. Il y a en fait un double aspect : le chant est très simple, voir ouvertement simpliste – bien que juste, parce-que les productions musicales sont quant à elles très élaborées et abouties.

La dimension la plus importante dans chaque morceau n’est pas le chant mais la mélodie, gavée de synthés et de rythmes électroniques. Le rendu est très atmosphérique, comme savent le faire surtout les anglais, et il est très rare d’avoir dans la chanson française une production musicale du niveau de celui des Pirouettes.

La légèreté du chant permet donc de ne pas abîmer cet écrin, destiné au texte.

Car plus que le chant finalement, c’est souvent le texte qui déstabilise, de part sa profondeur et sa sincérité.

Au pays du libéralisme où l’adultère et la tromperie sont érigés en style de vie, on n’a pas l’habitude des propos aussi directs et volontaires des Pirouettes.

Le morceau Tu peux compter sur moi est ainsi exemplaire. C’est un hymne à la fidélité et à la sincérité des sentiments, à rebours de la décadence et du relativisme général dans les mœurs aujourd’hui en France.

Mais dans le style, dans l’approche, le ton est tout à fait français. Et ça là le grand intérêt et la grande porté de ce groupe talentueux.

L’audience des Pirouettes se limite aux milieux culturels les plus à la pointe ou à la jeunesse urbaine la plus branchée, qui apprécie surtout par désinvolture.

C’est parce-que l’époque n’est pas propice à leur succès. La jeunesse en général n’a pas la profondeur d’esprit d’apprécier et de s’engager dans ce thème de la romance. Les âmes sont trop meurtries et trop corrompues par les valeurs dominantes pour s’ouvrir autant.

 

> Discographie :

Album – Monopolis, 2018
Album – Carrément Carrément, 2016
EP – L’Importance Des Autres, 2014

> Merch :

bigwax.fr/fr/kidderminster

> Tournée :

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La nouvelle scène électro-pop à la française (la “french touch”)

Il existe depuis quelques années toute une vague électro-pop qui s’affirme avec une touche très française. Cette scène est d’une grande fraîcheur et propose une musique de qualité. Voici une sélection de morceaux récents (2016 à 2018) sous la forme d’une playlist multisupport.

Cette « french-touch” ne consiste pas seulement en des paroles en français. Il y a un ton léger et mélodique très spécifique avec des voix délicates et sophistiquées. Cela relève d’une certaine façon d’appréhender la vie, d’un « art de vivre » à la française, très ouvert sur le monde.

Notre sélection, qui est volontairement orientée sur une thématique estivale, illustre tout à fait ce propos.

La voix est comme murmurée

Un titre comme Vacances de L’impératrice transporte complètement l’auditeur. On se croirait plongé dans une affiche de la grande époque d’Air-France. La voix qui est comme murmurée, précieuse, est là pour préciser le style. Ce n’est pas à proprement parler du luxe, qui serait quelque chose de bourgeois seulement, mais plutôt de la sophistication, du raffinement.

Hier à Paris, avec vous ❤️

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Dans la forme, cela a été tout à fait compris et exprimé par le groupe Poom (qui introduit la sélection avec le morceau Adagio) :

«On ne chante jamais fort, car en français, les voix doivent être calmes, reposées, et un peu détachées, entre la parole et le murmure, pour que la mélodie et le texte aient toute leur place».

Cette insistance sur la mélodie, sous forme de boucles langoureuses, est caractéristique de la “french touch” dans la scène électro au sens large. La spécificité de l’électro-pop à la française est donc le chant.

Élaborer une ambiance

On a systématiquement une tonalité aérienne avec des mélodies élaborées mais qui ne s’égarent pas dans les frasques de l’électro. Le chant a donc toute sa place pour raconter une histoire, ou plutôt élaborer une ambiance.

Le titre Garde Le Pour Toi de Paradis est ici très parlant. Le chant n’arrive que tardivement, mais il est indispensable pour mettre en valeur de manière encore plus aboutie l’ambiance qui est posée par le morceau.

Les groupes relevants de cette scène électro-pop à la française sont en général très branchés, très tendances. Les sonorités sont conformes à ce qui fait actuellement en matière de musique électronique avec des sonorités “synthé”, comme ce qui s’est fait avec le style synth-wave ces dernières années.

Un véritable héritage

L’inspiration est ici clairement celle des années 1980, voire 1990, ce qui est d’ailleurs à la mode de manière générale dans la jeunesse (vêtements, design, séries, jeux-vidéo, etc.) La filiation n’est pas qu’esthétique : il y a un véritable héritage par rapport à la pop française de ces années 1980, voire 1990.

Le groupe The Pirouettes, avec ici le titre Baisers volés, est peut-être celui qui exprime le plus cela. On y reconnaît clairement du France Galle, du Daniel Balavoine, du Michel Berger, du Gilles Simon, etc.

Cependant, cette “french touch” est très aboutie musicalement, et bien plus proche de la scène électro que de la variété, comme a pu l’être la pop française des années 1980, 1990. Mis à part un titre comme Il fait chaud de Corinne, qui est très « variété » pour le coup, on peut dire que musicalement il y a quelque chose de supérieure, une synthèse qui a abouti à quelque chose de meilleurs que la pop française originale bien plus simpliste.

D’une certaine manière, un album comme Histoire de Melody Neslon de Serge Gainsbourg correspond bien plus à cette scène en termes de qualité et de style. On y retrouve la même tonalité dans le chant, avec des boucles mélodiques de qualité, sophistiquées et pas simplement racoleuses ou édulcorées.

Le groupe allemand Kraftwerk avait tenté de manière brillante quelque chose de similaire en 1983 avec Tour de France. C’est de l’électro travaillée et chantée en français, parlant de quelque chose de français. Seulement, musicalement cela est très froid et il n’y a pas cette capacité à raconter une histoire pour restituer une ambiance française.

Un nouvel élan

L’électro-pop à la française propose donc quelque chose d’assez brillant culturellement. Cela est possible car c’est de la musique moderne mais ayant un héritage.

Cette vague du français dans l’électro-pop est très puissante. Un groupe comme Elephanz qui normalement ne propose que du chant en anglais a déjà cédé à cette vague en faisant chanter en français sur son titre phare, Maryland, que nous proposons pour conclure notre sélection musicale.

Cela était inconcevable il y a encore quelques années pour des groupes électro, ou alors de manière anecdotique. La « french-touch » apporte une grande fraîcheur dans un panorama musical bien trop standardisé et cosmopolite. Elle affirme le style français, l’art de vivre à la française, comme contribution française à la communauté mondiale.