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Animaux, écologie : Fabien Roussel ne veut pas changer le monde

Le candidat PCF préfère la viande et les voitures à la révolution.

Fabien Roussel est candidat à l’élection présidentielle pour le PCF. Il a choisi comme ligne politique un positionnement social-populiste visant à flatter les gens que l’on doit qualifier de beaufs. Ces gens sont nombreux en France, alors le créneau est porteur ; Fabien Roussel a relativement beaucoup de reconnaissance médiatique pour cette raison.

On avait déjà eu un aperçu en octobre 2021 quand il avait moqué Yannick Jadot voulant « libérer les poulets » (ce qui est faux au passage), alors que lui par contre pense « aux salaires et aux retraites ». C’était là une réflexion typiquement réactionnaire, s’imaginant cartésienne et populaire, en fait surtout de droite, digne d’un Jacques Chirac au salon de l’agriculture.

En voici un nouvel exemple récent. Fabien Roussel s’imagine avoir une démarche tournée vers le peuple et opposé à la bourgeoisie en expliquant :

« Il y a la gauche caviar. Une bien-pensance qui voudrait interdire la viande et les voitures. Je suis d’une gauche populaire qui préfère donner les moyens aux Français d’avoir un véhicule propre plutôt que de les assigner à résidence. »

C’est proprement lamentable, et là encore bien plus de droite que de gauche. Déjà, car c’est faux : la « gauche » caviar justement n’est pas opposée à la viande ni au caviar, et encore moins à l’automobile. Mais surtout, car c’est regrettable !

Justement oui, il faut changer le monde, et en finir avec la viande et les voitures. La viande et les voitures sont, avec les guerres, ce que le capitalisme a engendré de pire au 20e siècle. C’est l’expression de la société de consommation dans le sens d’un étalement ininterrompu de marchandises et de marchandisation. Tout y passe, la vie quotidienne du peuple bien sûr, façonnée par le 24h/24 du capitalisme, mais aussi, voire surtout, les animaux et la nature.

Les animaux sont massacrés en masse dans les usines-abattoirs, dans les laboratoires de vivisection, sur les routes, etc. Et la nature est souillée par le mode de vie propre au capitalisme, très consommateur d’espace en raison précisément de l’automobile et de son hégémonie. Concrètement, cela fait que les zones humides disparaissent à vitesse grand V en France, et c’est le grand drame écologique de notre époque avec le réchauffement climatique. On ne peut pas s’imaginer de gauche si on ne voit pas cela.

L’existence de l’industrie de la viande est une atteinte à la dignité humaine, un tel massacre de masse des animaux et de la nature (car cette industrie est ultra-consomatrice de ressources et d’espaces en plus d’être barbare) est absolument révoltante pour qui a foi dans l’humanité et ce dont elle est capable de meilleur. De même que le règne sans partage de l’automobile dans les villes et les campagnes est pareillement une horreur, une décadence de la civilisation dont l’expression la plus brutale est l’existence des zones périphériques hideuses et mornes qu’il va vite falloir démanteler.

Comment ne pas être révolté contre ce monde de viande et de voiture ? A moins d’être de droite et de rejeter le changement, le progrès, la révolution… Quand il affirme comme slogan étendard « je défends le bifteck des Français ! », quand il assène que « Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, c’est la gastronomie française », Fabien Roussel est non seulement totalement en dehors de son époque, mais surtout il ne vaut pas mieux que la Droite.

On peut très bien dire qu’il ne faut pas brusquer les gens et leur vie quotidienne, qu’ils ne doivent pas trop faire d’effort pour préserver ou garantir leur « confort », que les choses changeront petit à petit, on peut très bien penser que les prévisions du GIEC sur le réchauffement climatique ne sont pas si alarmantes et que des voitures Crit’air 1 et 2 suffiront à sauver les meubles (Fabien Roussel propose 10 000 euros à chaque foyer pour s’acheter une nouvelle voiture Crit’air 1 ou 2), que les animaux sont secondaires par rapport au « bifteck » des Français et qu’il ne faut surtout pas remettre en cause la viande, etc., etc., etc.

Mais alors pourquoi se revendiquer de gauche, et de surcroît du communisme ? Si le but est de défendre le monde tel qu’il est, que rien ne change, alors autant voter à droite, c’est plus efficace. C’est d’ailleurs ce que font la plupart des ouvriers qui votent, malheureusement. Et ce, depuis quoi, plusieurs décennies déjà ! Et c’est cela qu’il faut changer, l’époque étant plus que mûre !

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Fabien « Astérix » Roussel, chasseur de sangliers

Changer le monde, ou fantasmer le passé ?

Pendant près d’un demi-siècle, après la Seconde Guerre mondiale, le PCF a eu une portée immense en France, tant numériquement que politiquement. Sa base populaire et son assise dans le pays étaient gigantesques : pourtant il n’a jamais été en mesure ne serait-ce que de bousculer le régime. Le plus grand échec du PCF a d’ailleurs été son opposition à la vague de grèves et contestations en mai-juin 1968. La raison est simple, elle est culturelle.

En fait, le PCF ne visait pas à changer le monde, mais simplement à le prendre tel qu’il est pour le rendre plus « juste » avec la CGT dirigeant les entreprises et quelques artistes et intellectuels parisiens dirigeant les affaires publiques. Il ne s’agit pas ici de « radicalité » plus ou moins grande, d’être plus ou moins « gauchiste », mais d’un véritable sujet de fond.

Fabien Roussel, son actuel dirigeant, est un très bon exemple de ce problème, il en est même caricatural. Cela avait déjà été évoqué ici récemment avec sa sortie ironique beauf sur la « libération » des poulets. C’est encore plus flagrant avec deux exemples tout récents, qui vont ensemble.

Sur France info le 18 octobre, le candidat « communiste » à la présidentielle 2022 a expliqué :

« J’en ai un peu marre de ces intellectuels condescendants qui n’arrêtent pas de nous donner des leçons sur nos pratiques, sur nos manières de faire, qui nous disent ce qu’il faut manger et comment il faut conduire ».

Sans même parler du contenu, il y a déjà que la forme est incroyablement rétrograde. Dire cela est ultra-régressif, à peine digne d’un Eric Zemmour : il faudrait donc laisser les gens vivre leur petite vie tranquille, comme avant, sans rien questionner, sans rien bousculer. Drôle de vision du monde pour un prétendu partisan de Karl Marx…

Mais le problème se pose surtout sur le fond, évidemment. Fabien Roussel répondait ici à la question des chasses dites « traditionnelles », en fait surtout particulièrement barbares. Il s’agit de pratiques de piégeage d’oiseaux qui ont été jugées illégales par le Conseil d’État (et par l’Union européenne) tellement c’est atroce, mais que le gouvernement continue quand même d’autoriser.

Ce genre de pratiques ne concerne que quelques énergumènes arriérés, qui se prétendent représentant de la ruralité mais qui ne sont en réalité qu’une minorité de furieux ennemis de la nature et des animaux. Il est évident que la société doit écraser de telles pratiques pour aller de l’avant. C’est le sens de l’Histoire, réfutant la barbarie, allant vers plus de civilisation : au 21e siècle cela signifie évidement de prendre en compte les animaux.

Mais cela, Fabien Roussel en est incapable, car il ne veut pas du 21e siècle, simplement d’un 20e siècle fantasmé. C’est exactement comme Eric Zemmour.

Le pire, c’est que Fabien Roussel sait très bien qu’au fond sa position sur les chasses « traditionnelles » est intenable. Alors il convoque un matérialisme historique passé à la moulinette beauf pour assumer qu’il ne veuille rien changer :

« Il y a un sens de l’histoire qui fait que petit à petit, ces pratiques vont disparaître naturellement, et donc il faut laisser faire la vie »

Cela est évidemment faux. Le vieux monde ne s’effondrera jamais de lui-même si la société ne se soulève pas contre lui ! C’est cela que les communistes nomment révolution… Apparemment, il n’est pas au courant. Et surtout, en l’occurrence, il s’agit effectivement de laisser faire la vie quand on est de Gauche, et donc ne pas laisser faire en France des massacres organisés d’oiseaux comme simples « loisirs ».

Fabien Roussel n’est pas du bon côté dans cette histoire, car il est un partisan de la chasse et des chasseurs. Selon lui, les chasseurs seraient mêmes « essentiels à la préservation de notre environnement » ! Il connaît en effet par cœur toute la propagande du lobby de la chasse et récite leurs arguments, avec le fameux sujet des sangliers :

« Je sais que chez moi, il y a une surpopulation de sangliers et donc tous les ans, c’est la préfecture qui fait appel aux chasseurs pour réguler cette surpopulation de sangliers ».

N’importe qui connaissant les campagnes françaises sait que c’est là un gros mensonge. Déjà car les chasseurs nourrissent les sangliers et en lâchent eux-même dans la nature pour préserver leur loisir. Mais surtout, il ne faut pas se moquer du monde : un pays comme la France aurait déjà liquidé depuis longtemps les sangliers s’ils représentaient un « problème », comme cela a été fait avec le loup. Le capitalisme sait très bien massacrer la nature quand il a besoin.

Le « problème » des sangliers est surtout celui de l’étalement urbain. A un moment donné, à force de construire partout, forcément qu’il y a des sangliers pour « oser » s’aventurer dans des emprises humaines. Alors il y a ensuite les chasseurs pour dire « voilà regardez, nous sommes utiles, notre loisir sert à vous protéger des sangliers ».

La chasse aux sangliers, voilà en tous cas l’horizon de Fabien Roussel… ce grand fan d’Astérix et Obélix, comme le montre cette publication du 21 octobre avec une photo prise dans les locaux du siège du PCF à Paris avec le nouvel épisode de la BD.

Même les gens de droite sont pourtant lassé par Astérix et Obélix, à en croire le Figaro qui trouve ce 39e épisode très ennuyant. Mais Fabien Roussel, lui, adore, et prétend qu’il s’agit là de la culture populaire ! Quelle ringardise, quel populisme, et surtout : quelle arriération culturelle !

Fabien Roussel a tout faux quand il s’affirme « gaulois réfractaire », car c’est tout l’inverse de ce que la Gauche doit viser. Ce qu’il faut, ce n’est pas un village isolé et replié sur lui-même, à la Eric Zemmour. Ce qu’il faut viser, c’est une nouvelle Rome avec sa perspective universelle et sa volonté de civilisation.

Le futur, ce n’est pas la vieille Gaule, c’est une nouvelle Rome sociale, avec la classe ouvrière au pouvoir, avec les femmes aux cœur des décisions, avec la culture au centre de la vie des gens, avec la nature chevillée au corps et l’avenir de la planète Terre comme horizon principal, avec le véganisme d’ailleurs comme exemple de solution pour changer les gens de l’intérieur et changer enfin le sort des animaux.

Le futur se construit dans le débat démocratique populaire et la Gauche historique comme moteur des idées et de la culture, pas avec Astérix, Obélix et autres nostalgies d’un passé idéalisé, que ce soit avec les « ZAD » ou avec Eric Zemmour. Le seul romantisme doit être celui de l’avenir!

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Les pérégrinations beaufs du candidat PCF Fabien Roussel

La candidature de Fabien Roussel à la présidentielle 2022 sera très probablement anecdotique, tellement ce genre de personnage ringard et hors-sol n’intéresse pas grand monde. Il y a cependant que Fabien Roussel se présente avec l’étiquette « PCF » et que ce parti représente historiquement quelque chose d’immense en France, surtout pour le patrimoine de la Gauche et des classes populaires.

Alors, il est vraiment pénible de constater la décrépitude du PCF avec quelqu’un d’aussi lamentable que Fabien Roussel. Lors d’une conférence de presse, il a fait une pique anti-écolo d’une beauferie assumée qui en dit long sur sa perspective politique et sur ce qu’il représente politiquement.

Sa beauferie est d’autant plus assumée qu’il a ensuite appuyer dessus en relayant cela sur Twitter, cette poubelle du débat public (et par ailleurs d’un « militantisme » fictif ultra-gauchiste).

Voici la capture de son message :

On notera d’ailleurs que son message est mensonger, puisqu’il ne compte pas « libérer » les animaux d’élevage, mais simplement leur donner accès au « plein-air ». Peut-être s’imagine-t-il que la misère vécue par les animaux parqués dans les élevages est moins pénible avec quelques rayons de soleil ? En tous cas, pour ceux qui avaient des doutes, le slogan du PCF « l’humain d’abord » est maintenant très clair : il signifie « la nature et les animaux éventuellement après ». Le capitalisme appréciera.

En bon opportuniste, Fabien Roussel s’est ensuite imaginé pouvoir gagner un peu d’audience en répondant à Hugo Clément, figure médiatique du moment sur le thème des animaux. Cependant, soit il le fait exprès (et c’est grave), soit il ne comprend vraiment rien à rien (et c’est encore plus grave), car il met les pieds dans le plat et s’enfonce encore plus dans la beauferie :

On notera au passage, populisme beauf oblige, que Fabien Roussel a salué la mémoire du businessman mégalomane Bernard Tapie :

C’est vraiment lamentable, tant on sait à quel point Bernard Tapie représente le football moderne anti-populaire, le foot business faisant du spectacle anti-sportif, la tricherie, etc.

C’est lamentable et que dire de ce que ressent la base du PCF qui s’attendait à un Fabien Roussel assumant des fondamentaux et un certain retour aux sources. Là on a un beauf qui montre juste que le 21e siècle est trop compliqué pour lui…

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Fabien Roussel, candidat PCF du défi des jours heureux

Le programme de Fabien Roussel est d’esprit romantique, dans l’approche « communiste à la française ».

Les 200 « conseillers » du PCF avaient déjà voté le 13 mars 2021 pour que Fabien Roussel soit leur candidat à la présidentielle de 2022. Ils ont cependant tenu à disposer d’une sorte de plébiscite de la base, afin d’être certain de parvenir à une mobilisation de celle-ci. Le PCF profite en effet d’un vivier de 43 000 adhérents et peut ainsi espérer réussir à déborder les autres mouvements de gauche. Du moins le pense-t-il.

De ces 43 000 adhérents, 30 179 ont voté le 9 mai 2021. Il y avait deux options :

– celle de la candidature en solitaire du PCF ;

– la participation à l’union de la Gauche.

21 333 adhérents (depuis au moins trois mois et à jour de cotisation) ont voté pour présenter un candidat PCF au premier tour (soit 72,42% des votants), contre 6 813 pour l’union de la gauche (soit 23,13%). On peut considérer que le plébiscite a réussi. La majorité des gens actifs au PCF considèrent que c’est l’heure d’une réaffirmation qui soit franche.

Il y a ensuite eu le choix du candidat. Fabien Roussel a obtenu 23 219 voix (soit 82,36%), contre 512 pour Emmanuel Dang Tran (soit 1,82%) et 45 pour Grégoire Munck (soit 0,16%). C’est là totalement un plébiscite, dans la mesure où l’opposition est totalement marginalisée.

C’est une point important car, depuis les années 1990, il y a une grande agitation dans les rangs du PCF, avec des tendances essayant de s’affirmer. Toutes ont échoué. Dans le cas précis, Emmanuel Dang Tran représente la ligne nostalgique du PCF des années 1970-1980, un terrain désormais totalement siphonné par le Pôle de Reconstitution Communiste en France (PRCF), qui profite de son influence notable chez les traditionalistes de la CGT.

Grégoire Munck est quant à lui sur une ligne post-communiste avec une réflexion post-marxiste sur l’argent, les richesses, etc.

Fabien Roussel représente la grande continuité du PCF depuis 1989, et depuis Maurice Thorez. Il représente le marxisme à la française, c’est-à-dire une passion ou un jeu intellectuel. Le positionnement présidentiel de Fabien Roussel, sur le site fabienroussel2022.fr ouvert pour l’occasion, en témoigne largement.

Le vote espéré est un vote d’estime pour le PCF présenté comme le représentant du sentimentalisme social. C’est le communisme interprété comme goût de l’égalité, comme passion française.

« Je suis enthousiaste.

Enthousiaste d’avoir été désigné pour mener la bataille des élections présidentielles et législatives de 2022 afin d’écrire une nouvelle page de notre histoire commune et de construire, ensemble, une perspective pour la France, celle des Jours Heureux.

Depuis plus d’un an, nous sommes confrontés à une terrible épreuve. Il y a celles et ceux qui y font face en donnant le meilleur d’eux-mêmes. Et il y a ceux qui en profitent, en tirent profit… Le capitalisme a démontré une nouvelle fois son incapacité à apporter des réponses à la hauteur des enjeux humains.

Il y a de quoi être frappés de stupéfaction devant les milliards accumulés par une poignée d’ultra-riches et d’actionnaires pendant que, par notre travail quotidien et notre solidarité, c’est nous qui faisions tenir le pays debout.

La France est un pays riche. Elle tient sa richesse du monde du travail et de la création. Le temps est venu. Une nouvelle époque se dessine. Il est temps d’abolir les privilèges de quelques-uns en faisant de l’égalité, du respect de l’Humain et de la planète notre but commun.

Ensemble scellons un pacte national. Nous avons un an pour bâtir, un projet pour la France. Un pacte pour affronter la finance et s’attaquer à l’évasion fiscale, un pacte pour en finir avec le chômage en sécurisant les parcours professionnels, en produisant en France par la relance de filières industrielles, un pacte pour le pouvoir d’achat et les services publics, un pacte pour la jeunesse et l’éducation.

Un pacte pour l’avenir, un pacte pour la France.

En avril 2022, nous reprendrons notre avenir en main. Soyez assurées et assurés que j’y mettrai toute ma force, mon énergie et ma fraternité.

Dès aujourd’hui, rejoignez-nous, pour relever, ensemble, le défi des Jours heureux. »

La France est le leitmotiv pour le PCF, mais certainement pas la classe ouvrière, le capitalisme, la crise, la lutte des classes, etc. On sent qu’il s’agit de faire propre, accessible, que le but est de ne pas heurter. C’est la pari d’une transition réussie à une nouvelle période. Encore faut-il que celle-ci soit lisse : en cas de crise profonde, déchirant les tissus sociaux, le PCF serait ici propulsé hors du champ politique avec une telle démarche indolore et incolore.

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Candidature présidentielle de Fabien Roussel: le PCF à quitte ou double

Le PCF assume un parcours en solitaire pour la présidentielle de 2022.

On peut très bien penser que le PCF considère que la présidentielle de 2022 verra la Gauche perdre et que partant de là, il est plus important de chercher à maintenir une formation en crise d’identité. On peut aussi penser que de toutes façons, si un candidat de gauche se dégage avant les élections, le PCF pourra d’autant plus négocier son soutien.

Mais ce faisant on perdait la nature historique de la candidature de Fabien Roussel à la présidentielle de 2022. On parle en effet ici du Parti Communiste Français, issu en 1920 de la majorité des socialistes choisissant de rejoindre l’Internationale Communiste. Cet épisode donna d’ailleurs également naissance à la tradition socialiste, synthétisée au Congrès de Tours de 1920 par un long discours de Léon Blum

La candidature à la présidentielle de Fabien Roussel apparaît ainsi comme un anti-congrès de Tours à l’envers, formule alambiquée pour dire que pour éviter d’avoir à retourner avec les socialistes, les membres du PCF tentent le coup d’une réaffirmation. N’ont-ils pas réussi d’ailleurs à se maintenir malgré la chute du bloc de l’Est, contrairement à de nombreux autres Partis Communistes, tels le pourtant si fort Parti Communiste Italien ?

Pour les membres du PCF, le pari d’une candidature à la présidentielle se tient ainsi au nom d’une tradition maintenue, et du fait que de toutes façons il n’y a pas le choix pour pouvoir résister à la pression de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

Seulement voilà, qu’est-ce que le PCF ? Le PCF ne se revendique plus de Lénine et de Staline, ce qui place le curseur en 1953-1956. Il ne se revendique plus non plus du centralisme démocratique et de la dictature du prolétariat. On est là à la fin des années 1970. Il n’assume plus le marteau et le faucille non plus. Que représente-t-il alors ?

Il représente la main-mise sur le PCF de la part de sa Commission économique, à travers un long parcours remontant à Paul Boccara, inventeur de la conception du « Capitalisme Monopoliste d’État » régulièrement mise à jour dans la revue du PCF « économie et politique » et accompagnée par une autre revue du PCF « Cause commune« .

Les propos de Fabien Roussel sur son site de candidature présidentielle reflète totalement cette conception d’un capitalisme devenu financier seulement qui se survivrait à lui-même grâce aux aides de l’État.

Mais qui s’intéresse à cela à la base du PCF ? Strictement personne. Et dans un contexte de crise, cette approche conceptuelle-théorique de la réalité du PCF ne suffira jamais à produire une culture pour galvaniser les gens, les organiser, développer des perspectives, etc.

C’est cela qui attend le PCF avec cette candidature : l’expression du décalage complet entre une base ne se préoccupant pas du tout de théorie et un appareil ultra-pointu au niveau de ses conceptions. Si la crise implique une remontée du niveau de conscience, alors l’affrontement sera idéologique, avec une sortie par la Gauche, soit une forme ou une autre. Si la crise renforce la dépression générale, ce sera l’agonie.

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PCF: un premier pas pour la présidentielle de 2022

Le Parti communiste français joue son va-tout.

Les délégués du PCF ont validé la stratégie d’une candidature de leur parti à la présidentielle, la base devra approuver ou non ce choix d’ici mai. Voici le communiqué (inintéressant) de présentation du vote effectué le 11 avril avec Fabien Roussel qui sera le candidat dans l’état actuel des choses, et le (très intéressant) bulletin de vote pour le choix de la base :

« PCF/Candidature à la présidentielle : Aux militant-es communistes de décider les 8 et 9 mai prochains !

Le PCF a réuni ce week-end plus de 1000 délégué-es lors de sa Conférence nationale.

Dans un contexte de pandémie, l’organisation de cette conférence, avec des protocoles sanitaires stricts et un système de visioconférence totalement inédit, a permis aux délégué-es de travailler à la façon dont le PCF allait participer aux échéances électorales stratégiques de 2022.Le PCF se félicite de la réussite technique de cette conférence nationale. Un grand défi démocratique a été relevé, avec les interventions des délégué-es depuis les locaux de leurs fédérations et sections permettant un débat politique serein et de grande qualité.

Non la pandémie ne peut être prise comme prétexte pour étouffer la démocratie et l’intervention politique.

Durant une journée et demi, plus de 100 interventions ont nourri un débat particulièrement riche et fraternel.

Samedi 10 avril, la conférence nationale a largement adopté (à plus de 66 %) le principe d’une candidature présentée par le PCF à l’élection présidentielle, qui aura pour but de notamment s’adresser au monde du travail et à la jeunesse, qui proposera une alternative aux politiques macronistes et en rupture avec la mondialisation capitaliste.

Ce dimanche 11 avril, à plus de 73 %, (95% des votes exprimés), la conférence nationale a décidé de proposer au vote des adhérents, Fabien Roussel, secrétaire national, comme candidat présenté par le PCF à l’élection présidentielle de 2022.

Ce sont au final, les adhérent-es qui valideront ces choix lors d’une consultation du 7 au 9 mai prochains.

Parti communiste français,

Paris, le 11 avril 2021. »

Le bulletin pour la consultation est le suivant :

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Fabien Roussel du PCF imagine pouvoir rafler la mise à Gauche

Constatant la faillite de la Gauche, le PCF va tenter une candidature de Fabien Roussel pour la présidentielle de 2022 et il tient à le faire savoir. Mais le PCF a été une composante de la Gauche gouvernementale, est-il encore crédible aux yeux des gens ?

Le PCF ne pèse quasiment rien dans le pays, mais il y a des restes. Quand on a été le premier parti de France, quand on a eu pendant des années et des années une hégémonie quasi totale sur la classe ouvrière et les classes populaires en général, alors forcément on conserve une certaine assise. Et en tous cas une capacité à être lucide sur la situation de la Gauche.

En l’occurrence, c’est une catastrophe, car la Gauche est complètement hors-sol, elle ne pèse plus rien et en plus elle est incapable de se remettre en question. D’ailleurs, elle est en train de s’effacer du paysage politique, prise en étau par le social-libéralisme d’Europe Écologie Les Verts et le social-populisme de la France Insoumise.

La direction du PCF le voit bien, mais au lieu de renverser la table et de participer à proposer de nouvelles bases, elle s’imagine que c’est l’occasion de tenter un coup. La candidature à la présidentielle 2022 du secrétaire national du PCF et député du Nord Fabien Roussel sera donc soumise au vote des militants PCF le 9 mai prochain, avec pour cela une campagne médiatique qui est lancée déjà depuis plusieurs semaines.

Fabien Roussel ne mâche pas ses mots pour appuyer son projet, en insultant toute idée de dynamique unitaire de la Gauche, tout projet de refonte collective. Dans le Journal du Dimanche du 21 mars 2021, il explique par exemple pourquoi il ne croit pas à une « primaire » de la Gauche :

« Je n’y crois pas. Pour moi, ce n’est pas la solution. Avec ces histoires de primaire, on met des pansements sans s’attaquer à la vraie maladie : si la gauche est faible aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’elle est émiettée ; c’est parce qu’elle a déçu, qu’elle a été arrogante, en dessous de tout. C’est là-dessus qu’on doit d’abord travailler. L’événement de cette présidentielle, ce sera donc un candidat communiste. Une candidature apaisée, bienveillante et ouverte sur l’ensemble de nos concitoyens. »

Le constat de l’arrogance et de la déception est sans doute très vrai. Mais ce n’est pas en jouant les gros bras en posant sur la table une candidature « solo » que le PCF arrivera à quoi que ce soit. Pourquoi ? Car le PCF fait partie du problème, et non pas de la solution. Le PCF lui-même a participé ces dernières années à diluer la Gauche, à n’en faire qu’une caricature de ce qu’elle a pu être au 20e siècle.

C’est tellement vrai que Fabien Roussel présente sa possible candidature « communiste » sans être capable d’utiliser ne serait-ce qu’une seule fois le mot « capitalisme », ou encore le mot « bourgeoisie ». C’est ridicule.

Ce qu’il raconte est complètement insipide, d’une mollesse incroyable :

« Je souhaite porter ce combat pour que les valeurs de solidarité, de générosité et de justice redeviennent majoritaires. »

Alors qu’on est en pleine crise, c’est bien trop faible. Cela sans compter les mensonges. Si le PCF s’imagine qu’il convaincra les classes populaires en racontant que le problème des Français est la pauvreté ou encore « les jeunes qui font la queue pour manger », comme si la France était un pays sous-développé, il se met le doigt dans l’œil.

En réalité, le capitalisme est ultra développé en France, il est absolument partout. Les classes populaires sont elles-mêmes totalement intégrées à la grande marche du capitalisme. À leurs dépens bien sûr, mais pas au prix de leur pauvreté. La classe ouvrière française a bien trop d’acquis et de développement pour accepter un faible niveau de vie ; il faut vraiment être totalement déconnectée de l’Histoire et du quotidien des classes populaires pour prétendre l’inverse.

L’actualité des classes populaires, c’est qu’elles doivent assumer la démocratie pour elles seules, et mettre de côté la bourgeoisie qui mène le monde et la planète à leur perte. Mais assumer cela, c’est de l’engagement, du travail, des convictions profondes et complexes. Cela nécessite de se couper avec un train de vie et surtout un mode de vie petit-bourgeois, ce que les dirigeants du PCF n’envisage aucunement de faire.

Et pour cause : cela fait longtemps que le PCF n’est plus que le supplétif syndicaliste d’une Gauche bobo, urbaine, pro-migrants, pro-LGBTQ+, pro-art contemporain, racialiste, anti-police, anti-prolétaires, etc. Ce n’est pas comme ça qu’on arrachera les ouvriers à la passivité ou à l’extrême-Droite. Il faut un retour aux sources, aux fondements de la Gauche historique.

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La Gauche à la Fête de l’Humanité : l’unité «salade, tomate, union»

Traditionnellement, la Fête de l’Humanité marque la rentrée politique de la Gauche. Cette année encore, à peu près toutes les figures y étaient et se sont échangées les amabilités d’usage, en souhaitant l’unité la plus large. Cela n’est cependant pas très convaincant, de la part de gens qui s’écartent toujours plus des classes populaires et ne sont pas à la hauteur des enjeux historiques.

Lors d’un de ces nombreux discours à la Fête de l’Humanité, le dirigeant du PCF Fabien Roussel a expliqué qu’il lançait un appel à « travailler ensemble », pour une union à construire « de la base au sommet ». Ce sont là de bien belles paroles, mais elles sont sans contenu. La preuve, il a ensuite fait dans l’humour, comme il le fait souvent, en ajoutant :

« [l’union] ici à la Fête de l’Huma on en a même dans nos assiettes, on peut manger des sandwiches salade, tomate, union ! Et à la sauce marxiste. Et c’est ce repas qu’on préfère, nous les communistes ».

Cette référence au kebab (salade, tomate, oignon) est d’un populisme hallucinant, indigne d’un discours politique. Ce n’est pas sérieux, comme il n’est pas sérieux de parler de « sauce marxiste » quand on parle d’unité de la Gauche, alors que se profilent les élections municipales. Le PS, Génération-s, éventuellement les Verts ou la France insoumise à tel ou tel endroit, ne sont pas « marxistes » : faudrait-il ne pas faire l’unité, dans ce cas ?

Bien sûr que si, il faut faire l’unité, car ce qui compte n’est pas la « sauce marxiste », mais le contenu commun, les valeurs de Gauche, pour le Front populaire. Ce qui se profile en face, c’est l’union de la Droite et de l’extrême-Droite, avec notamment Marion Maréchal comme figure de proue. Pas pour les municipales évidemment, mais pour après. Or, si la Gauche perd un certain nombre de municipalités en 2020, ce sera autant de points d’appuis en moins pour faire face au nationalisme. C’est aussi simple que cela.

Fabien Roussel n’aide donc ici aucunement les forces de Gauche avec ses guignolades populistes en référence au kebab et sa « sauce marxiste ». Celle-ci est d’ailleurs bien fade, le pauvre Karl Marx doit se retourner dans sa tombe en entendant une telle horreur qui est non seulement pas marxiste, mais même pas vraiment de gauche :

« [nous voulons] faire marier le drapeau rouge du mouvement ouvrier avec le drapeau bleu, blanc, rouge, de la République française. »

Cela ne date pas d’aujourd’hui cependant, on ne va pas s’étonner ici que le vieux PCF en soit encore à chanter la Marseillaise le poing levé. Là n’est pas la question. Ce qui est vraiment problématique par contre, c’est de voir la Gauche s’éloigner encore et toujours plus des classes populaires françaises et du cœur de la classe ouvrière.

Ces propos du dirigeant du PS Olivier Faure lors du débat commun en disent très long :

« En un an, nous avons connu trois grands mouvements protestataires entre #MeToo, les Gilets jaunes et la Marche pour le climat. Et ils se sont tous construits en dehors de nous. »

Encore heureux que la Gauche n’était pas au cœur de ces « mouvements », qui n’ont rien de populaires ! Il faut en dire de même pour l’immigration, rengaine d’à peu près tous les dirigeants de gauche ce week-end : tant que la Gauche persistera à défendre l’immigration aujourd’hui, elle n’arrivera à rien auprès des classes populaires, particulièrement de la classe ouvrière.

Alors, oui le PCF a raison de dire qu’il faut s’unir pour gagner ou conserver des municipalités avec un programme de gauche écologiste. Le PS et Génération-s, ainsi que quelques autres forces qui leur sont respectivement liées, disent aussi la même chose. Il convient donc de le faire.

Par contre, si ce programme ne consiste qu’en des invectives populistes sans contenu populaire réel, comme avec cette autre touche d’« humour » de Fabien Roussel évoquant la chanson Disney de La Reine des neiges, alors cela ne fonctionnera jamais :

« Nous rêvons d’une France libérée, délivrée du capitalisme et de la finance. »

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Politique

Le plan Marshall et Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

Fabien Roussel n’est pas très connu, mais depuis la fin de l’année 2018, c’est le dirigeant du PCF, c’est-à-dire son secrétaire national. À l’occasion de la campagne actuelle contre les violences mortelles contre des femmes par leurs conjoints, il a employé de manière favorable l’expression « plan Marshall ». Cela en dit très long, parce que toute l’identité du PCF est pourtant issue de l’opposition totale au plan Marshall après 1945…

Le plan Marshall fût un outil américain d’une utilité énorme pour ce pays. Les États-Unis étaient en surproduction dès avant la seconde Guerre mondiale. Le Plan Marshall consiste alors à dire : on vous prête de l’argent, car vous n’avez plus rien à cause des destructions, mais il faut acheter américain. Vous rembourserez plus tard.

On l’aura compris, c’est une vente à crédit et, forcément, les pays voulant garder leur indépendance on dit non. Les autres ont dit oui, considérant que la perte de l’indépendance, au moins relativement du moins, valait mieux que le risque communiste.

Ainsi, à part le PCF, farouchement opposé au plan Marshall, tout le monde a dit oui, socialistes y compris. Cela a même servi de détonateur à la sortie de toute une fraction de la CGT, qui donna la CGT – Force Ouvrière, qui existe encore comme on le sait et clame toujours qu’il est né comme syndicat dans le rejet du communisme et la poursuite du syndicat anti-politique, dans la tradition de la charte d’Amiens.

En rejetant le plan Marshall, le PCF et la CGT se sont isolés politiquement, ils ont assumé un haut niveau de conflit, d’ailleurs l’opposition aux Américains allait amener des batailles dures, voire très violentes en France. Fabien Roussel ne peut pas ne pas le savoir.

Son tweet réclament un plan Marshall est donc lunaire. C’est une insulte à tout ce qu’a été le PCF :

« 100 femmes assassinées par leur conjoint dps le debut de l’année. Le #PCF est avec les assos féministes pour un vrai plan Marshall de lutte ctre les violences et la création d’unités spéciales (police, justice, medecins) d’accueil des femmes ds ts les départements! #Grenelle »

Pourquoi emploie-t-il une telle expression ? Déjà, par décadence totale au sein du PCF, qui ne cesse donc de perdre ses valeurs, au point d’être totalement délavé. Mais ensuite, aussi par cynisme. Car l’emploi à tort et à travers par les médias et certains politiques des expressions « Grenelle » et « plan Marshall » n’est rien d’autre qu’une opération de communication sur le dos de la cause des femmes.

On sait que Twitter force à résumer, conceptualiser au maximum, mais là c’est l’absence de respect sans commune mesure… On prétend vouloir des « plans d’urgence », ce qui ne veut strictement rien dire, car c’est le contenu qui compte. Les accords de Grenelle issus de mai 1968 ne sont pas un plan d’urgence, mais des acquis arrachés. Quant au plan Marshall, c’est une manœuvre américaine. Quel rapport avec la mise en place réelle d’un soutien aux femmes ?

On voit que le problème, ce sont ici les réseaux sociaux, mais surtout la consommation politique. Car le mouvement « #metoo » ou « youth for climate » avec Greta Thunberg, ainsi que toutes ces choses qui ne sont que des bulles montées de toutes pièces, sont aux antipodes de l’organisation démocratique du peuple sur des valeurs. Ce qu’a pourtant été capable de réaliser la Gauche historique à une autre époque. Et ce dont nous avons besoin aujourd’hui.

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Guerre

Le PCF et Die Linke rendent hommage à Jean-Pierre Timbaud en plaidant en faveur d’une Europe de la paix

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel et le secrétaire général du parti allemand de gauche Die Linke, Jörg Schindler, étaient réunis ce mardi 7 mai 2019 à Paris pour rendre hommage à Jean-Pierre Timbaud. C’était l’occasion de dénoncer l’Europe guidée par « la coopération militaire et l’armement », et de plaider en faveur de la paix.

Jean-Pierre Timbaud est une grande figure communiste de la Résistance, fusillé par les nazis en octobre 1941. Il est connu pour avoir crié « Vive le Parti communiste allemand » au moment de sa mort, ce qui fut un acte d’internationalisme prolétarien d’une grande valeur.

Le discours de Fabien Roussel publié ci-dessous va pleinement dans ce sens, en rappelant « le combat commun des classes ouvrières française et allemande » contre le nationalisme et le fascisme, cette « bête immonde ».

Les deux partis siègent ensemble au Parlement européen et ont eu plusieurs initiatives communes dans le cadres des élections européennes. Il est question ici de leur combat en faveur d’une «Europe de la paix », alors que la course à l’armement est de plus en plus folle et grande.

Il est critiqué, conformément aux valeurs historique de la Gauche, l’« Europe de la défense que Macron et Merkel appellent de leurs vœux » et « l’industrie de l’armement, à l’affût de toutes les bonnes affaires, toutes les bonnes guerres ».

Voici le discours de Fabien Roussel du PCF :

« Initiative PCF – Die Linke
Hommage à Jean-Pierre Timbaud :
Pour une Europe de la paix, contre l’Europe du surarmement

Chère Maryse Veny petite fille de Jean-Pierre Timbaud,
Chère Michèle Gauthier, fille d’Henri Gauthier,
Chère Carine Picard Niles, petite fille d’Odette Niles, représentant  ici l’Amicale Châteaubriant Voves Rouillé Aincourt
Cher Claude Ven représentant la Fédération CGT Métallurgie ainsi que son Institut Histoire Sociale qui est installée ici même dans leur Maison des Metallo
Mesdames et messieurs les représentants des organisations et associations militant pour la paix
Mesdames et messieurs les parlementaires
Mesdames et messieurs les élu·es de Paris
Cher·es ami·es, cher·es camarades

Je suis heureux de nous voir réunis ici en cette veille du 8 mai et des célébrations de la Victoire contre le nazisme, avec notre camarade Jörg Schindler, secrétaire général de Die Linke.

C’est une initiative à laquelle je tenais particulièrement et dont nous avons convenu fin avril avec Berndt Riexinger, le co-président de Die Linke que j’ai eu le plaisir de recevoir à Paris, au siège du Parti.

Il est pour nous très important  à la fois de faire vivre la mémoire de la Grande Victoire de 1945 contre le fascisme, de rendre hommage aux héros morts en déportation et exterminés, Juifs, Tsiganes, homosexuels, communistes, progressistes.  Mais aussi de rendre hommage aux héros de la Résistance tombés dans toute l’Europe, du maquis des Glières aux actions de la résistance allemande.

Ce n’est pas uniquement une question de mémoire. La lutte continue aujourd’hui contre le fascisme, contre la montée des idéologies nauséabondes, racistes et des idéologies de guerre en Europe. Les appels à la haine s’entendent aujourd’hui à nouveau partout en Europe.

Comme l’a écrit Berthold Brecht, « Le ventre est encore fécond d’où est sorti la bête immonde ».

Nous sommes ici pour dire ensemble que le seul projet européen qui vaille, c’est celui qui renforce véritablement la fraternité et la solidarité entre les peuples dans le respect de leur souveraineté – et non leur mise en concurrence exacerbée ; le seul projet européen qui vaille, c’est celui qui défend les intérêts des classes populaires et des travailleurs –et non ceux des banquiers et des multinationales ; le seul projet européen qui vaille, c’est celui qui fait de la construction de la paix et d’une culture de paix son axe essentiel et sa priorité absolue.

C’est cette ambition-là que nous voulons porter, à rebours du modèle ultra-libéral dont Emmanuel Macron et Angela Merkel veulent intensifier la marque, au nom d’un« couple franco-allemand » autoproclamé moteur de l’Union européenne.

Un couple tellement centré sur la domination qu’il passe son temps à s’affronter pour savoir qui est le plus fort des deux !

Nous, les communistes, nous formons avec Die Linke un autre couple franco-allemand ! Un vrai couple, dont les relations sont fondées sur les principes d’égalité, de solidarité et d’épanouissement respectif.

Notre « couple franco-allemand », c’est celui qu’incarnait le syndicaliste et dirigeant politique communiste, Jean-Pierre Timbaud, auquel nous voulons rendre un hommage fraternel ce soir.  Bien d’autres avec lui ont porté ce combat pendant la guerre, le combat commun des classes ouvrières française et allemande, le combat commun des communistes français et allemands ; le combat commun des démocrates, femmes et hommes, militant-es de l’émancipation humaine et sociale – français et allemands- qui s’engagèrent dans la Résistance et ont abattu nazisme et fascisme il y a 75 ans.

Notre couple franco-allemand, c’est celui qui se lève pour s’opposer à l’augmentation indécente des budgets de Défense, sur ordre de l’OTAN, pour atteindre 2 % du PIB d’ici 2024. L’OTAN exige en outre que 20% de ces budgets faramineux soient consacrés à l’achat d’armement neuf.

La France va dépenser 295 milliards d’euros au total pour sa défense entre 2019 et 2025 alors que toutes les politiques publiques sont privées de l’argent indispensable pour rénover et développer nos infrastructures et nos services publics de santé, d’éducation, de transport, de culture. Sur le nucléaire, pour la même période, le budget de la modernisation est en hausse de 60% par rapport à la période précédente ! Il passera de 23 milliards à 37 milliards d’euros. 14,5 millions d’euros par jour !

A-t-on besoin d’investir 14,5 millions d’euros par jour dans la modernisation nucléaire quand notre pays a tant besoin d’hôpitaux, d’écoles, de services publics ?

Savez-vous ce que cet argent représente ?

Nos amis du Mouvement de la paix ont fait le calcul, c’est simple : 1 missile M51 c’est l’équivalent de 100 scanners médicaux mais des départements entiers du pays se transforment en déserts médicaux ; 1 Mirage, c’est l’équivalent de deux collèges en milieu rural mais nos campagnes, notre ruralité se meurt un peu plus chaque jour

Tout le monde appelle à la paix mais les dépenses mondiales d’armement explosent à nouveau : 1 700 milliards de dollars pour 2017 dont la moitié pour les seuls pays membres de l’OTAN.

Non seulement nous nous emprisonnons dans la stratégie belliciste de l’OTAN mais nous en « rajoutons » quand Macron et Merkel cherchent, à relancer le projet d’« une Europe de la Défense » .

Cette « Europe de la défense » qu’ils appellent de leurs vœux en agitant toutes les peurs, les haines possibles, ces 13 milliards d’euros de dotation, prévu pour 2021-2027, pour le « Fonds européen de la Défense », c’est le « cadeau » qu’ils réservent à l’industrie d’armement, à l’affût de toutes les bonnes affaires, les bonnes guerres…

« Qui veut la paix, prépare la paix » et c’est pour cela que nous appelons l’Europe, la France et l’Allemagne à ne pas vendre d’armes aux pays en guerre, aux dictatures, aux pays qui entretiennent des conflits coloniaux, expansionnistes, soutiennent le terrorisme international ; la France ne doit pas vendre des armes à l’Arabie saoudite, 11 milliards d’euros en 9 ans, et prétendre que ces armes ne sont pas utilisées au Yemen !

Nous appelons à interdire toutes les opérations militaires extérieures en dehors des résolutions de l’ONU ; nous appelons à redonner tout son rôle à cette organisation internationale au lieu de promouvoir le devoir d’ingérence.

Et nous appelons à signer et à ratifier le traité international d’interdiction des armes nucléaires ;

Nous disons NON à l’« Europe de La Défense » et  oui à la dissolution de l’OTAN. Et sans attendre, la France doit quitter l’OTAN.

L’ « Europe de la défense » et l’OTAN doivent être remplacés  en Europe par un traité de coopération et de sécurité collective qui implique tous les pays du continent en mettant un terme aux stratégies de tensions et de surarmement ; nous opposons à l’idée de militarisation sans fin du continent l’idée de sécurité collective, principe qui est un des fondements de la charte des Nations Unies selon lequel les mesures de défense prises par un État ne doivent pas compromettre la sécurité d’un autre état.

La tenue, sous l’égide de l’ONU, d’une conférence pan-européenne de paix et de sécurité collective est urgente et nécessaire pour faire baisser les tensions entre l’UE et ses voisins. Ce qui a été possible en pleine guerre froide, avec la conférence d’Helsinki, l’est d’autant plus aujourd’hui.

Nous appelons à abroger les accords de libre-échange pour les remplacer par des accords de maîtrise des échanges avec les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique…

Nous appelons à réinvestir l’ONU et ses agences pour qu’elles soient de véritables outils au service de la prévention des conflits et du développement humain.

Nous appelons à bannir les racismes, les discriminations, et à restaurer la justice et l’égalité des droits, à conquérir de grandes avancées sociales pour les travailleuses et travailleurs du monde entier.

L’Europe de la paix, chers amis, chers camarades, c’est celle qu’a portée Jean-Pierre Timbaud au moment mourir.

C’est notre vision à nous aujourd’hui, c’est celle d’une union de peuples et de nations libres, souverains et associés.

« C’est le plus grand des combats », nous exhortait Jaurès et nous ne cesserons jamais d’en faire notre priorité car elle donne tout son sens à une Europe des gens, une Europe qui n’a d’autre visée que l’humain d’abord.

C’est dans cet esprit que nous nous battons pour faire élire au parlement européen, le 26 mai, le plus de députés communistes, de Die Linke et de la gauche européenne. »

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Politique

Les réactions à la proposition de fédération populaire par Jean-Luc Mélenchon

Plusieurs personnalités liées à la Gauche ont réagit à la proposition faite par Jean-Luc Mélenchon de créer une fédération populaire. Les réactions sont dans l’ensemble mitigées, car tout le monde ou presque a compris qu’il s’agirait surtout d’un « rassemblement » autour de sa propre personne.

Le Premier secrétaire du Parti socialiste a bien résumé le sentiment général à Gauche sur la proposition du leader de la France insoumise :

« C’est « Je veux bien rassembler mais sur mes bases et derrière moi ». Et c’est comme ça qu’on n’y arrive jamais ».

Olivier Faure a également considéré que c’était d’abord « un aveu d’échec » de la part de  celui qui avait initialement refusé « l’idée même de rassembler la Gauche ».

Selon lui, le député insoumis considérait auparavant « qu’il n’était pas de la Gauche mais du peuple », ce à quoi il a répondu :

« la Gauche, ça n’est pas le populisme, ça ne le sera jamais. Jamais. Cela suppose de sa part qu’il fasse ce pas-là et qu’il abandonne cette idée folle du populisme de gauche ».

Olivier Faure considère par ailleurs que le Parti socialiste fait la démarche de l’unité pour les élections européennes en présentant Raphaël Gluksman et que cela fonctionne, tout en regrettant qu’il y ait actuellement une « offre divisée ». C’est un raisonnement qui peu paraître absurde, car cela revient à se féliciter d’une situation tout en regrettant qu’elle n’existe pas.

Il faut cependant comprendre que le Parti socialiste considère être toujours la force centrifuge de la Gauche. Il imagine pouvoir rassembler à nouveau après ces élections, ce qui couperait de fait l’herbe sous le pied de Jean-Luc Mélenchon :

« Il y a déjà une progression, qui n’est pas suffisante, et nous devons viser un score qui nous mettent dans une situation où nous puissions, demain, être à nouveau en mesure de rassembler et d’être un pôle de stabilité à gauche. »

Le sénateur et secrétaire national en charge des relations extérieures du Parti socialiste Rachid Temal est allé dans le même sens qu’Olivier Faure, en critiquant l’exclusion de fait du PS par la France insoumise :

« Mélenchon dit « Je veux discuter avec la Gauche », mais ne veut pas des partis et met des oukases sur le PS  ! »

Le candidat Raphaël Glucksmann a pour sa part considéré qu’effectivement, « la gauche ne pourra être une offre crédible que si elle se réunit », mais qu’il faut d’abord avoir des discussions de fond, en assumant les divergences de chacun. On comprendra que cela revient là aussi à critiquer le populisme de Jean-Luc Mélenchon, qu’il avait d’ailleurs qualifié quelques jours avant de « Thatcher de gauche ».

De son côté, le tête de liste du PCF aux Européennes Ian Brossat a eu une position plus mesurée, mais néanmoins sceptique. Il a considéré qu’il était d’accord sur l’idée de se reparler à Gauche après les Européennes, mais que pour autant « personne ne peut jouer les gros bras ».

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel n’a pas réagit publiquement, ou alors très discrètement et cela est passé inaperçu. Rappelons qu’il expliquait au mois de février dernier discuter toutes les semaines avec Jean-Luc Mélenchon « pour lui demander de se détendre un petit peu, qu’on puisse trouver les contours d’un rassemblement ensemble », précisant que cela ne « veut pas dire forcément fusionner dans des listes ».

Benoît Hamon a pour sa part répondu longuement à la proposition de fédération populaire, dans un entretien également à Libération dès le lendemain. Il a considéré cela comme un « geste d’unité » pris très « au sérieux ».

Sa position est néanmoins compliquée à comprendre. Il explique qu’il faut une unité face au danger que représente l’extrême-droite, sans parler du fait que justement Jean-Luc Mélenchon n’aborde jamais le sujet de l’extrême-droite dans son long entretien.

> Lire également : Jean-Luc Mélenchon rejette le principe de Front populaire et appelle la Gauche à suivre sa démarche

Les propos de Benoît Hamon sont de gauche, avec un héritage évident de la tradition du Front populaire :

« Je vois la colère partout. L’alternance la plus naturelle aujourd’hui, c’est Marine Le Pen. Je me refuse d’user de cette situation avec cynisme comme le fait Emmanuel Macron en polarisant le débat entre lui et le Rassemblement National. Je préfère apporter des réponses positives aux inquiétudes des Français. Pour ce faire, il nous faut une gauche forte. Le drapeau est aujourd’hui à terre, relevons-le. »

Il semble cependant céder à la panique, en oubliant l’analyse de fond en raison d’un danger imminent, ce qui est forcément un grave erreur. Il dit en effet :

« Alors à tout prendre entre le désastre annoncé et un geste d’unité je préfère prendre acte de ce geste d’unité et le prendre au sérieux. Après tout, le fair-play, c’est peut-être contagieux. »

Il ne semble pas avoir vu que Jean-Luc Mélenchon n’était pas du tout dans une optique de Front populaire face à l’extrême-droite.

Le secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts David Cormand a lui très bien vu que la question se posait par rapport à l’extrême-droite et que le « peuple de gauche » ne considérait pas le leader de la France insoumise comme étant un opposant à l’extrême-droite :

« Mélenchon le fait maintenant parce qu’il est en difficulté politique, interne, et dans les sondages. Il voit bien que le peuple de gauche qui lui avait accordé sa confiance à la présidentielle considère moins que c’est lui qui peut offrir une alternative aux libéraux et aux fachos ».

Finissons par Yannick Jadot, tête de la liste Europe Écologie-Les Verts, qui pour le coup assume totalement de ne plus être de gauche. Il a répondu qu’il fallait totalement rejeter la question de l’unité de la Gauche :

« J’ai noté qu’après m’avoir tapé dessus, il était favorable à l’économie de marché, finalement. Il est vrai que l’économie chez Maduro, l’économie des sovkhozes, ça ne fait pas rêver. Le problème de Mélenchon, Faure, Hamon, Glucksmann est que le pôle socialiste a explosé. Ils utilisent l’écologie pour essayer de masquer leur rupture. Ils disent tous : il faut recomposer la gauche derrière moi.

Moi, mon sujet, c’est qu’un projet écologique et solidaire gagne en Europe et dans ce pays. Je n’ai jamais été socialiste, trotskiste ou communiste, je n’ai toujours été qu’écologiste. J’ouvre portes et fenêtres aux citoyens qui ont compris que la lutte contre le dérèglement climatique était la mère de toutes les batailles et qu’elle pouvait être un formidable levier de justice sociale. »

Il rejette de ce fait totalement la proposition Jean-Luc Mélenchon, le considérant presque ouvertement comme un équivalent de Marine Le Pen (alors que lui-même est un équivalent d’Emmanuel Macron) :

« Non, ça ne m’intéresse pas. Jean-Luc Mélenchon a des convictions, une colère, une indignation par rapport à l’injustice sociale que je peux partager. Mais il a une conception de la démocratie qui n’est pas la mienne. Il passe son temps à brutaliser le débat politique, moi je veux apaiser notre pays. Il se place dans une logique national-étatiste, moi je veux une France beaucoup plus décentralisée, régionalisée.

Je crois fondamentalement que l’Europe, malgré ses défauts, est une formidable aventure, qu’elle est notre horizon civilisationnel. Il a quelques ambiguïtés avec Maduro et Poutine. Nous les écologistes, combattons toutes les dictatures, de droite, de gauche, où qu’elles soient. Nous devons à nos enfants une Europe des libertés, qui reconnaît à chacune et chacun sa dignité, ses identités multiples. Nous leur devons un avenir bienveillant dans lequel ils se projetteront avec confiance. »