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Appel du 2 avril 2021 pour une FCPE laïque et sociale

La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) est l’une des principales fédérations de parents d’élèves des écoles publiques, c’est un organisme généré par la Gauche. Mais en raison d’une ligne considérée comme populiste, une opposition pro-républicaine se forme.

Voici l’appel, qu’on peut signer ici :

« Nous, adhérents et sympathisants de la FCPE, citoyens attachés à l’enseignement public, lançons un appel pour que la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves retrouve son rôle de soutien de l’École publique et de ses enseignants à l’heure où ils sont confrontés à de graves menaces.

De l’affaire Mila à l’assassinat de Samuel Paty, l’offensive de l’islam politique et les remises en cause de la laïcité par les intégrismes religieux conduisent chaque jour les enseignants à perdre du terrain, dans une institution déjà affaiblie par la montée du consumérisme parental. Ainsi, selon une étude de la Fondation Jean Jaurès, la moitié des enseignants affirment avoir été confrontés à une « forme de contestation au nom de la religion dans leur classe » et « s’être déjà autocensurés dans leur enseignement ».

A Lyon ou Trappes, quelle tristesse de voir des enseignants abandonner leur métier parce qu’ils ne peuvent plus l’exercer sereinement, et des élèves déscolarisés pour avoir exprimé une opinion contraire aux dogmes religieux ! 

Nous aurions aimé entendre la FCPE manifester sa solidarité à l’égard de Mila, de Didier Lemaire ou de Fatiha Agag-Boudjahlat, et de toutes ces premières lignes de la République. Il n’en a rien été, à croire qu’elle ignore ses propres statuts, par lesquels elle s’engage, dès 1947, à « propager l’idéal laïque » et « resserrer les liens indispensables entre les parents et les enseignants » . Ces principes s’enracinent pourtant dans l’histoire de la gauche et de la République, dont une étape essentielle fut, il y a 150 ans, le 2 avril 1871, le décret de la Commune proclamant la séparation de l’Eglise et de l’Etat et l’enseignement gratuit et obligatoire pour les filles et les garçons. 

Tournant le dos à cette histoire, la direction de la FCPE n’hésite pas à poursuivre en justice les plus ardents défenseurs de l’Ecole publique et de la laïcité, comme en témoigne le procès intenté – et perdu – à l’ancien inspecteur général de l’Education nationale Jean-Pierre Obin. 

Cette offensive judiciaire vise également les élus FCPE qui, en son sein, osent interroger cette dérive. Mises en demeure judiciaires, suspensions des mandats : nous faisons face à ce qu’il faut bien appeler une tentative d’étouffement de la démocratie interne.

Depuis deux ans et particulièrement la campagne clivante sur les accompagnatrices voilées des sorties scolaires, cette focalisation sur les questions identitaires, au détriment d’enjeux fédérateurs comme la qualité de l’enseignement ou la mixité scolaire et sociale, nous éloigne du mouvement de masse ouvert sur la société qu’a été et que devrait être la principale fédération de parents d’élèves.

Devant le risque d’une hémorragie des adhérents, nous ne nous résignons pas à ce que la FCPE devienne, à l’image d’autres organisations progressistes, un groupuscule s’épuisant dans d’inutiles querelles politiciennes et d’absurdes procédures judiciaires. Au risque de sacrifier ce qui devrait être sa mission première : favoriser l’émancipation de chaque élève, qu’il ait grandi dans une famille croyante ou athée, de gauche ou de droite, riche ou modeste.

Seule l’école publique et laïque permet cette émancipation. C’est pour cela que nous la chérissons, que nous y avons inscrit nos enfants, c’est pour cela que certains d’entre nous ont choisi d’adhérer à la FCPE. Et c’est pour cela que nous invitons tous les défenseurs de l’École publique à signer cet appel sur ce site, et les adhérents de la FCPE à nous rejoindre pour participer à cette refondation interne dans la perspective du prochain congrès

Premiers signataires : 

Les adhérents FCPE membres du “Collectif du 2 avril”

Et

Gilbert Abergel, président du Comité laïcité République

Fatiha Agag-Boudjahlat, enseignante

Jean-Louis Auduc, ancien directeur des études de l’IUFM de Créteil, ex-secrétaire général adjoint du Snes

Sandrine Bernard, présidente du Conseil local FCPE Rosa Parks à Ivry

Aurélia Bloch, journaliste et auteure-réalisatrice

Laure Caille, présidente de Libres MarianneS, ancienne responsable SNES-FSU

Jean-Christophe Cambadélis, ancien premier secrétaire du Parti socialiste

Martine Cerf, présidente d’Egale

Gilles Clavreul, délégué général de l’Aurore, cofondateur du Printemps républicain 

Jacqueline Costa-Lascoux, ancienne présidente de la Ligue de l’enseignement

Didier Daeninckx, écrivain 

Aurélien Demangeat, ex-président du Conseil départemental FCPE du Puy-de-Dôme

Raphaël Enthoven, essayiste

Michel Fouillet, haut fonctionnaire, administrateur d’Egale

Philippe Foussier, journaliste

Caroline Fourest, essayiste

Christian Gaudray, militant laïque

Sarah Gheeraert, ex-présidente du Conseil départemental FCPE du Puy-de-Dôme

Xavier Gorce, dessinateur

Danièle Guillot, ancienne adhérente FCPE et psychologue

Jean Glavany, ancien Ministre

Françoise Kayser, ancienne adhérente FCPE, fondatrice de Femmes contre les intégrismes

Catherine Kintzler, philosophe

Françoise Laborde, ancienne sénatrice, présidente d’Egale

Didier Lemaire, enseignant

Guy Lengagne, ancien ministre

Samuel Mayol, maître de conférences

Anne Mayol, formatrice en CFA

Philippe Noury, élu FCPE à Paris 

Henri Pena-Ruiz, philosophe 

Joël Potier, ex-président FCPE de l’EREA de Berck, Délégué départemental de l’Education nationale

Nicole Raffin, ex-directrice d’école et adhérente FCPE Paris

Bernard Ravet, président de la commission éducation de la Licra

Iannis Roder, enseignant

Vincent Ruprich-Robert, président du Conseil Local FCPE Buffault à Paris

Jean-Pierre Sakoun, ancien président du Comité laïcité république

Xavier Schneider, président du Conseil départemental FCPE du Bas-Rhin

Claude Secroun, ancien président du Conseil Local FCPE à Gueux, représentant de la LICRA auprès du Collectif Laïque National

Alain Seksig, ancien adhérent FCPE Paris 20e, inspecteur d’académie

Georges Sérignac, Grand Maître du Grand Orient de France

Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes

Claudine Tiercelin, Professeur au Collège de France

Corinne Zelman, ancienne présidente FCPE Paris 8e et DDEN « 

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Réforme du baccalauréat: la situation compliquée dans les Lycées

Symbole du libéralisme triomphant, le baccalauréat a été démantelé au profit de parcours individuels à la carte, avec une place faite au contrôle continue en plus de l’examen final traditionnel. Ce contrôle continu consiste finalement en des minis épreuves assez similaires aux partiels universitaires et leur organisation pour les élèves de Première qui a lieu en ce moment se fait dans une grande confusion.

Voici les propos intéressants tenus par le président de la fédération de parents d’élèves FCPE au Conseil Supérieur de l’Éducation d’hier, jeudi 23 janvier 2020.

Il y est expliqué que ces nouvelles épreuves de contrôle continue (E3C), en plus du grand flou dans lequel elles ont lieu, entraînent une pression permanente de l’examen, au détriment de l’enseignement lui-même. Beaucoup d’enseignants et de syndicats d’enseignants déplorent la même chose, en plus de nombreuses autres critiques.

« Déclaration liminaire

Conseil Supérieur de l’Education du jeudi 23 janvier 2020

Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil,

Nous assistons à une situation inédite dans l’école de la République. D’un point de vue réglementaire, des élèves ont passé les premières épreuves communes de contrôle continu(E3C), alors même que le décret relatif à la fraude ou tentative de fraude n’est pas paru. Ce texte, nous l’avons vu le mois passé en CSE et il s’appliquera bien à la génération Bac2021.

La FCPE se répète à chaque CSE : la méthode Coué ne fonctionne pas pour la conduite de changement et en particulier dans l’éducation qui exige un temps long, un temps de consensus, un temps d’explication, un temps d’organisation.

Il n’est pas possible de mettre en péril la confiance de la jeunesse en l’Ecole et en son avenir. C’était tout le sens de la communication des présidents départementaux de la FCPE dès le 26 janvier 2019 qui appelait à faire une pause. Une pause pour anticiper les difficultés, travailler à réduire les inégalités scolaires, de territoire ou de parcours. Nous n’avons pas été les seuls à demander ce temps. Mais, rien. Tout a continué et nos propositions n’ont pas été entendues.

La tension est palpable chez les parents. Nous avons lancé un questionnaire début janvier pour appréhender le niveau de compréhension et d’information des parents d’élèves sur les réformes en cours. 5000 répondants,dont plus de 40% d’entre eux ne sont pas adhérents à la FCPE et 68 % d’entre eux ont des enfants en première. Et les connections continuent.

Ce sont 70 % des parents qui se trouvent mal informés sur les réformes, qui ne savent pas comment s’organisent les E3C. 67% qui ne connaissent pas les 54h dédiées à l’aide à l’orientation et près de 60% qui se repèrent difficilement dans les spécialités.

Néanmoins, les enjeux de la réforme sont assimilés, puisque les 5 sujets de préoccupation majeurs sont l’orientation, le choix des spécialités, les E3C, Parcoursup et les nouveaux programmes.

Rappelons-nous ensemble ce qu’est le lycée, trois ans pour apprendre et préparer son projet d’avenir post bac. Trois ans de scolarité et trois de construction citoyenne pour les jeunes adultes qu’ils seront au sortir de l’Ecole. Au début des travaux sur la réforme, le nouveau bac devait permettre aux élèves de sortir d’un examen sanction, source de stress, en intégrant le contrôle continu. Un enjeu essentiel pour la FCPE.

Mais il y a eu les épreuves communes de contrôle continu, les fameuses E3C pour les initiés. Ce format hybride à mi-chemin des modus operandi des épreuves terminales et du contrôle continu, version «super devoir blanc». Dans les faits, elles ressemblent énormément aux partiels universitaires.

Par deux fois ce dernier mois, nous avons alerté publiquement sur les questions techniques comme pédagogiques, sur les inégalités qui seraient à l’œuvre dans la mise en place des E3C cette année. Nous avons demandé un ajournement.

Oui, les difficultés n’ont pas été anticipées. Oui, nous sommes dans une situation inédite et ce sont les élèves en premier lieu qui en pâtissent et qui y jouent leur diplôme national du baccalauréat. Alors même qu’il n’y avait nul besoin de créer une telle usine à gaz pour évaluer leur travail sur l’année. Nous recevons tous les jours des témoignages de situations d’élèves ou d’établissement à propos des difficultés générées par les E3C. C’est une usine à gaz qui explose aujourd’hui.

Alors, est-ce une solution pertinente pour évaluer la progression des élèves ? 18 mois de scolarité, trois sessions sur plusieurs matières, sans ôter le contrôle continu, les épreuves anticipées et les épreuves terminales. Les élèves sont ainsi continuellement sous pression d’examen: en lieu et place d’apprendre, d’analyser leurs erreurs pour progresseravec les équipes éducatives, ils bachotent.Onest bien loin d’un climat serein de travail pour les élèves, de moins d’examen et de moins de stress.

Pour la FCPE, nous sommes loin de la prise en compte de l’évaluation progressive de l’élève dans ses apprentissages et de son bien-être. Enfin, je finirai mes propos sur une alerte concernant la génération Bac 2020, les élèves qui sont en terminale cette année. Parcoursup a ouvert hier et ils passeront leurs épreuves en juin. Aujourd’hui, ils souffrent des répercussions indirectes de la réforme et des E3C, les bacs blancs sont reportés. Oui, ils sont angoissés, car ils savent être la dernière génération d’un système. Que deviendront celles et ceux qui possiblement échoueront au baccalauréat ?

Nous attendons des réponses et avant le mois de juin.

Je vous remercie de votre écoute. »

Notons également que la FCPE, à l’issue d’une conférence de presse hier, a critiqué les actions de certains professeurs jouant la surenchère en boycottant ou bloquants les épreuves. Il a ainsi été déclaré de manière assez juste, ou en tous cas illustrant bien le climat délétère ambiant :

« Cela suffit que nos gamins soient toujours les victimes de ces adultes qui n’arrivent pas à trouver les clés du dialogue […]. On est dans une situation de rapport de force, une guerre de positions entre un ministre et des enseignants, et personne ne veut lâcher »

À cela s’ajoute une grande confusion pour les élèves de Terminale, la dernière génération passant le bac sous sa forme traditionnelle, devant faire leur choix d’orientation sur la Parcoursup avec un grand flou qui règne encore sur les choix optimaux à faire, des professeurs peu au courant pour aider les familles et les élèves, etc.

> Lire également : La remise en cause du principe d’un baccalauréat universel

Cela en dit long sur l’effondrement de notre société, dans laquelle les points de tensions se multiplient, avec une dégringolade généralisée de tout un tas de secteurs du quotidien, de tout un tas d’aspects, menant tout droit à une rupture de grande ampleur.

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FCPE – Les Lilas (93): «quand viendra le temps d’une véritable prise en compte de ces phénomènes de rixes ?»

Voici le communiqué des fédérations de parents d’élèves FCPE du lycée et des deux collèges concernés par la mort insupportable d’un jeune s’étant opposé à une rixe pendant un cours d’EPS aux Lilas, en Seine-Saint-Denis :

« Aux Parents et responsables légaux des élèves,

Les membres de la FCPE du Collège Marie-Curie, du Lycée Paul Robert des Lilas, du collège Jean-Jacques Rousseau du Pré Saint Gervais tiennent à exprimer leurs sincères condoléances à la famille de Kewi, Gervaisien, décédé suite à une rixe qui a eu lieu ce vendredi 4 octobre 2019 aux Lilas. Nous témoignons aussi notre profonde solidarité à l’ensemble de la communauté éducative et particulièrement à ceux et celles qui ont été impliqués dans ce tragique évènement survenu pendant le temps scolaire.

La mort de Kewi est une nouvelle fois, après celle d’Aboubakar en octobre 2018, un drame pour tous. Elle n’est pas issue d’un accident, ou d’un geste malheureux, elle résulte d’une violence indescriptible.

Quand viendra le temps d’une véritable prise en compte de ces phénomènes de rixes qui ne cessent de se répéter ?

Quand viendra le temps d’une véritable prévention avec l’ensemble des acteurs des quartiers, de la communauté éducative, des collectivités locales, de la Préfecture et de la Police pour se donner les moyens d’en finir avec ces actes de violence ?

A de nombreuses reprises, nous, parents d’élèves, avons fait remonter lors de conseils d’administration, de réunions publiques ou de rendez-vous avec les instances notre inquiétude face à cette installation et banalisation de violences subies par tous : enfants, parents, équipes pédagogique et administrative.

Aujourd’hui nous sommes très en colère et abattus par le trop peu d’actions communes menées par les instances sur le territoire.

Bien sûr, des mesures exceptionnelles pour assurer la sécurité des élèves et des habitants ont été prises immédiatement : la Police Nationale, les services de l’Education Nationale et la Préfecture maintiennent une vigilance extrême, sécurisent aujourd’hui les accès au lycée et aux collèges et accompagnent psychologiquement les enfants.

Mais que se passera-t-il dans les prochaines semaines ? Les prochains mois ? Les prochaines années ?

Nous en avons assez d’entendre que nos communes sont les privilégiées du 93.

Nous demandons à ce que de véritables moyens humains et financiers soient mis en place immédiatement et sur le long terme.

Nous demandons à ce qu’une instance de coordination incluant tous les acteurs du territoire soit créée et s’inscrive dans la durée.

FCPE – Lycée Paul Robert des Lilas – fcpelyceepaulrobert@gmail.com
FCPE – Collège Marie Curie des Lilas – parents.college.lilas@gmail.com
FCPE – Collège Jean-Jacques Rousseau du Pré Saint Gervais – fcpejjrousseau@gmail.com »