L’affiche de la fête de l’Huma est tout à fait représentative de la nouvelle identité PCF : très lisse, très neutre, avec quelques détails restreints comme signes de reconnaissance. Son créateur, le graphiste Dugudus, est d’ailleurs entièrement un produit de cette démarche post-ouvrière, post-nationale, post-industrielle, post-moderne.
Le graphiste Dugudus se veut influencé par les affiches polonaises, cubaines et de mai 1968 ; il a même étudié le graphisme à Cuba après avoir milité dans les jeunesses du PCF. De manière plus concrète, on comprend qu’il a une démarche de simple publicitaire « progressiste », ce qu’on comprend tout à fait quand il parle de toucher « à l’inconscient collectif à travers des symboles ».
On n’est pas ici dans la culture, mais dans la pub ; on n’est pas dans les valeurs, mais dans le mythe mobilisateur. Dugudus est d’ailleurs passé par Nuit Debout.
Un simple regard sur ses affiches montre bien qu’il ne relève en rien des exigences culturelles de la Gauche historique, qui assume la conscience, la politique. On est dans la référence symbolique à la fois dans un style pétillant-pop rondement mené, mais pseudo-poétique et sciemment sans contenu déterminé.
C’est une démarche très fête de l’Huma des années 1990, avec le principe de ne pas choquer, de dépolitiser au maximum, de donner une image très lisse, sans aucune aspérité, avec une tonalité plutôt naïve censée être un gage de sincérité.
L’affiche en faveur de la PMA est tout à fait exemplaire d’une telle approche démagogique, de ce fameux progressisme ayant produit le triomphe d’Emmanuel Macron. L’affiche de la fête de l’Huma de cette année est du même acabit, si l’on s’intéresse aux détails.
La référence de l’image, c’est bien sûr Élévation du drapeau sur Iwo Jima, une photographie montrant des soldats américains sur une île japonaise en 1945. Toute la pose des personnages est ouvertement empruntée à cette photo de propagande américaine.
Les symboles censés toucher le pseudo inconscient collectif sont tous placés dans une partie très réduite de l’image.
Dressons la liste de ces symboles.
On a le keffieh palestinien, référence à un peuple opprimé mais surtout, pour de nombreux secteurs de la Gauche française, un symbole pop pour apparaître comme solidaire et engagé en surfant sur l’ambiguïté d’un prétendu anticapitalisme de nature antisémite. Le keffieh est très clairement l’outil post-moderne pour jeter le drapeau rouge aux oubliettes.
On a une étoile rouge, savamment placée sur une chaussure de type Converse, qui a justement une étoile. C’est une allusion, sans prétention.
On a deux badges, objet très années 1970-1980 : un avec le symbole de la paix, l’autre avec le symbole féministe. Là encore, c’est une référence pop, pas une affirmation politique, d’ailleurs tout est trop petit pour être clair.
On a deux drapeaux : celui de Cuba, celui symbolisant la démarche LGBT. Là encore, un pur symbole sans contours déterminés, laissant libre cours à une interprétation totalement romantique, sans rapport avec la réalité.
Sur le côté, on a le drapeau de la Seconde République espagnole, là encore une démarche symbolique, allusion aux années 1930 et à l’antifascisme, puisque le PCF n’assume plus le renversement de la monarchie espagnole depuis bien longtemps.
Comment Dugudus en est-il arrivé là? Très simplement en se posant la question : comment faire une image pour avoir l’air de Gauche, mais sans montrer, et ce à tout prix, les ouvriers, le drapeau rouge, le marteau et la faucille ?
C’est la Gauche de l’apparence, la Gauche de la critique sociale sans contenu, s’appuyant sur des références symboliques pour surtout nier tout rapport avec l’Histoire et les valeurs de la Gauche historique.