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Que fait la police ? Que fait la Justice ?

Le Droit et l’ordre public ont de moins en moins cours en France.

La lutte des classes est un processus historique complexe. On ne peut pas résumer cela comme le font les syndicalistes en un simple affrontement entre « patrons » et « salariés ». Il y a un aspect fondamental à saisir qui est celui de la légitimité sociale.

C’est très simple. La bourgeoisie impose le capitalisme, mais en échange elle n’est pas remise en cause car elle est considérée comme légitime socialement. Cette légitimité ne tombe pas du ciel : la bourgeoisie l’a conquise de haute lutte pendant des siècles de lutte de classe face à la noblesse. En France, c’est un phénomène très identifiable, facile à voir dans les livres d’Histoire.

Et donc, pour être légitime, la bourgeoisie doit se poser comme la plus à même d’organiser la société. Historiquement, cela a consisté surtout en le fait de porter la démocratie face à l’arbitraire monarchique et à l’insécurité féodale. Autrement dit, c’est le Droit plutôt que la loi de Dieu, et l’ordre public plutôt que la loi du plus fort. Avec forcément la Justice et la police pour faire appliquer cela.

Qu’en est-il de cette légitimité de la bourgeoisie en 2022 en France ?

Cela saute aux yeux, et ça ne date pas d’hier, que le Droit est de plus en plus faible. Déjà depuis longtemps les lois sont des sacs de nœuds difficiles à interpréter et les passe-droits sont nombreux (surtout en ce qui concerne la fiscalité). Mais ce qui est plus récent, c’est de constater à quel point en France la loi n’a très souvent même plus cours, dans des situations pourtant très simples et qui étaient jusque là tout à fait respectées.

C’est le cas de l’immigration par exemple. Dans la seconde moitié du 20e siècle, quand la bourgeoisie française a eu besoin massivement d’une main d’œuvre étrangère à exploiter dans les usines, les mines ou sur les chantiers, elle a organisé leur venue. Ce n’est plus du tout le cas. Aujourd’hui l’immigration est totalement anarchique, avec c’est bien connu des gens interdits de territoire facilement identifiés, mais qui ne sont pas expulsés.

La bourgeoisie en profite pour avoir une main d’œuvre corvéable, surtout dans le secteur du BTP, du nettoyage et du maraîchage. A la marge, la petite bourgeoisie, voire des prolétaires, en profitent également pour se payer des domestiques partagés afin de se faire livrer des courses ou des repas via des plateformes type « Uber ».

Ce dernier exemple est flagrant en ce qui concerne les centre-villes. Le Droit, en l’occurrence le code du travail, le code du commerce et le code de la route, est piétiné par les livreurs « auto-entrepreneurs » (ou locataires illégaux de compte d’auto-entrepreneur). Tout le monde le sait, tout le monde le voit (surtout en ce qui concerne le code de la route). Mais cela s’installe pourtant durablement, car la bourgeoisie n’est plus en mesure de garantir le Droit. Force ne va plus à la loi.

Certes, on parle là d’un phénomène tout à fait marginal, n’intéressant pas les gens et ne modifiant en rien (en tous cas en apparence) le quotidien du pays. Mais c’est en fait le cas pour quasiment tout, et partout, ce qui donne une situation générale qui se dégrade largement. L’ordre public est de moins en moins respecté.

De fait, c’est le tissu social lui-même, ce qui est appelé parfois le « vivre ensemble », qui s’effrite, se décompose dans une telle situation. La promesse historique de la bourgeoisie de garantir le Droit et l’ordre public est de moins en moins tenue.

On le voit aisément sur la route avec la multiplication des comportements barbares. Cela a fait l’actualité récemment, car des agents de police faisant face directement à un chauffard en plein Paris, ont été dans l’obligation concrète de faire usage de leur arme, entraînant la mort accidentelle de la passagère et la blessure grave de la personne qui était au volant.

Les agents de police en question, plutôt que d’être pris en charge par la société, soutenus psychologiquement et moralement, se retrouvent mis en accusation. Heureusement pour eux, il y a des images de vidéosurveillance de la RATP qui prouvent facilement qu’ils étaient en situation de légitime défense face à un danger corporel personnel immédiat.

Pourtant, personne ne devrait avoir quoi que ce soit à reprocher à ces policiers. On parle toute de même là d’un chauffard ivre et sous l’emprise de la drogue, sans permis, fonçant dans la circulation, puis sur un agent de police, plutôt que de se soumettre à un simple contrôle suite à une flagrance de non-port de ceinture. Tout cela alors que l’homme en question était en semi-liberté…

C’est évident pour qui a le sens de la morale : c’est la société elle-même qui était en état de légitime défense dans cette situation, et heureusement qu’il y a eu des policiers courageux pour faire valoir l’intérêt de la société en neutralisant cette personne plutôt que de se faire écraser et risquer l’écrasement d’autres piétons ou cyclistes. La mort de la passagère fut le prix à payer, mais les policiers n’en sont nullement responsables.

On parle d’ailleurs là de policiers à vélo, donc très loin de l’image de cow-boy de la BAC qui ferait de sa voiture et de son arme un fétiche. Alors, que faire face à des délits de fuite, qui sont clairement devenus la norme pour tout un tas de personnes surtout en Île-de-France ? Car il est évident que si on laisse s’installer cela, il en est définitivement fini de l’ordre public, et ce pendant des années.

Rien qu’en une semaine, on a au moins deux cas similaires :

Dimanche 5 juin 2022, Vienne (Isère), un policier ouvre le feu pour stopper un chauffard au volant d’une voiture volée, qui refusait d’obtempérer. Un policier a été traîné sur plusieurs mètres avant de chuter, ce qui n’a pas empêché le chauffard de poursuivre sa tentative de fuite.

Mardi 7 juin 202, Argenteuil (Val-d’Oise), un policier ouvre le feu sur un automobiliste refusant le contrôle et qui percute une policière.

C’est grave, extrêmement grave et inquiétant quand au niveau de décomposition sociale en France.

Ce qui se passe est évident : l’ordre social et la Justice ne sont plus garantis en France. Une des base de ce qui fait la légitimité de la bourgeoisie s’effrite littéralement sous les yeux d’une population médusée, mais figée.

Ce serait une bonne nouvelle s’il y avait en face une classe ouvrière organisée, consciente d’elle-même et de sa force historique, prête à prendre la place de la bourgeoisie. Prête à assumer sa légitimité sociale en assumant l’ordre public et le Droit, et bien plus encore !

Tel n’est malheureusement pas le cas, alors il faut bien avoir conscience que la situation va aller en s’empirant. Et ce n’est là qu’un aspect particulier de la crise, qui a de multiples contours et va être de plus en plus ravageuse.

Et dans une telle situation, le rôle de la Gauche historique est évidemment : il ne faut pas critiquer et conspuer de manière anarchiste la police et la Justice. Au contraire, il faut se battre pour une police populaire et une Justice populaire, c’est-à-dire une police et une justice portées par le peuple lui-même, de manière démocratique et populaire.

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Politique

Article 24 : un exemple d’obsession petite-bourgeoisie quant à l’Etat

Quelle est donc la raison de cette agitation au sein des milieux petits-bourgeois, tout particulièrement des journalistes, en raison d’un article sur le floutage des visages des policiers ? C’est l’obsession à propos de l’État.

Qu’en est-il réellement ? Que penser de ces discours alarmistes venant de ce monde libéral-libertaire, voir carrément populiste ?

Des milieux qui ne représentent rien

Les syndicats français s’imaginent représenter les larges masses françaises alors que ce n’est pas le cas. De même, les syndicats étudiants s’imaginent être les plus dignes représentants des jeunes français, alors qu’ils sont totalement marginalisés et à des années-lumières de la réalités de la jeunesse populaire de notre pays. La situation des journalistes de rédactions supposément à Gauche, et réellement libéral-libertaire, est la même : coupés de la classe ouvrière, et plus généralement du prolétariat, ils tournent en roue-libre.

Ils s’imaginent être les gardiens de la démocratie, des acquis sociaux et du progrès. La réalité est qu’ils sont une des composantes du libéralisme sur le plan des idées et du capitalisme sur le plan des salaires. Le besoin d’informer, d’élever le niveau des masses et de faire avancer la raison face à l’obscurantisme n’a pas sa place au sein des rédactions de grands groupes de presse qui ne survivent que grâce à des aides publiques, des perfusions d’actionnaires et de publicitaires.

Le décalage entre les aspirations, les grands discours et la réalité quotidienne entretiennent des mentalités complètement à côté de la plaque. Plutôt que de porter un regard lucide sur leur réalité quotidienne et sur le besoin de se lier aux masses, les journalistes se laissent bercer par la simplicité d’un entre-soi réconfortant.

Le fantasme des « bavures policières »

On se doute que la petite-bourgeoisie intellectuelle tend naturellement aux conceptions libérales-libertaires. C’est si vrai que pour certains, être journaliste c’est… filmer les fins de manifestations, les arrestations, et plus généralement toutes les interventions des forces de l’ordre. C’est de l’immédiatisme, tout à fait en phase avec la consommation propre aux réseaux-sociaux. C’est du BFM TV maquillé en rébellion.

Pour cette raison, les fameuses « bavures » et « violences policières » sont un sujet vendeur et une manière de lancer une petite carrière. Il est ici simplement pris la France des années 1970, avec sa police brutale, propice au racisme et en tout cas ouvertement beauf, afin de prétendre que la France de 2020 lui correspond.

On tord ici tellement les faits que la conséquence inévitable, c’est que des jeunes hommes drogués et violents envers leur conjointe, des dealers en fuite, et autres éléments anti-sociaux, sont transformés en victimes de l’arbitraire, de « racisme systémique » et autres inventions petites-bourgeoises.

L’État, obsession petite-bourgeoise

Que des amendements et des lois soient mal faits, mal écrits avec de nombreux flous, cela n’a malheureusement rien de surprenant. Sauf si bien entendu on n’a pas de critique de fond de la société et du capitalisme… Et justement la petite-bourgeoisie s’imaginant contestataire n’a qu’une obsession : l’État.

L’État à qui il faut mendier, tout en le dénonçant, et inversement. Les mêmes petits-bourgeois qui dénoncent qu’on ne pourrait plus montrer les policiers en action… n’ont pas pour autant quelque chose à proposer concernant l’organisation de la société. Ils prétendent qu’il faudrait moins de police, plus de police – mais sans que rien ne soit changé dans la société. C’est évidemment intenable et ils le savent. C’est de la démagogie.

C’est du niveau des gilets jaunes exigeant moins d’impôts et plus de services publics, du syndicat qui dénonce le patron tout en faisant un accord avec lui dans le cadre des négociations, des entreprises qui veulent le libéralisme… mais aussi les aides de l’État.

L’État est véritablement une obsession petite-bourgeoise, tout ce que voit la petite-bourgeoisie, c’est l’État, ce qui est bien passe par l’État, ce qui est mal passe par l’État. Coincée entre la bourgeoisie qu’elle jalouse et les prolétaires qu’elle méprise, la petite-bourgeoisie trouve des fictions, cherche à faire du bruit, elle tente d’exister. Que tout cela est vain, que ses gesticulations sont grotesques!

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Société

Justice pour Mélanie Lemée et Philippe Monguillot

Le weekend des 4 et 5 juillet 2020 deux morts ont durement marqué une partie de la population : celles de Mélanie Lemée et de Philippe Monguillot. Deux marches blanches ont eu lieu la semaine suivante rassemblant quelques milliers de personnes à chaque fois. Face à ces drames, les organisations de Gauche ont réagi comme s’il s’agissait de simples faits divers. Alors qu’ils sont l’expression même de la barbarie d’une société en pleine décadence, la Gauche préfère détourner le regard : toujours plus éloignée de la réalité, toujours plus éloignée des masses.

Mélanie Lemée

Lors d’un contrôle routier, un véhicule refuse de s’arrêter et la violence du choc tuera une jeune gendarme de 26 ans. La voiture roulait à plus de 130 km/h. Aucune trace de freinage n’a été relevée : le conducteur avait consommé de la drogue, transportait environ 150g de cocaïne et conduisait sans permis. On apprendra dans la semaine qui suit que le meurtrier est un jeune homme de 26 ans et qu’il a déjà été condamné pour des affaires de drogues et d’infractions au code de la route.

La société française se décompose de plus en plus et cette mort en est malheureusement l’une des expressions les plus crues. Le meurtrier n’est pas un « chauffard », c’est un barbare, un anti-social. Les mots sont importants.

Le contraste entre une jeune femme et son meurtrier est d’autant plus frappant qu’ils avaient tous les deux le même âge. Tandis qu’il vit, du moins en partie, du trafic de drogue, elle a choisi de se mettre au service des autres. Tandis qu’il consomme de la drogue, elle a pris la direction opposée et est devenue une sportive de haut niveau : championne de France militaire de judo en 2016 et 2018.

Une personne intégrée, qui cherche une voie positive, à s’élever… tuée par un barbare alors qu’elle avait la vie devant elle. Bon nombre de personne ont bien évidemment eu une réaction d’horreur en apprenant cette nouvelle.

Comment ne pas exiger un procès implacable et une peine extrêmement forte ? Une peine maximale mais sans reconnaître que le coupable est un barbare, ne serait pas un jugement : ce serait un moyen de taire les justes revendications populaires. Ce serait salir sa mémoire et salir l’idée même de justice qui ne serait plus qu’une histoire de négociations entre différentes parties.

Philippe Monguillot

Le dimanche 5 juillet 2020 vers 19h, un chauffeur de bus de Bayonne a été agressé par un groupe de quatre personnes pendant son service. De ce que l’on sait, une partie du groupe à commencer à insulter le conducteur alors qu’il leur demandait de mettre un masque et qu’il refusait à une personne sans titre de transport de monter à bord. Les échanges ont continué à l’extérieur, à un arrêt de bus : les insultes se sont transformées en coups et Philippe Monguillot perd vite conscience. Les secours arrivent mais il est trop tard : il est déjà en état de mort cérébrale. Après plusieurs jours, sa famille décide de le laisser partir : les dommages au cerveau sont trop importants, il n’y aucun espoir.

Le déroulé exact des évènements n’est pas encore clair. Mais une chose est sûre : quatre personnes ont agressé Philippe Monguillot ce dimanche 4 juillet 2020, et ces quatre personnes sont responsable de sa mort. Quatre personnes dont une partie sans masque, voire sans titre de transport. Quatre anti-sociaux capables d’un grande violence et qui ont brisé la vie de sa femme, de ses trois filles et de tous ses proches.

On ne parle pas d’une bagarre qui tourne mal. Ni d’un règlement de compte sanglant entre bandes rivales. On parle d’un prolétaire avec une famille, tué par des barbares.

Combien de temps va-t-on encore accepter ça ? Combien de vies doivent être brisées avant que la société ne se décide enfin à se purifier de tous ces éléments anti-sociaux ?

Ces questions, l’écrasante majorité des organisations de Gauche est incapables d’y répondre. Elle en est incapable car elle n’arrive même pas à les poser.

Le PS préfère publier un communiqué populiste sur la nomination de Gérald Darmanin. Le PCF préfère parler des élections et la France insoumise préfère parler de vélo, de LGBTI et de « Black lives matter »… Bien entendu, des dirigeants et des élus ont publié des tweets mais tout cela sonne bien creux.

Comment tout ce petit monde peut-il traiter avec autant d’indifférence ces morts ? Défendre une famille de délinquants notoires ne leur pose aucun problème, défendre une fresque ignoble et mensongère en mémoire d’un dealer non plus. Défendre les thèses délirantes de personnes obnubilées par la couleur de peau : ces gens-là disent oui bien sûr. Mais défendre la mémoire d’une gendarme fauchée par un barbare, la mort brutale d’un conducteur de bus… c’est trop demander ?

Le néant à Gauche offre un boulevard à la démagogie d’extrême droite et à la droite conservatrice. Entre les deux, tout un monde oscille entre les deux sans jamais accepter ni l’un ni l’autre : refus du racisme d’un côté, refus du libéralisme de l’autre. Seulement, cette situation ne va pas durer longtemps : les masses vont exiger de l’ordre et si la Gauche n’en est pas capable, ce sera le droite la plus dure voire le fascisme.

Ces histoires illustrent une fois encore le poison que représente le libéralisme pour la Gauche. Au lieu de l’universalisme, elle a choisi les individus, leurs droits et maintenant leurs identités multiples et infinies. Au lieu de la classe ouvrière et plus largement les masses françaises, elle a choisi les migrants économiques et les trans. Au lieu de l’idéologie et de la raison, elle a choisi l’opportunisme et l’émotion. Ceci ne peut plus durer. A la Gauche historique de balayer l’ancien monde et d’en finir avec la barbarie.

Justice pour Mélanie Lemée et Philippe Monguillot.

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La faillite économique et morale de forces de l’ordre

Loin de la mise en place d’un État policier, on assiste en pratique à l’effondrement des forces de l’ordre sur le plan matériel. Il y a moins de forces de l’ordre, leur matériel est vétuste, leur moral en berne, leur légitimité toujours aussi mise à mal.

Les policiers et les gendarmes finiront bien par se rebeller et une partie soutiendra l’option fasciste pour régénérer l’État. C’est une rengaine qu’on entend dans certains milieux.

Il y aurait une surveillance totale, la Chine notamment utiliserait de hautes technologies pour cela. Le livre 1984 annoncerait un avenir proche, etc. Tout cela est de la paranoïa de classes moyennes, car en pratique, l’État est en faillite. C’est toujours comme cela quand un système est à bout de souffle : son État ne tient plus la route.

Une commission de l’Assemblée nationale vient de rendre public une évaluation sur la police et la gendarmerie. Qu’y apprend-on ? Par exemple, qu’en douze ans, on est passé de 13 621 CRS à 10 728, qu’en douze ans le nombre de pelotons de gendarmerie est passée de 123 à 109. Comment les anarchistes et autres ultras, avec leur fantasme de l’État policier, vont-ils expliquer cela ?

Que les forces de l’ordre, c’est 23 millions d’heures supplémentaires non récupérées (ni payées : il faudrait ici quasiment 300 millions d’euros). L’État ne sait plus quoi faire et de toutes façons s’il le pouvait, il n’en aurait pas les moyens.

Que l’âge moyen des véhicules blindés de la gendarmerie, les 84 véhicules blindés à roues, c’est 45 ans ; que 80 % des bases de gendarmes ont plus de 25 ans. Que le quart des commissariats, c’est un immeuble vétuste. C’est bien connu d’ailleurs : tel commissariat a un mur mitoyen qui s’effondre, tel autre n’a plus d’eau potable, etc.

Les véhicules de police – très sollicités, comme on s’en doute – c’est 7,35 ans d’âge moyen. C’est ahurissant : la police est censée aider les gens. Comment les policiers acceptent-ils cela, tant pour les gens que pour leur propre sécurité ?

Mais c’est que la police reste irrémédiablement séparée de la société. Moins qu’avant en termes de profils individuels, mais organiquement, ce n’est pas la police du peuple. C’est une police non pas de la justice, mais du maintien de l’ordre, dans le sens de la légitimité de la propriété.

N’importe quel policier reconnaît d’ailleurs que sa propre activité est décevante et inopérante par rapport aux vrais problèmes de la société. Les gendarmes, c’est différent, puisque eux sont des militaires, par définition des réactionnaires.

Et pourtant ils ne sont pas mieux lotis. Voici ce qu’on lit dans le rapport :

« La visite à la brigade de gendarmerie de Chaumes-en-Brie a permis au rapporteur de constater que quinze militaires se partageaient deux casques, deux gilets lourds, un unique pistolet à impulsions électriques, un seul lanceur de balle de défense et un seul diffuseur de gaz lacrymogène de grande contenance ».

C’est intenable et donc cela ne tiendra pas. Les gendarmes soutiendront immanquablement les forces les plus réactionnaires. Une partie de la police aussi, mais une partie significative d’entre elle s’y refusera et une autre combattra même cela.

Car ce qui se joue, c’est le rapport à la société des forces de l’ordre, alors que la société se dilue dans l’individualisme et l’indifférence. Les forces de l’ordre voient bien cela et en même temps elles sont contaminées par cette décadence. L’esprit élitiste d’extrême-Droite se déploie en même temps dans des interstices. Jusqu’à la crise.

En fait, il y a besoin de l’État, mais cet État doit être totalement nouveau, pour mettre en place un ordre nouveau. Il devrait par conséquent être porté par la Gauche, à tous les niveaux. Ce n’est malheureusement pas le programme de la Gauche, alors que l’extrême-Droite a précisément le projet d’un État restructuré par elle. Au lieu de l’ordre nouveau auquel appelait Antonio Gramsci, on ne va avoir que la proposition d’un pseudo « ordre nouveau » de la part des nationalistes et des militaristes.