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Guerre

La Russie détruit un vieux satellite avec un tir d’essai militaire

La guerre aura aussi lieu dans l’espace.

Le gouvernement Russe a procédé lundi 15 novembre 2021 à un tir antisatellite. Il s’agissait de détruire, comme cible d’un d’essai militaire, un appareil soviétique Kosmos-1408 inactif, en orbite autour de la terre depuis 1982.

Le tir a provoqué une pluie de débris identifiables, répartis en environ 1500 morceaux qui ont contraint, selon la procédure standard, l’équipage de la station spatiale internationale à se réfugier dans les vaisseaux d’évacuation. Ce genre de débris atteignent des vitesses très élevées, risquant de provoquer des dégâts considérables.

Bill Nelson, dirigeant de la NASA, l’agence spatiale américaine qui fonctionne indirectement au service de l’armée américaine, s’est dit « scandalisé » par cette « action irresponsable et déstabilisatrice » mettant « en danger non seulement les astronautes américains et des partenaires internationaux dans l’ISS, mais aussi ses propres cosmonautes ».

En fait, les réactions ont afflué depuis le monde entier face à ce geste militaire assumé, y compris de la part de la France via sa ministre des Armées dénonçant « les saccageurs de l’Espace » ayant « une responsabilité accablante en générant des débris qui polluent et mettent nos astronautes et satellites en danger ».

Toutefois, ces réactions ne sont essentiellement pas d’ordre pacifistes, écologistes et scientifiques, mais surtout d’ordre politico-militaires. Il s’agit de dénoncer une puissance concurrente, dans le cadre de la grande tendance à la guerre pour le repartage du monde. La Russie, certes, a une responsabilité immense en procédant ainsi à une telle démonstration de force ayant une véritable visée stratégique militaire. Elle assume de pouvoir transformer l’espace en un immense champs de bataille en procédant à des tirs antisatellites.

Les détracteurs de la Russie, États-Unis en tête, ne sont toutefois pas en reste, disposant également d’une capacité de destruction antisatellite et ayant déjà procédé à plusieurs tirs d’essais militaires antisatellite (dont le dernier en 2008). Du côté de la France, la capacité de tirs antisatellite est une préoccupation majeur pour la nouvelle armée de l’air et de l’espace, qui assume ses ambitions depuis son officialisation en juillet 2020. L’Armée française a d’ailleurs mis en scène en mars dernier un wargame très sérieux pour simuler une guerre spatiale contre la Russie.

Il s’agit en tous cas pour la Russie avec son tir d’essai militaire de montrer en pratique qu’elle n’a pas peur de frapper, qu’elle a les moyens de le faire facilement et rapidement. Un tel tir est pourtant complexe à mettre en œuvre puisqu’il faut viser un objet en mouvement rapide sur une orbite spatiale. C’est en tous cas un enjeu majeur pour une puissance secondaire telle la Russie, qui a besoin de pouvoir nuire efficacement face à la superpuissance américaine, dont le réseau satellitaire est aussi déterminant stratégiquement que fragile opérationnellement.

La Russie, en tant puissance challenger, et potentielle alliée de la superpuissance émergente chinoise, envoie donc un message très clair au monde quant à sa capacité de tir spatial, quitte à assumer de contribuer dangereusement à la pollution spatiale.

Cette pollution spatiale est un véritable désastre, accentuée bien sûr par ce nouveau tir, mais déjà bien réelle et conséquente depuis des années. Il existe une véritable poubelle en orbite autour de la Terre. La perspective d’une guerre mondiale se déroulant aussi dans l’espace aggraverait considérablement cette pollution, qui pourrait même astreindre l’humanité à rester bloquée sur Terre pendant des années et des années avant de pouvoir nettoyer.

C’est donc vers une véritable catastrophe que notre monde se dirige. Telle est l’actualité à notre époque.

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Société

Perseverance et l’exploration spatiale

Jeudi 18 février 2021, l’astromobile Perseverance a atterri sur la surface de la planète Mars, après un voyage de plusieurs mois ayant été lancé le 30 juillet 2020. Son objectif principal est de trouver des traces de vies passées, ou d’étudier un environnement qui aurait été propice à l’apparition de la vie.

Cette mission s’inscrit dans un vaste programme de retour d’échantillon de roches martiennes, dont les prochaines étapes seront l’envoi des éléments pour ramener ces échantillons : un astromobile qui ira au sol chercher les échantillons collectés accompagné d’un véhicule pour redécoller du sol martien, et un orbiteur pour faire le trajet retour, de Mars à la Terre. Ces missions devraient démarrer aux alentours de 2026 pour un retour sur Terre vers 2031. 

Soit un programme de plus d’une décennie où chaque étape est décisive pour la suite, c’est donc une entreprise scientifique d’une ampleur considérable.

La diffusion en direct (en faux direct car il faut environ 11 minutes pour que les informations nous parviennent de la planète rouge) de l’atterrissage de Perseverance a donné lieu à un assez large enthousiasme, étant même diffusé par des chaînes d’informations françaises, et de nombreuses chaînes de streaming sur internet.

Bien sûr le fait que l’agence spatiale française, le CNES, fasse partie de l’aventure avec l’instrument scientifique SuperCam, a dû jouer, mais cela n’explique probablement pas tout.

De manière assez pragmatique on peut se dire que ce genre d’aventure lointaine, qui se déroule sur le moyen-long terme permet aussi de se sortir du contexte renfermé et sans visibilité sur le futur que la pandémie de Covid-19 impose depuis de longs mois.

Et puis, surtout, il y a tout ce que représente l’exploration spatiale et la recherche de vie. 

Contrairement à la planète Terre, Mars, pour diverses raisons, a vu son évolution prendre une orientation rendant impossible la vie telle qu’on la connaît. Mais elle a potentiellement en mémoire géologique des informations passionnante sur la formation des planètes telluriques et de l’apparition de la vie.

La vie est un sujet de fascination assez naturel , en tant que plus haut niveau de complexité de la matière en mouvement. Découvrir comme elle est apparue dans notre système solaire, mais aussi peut-être découvrir qu’elle n’est pas une exclusivité de la Terre, nous ramène à notre place dans l’univers et dans son histoire. 

Mais l’exploration de l’espace et de la vie dans l’univers font aussi écho à un profond sentiment d’universalité. C’est rêvé à une humanité unifiée, travaillant ensemble pour le progrès de la science au service de la vie. 

Si Mars 2020 s’inscrit encore dans un contexte principalement scientifique, il ne faut malheureusement pas se leurrer sur l’arrière-plan politique et économique.

L’exploration spatiale a connu son plus grand essor au plus fort des tensions de la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS. L’objectif était principalement une démonstration de force politique, impérialiste, quitte à prendre d’importants risques lors des missions habités pour ne pas se faire doubler.

Elle a nettement perdu en vitesse lorsque les relations se sont réchauffées, les programmes lunaires étant abandonnés vers le milieu des années 1970 et l’exploration de Mars à la fin des années 1970 après les sondes américaines Viking 1 et 2.

Les États-Unis se sont alors surtout focalisés sur la navette spatiale, et l’Union Soviétique sur les stations spatiales (Sailout puis Mir), des programmes de très haut niveau techniquement, mais d’une ampleur moindre. 

Il y a eu un regain d’intérêt à la fin des années 1990 à la fois pour Mars et avec la Station Spatiale Internationale rassemblant les plus grandes puissances spatiales du monde.

 

La navette spatiale Endeavor amarré à la Station Spatiale Internationale (2011)

Si l’aspect scientifique est alors davantage mis en avant, il existe évidemment d’autres intérêts (développer des technologies ensuite employés dans le secteur militaire, supporter des secteurs industriels économiquement). 

Le secteur spatial n’est évidemment pas au dessus de la société et les tensions entre puissance impérialiste s’en ressentent fortement depuis quelques années. 

L’Espace est une zone qui est très peu réglementée. En 1967 USA et URSS se mettent d’accord pour signer et ratifier le “Traité de l’espace” qui spécifie qu’aucun État ne peut s’approprier un corps céleste, ni utiliser l’espace à des fins militaires. 

Cela s’explique simplement par le fait que personne ne savait qui atteindrait la Lune en premier, ainsi dans le doute il valait mieux se mettre d’accord. 

En 1979 il y a une volonté de prolonger et d’étendre ce traité avec le “Traité de la Lune”, faisant de notre satellite naturel et de tout corps céleste un “patrimoine commun de l’humanité”. C’est un échec, la plupart des puissances spatiales ne l’ont pas signé et d’autres, comme la France, l’ont signé mais non ratifié. 

2015 marque un tournant majeur avec le SPACE Act qui met à jour le droit de l’espace américain stipulant que les “citoyens américains peuvent entreprendre l’exploration et l’exploitation commerciales des ressources spatiales”. Ressources consistant principalement en l’eau et les minéraux. 

C’est donc clairement un coup qui est porté au traité de 1967, avec pour justification que ce dernier ne parlait que d’un corps céleste en tant que tel, et pas des ressources qu’il contient. 

Ce SPACE Act est aussi le reflet de l’explosion du secteur privé dans l’exploration (qui devient de plus en plus “conquête”) spatiale, appelé le “New Space” dont les fers de lance sont SpaceX et Blue Origin, appartenant respectivement aux milliardaires Elon Musk (Tesla) et Jeff Bezos (Amazon) aux Etats-Unis mais qui s’étend à d’autres pays dont la Chine.

Les intérêts de l’espace est vaste avec évidemment divers satellites : comme le projet Starlink de SpaceX visant à envoyer plus 12 000 satellites en orbite pour créer un vaste réseau d’accès à internet à travers le monde. Et ce ne sont pas les seuls : Amazon a pour projet la constellation de satellites Kuiper également pour de l’accès à internet, et d’autres sociétés et États comptent faire de même (la Russie, la Chine, l’Europe…). C’est évidemment une course économique aux données numériques et à l’autonomie qui va surcharger l’orbite terrestre basse, accumulant toujours plus de débris spatiaux et créant une pollution lumineuse créant des problèmes pour l’observation astronomique du ciel.

Un autre centre important d’intérêt dans l’espace est la Lune qui fait son retour depuis quelques années, notamment via la Chine qui a réussi un retour automatique d’échantillons en décembre dernier (ce qui n’avait pas été fait depuis la mission soviétique Luna 24 en 1976), ou les États-Unis via le programme Artemis.

Pour certains, la Lune représente un intérêt en vue de voyage vers Mars (utilisation de son orbite, extraction de son eau glacé), mais aussi pour ses ressources rares, comme l’Helium-3. 

La Terre vue de la Lune

L’utilisation de matériaux extraterrestres est de plus en plus envisagée, notamment par la Chine qui a pour objectif la construction d’une station solaire spatiale dans les années 2030. 

D’une dimension de plusieurs kilomètres carrés, l’utilisation de matières récupérées sur la Lune ou sur des astéroïdes (c’est le sens de la mission de retour d’échantillon d’astéroïdes Zheng He prévu pour 2022-2025), permettrait de réduire les coûts. 

Notons aussi que la Station Spatiale Internationale arrivera à terme au cours de cette décennie, qu’en parallèle la Chine développe sa propre station (qu’elle veut officiellement ouverte aux partenariats) dont les premiers modules devraient être placé en orbite cette année, et que les États-Unis ont le projet d’une station en orbite lunaire, privilégiant à présent les accords bilatéraux aux multilatéraux, et en mettant la pression pour faire reconnaître la validité du SPACE Act et donc l’exploitation minière de la Lune. 

Tout cela n’est que le reflet des tensions entre puissance impérialiste, auquel nous pouvons ajouter des pays qui souhaite se faire une place comme l’Inde (qui a aussi des intentions envers la Lune avec les missions Chandrayaan) ou les Emirats Arabes Unis qui viennent de placer la sonde Al-Amal en orbite autour de Mars.

La planète Terre n’est donc pas la seule à hurler son besoin de socialisme, l’exploration spatiale et l’univers tout entier à besoin d’une humanité unifiée pour aller de l’avant, dans le sens de la vie, et non vers la guerre qui se profile sur la guerre et dans le ciel.

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Guerre

Vers la guerre: Florence Parly officialise la nouvelle appellation « armée de l’air et de l’espace »

Depuis la base aérienne 701 de Salon-de-Provence, la ministre des Armées Florence Parly a officialisé la nouvelle appellation de l’armée de l’air en y ajoutant « l’espace ». Le discours guerrier est assumé pour faire du spatial un des grands enjeu de l’affrontement entre grandes puissances.

Le changement de nom de l’armée de l’air pour devenir l’armée de l’air et de l’espace n’a pas fait grand bruit. C’est pourtant un changement d’une importance fondamentale, marquant un tournant majeur. Bien qu’elle ne soit pas encore inscrite dans la loi, cette nouvelle appellation a été officialisée vendredi 24 juillet 2020 par Florence Parly devant les élèves officiers de l’École de l’air.

Les futurs officiers se verront dorénavant dispenser une formation poussée dans le domaine spatial, au même titre que pour l’aérien terrestre.

Dans une entretien au quotidien La Provence, la ministre des Armées a présenté son projet en assumant totalement la militarisation de espace, effaçant toute approche civile de la question spatiale  :

« L’espace est d’abord vu comme un environnement dans lequel la science a vocation à progresser ; moins comme un milieu de confrontation éventuelle. Or c’est ce passage d’une vision d’un espace « bien commun », au service de la science, à un espace dans lequel les puissances continuent de se disputer la suprématie mondiale, qu’il nous faut désormais prendre en compte. »

Preuve de cela, c’est à Toulouse que sera localisé le futur siège grand commandement de l’espace de l’armée :

« nous avons décidé de le localiser à Toulouse car c’est le cœur battant du spatial français et c’est là que nos officiers de l’armée de l’air se forment au pilotage des satellites, auprès des opérateurs du CNES. »

Le CNES, c’est le Centre national d’études spatiales, qui est avec l’Agence spatiale européenne dont il est partie prenante, un l’équivalent de la NASA américaine. Sa visée est normalement scientifique, bien qu’il ait toujours été associé au militaire. Il dépend d’ailleurs à la fois du ministère de la Recherche et de celui des Armées, mais pas du tout de celui de l’écologie, alors que cette approche devrait être sa principale préoccupation à notre époque.

Officiellement, la question militaire est secondaire pour le CNES, ne représentant que 12 % de son budget en 2018. En pratique, cela est de moins en vrai et déjà en 2010 la France se dotait d’un commandement interarmées de l’espace collaborant directement avec le CNES. Les choses vont donc de plus en plus loin et la France va même plus loin que les État-Unis qui se sont dotés en décembre 2019 d’une « US Space Force » au sein de l’« US Air Force ».

Bien sûr, la France prétendra toujours avoir le bon rôle, ne faire que s’aligner sur les enjeux mondiaux, etc. Cette fois, le prétexte viendrait de la Russie et d’un acte hostile en 2017 contre un satellite français. Tout récemment, la Grande-Bretagne et les État-Unis dénonçaient également un tel acte à leur encontre.  En tous cas, la France assume ouvertement de gonfler les muscles et de bomber le torse, dans une course en avant militariste. S’il faut aller à la guerre, la ministre des Armée s’y prépare allègrement, avec un discours qui fera froid dans le dos à tout pacifiste :

« Le but est de faire savoir aux autres puissances spatiales que nous avons des yeux, des connaissances propres. Nous disposerons bientôt de petits satellites patrouilleurs qui nous permettront de détecter, caractériser et attribuer à leurs auteurs, ce type de manœuvres inamicales. Nous avons également fait savoir très officiellement que nous nous réservions le droit de développer des moyens d’autodéfense pour nos satellites. Je souhaite que nous puissions, dans les meilleurs délais, équiper certains nos satellites de lasers de puissance, pour tenir à distance et le cas échéant, éblouir ceux qui tenteraient de s’approcher de trop près. »

Quoi que dise la ministre des Armées, dont le ministère a d’ailleurs changé de nom sous son mandat, car on parlait avant de ministère de la « Défense », son discours est agressif, militariste. Elle peut bien prétendre n’être « en aucun cas engagés dans une course aux armements », il y a pourtant là une escalade assumée.

Le budget alloué au renouvellement des satellites militaires et des radars spatiaux était de 3,6 milliards d’euros dans la loi de programmation militaire votée en 2018 : il devrait finalement être porté à 4,3 milliards d’euros. Le grand commandement de l’espace lancé en 2019 avec 200 personnes devrait en compter 500 d’ici 2025, qui seront installées dans un bâtiment de 5000 m².

L’armée française utilise de plus en plus l’espace pour ses opérations, à des fins de communication, d’observation, de positionnement de l’armement, etc. L’enjeu est majeure pour la France, qui s’assume toujours plus comme une puissance militaire, alors qu’elle devient toujours plus secondaire économiquement et politiquement dans le monde.

Le capitalisme mène à la concurrence entre des grandes puissances, qui mène directement à la guerre. Comme avant 1914, comme avant 1939, le monde se prépare à un affrontement généralisé, avec cette fois l’espace comme enjeu militaire majeur. C’est une actualité essentielle pour la Gauche, qui doit s’y opposer fermement, qui doit s’engager profondément dans le tissage d’une grande alliance des peuples du monde opposés à la guerre et à la destruction de la Terre par les grandes puissances du capitalisme.

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La militarisation forcenée de la «stratégie spatiale de défense française»

On en sait davantage sur les ambitions spatiales militaires de l’État français et celui-ci n’y va pas par quatre chemins. On va vers l’armement des satellites, une utilisation de toutes les ressources spatiales civiles au service de l’armée. Et tout cela, dans une course aux armements assumée, avec un objectif déclaré : l’hégémonie.

« La revue stratégique de défense et de sécurité nationale de 2017 a fait le constat d’une compétition accrue entre États-puissances qui augmente la probabilité d’une confrontation militaire interétatique. »

Cette citation provient du document officiel de l’armée française concernant la « stratégie spatiale de défense française ». Cela a le mérite d’être clair : la tendance à la guerre est là. Et l’espace joue un rôle capital, car les communications et l’orientation des troupes passe désormais par là, tout comme bon nombre d’activités économiques profitant des télécommunications, du GPS, etc.

La militarisation de l’espace est donc inévitable et elle va être forcenée du côté français, car c’est là déjà un de ses points forts. La veille du 14 juillet, Emmanuel Macron avait annoncé, devant les plus hauts gradés de l’armée, la formation prochaine d’une section militaire dédiée à l’espace. Il fait ainsi exactement comme Donald Trump qui a annoncé la naissance d’une « space force ».

> Lire également : Armée de l’air et de l’espace, CEMAT, ultra-modernisation… La France se précipite vers la guerre !

Florence Parly, à la tête du ministère des armées, en a donné longuement les caractéristiques, sur la base aérienne 942 de Mont-Verdun, fin juillet. L’endroit héberge le Commandement de défense aérienne et des opérations aériennes. Le ministère des armées a diffusé un communiqué à ce sujet, qui commence par une citation de l’allocution de la ministre :

« Aujourd’hui, nos alliés et nos adversaires militarisent l’espace. Et alors que le temps de la résilience se fait de plus en plus court, nous devons agir. Nous devons être prêts. »

Alliés et adversaires : telle est la logique de l’État, qui en militarisant l’espace, sait très bien ce qu’il fait, à savoir aller à la guerre. Les choses sont ici entendues, il s’agit bien d’affrontement et d’agir donc pour avoir les moyens de cet affrontement.

Florence Parly a également affirmé la chose suivante, tout à fait exemplaire de l’esprit « star wars » qui prédomine :

« Vouloir devenir un jour général de l’espace, ce ne sera plus une fantaisie, ce sera une ambition crédible »

Dans son introduction au document sur la Stratégie spatiale de défense de l’armée, elle place la barre également très haut :

« La France, troisième puissance spatiale, j’y crois. Nous avons fait partie des pionniers. Nous sommes sur le point de devenir l’avant-garde. »

Concrètement, la militarisation de l’espace va se réaliser à partir d’une entité autonome, qui prend le relais du Commandement interarmées de l’espace formé en 2010, en intégrant également le Cosmos (centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux) et le CMOS (centre militaire d’observation par satellites).

Cette nouvelle entité va dépendre de l’armée de l’air encore, mais seulement formellement. Dans les faits, elle va être appelée à monter en puissance et à posséder ses propres capacités opérationnelles.

Son budget va être d’ailleurs boosté : le budget 2019-2025, déjà de 3,6 milliards d’euros, va connaître une augmentation de 700 millions d’euros. Le fait que les télescopes civils du CNRS et d’Ariane Group soient associés aux radars Graves et Satam pour la surveillance de l’espace sera dorénavant encore plus formalisé. Les satellites de communication Syracuse seront bientôt munis de caméras de surveillance, de lasers de puissance pour éblouir, de mitraillettes pour détruire les panneaux solaires.

Des nano-satellites patrouilleurs sont également prévus, afin de servir d’intercepteurs. Des minis lanceurs de satellites de remplacement font partie de tout ce projet de guerre spatiale.

Officiellement, comme il existe une législation mondiale de l’espace, il s’agit de tout contourner au nom de la « légitime défense », que cette législation reconnaît justement. Pour ce faire, le ministère des armées va avoir juridiquement le statut d’opérateur spatial. C’est le Centre national d’études spatiales qui va être à la disposition de l’armée pour ce faire. Florence Parly a expliqué à Jean-Yves Le Gall, assis au premier rang pour l’allocution :

« Nous avons besoin de vous aujourd’hui et nous aurons besoin de vous demain. »

C’est là strictement parallèle à la NASA, devenue un outil des forces militaires américaines, tout en restant officiellement indépendante, civile, non militaire, etc.

À cela s’ajoute que la France, tout comme les autres puissances spatiales, refuse de délimiter où commence l’espace. On sait que c’est à partir d’entre 80 km et 120 km de la Terre, mais personne ne veut fixer le chiffre, en prévision des nombreux conflits à venir, chacun cherchant à évaluer encore la situation.

L’horizon, c’est 2030 : à cette date, le Président de la République, en tant que chef des armées, disposera de la guerre spatiale comme élément militaire. La tendance à la guerre va se renforcer comme jamais d’ici là ; les années 2030 seront conflictuelles, c’est déjà prévu.

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Armée de l’air et de l’espace, CEMAT, ultra-modernisation… La France se précipite vers la guerre !

Emmanuel Macron fait comme Donald Trump et annonce la militarisation de l’espace. L’armée de l’air sera désormais l’armée de l’air et de l’espace, ce qui est un pas de plus vers la guerre.

Si l’on regarde les films de science-fiction des années 1950 et 1960, on peut voir que les vaisseaux spatiaux sont considérés comme relevant de la marine. La raison pour cela est la mise en rapport avec la conquête spatiale, la colonisation, une certaine utopie, comme la série Star Trek originelle le reflète.

Désormais, on est dans la technique au service de la militarisation. Il ne s’agit pas de développer l’humanité ou la vie ailleurs que sur la planète, il s’agit de contrôler notamment avec les satellites, de chercher des matières premières. Il s’agit de chercher la supériorité militaire par l’espace.

La NASA a elle-même capitulé : si elle s’interdit toute militarisation, la navette Columbia est désormais automatisée et au service de l’armée américaine. En annonçant la militarisation de l’espace du côté français, Emmanuel Macron contribue à cette perspective. Voici les propos diffusés par les médias, qu’Emmanuel Macron a tenu juste à la veille du 14 juillet 2019 :

« Pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l’espace sera créé en septembre prochain. »

« La nouvelle doctrine spatiale et militaire qui m’a été proposée par la ministre [des Armées Florence Parly], que j’ai approuvée, permettra d’assurer notre défense de l’espace et par l’espace. »

Ces propos ont été tenus dans un cadre précis : chaque veille du 14 juillet, il y a une réception donnée au ministère des Armées, qui s’appelait avant la présidence d’Emmanuel Macron le ministère de la Défense. Et une semaine auparavant, Emmanuel Macron était à Cherbourg, pour participer au lancement se voulant triomphal du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Suffren (un monstre de 99 mètres de long pesant 5 000 tonnes, composé de 700 000 pièces), le premier d’une série de six nouveaux de ce type.

Ses propos sont d’un militarisme sans bornes :

« Plus discret, plus furtif, plus rapide, plus endurant et plus autonome, doté de missiles de croisière permettant de frapper en profondeur et capable de déployer des forces spéciales en immersion, cela fait entrer nos forces sous-marines dans une nouvelle ère : c’est cela le Suffren. »

Et qui va être le nouveau chef d’état-major de l’armée de terre (Cemat) ? Thierry Burkhard. Or, il est issu de la Légion étrangère ! Il faut remonter aux années 1950 pour voir quelqu’un issu de la Légion arriver à ce poste…

C’est tout un symbole du militarisme outrancier qui devient de plus en plus prégnant en France et dans le monde.

Une partie de l’opinion publique française trouvera cela très bien, car elle raisonne déjà en termes de compétition mondiale, voyant en la Chine et les États-Unis des concurrents, des ennemis. C’est du chauvinisme, du nationalisme. Ce poison a déjà largement investi le pays où il est malheureusement bien souvent considéré qu’il faut tirer son épingle du jeu, qu’il faut participer à cette fuite en avant qui ne mènera qu’à une chose : la guerre !

Qui ne voit pas la tendance à la guerre a perdu ses fondamentaux de gauche. Il suffit pourtant de voir comment les pays se concurrencent, comment le capitalisme a besoin de toujours plus d’espaces pour s’accumuler, comment les dérives autoritaires sont en réalité une tendance naturelle à la centralisation politique sous domination des grandes fortunes…

Ce qui est terrifiant aussi, c’est de voir qu’une partie de la Gauche – celle qui pourtant ne bascule pas dans le nationalisme comme Jean-Luc Mélenchon – a abandonné toute référence anti-guerre, en raison de l’idée simple comme quoi l’Europe serait à l’écart de l’affrontement principal entre la Chine et les États-Unis.

C’est là une illusion. D’ailleurs, le 14 juillet 2019, ce sont des forces européennes qui participent au défilé militaire. Les pays européens – l’Allemagne et la France en tête – n’échappent pas à la pression économique capitaliste. Eux aussi doivent se lancer dans la bataille pour le contrôle.

Voilà pourquoi il y a, dans le cadre du moteur franco-allemand militariste, la mise en place de prévu du système de combat aérien du futur (Scaf) et du char dit du futur.

Rappelons aussi rien que pour la France le nouveau programme Scorpion, visant à faire entrer l’armée de terre dans le futur (avec la cybernétique, l’informatisation de l’organisation des combats, etc.), le remplacement des FAMAS par des fusils d’assaut HK-416, les nouveaux avions ravitailleurs multirôles A330-MRTT Phénix (MultiRole Transport Tanker), les nouveaux véhicules blindés multirôles (VBMR) Griffon, la nouvelle frégate multimissions (Fremm) Normandie, etc.

Tout cela implique une centralisation de la modernisation, ce qui passe par une Agence de l’innovation de défense (AID), sous la tutelle de la Délégation générale de l’armement (DGA), fondée l’année dernière et qui vient de rendre son premier rapport, intitulé document d’orientation de l’innovation de défense (Doid).

Ce à quoi on assiste n’est qu’une réédition de ce qui s’est passé en 1914 et dans la seconde moitié des années 1930.

Que croit-on que Marion Maréchal représente ? Elle symbolise justement le fait qu’en France, les grandes forces capitalistes exigent un pouvoir fort, un équivalent aux Trump, Poutine, Bolsonaro, Modi, Erdogan…

Emmanuel Macron soutient cette tendance en militarisant l’espace. Il participe au mouvement général vers la guerre, par la militarisation à outrance. Il sert de marche-pied au Fascisme dont l’ombre s’avance toujours plus rapidement !