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Écologie

Tribune: «Pour protéger l’Amazonie française et ses gardiens, reconnaissons leurs droits»

L’orpaillage illégal est un véritable catastrophe en Amazonie, qui s’est transformé ces dernières années en une agression de la nature à très grande échelle. Les peuples autochtones constituant les premières nations de Guyane, qui subissent de plein fouet la pollution au mercure consécutive à l’extraction de l’or, affirment leurs droits légitimes, directement liés à l’affirmation de la protection de la nature.

C’est l’objet d’une tribune signée dimanche 13 septembre 2020 par plusieurs associations qui se placent sur le plan du Droit pour contraindre l’État français à mettre en place un cadre démocratique nouveau en ce qui concerne la Guyane.

Aucune quête identitaire ici, ni quelconque démarche « inclusive ». Au contraire, la démarche est fondée sur une réalité matérielle tout à fait concrète, consistant en le rapport historique à la nature des peuples autochtones constituant les premières nations de Guyane. L’État français n’est pas rejeté en tant que tel, de manière abstraite, mais il est fait appel à la substance de sa réalité légale, c’est-à-dire le droit, pour établir un cadre démocratique nouveau et conforme à la réalité naturelle amazonienne.

Voici la tribune :

« Pour protéger l’Amazonie française et ses gardiens, reconnaissons leurs droits

Donner une personnalité juridique aux écosystèmes amazoniens de Guyane et enfin reconnaître le statut des premières nations permettrait une meilleure protection de leurs droits face au scandale écologique et sanitaire de l’orpaillage illégal qui frappe la France sur son territoire d’Outre mer. En ce 13eme anniversaire de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, les associations Wild Legal, Organisation des Nations autochtones de Guyane, Maiouri Nature Guyane, collectif Or de question ainsi tous les signataires de cette tribune souhaitent rappeler à l’Etat ses obligations pour la sauvegarde des droits de la nature et des amérindiens wayana.

Samedi 12 septembre, l’Ecosystème Darwin (Bordeaux) a été la scène de la première conférence-procès pour les droits de la nature et des peuples autochtones, un procès-simulé né de la collaboration entre étudiants en droit, associations guyanaises et métropolitaines et experts, au sein du programme Wild Legal.

Sur le banc des accusés : l’Etat français, attaqué en justice pour carence fautive dans la lutte contre l’orpaillage illégal. Face à lui : les organisations de défense du peuple autochtone wayana et des écosystèmes amazoniens de Guyane.

À la barre, les experts Alexis Tiouka, juriste en droit des peuples autochtones, Valérie Cabanes, juriste internationaliste, experte du crime d’écocide et Jean-Pierre Havard, humanitaire engagé pour la santé du peuple wayana ont éclairé les débats.

Rappel des faits

Au nord ouest de la Guyane, le fleuve Maroni sépare le Suriname et la France et se jette dans l’Océan Atlantique. Sur ses rives immensément riches en biodiversité, habitent les amérindiens wayana. Depuis plus de 30 ans, cette région de Guyane française souffre des impacts de l’orpaillage illégal responsable de la destruction de près de 12.000 ha de forêt et de 1.800 km de cours d’eau. Alors qu’il devrait s’agir d’un sanctuaire pour les espèces animales et végétales, 143 sites illégaux ont été recensés en janvier 2020 au sein du parc Amazonien de Guyane et on estime que 10.000 orpailleurs clandestins seraient présents sur le territoire.

La protection des droits humains à un environnement sain et à la santé

L’utilisation du mercure pour extraire l’or entraîne une contamination importante des écosystèmes terrestres et aquatiques. Des centaines de tonnes de ce produit chimique ont été déversées dans la nature, et remontent ainsi la chaîne alimentaire jusqu’à l’homme. Les dépistages réalisés chez les amérindiens wayana montrent des taux de contamination mercurielle bien supérieurs à la limite sanitaire de 10 μg/g de cheveu recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les enfants sont particulièrement exposés in utero et les habitants souffrent des effets de cette imprégnation excessive qui provoque des troubles cognitifs, l’altération du système nerveux et particulièrement des fonctions de la vue et de la coordination motrice.

Depuis 1994, les études se succèdent, mais l’Etat s’est contenté de mettre en place des mesures d’information pour conseiller aux Wayana de changer leurs habitudes alimentaires en renonçant à la consommation de poisson, fortement contaminé. Il semble échapper aux pouvoir publics qu’étant donné l’absence d’alternative pour ce peuple qui tire sa subsistance du fleuve, cette injonction ne peut que rester lettre morte sans la mise en place d’un programme alimentaire étatique de substitution.

Nous appelons l’Etat français à respecter ses engagement découlant de la ratification de la Convention de Minamata sur le mercure et à prendre au sérieux son obligation de garantir le droit à la santé des Wayana en mettant en place une veille sanitaire et une aide alimentaire, mais aussi et surtout, à leur assurer un environnement sain en renforçant massivement les moyens de la lutte contre l’orpaillage illégal.

La reconnaissance des droits des peuples autochtones

Treize ans aujourd’hui que la France a voté la Déclaration des Nations Unies pour les droits des peuples autochtones et pourtant, elle refuse toujours de reconnaître un statut particulier aux amérindiens de Guyane. Se cachant derrière une lecture restrictive et passéiste de l’article 1er de la Constitution posant le principe d’indivisibilité de la Nation, elle prive ces peuples de droits légitimes propres à leur histoire, leur lien à la terre et leurs cultures.

Sur le Maroni, les activités sociales, économiques, alimentaires et culturelles des peuples autochtones dépendent du lien étroit avec leur environnement, aujourd’hui menacé et en partie détruit par l’orpaillage illégal. Il est nécessaire d’affirmer que la conservation de la biodiversité amazonienne implique la protection des modes de vie et des cultures amérindiennes.

Nous demandons à l’Etat de reconnaître les droits fondamentaux et bio-culturels de ce peuple, son rôle déterminant dans la protection de la nature et par conséquent l’importance de mettre en place une gouvernance partagée ainsi qu’une coopération renforcée dans la lutte contre l’orpaillage illégal.

La défense des droits de la nature

Du fleuve Atrato en Colombie au mont Taranaki en Nouvelle-Zélande, de nombreux écosystèmes de par le monde se voient aujourd’hui reconnaître des droits propres ainsi qu’une personnalité juridique afin de mettre en place un nouveau régime de protection de la Nature. Il s’agit de garantir dans notre droit une nouvelle relation à la Nature, à la fois respectueuse du fonctionnement des écosystèmes et des besoins humains.

Afin de faire face aux ravages de l’orpaillage illégal en Guyane, nous demandons à l’Etat de reconnaître le Haut Maroni en tant qu’entité vivante bénéficiant du droit à la protection et à la conservation de son intégrité, du droit à la pleine santé et à être exempt de contamination, de pollution et de déchets toxiques, le droit à la régénération et à la continuité de ses cycles et processus vitaux, le droit à la restauration de ses écosystèmes. Nous soutenons également la création d’une commission des gardiens du fleuve composée des représentants amérindiens, exerçant une tutelle légale en collaboration avec les services de l’Etat afin de mettre en place un plan d’action visant à éliminer définitivement les activités minières illégales, un programme de soutien aux projets d’alternatives économiques locales pour garantir la sécurité alimentaire de ce peuple et l’organisation d’une campagne régionale de dépistage du mercure.

Le procès simulé pour l’Amazonie française et de ses gardiens est une première étape, par laquelle nous tenons à alerter l’opinion publique et l’Etat en donnant à voir de nouvelles solutions pour la protection des droits de la nature et des peuples autochtones. Nous attendons de la part du gouvernement une réponse quant aux engagements qui seront pris en ce sens pour mettre fin au scandale humain et écologique de l’orpaillage illégal, défendre l’intégrité du fleuve Maroni et enfin reconnaître les droits des premières nations de Guyane.

Signataires de cette tribune, nous réclamons une mutation profonde de notre modèle juridique afin de défendre les droits de la Nature et des peuples autochtones. Pour faire face aux enjeux écologiques majeurs de notre siècle, il est nécessaire de nous affranchir des jurisprudences obsolètes et de nous engager dans une évolution restructurante de notre gouvernance, reposant sur le respect des droits fondamentaux de tous les êtres vivants, humains et non-humains.

Signataires :

Wild Legal, Organisation des Nations autochtones de Guyane, Maiouri Nature Guyane, Or de question, Alexis Tiouka, juriste en droit des peuples autochtones, Valérie Cabanes, juriste experte du crime d’écocide, Marie Fleury, ethnobotaniste, présidente du Conseil scientifique du Parc amazonien de Guyane, Jean Pierre Havard, association Solidarité Guyane, William Bourdon, avocat, défenseur des droits humains, Eleonore Johannes, collectif des Premières nations, Michel Dubouillé, secrétaire général de Guyane Ecologie, Darwin Climax Coalitions »

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Politique

La crise du covid-19 en Guyane révèle le rouleau compresseur capitaliste

Alors que l’épidémie de coronavirus n’arrête pas de s’étendre en Guyane, le premier ministre Jean Castex s’est rendu ce dimanche 12 juillet dans la région. Resté seulement huit heures sur place, cela ne fut qu’une simple formalité en plus pour réaffirmer sa stratégie de combat anti-social, anti-populaire.

Jean Castex prouve son mépris pour les Guyanais en parlant de ce département comme d’une « île », réitérant la lourde erreur déjà effectuée par Emmanuel Macron en mars 2017. Cette « bourde » n’est en rien anecdotique : elle révèle combien la bourgeoisie française gère les régions d’outre-mer comme quelque chose à la marge, les délaissant en bonne partie.

La situation du covid-19 en est encore une triste illustration, avec près de 5 949 cas confirmés sur 268 700 habitants. La région ne compte que trois hôpitaux pour une trentaine de lits de réanimation et environ 600 médecins en activité. Un système de santé déjà mis à bout avec l’afflux de malades déjà atteints par le paludisme, la dengue ou la tuberculose.

Jean Castex a ainsi beau dire que « la Guyane est un territoire de la République comme un autre », il n’en est rien. Si tel était le cas, l’annonce de la fin de l’état d’urgence au 10 juillet n’engendrerait pas insouciance en métropole alors que la Guyane et Mayotte sont sous ce régime d’exception sanitaire jusqu’au 30 octobre.

Cela ne fait d’ailleurs aucunement illusion pour Yvane Goua, porte-parole du « collectif Mayouri Santé Guyane » qui déclarait ne rien attendre de la visite d’un premier ministre faisant l’aller-retour dans la journée, et précisait que :

« aujourd’hui, par habitant, je parle bien par habitant, en termes d’impact du virus, on est au-dessus de la Chine, on est au-dessus de l’Italie et pourtant on a pas les moyens en adéquation. On a 20 personnes qui arrivent par semaine, alors qu’il manque en fait aujourd’hui 300 à 400 professionnels soignants en Guyane »

Car trois ans après une importante vague de protestations, l’accord signé avec le gouvernement français n’a pas abouti à satisfaire les revendications.

Au mois de mars et avril 2017, le collectif Toukan (« 500 frères »), l’UTG (Union des Travailleurs Guyanais) et le collectif « Pou La Gwiyann dékolé » (Pour le développement de la Guyane) menaient une vague de grèves, dressant à des endroits des barricades pour réclamer, outre la lutte contre l’insécurité, l’immigration incontrôlée liée à l’orpaillage illégal, la création d’un CHU et la gestion publique du centre Centre médico-chirugical de Kourou situé à proximité de la base de lancement spatiale.

L’accord signé le 21 avril 2017 n’a toujours pas été mis en œuvre et c’est pourquoi, d’ailleurs, Emmanuel Macron s’était rendu dans la région en octobre, se disant attentif à a la situation. Et depuis ? Depuis rien. Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé auprès du ministère de la santé, restait encore bien évasif à propos de la demande du CHU en Guyane lors d’une session parlementaire en octobre 2019.

Dans ce contexte comment ne pas être offusqué, pour ne pas dire révolté, lorsqu’on entend Jean Castex déclarer :

« je viens avec la volonté de préparer la France à une éventuelle deuxième vague mais en préservant la vie économique, la vie sociale »

L’ordre du jour est clair pour ce gouvernement : c’est la poursuite coûte que coûte du capitalisme, à marche forcée, envers et contre toutes les attentes populaires. La Guyane demande pourtant une très grande aide pour faire face à la fois à la situation sanitaire actuelle posée par le covid-19, mais aussi pour son développement social en général.

Dans une région où plus de 20 % des gens sont privés d’emplois et environ 25 % sans couverture sociale, le re-confinement de certains quartiers les plus pauvres va être dramatique. Alors que l’occupation moyenne d’un logement en métropole est de 2,3 personnes, en Guyane elle est de 3,4 personnes. C’est près d’un tiers de la population qui subit le mal-logement lié au surpeuplement….

La visite éclair du premier ministre Jean Castex prouve bien toute l’arrogance d’une personnalité technocratique, placée par en haut et n’étant là que pour gérer, de la manière la plus ferme et placide, la continuité du capitalisme français. Soit les masses populaires prennent conscience de la situation et tentent de résister, soit c’est un terrible rouleau compresseur qui va s’écraser sur elles, qui s’écrase déjà sur elles…

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Société

«Covid 19- soutien aux peuples autochtones de Guyane»

Voici le texte pour un cagnotte Leechi par la Fédération Lokono de Guyane (FLG) :

[retrouvez la cagnotte ici -> leetchi.com/c/covid-19-soutien-aux-peuples-autochtones-de-guyane ]

« Covid 19- soutien aux peuples autochtones de Guyane

À l’initiative des amérindiens et amérindiennnes de la Fédération Lokono de Guyane (FLG), nous lançons une cagnotte pour soutenir nos frères et sœurs amérindiens dans la lutte contre le virus Covid 19.

ÉTAT DE LA SITUATION EN GUYANE.

La région Guyane compte actuellement 96 cas confirmés de covid 19. Le village amérindien Cécilia, qui en compte près d’une vingtaine, est le premier village mis en quarantaine par arrêté du Préfet de Région en date du 9 avril 2020. En raison de notre mode de vie en communauté, le virus s’est propagé rapidement. Dans l’urgence le village, qui a dû etre placé en quarantaine, n’a pas pu se préparer, les habitants n’ont donc pas pu faire leurs réserves alimentaires, d’où la nécessité d’un ravitaillement.

En complément de l’aide de la mairie de Matoury, le village amérindien de Sainte Rose de Lima, en signe de soutien et de solidarité, s’est rapidement organisé et a réussi à lever des fonds pour les approvisionner. Bien que l’aide ait été appréciée, ce n’était malheureusement pas suffisant pour un village de près de 300 habitants.

À ce jour, distribution de masques en quantité très limitée, des tests de dépistage seulement pour les villageois présentants des symptômes, des villages inquiets, les amérindiens stigmatisés.

Nous n’imaginons pas la situation si le virus venait à se propager.

Nous nous devons donc d’anticiper, d’agir et de prévenir la propagation du virus chez nous ainsi que dans les autres villages. Les mesures prises par l’état sont importantes, mais demeurent insuffisantes et ne nous rassurent pas.

C’est pour cela que nous nous mobilisons aujourd’hui en faisant appel à la solidarité et à la générosité de tout un chacun, en lançant cette cagnotte. Nous vous remercions d’avance pour vos contributions.

NOTRE OBJECTIF.

Aider les différents villages amérindiens en achetant et en distribuant au plus vite:

– des produits de premières nécessités aux personnes dans le besoin.

– achat et/ou fabrication de masques en tissu et de gants pour les personnes dans le besoin.

NOTRE PLAN D’ACTION.

– Lister les besoins alimentaires des familles, surtout pour les enfants en bas âge (nourriture, hygiène, etc…)

– Mise en place de médiateurs autochtones de la FLG pour soutenir les équipes de prévention.

– Distribution des produits vers les villages voisins.

– Combattre l’isolement en s’assurant que les villages bénéficient d’infrastructures au niveau des communications. (téléphone, internet).

QUI SOMMES-NOUS ?

La fédération Lokono de Guyane est une association loi 1901 créée en 2008. Elle a pour objectifs de défendre les intérêts collectifs des amérindiens de Guyane, notamment en matière de développement culturel, social, environnemental et économique. Les Lokono (Arawak) sont une des six nations amérindiennnes (Kali’na, Paykweneh, Teko, Wayãpi, Wayana) présentes en Guyane.

Liens renvoyants à la situation des villages amérindiens.

https://youtu.be/Cez8ujiluww

https://la1ere.francetvinfo.fr/guyane/centre-littoral/coronavirus-les-villages-amerindiens-de-macouria-et-de-matoury-s-isolent-volontairement-pour-prevenir-toute-propagation-du-virus-chez-eux-823150.html

https://www.facebook.com/federationlokonodeguyane/ »

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Écologie

Montagne d’or en Guyane: la réaction du chef coutumier Eric Louis

Voici la réaction d’Eric Louis, chef coutumier du village Kuwano de Kourou en Guyane. Elle fait suite aux différentes annonces préfectorales afférentes aux concessions pour les compagnies minières, rendant très floues les véritables motivations du gouvernement quand au projet Montagne d’or. La méfiance est donc encore de mise en Guyane, il ne s’agit pas de crier victoire trop tôt.

> Lire également : Non au méga-projet de mine d’or « Montagne d’or » en Guyane !

 

« La Compagnie Montagne d’Or reste sur sa position, l’État qui joue un double rôle ne peut trancher pour un Oui, c’est tout un mécanisme politique et juridique qu’il faut contourner, donc en l’état des différents éléments et surtout de la réforme du code minier tant attendu, au jour d’aujourd’hui il serait simplement inconcevable et incompréhensible de la part de l’état après tant d’interventions au plus haut niveau.

Dans tout les cas nous maintenons notre position négatif contre ce projet et revendiquant trois fois plus nos problèmes quotidiens en Termes de préservation et de réparation sur trois générations.

Pourquoi l’état devrait-il financer un tel projet alors qu’il ferme les yeux sur les problèmes quotidien des Guyanais en particulier les PEUPLES AUTOCHTONES de ce territoire. Nous devons faire-valoir nos droits de vie jusqu’à l’obtention de nos droits de réparation pour avoir détourné nos destins aux profits des différents gouvernements de l’état français qui se sont succédés dans le mépris et l’indifférence face à nos problèmes. La Guyane fait partie de l’Amazonie donc il fait maintenant parti d’un problème de préservation mondial, n’était-ce pas les mots des différents chefs et représentants d’état à l’ONU concernant l’Amazonie ?

Le président de CMO ne mérite tout simplement pas sa place et l’air qu’il respire en Guyane.

Frères et sœurs face à tant de mépris et d’indifférence dans le monde nous restons vigilants et déterminés pour un avenir meilleur pour notre territoire et la planète.

Le chef Eric Louis »

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Écologie

« L’Amazonie est bien plus qu’une forêt », affirme le Grand conseil coutumier des Peuples Amérindiens et Bushinengé

Voici une tribune d’une grande valeur de la part du Grand conseil coutumier des Peuples Amérindiens et Bushinengé de Guyane à propos de l’Amazonie. Ce sont des choses concrètes et profondément justes qui y sont dites, avec une grande exigence démocratique et une clairvoyance sur la réalité du capitalisme. Ce texte a une portée universelle très grande, en rappelant notamment qu’en « Afrique aussi la forêt brûle et les peuples et l’ensemble des êtres souffrent de cette destruction. »

« La solidarité amazonienne

Depuis plusieurs semaines, les regards du monde entier sont tournés vers la forêt amazonienne. Cependant, il est souvent vite oublié, volontairement ou pas, que cette forêt est habitée, et gérée raisonnablement par les peuples autochtones depuis des millénaires. Le lien fraternel qui nous lie entre peuples Autochtones d’Amazonie transcende les frontières administratives.

Depuis la Guyane, nous observons avec une grande tristesse les incendies qui ravagent notre forêt dans les différents pays. L’Amazonie est le territoire ancestral des peuples Amérindiens. L’Amazonie a servi de refuge au moment de la rébellion face au système esclavagiste.

La forêt est bien plus qu’un ensemble d’arbres et d’animaux. Nous y avons, nous peuples Amérindiens et Bushinengé, un attachement particulier au niveau culturel, spirituel, économique, etc.

Quand nous voyons les flammes, c’est tout cela qui brûle et c’est ce qui crée cette profonde compassion et solidarité avec les peuples et les communautés qui font directement face à ce drame.

Les responsables de la destruction

Le président brésilien Jair Bolsonaro a déclaré le 12 avril 1998 « Quel dommage que la cavalerie brésilienne ne soit pas montrée aussi efficace que les américains. Eux, ils ont exterminé leurs indiens». Il est évident que ce personnage profondément raciste a une grande part de responsabilité, néanmoins le Grand Conseil Coutumier refuse de céder à la facilité et de personnifier le véritable problème qui est politique et économique et qui est soutenu par la majorité des dirigeants au niveau mondial.

Ce ne sont pas de simples feux, c’est l’œuvre du capitalisme.

Le Brésil n’est pas le seul pays amazonien touché par les flammes, l’Amazonie n’est pas la seule forêt en feu, en Afrique aussi la forêt brûle et les peuples et l’ensemble des êtres souffrent de cette destruction.

Le feu n’est pas le seul danger qui menace ou qui détruit l’Amazonie. L’extractivisme a sa grande part de responsabilité. Et nous sommes dans l’étonnement face au positionnement du président Emmanuel Macron qui consiste à ​dénoncer la destruction de l’Amazonie brésilienne ou bolivienne mais qui parallèlement attribue 360 000 hectares de forêt aux multinationales minières, en Guyane, en Amazonie française​.

Notre positionnement

Le Grand Conseil Coutumier a pour responsabilité de représenter et défendre les intérêts des peuples Amérindiens et Bushinengé de Guyane.

Nous tenons à ré-affirmer notre solidarité avec les peuples directement touchés par ces incendies et nous demandons à la population de prendre enfin conscience de l’importance de la forêt.

Nous avons refusé de co-signer la tribune de madame la ministre Annick Girardin, car il manque des engagements au niveau de la reconnaissance des droits des peuples autochtones et leur rôle dans la préservation de la biodiversité. Nous soutenons sa proposition d’augmenter les fonds alloués par l’Union européenne sur le développement de l’Amazonie ​mais la participation pleine des peuples autochtones à sa gestion doit être garantie​. Nous soutenons sa proposition de créer un fonds international pour l’Amazonie ​mais qui devra être directement géré en Amazonie par les peuples autochtones et les communautés​.

Nous notons les engagements du président de la République Emmanuel Macron «d’associer les peuples autochtones», néanmoins cela doit se traduire par la participation pleine des peuples autochtones à l’ensemble des décisions concernant la Guyane et l’Amazonie, donc ​le renforcement du Grand Conseil Coutumier ​en instance décisionnaire avec de véritables moyens de fonctionnement​.

Nous demandons une nouvelle fois au gouvernement français de ratifier la Convention 169 de l’OIT afin de reconnaître véritablement le droit des Peuples Autochtones.

Pour finir, l’Amazonie est bien plus qu’une forêt, c’est notre «chez-nous», elle est vivante et elle est en train de mourir, par l’action de l’homme. Ensemble, changeons le destin de notre planète et ayons le courage de prendre des virages pour l’avenir et pour l’espoir.

Le Grand conseil coutumier des Peuples Amérindiens et Bushinengé. »

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« Montagne d’or en Guyane: la politique de l’enfumage continue »

Voici le communiqué du collectif Or de question à propos des annonces du gouvernement sur le projet Montagne d’or en Guyane. Il est suivi par les réactions en vidéo de Michel Dubouillé, le porte-parole du collectif ainsi que de celle de Christophe Yanuwana Pierre, le porte parole des Jeunesses autochtones.

« Montagne d’or en Guyane: la politique de l’enfumage continue

Après l’annonce du Ministre de la Transition Écologique et Solidaire, suite à la première réunion du Conseil de défense écologique, le collectif Or de question exprime sa profonde déception. M. de Rugy n’a fait que réitérer les propos tenus par le Président Emmanuel Macron deux semaines auparavant, sans pour autant enterrer définitivement le projet de la compagnie Montagne d’or.

Le gouvernement le sait, beaucoup lui reprochent de ne pas aller assez vite ni assez loin. Messieurs Édouard Philippe et De Rugy n’ont cessé de le répéter comme pour prévenir les critiques qu’ils ne peuvent manquer de voir venir suite à l’annonce des premières décisions du Conseil de défense écologique.

Le collectif Or de question attendait de la part du gouvernement une réponse ferme et définitive. Au lieu de quoi, les ministres ont rappelé que le “projet actuel” ne semblait pas compatible avec les objectifs fixés en terme de biodiversité. Or de question craint que ces déclarations ne laissent la possibilité à la compagnie minière, voyant la porte fermée, de rentrer par la fenêtre en modifiant son projet.

Creuser une mine d’or à ciel ouvert à coup d’explosif entre deux réserves de biodiversité est, de facto, incompatible avec la préservation de la nature ! Le collectif rappelle qu’en Guyane ce sont aujourd’hui près de 360.000 ha de terres qui sont directement concernées par des activités d’extraction ou des projets de recherches minières, alors même que ce territoire représente à lui seul 50% de la biodiversité française.

Encore une fois le grand enfumage continue donc, avec l’annonce lointaine d’une révision du code minier, patate chaude que les gouvernements successifs se refilent à chaque nouveau mandat. Quand bien même le projet Montagne d’or serait écarté, d’autres demandes de permis miniers sont en cours d’examen et rien ne présage de l’aboutissement de la réforme de la législation française.

A quelques jours des élections européennes, il est permis de douter que ce gouvernement ait convaincu quiconque quant à son engagement pour la protection du climat et de la biodiversité.

Pour les membres du collectif Or de question le combat continue jusqu’à l’abandon définitif de tous les projets industriels miniers en cours ; nous attendons M. le ministre de pied ferme lors de son déplacement en Guyane. »

> Lire également : Non au méga-projet de mine d’or « Montagne d’or » en Guyane !

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Non au méga-projet de mine d’or « Montagne d’or » en Guyane !

La Montagne d’or est un immense projet de mine d’or à ciel ouvert dans le nord-ouest de la Guyane, en pleine forêt amazonienne. Ce « monstre industriel » est dénoncé par le collectif citoyen Or de question comme étant une catastrophe écologique.

Or de question ! Contre la méga-industrie minière en forêt guyanaise

Le plan prévoit une phase de construction de 2019 à 2021, une phase d’extraction de 12 ans  puis une dernière phase de fermeture du site pendant 30 ans. Le rendement espéré est de 6,7 tonnes d’or par an, pour 4 500 000 tonnes de minerai extraits chaque année en tout.

On l’aura compris, le projet est gigantesque. Avec une emprise totale de 190km2 et une fosse de 2,5km de long sur 500m de large pour 400m de profondeur, la Montagne d’or constituerai la plus grande mine de France. Ce projet est soutenu pas deux grandes entreprises du secteur, Colombus Gold (Canada) et Norgold (Royaume-Uni).

la construction de la mine

Le projet se situe en pleine forêt amazonienne, qui présente comme tout le monde le sait une très grande richesse naturelle. Cela occasionnera forcément de grands dégâts.

Il est expliqué que le mal est déjà en partie fait car l’activité minière aurait déjà façonné le site depuis 140 ans. Il est vrai que l’orpaillage illégale, c’est à dire la recherche d’or dans les rivières, est en fléau environnemental en Guyane. Cela avait d’ailleurs été largement dénoncé par la population lors du mouvement social en 2017.

Cependant, l’envergure du projet fait que l’impact sur la faune et la flore sera encore plus grand. Il est admis dans le document de synthèse de la compagnie minière que 45 % du site minier nécessitera de déboiser une partie de forêt « à caractère primaire » et la ligne électrique 30 %.

Il est bien entendu dit, conformément à la loi, que l’impact est minimisé et qu’il y aura des compensations. Ce sont des logiques absurdes ! Les animaux délogés et dont la la vie aura été plus ou moins impactée se fichent bien de savoir que des arbres seront plantés plus loin, « pour compenser ».

Une fois les dégâts faits, il n’y a pas de retour en arrière possible. Et encore moins de compensation. Cette mentalité d’ingénieur étriqué est de la folie pure.

Le déboisement n’est qu’une partie du problème. La profondeur de la mine pose aussi des questions sur des pollutions possibles de l’eau et l’impact sur les nappes phréatiques. La région est sujette à d’importantes pluies qui pourraient disséminer des éléments présents dans les roches par ruissellement.

Le cyanure

L’or ne peut être extrait du minerai avec une très bonne efficacité qu’avec du cyanure. C’est une question très sensible car son utilisation n’est pas anodine et sans risque, loin de là. Les résidus de l’extraction devront être traités afin que le taux de cyanure soit inférieur à un seuil légal de 10 ppm (partie par million), et seront stockés dans un important dispositif de traitement. La crainte est celle d’un écoulement de ces résidus et donc de cyanure dans l’environnement. Ceci pourrait engendrer une véritable catastrophe écologique

Il faut se rappeler la catastrophe de Baia Mare (nord-ouest de la Roumanie) en 2000. De grandes quantités de cyanure (et de métaux lourds) se sont déversés dans la nature suite à un accident. Un barrage a cédé et l’eau contaminée s’est déversée dans l’environnement. A proximité du site, presque toute la vie a disparu. Plus au sud, en Serbie, on estime que 80% de la vie aquatique a été décimée. Cette catastrophe est souvent considérée comme la pire après Tchernobyl, en Europe de l’est. Voici donc ce qui peut se produire lorsqu’une exploitation aurifère tourne mal.

L’énergie

Aux problèmes liés à la construction de la mine, s’ajoutent ceux de son fonctionnement. La consommation électrique pour commencer, est estimée à 20MW. Cela représentera un peu moins de 10 % de la capacité de production de la Guyane en 2023, et 20 % de la consommation.

A ces chiffres bruts s’ajoutent toutes les question d’infrastructures. Comment acheminer l’énergie nécessaire au fonctionnement de ce projet en pleine forêt ? La construction de lignes électriques nécessitera de nouvelles agressions envers l’environnement. De plus, ces lignes impliquent qu’EDF soit en mesure de mettre en place les infrastructures nécessaires à temps. Dans le cas contraire, le promoteur indique qu’il faudra se tourner vers des solutions alternatives comme «  des turbines ou groupes électrogènes alimentés au fuel ». Ce qui pose encore d’autres questions sur la pollution.

La compagnie Montagne d’or peut bien installer des panneaux solaires sur les toitures des bâtiments pour avoir l’air de se soucier de l’environnement : les estimations des promoteurs ne donnent une production que de 440 kW… presque 1/40e des 20MW.

Pourquoi il faut dire non au projet Montagne d'or (Or de question !)
Pourquoi il faut dire non au projet Montagne d’or (PDF)

Détruire l’environnement pour relancer l’économie ?

Comme toujours, la destruction de l’environnement est minimisée et l’argument fort est celui de la création d’emplois. Le projet avance la création de 750 emplois directs et 3000 indirects. La Guyane étant une région détenant le taux de chômage le plus élevé de France, l’argument économique est ici tout trouvé.

Pourtant, tous ces emplois ne dureront pas quarante ans, de la construction à la fermeture de la mine. Les chiffres avancés correspondent au nombre d’emplois créés au plus haut. Certains emplois ne seront plus nécessaires une fois la mine construite et opérationnelle au bout de deux ans. Et tous les emplois liés à l’extraction n’auront sûrement plus de raison d’être tout au long des trente années de fermeture du site.

Le but est surtout d’enrichir quelques personnes déjà riches, pas de servir l’économie locale et la population.

Un projet sans vision sur le long terme

Le projet s’étend sur un peu plus de quarante ans de la construction à la fermeture de la mine. Il va nécessiter énormément d’explosifs et de cyanure. Des quantités d’eau phénoménales seront aussi nécessaire. Les boues contaminées devront être traitées dans des lieux parfaitement hermétiques. Il faudra ensuite s’assurer, une fois l’extraction terminée, que plus rien de nocif ne subsiste sur le site.

Au vu de la taille du projet, toutes ces précautions sont autant d’investissements lourds pour l’entreprise. Toutes les parties de ce projet peuvent signer autant d’accords et s’engager à respecter toutes les conventions du monde, cela ne changera rien à sa nature même. C’est une aventure capitaliste, donc destiné à faire du profit à court ou moyen termes, mais pas à servir la société à long terme.

Les entreprises ne savent raisonner qu’en terme de probabilité lorsqu’il s’agit de gestion de risque. Nous avons vu ce que ce genre de raisonnement peut donner à Fukushima…

Et quand bien même tous les intervenants de ce projet respectaient à la lettre les conventions les plus strictes dans les premières années du projet, qui nous dit que cela sera toujours vrai à la fin des douze années d’extraction ? Pendant les trente années de fermeture du site ?

Comment espérer que des entreprises capitalistes qui n’ont souvent aucun scrupule à détruire l’environnement soient exemplaires, toutes proportions gardées, durant les quarante ans du projet ?

Comment être certain que les changements de direction, les évolutions des cours des matières premières ou encore les différentes politiques locales et nationales n’influent pas sur le respect scrupuleux des normes et des consignes de sécurité ? Qui peut garantir que toutes ces entreprises seront prêtes à tous les sacrifices financiers afin d’assurer la sécurité du site ?

Non à la Montagne d’or !

Le projet de la Montagne d’or est une aberration et est tout simplement indéfendable. L’enjeu ici est de savoir si des grands groupes doivent dicter leurs lois ou si nous voulons une humanité capable de prendre conscience des enjeux de son époque et des les assumer. Il ne peut et il ne doit pas y avoir de place pour la recherche du profit à tout prix, pour les calculs de risques probabilistes, pour des engagements sur des dizaines d’années avec des entités dont le seul but et d’engranger toujours plus de bénéfices. L’environnement n’est pas à vendre. La vie n’est pas une ressource dont l’on peut disposer à sa guise ou que l’on peut compenser.

Ce projet est de plus une insulte au Guyanais et aux peuples autochtones, en faisant miroiter quelques emplois à défaut d’une véritable planification économique.

Si ce projet devait avoir lieu, chaque personne qui l’a défendu devra répondre de son choix devant les générations futures qui ne pourront qu’être abasourdies par une telle folie.

Le projet de la Montagne d’or ne doit pas avoir lieu !

Pour en savoir plus sur  le projet minier, consultez le site du collectif citoyen Or de question !