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Société

L’aide médicale à mourir, ou l’échec de la société face à la dignité

La vie n’est pas une variable d’ajustement.

Depuis décembre 2022 la convention citoyenne sur la fin de vie a débuté en France. Elle est pilotée par le CESE, Conseil Économique Social et Environnemental.

Jusqu’à mars 2023, 150 citoyens tirés au sort devront débattre du sujet de la fin de vie et apporter des éléments de réponse à la question suivante :

« Le cadre de l’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? »

C’est une question vaste qui mérite un débat de fond.

Dans le capitalisme les personnes en fin de vie sont un fardeau, elles ne produisent plus rien mais ont besoin d’énormément d’attention et donc de moyens. On arrive dans une situation où on laisse les malades dans des chambres d’hôpital, isolés du reste de la société. Une vie se résumant à se voir se dégrader entre 4 murs pâles, aux sons des bips des machines, des soignants qui courent et qui n’ont pas le temps nécessaire à un accompagnement réellement humain. La plus grande crainte des personnes se sachant condamnées c’est finalement d’être en dehors de la vie, de ne plus pouvoir faire ce qu’elles faisaient auparavant et d’être un poids financier et émotionnel pour leur famille et la société.

C’est pourquoi l’argument principal des pro-euthanasie ou du suicide assisté est la liberté pour chacun de quitter une vie qui ne ressemblerait qu’à un enfer, bien souvent en mettant en avant les souffrances physiques ou psychologiques des gens. Il faut comprendre qu’ils ne souhaitent pas mourir mais simplement ne plus souffrir.

C’est tout à fait différent.

A l’heure de la réalité virtuelle et des avancées technologiques en matière de robotique, tout les moyens doivent être donnés pour que ces capacités soient mises aux services des personnes malades bien avant d’en être au stade de la fin de vie.

Une expérience virtuelle immersive de vol avec des oiseaux migrateurs, l’ascension d’une montagne, une visite des profondeurs marines ou encore une longue ballade dans un champs fleuri au printemps, les possibilités sont immenses.

Ce qu’il faut aussi prendre en compte, c’est l’état de l’hôpital en France qui manque inimaginablement de moyens, et que la prise en charge des personne en fin de vie demande des investissements colossaux tant en matériels qu’en personnels, pour pouvoir aller se balader dans les villes ou la nature peu importe la mobilité des personnes, des gens avec qui discuter de ses questionnement, de ses craintes.

Car si pour l’entourage la fin de vie d’un proche est une terrible épreuve, n’oublions pas que la personne concernée a tout le travail de deuil de sa propre vie à faire, en toute connaissance de cause et avec moult détour.

Accepter l’aide médicale à mourir c’est laisser gagner la souffrance et refuser la complexité de la vie, sa dignité quoi qu’il arrive. Voulons-nous vraiment foncer tête baissée dans l’optique que la vie n’est qu’un paramètre à ajuster ?

Les libéraux diront que oui, le chemin qu’ils tracent vers la GPA en est la preuve.

La question est de savoir quelle place consacrer au handicap et la maladie dans notre société. Chacun, peu importe sa condition, doit pouvoir participer à la production que ce soit matériellement ou culturellement et bénéficier de tout ce que la collectivité peu nous apporter, comme par exemple DJ Pone, atteint de la Maladie de Charcot, qui a réussi à composer un album entièrement avec ses yeux grâce à un logiciel adapté.

A l’heure du Covid où l’humanité s’est heurtée à sa contradiction avec la biosphère et où la population française se vautre dans l’individualisme, le devoir de la Gauche historique est de défendre une société où chacun a sa place et a la possibilité de s’épanouir quoi qu’il arrive…

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Écologie

« Qui va me venir en aide ? »

Le refuge « Sauvegarde Animalière Risle Seine » dans l’Eure a lancé un appel début juillet 2019 pour une de ses protégées : Eloïse, une chienne de 10 ans dont l’arrière-train « ne fonctionne plus ». Le message a gagné en ampleur sur les réseaux sociaux grâce au compte Facebook du site Seconde chance (sorte de moteur de recherche pour aider l’adoption d’animaux, notamment soutenu par l’animalerie en ligne wanimo.com).

« Qui va me venir en aide ? »

Eloïse a besoin d’aide. Elle ne demande qu’à vivre, mais ses problèmes moteurs la gênent dans sa vie. Un chariot ou n’importe quelle autre solution durable lui permettrait de retrouver une plus grande mobilité et une vie de chien presque normale.

Voici le message de la publication Facebook de l’association :

« J’ai 10 Ans et je m’appelle Éloïse. Je suis au refuge depuis quelques temps car mon maitre n’a plus voulu de moi,bref…
Maintenant,c’est mon train arrière qui ne fonctionne plus,on doit m’aidé à me mettre debout pour me faire marcher et faire mes besoins. Hormis ça, j’ai toute ma tête et bon appétit mais ne plus pouvoir courrir ou marcher est vraiment très embêtant au quotidien,pour moi mais aussi pour les personnes qui s’occupe de moi. Il me faudrait peut-être un chariot mais le refuge n’a pas beaucoup de moyen. Alors, si une Asso spécialisée serait prête à m’accueillir et m’aidé se serait super. Je n’ai pas envie de mourrir car oui,certain pense sûrement qu’une fameuse piqûre serait l’idéal et que de toute façon personne ne voudra jamais de moi ! Heureusement que le refuge nous garde jusqu’au bout, même vieux. En attendant une solution, je vais continué d’y croire encore …… merci »

L’histoire n’est malheureusement pas originale. Elle est bien trop classique. Un chien qui a fait confiance a des êtres humains qui l’ont abandonné, qui commence à vieillir et dont la santé se dégrade et se retrouve abandonnée une deuxième fois : cette chienne aurait dû avoir un chariot dès l’apparition des premiers signes troubles moteurs. Le refuge et les personnes qui s’occupent d’elle ne sont pas en cause. Cette chienne a été abandonnée par la société des hommes, par une société qui sera jugée barbare par les générations futures.

L’humanité est capable d’envoyer des êtres humains sur la Lune, mais est incapable de fabriquer un chariot sur mesure pour une chienne qui ne demande qu’à vivre ?

La folie du mode de production capitaliste préfère produire en masse des objets abrutissants et gadgets inutiles et polluants plutôt que de se donner les moyens de défendre la vie ?

Et comme toujours, ce sont des commentaires sur des publications Facebook, quelques milliers de partages pour essayer de trouver une solution. Ce sera une demande envoyé à un refuge spécialisé dans l’accueil de chiens handicapés et globalement une sorte de bricolage pour arriver à régler un nouveau problème avant le prochain : comptes dans le rouge, abandons de l’été…

La situation des animaux handicapés est terrible. Alors qu’ils ne demandent qu’à vivre, bon nombre sont tout simplement tués (les plus hypocrites parleront à tort d’euthanasie) en raison de l’espèce, de sa prétendue nuisibilité, des certificats de la structure d’accueil, etc. Sans parler de personnes qui décrètent, par exemple, qu’un oiseau dans l’incapacité de voler serait forcément malheureux et que la mort vaut mieux que la vie dans ce cas-là.

Ces personnes n’ont probablement jamais connu des oiseaux, par exemple, qui, tellement désespérés, ont non seulement trouvé un partenaire mais se sont en plus reproduits. Ces personnes considèrent-elles que seuls les êtres au bord du gouffre cherchent à enfanter ? Qui a entendu ce genre de raisonnements sait très bien qu’ils émanent de personnes et de structures qui ont malheureusement cédé en partie aux valeurs dominantes.

Très tôt, la question du rapport aux animaux s’est posée au sein du mouvement ouvrier. De manière trop faible ou trop en marge dans l’ensemble, mais avec la question de la vivisection, du végétarisme et plus généralement d’un idéal de vie harmonieuse et en paix avec la nature.

Il est temps reprendre le flambeau et de dépasser les limites propres à la fin XIXe et au début du XXe siècles. La question des animaux doit être centrale : personne ne doit rester sur le bord de la route.

L’idéal socialiste du XXIe siècle ne peut pas éviter la question animale. Et il ne peut pas la poser à la façon d’associations ancrées dans les institutions comme L214. Le Socialisme doit intégrer pleinement les animaux : généralisation des dispensaires, réseaux de refuges et de centres de soins gérés par l’État, recherches pour améliorer la vie des animaux sauvages et domestiques…

L’exemple d’Éloïse ne pourra plus arriver : des ateliers dédiés seront chargés de produire tout type d’équipement médicaux pour tous types d’animaux. L’humanité en est capable, elle doit retrouver sa dignité perdue.

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Écologie

L’association Handi’Cats fête ses sept ans

Ce week-end l’association Handi’Cats a fêté ses sept ans. Comme son nom l’indique, l’association prend en charge les chats handicapés et plus généralement ceux dont personne ne veut mais aussi d’autres animaux comme des lapins ou des chiens… Cet anniversaire a été l’occasion de faire un point sur ces sept années et malheureusement sur sa situation très difficile aujourd’hui : depuis plusieurs mois, les demandes de prises sont refusées faute de moyens matériels, humains mais surtout financiers.

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Joeystarr et Avicii, deux chats à l’adoption (lien)

La prise en charge d’animaux avec des histoires toutes différentes et parfois très dures, demande beaucoup de temps, beaucoup d’argent et énormément d’abnégation. Le reportage réalisé par 30 millions d’amis en 2015 permet d’avoir un bref aperçu du travail requis pour faire vivre le refuge de Handi’Cats : visites chez le vétérinaire, accueil de nouveaux animaux, soins quotidiens, nettoyage de cages, etc.

Handi’Cats met tout en œuvre pour offrir la plus belle vie possible à chacun de ses protégés. Ceci continue jusqu’à l’étape de l’adoption dont le but est de s’assurer que l’animal rejoindra une famille aimante et capable de lui offrir un cadre de vie adapté à ses besoins psychologiques et physique :

« Après avoir rempli le questionnaire qui nous aide à connaître un petit peu des futurs adoptants, de leur environnement et de leur famille de poilus, s’en suit un premier contact téléphonique qui débouche ensuite sur une pré-visite organisée par l’association au domicile du potentiel adoptant. Ensuite, nous faisons un point en équipe et, si tout va bien, nous organisons un covoiturage pour que l’animal puisse rejoindre sa famille.

[…]

Notre équipe de bénévoles répondra à toutes les questions et inquiétudes, nous ne sommes pas là pour placer à tout prix mais pour trouver la famille qui correspondra à notre protégé et vice-versa »

L’association dispose d’un terrain et de bâtiments dédiés à l’accueil et la prise en charge des animaux en fonction des besoins : quarantaine pour les nouveaux arrivants, infirmerie pour les soins, bâtiments adaptés pour les différents handicaps de certains pensionnaires… Ainsi que de familles d’accueil.

Comme de très nombreuses associations qui viennent en aide aux animaux, l’alimentation, les médicaments et les (très importantes) factures vétérinaires représentent des coûts difficiles à gérer. L’association ne vit que grâce aux dons et à l’heure actuelle, elle n’est plus en mesure de prendre en charge qui que ce soit :

« Malheureusement par manque de place, de main d’oeuvre et surtout de financements, nous avons dû prendre la décision cette année de stopper les prises en charge depuis quelques mois maintenant »

Il faut du courage et de la volonté pour traverser toutes ces difficultés ; l’association et ses protégés ont besoin de toute l’aide possible. Les handicapés, ceux qui ont des besoins spécifiques et tous les animaux qui cherchent un toit en général ont besoin de Handi’Cats et de toutes les associations qui leur apportent l’amour dont ils ont tant besoin.

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Flash, FIV+ et né avec une patte arrière malformée. A l’adoption (lien).

Adoptions, stérilisation et information

Le but de l’association est aussi d’informer et d’éduquer afin de changer le regard sur les animaux handicapés. A cela s’ajoute un travail sur la nécessité de la stérilisation et l’importance de l’adoption.

La stérilisation des chats est une nécessité, il ne s’agit pas d’un choix individuel que chaque personne devrait prendre ou non pour son ou ses chats. Pour chaque chaton qu’une chatte a eu parce que ses « propriétaires » n’ont pas voulu la stériliser, il y a un chat de refuge qui attend une famille pour la vie.

Entre la famille, les amis et les collègues cette portée ne sera pas trop difficile à faire adopter, mais chacune de ses adoptions est une place qu’un autre chat de refuge aurait pu prendre. Les associations n’ont plus de place et plus de moyens mais trop de gens laissent faire et ne font qu’empirer une situation déjà alarmante.

Handicap et euthanasie

Dans le reportage réalisé il y a quelques années par l’émission « 30 millions d’amis », la présidente de Handi’Cats rappelle une triste vérité : les animaux handicapés ont tendance à être considérés comme des cas perdus et il n’est pas rare que des structures aient un recours assez régulier à l’euthanasie. Elle prend ainsi l’exemple d’un des chats de l’association, « Gainsbourg », qui a été brûlé vif et qui aurait été euthanasié sans l’intervention de l’association qui refuse cette fatalité (après plusieurs semaines passées au refuge, l’association a réussi à le « remettre sur pattes »).

Aider l’association

Bénévolat, famille d’accueil

L’association peut avoir des besoins de bras ponctuellement pour des travaux, ou d’une manière régulière (besoin de personnes fiables) pour les soins et l’entretien du refuge. Devenir famille d’accueil est une autre manière d’aider : il ne suffit pas d’avoir une envie passagère, devenir famille d’accueil est un engagement sérieux.

Financièrement

L’association Handi’Cats est sur la plateforme teaming qui permet à chacun de lui verser un euro par mois. L’idée est simple : un euro par moi pour une personne ce n’est rien, mais lorsque des centaines de personnes s’y mettent, cela change beaucoup pour l’association.

Il est également possible d’adresser un chèque à l’association :

Association Handi’cats
12 rue Hervieu Deschênes
27170 Beaumont le Roger

Ou encore d’effectuer un virement Paypal.

Enfin, il est possible d’acheter des produits de la boutique, comme un calendrier pour l’année 2019. Pour plus d’informations, voir le message Facebook de l’association.

Covoiturage

L’association publie des demandes de covoiturage sur sa page Facebook pour qu’un de ses protégés rejoigne sa famille définitive.

Relayer une information

Relayer des demandes de covoiturages ou un évènement de l’association est aussi une manière d’aider. Tous les gestes comptent.

Handi'Cats calendrier

Il existe plein de manières d’aider les refuges et de venir en aide aux animaux qui en ont cruellement besoin. Chaque petit geste peut aider : partager une demande, une information, un évènement permettra peut-être de toucher une personne qui répondra à la demande de covoiturage, une personne qui songe à adopter un animal, etc.

Le travail d’associations comme Handi’Cats est un exemple de travail démocratique de longue haleine : informer, sensibiliser et surtout montrer qu’il est possible et qu’il faut rejeter la barbarie ambiante dont les animaux sont les victimes quotidiennes.

Les animaux ont besoin de cette type de démarche tournée vers le plus grand nombre. Loin de celles qui permettent à certains de se mettre en avant pour leur carrière ou leur chiffre d’affaire, sur le dos des animaux. Loin de celles qui ne proposent qu’une radicalité de façade, s’imaginant avoir tout inventé et refusant tout travail démocratique de fond. Loin de ces impasses, Handi’Cats est un de ces nombreux exemples dont on entend trop peu parler et qui montrent la voie à suivre : celle de la compassion la plus sincère.handi'cats