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L’échec du rassemblement du 20 février 2021 de Génération Identitaire

Malgré une énorme médiatisation, très peu de monde s’est mobilisé contre la dissolution de Génération Identitaire. Heureusement, même si cela montre que la France est hors sol.

Génération Identitaire, avec ses thèses « occidentalistes », a eu ces derniers temps un énorme succès dans les rangs de la Droite, développant également sa présence médiatique. Et pourtant, alors que le gouvernement entend dissoudre cette structure, elle n’a réussi à mobiliser samedi 20 février 2021 qu’autour de 1500 personnes à Paris.

Marine Le Pen avait pourtant elle-même protesté contre la mesure d’interdiction. Elle a, il est vrai, interdit aux cadres du Rassemblement national de s’y rendre. Rien n’empêchait cependant à la base du Rassemblement National ou à des gens de Droite de s’y rendre. Le 20 février 2021 aurait pu être une catastrophe historique, un jour clef pour l’union de la Droite et de l’extrême-Droite.

Heureusement, cela n’a pas été le cas. Mais nullement en raison de l’antifascisme. C’est le capitalisme lui-même qui a bloqué Génération Identitaire. Car en France, la politique se consomme et aucune structure n’arrive à exister en tant que tel.

Si l’on omet quelques très rares structures, forcément petites, qui œuvrent opiniâtrement à maintenir un cadre intellectuel et culturel, tout ce qui marche ne propose que du consommable. C’est vrai à l’extrême-gauche anarchiste ou anarchisante comme à l’extrême-droite, avec d’ailleurs une convergence dans le populisme consensuel. D’où les inévitables récoltes d’aliments pour des gens ayant socialement décroché, sur le mode de la charité chrétienne.

Quant au reste, si une action n’est pas utilisable par une personne présente pour une valorisation individuelle sur Facebook, Twitter ou Instagram, avec possibilité de la « liker », elle n’amène personne, elle n’intéresse personne, c’est comme si elle n’existait pas.

Or, qu’en reste-t-il derrière? Pas grand chose. Génération Identitaire paie ici le prix de sa superficialité : à ne proposer que du consommable, on devient soi-même consommation. D’où que le 20 février 2021 à Paris, il y avait même moins de manifestants que d’adhérents à Génération Identitaire (environ 2800 revendiqués). On ne fait pas de la politique en proposant une mentalité de petits groupes affinitaires jouant sur le folklore.

Tout cela n’est pas forcément rassurant pour autant. Car le fascisme, ce n’est pas tout le monde en uniforme, mais simplement la mort de la société civile, l’effondrement de toute capacité à prendre des responsabilités politiques et culturelles. Le fascisme, c’est une société d’individus isolés, relativisant tout, avec un Etat prenant des décisions technocratiques prétendument conforme aux intérêts des gens.

Si donc tant mieux que les gens n’aient pas choisis Génération Identitaire, ils ne l’ont pas pour autant pas choisi. En fait, ils sont indifférents. Et cela c’est terriblement dangereux. C’est la preuve que les Français sont prêts à confier leur sort à un sauveur suprême, qu’ils veulent refiler les clefs du pouvoir pour mener une vie individuelle tout à fait isolée.

Et c’est là un danger très concret, avec les élections présidentielles en 2022.

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Dissolution de Génération identitaire: le Rassemblement national à la rescousse

Le Rassemblement National de Marine Le Pen a choisi de prendre partie pour Génération Identitaire menacée de dissolution.

Le ministère de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé au regroupement d’extrême-Droite Génération identitaire qu’il serait dissout le 26 février 2021, à moins qu’il n’argumente efficacement contre la mesure prise.

Cela ne changera pas grand chose car le coup avait été prévu : Génération identitaire, normalement le mouvement de jeunesse des « identitaires », a pris son « autonomie » il y a quelques années. Il sera facile de renaître sous une autre forme, et en particulier sous les auspices de l’extrême-Droite. En Autriche, les identitaires servent déjà depuis des années de pointe activiste du parti d’extrême-Droite électoraliste FPÖ.

La même tendance se profile ici, alors que les directions prises étaient totalement différentes, le Front national – Rassemblement national ayant préféré une ligne républicaine sociale. Les choses changent cependant avec la crise.

Le Rassemblement national a ainsi annoncé son soutien à Génération identitaire, même s’il « ne partage pas toutes les opinions exprimées ». C’est là un pas extrêmement significatif, car normalement c’était plutôt la joie de se débarrasser d’un concurrent. Et les opposants à la dissolution de Génération identitaire rassemblent d’ailleurs des gens qui à l’extrême-Droite avaient pris depuis quelques années des options très différentes : Florian Philippot, Marion Maréchal, Julien Rochedy, Bruno Gollnish, Robert Ménard, Gilbert Collard, Gilles-William Goldnadel…

C’est un véritable front qui se forme ici. Voici le communiqué du Rassemblement national, dont il faut bien cerner les éléments de langage :

« Le Rassemblement National alerte nos concitoyens attachés aux libertés fondamentales que sont les libertés de conscience, d’expression et d’association. Ces dernières sont en effet dangereusement remises en cause par la décision prise hier par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, d’enclencher la procédure de dissolution de l’association Génération identitaire.

Force est de constater que les fondements de cette procédure de dissolution ne sont pas juridiques mais politiques.

Peut-on ainsi considérer que dénoncer la politique d’immigration, défendre la priorité nationale, être attaché à la nationalité française pour les fonctionnaires ou s’opposer au droit de vote des étrangers rendent possible une dissolution ?

C’est pourtant sur la base de la « discrimination en vertu de la non-appartenance à la nation française que se fonde la demande de dissolution.

Doit-on admettre que l’on ne puisse plus faire un lien entre immigration massive et insécurité ? Or, la demande de dissolution reproche de présenter l’immigration comme un danger pour les Français.

Le RN rappelle que l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen affirme que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

Par ailleurs, une telle dissolution serait également contraire à la jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l’homme selon laquelle « la liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels d’une société démocratique et vaut même pour les idées qui heurtent, choquent ou inquiètent ».

Sur la base des arguments politiques et d’opportunité avancés par le ministre de l’Intérieur, ce sont de grands partis politiques français, d’autres associations, et au-delà tout lanceur d’alerte, qui demain pourraient être visés par de telles procédures arbitraires.

Le Rassemblement National ne partage pas toutes les opinions exprimées par l’association menacée par le ministre de l’Intérieur, pas plus qu’il n’approuve toutes ses actions et ses modes d’expression, mais une association n’a pas à plaire ou déplaire à l’opposition, pas plus qu’au gouvernement.

Une association et de façon générale tout citoyen, se doivent de respecter la loi et le cas échéant, d’être protégés par cette dernière.

C’est au nom de ce principe démocratique et protecteur que le Rassemblement National dénonce cette décision du ministre de l’Intérieur et alerte nos concitoyens. »

On se retrouve ici dans une orientation qui est celle du front de la Droite qui a déjà eu lieu dans les années 1920-1930 en Espagne, en Italie, en Allemagne. Dans ces pays, l’extrême-Droite a été galvanisée par une unité structurelle de différents groupes, allant des ultras-conservateurs aux nationaux-révolutionnaires. C’est la première leçon.

La seconde, c’est que la « Nouvelle Droite » des années 1980 a réussi son œuvre : modifier la ligne de l’extrême-Droite en refusant les discours ouvertement racistes au profit d’un discours ethno-différentialiste. Au 21e siècle, parler de la « remigration » contre le « grand remplacement » est la transformation hypocrite du slogan raciste « les Arabes dehors » des années 1980.

On est là dans une profonde dynamique de la Droite, qui a le vent en poupe depuis plusieurs semaines. Et ce n’est qu’un début…

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La mairie de Nantes veut hisser le drapeau identitaire «breton»

La maire de Nantes Johanna Roland a annoncé que le drapeau « Gwen ha du » serait hissé au fronton de l’hôtel de ville de Nantes début décembre 2020. C’est une véritable agression contre la Gauche, car il s’agit là d’un drapeau inventé par des fascistes dans les années 1920.

L’annonce a été faite dans le cadre d’un rassemblement identitaire visant à intégrer le département de la Loire-Atlantique à la région Bretagne, rassemblement auquel la maire de Nantes a elle-même participé. D’ailleurs, Johanna Roland a maintenant un adjoint aux enjeux bretons, qui est lui-même un fervent activiste identitaire breton faisant dans le lyrisme pour défendre sa cause :

« Le drapeau, ce n’est pas juste un bout de tissu. Ça touche à l’intime, ça résonne fort chez beaucoup de Nantais. »

Tout ce petit monde s’active depuis quelque temps déjà pour rebaptiser officiellement les rues du centre-ville nantais avec de nouvelles plaques « bilingues », en français et en « breton ». Il y a ici des guillemets, car cette langue n’a en vérité « rien à voir avec le breton parlé par les migrants venus de Basse-Bretagne travailler aux chantiers navals ou s’embaucher comme dockers sur les quais du port », comme l’a justement fait remarqué un Nantais dans une lettre à la maire (publiée par Françoise Morvan sur son blog).

De surcroît, le breton n’a jamais été la langue à Nantes, ville située dans une région où la langue populaire des campagnes était un dialecte du français, le gallo, avant la généralisation du français moderne (généralisation qui a forcément eu lieu très tôt dans une ville aussi importante que Nantes, intégrée au Royaume de France en 1532).

N’importe qui s’intéressant réellement à la culture populaire, et à la culture en général, le sait. Comme il est bien connu que le « Gwen ha du » a été inventé par en 1923 par le militant fasciste Maurice Marchal, plus connu sous le nom de Morvan Marchal, et que c’était l’étendard d’une petite bande d’antisémites ayant activement collaboré avec les nazis pendant l’Occupation.

Pendant longtemps, cela était très connu à Gauche en Bretagne, y compris à Nantes, et jamais la Gauche n’aurait laissé flotter un tel drapeau de « collabos » sur un Hôtel de ville, encore moins si c’est une prétendue « socialiste » qui le fait hisser. Cela est d’autant plus insupportable que Johanna Roland prétend faire cela au nom de la culture populaire (elle a indiqué que le drapeau sera installé « en lien avec des événements célébrant la culture populaire bretonne à Nantes »).

En vérité, la maire de Nantes ne fait que coller à l’agenda des identitaires-régionalistes « bretons », comme le font les socialistes à la tête de la Région Bretagne depuis des années, sous la houlette de Jean-Yves Le Drian. Leur perspective est de décomposer l’État central français et il existe toute une bourgeoisie dans la région Bretagne qui a pour plan de s’arroger la Loire-Atlantique, afin de créer une grande région économique dans le cadre européen.

Cela n’a rien de populaire et ne correspond à aucun intérêt populaire !

Traditionnellement en Loire-Atlantique, le Parti socialiste est plutôt hostile à cet identitarisme-régionaliste et en décembre 2018, Philippe Grovalet le président socialiste du Conseil départemental, à majorité socialiste, avait logiquement balayé la tentative de référendum local pour le « rattachement » à la région Bretagne.

Toutefois, le Parti socialiste est surtout une machine électorale et ne brille que rarement par ses prises de positions idéologiques fermes, que ce soit pour défendre la culture populaire ou l’Histoire. Si tel était le cas, la fédération ligérienne du Parti socialiste s’empresserait de menacer d’exclusion Johanna Roland si elle en venait à hisser un drapeau identitaire issue du fascisme sur sa mairie.

C’est en tous cas ce que ferait un véritable parti de gauche, relavant de la Gauche historique, du mouvement ouvrier.

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La querelle inter-identitaire Valeurs Actuelles – Danièle Obono

Valeurs Actuelles a publié un article romancé mettant en scène Danièle Obono et cette dernière, ainsi que ses soutiens, parle de « racisme ». C’est en fait une querelle inter-identitaire qui a encore lieu, parasitant l’opinion publique afin de l’empêcher de cerner les vrais problèmes.

Si on lit les auteurs de la négritude ou Frantz Fanon, on peut voir qu’il y a une véritable vision racialiste du monde. Les personnes à la peau « noire », qui serait une race, porteraient quelque chose de Bon et de Beau. Ils représenteraient une certaine pureté, une certaine authenticité. Ce racialisme prétend naturellement avant tout être anti-raciste, car c’est le seul moyen de mobiliser. Mais il est avant tout une idéologie inventée par des petits-bourgeois, le plus souvent des petits-bourgeois de pays colonisés ayant étudié dans les universités des pays colonialistes.

La notion de « Pakistan » a ainsi été inventé dans une université britannique, par des étudiants des Indes et le premier président indien ne parlait même pas la langue de culture « islamique » qu’il comptait imposer à tous les Pakistanais. Tout cela est bien connu de quiconque connaît l’histoire des idées et la Gauche historique a toujours combattu ces affirmations identitaires.

Valeurs Actuelles, la principale revue du camp conservateur-réactionnaire, le sait également. Et il est dans son intérêt d’assimiler la Gauche à ces identitaires. Elle a donc organisé un coup se voulant à la fois subtil et grossier. Cet été, la revue a publié des petits articles romancés autour d’une fiction : François Fillon se retrouve pendant la Révolution française, Nicolas Hulot sous Charlemagne, Didier Raoult dans une tranchée de la Première Guerre mondiale.

Pour le numéro du 27 août, ils ont pris comme personnage une députée La France Insoumise, Danièle Obono, qui est issue de la bourgeoisie gabonaise. Ils l’ont mis dans le passé dans une Afrique noire tribale contribuant à l’esclavage, confrontant son propre discours « progressiste » à la réalité barbare de l’Afrique d’alors. L’idée est bien sûr de se moquer du discours faisant de l’Afrique noire d’alors une sorte de paradis avec des gens authentiques, partageurs, etc.

Il faut dire que Danièle Obono est une cible facile. Elle est issue de « Socialisme par en bas » (SPEB), une section française du SWP britannique, qui pratique un discours communautaire-identitaire racoleur, dans une démarche universitaire typiquement anglo-saxonne. SPEB avait même tenté de faire un « bulletin des mosquées ». Elle se définit encore aujourd’hui comme lié historiquement au trotskisme, plutôt proche des indigènes, panafricaniste, afroféministe, altermondialiste, écosocialiste, etc.

Elle a d’ailleurs salué de manière « africaniste » l’acteur Chadwick Boseman, décédé suite à une maladie ; l’acteur aurait été un « ROI ». Il était la principe figure du film hollywoodien « Black Panther », régulièrement présenté comme relevant de la « fierté noire » alors qu’on y trouve dans un monde ultra-avancé technologiquement tous les clichés du noir tribal, patriarcal et ultra-hiérarchique, ayant le rythme dans la peau, tagueur, avec une sorcière guérisseuse, des hommes menant un combat à mort pour devenir chef, etc.

Bref, on l’aura compris, Danièle Obono est l’antithèse de la Gauche historique et elle est du pain béni pour Valeurs Actuelles, qui a la même vision du monde mais inversé. Dans la petite histoire, Danièle Obono est confronté à l’esclavage présentée de manière racoleuse, voire même sordide. La présentation se veut historique, mais est anti-historique par définition même, le choix fait étant de toutes façons la provocation. D’ailleurs, Danièle Obono est à la fin libéré par un membre du clergé catholique proposant même de se sacrifier pour parvenir à l’acheter pour la sortir de l’esclavage.

On peut de toutes façons considérer que de part et d’autre, c’est la démarche anti-historique qui prime. C’est logique : s’il n’y a plus d’Histoire, alors il n’y a plus de lutte des classes. C’est une reprise de la fameuse phrase de Karl Marx – « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte de classes » – mais pour nier tant l’histoire que la lutte des classes. Reste la société, où les idées seraient comme sur une bourse où il faut gagner des parts de marché. Valeurs Actuelles, par son article romancé, cherche à grappiller des points, ses dénonciateurs sur Twitter tentent également de grappiller des points (d’ailleurs ils font exprès de ne pas mettre de hashtag lié à Valeurs Actuelles pour ne pas en faire la « promotion »).

Tout cela reflète indubitablement une américanisation de la société, au moins dans les batailles d’idée. Cependant, on est en France et c’est la crise. On est donc en droit de s’attendre à des choses mouvementées et tant les identitaires conservateurs que les identitaires « anti-racistes » ne pourront pas l’empêcher. Il n’y a pas de place pour de tels gens dans notre pays quand la lutte des classes reprend ses droits, car l’Histoire sait comment elle doit primer.

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Le 13 juin 2020: les identitaires contre les identitaires

La journée du 13 juin aura été très riche en expressions de la folie identitaire, sur un mode ethnique ou racialiste : la France est bien totalement à côté de la plaque historiquement.

La mort de Georges Floyd aux États-Unis était un prétexte en or pour le collectif « la vérité pour Adama » pour faire passer son message en surfant sur l’émotion démocratique quant à la situation outre-Atlantique. C’était une moyen de mettre en avant sa propre conception identitaire-communautaire de la société française.

La première fois, le 2 juin, cela a marché : il y a eu 20 000 personnes. Cela a provoqué un battage médiatique énorme, c’était l’actualité du moment pendant plusieurs jours. Toute la Gauche a appelé pratiquement au nouveau rassemblement, le samedi 13 juin 2020, place de la République à Paris (et dans quelques autres villes).

Mais comme c’est hors-sol : ce fut le fiasco. On a le même nombre de gens, pour la même population, celle qui ne fait pas rêver la population justement, car les vieux post-extrême-gauche et les jeunes post-modernes, cela ne parle à personne.

En fait, c’est inexact : cela parle à leurs équivalents inversés. Des militants du groupe d’extrême-Droite « Génération identitaire » ont en effet déployé une grande banderole depuis le toit d’un immeuble, juste au-dessus du rassemblement parisien (puisque le préfet a exigé qu’il n’y ait pas de départ en manifestation).

Impossible pour les « identitaires » de rater cela, puisqu’ils fonctionnent justement en polarisant et avec le même discours, mais inversé. D’où la banderole consistant en un miroir des slogans de la manifestation :

« Justice pour les victimes du racisme anti-blanc #whitelivesmatter »

Les habitants aux fenêtres ont commencé à découper la banderole et une jeune habitué des actions dangereuses acrobatiques ou étranges voire douteuses dans le décor urbain parisien (comme ici, ou ) a grimpé sur le toit pour protester puis finalement s’interposer entre les identitaires et d’autres gens venant en découdre.

Et tout cela alors que la France connaît sa plus grande crise économique depuis 1945, et peut-être même de son histoire avec ses ramifications dans tous ses domaines. Surréaliste. Ou plutôt terriblement réel : la France aime perdre son temps et regarde quelques comédiens, peu nombreux, faire leur théâtre. Cela passe le temps.

Quant à la trame, elle puise dans les incohérences du libéralisme. Le hasard historique veut que le même jour décédait Jean Raspail. Cet auteur, de tradition catholique – conservatrice, avait écrit un roman brutal en 1973, Le camp des Saints. Il y racontait comme des hordes de réfugiés se précipitaient en France et que la « gauche » trahissait en les accueillant à bras ouverts, alors que le pays sombrait finalement sous cette invasion barbare des temps modernes.

C’est très exactement la thèse du « grand remplacement » du dandy décadent Renaud Camus ou, dans un style éminemment mieux écrit, du Rivage des Syrtes du dandy élitiste Julien Gracq.

Si elle a un succès désormais, c’est que le racisme ne peut plus marcher dans notre société, c’est une valeur périmée. Qu’il y ait des racistes, c’est un fait, mais le phénomène s’éteint, s’effaçant devant la mondialisation et le métissage. C’est tellement du passé que la « nouvelle droite » française des années 1980 a développé l’ethno-différentialisme, dont les identitaires sont le prolongement. Ils n’ont toutefois guère de succès réel, car ils en reviennent inlassablement à un racisme primaire qui est totalement déconnecté de la réalité française, à part dans certains secteurs arriérés.

Si l’on regarde bien d’ailleurs, le collectif « la vérité pour Adama » et les Indigènes de la République en sont le simple miroir et eux-mêmes ne touchent que des secteurs arriérés. On dit que l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles, mais il en va de même pour toute cette démarche identitaire-communautariste.

On se veut « rassuré » parmi les siens. On a d’ailleurs un groupe de quelques personnes qui a mené une opération le même jour au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris, arrachant de son socle un poteau funéraire Bari, une tribu entre le Tchad et le Soudan l’ayant réalisé au 19e siècle. Avec, évidemment, l’idée de le ramener « chez lui », un chez lui ethno-différentialiste fantasmé digne du film hollywoodien de 2018 Black Panther, où les « Noirs » sont définis comme tribaux voire claniques, patriarcaux, ayant le rythme dans la peau, physiquement puissants, aimant les tags, etc. etc.

Certains demanderont alors, avec justesse : pourquoi ces gens existent-ils, pourquoi ont-ils un écho ? Il suffit pour cela de regarder le Musée du Quai Branly-Jacques Chirac lui-même. Ce musée est un scandale intellectuel, sa base intellectuelle est précisément ethno-différentialiste, avec une lecture digne du national-socialisme : chaque ethnie a son âme unique, sa vision du monde particulière, sa différence irréductible, etc. Il n’y manque que les photographies « ethniques » de Leni Riefenstahl, la cinéaste des grands films nazis, sur les communautés africaines Noubas.

Et si ce musée est comme cela, c’est parce qu’il a adopté le point de vue relativiste ethno-culturel diffusé par la France dans la droite ligne de Claude Levi-Strauss. C’est d’ailleurs au nom de « l’universalisme républicain » que Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, a publié le même jour une tribune dans Le Monde, pour réclamer… la mise en place de statistiques ethniques.

Seulement, en période de crise, ce qui était avant présenté comme une « ouverture à l’autre » se transforme chez certains en outil de sécession.

On s’en souviendra donc, du 13 juin 2020, avec ces identitaires contre les identitaires, et des Français ne tombant pas dans le panneau. Ils préfèrent les anti-racistes qui se trompent que des racistes ne se trompant pas. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils vont accorder de la valeur aux propos totalement hors-sol d’Assa Traoré lors du rassemblement, comme quoi la question du racisme était « enfin » prise en compte en France.

C’est l’avantage d’avoir une solide base démocratique : accorder de l’attention aux questions importantes, les Français savent encore le faire. Sombrer dans une vision du monde paranoïaque, ils ont mieux à faire.

Après, du point de vue de la Gauche, tout cela est un contre-feu terrible servant le capitalisme alors qu’on affronte une crise d’envergure énorme. On perd du temps, on perd de l’attention, on va le payer cher.

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Le post-gauchisme et l’idéologie identitaire-communautariste

Toute la galaxie identitaire-communautariste ne tombe pas du ciel ; elle est à la fois un produit et un prolongement du post-gauchisme.

Il reste à écrire comment les milieux du syndicat anarcho-syndicaliste CNT et de la Ligue Communiste Révolutionnaire trotskiste ont été dans les années 2000 puissamment travaillé au corps par l’idéologie identitaire-communautariste.

Cependant, il reste également à écrire comment le post-gauchisme des années 1970 a servi d’incubateur. La biographie Wikipedia de Guy Dardel est ici tout à fait exemplaire de tout un mouvement de décadence, où la volonté de faire la « révolution » s’efface devant l’agitation permanente à travers la quête du « sujet révolutionnaire » du moment, pour devenir enfin le culte d’une rébellion identitaire-communautariste.

« Présenté dans plusieurs rapports des Renseignements généraux comme le chef de la bande de Rueil-Malmaison. De 1970 à 1973 il est actif au sein de La Cause du peuple et du Secours Rouge Puteaux avant de participer à partir de 1976 à l’émergence du Mouvement autonome en France avec la création en 1977 du collectif « Offensive et autonomie » proche du groupe réunis autour de la revue Camarades de Yann Moulier Boutang. Il est alors politiquement et idéologiquement proche du courant dit de l’operaïsme italien et de son dirigeant Oreste Scalzone Début des années 1980, il Participe et organise le soutien en France de centaine de réfugiés Italien fuyant la répression.

À partir de 1985, Guy Dardel anime l’émission à destination des prisonniers Parloir libre sur Radio Montmartre, puis radio tomate et Lucrece. En 1986, il participe à la création de Prolétaires pour le communisme puis du Comité des mal-logés. l’année suivante il participe à la fondation du « Comité national contre la double peine » et du collectif « résistance des banlieues », avant de fonder Fréquence Paris Plurielle en 1992, puis le Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB) en 1995. Il est encore en 2020 administrateur de FPP 106.3FM. »

Le Comité des mal-logés a été un moment très important de la lutte du milieu des années 1980 (les « Maliens de Vincennes ») et c’est un tournant dans le post-gauchisme. La « galaxie » autonome devient ouvertement post-autonome et c’est de là qu’émerge des initiatives comme le MIB, cohérentes, authentiques, mais en réalité sur une pente historique menant à l’idéologie identitaire-communautariste par manque complet de perspective en raison du rejet complet du mouvement ouvrier.

Marginale, cette approche va connaître un saut qualitatif avec l’émergence post-moderne dans les universités et l’apparition d’une petite-bourgeoisie immigrée cherchant un levier pour faire pression dans la société. Il faut également mentionner l’appui idéologique d’États comme l’Algérie, c’est-à-dire de dictatures infâmes jouant sur la corde « anti-coloniale » pour se légitimer. C’est cela qui donne les Indigènes de la République, fer de lance de l’idéologie identitaire-communautariste.

Il y a eu un véritable détournement du post-gauchisme, mais un détournement largement accepté au nom de la quête de la figure rebelle du moment. Les choses auraient pu d’ailleurs tourner tout autrement, mais pour cela il aurait fallu assumer la Gauche historique, ce dont les post-gauchistes ne voulaient cependant plus entendre parler, l’assimilant au PCF et à la CGT.

Et voilà comment des gens voulant réactiver la « révolution » au sein du mouvement ouvrier se sont transformés en outils pour des groupes de pression petit-bourgeois.

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La rue «Youenn-Drezen» à Pont-l’Abbé et la soumission de la Gauche aux identitaires bretons

Récemment, le maire de Pont-l’Abbé Stéphane Le Doaré (de droite) a courageusement fait voter le changement de nom de la rue « Youenn-Drezen », du nom d’une figure de l’extrême-Droite bretonne. C’est une victoire démocratique importante, mais qui n’est malheureusement pas portée par la Gauche en Bretagne, tant elle est liée à l’identitarisme breton.

La Bretagne est considérée comme une terre de gauche, hermétique à l’extrême-Droite. C’est en grande partie vrai, avec en fait surtout une tradition catholique-de-gauche bienveillante, plutôt que véritablement socialiste.

Il y a cependant une grande épine dans pied de la Gauche en Bretagne, quasiment toutes tendances confondues : c’est le mouvement identitaire breton. Un peu par faiblesse culturelle, un peu par opportunisme politique, beaucoup par fainéantise idéologique, la Gauche en Bretagne n’a jamais critiqué l’identitarisme breton. Pire, elle l’a souvent directement accompagné, quand elle ne l’a pas accueilli dans ses rangs, notamment sous l’égide de Jean-Yves Le Drian.

Sous prétexte de défendre la culture bretonne et l’héritage historique breton, elle a accepté que soit réhabilité l’identitarisme breton des années 1930 et 1940, d’idéologie nationale-socialiste, dont l’immonde drapeau « gwenn ha du » est un symbole.

Ce fut le cas à Pont-l’Abbé où, en 1999, un maire étiqueté socialiste célébrait malgré les protestations le centenaire du fasciste Youenn Drezen, qui avait sa rue dans la commune depuis 20 ans déjà. Plus récemment, le leader de l’opposition de gauche à Pont-L’Abbé, Yves Canévet, s’est publiquement opposé au changement de nom de la rue « Youenn-Drezen » et a voté contre au conseil municipal.

On retrouve des rues du même nom dans de nombreuses communes, dont Rennes, avec pourtant une maire de gauche, candidate à sa succession sur une liste soutenue par le PS, le PCF, Génération-s, le PRG et Place publique.

Dans la presse, il y a Christian Hamon (qui se fait appeler « Kristian », de manière typiquement identitaire) qui s’est chargé de défendre l’auteur antisémite (sans nier son antisémitisme d’ailleurs), en proposant :

« Plutôt que d’effacer toute trace de sa mémoire dans sa ville natale, ne serait-il pas souhaitable de nommer un lieu « Itron Varia Garmez », roman emblématique de Pont l’Abbé (écrit par Youenn Drezen, ndlr) ? »

Problème, Christian Hamon n’est pas censé faire partie de la horde de nazis assumés ayant critiqué (et menacé) le maire de Pont l’Abbé. Il est au contraire quelqu’un se présentant comme ayant « toujours combattu le racisme et l’antisémitisme (y compris son cache-sexe d’extrême-gauche: l’antisionisme) ».

Il est de surcroît proche de l’UDB, un parti identitaire breton allié électoralement à la Gauche un peu partout en Bretagne.

L’affaire apparemment anecdotique de la rue « Youenn-Drezen » à Pont-l’Abbé en dit donc très long sur ce mal qui ronge la Gauche en Bretagne depuis des dizaines d’années.

Cette hégémonie de l’identitarisme breton est d’autant plus inacceptable que la question est très bien documentée, et ce depuis longtemps. Personne à Gauche ne peut dire qu’il ne savait pas.

Il faut souligner ici avec une grande vigueur le travail démocratique minutieux de Françoise Morvan, qui depuis plus de vingt ans n’a de cesse de montrer et démontrer l’imposture identitaire bretonne et ses liens historiques et idéologiques avec le nazisme.

Elle avait notamment contribué dans les années 1990 à démontrer l’antisémitisme de Youenn Drezen en traduisant des articles de lui issus de journaux à l’idéologie national-socialiste.

Françoise Morvan a écrit plusieurs articles sur son blog à propos de cette petite affaire de la rue la rue « Youenn-Drezen » à Pont-l’Abbé, tant elle sait à quel point tout cela est significatif. Elle a également été interrogée par le Télégramme avant-hier, où elle rappelle de manière très pertinente que :

« les militants nationalistes veulent imposer leur version des faits, y compris en les falsifiant. C’est bien ce que montre l’actuelle campagne de presse qu’ils organisent avec le fils de Drezen niant l’antisémitisme de son père. »

Il y a là un combat démocratique de grande importance à mener, un combat dont la Gauche en Bretagne devrait se saisir plutôt que de céder aux identitaires en défendant l’indéfendable. Ce serait d’ailleurs le meilleur service qu’elle pourrait rendre à la culture populaire bretonne, massacrée par les identitaires bretons.

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Société

L’affaire Mila, ou la déconnexion des identitaires musulmans et LGBT

La France est divisée en deux : il y a ceux qui consomment stupidement et ceux qui tentent de se forger une identité fictive, forcément romantique et agressive. L’affaire Mila est exemplaire de la bulle identitaire côtoyant la banalité d’un quotidien capitaliste où il ne se passe strictement rien.

Les gens sérieux regardent l’affaire Mila de haut, avec dédain, même. Interrogée à la télévision dimanche, Ségolène Royal a ainsi eu des propos très sensés :

« Critiquer une religion, ça n’empêche pas d’avoir du respect, ça n’empêche pas d’avoir de l’éducation, de la connaissance, d’être intelligent par rapport à ce qu’on dit. Une adolescente, qui est peut-être encore en crise d’adolescence, si elle avait dit la même chose sur son enseignant, sur ses parents, sur sa voisine, sur sa copine, qu’est-ce qu’on aurait dit ? On aurait dit simplement : « un peu de respect » ».

Ségolène Royal a évidemment une approche dédaigneuse, mais le fond est vrai : tout est une question de niveau culturel, de niveau de conscience. Qui veut une société réellement démocratique, avec le peuple assumant la politique, toute la politique, sait quel est le titanesque travail de conscientisation à mener…

Inversement, l’affaire Mila est passionnante pour les donneurs de leçons d’ultra-gauche (qui sont souvent des profs), pour les identitaires anti-musulmans et les identitaires musulmans. Tous ces gens cultivent leurs aigreurs et, il faut bien le dire, leur marginalité. La société n’en a effectivement rien à faire de leurs élucubrations.

Rappelons les propos de Mila, prononcés dans une « story » Instagram (soit une vidéo éphémère mais publique) :

« Je déteste la religion. Le Coran est une religion de haine, l’islam c’est de la merde, je dis ce que je pense ! Je ne suis pas raciste. On ne peut pas être raciste envers une religion. J’ai dit ce que j’en pensais, vous n’allez pas me le faire regretter. Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. »

Voici une capture vidéo de ce message éphémère :


C’est brutal, mais bon il faut ne pas avoir été en couple pour ne pas savoir ce qu’on est capable de se jeter à la tête. Surtout en France, pays du psychodrame où on considère que mener sa petite dramaturgie est un signe de bonne santé.

La différence, c’est bien sûr la portée identitaire de la question. Mila est lesbienne, elle a tenu ses propos en réponse à la critique selon laquelle elle serait raciste pour avoir rejeté quelqu’un la draguant lourdement (et avoir précisé un peu avant que le style « reubeu » ce n’était pas son genre), en réponse les identitaires musulmans la menacent de manière ultra-violente, elle ne peut plus aller à l’école en conséquence, etc.

C’est donc une passion et à ce titre passionnant. Mais cela n’est rien du tout en réalité et c’est simplement un fait-divers typique de gens idiots s’attardant sur des choses idiotes, par profond goût pour l’idiotie.

Bien sûr, pour les gens ayant à l’esprit la fantasmagorie selon laquelle les musulmans sont traqués, pourchassés en France, c’est un signe. Pour les autres ayant à l’esprit la fantasmagorie selon laquelle l’islam est conquérant, c’est un signe. Pour les gens ayant à l’esprit la fantasmagorie selon laquelle les LGBT seraient rejetés ou haïs en France, c’est un signe.

Mais ce n’est un signe de rien du tout à part pour ceux ayant basculé dans le romantisme identitaire pour se distinguer de l’anonymat universel de la consommation capitaliste. Cela n’empêche pas que madame X fasse ses courses à Louis Vuitton, que monsieur Z achète des actions, que madame Y aille à l’usine et que monsieur V se demande comment il va faire pour acheter la prochaine Playstation vu son prix.

Non, parce qu’on ne va tout de même pas s’imaginer que c’est un épisode de la lutte des classes, et puis quoi encore ! C’est simplement une expression de la décadence du capitalisme et des gens qui l’acceptent. Il y a ceux qui l’acceptent passivement, qui vaquent à leurs occupations, et ceux qui l’acceptent activement en s’imaginant rebelles et qui pratiquent des orgies de vulgarité pour satisfaire leur quête réactionnaire d’identité.

L’effondrement de la culture, voilà ce que représente l’affaire Mila. C’est exemplaire du triomphe de la futilité, de l’agressivité identitaire, du fanatisme identitaire contre telle chose, pour telle chose, et jamais, jamais de réflexion, d’effort intellectuel prolongé, et toujours sa petite personne mise en avant, toujours…

La société capitaliste est un échec complet, toujours plus !

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Politique

Convention de la Droite : identitaires et Gauche post-moderne contre l’universalisme

Eric Zemmour, le polémiste aussi précis à l’oral qu’extrêmement mauvais à l’écrit, a assumé la position identitaire lors de la convention de la Droite hier. L’ennemi, c’est l’universalisme : « l’universalisme marchand » et « l’universalisme islamique ».

Maintenant, si on est à Gauche et qu’on a de la culture, alors on comprend une chose très simple : « l’universalisme marchand » + « l’universalisme islamique » = le Socialisme. Car le Socialisme, c’est d’un côté une économie si riche qu’elle a universalisé les rapports entre les gens et de l’autre un régime politique hyper normé et réglé.

L’Islam n’est ainsi qu’une caricature communautaire et spiritualiste du Socialisme. Son succès n’est qu’une déviation temporaire, un accident historique de l’affirmation du seul universalisme possible : le Socialisme à l’échelle planétaire.

C’est de cela dont a peur Eric Zemmour, qui prône par conséquent les identités contre l’universalisme. La Gauche post-moderne fait de même, en prônant non pas les identités, mais les individus. Les deux discours se nourrissent l’un de l’autre, en cherchant à mettre le Socialisme sur la touche. Et ils y sont parvenus. Mais plus pour longtemps.

En effet, le capitalisme se mange lui-même et les tendances militaristes se renforcent comme jamais. Les gens vont être de plus en plus mécontents de toutes façons d’une société toujours plus dérégulée et aux salaires toujours plus bas pour la grande majorité. Il va donc y avoir un basculement.

Un tel basculement ne se fera jamais dans le camp du libéralisme, tant économique que culturel. Les gens ne comptent nullement « déconstruire » la civilisation, seule une infime minorité, avant-garde de l’ultra-capitalisme, est favorable à cela. Il se fera donc vers la Droite, d’où d’ailleurs la Convention de la Droite, qui vise à préparer les modalités de ce basculement.

> Lire également : «Convention de la Droite» le 28 septembre : l’affirmation d’un néogaullisme conquérant avec Marion Maréchal comme figure de proue

La Gauche, pour faire face à ce défi, doit écraser les variantes post-modernes, post-industrielles, post-nationales, pour qui le capitalisme n’existe pas et pour qui la conquête des « droits individuels » est l’alpha et l’oméga de l’intervention sociale. Tant qu’il y aura les bobos et des gens niant l’existence des hommes et des femmes pour pourrir la Gauche aux yeux du peuple, tout sera plombé.

Ce vaste ménage à faire n’est pas gagné du tout : le libéralisme culturel, depuis la promotion de l’art contemporain totalement méprisé par le peuple jusqu’à la PMA pour toutes, voire la GPA, a corrompu à un tel point qu’il est pratiquement entièrement hégémonique. Il faudrait les ouvriers pour balayer cela. Seulement voilà, les ouvriers, quand ils s’expriment, sont souvent happés par la démagogie nationaliste.

Tout cela demande donc du temps, sauf que le temps on ne l’a pas. Dans tous les pays, le curseur est à la bataille pour le repartage du monde et sur le ring on a déjà les Trump, Xi Ping, Bolsonaro, Duterte, Poutine, etc. Tout va donc se jouer dans les prochaines années, en comptant qui plus est qu’une fois les délires post-industriels écrasés, il faudra faire face à un ennemi historique d’une autre envergure : le nationalisme, le militarisme, le Fascisme, dont la convention de la Droite hier était une étape importante de la structuration en France.

C’est un sacré défi propre à paralyser les esprits lâches, les âmes endormies par leur confort matériel. Mais il a de quoi galvaniser ceux qui savent que l’Histoire a un sens.