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Statue de Colbert: la provocation fasciste de la «Brigade antinégrophobie»

En taguant « négrophobie d’État » sur le socle de la statue de Jean-Baptiste Colbert devant l’Assemblée nationale et en la maculant de peinture rouge, la « Brigade antinégrophobie » sert de provocateur fasciste afin de détourner l’attention de la crise, alors que d’intenses luttes de classe se profilent.

Le capitalisme américain se casse la figure et on en a un reflet déformé, malsain, en France. Loin de représenter une africanité passée, les « anti-négrophobie » sont à la pointe de la modernité ethno-différentialiste, avec d’ailleurs une prétendue ethnie « noire » aussi absurde que le concept de « blanc ».

Les « anti-négrophobie » argument que Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, est à l’initiative de l’édit de mars 1685 pour la police des îles françaises d’Amérique, surnommé vulgairement le « code noir », qui précise le statut des esclaves dans les colonies françaises. Cependant, résumer Colbert à cela n’a strictement aucun sens, et d’ailleurs le colonialisme est propre à une époque, pas à une personne.

Il suffit de lire le début de l’édit :

« LOUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre : À tous, présents et à venir, SALUT. Comme nous devons également nos soins à tous les Peuples que la Divine Providence a mis sous notre obéissance, Nous avons bien voulu faire examiner en notre présence les mémoires qui nous ont été envoyés par nos Officiers de nos Îles de l’Amérique […] pour y maintenir la discipline de l’Église catholique, apostolique et romaine, pour y régler ce qui concerne l’état et la qualité des esclaves dans nos dites îles […] ».

On a un roi nommé par Dieu, qui possède des territoires et à qui tout le monde doit la soumission : c’est la monarchie absolue. Mais les « anti-négrophobie » ne sont pas là pour saisir cette question historique, ils sont là pour mettre de l’huile pour le feu.

Le comité « justice pour Adama » et la mouvance des « Indigènes de la République » en général, ont cherché avec un certain succès à surfer sur l’affaire George Floyd aux États-Unis. Maintenant que tout cela se tasse grosso modo, ils viennent en rajouter dans le chantage émotionnel.

Leur but est subjectivement de dénoncer la « négrophobie », terme ne voulant rien dire dans un pays comme la France dont la capitale est Paris. Objectivement, il s’agit de provocateurs fascistes cherchant à détourner l’attention des conditions concrètes de l’économie et du grand conflit entre les classes qui se profilent.

La « Brigade antinégrophobie » converge avec les voix qui veulent un retour à la normale, qui veulent qu’on oublie que le Covid-19 est encore là, qu’il procède d’une crise écologiste, que l’économie capitaliste va connaître une crise sans précédent.

Le but est de parler de la « lutte des races » et non de la lutte des classes, de diviser les travailleurs en faisant de questions secondaires une question principale, une obsession. Cette manière de faire jouer la couleur de peau alors qu’il faut l’unité populaire face aux restructurations capitalistes à venir rend évident le rôle politique de cette affaire. On est en train de perdre un temps fou avec ces histoires, au lieu de préparer un affrontement d’une grande brutalité qui commence à s’installer.

Il ne s’agit pas tant de considérer que la « Brigade antinégrophobie » intéresse les gens. Cependant, elle attire l’attention, elle la détourne, elle parvient relativement à faire oublier la réelle actualité, alors que déjà le Medef dit que l’économie repart. On va en réalité dans le mur et il va falloir payer la casse. Soit ce sont les bourgeois qui payent, soit ce sont les couches populaires.

La « Brigade antinégrophobie » est, avec un tel arrière-plan, clairement une partie du problème, pas une partie de la solution. C’est un outil du capitalisme pour prétendre tout changer en ne changeant rien. C’est « Babylone » cherchant à maintenir le mode de vie destructeur, c’est l’auto-défense d’un système à l’agonie.

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Manifestation «anti-raciste» contre… le PCF

On peut penser ce qu’on veut du PCF, qu’il est moderne ou réformiste, social-impérialiste ou progressiste. Il n’est en tout cas pas raciste du tout et l’initiative « indigéniste » contre lui en dit long sur comment toute cette scène postmoderne crache sur le mouvement ouvrier.

L’initiative part de Madjid Messaoudène et il n’y a eu qu’une trentaine de personnes, mais ce n’est pas n’importe qui et le lieu choisi – le siège parisien du PCF à Paris place du Colonel Fabien – est exemplaire.

Madjid Messaoudène est en effet un des acteurs majeurs de la fameuse marche contre « l’islamophobie », qui a été une véritable initiative anti-Gauche. À ses côtés devant le siège du PCF, on trouvait Youcef Brakni du collectif « Justice pour Adama » et Omar Slaouti, un intellectuel majeur de la mouvance des « Indigènes de la République ».

Ces gens ont été biberonnés par la Gauche puis sont passé dans le camp postmoderne, Madjid Messaoudène en étant un cas emblématique. Élu conseiller municipal de Saint-Denis sur la liste Front de Gauche, il est également « délégué à l’Égalité femme/homme, la lutte contre les discriminations, l’égalité des droits, et les services publics » de cette ville.

Cependant, le maire qui l’a nommé, Laurent Russier, du PCF, ne veut cette fois pas de lui. Il était sur la liste électorale de La France Insoumise et le maire PCF veut bien d’une fusion des listes, mais sans lui.

Une indignation bien tardive, alors que Madjid Messaoudène a été un sacré pyromane « indigéniste », notamment marqué par ses messages méprisants et ignobles au moment des meurtres commis à Toulouse, contre des enfants juifs.

Et une réaction tardive qui se paie cher, puisque jouant inlassablement la victime, Madjid Messaoudène a accusé le maire PCF d’être somme toute à la solde du « racisme ». Et il a, dans son initiative ridicule et clairement anti-Gauche avec une tribune à Médiapart, eu l’appui de l’ex-footballeur Vikash Dhorasoo (qui a été candidat de La France Insoumise à Paris aux municipales), évidemment de l’activiste Taha Bouhafs, de la tête de liste La France Insoumise de Saint-Denis Bally Bagayoko, de l’historienne agrégée Mathilde Larrère, etc.

On lit notamment dans la tribune :

« Nous dénonçons ouvertement le racisme qu’a subi Madjid Messaoudene de la part du maire de Saint-Denis et de son équipe. Finalement, il est reproché à cet élu d’avoir initié ou aidé dans des cadres collectifs la lutte contre le racisme et pour l’égalité, c’est en soi du racisme. »

C’est là ridicule, mais c’est surtout un chantage. Les milieux indigénistes ont largement été soutenu par la Gauche électoraliste, avec un deal : vous nous ramenez des voix, on vous donne des places bien au chaud et vous serez rémunéré tout en continuant vos activités. La Gauche électoraliste pensait qu’elle aurait toujours le dessus, car au-dessus des municipalités elle a une dimension gouvernementale. Elle considérait que jamais les milieux postmodernes ne réussirait à les déborder.

Le pari a non seulement été une trahison des valeurs de la Gauche historique, mais aussi une puissante sous-estimation du néo-féodalisme propagé par les religions, ainsi que la dimension dévastatrice du relativisme des milieux postmodernes. C’est cela qui a amené des gens comme Madjid Messaoudène (ou Taha Bouhafs, ou le collectif « La vérité pour Adama ») à disposer d’un écho très important alors qu’ils ne représentent rien.

Si le PCF avait pourtant de la dignité, il aurait dû faire une chose simple : amener deux cent personnes place du Colonel Fabien et violemment éjecter des activistes cherchant à démanteler la Gauche en la dénonçant comme « raciste », en cherchant à la pourrir de l’intérieur. Cependant le PCF n’est plus en mesure d’agir ainsi, car lui-même est passé dans le camps postmoderne culturellement. Là est le drame. C’est, objectivement, une humiliation, mais pas que du PCF, mais bien de toute la Gauche, malmenée par les activistes postmodernes, « décoloniaux », pro-Islam, relativistes, n’ayant aucun rapport ni de près ni de loin avec le mouvement ouvrier.

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Le post-gauchisme et l’idéologie identitaire-communautariste

Toute la galaxie identitaire-communautariste ne tombe pas du ciel ; elle est à la fois un produit et un prolongement du post-gauchisme.

Il reste à écrire comment les milieux du syndicat anarcho-syndicaliste CNT et de la Ligue Communiste Révolutionnaire trotskiste ont été dans les années 2000 puissamment travaillé au corps par l’idéologie identitaire-communautariste.

Cependant, il reste également à écrire comment le post-gauchisme des années 1970 a servi d’incubateur. La biographie Wikipedia de Guy Dardel est ici tout à fait exemplaire de tout un mouvement de décadence, où la volonté de faire la « révolution » s’efface devant l’agitation permanente à travers la quête du « sujet révolutionnaire » du moment, pour devenir enfin le culte d’une rébellion identitaire-communautariste.

« Présenté dans plusieurs rapports des Renseignements généraux comme le chef de la bande de Rueil-Malmaison. De 1970 à 1973 il est actif au sein de La Cause du peuple et du Secours Rouge Puteaux avant de participer à partir de 1976 à l’émergence du Mouvement autonome en France avec la création en 1977 du collectif « Offensive et autonomie » proche du groupe réunis autour de la revue Camarades de Yann Moulier Boutang. Il est alors politiquement et idéologiquement proche du courant dit de l’operaïsme italien et de son dirigeant Oreste Scalzone Début des années 1980, il Participe et organise le soutien en France de centaine de réfugiés Italien fuyant la répression.

À partir de 1985, Guy Dardel anime l’émission à destination des prisonniers Parloir libre sur Radio Montmartre, puis radio tomate et Lucrece. En 1986, il participe à la création de Prolétaires pour le communisme puis du Comité des mal-logés. l’année suivante il participe à la fondation du « Comité national contre la double peine » et du collectif « résistance des banlieues », avant de fonder Fréquence Paris Plurielle en 1992, puis le Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB) en 1995. Il est encore en 2020 administrateur de FPP 106.3FM. »

Le Comité des mal-logés a été un moment très important de la lutte du milieu des années 1980 (les « Maliens de Vincennes ») et c’est un tournant dans le post-gauchisme. La « galaxie » autonome devient ouvertement post-autonome et c’est de là qu’émerge des initiatives comme le MIB, cohérentes, authentiques, mais en réalité sur une pente historique menant à l’idéologie identitaire-communautariste par manque complet de perspective en raison du rejet complet du mouvement ouvrier.

Marginale, cette approche va connaître un saut qualitatif avec l’émergence post-moderne dans les universités et l’apparition d’une petite-bourgeoisie immigrée cherchant un levier pour faire pression dans la société. Il faut également mentionner l’appui idéologique d’États comme l’Algérie, c’est-à-dire de dictatures infâmes jouant sur la corde « anti-coloniale » pour se légitimer. C’est cela qui donne les Indigènes de la République, fer de lance de l’idéologie identitaire-communautariste.

Il y a eu un véritable détournement du post-gauchisme, mais un détournement largement accepté au nom de la quête de la figure rebelle du moment. Les choses auraient pu d’ailleurs tourner tout autrement, mais pour cela il aurait fallu assumer la Gauche historique, ce dont les post-gauchistes ne voulaient cependant plus entendre parler, l’assimilant au PCF et à la CGT.

Et voilà comment des gens voulant réactiver la « révolution » au sein du mouvement ouvrier se sont transformés en outils pour des groupes de pression petit-bourgeois.

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La tribune existentialiste «Pourquoi j’ai honte d’être blanche»

Une étudiante belge a publié une sorte de petit manifeste existentialiste reprenant à son compte la rhétorique des « Indigènes de la République ». C’est un exemple excellent et pathétique de la folie identitaire de la « gauche » postmoderne.

À la base le texte a été publié sur le média belge lalibre.be, comme « contribution externe », avant d’être enlevé au motif suivant :

« Suite à de nombreuses insultes envoyées à l’auteure de cette opinion, cette dernière a préféré ne plus signer ce texte.

Nous supprimons donc ce texte, et reviendrons sur les questions qu’il soulève dans un débat contradictoire ces prochains jours.

La Rédaction »

La personne à l’origine de cette tribune est Juliette B., une étudiante en première année de Sciences Politiques à l’Université de Liège qui, évidemment, s’est faite atomisée en retour. Tant la France et la Belgique sont des pays en effet où la lutte de classes a été très forte et les discours racialistes ne peuvent pas passer comme une lettre à la poste.

On sait ce qu’est la réalité et les « révélations » mystiques dans l’esprit de la déconstruction à la Michel Foucault et à la Frantz Fanon passent pour des lubies. On sait où est la réalité et elle n’est pas dans la tête des « social justice warriors » qui sont des caricatures inversés de l’extrême-Droite.

L’approche philosophique hors-sol à l’anglo-saxonne, ce délire universitaire de petits-bourgeois de centre-ville, n’arrive heureusement pas à s’imposer, et pourtant on sait à quel point il est acide, agressif, harcelant, conquérant, vindicatif !

Voici le texte de Juliette B., qui mélange l’existentialisme à l’absurde par l’absence de sens à certains de ses propos très décousus d’ailleurs :

« Aujourd’hui, j’ai eu une révélation. Elle m’est apparue comme un éclair de génie après quelques jours d’un malaise opaque. En effet, depuis la mort de George Floyd et le scandale international qui en a découlé, j’avais comme une gêne qui se déplaçait dans mon corps, un noeud, un manque de fluidité, quelque chose d’handicapant que je n’arrivais pas à sonder. Je l’ai laissée dormir pendant quelques jours mais celle-ci a fini par grandir et par exploser aujourd’hui…

Puis, aujourd’hui, se sont alignés ces 6 mots : “J’ai honte d’être blanche”. C’était ça, ce sentiment que j’aurais préféré laissé endormi. Je me suis sentie comme membre d’une famille gênante dont on préfèrerait ne pas faire partie. Je ne me suis pas sentie coupable de l’attitude gênante de cette famille de Blancs, juste honteuse, avec une folle envie de disparaître pour ne plus être associée à elle.

Tous ces gens qui plaident pour l’existence du racisme anti-blanc et qui nous rappellent qu’il existe des policiers gentils ne sont-ils pas mal à l’aise ? Ne ressentent-ils pas la même honte que moi quand ils osent accaparer le débat de manière aussi indécente ?

Si le monde était la salle d’attente des urgences et que l’état physique des patients était proportionnel au taux de discriminations raciales qu’ils subissent, les Blancs auraient une égratignure au genou tandis que les personnes racisées auraient tous les membres fracturés, les deux poumons perforés et seraient en train de se vider de leur sang. La moindre des politesses dans ce cas, c’est de se taire avec sa pauvre égratignure au genou et pas d’essayer de crier plus fort que les plus amochés.

En réalité, la honte, c’est tout le problème et toute la solution. Les Blancs ne veulent pas la voir, c’est pourquoi ils utilisent tous les moyens possibles pour se défendre quitte à s’enfoncer dans la malhonnêteté intellectuelle la plus ridicule.

Cependant, associée à une bonne dose de courage, la honte est l’antithèse nécessaire, un moteur même. Une fois que l’on a eu le courage de l’accepter, il nous prend le besoin viscéral de ne plus être honteux. Il nous est désormais impossible de reposer notre ego sur notre blancheur, notre “fierté raciale” tant celle-ci est teintée d’autohumiliation.

J’ai honte d’être blanche, je le répèterai haut et fort, n’en déplaise à l’ego d’un certain nombre de Blancs fiers de l’être.

J’ai honte d’être blanche, retenez bien ça. »

Ce texte ressemble comme une goutte d’eau dans sa démarche à celui écrit par Virginie Despentes et lue sur France Inter, « Lettre adressée à mes amis blancs qui ne voient pas où est le problème… », qui développe le même thème de la « honte » d’être blanc.

Elle tente un portrait caricatural en commençant ses phrases par « En France nous ne sommes pas racistes mais », comme cette première phrase à la fois fausse et racialiste :

« En France nous ne sommes pas racistes mais je ne me souviens pas avoir jamais vu un homme noir ministre. Pourtant j’ai cinquante ans, j’en ai vu, des gouvernements. »

En même temps qu’attendre de Virginie Despentes, la parfaite représentante de la décadence esthétisée par les bobos et n’ayant rien à proposer que du nihilisme. Car c’est bien de cela dont il s’agit, de la fin d’une époque, avec des gens s’agitant… pour ne surtout pas changer le monde.

Le racialisme est un terrible piège et il faut le mettre en pièces !