La grande actualité économique de l’année 2023 est évidemment l’inflation. Celle-ci est gigantesque, particulièrement si l’on regarde en détail les postes de dépenses majeurs des familles : logement, énergie, alimentation, carburant.
L’indice des prix à la consommation de l’INSEE en France donne environ 5 % d’inflation sur un an en septembre 2023. Mais ces chiffres sont donnés de manière statistique et pondérée, en incluant une grande variété de choses. Cela ne donne qu’une idée vague de la réalité et cela minimise en général la pression financière réelle pour les familles les plus modestes, et même celles au niveau de vie moyen.
Il faut donc regarder plus en détail pour voir apparaître la réalité. Celle-ci est brutale, marquant un changement évidemment d’époque et de situation.
En septembre 2023, les prix des produits de grande consommation vendus dans la grande distribution augmentent de 10,2 % sur un an. C’est une pression constante : +14,6 % en mai, +10,9 % en août, +12,5 % en juillet, +13,8 % en juin…
En considérant l’ensemble des points de vente (pas uniquement la grande distribution), les prix des produits de grande consommation en septembre 2023 sont en hausse de 10,3 % sur un an, après +11,2 % en août.
En ce qui concerne les loyers pour le logement, les augmentations sont plafonnées par la loi à 3,5 % (ce qui est déjà beaucoup) ; sans ça, ce serait la catastrophe pour les locataires. Dans une ville comme Paris, un ouvrier ne peut tout simplement pas se loger, à moins d’accéder à un HLM.
Il en est de même pour le carburant, dont l’augmentation à été plafonnée par l’État en dessous des deux euros par litre, pour éviter des envolées stratosphériques, qui se produiront quand même à un moment.
En ce qui concerne l’électricité (la plupart des familles en France se chauffent et chauffent leur eau chaude à l’électricité), la facture va être salée pour l’hiver : les prix ont augmenté de 10 % en août 2023.
Mais pour les familles qui se chauffent au gaz, la situation n’est pas meilleure : l’augmentation est de 15 %, et encore cela est-il freiné par l’État.
Il est souvent expliqué que tout cela est la faute des Russes avec la guerre en Ukraine, ou encore de la pandémie de Covid-19. En réalité, ce sont les grandes entreprises, qui sont des conglomérats monopolisant leur secteur d’activité, qui mettent une pression gigantesque sur les prix.
Il y a une pression pour maintenir ou développer des marges immenses et garantir un niveau de vie très élevé à toute une armée de cadres dirigeants. On parle ici de millions de gens vivant dans des grandes appartements et des grandes maisons, roulant dans de grosses voitures, dépensant sans compter dans le luxe, les restaurants, les voyages, etc.
Il ne s’agit pas ici de faire dans la caricature et le populisme anti-riche de bas étage, mais bien de décrire la réalité. C’est de cela qu’il s’agit : la pression sur les prix pour les familles est inversement la possibilité de revenus immenses pour tout un tas de gens déjà riches.
Pour comprendre les choses plus en détail, on peut aller lire du côté des communistes du PCF (mlm) une analyse poussée et scientifique de la question, avec la nouvelle série d’articles « Karl Marx et l’inflation ». Il est expliqué comment les monopoles exercent et maintiennent une pression artificielle sur les prix.
« L’exemple le plus fameux de hausse artificielle est naturellement Apple, dont les produits voient leur prix ne cesser de croître, sous prétexte d’améliorations plus ou moins fictives. L’inflation s’appuie clairement sur un marché captif et la mode sert de masque pour un « progrès » provoqué artificiellement.
Ce phénomène est présenté par certains philosophes, dont Martin Heidegger est le plus connu, comme une conquête du monde par la technique. La technique envahirait la société humaine et la déformerait. En réalité, c’est l’idéologie de la technique qui est à l’œuvre, avec des modifications artificielles ou relevant de la mode pour « justifier » une inflation.
Et il y a une dimension commerciale dans la démarche qui consiste très clairement en une régression. Ce jeu sur la hausse des prix reflète une tendance au monopole associé à une logique commerciale, ce dont tout le monde s’aperçoit bien – et cela montre que d’un côté on est arrivé au monopole, et qu’en même temps le capitalisme ramène en arrière, à une logique féodale d’arrachage forcé.
Le capitalisme est mûr pour l’effondrement, à un tel stade. »
En 2023, les Français sont loin d’être pauvres. Ils ont une marge gigantesque avant de se soucier réellement de devoir se nourrir et se chauffer. Il n’en reste pas moins que le niveau de vie baisse et va baisser drastiquement. La grande promesse capitaliste de la consommation à outrance pour tous s’effrite très clairement.
On ne va pas regretter le vieux monde. Qu’il s’effondre ! Tant mieux ! Mais soyons clairs : ce sont les prolétaires ayant cru en les mirages capitalistes, avec leur pavillon de banlieue (ou de campagne devenue banlieue), leur deux voire trois voitures par foyer… qui vont payer l’addition. Et plus ils seront dans l’amertume, pour ils se tourneront vers le nationalisme et les fausses promesses populistes (de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen), et moins ils s’en sortiront.
C’est tout qui est à revoir, et pas seulement les salaires pour compenser l’inflation. Il faut chambouler la vie quotidienne, il faut renverser les grands monopoles du capitalisme. Pour cela, il faut des mentalités nouvelles, assumant ouvertement le Socialisme. Et c’est historiquement inévitable !