Catégories
Rapport entre les classes

Le capital de Marx: l’intelligence ou rien

Le capital de Karl Marx est un ouvrage à la fois très long et très complexe. La question se pose ainsi : cette œuvre était-elle nécessaire ou non ? La réponse est bien évidemment oui. Tous les gens de gauche en France le reconnaîtront. C’est un minimum.

Cependant, il y a une incohérence qu’on voit tout de suite. Tout d’abord, Le capital de Karl Marx n’est pas lu. Les gens de gauche ne s’y intéressent pas. L’œuvre est considérée comme de nature trop économique ou philosophique, et bien trop longue. Tout le monde sait que lire cette œuvre représente un travail prolongé et acharné, et personne ne veut s’y mettre.

Ensuite, strictement rien n’est fait pour aller dans le sens de l’intelligence de l’œuvre. Le capital de Marx est vu comme une œuvre abstraite, qu’il faudrait opposer au travail concret. Par conséquent, il est dit qu’il faut faire du syndicalisme… Ou bien unir un maximum de principes sur quelques principes de base, pour ne pas être sectaires… On peut lire Le capital de Marx si on veut, mais cela ne peut être qu’un à-côté, quelque chose d’éventuellement utile, mais à la marge. L’intelligence est mise de côté.

Ce qui se reflète ici, c’est une position de classe. Le refus de l’intelligence, c’est le refus petit-bourgeois d’assumer une pensée systématique, une démarche complète, une idéologie parfaitement développée. Le petit-bourgeois se prétend humble, alors qu’il est sceptique ; il s’imagine ouvert d’esprit, alors qu’il est borné.

Si on accepte en effet les ressorts dialectique qu’on retrouve dans Le capital de Marx, alors rien ne laisse en effet de place au doute. Il y a la bourgeoisie, et le prolétariat, et c’est le conflit. Qui a intérêt à temporiser, à relativiser ce conflit? La petite-bourgeoisie. Qui a intérêt à atténuer l’affrontement, à arrondir les angles? La petite-bourgeoisie. Qui a intérêt à faire de l’œuvre de Karl Marx une simple inspiration, en mettant de côté l’intelligence que cela représente : la petite-bourgeoisie.

Qui a intérêt à dire : « oui, mais » ? Le petit-bourgeois français, qui relativise tout, qui ne veut surtout pas de l’intelligence. Le petit-bourgeois veut rester incomplet, il fait donc tout pour le rester.

S’il n’y avait que la bourgeoisie, les luttes de classes seraient toujours polarisés, les idées s’amasseraient d’un côté et de l’autre, dans le bon sens et dans le mauvais. Mais dans l’occident profitant du 24h sur 24 du capitalisme, il y a une immense petite-bourgeoisie, y compris de type intellectuel. Il y a une armée d’enseignants, et leur esprit est tourné vers le relativisme français, le « doute cartésien ».

Cela ne veut pas dire que les petits-bourgeois ne peuvent pas avoir une immense prétention. Ils sont vantards, comme on le sait, c’est un trait petit-bourgeois. Et il arrive souvent que les petits-bourgeois soient aisément pris de rage (comme le décrit très bien Lénine dans une fameuse citation). Ils font du bruit, parfois beaucoup de bruit, ils prétendent de grandes choses, mais dans les faits ils sont mesquins, sans profondeur, sans aucune envergure et surtout, ils n’en veulent pas.

Affiche soviétique : « deux classes – deux cultures »

L’intelligence – et l’intelligence, la vraie, est toujours une intelligence pratique – amène à contester, à se rebeller, à faire fonctionner sa matière grise de manière ininterrompue. Elle ne réduit pas à quelques dénominateurs communs, elle ne saccage pas la grandeur au profit de médiocres petits gains. L’intelligence, quand elle est vraie, s’expose, s’affirme. Elle expose les faits, elle les explique ; elle fournit les réponses, car elle sait bien poser les questions.

L’intelligence ne peut donc qu’être produite par le prolétariat, car le prolétariat exige l’Histoire et il n’y a pas d’intelligence qui ne puisse provenir du courant de l’Histoire, du flux des transformations ininterrompus à travers les siècles, les millénaires. Oui, il faut être compliqué, oui il faut la qualité, non il ne faut pas se réduire à la quantité en simplifiant, et d’ailleurs une telle démarche ne même de toutes façons pas !

Seule l’intelligence profite de la richesse inépuisable de la réalité. Seule l’intelligence permet de saisir la portée de toute situation, et de ne pas chercher une vaine fuite individuelle. La bourgeoisie veut supprimer le fond de l’intelligence : le socialisme ; la petite-bourgeoisie veut supprimer la forme du socialisme : l’intelligence. A nous d’être à la hauteur pour affirmer l’intelligence de l’époque, l’intelligence du prolétariat, l’intelligence du Socialisme.

Affiche soviétique : « Mon ami, consacrons nos âmes à la Patrie avec de merveilleux élans »
Catégories
Nouvel ordre

2024 : la bataille de l’intelligence !

La Gauche historique a toujours dit que ce qui compte, c’est la conscience, première étape à l’organisation et à la lutte. Ce n’est pas « on lutte, on s’organise et ensuite, on prend conscience », mais l’inverse : c’est parce qu’on prend conscience qu’on s’organise et qu’on lutte.

Comme on le sait, le syndicalisme dit le contraire de la Gauche historique. Et c’est exactement ce même syndicalisme qui a produit le fiasco complet de la lutte contre la réforme des retraites en 2023. Un gâchis immense d’énergies et d’espoir, tout ça pour rien, car le syndicalisme ne fait qu’accompagner le capitalisme, il n’arrive pas à avoir une autre perspective, un autre regard.

Pour une autre perspective, il faut de l’intelligence, de la culture, cela ne s’improvise pas, cela demande du travail, c’est cela seulement qui permet d’avoir des ambitions, de l’envergure. Écrire l’Histoire, raisonner en décennies et en millions de personnes, voilà ce qui caractérise la pensée du Socialisme, qui définit l’ensemble de ses activités qui doivent s’inscrire dans le temps et non pas dans l’éphémère de « l’action pour l’action ».

Sergueï Loutchichkine, Défilé au stade Dynamo, URSS 1936-1937

2024 va être une année où ce sera justement la bataille de l’intelligence, car les défis sont immenses. Dans la société française, c’est le grand nivellement par le bas dans un capitalisme qui se ratatine. Les esprits deviennent mesquins, alors que c’était déjà médiocre. La culture est rejetée à la marge, le quotidien de la consommation l’emportant partout.

Désormais, le capitalisme est incapable d’éduquer en fournissant des valeurs historiques, des principes universels, une dimension collective. Eh bien, c’est justement là où il faut être au niveau, c’est précisément là que le drapeau du Socialisme se lève, au nom d’une nouvelle civilisation. C’est le Socialisme, ou le retour à la barbarie, et un retour en arrière est par définition impossible, alors cela doit être le grand saut, non pas vers l’inconnu, mais vers la République socialiste mondiale.

On en est affreusement loin pour l’instant – mais sur le plan de la maturité historique, on en est prêt comme jamais. Le développement d’internet et la pandémie ont été deux grands facteurs d’unification mondiale, les échanges internationaux sont immenses dans tous les domaines. Unifier l’humanité est possible, et c’est nécessaire pour une prise de conscience de sa place au sein de la planète Terre comme Biosphère. Une révolution mondiale est nécessaire, touchant l’humanité dans ce qu’elle a de plus profond.

Alexandre Deïneka, Course de relais, URSS 1947

Il faut tenir en 2024, tel doit être le mot d’ordre. La société française va se retrouver dans le doute, dans l’errance, les esprits vont être corrodés, désarçonnés, tout promet d’être très troublé. Il faut, dans une telle situation, être comme un phare, pour reprendre l’expression classique du mouvement ouvrier. C’est la nuit et le navire de l’Histoire avance, il profite du phare de l’intelligence pour aller au Socialisme.

Il ne s’agit pas de donner des points de vue, mais les points de vue ; il ne s’agit pas de dire des vérités, mais d’exprimer la vérité, car il n’y en a qu’une. Ce n’est pas que le monde est noir ou blanc, c’est que la solution aux problèmes est rouge et que la fausse solution est noire. Nous avons besoin d’un nouvel ordre, d’un État socialiste, d’une société organisée, liquidant le libéralisme, et dans chaque domaine, il y a la ligne rouge et la ligne noire.

Vladimir Prochkine, Dans les airs, 1937

Ainsi, en 2024, il faudra s’attendre à ce que le capitalisme et ses alliés fassent encore plus la guerre à l’intelligence. C’est inévitable, car le capitalisme est obligé de tout faire pour empêcher l’émergence d’une conscience historique saisissant la nécessité du Socialisme.

Le capitalisme veut maintenir les gens dans la consommation superficielle, dans des considérations étroites à court terme, dans une absence de compréhension du sens de l’Histoire.

2024, c’est donc le défi du maintien de l’intelligence, pour son développement, son élargissement, sa victoire. Le capitalisme en décadence ne va avoir de cesse de proposer quantité de démarches simplistes, sans profondeur, sans caractère ni personnalité… Le Socialisme proposera la qualité, avec des démarches approfondies, porteuses d’épanouissement et de complexité. C’est pourquoi, nous vous disons: lisez et diffusez agauche.org !