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Nouvel ordre

L’humanité n’aura plus qu’un pays, qu’une seule langue

C’est le sujet le brûlant de l’humanité actuelle et, pour cette raison, il a totalement disparu des discussions. C’est un paradoxe dialectique qui montre que l’Histoire est prête!

Si vous demandez à quelqu’un si la France existera encore dans 500 ans, il vous répondra oui. S’il y aura encore des blancs et des noirs, il dira oui. Tout au plus y aura-t-il la reconnaissance que des choses puissent arriver, que certains pays peuvent donc disparaître.

Mais l’idée d’une humanité unifiée au niveau mondial a totalement disparu. Cet idéal des Lumières, de la Gauche historique s’est évaporé. Pour les gens, c’est même inconcevable.

Et en même temps, l’humanité n’a jamais été autant mélangée, métissée, « mondialisée » que ces trente dernières années. Rien que la pandémie, vécue consciemment par l’humanité (contrairement à la grippe dite espagnole par exemple), a montré la futilité des frontières.

Ces mêmes gens qui reçoivent des paquets du bout du monde, commandés sur internet qui est un réseau mondial, qui connaissent des personnes de toutes les couleurs de peau… pensent que l’unification mondiale n’est pas possible !

Drapeau de la République Soviétique de Chine durant les années 1930 : « Prolétaires et peuples opprimés du monde, unissez-vous! »

La mondialisation capitaliste a provoqué un mélange favorable à l’unification mondiale. Mais comme celle-ci est contraire au capitalisme, il y a deux poussées contraires. La première, c’est l’idéologie LGBT et les discours « inclusifs » qui nient les différences de culture, afin d’imposer un cosmopolitisme consommateur. La seconde, c’est le repli nationaliste, communautaire.

Les deux ne n’opposent pas du tout, malgré les apparences. Dans tous les pays occidentaux, ces deux camps s’opposent en effet pour l’opinion publique, y compris violemment. Cependant, leurs intérêts communs les font se rejoindre.

Par exemple, en France, tant les pro-LGBT les plus furieux que les nationalistes les plus agressifs se rejoignent pour mettre en valeur l’Ukraine, l’Otan et la guerre à la Russie. Le facho homophobe et l’anarchiste libéral dans les mœurs sont unis dans leur même détestation du tiers-monde et de tout principe collectif « autoritaire ».

C’est tellement vrai qu’ils ont le même rêve. Les fachos rêvent de communautés autonomes sur une base raciale. Et le modèle de la « gauche de la gauche »? Ce sont les ZAD comme à Notre-Dame-des-Landes, le Rojava en Syrie, les zapatistes au Mexique, éventuellement des Indigènes en Inde, etc. On parle ici dans tous les cas de repli communautaire, avec une organisation au niveau communautaire, dans un esprit communautaire assumé.

Pour les moins « radicaux » qui visent une participation au gouvernement, c’est mis au niveau de la France : il faudrait une France comme communauté indépendante. Mais ça reste communautaire.

C’est le refus de la grande fusion mondiale.

Les armoiries de l’URSS : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! »

Ce qui est intéressant, c’est qu’au début des années 1990, les Français pensaient plutôt que la France allait s’effacer dans une communauté européenne unifiée, qu’on aurait désormais un passeport européen. Tout cela semble si loin, alors que l’Union européenne s’est développée! Cela montre bien que le capitalisme ne peut plus unifier. Il unit quand ça l’arrange, mais il cherche toujours à surtout séparer.

Les partisans du socialisme ont inversement toujours souligné que l’humanité allait fusionner. Tous le pays allaient s’unir, se mélanger ; l’humanité parlerait une seule langue, produite de l’unification de l’humanité.

Il est évident du point de vue de la Gauche historique que, en l’an 3000, il n’y aura plus ni blancs, ni noirs, ni jaunes, ni de couleur de peau quelconque. Tout le monde sera tellement métissé que cela ne voudra plus rien dire. Quant à la France, évidemment qu’elle n’existera plus. Elle aura cédé la place à un autre pays, bien plus grand, et espérons le même, il n’y aura plus qu’un seul pays. Toutes les barrières nationales seront tombées.

Affiche soviétique des années 1920: « Bientôt l’univers entier sera à nous »

L’utilisation du mot « internationaliste » par la Gauche historique a précisément ce sens-là. Il a été déformé, sous l’effet du trotskisme et de l’anarchisme, sur un mode « la négation des pays », « au-delà des nations ». Mais ce n’est pas du tout le concept. L’internationalisme est prolétarien : le prolétariat mondial est ce qui compte réellement, et l’unification de l’humanité va avec la victoire de la révolution mondiale.

Et la victoire de la révolution mondiale indiquera le passage à la colonisation spatiale : telle était officiellement le point de vue de l’URSS, avec la figure majeure que fut théoricien de l’astronautique Constantin Tsiolkovsky. Le principe de la planète comme Biosphère, avec Vladimir Vernadsky, va en ce même sens.

Une seule planète, une seule humanité. La fin des barrières ethniques, nationales, tout comme les barrières tribales et claniques sont tombée de par le passé. Et une nouvelle aventure pour l’humanité : sa diffusion dans le Cosmos.

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Guerre Refus de l’hégémonie

La fin de l’utopie bourgeoise

L’utopique mondialisation s’est une nouvelle fois évanouie.

Hier, utopie du chemin de fer et de l’acier, aujourd’hui utopie de l’entrepôt et du conteneur, le rêve d’une humanité unifiée à travers les flux économiques parcourt le monde depuis que le capitalisme s’est réellement élancé au seuil du XIXe siècle.

Car la mondialisation telle qu’on l’entend aujourd’hui n’a pas commencé comme cela est souvent dit en 1991, mais véritablement au XIXe siècle lorsque se sont constitués les premiers trusts internationaux exportant leurs capitaux aux quatre coins du globe.

Et déjà en cette fin de siècle qui avait vu fleurir les mouvements de libération nationale, nombreux étaient les commentateurs proclamant la fin des guerres grâce au règne de la dépendance économique généralisée, alors baptisée « première mondialisation ».

A tel point que la Ligue internationale de la paix et de la liberté fondée en 1867 à Genève avait intitulé son organe « Les Etats-Unis d’Europe ». Il en allait d’une portée historique, celle d’un capitalisme bâtissant une nouvelle civilisation pacifiée. Douce et vaine illusion bourgeoise : le développement des richesses nationales restait fondé sur de puissantes inégalités entre pays, formant le lit de la rancœur et du nationalisme.

Si l’illusion fut critiquée théoriquement par quelques grandes figures du mouvement ouvrier international, tel par-exemple Rosa Luxembourg et Lénine à travers deux articles que sont « Utopies pacifistes » et « Du mot d’ordre des États-Unis d’Europe », l’horreur des tranchées de la première guerre mondiale se chargea du reste.

Maintenant soyons lucides. La « mondialisation » de l’après-guerre froide ne fut rien d’autre qu’un retour à l’élan de cette « première mondialisation ». De cet élan qui fit le bonheur des capitalistes de grandes puissances, trop content de s’élancer à la conquête des terres vierges de l’Est et de l’Asie, enfin domestiquées par l’économie de marché.

Hier comme aujourd’hui, l’illusion ne pouvait durer qu’un temps, le temps d’un cycle d’accumulation du capital. Un cycle qui a vu certains pays stagner, d’autres fleurir, le tout dans le chaos mondial d’une économie de marché qui devient tôt ou tard le tremplin pour une grande guerre de repartage.

Et c’est dans cette conjoncture historique que reprend forme le fameux « retour des nations », ce retour en arrière qu’a déjà connu l’Europe et le monde au seuil de 1914 et qui atteste la péremption de la bourgeoisie comme porteur de la civilisation humaine.

Ce processus qui prend partout en Europe, d’une manière ou d’autre, la forme d’un relatif retrait de certaines règles communautaire de commerce, voir carrément l’autonomisation de certaines chaînes d’approvisionnements économiques mondiales, à l’instar de l’industrie des semi-conducteurs.

À la télévision américaine CNN, Emmanuel Macron déclarait récemment d’une manière pragmatique qui sous-entend clairement la tendance à la guerre de repartage :

Il faut passer d’un monde où l’interdépendance et le commerce étaient un moyen d’éviter les guerres, à un monde où il faut être autonome et indépendant.

Ce qui se passe est donc tout à fait simple. La bourgeoisie a historiquement et positivement constitué des marchés nationaux à travers un processus d’unification sociale et culturelle nationale, puis de cet élan s’est constitué une spécialisation des économies alors interdépendantes, donnant lieu à un marché mondial, une « mondialisation ».

Mais la bourgeoisie ne peut aller jusqu’au bout de ce processus car sa portée historique est fondée sur l’économie de marché qui connaît des antagonismes économiques et des développements inégaux entre pays. Le clash est tôt ou tard inéluctable, et le retour à la base du marché national incontournable.

Le Brexit était déjà annonciateur de tout ce processus historique et les événements historiques de ces cinq dernières années n’ont fait que confirmer une accélération des choses.

Il y a évidemment l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les poussées des forces nationalistes un peu partout en Europe, comme en France avec les 89 députés RN élus en juin, en Suède avec les « Démocrates de Suède » devenu deuxième force politique du pays aux dernières élections législatives, et dernièrement en Italie avec la poussée fulgurante de la figure de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, passée de 4,35 % aux élections de 2018 à 26,47 % en 2022.

En Italie, Giorgia Meloni est très claire sur cette perspective, se disant « prête à faire revivre l’Italie » et à la « faire respecter en Europe ». Et c’est le rêve de l’Union européenne, corollaire de l’illusoire mondialisation, qui s’effondre : elle reste ce qu’elle a toujours été, une interface de négociations financières et commerciales pour les pays développés de l’Ouest européen.

Là aussi, il faut se souvenir de comment le mot d’ordre des « États-Unis d’Europe » était défendu dans les années 1900 par les forces libérales-modernisatrices, tel Georges Clémenceau cherchant à s’appuyer sur l’élan de la « première mondialisation ».

Chimère car déjà se cachait la soumission aux États-Unis qui allaient devenir la principale force capitaliste mondiale au sortir de la première guerre mondiale. Et l’on remarquera combien la filiation historique de Georges Clémenceau se trouve en Emmanuel Macron, l’un comme l’autre soutenant une Europe au service de la France dans le cadre d’une alliance avec les États-Unis.

Finalement, en ce début de XXIe siècle, nous voilà revenus au point de départ de la fin XIXe siècle. Et de ce point de vue, l’enjeu est de ne pas retomber dans les erreurs du mouvement ouvrier français, alors divisé entre réformateurs et syndicalistes, tous finissant dans l’Union Sacrée d’août 1914.

Reconnaître la fin de l’illusion bourgeoise, c’est repartir sur les bases de l’utopie socialiste, celle-là qui fait de la fin des antagonismes économiques et des inégalités de développement la condition pour la réalisation d’une coopération entre les peuples du globe.

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Société

2021: l’humanité va vers son unification

La Gauche n’est pas multiculturelle, elle est pour la fusion des cultures de l’humanité. La crise sanitaire est une preuve de plus de cette nécessité historique.

On n’y pense pas, mais le masque est un objet universel, qui s’est imposé très rapidement à l’échelle mondiale. Il a marqué les esprits et pendant des décennies les gens, sur toute la planète, l’auront en tête comme lié à une période particulière. La crise sanitaire est une expérience mondiale, qui va façonner les consciences et elle se présente comme mondiale, sans frontières, concernant tout le monde.

C’est déjà la preuve que l’humanité est en partie unifiée à l’échelle mondiale.

Pourtant, alors que la crise sanitaire a été mondiale, la réponse n’a pas été mondiale et pendant toute l’année 2020, on a vu les pays se concurrencer les uns les autres, avec notamment la course aux vaccins. Chaque pays espère se sortir mieux que les autres de la crise sanitaire qui est aussi économique, alors que de plus en plus il y aura une dénonciation de la Chine afin d’utiliser le racisme comme paratonnerre aux multiples problèmes sociaux.

C’est la preuve que l’humanité n’est qu’en partie unifiée à l’échelle mondiale.

Alors, à quoi va ressembler l’année 2021 ? Si elle ressemble à l’année 2020 avec ses compétitions et ses indifférences, ce sera une catastrophe pour l’humanité. Continuer comme cela c’est aller à l’acceptation de la guerre pour le repartage du monde, avec l’idée de sortir de la crise aux dépens des autres.

Si, inversement, les gens acceptent les faits et comprennent qu’on est sur la même planète, qu’un problème global demande une réponse globale, alors tout est possible. Les gens ne peuvent-ils déjà pas visionner des vidéos de ce qui se passe à l’autre bout de la planète ? Le racisme n’apparaît-il déjà pas comme un truc de vieux ? Les êtres humains sont des êtres humains et le masque se porte pareillement à travers toute la planète.

Et pour la nouvelle génération, née dans un monde « globalisé », le potentiel de ce qui est faisable est immense. Elle ne comprendra pas pourquoi on s’obstine à maintenir des barrières raciales, ethniques, religieuses. Elle ne sera pas du tout conquise par l’idée d’un retour en arrière, au nationalisme, au tribalisme, à la petite propriété, aux esprits localistes mesquins. Cela ne fait pas rêver, cela n’a pas d’envergure.

2020 a marqué une contradiction entre un monde divisé et unifié, entre des efforts divisés et un potentiel collectif immense. 2021 sera-t-elle l’année de la prise de conscience, l’année du grand tournant ?

Il faut l’espérer. Le temps presse, avec le réchauffement climatique, avec la course aux armements, avec une condition animale toujours plus dramatique, avec l’écocide à l’échelle planétaire, avec l’exploitation capitaliste et ses misères morale, matérielle, physique, psychologique. Il y a urgence, alors que déjà plus grand chose ne tient.

Et il ne faudra pas reculer devant le prix à payer pour entrer dans une nouvelle ère.

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Guerre

Les réactions internationales à l’effondrement du Karabagh arménien: un pas en avant vers la guerre générale

La guerre au Karabagh, l’effondrement de l’organisation de la population arménienne de celui-ci lors du conflit ainsi que la victoire de l’Azerbaïdjan, largement appuyé par la Turquie, constitue une nouvelle étape de la désagrégation de l’Orient.

Celui-ci qui se fracture toujours plus en bloc aux contours de plus en plus nets. La crise capitaliste qui se généralise et que traversent les puissances impérialistes accélère la décomposition des sociétés orientales.

Celles-ci, déjà très fragiles, sont déstabilisés toujours plus, précipitant toujours plus loin les régimes corrompus et militarisés de ces pays dans la fuite en avant nationaliste et guerrière. En observant les conséquences et les réactions internationales à la fin de ce conflit, on voit ainsi se dessiner les tendances contre lesquelles la Gauche doit lutter sur le plan international.

En Arménie et en Azerbaïdjan : le renforcement du nationalisme chauvin

La guerre a eu d’abord pour double effet de sidérer et de galvaniser les masses populaires en Arménie. La capitulation, qui était de toute façon inévitable au vue du rapport de force et de la situation militaire, ainsi que la lourde défaite, ont sidéré les populations arméniennes du Karabagh qui ont dû se réfugier en Arménie au cours de la guerre. La détresse est particulièrement vive bien sûr concernant les habitants des villages ravagés par l’armée azerbaïdjanaise et désormais annexés, et en particulier pour les habitants de Shushi, qui ont absolument tout perdu.

Mais d’une manière générale, l’ensemble des Arméniens du Karabagh sont effondrés. La brutalité de la conquête, tout comme les perspectives totalement bloquées, alors que la situation antérieure était déjà particulièrement difficile, ne laissent pas de place à l’espoir. La cohabitation avec les futurs colons azéris ou turcs et les exactions redoutées à juste titre, comme les pressions et le progressif étranglement du territoire que redoutent les réfugiés, les poussent à se résigner à ne pas revenir dans leur foyer ou à planifier un exode définitif.

Le mur implacable de ces blocages est cependant totalement nié par une partie de la société arménienne, galvanisée et aveuglée par tout le socle des mensonges et des prétentions nationalistes grandiloquentes entretenues depuis des années et des années. L’opposition pro-russe, appuyée par les oligarques que le soulèvement de 2018 avait bousculés, se montre particulièrement offensive, et cherche à mettre toute la défaite sur le compte de Nikol Pashniyan, le dirigeant actuel, qui avait incarné le rejet du régime militariste pro-russe et corrompu, sur une ligne libéral-nationale. Les dirigeants des partis d’opposition appellent désormais ouvertement au renversement de Pashinyan et au coup d’État.

Symétriquement, la société azerbaïdjanaise est elle aussi galvanisée par son propre chauvinisme. La victoire de son armée et notamment la prise hautement symbolique de Shushi a été fêté avec une grande ferveur nationaliste dans les grandes villes. Il est certain que là aussi c’est l’aile la plus chauvine qui se renforce, au sein d’un régime déjà particulièrement nationaliste et raciste à l’égard des Arméniens.

Le discours du Président Ilham Aliev annonçant la victoire est bien entendu complètement allé dans ce sens, appuyant autant qu’il l’a pu l’humiliation des Arméniens et renforçant le sentiment chauvin flattant les préjugés suprématistes les plus caricaturaux, y compris en un sens religieux. Rien bien entendu n’a été dit de ce côté des réfugiés arméniens, des mines antipersonnel, des destructions et des morts, ni du devenir du patrimoine culturel. La perspective d’une réconciliation est ici tout simplement évacuée au profit de la rhétorique martiale de l’écrasement génocidaire. Il n’est pas question d’autre chose que de « faire payer » les Arméniens, de les chasser « comme des chiens » du territoire reconquis.

Le premier ministre arménien et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev lors de la conférence de Davos, en janvier 2019, la photographie étant diffusé par le bureau de la présidence d’Azerbaïdjan.

Cependant, il faut dire aussi que la propagande de guerre azerbaïdjanaise a joué aussi sur un autre ressort, celui de la nostalgie du passé soviétique. Le député Tural Ganjaliyev, représentant au Parlement azerbaïdjanais le territoire séparatiste du Karabagh, a lancé un appel à la réconciliation nationale et a voulu assurer aux Arméniens du Karabagh que la reconquête n’avait pas de perspective d’épuration ethnique, que les biens, le patrimoine culturel tout comme les personnes seraient protégés et que la vie commune reprendrait comme lors des temps les plus pacifiques de l’époque soviétique. Il a mobilisé pour cela des images très concrètes :

« Nous n’avons pas oublié nos anciens jouant au nardik [très similaire au backgammon] sous les arbres ou autour d’un thé.

Nous n’avons pas oublié les gens se promenant ensembles dans les parcs, flânant dans les cafés, les restaurants, dans le bon air de nos montagnes.

Nous n’avons pas oublié la participation commune des athlètes arméniens et azeris dans les compétitions sportives. Nous n’avons pas oublié les jours où nous partagions ensemble les joies et les peines des uns et des autres ».

Un tel discours qui tranche avec les provocations outrancière du Président Ilham Aliev et avec la réalité du terrain, s’explique par la profonde empreinte démocratique de l’époque soviétique sur l’Azerbaïdjan, et d’ailleurs aussi sur l’Arménie, qui n’existe plus que comme nostalgie, mais qui constitue néanmoins une base très concrète pour faire pièce au chauvine racial ou nationaliste qui se développe avec l’appui du régime.

Sur ce point, il faut aussi avoir à l’esprit que contrairement à l’Arménie, l’Azerbaïdjan n’est pas un État ethnique, et que le chauvinisme turc porté par Ilham Aliev, et plus encore par la faction pan-touranienne de son épouse, n’a pas une prise totale sur la société azerbaïdjanaise, qui sans forcément se sentir concernée par les offenses racistes visant les Arméniens, par exemple l’interdiction depuis 2002 de porter un nom en –yan pour les citoyens nationaux, ne voit pas pour autant d’un bon oeil les manifestations trop ouvertes de chauvinisme turc.

Les réactions internationales à la fin du conflit : vers une logique de bloc contre bloc

À l’étranger, la victoire azerbaïdjanaise a aussi été saluée bien entendu par le gouvernement de la République de Turquie. Mais malgré l’engagement très clair au côté de l’Azerbaïdjan, cela n’a eu aucun effet populaire significatif, malgré les accents là aussi ultra-chauvins de l’exécutif turc. Il est à remarquer toutefois que pratiquement tous les ministres du gouvernement turc y sont allés de leur déclaration, saluant une victoire qui rendrait « sa fierté aux Turcs du monde entier » selon le Ministre des Affaires Étrangères Mevlut Cavusoglu. Pas moins.

Le Président Recep Tayyip Erdogan, a lancé concrètement tout un programme devant appuyer la colonisation des terres conquises et l’épuration ethnique et culturelle appelé : « Souffle pour l’avenir, souffle pour la Terre », que chaque ministre du gouvernement est appelé à décliner selon son domaine de compétence, y compris dans le domaine des services de sécurité… D’abord dans ce domaine même à n’en pas douter! Ainsi le 10 novembre étaient déjà en visite en Azerbaïdjan plusieurs figures étatiques turques : le ministre des affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu, le ministre de la défense Hulusi Akar, le chef des services secrets Hakan Fidan.

La photo officielle de la rencontre turco-azerbaïdjanaise, publiée par la présidence d’Azerbaïdjan

Sur ce point néanmoins, la Russie opère un retour offensif particulièrement marqué. L’armée russe avait déjà le contrôle de la frontière entre l’Arménie et la Turquie et une énorme base militaire dans le nord de l’Arménie, à Gyumri, historiquement le point d’appui de l’occupation russe au Sud-Caucase, qui avait doublé ses capacités déjà en 2019.

Elle obtient désormais le contrôle des frontières avec l’Azerbaïdjan, et le déploiement pour 5 ans renouvelable d’un contingent de plusieurs milliers de soldats au Karabagh, dans la partie restée arménienne et sur les principaux points d’accès restants. En outre, le régime russe ne peut que se satisfaire des effets de la capitulation arménienne sur la politique intérieure arménienne, puisque les velléités portées par le régime de Pashinyan, bousculé déjà depuis le début de l’année par l’opposition, ont perdu leur crédibilité au profit des nationalistes pro-russes. La satellisation de l’Arménie n’a jamais était aussi complète depuis son indépendance.

En Azerbaïdjan aussi la Russie consolide ses positions, puisqu’elle apparaît comme le meilleur pendant à une influence trop prononcée de la Turquie qui n’est pas du goût de toute la société, y compris dans l’encadrement militaire. Sur le plan militaire, la Turquie compte néanmoins accroître son influence et sa présence au Nakhitchevan, dans les parties reconquises du Karabagh et sur le corridor d’accès devant traversé le Zanguézour arménien.

Sev Ghul , la sentinelle noire, forteresse russe construite en 1834 et désormais sur la base militaire russe de Gyumri

En Iran, si le régime a pris position durant la guerre plutôt en faveur de l’Azerbaïdjan, dans le sens de la reconnaissance de ses frontières légitimes, aucun soutien militaire ou diplomatique significatif n’a pour autant été apporté au régime de Bakou. Le ministère des Affaires étrangères iranien a apporté sont total soutien à la solution russe et au déploiement de soldats russes au Karabagh.

Il a mollement appuyé la nécessité de voir les réfugiés arméniens revenir sur les terres conquises et appelé au respect de leurs droits, rappelant au passage ses liens avec l’Arménie et le fait que des Azéris et de Arméniens cohabitaient pacifiquement en Iran (les premiers formant au moins 15% de la population, les seconds moins de 1%). La principale source d’inquiétude de l’Iran vient de l’influence turque et de l’envoi de mercenaires jihadistes, Téhéran ayant appelé fermement au renvoi de ces milices. La presse iranienne a sobrement rendu compte de l’accord de paix, soulignant davantage le désarroi arménien, avec une sympathie manifeste, que la victoire azerbaïdjanaise et ses élans outranciers.

En Orient, seul le Qatar s’est réjouit à la victoire de l’Azerbaïdjan, mais cela ne constitue pas une surprise au vue des liens stratégiques entre ce pays et la Turquie. Au contraire, l’Égypte s’inquiète et condamne l’expansionnisme d’Ankara et son influence au Sud-Caucase, comme ailleurs en Orient. Malgré leur rhétorique islamique, les nationalistes turcs et leurs alliés azéris voit donc se consolider face à eux au moins deux blocs parmi leurs voisins : l’un emmené par l’Iran, derrière lequel se trouve aussi la Russie et la Chine au-delà, et l’autre autour de l’Égypte, de l’Arabie Saoudite et des Émirats, dans lequel Israël s’intègre de plus en plus, compliquant son soutien jusque-là constant à Ankara et à Bakou.

Photo de l’interview du président d’Azerbaïdjan par le Figaro, publiée par la présidence d’Azerbaïdjan

Les puissances occidentales semblent être pour le moment hors jeu. L’expansionnisme agressif de la Turquie s’est élancé de manière unilatérale, et entame partout la solidité des liens du régime avec ses alliés occidentaux. Le soutien militaire, notamment de la France, se tourne de plus en plus vers le bloc autour de l’Égypte et de ses alliés du Golfe. Dans cette perspective, le conflit du Karabagh n’est pas une menace prioritaire, d’autant qu’il fragilise aussi l’Iran indirectement. Mais l’accroissement de l’influence turque et son agressivité démultipliée pose forcément problème. Il est aussi à voir quelle orientation prendra la diplomatie américaine dans cette région.

Ce qui est clair, c’est que des blocs se dessinent toujours plus nettement, et ce conflit marque une étape inquiétante dans ce sens, dans celui de la marche à la guerre.

Avec la crise, et cela partout, les régimes nationalistes et chauvins, le militarisme et sa rhétorique, apparaissent comme renforcés, au détriment des peuples, de leur existence, et d’abord ici bien sûr au détriment des Arméniens du Karabagh. Mais plus généralement, c’est le piège du nationalisme agressif, c’est la mâchoire terrifiante de la guerre qui avance dans toutes les directions. L’échec des « printemps arabes » (poussé par le Qatar) et en particulier la guerre civile en Syrie avait ouvert un terrible brèche en ce sens. Mais il faut avoir conscience qu’une étape est ici franchie, impliquant des invasions, l’expansionnisme en mode « impérial » dont la Turquie est ici un exemple particulièrement agressif, et la constitution de blocs. C’est la tendance marquante sortant naturellement de la crise.

La Gauche a maintenant une responsabilité historique : elle doit déjouer cet engrenage, affirmer le droit à l’auto-détermination des peuples dans une perspective démocratique et pacifique, dénoncer tous les nationalismes, démonter tous les chauvinismes et refuser la fuite en avant criminelle et suicidaire dans la guerre, bloquer les jeux des puissances impérialistes ou expansionnistes et leur géopolitique militaire et tyrannique, qui partout bloque la paix, dresse des murs et des barbelés entre les peuples, jette les uns sur les routes, détruit, pille, conquiert et galvanise les autres dans des « victoires » dans lesquelles toutes les valeurs de notre commune Humanité s’effondrent.

En un mot, la Gauche se doit de réaffirmer l’Internationale et la Démocratie Populaire, comme seul et unique rempart à la barbarie qui avance !

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Guerre

Les Palestiniens, grands perdants de la crise mondiale

S’il est à la mode à l’ultra-gauche de profiter de la question palestinienne pour se faire valoir, la situation en Palestine même se dégrade toujours plus et un soutien démocratique se fait urgent.

L’élection de Donald Trump avait ouvert une nouvelle séquence très difficile pour les Palestiniens, mais l’irruption de la crise rend la situation intenable. Pour preuve, on a la normalisation avec l’État israélien de la part des Émirats arabes unis et du Bahreïn. C’est une fissure dans un front du refus du côté arabe et la tendance ne peut aller que dans ce sens là.

En effet, alors que les affrontements entre États vont se faire de plus en plus violents, qui va penser à aider les Palestiniens, alors que ceux-ci sont divisés qui plus est ? Les Palestiniens risquent littéralement de se retrouver totalement isolés et d’être écrasés, lentement mais sûrement, par vagues successives. C’est d’ailleurs ce qui se passe depuis 1948.

Cette pression est tellement grande que, ces derniers jours, l’OLP (bureaucratique et corrompue) et le Hamas (islamiste et féodal) ont entamé des discussions. Or, comme on le sait, l’OLP (avec sa principale composante, le Fatah) domine l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas Gaza. Leur capacité à s’unir est terriblement faible, voire inexistante.

Les deux sont en fait prêts à s’unir… mais à condition de prendre la direction. Cela n’a rien de nouveau : depuis 2017 pour le Hamas et 2018 pour le Djihad islamique, il y a l’acceptation d’une nouvelle OLP, avec les factions laïques et religieuses cette fois. Cependant, là, tout s’accélère, la crise fait que la Palestine doit exister vide, ou ne pas exister du tout.

Le grand problème, on le sait bien, c’est que les Palestiniens ne parviennent pas à trouver une unité populaire qui leur conférerait l’élan nécessaire. La Gauche palestinienne, auparavant si puissante notamment à Gaza, a été balayée et si le FDLP et le FPLP subsistent, ils n’ont pas la dynamique pour s’extirper du pétrin où ils se retrouvent depuis 1989 (ils avaient en effet choisi de se situer dans le camp soviétique).

On pourrait penser que la Gauche française, si tournée vers la Palestine, pourrait aider à débloquer la situation. Malheureusement, pour elle, la question palestinienne est un outil. Il y a des aides humanitaires, un soutien politique en général, parfois un soutien à telle ou telle organisation, mais il n’y a aucune mise en perspective et c’est un choix, un choix opportuniste. L’idée est simple : pourquoi faire de la politique, parce que c’est de cela qu’il s’agit, alors qu’on peut faire du clientélisme en se donnant une bonne image auprès des gens d’origine arabe simplement en arborant un drapeau palestinien ?

Pourquoi s’ennuyer à analyser la situation et à chercher un espace démocratique, alors qu’il suffit de dénoncer « les sionistes » pour acquérir automatiquement une image « anti-impérialiste »? Pourquoi chercher le dialogue avec la Gauche palestinienne alors que, de toutes façons, l’important n’est pas de dialoguer, mais d’obtenir une aura ?

Ce qui est dramatique, c’est que si l’on regarde la situation depuis 1948, la Palestine perd toujours du terrain. Si l’on omet la période des années 1960-1970, où par la force la question palestinienne s’est imposée à l’opinion publique mondiale, c’est à la fois l’isolement et le recul face à un État israélien dépendant économiquement et militairement de la puissance américaine omniprésente dans le pays.

Les prochaines années, les prochains mois même, vont être véritablement décisifs. Si les Palestiniens ne parviennent pas à relancer leur processus d’affirmation et d’unité, ils vont se faire broyer par une crise mondiale consistant en une compétition toujours plus armée des grandes puissances. C’est d’ailleurs évidemment le rêve israélien que de se débarrasser définitivement de la question palestinienne en la remplaçant par la question de confettis territoriaux.

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Politique

Jean-Luc Mélenchon, la créolisation et l’archipélisation

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Guerre

Turquie/Grèce: le racisme au service de la guerre

La haine historique et réciproque entre la Grèce et la Turquie est bien connue. Les hydrocarbures méditerranéens l’alimentent ces dernières semaines de manière dramatique et inquiétante.

Ce qui est inquiétant, outre la faiblesse d’une Gauche capable de s’opposer au conflit annoncé (encore qu’en Grèce, elle puisse s’exprimer de manière plus grande qu’en Turquie), c’est le profond racisme qui gangrène les deux pays et qui sert naturellement les intérêts guerriers.

Ce phénomène est particulièrement visible en Turquie ou chez les gens d’origine turque installés à l’étranger. En Turquie, mais également sur les réseaux sociaux, on voit fleurir les appels au meurtre et les insultes visant les peuples que le nationalisme turc a souvent massacré : les Arméniens, les Kurdes et, surtout en ce moment, les Grecs. Ceux-ci sont qualifiés de « bâtards », de « résidus de Byzance », ou même de « bâtards pontiques », en référence à cette population grecque qui a subi un véritable génocide. À ce propos, il est ironiquement ignoble que les mêmes qui nient le caractère génocidaire de ces massacres (dont l’odieux génocide arménien) insinuent quand même que « c’était bien fait pour eux », et appellent parfois même à renouveler l’horreur.

En 2019, le rapport de la fondation Hrant Dink étudiant les discours haineux notait que dans les médias turcs, la haine visant les Grecs (de Grèce, de Chypre et de Turquie) était bien plus fréquente que la haine des Syriens (premières victimes de la haine raciste, si on compte séparément Grecs de Grèce et Grecs de Chypre et Turquie séparément), des Juifs et des Arméniens. On constate une véritable focalisation sur les Grecs, entretenue par les médias dont on sait à quel point leur dépendance par rapport au pouvoir est grande.

Ce racisme sert évidemment les projets expansionnistes et agressifs du régime qui joue sur la corde néo-ottomane pour attiser la haine et le soutien à ses projets. La reconversion de Hagía Sophía en mosquée en a été une marque importante, mais on doit noter également que le régime laisse détruire des monuments historiques liés à la Grèce et au christianisme dans cette même optique.

Face à cela, la haine anti-turque en Grèce est, pour ainsi dire, tout aussi culturellement ancrée. Comme en Turquie d’ailleurs, cette haine est associée à la haine d’autres peuples, notamment les Roms ou les Macédoniens, auxquels beaucoup nient même le droit de se dire macédoniens, sans parler des Juifs, au centre de tous les fantasmes conspirationnistes, que ce soit par antisémitisme chrétien ou par « anticapitalisme » (au sens de « socialisme des imbéciles », comme disait August Bebel). À ce titre, on ne rappellera jamais assez que les amis grecs de Jean-Luc Mélenchon, après avoir participé aux manifestations nationalistes contre le droit pour les Macédoniens de se dire Macédoniens, font désormais campagne contre « l’israélisation » de l’État grec, soi-disant sous contrôle.

Ainsi, dans le langage courant, de nombreuses insultes sont forgées à partir de termes désignant ces nationalités. Beaucoup même les emploient naturellement, sans forcément avoir des arrières-pensées racistes, tellement elles sont courantes. On peut citer le terme de « τουρκόγυφτος », littéralement le « turco-gitan ». Le mot « γυφτος », cousin étymologique de « gypsy » et de notre « gitan », a déjà en grec une connotation souvent péjorative (on lui préférera d’autres mots, comme « τσιγγάνος », tsigane, par exemple). En lui ajoutant le préfixe « turco », on renforce le côté péjoratif et le sens premier de « Rom venu de Turquie » s’efface derrière une insulte adressée à quelqu’un de mauvais, malhonnête, sale, malpropre, etc.

Après quatre cents ans d’occupation, puis deux siècles de tensions, les Grecs ne sont pas davantage prêts que leurs voisins à faire la paix et à tourner le dos au nationalisme que leurs dirigeants et les classes dirigeantes instillent entre eux. D’autant que, si Recep Tayyip Erdoğan exprime un néo-ottomanisme islamo-turc, la Grèce reste également encadrée par ses deux piliers institutionnels : l’Église hortodoxe toute-puissante et réactionnaire, et l’Armée, bastion du fascisme, voire même du nazisme.

La situation est alarmante et le pire est à craindre si la Gauche de ces deux pays ne parvient pas à mener le combat pacifiste et à rassembler largement les masses autour du refus de la guerre, de la défense de la démocratie et du recul des monopoles. Là-bas comme ici, il faut le Front populaire. D’urgence.

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Guerre

Turquie: la Gauche française doit avoir le courage du pacifisme

Emmanuel Macron se fait chef de guerre en déployant des arguments et des moyens militaires contre la Turquie et ses visées expansionnistes. En face, Recep Tayyip Erdoğan explique que la France agit comme un « caïd » et mobilise de manière nationaliste au nom des « droits de la Turquie ». C’est une escalade militariste typique et le rôle de la Gauche est de s’y opposer fermement, au nom de la paix, au nom de l’amitié entre les peuples, au nom de la lutte des classes.

Après la pénétration turque au large de l’île grecque de Kastellorizo, Emmanuel Macron a décidé de renforcer la présence militaire française dans la zone. Jeudi 13 août, ce sont deux avions Rafale B, le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre (en route vers Beyrouth) ainsi que la frégate La Fayette, qui ont participé à un exercice avec la marine grecque dans le sud est de la mer Égée, précisément là où sont les navires turcs.

Le ministère français des armées a expliqué :

« [La] présence militaire [française] a pour but de renforcer l’appréciation autonome de la situation et d’affirmer l’attachement de la France à la libre circulation, à la sécurité de la navigation maritime en Méditerranée et au respect du droit international ».

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a réagi de manière virulente, en répondant que :

« La France, en particulier, devrait cesser de prendre des mesures qui accentuent les tensions. Ils n’obtiendront rien en se comportant comme des caïds ».

Il faut bien voir ici que la Turquie ne considère pas avoir une visée agressive. Elle n’a jamais reconnu les accords internationaux faisant de la zone en question un territoire grecque et considère être légitime.

Recep Tayyip Erdoğan présente ainsi les choses à la télévision turque :

« Revendiquer une souveraineté maritime en se servant de l’île de kasteloriso située à 2 kilomètres des côtes turcs ne peut s’expliquer rationnellement ou avec bon sens.

Vous savez à quelle distance se situe la Grèce ? 580 kilomètres ! J’invite à nouveau la Grèce à respecter les droits de la Turquie. »

Un accrochage avec un navire grec a déjà eu lieu jeudi 13 août et la Turquie en parle de manière ultra-offensive, menaçant de faire payer « au prix fort » toute attaque contre son navire de prospection l’Oruç Reis.

Pour la France, il y a bien sûr en jeu les intérêts du groupe Total, à qui entre autre la Grèce a promis des accès aux gisements gaziers de la mer Égée convoités par la Turquie. Mais cela n’est qu’un aspect de la situation, qui n’est pas simplement « géopolitique », mais concerne le capitalisme dans son fonctionnement même.

La France est une puissance en perdition qui s’enfonce économiquement, mais aussi socialement et culturellement. Pour compenser, elle s’imagine pouvoir peser militairement, en étant en quelque sorte le bras armé de l’Union européenne. C’est le principe du nationalisme pour qui la guerre est une voie de sortie à la crise, comme une étape obligée pour maintenir l’ordre capitaliste qui a besoin d’expansion.

Dans cette perspective, et alors qu’Emmanuel Macron met régulièrement sur la table la question d’une alliance militaire européenne, les tensions entre la Grèce et la Turquie sont considérées comme une occasion à ne pas manquer.

En arrière plan, il y a la question libyenne où le gouvernement officiellement reconnu par l’ONU est allié à la Turquie et reconnaît l’espace maritime revendiqué par la Turquie, alors que la France soutient ouvertement une fraction adverse.

Il y a aussi le Liban où la France aimerait profiter de la catastrophe de Beyrouth pour retrouver de son influence dans le cadre de sa politique arabe, alors que la Turquie accuse le président français de vouloir « rétablir l’ordre colonial ». Le président turc se voit pour sa part en leader du monde sunnite, avec une ligne ultra-réactionnaire s’appuyant directement sur le féodalisme pour servir son expansionnisme néo-ottoman.

On a là tous les ingrédients pour un embrasement guerrier très dangereux, que la Gauche doit absolument dénoncer et refuser. La pandémie de covid-19, qui n’en finit plus de commencer, nous montre à quel point l’humanité a une destinée commune ; les peuples du monde ont bien mieux à faire que perdre du temps, de l’énergie et des vies dans la guerre.

> Lire également : Vers la guerre: les tensions grandissantes entre la Grèce et la Turquie en méditerranéenne

La Gauche en France, en Grèce et en Turquie, doit se lier d’une puissante fraternité pour dénoncer ses gouvernements respectifs et les intérêts du capitalisme qui mènent à une escalade guerrière dévastatrice. Il faut de toute urgence construire le camp de la paix, en renouant avec l’internationalisme fondateur de la Gauche historique.

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Politique

«Déclaration internationale de Partis communistes pour le 8 mai»

Cette déclaration a été signée, pour faire simple, par ce qui reste du mouvement communiste se définissant positivement par rapport à l’URSS dans les années 1980. En France, elle a été signé par le PCF (qui ne le diffuse apparemment pas), par le PCRF (issu de l’URCF, une scission de gauche du PCF des années 1990) et par le PRCF (la gauche du PCF, très liée aux tendances les plus contestataires de la CGT).

« Déclaration internationale de Partis communistes pour le 8 mai

Au nom de la liberté, de la paix et de la vérité,

Contre le fascisme et la guerre !

La victoire sur le fascisme nazi pendant la Seconde Guerre mondiale est un événement majeur de l’Histoire, dont le souvenir doit être préservé et défendu face aux tentatives répétées de falsification historique visant à nous faire oublier le rôle décisif joué par l’Union soviétique des Républiques socialistes, par les communistes et par les antifascistes du monde entier.

Généré par le capitalisme, le fascisme nazi était la manifestation la plus violente et terroriste du capital monopoliste. Il était responsable du déclenchement de cette guerre d’agression et de pillage qui a fait près de 75 millions de morts, dont environ 27 millions de citoyens soviétiques, et des souffrances et horreurs incommensurables des camps de concentration nazis. Les peuples ne peuvent pas non plus oublier les pages sombres, comme les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki par les États-Unis, sans aucune justification militaire, qui représentaient une démonstration de puissance et de leurs ambitions hégémoniques mondiales.

La Seconde Guerre mondiale (1939-1945) est le résultat de contradictions inter-impérialistes de plus en plus aiguës et, en même temps, de l’intention de détruire le premier État socialiste, l’URSS, qui s’est notamment exprimée dans le soutien et la connivence entre le Royaume-Uni, la France et les États-Unis, avec le réarmement et l’ambition expansionniste de l’Allemagne nazie.

En commémorant le 75ème anniversaire de la Victoire historique du 8 mai 1945, les partis communistes et ouvriers soussignés, certains de relayer les sentiments et les aspirations des travailleurs et des peuples du monde entier :

- rendent hommage à tous ceux qui ont donné leur vie sur les champs de bataille contre les hordes nazies-fascistes et en particulier à l’héroïsme des mouvements de résistance et des combattants antifascistes, ainsi qu’au peuple héroïque soviétique et à l’Armée rouge, dirigée par le Parti communiste, dont la contribution, écrite dans des pages héroïques telles que les batailles de Moscou, de Léningrad et de Stalingrad, a été décisive pour la victoire sur la barbarie ;

- considèrent que la victoire sur l’Allemagne nazie et ses alliés dans le Pacte anti-Komintern a été réalisée grâce à la contribution décisive de l’URSS, à la nature de classe du pouvoir soviétique avec la participation des masses populaires, au rôle de premier plan du Parti communiste, à la supériorité affichée par le système socialiste. Cette victoire est un énorme héritage historique du mouvement révolutionnaire.

- mettent en valeur les avancées remarquables dans l’émancipation sociale et nationale des travailleurs et des peuples, avancées rendues possibles par la victoire et l’avancement des forces du progrès social et de la paix, étendant la sphère du socialisme dans les pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique latine ; cette victoire a créé les conditions pour l’avancée du mouvement ouvrier dans les pays capitalistes, le développement rapide du mouvement de libération nationale et la liquidation des empires coloniaux qui en a résulté ;

- dénoncent et condamnent les campagnes visant à minimiser, déformer et même nier le rôle de l’URSS et des communistes dans la défaite du fascisme nazi et aussi à blâmer injustement et faussement l’Union soviétique pour avoir déclenché la Seconde Guerre mondiale, à supprimer les responsabilités du grand capital et des gouvernements à son service dans la promotion et la montée du fascisme et dans le déclenchement de la guerre, à blanchir et réhabiliter le fascisme, tout en détruisant les monuments et la mémoire de l’armée soviétique libératrice, en promouvant l’anticommunisme et en criminalisant les communistes et d’autres antifascistes ;

- dénoncent et condamnent les résolutions anticommunistes de l’UE et la falsification historique calomnieuse qui tente d’assimiler le socialisme au monstre fasciste ;

- soulignent que les secteurs les plus réactionnaires et agressifs de l’impérialisme voient de plus en plus le fascisme et la guerre comme une « sortie » de l’aggravation de la crise du système capitaliste, dont le caractère inhumain devient particulièrement évident lorsque, même face à la très grave épidémie de Covid-19, l’impérialisme, les États-Unis, l’OTAN, l’UE et ses puissances capitalistes alliées, poursuivent une politique criminelle de blocus et d’agression contre les pays et les peuples ;

- considèrent que la lutte pour la paix, le progrès social et le socialisme sont indissociables, et s’engagent à rechercher une action commune plus forte de la classe ouvrière, des travailleurs et des peuples du monde, des forces politiques engagées dansla lutte contre le fascisme et contre l’impérialisme, contre les agressions impérialistes et la guerre.

La situation à laquelle sont confrontés les travailleurs et les peuples du monde souligne l’importance de renforcer la lutte contre l’impérialisme, pour la souveraineté des peuples et l’indépendance des États, pour les droits des travailleurs et des peuples. Il faut dépasser de manière révolutionnaire le système capitaliste, un système qui engendre le fascisme, la guerre, les injustices, les dangers et les contradictions du présent. Comme il y a 75 ans, c’est aujourd’hui la lutte des communistes et de tous ceux qui sont confrontés à l’exploitation et à l’oppression capitalistes qui ouvrira la voie à l’avenir pour l’humanité.

Communist Party of Armenia
Communist Party of Australia
Party of Labour of Austria
Communist Party of Bangladesh
Communist Party of Belarus
Communist Party of Belgium
Communist Party of Brazil
Communist Party of Britain
New Communist Party of Britain
Communist Party of Canada
Communist Party of Chile
Colombian Communist Party
Socialist Worker’s Party of Croatia
Communist Party of Cuba
Communist Party of Bohemia and Moravia
The Progressive Party of the Working People – AKEL
Communist Party in Denmark
Egyptian Communist Party
Communist Party of Finland
French Communist Party
Pole of Communist Revival in France
Communist Revolutionary Party of France
Unified Communist Party of Georgia
German Communist Party
Communist Party of Greece
Hungarian Worker’s Party
Communist Party of India (Marxist)
Communist Party of India
Tudeh Party of Iran
Iraqi Communist Party
Communist Party of Ireland
Workers’ Party of Ireland
Communist Party of Israel
Italian Communist Party
Party of the Communist Refoundation – European Left (Italy)
Workers’ Party of Korea
Communist Party of Luxembourg
Communist Party of Malta
Popular Socialist Party – National Political Association (México)
Communist Party of Mexico
New Communist Party of the Netherlands
New Communist Party of Aotearoa (New Zealand)
Communist Party of Macedonia
Communist Party of Norway
Communist Party of Pakistan
Palestinian Communist Party
Paraguayan Communist Party
Peruan Communist Party
Philippine Communist Party (PKP – 1930)
Portuguese Communist Party
Communist Party of the Russian Federation
Union of Communist Parties – CPSU
Communist Party of the Soviet Union
New Communist Party of Yugoslavia
Communist of Serbia
South African Communist Party
Communist Party of Spain
Communist Party of the Peoples of Spain
Communists of Catalonia
Galizan People’s Union
Communist Party of the Workers of Spain
Galician Nationalist Bloc
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Sudanese Communist Party
Communist Party of Swaziland
Communist Party (Switzerland)
Syrian Communist Party
Communist Party of Turkey
Communist Party of Ukraine
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Guerre

Le communiqué de la CGT refusant de charger des armes au port de Marseille-Fos

Il a beaucoup été question ces derniers jours des dockers refusant de charger des armes sur un navire à destination de l’Arabie Saoudite.

Il y a d’abord eu une alerte en provenance des dockers du Havre, puis c’est au port de Gêne en Italie que le chargement a été refusé, avant que ce soit au Grand Port Maritime de Marseille-Fos.

Voici le communiqué de la CGT des Dockers de ce port, qui rappel à juste titre les fondamentaux du mouvement ouvrier, et donc de la Gauche, concernant la guerre :