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Nouvel ordre

Rien sans les femmes, à Gaza comme ailleurs

Comment peut-on penser, en 2023, que les Palestiniens peuvent arriver à quoi que ce soit en mettant les femmes de côté comme le fait le Hamas?

C’est pourtant ce que pensent un certain nombre de gens. Pour les uns, on en comprend la raison : ils sont influencés par le féodalisme. L’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie n’ont pas connu de révolution démocratique, comme la France en a connu une d’exemplaire, en 1789. Les grands propriétaires terriens, parfois mis en place lors de la colonisation, imposent aux sociétés du tiers-monde des mentalités dont les traits rappellent à des degrés différents le moyen-âge pour nous Français.

Pour les autres, qui sont dans des pays « développés », c’est incompréhensible… A moins de comprendre la nature de leur erreur. Ils ne saisissent pas que les femmes sont opprimées depuis des milliers d’années. Ce n’est pas seulement une question d’égalité. Les femmes sont mises de côté par les hommes depuis la fin du matriarcat, une fin caractérisée par l’émergence de l’agriculture et de l’élevage.

Les femmes doivent non pas simplement exiger l’égalité, mais partir à la conquête de leur propre nature ! Tout ce qui met les femmes de côté est donc une partie du problème, pas de la solution !

Zinaida Evgenievna Serebryakova, Récolte, 1915

Est-ce à dire que là où les femmes ne sont pas mises de côté, ce serait forcément bien ? Pas du tout. Par exemple, l’armée israélienne intègre les femmes pour le service. On ne voit pourtant pas de femmes au poste de général, de porte-parole, de chef des armées, etc. C’est en quelque sorte de la main d’œuvre.

Mais la participation des femmes est le minimum démocratique, sur lequel il ne peut pas être possible de transiger.

Prenons un exemple connu d’erreur sur ce point. Le droit de vote des femmes a été acquis tardivement et le mouvement ouvrier en est l’une des causes. Il était considéré en effet que les femmes étaient arriérées politiquement, qu’elles voteraient forcément pour les partis politiques liés à la religion. La conclusion de l’époque était que le droit des votes des femmes serait une question d’après la révolution, lorsqu’elles ne pourraient plus faire de « dégâts ».

C’est là une incompréhension totale de l’oppression des femmes depuis 10, 20 000 ans. C’est une fuite devant la nécessité pour les femmes de devenir des Furies afin d’exprimer ce qui est mis de côté. Ou bien, dit autrement :

« Si la réponse personnelle de chaque femme aux agressions psychologiques et physiques est ainsi nécessaire et juste, c’est le psychisme même des femmes qui est martyrisé depuis des milliers d’années et qui exige une réaffirmation à l’échelle de toutes les femmes !

C’est-à-dire que la question de la condition féminine repose sur l’évolution de la société à travers l’Histoire, à travers les siècles, à travers les générations (…).

Les femmes ne doivent pas seulement prendre une place sociale bien plus importante dans la société. Elles doivent également briser les chaînes enfermant leur psychisme !

Il est évident que la question de la dépendance matérielle des femmes par rapport aux hommes est bien souvent un obstacle majeur pour pouvoir s’épanouir. C’est un aspect qui doit être bien compris pour saisir les exigences sur ce point. Le socialisme seul peut établir des bases solides pour la vie quotidienne des femmes.

On ne saurait cependant sous-estimer inversement le travail immense à faire de la part de celles-ci pour s’arracher à des siècles, des millénaires de mise de côté.

Les femmes doivent réaliser un difficile travail pour s’arracher à des mentalités profondément enracinées leur ôtant leur confiance en soi, les détournant de la prise ouverte de responsabilités. »

PCF(mlm), Les femmes doivent libérer leur psyché dans l’auto-détermination et l’affrontement révolutionnaire !
Maria Feliksova Bri-Bein, affiche de 1931 : « Femme-prolétaire, maîtrise les technologies de l’aviation ! Rends-toi dans les écoles, collèges, et universités techniques de la flotte aérienne civile ! »

En 2023, on ne peut pas faire de compromis sur la question des femmes. Si avant, il fallait ajuster peut-être, désormais c’est intolérable. Il est de toutes façons évident que la révolution sera avant tout porté par les femmes, sinon ce ne sera pas une révolution mais un simple aménagement du capitalisme.

Seules les femmes portent un degré de rupture historique suffisant, en raison de leur oppression datant de la fin du matriarcat. Entre les ultras au football qui ne sont que des hommes et les actrices de l’aide aux animaux – que des femmes ! -, il n’est pas difficile de voir où il y a la profondeur et où il n’y en a pas.

Nous avons besoin de changer de civilisation, et les femmes sont une force motrice en ce sens où elles comprennent la dimension historique de leur souffrance, la nature temporaire de l’énorme pression, l’immense poids qu’elles portent en elles. Elles ont un monde à gagner !

Alexandre Deineka, Etendue, 1944
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Société

Le féminisme authentique et la question décadente des «trans»

Le mouvement féministe est décomposé et ce pour une raison simple : il est séparé de la Gauche historique. Ce sont donc des femmes bourgeoises qui choisissent les revendications, comme l’égalité hommes-femmes des salaires pour les cadres. Le mouvement est également pourri de l’intérieur par les courants de pensée postmoderne, avec l’idéologie « transgenre » comme fer de lance.

J.K. Rowling, l’auteure de la série des Harry Potter, est devenue richissime et elle vient d’installer pour plus de deux millions d’euros de clôture autour de sa résidence écossaise. La raison en est ses propos considérés comme « transphobes » par les groupes activistes surfant sur l’idéologie postmoderne LGBTQ+.

Elle a en effet soutenu Maya Forstater, une femme licenciée d’une structure de réflexion sur l’inégalité et la pauvreté au niveau international, avec l’appui de la justice britannique, pour avoir affirmé que « les hommes ne peuvent pas se transformer en femmes ».

Le message sur Twitter de J.K. Rowling a été le suivant :

« Habillez-vous comme vous voulez. Appelez vous comme vous voulez. Couchez avec n’importe quel adulte consentant qui vous veut. Vivez votre meilleure vie, dans la paix et la sécurité. Mais éjecter des femmes de leurs jobs pour affirmer que le sexe est réel ? »

Ici, tout est résumé. J.K. Rowling représente tout à fait le féminisme bourgeois, qui veut le libéralisme le plus complet, tout en exigeant l’égalité hommes-femmes. Or, l’égalité hommes-femmes implique qu’il y ait des hommes et des femmes.

Mais le libéralisme authentique exige l’individu et donc la négation de tout universalisme. Tout relève du choix, aucune « catégorie » ne peut exister au sens strict, même pas sur le plan biologique. Le féminisme bourgeois, focalisé sur les salaires des femmes des couches supérieures, rentre donc en conflit avec les courants postmodernes.

L’épisode Marguerite Stern en est un bon exemple. Les arguments de Marguerite Stern sont aussi posés que son style est non agressif. C’est là typique du féminisme bourgeois, qui refuse l’affrontement avec les courants postmodernes, car refusant de combattre le libéralisme en général.

Or, le féminisme bourgeois est coincé, comme toute la bourgeoisie. Soit les bourgeoises encore un peu rationnelles comprennent que tout va trop loin – mais alors elles doivent abandonner leur esprit bourgeois et se tourner vers la classe ouvrière. Soit elles acceptent que cela va trop loin et c’est la capitulation.

L’alternative se présente même à toutes les femmes en France, mais si elles ne le savent pas. Elles n’ont pas conscience que « parent 1 parent 2 », formule de l’administration française, implique la négation de la mère, de la différence homme-femme. Les femmes françaises ne pensent pas à cela, si elles le remarquent elles trouvent cela secondaire. Elles ne s’aperçoivent pas que leurs droits se font liquider par le libéralisme au moyen de la politique des identités.

D’ailleurs, tout le monde voit sa réalité sociale anéantie par la politique des identités. On le voit bien avec la division religieuse. En multipliant les identités à l’infini, le capitalisme rêve d’un marché total, avec des individus tous « différents » les uns des autres, faisant vivre la consommation par leurs « différences ».

Les femmes en seront les premières victimes. Les « trans », un phénomène décadent propre à un capitalisme plus que malade, sont le vecteur de la négation de l’existence réelle, matérielle, des femmes. C’est un pas vers la négation des hommes et des femmes, au profit des individus.

Et si les femmes sont ciblées davantage que les hommes, c’est parce que les femmes représentent une menace : elles sont moins beaufs, elles ont un aperçu plus concret de la vie de par leur capacité de donner la vie, elles sont historiquement coupées du militarisme. Le capitalisme vise à supprimer la possibilité d’un matriarcat moderne qu’est, bien entendu, le Socialisme. C’est cela qui rend la question si brûlante.

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Société

L’échec du féminisme à la «me too» devant la culture beauf

Une certaine forme de féminisme a beau s’affirmer à la suite du mouvement « me too », il ne peut pas modifier la situation. Tant que la culture beauf dispose de gigantesques moyens d’expression, elle noiera toute opposition. Quelques pointes critiques n’ébranlent pas un véritable système d’attitudes et de comportements.

#metoo

La grande question à l’arrière-plan de tout programme féministe, c’est de savoir s’il faut s’adresser aux hommes ou à chaque homme en particulier. Et si le fond du problème consiste en une culture, beauf ou patriarcale comme on voudra, ou bien en des réactions individuelles erronées. Selon qu’on voit les choses d’une manière ou d’une autre, cela change tout, tant pour la manière d’exprimer le féminisme que pour évaluer ses réussites et ses échecs.

On sait comment l’individualisme n’a eu de cesse de progresser ces dernières années ; le féminisme n’a pas échappé à cela. L’une des conséquences immédiates, c’est qu’il a perdu tout sens critique. L’affirmation d’une femme, de quelque manière que ce soit, est considérée comme du féminisme… même si dans la pratique, il s’agit d’une soumission complète aux valeurs de soumission. C’est le principe de la femme « osant » se maquiller de manière professionnelle, poser nue, avoir telle robe et tels talons aiguilles, etc.

Il y a un nombre incalculable de mannequins, actrices, chanteuses, femmes de la politique et de l’économie, intellectuelles, qui se prétendent féministes simplement parce qu’elles font carrière. Le féminisme se réduit ici à la revendication de l’avancée sociale, du projet individuel. Le féminisme disparaît ici dans une sorte de magma pro-égalitaire, où les femmes sont mises sur le même plan que les étrangers, les immigrés, les migrants, les gays, les lesbiennes, les handicapés, etc. etc.

Évidemment à chaque fois, il ne s’agit pas des immigrés ou des handicapés, mais de chaque immigré, de chaque handicapé, pas des gays ou des lesbiennes, mais de chaque gay, de chaque lesbienne. C’est toujours l’individu qui est l’alpha et l’oméga de tout ce type de raisonnement. Et, par conséquent, cela ne peut aboutir qu’à des échecs, exprimés par de dramatiques « faits divers », notamment des agressions. Celles-ci apparaissent comme toujours incompréhensibles, car s’opposant au « droit » de chacun de faire ce qu’il veut.

Ce qui est ici gommé, de manière totale, c’est la culture beauf qui traverse toute la société. Il suffit pourtant de voir que le bombardement visuel d’un clip de rap diffusant tous les clichés sexistes a un impact concret bien plus important que n’importe quelle remarque en faveur de l’égalité. Même quelqu’un qui est favorable à l’égalité peut en arriver dans sa vie quotidienne à reproduire les traditions sexistes. Et cela est vrai pour les hommes bien entendu, mais également pour les femmes.

L’une des principales erreurs du mouvement féministe à la « me too », ou bien les Femen, voire en fait la plupart des organisations et regroupements féministes, c’est de partir du point de vue que toutes les femmes sont favorables au féminisme. Ce n’est malheureusement pas vrai du tout. La majorité des femmes même, peut-on dire, a tout à fait intégré des règles du jeu où elles assument une certaine passivité, afin de manœuvrer par derrière. Cela leur semble plus pertinent, plus vraisemblable, qu’un hypothétique féminisme où elles seraient vraiment autonomes.

Les films présentent d’ailleurs de manière ininterrompue un tel modèle. Même dans les cas où la femme a des initiatives, elle dépend de l’homme qui se retrouve être le protagoniste véritable. Il suffit de voir un James Bond récent, ou bien n’importe quel film catastrophe, de science-fiction, d’action. La femme qui agit se retrouve toujours coincé à un moment, et qui vient débloquer la situation ? L’homme, bien entendu. Il y a là quelque chose pernicieux, contribuant de manière massive à la prédominance des hommes. Et pourtant, on ne trouve aucune critique massive, ou même aucun début de critique, de ces insupportables scénarios.

Finalement, que voit-on ? Que le féminisme individualiste, tourné vers l’individu, est tout à fait acceptable pour le capitalisme. Il valorise l’individu, il donne une image de progrès de la société, c’est donc tout à fait utile. Par contre, jamais la femme en tant que femme n’est valorisée. Cela serait là du « naturalisme », ce serait là lui donner une « essence », ce qui est insupportable pour une société dont le fondement est l’existence individuelle radicalement séparée de tout le reste.

Ce qui amène au problème fondamental du féminisme : considère-t-il que la femme est un homme comme les autres, ou bien est-il dans l’optique que les hommes doivent se plier aux exigences des femmes ? Et dans ce dernier cas, dans quelle mesure les femmes sont-elles différentes ou bien supérieures aux hommes ? Ce qui aboutit inéluctablement à la question du rapport à la vie : la femme est-elle supérieure à l’homme, de par son rapport plus développé à la vie ?

On est tout à fait libre de le penser, et même est-ce sans doute un devoir. L’égalité hommes-femmes ne pourra pas se mettre en place sans, disons, un certain matriarcat. Croire qu’on pourra briser la culture beauf sans une certaine révolution des mentalités, sans une certaine soumission des hommes à des valeurs de paix, d’orientation vers la nature, les animaux, est une illusion pure et simple.

Cela n’intéresse pas du tout le féminisme à la « me too ». Il n’est pas du tout dans cette problématique et n’a aucune réflexion à ce sujet. Il est simplement une expression de la volonté de carrière de femmes appartenant aux couches supérieures de la société. Il exprime la volonté de ne pas être dérangé par la culture beauf – ce qui est déjà pas mal – mais il ne compte nullement supprimer cette culture beauf. Comment toutefois penser que cela serait possible ?