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Le programme en défense de la propriété du «Front populaire» de Michel Onfray

C’est à travers un éloge de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen que Michel Onfray a exposé les valeurs de son mouvement souverainiste.

La revue « Front populaire » a un nom qui mérite la haine de la Gauche. Michel Onfray vise en effet à porter la confusion en reprenant le nom du mouvement ayant barré la route au fascisme. Dans cette perspective, on trouve sur le site tant une interview croisée de Jean-Pierre Chevènement et Philippe de Villiers qu’une autre du même type avec Georges Kuzmanovic (de République souveraine) et d’Andréa Kotarac (du Rassemblement national), les deux ayant auparavant été actifs dans La France insoumise.

Le Front populaire en 1936 a été le symbole de l’unité de la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier ; la revue « Front populaire » sert à ajouter à la confusion, à la perte de repères. L’ennemi, c’est d’ailleurs très clairement le Socialisme. Michel Onfray ne cesse de se revendiquer de Proudhon et de la petite propriété ; il veut par là rassurer les capitalistes.

Il dénonce les grands financiers anti-nationaux, mais il ne veut surtout pas remettre en cause le capitalisme. C’est là la posture classique des dirigeants fascistes, qui disent : on va lancer un mouvement de masse, mais ne vous inquiétez pas, on ne touchera pas à la propriété.

Alors il donne des gages. Dans sa dernière interview au Figaro, Michel Onfray se revendique de de Gaulle, car celui-ci aurait été avec son référendum sur la « participation » un tenant du « socialisme français du XIXe siècle ». Il dit également que :

« Ma filiation est simple : c’est la gauche proudhonienne antimarxiste. »

Voilà les capitalistes rassurés. Et dans son article se fondant prétendument sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, Michel Onfray souligne bien qu’il défend la propriété, qui d’ailleurs selon lui :

« se trouve mise à mal avec une fiscalité qui pèse plus lourdement sur les pauvres et les classes moyennes, notamment via les taxes indirectes, que sur les riches véritables qui disposent des montages financiers de l’optimisation fiscale, des banques en Suisse et des paradis fiscaux. »

Et comme son but est de mobiliser le peuple sur une base patriotique contre une « oligarchie », en faisant en sorte que le capitalisme ne soit surtout pas touché, il porte comme programme :

« la propriété sans le monopole »

Il suffit de lire n’importe quelle prose d’extrême-Droite – celle fasciste au sens strict – pour retrouver exactement le même discours. C’est le mot d’ordre « ni trusts ni soviets », avec les monopoles qui seraient « financiers » et parasiteraient le pays réel. Il faudrait l’unité nationale contre les parasites. C’est le mot d’ordre « ni droite, ni gauche : en avant ! » de Doriot et d’ailleurs l’article de Michel Onfray se termine par :

« Voilà qui n’est ni rouge, ni brun , mais tricolore. »

Dans les faits, Michel Onfray, c’est La France insoumise au carré. C’est La France insoumise sans la prétention à être « alternatif » dans ses propositions. La France insoumise a même fini son rôle historique, elle a participé à la démolition de la Gauche historique et Jean-Luc Mélenchon va céder la place à des populistes comme Michel Onfray et François Ruffin, qui dénoncent les riches mais ne veulent surtout pas toucher au capitalisme, et convergent avec l’affirmation du Fascisme dont ils relèvent en bonne partie déjà.

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Michel Onfray dans le Figaro pour une «troisième voie»

Dénonçant la gauche postmoderne tout en attaquant la Gauche historique, Michel Onfray se place pour devenir un théoricien relevant de l’extrême-Droite au sens strict.

Michel Onfray a publié dans Le Figaro une sorte de petit « manifeste » : « La Gauche acéphale ». C’est un pas de plus de sa part vers un engagement politique avec une ambition extrême. De fait, il formule une thèse assez simple, malgré tout un saupoudrage de références diverses et variées digne d’Eric Zemmour.

Ce que dit Michel Onfray, pas en ces termes mais c’est pareil, c’est qu’auparavant il y avait la Gauche historique et que désormais il y a la « gauche » postmoderne. Les deux ont failli, il faut donc une troisième voie.

Cette troisième voie a déjà un nom : le Fascisme, mais Michel Onfray n’assume pas encore, bien que le contenu de sa future revue « Front populaire » va être toujours plus clair, surtout avec la propagation de la crise.

Surtout que, inévitablement, la Gauche historique va revenir en force. Michel Onfray fait fonction ici d’obstacle à cela. C’est pour cela que Le Figaro présente ce petit écrit comme un « texte lumineux ».

Voici comment Michel Onfray dénonce la Gauche historique, celle de la lutte des classes :

« Il y eut une guerre franco-allemande perdue par la France dont on ne parle pas: c’est celle qui a opposé l’idéaliste Marx au pragmatique Proudhon.

Marx a bien sûr gagné ce combat. Il eut un allié de poids avec Lénine puis Staline, qui ont appliqué la théorie communiste sur une grande partie de l’Europe. Je sais que les dévots du concept estiment que le goulag n’était pas chez Marx, mais la légitimation de la violence s’y trouve. Or, le goulag n’est jamais que l’une des formes prises par cette violence. »

Puis vient mai 1968 et une victoire, selon Michel Onfray, de la gauche postmoderne. C’est tout à fait erroné, car en réalité ce qui suit mai 1968, c’est une frange de la Gauche historique passant dans la violence et ébranlant plusieurs pays : l’Italie, l’Allemagne de l’Ouest, la France, le Japon, les États-Unis.

Toutefois Michel Onfray est un intellectuel et son horizon se réduit aux intellectuels. Comme le structuralisme l’emporte dans les universités, alors il n’y a que cela qui existe. Il est dénoncé en les termes suivants :

« Le structuralisme annonce, avec force démonstrations obscures, qu’il existerait des structures invisibles, indicibles, ineffables qui gouverneraient tout ce qui est! Exit l’Histoire, vive le règne des Idées pures (…).

Elle [= la gauche française après 1991] a donc tourné son regard vers l’ouest et, fascinée par les campus américains, elle a demandé du contenu idéologique aux néostructuralistes qui avaient dépassé le marxisme dogmatique au profit du gauchisme culturel (…) [qui] critique, entre autres: la raison occidentale, la possibilité d’une vérité, le «phallogocentrisme» pour utiliser le concept de Derrida qui dénonce ainsi le pouvoir des discours du mâle blanc occidental, les processus démocratiques du débat et de la décision, la séparation des sexes, l’écriture de l’Histoire par les Occidentaux.

En même temps, elle adoube les marges comme des centres: les homosexuels, les transgenres, les femmes, les Noirs et les Maghrébins, les immigrés, les musulmans, mais aussi, ce sont les sujets de prédilection de Foucault, les prisonniers, les fous, les hermaphrodites, les criminels, sinon, ce sont là les héros de Deleuze, les drogués ou les schizophrènes. »

Michel Onfray en conclut que :

« La gauche marxiste monolithique, perdue après la mort de Marx et de son empire, a laissé place à une gauche moléculaire. La première visait l’universalisation de sa révolution ; la seconde, la généralisation du communautarisme. L’ancienne faisait peur au capital, la seconde le réjouit. »

Il y a ici une allusion très précise. Le terme « moléculaire » est une allusion au principe de « révolution moléculaire » de Félix Guattari, l’auteur avec Gilles Deleuze de « Mille plateaux ». Ces deux auteurs sont des figures majeures du courant « désirant », dont Julien Coupat et « l’insurrection qui vient » sont grosso modo des représentants.

Ce courant « désirant », si puissant il y a peu de temps encore, a d’ailleurs laissé sa place à l’activisme postmoderne, tout comme justement le structuralisme a cédé la placé au post-structuralisme base de l’idéologie postmoderne.

Il y a des nuances et différences entre les deux, mais Michel Onfray s’en moque (ou ne saisit pas que ce n’est pas la même chose), avec raison somme toute puisque les deux sont assimilables, et en conclut… non pas qu’il faille un retour à la Gauche historique, mais une réaffirmation de Proudhon. Par « acéphale », faut-il voir une allusion à Georges Bataille, philosophe mystico-désirant ? Peut-être pas mais le problème est facile à comprendre : les tenants de Proudhon sont éclectiques et assument.

C’est le propre du style fasciste. Michel Onfray aborde les choses de la même manière et on voit mal comment il ne pourra pas toujours plus se révéler un pion au service du Fascisme… Même s’il espère en devenir le roi.

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Michel Onfray fait enfin son coming-out de facho

Cela fait des années que Michel Onfray pourrit la Gauche de l’intérieur avec ses thèses proudhonistes d’une totale hostilité aux valeurs historiques du mouvement ouvrier. Il a enfin tombé le masque pour la rentrée en affirmant souscrire aux thèses de l’UPR, le mouvement de François Asselineau.

On avait déjà Aurélien Enthoven, très médiatisé fils de Carla Bruni et Raphaël Enthoven, qui avait rejoint l’Union populaire républicaine (UPR). C’est un exemple important, car celui qui est désormais un inconditionnel du Brexit (et donc du « Frexit ») était présenté hier comme un progressiste faisant une chaîne Youtube de vulgarisation intellectuelle (Motorsport Gigantoraptor), comme un adepte du véganisme, etc.

C’est un excellent exemple de comment des intellectuels bourgeois viennent pourrir les choses de l’intérieur, Aurélien Enthoven assumant somme toute la posture du dandy au-dessus de la mêlée se permettant de donner des leçons.

Michel Onfray a fait cela pendant des années, avec un gigantesque soutien médiatique. Sa pensée était brouillonne, incohérente, anti-historique, mais bon nombre de gens de la Gauche, par fainéantise ou faiblesses intellectuelles, ont cédé devant lui. Sa démarche a toujours été celle d’un « nietzschéen », se baladant de révolte en cercle intellectuel, racontant tout et n’importe quoi en cherchant l’éclat à coups de références éclectiques.

Il va de soi que personne de la Gauche historique n’a jamais pu porter attention à ses élucubrations, voyant aisément une sorte d’anarchiste de Droite cherchant un assentiment médiatique et populaire. Ce qui s’appelle, au sens strict, une démarche fasciste.

De toutes manières, on peut voir que Michel Onfray a soutenu en 2002 Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire (devenu depuis 2009 NPA) aux présidentielles de 2002, affirmant que « la gauche doit être de gauche ». En 2006, il explique finalement qu’il n’est pas contre le capitalisme ni la propriété privée. Il se dit alors post-anarchiste et pour un « capitalisme libertaire », pour soutenir le Front de gauche aux élections européennes de 2009, pour de nouveau changer d’avis, etc.

Finalement, ces derniers mois il s’est posé comme climato-sceptique et souscrit désormais ouvertement aux thèses de l’UPR. Ce coming out s’est fait à la toute fin d’une conférence de deux heures dans une librairie, avec une question « tombée du ciel » prétexte à une véritable apologie. C’est naturellement un coup politique.

On vivrait dans un « État supranational », il y aurait un « empire maastrichtien » : c’est tout le discours nationaliste, qui s’associe impeccablement au discours sur la décadence de « l’Occident » fait par Michel Onfray.

De manière très intéressante, il défend également les gilets jaunes des origines, contre ceux ensuite manipulés par Jean-Luc Mélenchon, la CGT, SUD, etc. Au lieu de faire une critique par la Gauche – et donc de rejeter les gilets jaunes, ainsi que l’opportunisme à ce sujet – il fait une critique par la Droite.

Il est à ce niveau dans la tendance, car les gilets jaunes ne vont ramener que de mauvaises choses, relevant de la boîte de Pandore du populisme, de l’éclectisme des idées au point de mélanger revendications sociales et nationalisme. Ce qui se déroule sous nos yeux est de l’Histoire à l’état pur.

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Un acte VI des gilets jaunes toujours plus faible à tous les niveaux

Malgré une médiatisation de très haute importance et un activisme débridé, les gilets jaunes disparaissent, leur base sociale ne relevant somme toute que des classes moyennes. Cet effondrement s’accompagne d’une théâtralisation des gilets jaunes soulignant une fois de plus qu’on est là en-dehors de la lutte des classes.

Gilets jaunes

Les rassemblements des gilets jaunes pour un septième samedi consécutif reflètent le fiasco général de ce mouvement. Sur le plan du nombre, on doit tourner autour du tiers par rapport à la semaine dernière, où il y avait à peu près 40 000 personnes de mobilisées.

Malgré tout le tapage médiatique, l’utilisation massive des réseaux sociaux, les multiples blocages de routes et les initiatives les plus diverses, le mouvement des gilets jaunes s’étiole, s’efface littéralement. Rien de concret ne le porte, à part la rancoeur des classes moyennes.

Sur le plan des idées, la dimension politique révèle par conséquent désormais ouvertement ce qui était déjà clair pour qui avait des yeux et osait voir, pour qui avait des oreilles et osait entendre. Les drapeaux français ont été la norme, les dénonciations de « l’oligarchie » le principe, l’appel à un référendum « citoyen » un mythe mobilisateur digne de Georges Sorel.

On a là un mouvement élémentaire, dans l’esprit de la jacquerie fiscale, le rejet de toute réflexion politique. Rien de bon ne peut en sortir et les gens ayant une conscience sociale de Gauche ont raison de craindre que ce ne soit l’extrême-droite qui tire les marrons du feu. Le mode opératoire des gilets jaunes est trop en phase d’ailleurs avec le style de l’extrême-droite pour qu’il n’en soit pas ainsi.

Le portail de la banque de France a été incendié à Rouen, le drapeau européen enlevé devant Radio France à Paris, alors que cette ville a vu également des rassemblements devant BFM TV et France Télévisions, ce qui relève d’une lecture complotiste des médias, qui « manipulerait » l’opinion, qui relèveraient simplement de quelques banquiers décidant de tout, etc.

Gilets jaunes

Non pas que les médias soient « neutres », mais justement, protester contre eux en demandant pourquoi ils ne le sont pas, c’est une naïveté apolitique convergeant avec le fantasme petit-bourgeois d’un État « neutre », au-delà des bourgeois et des ouvriers. Ce n’est pas pour rien justement que les gilets jaunes ont systématiquement évité les thèmes risquant de mettre en mouvement les bourgeois et les ouvriers.

Ils ont fait comme si les bourgeois et les ouvriers n’existaient pas… Pour justifier leur existence sociale et donner de l’importance à une révolte élémentaire sans queue ni tête. Et il est effarant de voir le contraste suivant : les blocages des gilets jaunes ont été marqués par la mort de dix personnes, que 1500 manifestants ont été blessés (une cinquantaine grièvement), sans pour autant que cela aille de paire avec une véritable affirmation politique.

C’est là totalement fou ! Il y a quelque chose d’ampleur, mais en dehors de toute politique. C’est très exactement ce qui correspond au Fascisme. Et quand on voit le philosophe Michel Onfray saluer un prêtre faisant une messe de Noël avec 250 gilets jaunes, on a compris ce qui se passe : c’est l’émergence d’une révolte des classes moyennes, avec la convergence des idéalismes, la fusion du national et du social, la spontanéité primitive érigée en lutte.

Le temps des fachos et d’une extrême-droite conservatrice-nationaliste est fini, voici désormais le Fascisme qui ressurgit historiquement, comme mouvement anticapitaliste romantique par en bas. C’est un tournant dans l’histoire de notre pays.

Gilets jaunes