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Écologie Planète et animaux

Super Cow

Un clip saisissant.

Moby, musicien et artiste renommé ayant adopté une démarche démocratique, socialement consciente au sujet de la question animale au point de devenir vegan, a sorti une nouvelle vidéo réalisée avec l’écrivain et réalisateur Dustin Brown et l’organisation Last Chance for Animals sur laquelle il est impossible, en 2022, de faire l’impasse.

Tout y est. Tout brûle d’empathie pour les vaches victimes des abattoirs, dans un clip dont le style artistique très réussi et le message véhiculé par le scénario et son « twist final » ne peuvent laisser personne indifférent si ce ne sont les individus sans conscience ayant déjà depuis longtemps perdu la capacité de s’émouvoir de quoi que ce soit.

Ce clip rappelle un fait que tout le monde préfère ignorer pour éviter d’avoir à y faire face : les animaux sont des êtres sensibles, capables d’émotions, de construction sociale et qui, rongés par la terreur, préféreraient évidemment fuir les couloirs froids d’un lieu de mort pour rejoindre l’herbe et la chaleur du soleil à l’air libre s’ils en avaient la possibilité.La musique accompagnant le clip est une reprise de sa propre chanson « Why does my heart feel so bad ? » de 1999, que l’on pourrait traduire par « Pourquoi ai-je si mal au coeur ? (et à l’âme, dans la suite des paroles) ». Déjà à l’époque associée à son clip original, cette chanson était d’une mélancolie arrachante… La reprise est ici est donc très pertinente, et compte tenu de la scène qui se déroule au long de ces 2 minutes et 33 secondes, la mélancolie est décuplée et se mue en véritable sentiment de tristesse face à une porte scénaristique qui se referme violemment, exactement comme le rideau métallique menant à l’enclos de mise à mort du début de la vidéo.

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Culture Écologie Vie quotidienne

Un bijou incontournable de Moby et Steve Cutts

Une vidéo synthétisant une exigence du 21e siècle.

Un grand artiste de la musique rencontre un grand artiste du dessin et cela donne quelque chose de formidable. Pourquoi ? Parce que ces grands artistes, à rebours du subjectivisme, s’ancrent dans le réel. Une œuvre d’art, ce n’est pas un étalage émotionnel purement individualiste, mais une exposition de la réalité à travers la sensibilité.

On parle ici de Moby (qui assume d’être lié à l’esprit techno des années 1980) et de Steve Cutts (aux vidéos écologistes incontournables), le second ayant fait la vidéo de la reprise par le premier de sa chanson classique de 1999 Why Does My Heart Feel So Bad?.

La question animale, dont 99% des gens n’est toujours pas capable de parler en France en 2021, s’expose ici dans toute sa dignité… Et avec toute son exigence !

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Moby appelle à un retour à l’esprit techno de la fin des années 1980

Moby vient de sortir un album et c’est toujours l’occasion de saluer cette figure musicale, culturelle, politique. Il a réussi à maintenir une profonde cohérence, des valeurs sérieuses tout en cherchant autant que possible à éviter toute forme de corruption.

Moby a sorti son 17e album et on aurait tort de le juger selon des critères traditionnels. Moby ne prétend pas à la nouveauté et il n’est pas là pour étaler son ego. Il aurait pu aisément mener une carrière commerciale, mais il a réussi à maintenir son intégrité punk initiale. L’un de ses coups marquants a été, après l’important succès de l’album Everything Is Wrong en 1995, la sortie l’année d’après d’un album d’alternative rock au son parfois carrément abrasif, sur une base punk ou hardcore, Animal rights.

Sa carrière commerciale fut torpillée, mais lui s’en moqua très clairement. C’était une question d’intégrité. Il considère d’ailleurs Animal rights comme son meilleur album. Et l’album suivant, Play, avec un retour à la musique électronique fut son plus grand succès. Là les choses se passèrent mal : il sombra dans la décadence. Drogues, alcool, coucheries, jusqu’à l’implosion. Qu’à cela ne tienne, assumant le combat et la rupture, il vit désormais dans un trois pièces, rejetant ce passé corrompu.

Car, de quel « succès » parle-t-on ? Moby est l’un des nôtres. Lui, qui a désormais « vegan for life » de tatoué sur le cou, a distribué ces dix dernières années la quasi totalité de son argent gagné à des associations, notamment en faveur des animaux. On ne peut pas le juger selon des critères propres au capitalisme et il en va de même pour son dernier album.

Si demain il y avait le Socialisme et qu’on confisquait ses richesses, en admettant qu’il en ait réellement, il dirait : ah, cool. Et il faut bien faire attention : Moby ne vient pas de la petite-bourgeoisie intellectuelle. Il vient des couches populaires. Il a même vécu à un moment dans une usine à moitié abandonnée, sans eau courante mais avec l’électricité gratuite, lui permettant d’élaborer de la musique électronique après qu’il ait participé à la scène punk hardcore.

Il n’a d’ailleurs jamais pu s’entendre avec les « majors » de l’industrie musicale ni tous les escrocs de ce milieu et finalement il est bien content d’être un énorme travailleur produisant énormément de choses, faisant de la « méditation », « déçu » d’être hétéro mais ne passant pas pour autant dans les délires postmodernes. Il est à la frontière : son difficile parcours et ses racines, tant alternatives que populaires, en font quelqu’un d’ancré dans le réel. Il faut dire que le véganisme ne pardonne pas niveau ancrage dans le réel, surtout quand on l’est comme lui depuis 1997.


Sur son compte Twitter, Moby se définit comme « un amoureux de l’ALF » et il est d’ailleurs évidemment également straight edge, avec VX (pour vegan straight edge) tatoué à côté de son œil droit. Il a un regard très critique sur ses errements passés à la suite du succès de l’album Play et dans une interview au JDD à l’occasion du nouvel album, il raconte avoir rencontré Donald Trump « à plusieurs reprises quand [il vivait] à New York durant [ses] années décadentes ».

Tout cela pour dire qu’il est un personnage terriblement sympathique, à rebours des beaufs et Dieu sait s’il y en a en France et aux États-Unis. Ce qui amène la question : pourquoi n’y a-t-il pas plus de Moby ? Et puis où sont tous nos Moby français ? Il faut dire ici que les Français considèrent la viande, l’alcool et les coucheries comme un haut niveau de civilisation, ce qui fait qu’on est évidemment très loin du compte.

On ne doit pas s’étonner que le nouvel album, All visible objects, a ainsi une approche assez recherchée. Musicalement, c’est en quelque sorte un retour de la fin des années 1980, avec ce son des début de la musique électronique, dont Voodoo Ray d’A guy called Gerald fut un sacré emblème. On est dans cet esprit mêlant sonorités house, dub, revendication d’universalisme et de paix, avec des nappes électroniques ambiantes.


C’est un choix esthétique de Moby, sa contribution. Il est conscient que la fin des années 1980, dont il explique être nostalgique avec « 10 000 autres ravers », portait dans la musique électronique une énorme volonté de changement, avec une profonde dimension existentielle. Ce qui s’est déroulé en Grande-Bretagne a été énorme, d’une ampleur formidable, malheureusement anéantie par les drogues. La techno assumait l’universalisme, la modernité technologique, le fait de vivre en paix, de vouloir l’harmonie avec la planète. C’est avec cela que Moby appelle à renouer. Et il a raison.