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Société

Une députée LFI participe à un rassemblement de motards en colère

Des Amis de la Terre aux fanatiques du transport individuel.

Depuis le vote de la loi « Climat et résilience » en 2021 qui rend obligatoire la création de « zones à faible émission »  pour toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici 2025, on voit ressortir la colère beauf qui avait vu naître celle contre les 80km/h, puis des gilets jaunes.

Évidemment, les zones à faible émission qui vise à faire interdire aux maximum la circulation routière dans les grandes villes sur la base des vignettes Crit’Air forment une mesure anti-populaire et anti-démocratique fondée sur une logique libérale. Néanmoins, la question est de savoir si on répond en se plaçant du point de vue de l’avenir ou du passé.

Façonné par le capitalisme, la réponse des Français est de faire du passé un fétiche.

Le samedi 25 mars ce sont donc 8000 motards venus de toute la France qui ont roulé en mode escargot dans toute l’agglomération de Rouen, de Saint-Étienne du Rouvray jusqu’à l’Hôtel de Ville de la métropole de Rouen, pour diffuser leur revendication : bénéficier d’une dérogation au dispositif de la ZFE alors même qu’ils bénéficient déjà d’un sursis jusqu’au 31 août 2023 ! « Laissez-nous tranquille, comme il y a 40 ans quand on faisait ce qu’on voulait sur les routes », voilà le mot d’ordre général du rassemblement.

Il faut dire que les motards, et la FFMC en particulier, ont un sacré panel de revendications détestables à leur actif, allant de leur opposition au 80km/h à l’abrogation du contrôle technique obligatoire, en passant par leur exclusion des circulations alternées dans les grandes villes lors des pics de pollution. Plus anti-social tu meurs.

Les motards pourront dire tout ce qu’ils veulent, ils ne sont là que pour protéger leur désir individuel de pouvoir rouler sur leurs cylindrés comme bon leur semble. Sinon ils organiseraient un autre type de manifestation, et non pas une bien beauf « opération escargot » qui vise à rouler très doucement et donc enfumer et casser la tête encore plus aux gens…

Car, en plus, les motards esquivent bien la réalité des faits. En 2019 par exemple, une étude d’ICCT menée à Paris sur 3 455 deux-roues révélait que ces engins motorisés émettaient 11 fois plus de monoxyde de carbone ainsi que 6 fois plus d’oxyde d’azote qu’une voiture essence ou même diesel. Une réalité qui avait été dénoncée par l’association « Ras le scoot » dans une pétition contre les pollutions sonores et atmosphériques des scooters et motos en 2021.

Même les motos produites après 2016 et le resserrement de leur encadrement des normes de pollution, restent plus fortement émettrices en oxydes d’azote.

Le comportement des motards aurait dû d’ailleurs provoquer une colère noire chez les habitants d’une agglomération qui connaît une piteuse qualité de l’air du fait de la circulation routière et de l’intense activité industrielle périphérique, dont le terrible incendie de Lubrizol il y a trois ans a été un révélateur.

En tout cas, cela n’a pas choqué la toute nouvelle députée de la 4e circonscription de Seine-Maritime LFI-NUPES, Alma Dufour qui a participé à ce rassemblement au nom du rejet de la ZFE rebaptisée « zone à forte exclusion ». Et le ton de son discours été d’un populisme outrancier :

« Y a rien de pire que la résignation qui s’installe dans les têtes et les cœurs des gens en ce moment. Et on voit, que ce soit aujourd’hui, que ce soit dans toutes les manifestations contre la réforme des retraites, le peuple français se réveille, le peuple français n’a pas peur et le peuple français a le droit de décider de son destin. »

On est là dans le pur style gilet jaune d’une « convergence des colères » sans aucun contenu si ce n’est celui de dénoncer une mesure antipopulaire sans jamais véhiculer un message de transformation socialiste. C’est le néant, un nivellement vers le bas des consciences…

Un activisme que le pays connaît depuis longtemps, du boulangisme au poujadisme en passant par la ligue des contribuables des années 1930 et le CIDUNATI des années 1960. C’est la vaine contestation à la française.

Mais pire que cela encore, on a donc une femme de 31 ans qui ancienne porte-parole de l’association écologiste les Amis de la terre de 2017 à 2021 qui ne trouve rien mieux à faire dans la ville qui a connu la catastrophe de Lubrizol que d’aller à un déambulation motorisée de ringards n’ayant que leur individualisme comme étendard.

On voit ici à quel point La France Insoumise qui a investi en politique cette ancienne militante de la « génération climat », constitue un verrou qui cadenasse tout renouveau de la Gauche historique.

On est là dans la parfaite figure du néo-populiste qui s’imagine débarquer pour mieux tout renouveler alors même qu’elle relève d’un activisme populiste ponctué d’ « engagement » rémunéré au sein d’ONG et autres associations.

C’est un rejet pur et dur de la perspective du Socialisme qui est seul à même de fournir une résolution démocratique et populaire à la question de la pollution par la circulation routière. Car elle est la seule à assumer la direction à tous l’échelons de la société des valeurs collectivistes, ayant pour conséquence de faire reculer les villes et de démanteler au maximum l’horrible civilisation de la voiture, dont la moto et la trottinette électrique sont des excroissances.

Ou comme il l’avait souligné à ce propos, cela pose la question du changement du mode de vie dans le cadre de l’opposition entre la ville et la campagne plus qu’une opposition pro/anti voitures. C’est pourquoi :

La mise en application des ZFE devrait ainsi être l’étincelle qui met le feu à la plaine mais non pas sur une base d’un retour aux années 1970, mais en revendication de transports en commun pour tous et partout, avec donc en filigrane la planification démocratique du développement social. Des années 1970, seul le slogan des autonomes doit être retenu : « que voulons nous ? Tout ! ».

Tout ! C’est-à-dire toute la richesse collective pour avoir un pays qui se développe de manière homogène, pour en finir avec les déséquilibres injustes entre grandes métropoles et campagnes, et pour avoir des transports collectifs respectueux de la personnalité humaine et de la Biosphère.

Ça c’est la position de la Gauche historique, à mille lieux des fantaisies populistes qui nous emmène droit vers l’extrême-Droite nationaliste tout en rendant respectable, car vu comme « responsable », les modernisateurs libéraux. Une position qui se refaire un chemin dans les consciences populaires, et vite !

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Écologie

Pétition contre les pollutions sonores et atmosphériques des scooters et motos

Une pétition initiée par le collectif « Ras le scoot« .

Le lien pour signer : mesopinions.com

Voici le texte de la pétition :

« M. Macron, Stop au vacarme des motos

Le 11 août 2021, nous fûmes nombreux à nous réjouir d’apprendre la mise en place du contrôle technique pour les scooters et motos. Et tous très déçus d’apprendre le lendemain que vous, Président de la République, annuliez cette décision, sous prétexte de ne pas embêter les français. 

En ville ou à la campagne, chacun constate que les deux roues motorisés font beaucoup plus de bruit que les voitures. Les motos et scooters sont la deuxième cause de nuisance sonore citée par les Franciliens. Selon BruitParif, une moto débridée peut réveiller à elle seule dix mille riverains en traversant Paris. En vallée de Chevreuse, dans les Vosges, en Provence, les élus et les habitants se mobilisent contre le vacarme des motards qui prennent les petites routes pour un circuit, dégradant la qualité de vie des habitants. Une récente étude[1] chiffre à 156 milliards d’euros par an le coût social du bruit. Car la lutte contre le bruit est un enjeu de santé publique.

D’autre part, plusieurs études[2] ont démontré que les véhicules deux roues motorisés polluent beaucoup plus que les voitures à essence : 2 à 15 fois plus d’oxydes d’azote (NOX), 3 à 20 fois plus de monoxyde de carbone (CO) et 15 à 1 000 fois plus d’hydro­carbures (HC). Des émissions de polluants qui ont de sérieux impacts sanitaires.

Il existe des normes de bruit et de pollution atmosphérique. Constatant les pollutions sonores et atmosphériques excessives et sachant que de nombreux motards modifient leur échappement pour faire encore plus de bruit, il est incompréhensible que vous exemptiez ces véhicules du contrôle de conformité que constitue le contrôle technique. De plus, ce contrôle est prévu par une directive européenne de 2014, comment comprendre que la France – qui assurera la présidence du Conseil européen au premier semestre 2022 – décide de ne pas appliquer la législation européenne ?

Ainsi, Monsieur le Président de la République, nous demandons d’agir pour réduire les pollutions sonores et atmosphériques occasionnées par les scooters et motos :

1 En instaurant le contrôle technique pour tous les deux-roues motorisés thermiques (y compris cyclomoteurs) au 1er janvier 2023

2 En révisant les normes et modalités d’homologation des deux-roues motorisés pour limiter l’émission sonore réelle à 68 dB (comme les voitures – cible 2024)

3 En accélérant le déploiement de radars anti-bruit fixes pour contrôler et verbaliser les nuisances sonores des véhicules

4 En augmentant les moyens permettant aux forces de l’ordre de procéder à des contrôles aléatoires portant sur la conformité des véhicules deux roues motorisés ; mener des campagnes de contrôle régulières

5 En créant un observatoire des nuisances sonores pour surveiller ces nuisances et proposer des solutions adaptées à chaque environnement pour les réduire.

Après la signature, n’hésitez pas à compléter votre profil avec vos noms et prénoms afin de donner plus de poids à la pétition!

Vous pouvez adhérer à l’association RasLeScoot en suivant ce lien : https://www.helloasso.com/associations/raslescoot/adhesions/adhesion-individuelle

[1] Source : Le coût social du bruit, étude Ademe/Conseil national du bruit, 2021

[2] Source : D Pillot, Analyse des émissions de 2 roues et quadricycles motorisés, Ifsttar-Ademe, 2017 et ICCT, Emissions polluantes provenant de cyclomoteurs, motocycles et autres véhicules de catégorie L à Paris, fiche d’information du TRUE (the real urban emissions initiative), 2019, 2 p »

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Société

30km/h à Paris: il en faudra beaucoup plus contre les voitures

La voiture est un fléau typique du siècle précédent.

Durant le 20e siècle la voiture, et son corollaire beauf qu’est la moto, ont été synonymes de modernité. C’était surtout la modernité du capitalisme, qui pouvait ainsi mieux s’étaler sur le territoire et atomiser les esprits, notamment en envoyant la classe ouvrière loin des centres urbains.

Le 21e siècle sera forcément celui d’une nouvelle modernité, socialiste, en écrasant pour de bon ce vieux modèle qu’est la circulation motorisée individuelle et toutes ses nuisances. Mais il faudra pour cela bien plus, et surtout une grande révolution des mentalités avec les classes populaires prenant cette question à bras-le-corps pour transformer radicalement les villes et les campagnes.

Ainsi, les mesures actuelles sont insuffisantes et pas vraiment appliquées. Elles sont symboliques et souvent incohérentes. Pour preuve, depuis le 30 août 2021, la mairie de Paris limite la circulation motorisée à une vitesse de 30km/h. Cela a beaucoup d’écho, car les Français adorent râler et adorent donner la parole à ceux qui râlent, surtout quand il s’agit de critiquer « Paris ».

Voilà donc un cinéma bien français, avec un bobo « écolo » adjoint à la mairie qui s’imagine avoir une heure de gloire et des automobilistes qui s’imaginent opprimés, presque meurtris.

Pourtant, la réalité parisienne ne va pas changer et la circulation des voitures et deux roues motorisés continuera ses nuisances. Celles-ci sont nombreuses : bruits, pollutions, accidents, occupation de l’espace, difficultés pour les autres circulations, incivilités…

C’est paradoxal parce qu’en pratique, 60 % des rues sont déjà limitées à 30 km/h, beaucoup de grands axes (Champs-Élysées, grands boulevards) restent à 50 km/h… À Paris, l’étude sur les déplacements en 2019 a estimé autour de 12 km/h leur vitesse moyenne.  

Mais le ralentissement voulu dans un esprit bobo est le pendant de l’accélération et des incivilités d’une société remplis d’individualistes en décadence.

Il y a également une spécificité parisienne. Car la limitation de la vitesse est en tous cas une tendance en cours dans de nombreuses grandes villes françaises, avec deux objectifs affichés : limiter la pollution et améliorer la sécurité routière. C’est le cas pour 200 villes telles Montpellier, Nantes, Grenoble ou encore Toulouse. Cela n’est pas une mauvaise chose évidemment, et il peut sembler qu’il y ait des effets concrètement positifs.

Ainsi, à Grenoble, après trois ans de mise en place, une étude du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) a déterminé une baisse des accidents sur les piétons de 24 %, avec aussi une diminution de leur gravité et du nombre d’hospitalisations.

Sauf qu’à Paris, l’objectif est surtout une lecture grand bourgeoise visant à la piétonnisation du centre-ville et de zones toujours plus grandes: c’est l’expression du Paris comme Disneyland se mettant en place depuis plus de dix ans.

Il y a également un problème de fond en général. Car la question est surtout culturelle, il ne s’agit pas tant de mettre en place des règles que d’avoir les moyens (policiers, légaux, sociaux-culturels), de les faire respecter.

Si l’on prend le cas de Nantes où la circulation est limitée à 30km/h dans la plupart des rues depuis maintenant un an, il est flagrant que cela n’est en réalité pas respecté et qu’il n’y a rien de mis en place pour le faire respecter. La porte-parole du collectif Ras le scoot Nantes explique ainsi :

«Dans les faits, on en est très très loin [des 30 km/h]. Les exceptions sont trop nombreuses. Et dans le centre, les zones piétonnes ne sont pas respectées par les deux-roues par manque de verbalisations».

En effet, depuis début 2021, la municipalité n’affiche que… 123 verbalisations pour excès de vitesse, alors qu’il y aurait encore selon l’aveu même d’un adjoint, 15 % des voitures roulant au-dessus de la limite. Précisons ici que l’adjoint dit « seulement 15% », sous-entendant que ce n’est pas beaucoup, alors que c’est en fait énorme.

C’est d’ailleurs la même chose que sur l’ensemble des routes. Les politiques de contrôle, notamment les radars automatiques, mais aussi l’évolution des mentalités, a fait qu’il y a une grande majorité des conducteurs respectant les limites et les règles de circulation. Mais la minorité ne le faisant pas est par contre très à l’aise, et ne rencontre que très peu de répression.

Les moyens GPS pour contourner les contrôles sont très efficaces et accessibles, et l’état n’envisage aucunement de les interdire (ce qui est pourtant très simple). Les voitures anonymes avec radars embarqués (qui seraient un moyen très efficace contre les chauffards) ne sont que 385 en France, dont seulement 83 pilotées par des sociétés privées dédiées à cela, qui le font 6 heures par jour.

De la même manière en ce qui concerne Paris, il n’y a que 5 radars fixes de détection de la vitesse dans toute la ville. Alors il faut mettre des moyens, et surtout combattre culturellement toute l’idéologie beauf, arriéré, qui va avec la défense absolue de l’automobile et des motos.

Il faut ici citer les propos grotesques de Jean-Marc Belotti, le président de la Fédération française des motards en colère, dont la mauvaise foi est assez incroyable : «C’est n’importe quoi, en moto, quand on est à 30 km/h, nous sommes en première, et c’est un régime qui est tout sauf écolo!»

Les motards ont dans le même ordre d’idée réussi à stopper la mise en place d’un contrôle technique des motos. C’est conforme à l’époque : il y a les exigences de cesser le règne fou de la voiture (et des motos), mais de l’autre il y a les automobilistes (et les motards qui font obstacle…

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La moto et la ville

On part au travail dans une zone industrielle, on travaille dans un bureau, dans un hangar, peu importe… On travaille en intérieur, sous la lumière blanche des néons pendant sept à huit heures d’affilées. À la fin de la journée, on rentre en ville, généralement dans son appartement, après avoir passé tout le trajet à voir sans vraiment regarder des panneaux publicitaires, des enseignes lumineuses, de la même façon qu’on est hypnotisé par la lumière rouge des feux arrières des voitures devant nous. Et le lendemain, ça recommence !

Quand on vit en ville, et qu’on y travaille, en son cœur ou bien en périphérie dans une zone industrielle, vient toujours un moment où le travailleur se sent pris à la gorge, et rêve de s’échapper. Il y a une contradiction puissante entre la profusion urbaine poussée jusqu’au malsain, et le vide total des campagnes. Le motard, lui, est souvent une personne qui, au fond, cherche à briser ne serait-ce que le temps d’une balade, cette contradiction.

Il part donc, seul ou accompagné, sur les plus jolies routes de sa région. Pourquoi sont-elles plus jolies ? Parce-qu’elles sont bordées d’arbres, parce-qu’elles sont à flanc de falaise et laissent admirer des paysages à couper le souffle. Même sans tomber sur de magnifiques panoramas, le simple fait de sortir et d’être au contact de la nature, de voir qu’il existe encore des endroits où les bâtiments ne font pas la jonction entre la terre et le ciel, est un soulagement en soi. Certains roulent doucement, pour prendre le temps d’admirer et certains roulent trop vite, pour se défouler.

Le motard cherche à vivre, à être au contact de l’air, il tâtonne pour trouver une authenticité qui lui manque. Il a toujours une bonne raison de fuir la ville, qu’il ne supporte pas au quotidien : il suffit d’observer son comportement dans la circulation pour voir qu’il se sent oppressé et frustré dans le chaos urbain, ses embouteillages, ses grandes voies réservées à certains usagers précis, qui lui semblent désespérément et inutilement vides. Il a rapidement besoin d’aller vite, même pour aller travailler dans un endroit qu’il n’apprécie pas vraiment.

C’est pour cela qu’il adopte souvent une conduite à risque, qu’il se met lui et les autres en danger. Si conduire une moto n’est pas un crime, il faut aussi que le motard devienne plus conscient de ce qui le motive au fond et qu’il comprenne que la moto, si elle lui permet de fuir la folie des villes ou de se vider l’esprit de tous ses soucis, n’est pas pour autant un sésame pour l’authenticité et la liberté.