Catégories
Effondrement de la France

Cavaillon, message de la DZ Mafia…

La vague de narcobanditisme est irrépressible et deux exemples nouveaux montrent qu’on a encore passé un cran.

Il y a déjà la DZ Mafia, l’une des principales structures du narco-banditisme à Marseille, qui a produit une vidéo. Les criminels affirment qu’ils n’ont rien à voir avec le meurtre d’un chauffeur VTC par un jeune de 14 ans, à Marseille.

On est ici dans une mise en scène calquée, non pas sur le FLNC comme l’ont dit les médias, mais sur les cartels latino-américains. Car le discours des cartels est toujours le même : nous nous occupons de la population, nous ne sommes pas des assassins mais des hommes d’affaire, quand on ne nous dérange pas tout se passe bien, etc. Les organisations mafieuses italiennes sont pareilles, mais pratiquent la discrétion, alors que les cartels ont le culte de l’imagerie, surtout au Mexique où culturellement la tradition est de toute façon l’ajout ornemental. L’idéologie des cartels s’appuie sur la visibilité, sur la maîtrise ouverte. Ce n’est pas simplement du trafic dans l’arrière-cour des villes (comme historiquement à Paris et Lyon).

Les mafias savent qu’elles doivent agir dans l’ombre, les cartels insistent sur leur représentativité visuelle. Dans les mafias, les traditions ont le dessus. Dans les cartels, la force de frappe et sa démonstration sont ce qui compte. D’où le caractère extrêmement grave de la vidéo de la DZ Mafia, non pas en ce qu’elle est – elle témoigne d’un certain niveau d’amateurisme, l’ensemble est plus forcé qu’autre chose – mais en ce qu’elle annonce.

C’est la force de frappe qui commence à primer, à s’affirmer. C’est le rêve de Nietzsche, l’affirmation du surhomme qui se met en jeu quitte à périr. C’est l’idéologie des cartels, qui est d’ailleurs parallèle à l’idéologie fasciste historiquement, qui est elle aussi patriarcale-sacrificielle.

Une mise en scène du cártel de Jalisco Nueva Generación au Mexique

Voici des extraits des propos de la DZ Mafia, qui dénonce des « personnes malveillantes et mal intentionnées ».

« Maintenant, en ce qui concerne les faits, la DZ Mafia n’a strictement rien à voir, ni de près, ni de loin, dans tout ce qui s’est produit. Aujourd’hui, notre nom est devenu une marque utilisée par de nombreuses personnes malveillantes et mal intentionnées qui n’ont strictement rien à voir avec nous. »

« L’enfant de 14 ans ainsi que l’utilisation d’un VTC pour commettre un crime n’a rien à voir avec nos méthodes. Nous avons assez de moyens assez d’hommes et de véhicules pour agir si nous en étions obligés. »

Ce qui compte ici, c’est que la DZ mafia parle comme si c’était une structure reconnue, existante, consciente. Ce n’est pas simplement un clan ou un gang, monté sur le tas, et ce n’est pas une mafia avec une structure hyper-hiérarchisée, formalisée sur différentes traditions. Les cartels sont une expression du cannibalisme social, un retour en arrière historique.

Les mafias, si l’on veut, sont des restes de féodalité. Les cartels sont quant à eux des expressions d’un retour en arrière historique propre à un capitalisme décadent. C’est fondamentalement différent.

Alors, évidemment, DZ Mafia est une allusion à l’Algérie, DZ étant le code de ce pays (el-Djazaïr en arabe). Néanmoins, ce n’est pas ce qui joue. Les cartels, en effet, naissent sur une base patriarcale, avec une dimension familiale, clanique. Et à un moment ils connaissent un saut, en raison de la situation décadente du pays où il se trouve. Il y a alors un élargissement et ce n’est plus l’origine ethnique ou géographique qui compte.

En ce sens, la DZ mafia n’est pas loin de devenir un cartel, c’est la tendance interne qui la travaille. Et la situation de décadence du capitalisme, de désagrégation des liens sociaux dans le cadre de la crise commencée en 2020, accélère le processus.

C’est ce qui nous mène au second exemple, celui de Cavaillon. C’est un fait divers normalement, mais dans le contexte de la vidéo, son sens change totalement.

L’affaire est simple en apparence : quatre voitures, dont trois floquées de police (la 4e serait une voiture banalisée), ont été incendiées dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 octobre, devant le commissariat de Cavaillon, dans le Vaucluse. Il y a des habitations à côté et la menace du feu était générale.

Il est considéré que c’est une réaction à une opération menée au moyen d’une centaine de policiers et menant à une série d’arrestations et de confiscation de drogues, quelques jours auparavant, dans la cité du Dr-Ayme, à Cavaillon (Vaucluse), visée depuis deux semaines par la police qui cherche à démanteler le réseau local des trafiquants.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a affirmé que :

« L’État ne se laissera pas intimider. »

Et effectivement, les trafiquants de Cavaillon ont surestimé leur force. Il en est de même pour la DZ Mafia. Cependant, que ce soit les uns ou les autres, cela ne changera rien à la tendance de fond qui est la structuration de cartels.

Les Français s’imaginent trop que ce qui leur pend au nez, c’est éventuellement une situation à l’américaine, avec des gangs dans chaque zone, mais sans unité, et en plus avec la difficulté de s’approvisionner en armes, puisqu’en France ce n’est pas un marché ouvert comme aux États-Unis.

Non, la tendance, ce sont les cartels, qui représentent une réactivation du passé depuis le présent : en l’absence de renversement du capitalisme, ce dernier s’effondre et permet à des formes primitives, résiduelles, de ressurgir. Ce qui attend la France, c’est ainsi bien plus un découpage géographique comme au Mexique, avec des batailles permanentes pour le contrôle de telle ou telle zone.

Carte des différentes zones où les cartels agissent en 2020, selon l’État mexicain

La nature patriarcale de tout cela est évidente, aussi cela rappelle encore plus la nécessité absolue pour les femmes de lutter pour le Socialisme.

Et cela souligne aussi qu’il ne faut céder en rien aux bobos de gauche en mode LGBT, pro-migrants et autres délires turbocapitalistes. Ils ne font pas le poids dans ce qu’ils transportent historiquement, alors qu’on va vers de terribles affrontements – contre la guerre de repartage du monde, contre les cartels ! Oui, c’est une armée rouge qu’il nous faut, une armée du peuple pour le peuple !

Catégories
Effondrement de la France

L’horreur du type narcos à Marseille début octobre

Cinquante coups de couteaux et brûlé vif, un conducteur de VTC assassiné par un tueur à gages de… 14 ans : ce qui s’est passé à Marseille début octobre témoigne de l’escalade de la violence. Le nihilisme accompagne la décadence de la France. Les gens croient vivre dans une société post-industrielle et se noient dans la société de consommation, il n’y a plus aucune valeur, ni même de définition (ni homme, ni femme disent-ils), et l’art lui-même se dissout entièrement dans le vide de l’art contemporain. C’est l’effondrement et de là naissent les monstres.

Nous insistons lourdement sur cette question. Nous sommes le seul média à gauche à parler de la question du narco-trafic et à expliquer que c’est une menace fondamentale qui ne cesse de grandir. C’est que nous avons compris que la société française est en décadence, et nous voulons une nouvelle humanité. Tous les autres se complaisent dans une grande tolérance aux drogues, et même aux traffics. Si vous voulez que les choses changent, il faut suivre notre ligne et porter la rupture avec les valeurs décadentes. Il faut assumer le rouge du Socialisme, et ne pas faire dans la demi-mesure!

Car la France subit les assauts des cartels, les « faits divers » s’accumulent comme ces jeunes trouvés par la police à Grenoble armés d’une kalashnikov sur une trottinette. Il faut lire l’appel des magistrats mexicains de mai 2024, alertant sur la situation française. Quant aux événements de Marseille, voici comment la Provence décrit très précisément les faits.

« Les premières investigations menées par la DCOS (ex-PJ) marseillaises, ont déterminé que la victime de 15 ans avait été recrutée via les réseaux sociaux par un détenu de 23 ans depuis la prison de Luynes.

Ce dernier avait confié pour mission à l’adolescent, équipé d’une arme de poing, de se rendre dans la cité Félix-Pyat pour tirer dans la porte de l’appartement d’un co-détenu supposé appartenir au clan adverse, et la brûler.

Sa « mission d’intimidation » devait être rémunérée 2 000€. Mais il avait été surpris dans la cage d’escalier par un groupe de personnes, fouillé et désarmé.

Vers 2h du matin le 2 octobre, son corps avait été retrouvé dans la cité de Fonscolombes (3e), en flammes. L’autopsie a montré que la victime avait été lardée « d’une cinquantaine de coups de couteau« , avant d’être brûlée vive.

Le détenu de Luynes, considérant qu’on avait « tué un de ses jeunes, pour une question d’honneur », aurait alors recruté, toujours depuis sa cellule via les réseaux sociaux, un nouvel adolescent pour venger la mort du premier par un assassinat, cette fois, qui devait être rémunéré 50 000€.

Amenée en taxi du Vaucluse, cette nouvelle recrue d’origine nîmoise a été armée d’un pistolet 357 Magnum et a commandé un VTC via l’application Bolt, accompagnée d’un ami du même âge.

Nessim Ramdane, qui s’était lancé depuis quelques semaines dans cette activité de VTC pour nourrir sa famille, les a alors embarqués pour la course. En chemin, apercevant un homme qu’il pensait être sa cible, le jeune tueur à gages aurait exigé du chauffeur qu’il s’arrête, avant de lui tirer une balle à l’arrière du crâne devant son refus. »

Le jeune assassiné, âgé de 37 ans, était marié et père de trois enfants. Il avait trois emplois pour tenir le coup économiquement. Et il a été assassiné par un cannibale social. C’est précisément le concept que nous mettons en avant et nous appelons à faire de même : c’est de cannibalisme dont il s’agit.

La mort du conducteur, dénommé Nessim Ramdane, rappelle immanquablement celle de Lilian Dejean. Ce sont les innocents qui tombent, dans l’indifférence endurcie du côté du porteur du crime.

Un crime qui relève de toute une culture, de toute une couche sociale. Le lumpenproletariat est solidement installé, il forme la base du narco-trafic. Le jeune qui a tué Nessim Ramdane a des parents criminels, ils sont incarcérés pour trafic de stupéfiants ; lui-même était placé par les services sociaux depuis l’âge de neuf ans.

Voilà ce que produit le capitalisme en crise. Ce n’est plus seulement du conditionnement d’un milieu ambiant, du type cité, dont on parle, mais de tout un environnement. D’où d’ailleurs l’insistance de plus en plus grande sur la dimension « clanique » du narco-trafic. C’est un retour en arrière dans l’Histoire!

Voilà pourquoi il faut aller au Socialisme, voilà pourquoi il faut rompre avec ce monde pourrissant, qui sombre dans la crise générale et qui se précipite vers la troisième guerre mondiale !

Catégories
Effondrement de la France

Armés d’une kalashnikov sur une trottinette…

Les Français ont cru au capitalisme. Même s’ils ne l’aiment pas, ils l’ont accepté et se sont dit qu’après tout, il y avait toujours à y gagner. Ils ont donc perdu tout esprit critique, au fur et à mesure. Ils sont devenus propriétaires ou veulent le devenir – ce qui veut dire qu’une grande partie des Français disposent d’un capital accumulé, d’un capital potentiel. Les héritages circulent et, qu’on le veuille ou non, il y a une masse d’argent, une surproduction de capital.

Seulement voilà, la civilisation capitaliste s’effondre et en France, c’est particulièrement visible. Les Français des années 2004 seraient horrifiés de voir la France de 2024, ils n’y croiraient même pas. Rien que la fin septembre 2024 égrène ses faits divers sordides, ces faits divers qui n’en sont pas : viol et meurtre d’une jeune étudiante dans le Bois de Boulogne par un sans-papier déjà violeur, procès ignoble de Mazan avec le rôle marquant de la soumission chimique, impacts de plombs sur les vitres du collège Mallarmé à Marseille, arrestation à Grenoble de deux jeunes armés d’une kalashnikov sur une trottinette…

Et que dire d’Échirolles, en banlieue de Grenoble, justement ? Les habitants de l’immeuble « Le Carrare », qui a 80 appartements, ont eu ordre de la mairie de quitter leur logement sous 72 heures. La raison ? Un « danger de mort permanent », car le narcotrafic a pris le contrôle de l’immeuble, avec tellement de dégradations que les risques d’incendie sont patents.

Qu’est-ce que tout cela ? C’est la faillite. Une faillite qui ira en s’empirant, comme la règle le fait. Une fois en effet que les vannes sont ouvertes, impossible de freiner le processus. En fait, si, c’est possible, par la violence d’un État socialiste, l’envoi massif des éléments anti-sociaux en camps de travail – et la haute bourgeoisie fait partie des éléments anti-sociaux, au même titre que les narco-trafiquants. Il y a un grand ménage à faire.

Le souci est que plus les choses empirent, moins il y a le courage d’affronter les problèmes. On l’a vu en Italie du Sud, on l’a vu au Mexique. Qui serait assez fou pour aller se confronter à des gangs ? Seule une organisation peut le faire, une organisation plus puissante que les mafias. On parle ici d’un État. D’un État nouveau, socialiste, prenant le peuple comme levier, une armée populaire qui dialectiquement utilise cet État comme levier.

Ce n’est en effet pas l’État bourgeois qui lui va faire face à la situation. Il faudrait l’armée pour cela. Mais quelle armée ? Elle n’a pas les moyens de faire face à ça, ce n’est pas dans sa nature, et de toutes façons elle est intégrée à l’Otan et son objectif numéro 1, c’est la guerre contre la Russie.

On est donc face à un grand défi, ou plus exactement les masses font face à un grand défi. Soit elles acceptent jusqu’au bout une société à l’américaine, avec des gangs, des mafias qui frappent, avec une haute bourgeoisie qui fait ce qu’elle veut… Et encore, c’est le meilleur des scénarios, car dans cette perspective, il y a pire, comme le Mexique ou le Venezuela, avec une violence endémique, qui suinte de partout (et de fait c’est la réalité du tiers-monde).

Soit les masses refusent cet effondrement civilisationnel, et alors elles se mettent en mouvement, en étant prêt au sacrifice pour la mise en place d’un nouvel État, d’une démocratie populaire. Cela veut dire, concrètement, être pour verser son sang pour la Cause, au lieu d’accompagner passivement le capitalisme, en éventuellement votant pour l’extrême-Droite de Marine Le Pen et Jordan Bardella pour se « rebeller » à peu de frais.

Ce défi, les masses aimeraient l’éviter, cela devient pourtant de moins en moins possible et l’absence de gouvernement réel rend visible les choses. La crise rend les choses visibles, voilà ce qui se passe. Et ce n’est que le début : toute la société française, pourrissante, se démasque. Elle a fait son temps.

Catégories
Effondrement de la France

La France subit les assauts des cartels

« Jeunes, ultraviolents et millionnaires » : tel est le titre d’un documentaire d’Enquête exclusive de la chaîne M6, avec une présentation racoleuse et fascinée, la journaliste s’empressant de dire que les assassins en question ont toujours été « respectueux ». Le thème, c’est bien entendu la violence meurtrière de nos narcos à nous, qui se développent massivement à Marseille. Leurs affrontement internes ont fait 49 morts en 2023.

C’est une situation à la mexicaine. Pour prendre un exemple parallèle, en septembre 2024, une ville mexicaine d’un million de personnes, Culiacan, est paralysée par des affrontements entre cartels. Pas d’écoles, les rues vidées, des commerces fermés massivement, etc. Car les narcos frappent avec violence, malgré leur petit nombre. Les assassinats inter-groupes débordent régulièrement sur la population, avec des viols, des meurtres, des massacres, des incendies, des destructions de bâtiments.

Le phénomène se produit de manière récurrente au Mexique et qui s’y intéresse peut lire une description terrible dans le roman d’Eduardo Antonio Parra, El Edén. C’est une retranscription romancée du massacre dans la ville d’Allende en 2011. Il n’y a jamais eu de procès ni même de poursuites pour ces crimes.

On y va en droite ligne pour la France. Car là où les cartels se développent, ils rentrent en concurrence, et ils s’affrontent, s’auto-nourrissant les uns les autres. C’est le sens de la fusillade mortelle visant l’entourage du rappeur Marseillais SCH à la Grande-Motte, près de Montpellier, fin août 2024. L’arrière-plan est flou : règlement de comptes, tentatives d’extorsion. Mais ce qu’il faut bien saisir, c’est qu’il y a tout un arrière-plan, un terreau qui est celui du cannibalisme social.

Cela fait d’ailleurs plus de 4 mois pendant lesquels l’État n’a toujours pas mis la main sur Mohammed Amra et les assassins des agents pénitentiaires du péage d’Ircanville. Pourtant, l’État a mobilisé à ses débuts plus de 600 policiers pour la traque du fugitif. Depuis, on est revenu à une trentaine avec comme unique recours un appel à témoignage public, plusieurs mois après cette opération mafieuse dont on ne sait pas la nature véritable.

Mais il court justement toujours l’hypothèse comme quoi l’évènement du 14 mai 2024 ne fut pas une évasion, mais une attaque d’un gang rival en vue d’éliminer directement Mohammed Amra après l’avoir récupéré pour obtenir des informations. Si un tel scénario est vérifié, et même finalement si l’attaque assassine visait à le libérer à l’arme lourde, alors il est clair que la France s’oriente à grande vitesse vers la situation à la mexicaine comme cela avait été souligné par des juges mexicains eux-mêmes en visite en France.

Toute cette affaire en dit long sur la déliquescence générale de l’État emporté par la moisissure du capitalisme. Voilà un des aspects qui n’est pas mis en avant par le rapport fort détaillé du Sénat publié en mai 2024, quelques jours avant l’opération mafieuse ultra-violente contre des fourgons de l’administration pénitentiaire au péage d’Ircanville pour intercepter Mohammed Amra.

La ligne rouge du rapport reste confiné aux perspectives de la bourgeoisie : celle de changer de perspective de lutte contre la narcotrafic, la faisant passer d’une lutte contre une criminalité à une lutte contre « les intérêts fondamentaux de la nation ».

Sauf que la nation est elle-même en plein craquage, emportée par un capitalisme pourrissant dont le trafic de drogue est, précisément comme le remarque le rapport, l’expression d’un « turbo-capitalisme ». Le stade ultime du capitalisme, c’est la perte de tout rapport sensible d’avec la réalité et il y a là un équivalent strict entre l’art contemporain, les lubies LGBTQIA+ et la petite main du deal recrutée sur Snapchat, Tik-tok ou Instagram.

Le petit détaillant qui parvient à grimper dans la hiérarchie de son entreprise – son réseau criminel – peut ensuite aisément planifier corruption d’agents publics, assassinats de concurrents ou de personnes dérangeantes, dans une ambiance ultra-individualiste sans connexion avec le réel tel un joueur de jeu vidéo.

Et l’État lui-même produit de cette ambiance ne prend pas la mesure d’une réalité qui enfante dorénavant des figures du trafic dont le caractère anti-social est porté à son paroxysme. Le meurtre au pistolet de Lilian Dejean à Grenoble par un conducteur en fuite en est un des derniers exemples.

Car rien n’est isolé de rien et l’ampleur du trafic de drogue émerge d’une situation générale. À commencer par « la question sociale », où des pans du prolétariat ayant basculé durement et durablement dans le lumpenprolétariat constituent une strate sociale disponible sur le temps long pour réaliser les profits de businessmens.

Ceux-ci vivent le plus souvent dans des pays de la décadence à moitié moyen-âgeuse, à moitié capitaliste tentaculaire, à l’instar de Dubaï. Et c’est une strate sociale d’autant plus disponible qu’elle a généré toute une culture de valorisation de l’idéal gangster, équivalent pour les couches ultra-paupérisées de la figure capitaliste.

Scarface : un film de 1983 qui est le classique de l’idéologie du banditisme (où le bandit « part de rien »), et est d’ailleurs un remake d’un film de 1932 du même titre fondé sur la vie du criminel Al Capone

C’est le règne du morbide dans une société qui a de toute manière viré dans le glauque au mépris de toutes les considérations morales. Car l’explosion des trafics résulte d’une augmentation de l’offre de production, notamment par les ateliers de drogue de synthèse tout autant que de cocaïne en Amérique du sud, avec une explosion de la demande.

Une demande qui s’épanouit dans un turbo-capitalisme qui vend la fête à coups de pilules et de substances psychoactives comme la perspective ultime de la survie existentielle dans un monde pourri. Pareillement que les dealers, les consommateurs acceptent de suivre les préceptes d’une « happycratie » qui se moque entièrement des conséquences macabres et esclavagistes du « moment récréatif ».

La France s’est mise sur un mode où le faux-bonheur psychoactif répond aux vrais trafics lugubres, tout cela dans un contexte de personnalités zombies qui ont perdu pied avec la réalité car ayant refusé tout engagement moral. Le jeu vidéo GTA devient réalité, chaque jour un peu plus, si ce n’est en pratique au moins dans les têtes.

Pour s’en sortir, la France a besoin d’un retour fracassant d’une lutte de classe prolétarienne. Une classe qui porte l’ordre, et la violence pour la maintenir. Une classe qui a besoin de se rééduquer dans un nouveau moule éthique, mais qui y a justement tout intérêt, au moins pour ne pas être victime du cannibalisme social emportant la société.

Il y a besoin d’une tempête de feu qui éradique un capitalisme en crise qui mène au cannibalisme social et à la fuite irrationnelle !

Catégories
Effondrement de la France

Des magistrats mexicains alarment sur les narcos français

La France a toujours connu des mafias, mais historiquement elles sont issues d’expression féodale, puisant dans les parcours italien et Corse. On parle ainsi de gens avec un « code », s’imaginant des « bandits d’honneur ». Vivre dans un monde parallèle était assumé, les magouilles échappaient au grand public, s’agitant dans le monde souterrain du crime ou celui de la corruption des municipalités (Lyon notamment).

Comme la France est toutefois en plein effondrement de par l’épuisement de son capitalisme, on assiste à l’affirmation d’une génération nihiliste de criminels. Depuis vingt ans déjà, les bandits « à l’ancienne » reproche aux jeunes des banlieues adoptant un parcours criminel de n’avoir aucune éthique. Mais ces dernières années ont émergé des jeunes adolescents devenant tueurs à gages, des « sicarios » à la mode mexicaine. Quelques billets, une arme et l’adolescent est prêt à ôter une vie comme on vole un téléphone.

Une délégation mexicaine était à Paris justement et le parquet de Paris a relayé ce communiqué. Car lorsque l’État s’effondre en raison de la crise, il est pris d’assaut par des forces cannibales. C’est là où on voit que si les masses populaires ne mettent pas en place un nouvel État, un nouvel ordre, on va se retrouver dans une situation catastrophique. C’est ou le peuple en armes, ou les bandits en armes.

« NARCOTRAFIC – VISITE DE LA DELEGATION MEXICAINE – MAI 2024  

Frederic LE POLLOZEC, Attaché de Sécurité Intérieure au Mexique Felipe de Jesús GALLO GUTIERREZ, Chef de l’agence d’enquête criminelle du bureau du procureur général fédéral Maria Fernanda Perez Galindo, Directrice générale de la coopération internationale – Bureau du procureur de la République (FGR) Ernesto Alejandro VADILLO TRUEBA, Directeur général des enquêtes douanières – Agence nationale des douanes du Mexique (ANAM)

Ont rendu visite au parquet de Paris et aux magistrats de la JUNALCO – Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (visite organisée par la DAEI et la DCIS).

La délégation mexicaine a passé un message d’alarme à l’attention de leurs homologues français, appelant à prendre des mesures en urgence avant de se trouver dans une situation aussi grave qu’au Mexique.

Selon ces professionnels, la France est à un seuil pour prendre des mesures et ne pas commettre les mêmes erreurs.

« Les crimes organisés s’internationalisent, se globalisent. Nos systèmes pénaux garantissent les droits et libertés des personnes, mais il faudrait aussi organiser la manière de travailler contre le crime organisé ».

« Au Mexique, il y a des menaces de mort, qui se traduisent par des actes, cela modifie la manière de travailler : il faut protéger les magistrats ».

« La France peut encore proposer des modifications législatives et donner plus de pouvoir aux parquets, à la police et aux juges pour intervenir de manière efficace. Des peines plus fortes sont nécessaires ».

« Le Mexique a aussi des crimes en col blanc. Les criminels sont comme des chefs d’entreprise. Au Mexique, on commence à travailler sur la recherche et l’analyse financière, on analyse les permis d’importation, d’exportation, les échanges téléphoniques, pour savoir si l’argent des entreprises est légal ou pas. Un des principaux obstacles reste la réticence entre institutions à partager les informations, financières, et téléphoniques par exemple ».

« Le niveau de violences est important au Mexique, et ce n’est pas un exemple. Malheureusement, il faut insister auprès des politiques pour investir et renforcer les institutions. Il faut des gardes fous pour assurer l’indépendance et la stabilité des institutions ».

« Il prendre en compte la question des armes également. Il faut un contrôle des armes à un niveau européen. Au Mexique on a des munitions qui viennent de Roumanie, Russie et Bulgarie. »

Enfin, les deux délégations ont proposé d’échanger des informations de manière informelle, afin de communiquer plus rapidement et bénéficier d’une meilleure visibilité et connaissance juridique de l’autre partie. »

Ce qui caractérise le Mexique, c’est l’existence de nombreux cartels se faisant concurrence et dont les affrontements débordent très largement sur la vie « civile ». C’est beaucoup moins le cas aux États-Unis, où le crime règne également, mais pas tant avec les gangs qu’avec des mafias à l’ancienne qui prévalent tout en s’étant divisés les territoires, et disposant d’une « centrale » pour les négociations, etc.

Un autre aspect du Mexique est un « deal » non officiel. La présidence actuelle de Andrés Manuel López Obrador est contre la guerre à la drogue, et il y a un certain modus vivendi avec les cartels, en mode : vous pompez une partie des richesses nationales, vous trafiquez (drogues vers les États-Unis, racket, vol massif de pétrole, prostitution notamment infantile également massive…), mais il ne faut pas que le pays vacille, car l’économie grandit largement et c’est dans votre intérêt à vous aussi.

Le Mexique est donc aux mains de monopoles économiques et de cartels, mais en mode social avec une élévation marquée du niveau de vie, car la présidence se veut populaire, de gauche assumée, etc. C’est une sorte de social-impérialisme bureaucratique où l’armée prend une place majeure. C’est d’ailleurs l’armée qui s’occupe officiellement du « train maya » et du tourisme dans le Yucatan, la seule région du pays où les narcos ne sont pas présents en tant que tel.

Cette gestion du pays rend fou de rage les libéraux en général, pour qui le pays devient « comme Cuba », ainsi que les pro-américains en général, qui verraient de leur côté le Mexique comme jouant unilatéralement pour les États-Unis le même rôle que la Chine par le passé. Le Nord du Mexique est de fait une arrière-cour industrielle des États-Unis. Les échanges américains avec le Canada et le Mexique combinés sont environ le double de ceux avec la Chine ! La guerre sino-américaine exige une telle modification.

La tension est donc extrême, alors que l’élection présidentielle a lieu début juin 2024, et la candidate « libérale » Xóchitl Gálvez va perdre. Sa campagne est mauvaise (même si elle tente des coups comme jouer au jeu Fifa sur Playstation), alors que sa concurrente Claudia Sheinbaum fait des meetings dans tout le pays, se met régulièrement en scène avec des personnes les plus humbles en larmes dans ses bras, le tout dans une propagande ultra moderne.

La campagne de Claudia Sheinbaum est très exactement le rêve populiste de Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, qu’ils ne pourront jamais mettre en place évidemment, car nous ne sommes pas en Amérique latine et qu’un tel engouement social-populiste n’a aucun socle.

Mais la libérale Xóchitl Gálvez n’est pas en reste pour la suite. Elle a pris soin de saluer très largement l’armée (appelée à revenir à ses fondamentaux…). Et elle a habilement dénoncé sa concurrente Claudia Sheinbaum comme utilisant sur une jupe l’image de la Vierge de Guadalupe, alors qu’elle ne croit « ni en Dieu ni en elle [la Vierge] ».

Claudia Sheinbaum ayant des parents juifs d’Europe de l’Est (et typique de l’engagement massivement communiste qu’on peut retrouver ici), c’est l’antisémitisme et l’anticommunisme qui sont utilisés comme vecteur pour polariser à fond en prévision de la suite. Le Mexique ne va pas échapper à des tensions extrêmes, allant largement possiblement jusqu’au coup d’État militaire.

Quand on voit un tel panorama, on se dit que, tout de même, la France échappera aux narcos. Invitée à ce sujet sur francinfo le 27 mai 2024, Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, a ainsi expliqué la chose suivante.

« La définition d’un narco-état, c’est le fait que toutes les instances décisionnelles sont finalement pénétrées, infiltrées par les trafiquants, y compris des juges, parfois des magistrats, et que dès lors, les décisions qui peuvent être prises au niveau législatif, judiciaire ou tout autre sont influencées par les trafiquants. Mais nous sommes loin d’en être là ». 

Sauf que comparaison n’est pas raison. Le Mexique est devenu un narco-État après avoir été pris d’assaut. C’est dans un second temps que l’État a collaboré, fusionné. Et en France, on a tous les ingrédients pour justement une première grande vague d’installation des narcos. C’est en cela qu’il faut absolument connaître l’exemple mexicain, ainsi que l’exemple colombien.

Il suffit de lire le rapport synthétique de vingt pages de la commission d’enquête du sénat sur le narcotrafic pour voir les faits.

CE_Narco_-_Essentiel

L’effondrement est là. Tant la société que l’État français s’effondrent, tant les mentalités que la culture sont corrompues, affaiblies, décadentes. Il faut le Socialisme – ou c’est le barbarie ! Il faut l’État socialiste pour écraser par tous les moyens les narcos !

Catégories
Événements significatifs

L’Équateur bascule dans le chaos des cartels

Il a été dit et répété ici que le chaos l’emporte sur la planète, que la barbarie du Hamas le 7 octobre – jusqu’au viol de femmes tout en les mutilant – n’est qu’une expression parmi d’autres, dont font partie les cartels de la drogue. Et bien désormais, c’est l’Équateur qui a basculé, déstabilisé par des anciens gangs se professionnalisant et se militarisant sous l’impulsion des richissimes cartels colombiens et mexicains.

L’Équateur est un petit pays d’Amérique latine, peuplé de 15 millions d’habitants ; sa moyenne d’âge est de 25 ans. C’est typiquement un pays dont la structure est d’un côté féodal avec des barons locaux, de la corruption… et de l’autre colonial, avec une domination complète de la part des grandes puissances, américaine en tête.

Et s’il y a quelques années encore, le pays était le plus sûr d’Amérique latine, en très peu de temps, tout a basculé. Les assassinats ont augmenté de 800% entre 2017 et 2022. Il y avait déjà des gangs, comme les Choneros, cependant leur envergure a pris d’un coup une dimension énorme. Au point que tout a basculé lorsque le leader des Choneros, José Adolfo Macías Salazar, alias « Fito », s’est littéralement évaporé d’une prison de haute sécurité de Guayaqil, la seconde ville du pays, le 7 février 2023.

« Fito » faisait déjà ce qu’il voulait dans la prison, comme se filmer pour une vidéo d’un chant en son honneur, dans la tradition des cartels mexicains. Il avait déjà été arrêté en 2000, est parvenu à s’enfuir en 2013 pour être repris dans la foulée. Sa nouvelle évasion, à la veille d’un contrôle général de la prison, reflète l’échec total de l’État.

D’où l’état d’urgence proclamé par le jeune président (depuis novembre 2023) Daniel Noboa, avec la mobilisation et l’intervention des forces armées et de la police nationale » afin de « garantir la souveraineté et l’intégrité nationale contre le crime organisé, les organisations terroristes et les belligérants non étatiques.

Daniel Noboa, président de l’Équateur

Daniel Noboa est le fils d’une des plus grandes figures de la haute bourgeoisie équatorienne, qui contrôle une partie significative de la production de bananes, la première exportation du pays (et lui-même candidat à la présidentielle en 1998, 2002, 2006, 2009 et 2013).

Le Pérou voisin a également annoncé l’état d’urgence sur les 1400 km de frontières avec l’Équateur. Ce pays, avec la Colombie voisine de l’autre côté, est évidemment le fournisseur de cocaïne aux gangs, qui ensuite l’expédie vers les pays occidentaux, par l’intermédiaire du Mexique parfois.

Deux jours après l’évasion de « Fito », c’est Fabricio Colon Pico qui s’est évadé d’une prison du centre du pays : c’est un chef des Los Lobos, une organisation concurrente des Choneros et lié, tout comme Los Tiguerones, au Cártel de Jalisco Nueva Generación (CJNG) du Mexique. Les Choneros sont eux liés au Cartel de Sinaloa, le grand rival du CJNG.

Et le même jour que cette seconde évasion, les plateaux télé d’une chaîne publique, TC Televisión, à Guayaquil ont été occupés en direct par des membres de gang, pour une prise d’otages.

Si on regarde les faits en face, on peut dire que les cartels mexicains, en liaison avec les mafias de Colombie (mais également de toute l’ex-Yougoslavie, ainsi que d’Albanie) sont devenus si puissants qu’ils ont désormais des satellites en Équateur capable de s’affirmer militairement et par la corruption.

L’État équatorien tente d’empêcher qu’on atteigne une telle situation où plus aucun retour en arrière n’est possible. Au sens strict, les forces des gangs équatoriens ne représentent pas un obstacle insurmontable pour l’armée.

Mais le problème, c’est la tendance historique à la décomposition : depuis 2020, tout se casse la figure, plus rien ne tient et, dans tous les cas, on va dans une logique de guerre et de seigneurs de la guerre. Seul le peuple en armes peut s’y opposer et on devine le défi que cela représente pour l’Amérique latine.

On parle beaucoup de l’Afrique, dont une partie de la population souhaite largement migrer, mais c’est le cas également en Amérique latine, où plus aucun pays n’est stable. Dans tous les cas, on va vers une situation d’explosion… Les dominos tombent les uns après les autres et la crise en Équateur n’est pas la crise en elle-même, mais simplement une expression de celle-ci, qui va en s’amplifiant.

Catégories
Nouvel ordre

L’emprise toujours plus importante du trafic de drogues

La drogue s’est infiltrée à tous les niveaux de la société. La France est aujourd’hui la championne de consommation de cannabis en Europe avec près de 5 millions de consommateurs annuels. Quant à l’ecstasy et la cocaïne, elle a pareillement explosé ces 20 dernières années avec des centaines de milliers de consommateurs par an pour un prix au gramme à Paris passé de 150 € il y a quelques années à 60/80€ aujourd’hui.

Tout cela sans compter sur une jeunesse qui a relativement délaissé « fumette » et alcool pour mieux expérimenter les drogues de synthèse tels que par-exemple les opiacés.

Cette explosion de la consommation serait impossible sans l’emprise accrue des mafias à tous les étages de la société, et notamment dans les sphères institutionnelles, à commencer par les douanes et la police mais aussi les ports, porte d’entrée sur l’Europe pour les mafias. Il suffit de voir les multiples faits divers concernant le personnel des docks des ports de France dans la presse ces dernières années pour s’en convaincre.

En novembre 2022, un rapport du sénat alertait d’ailleurs sur le risque que le France devienne un « narco-État » 2.0, quelques temps après qu’un docker du port du Havre, Allan Affagard, a été sauvagement tué par des mafieux liés au trafic de cocaïne le 12 juin 2020.

Aux Pays-Bas, la mafia est tellement conquérante qu’elle se permet de menacer la vie du Premier ministre Mark Rutte, l’obligeant à se balader en permanence avec des gardes du corps, tout comme en Belgique le Ministre de la Justice échappait de peu à une tentative d’enlèvement en septembre 2022.

C’est que la production et le trafic explosent, comme au port belge d’Anvers où ce sont 110 tonnes de cocaïne qui ont été saisies en 2022 contre seulement 16 en 2015, témoin de l’Europe comme débouché face à un marché américain saturé. Et les ports d’Anvers, de Rotterdam et du Havre sont naturellement les principales porte d’entrée.

Le rapport du sénat français appelle ainsi à la mise en place d’une opération « Mains propres » comme celle qui a eu lieu en Italie dans les années 1990 où le dévoilement de l’ampleur de la corruption aboutissait à la chute des deux principaux partis politiques au pouvoir depuis 1945. Un rapport sur une situation catastrophique qui est passée inaperçu.

Nous ne sommes plus en 1990 : une telle opération contre la corruption institutionnelle par les trafiquants de drogue en France aurait des conséquences bien plus profondes que celles encore dans l’Italie des années 1990. Car la réalité c’est que la France a abdiqué, comme l’atteste la prise en compte dès 2018 du trafic de drogues par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) pour le calcul de la richesse intérieure (PIB) de la France.

La France craque sous le poids de sa propre inertie d’ « en haut », avec une corruption institutionnelle de plus en plus massive, et d’ « en bas » avec un peuple apathique qui laisse les drames et la déchéance s’installer.

De manière générale, c’est tout un trait d’esprit national qui a failli. De la critique des « paradis artificiels » de Charles Baudelaire à la peinture naturaliste de l’Assommoir par Émile Zola, les français ont préféré relativiser pour finir par accepter la drogue (et ses conséquences) en ce début de XXIe siècle.

Une acceptation qui coûte déjà cher, très cher. Comme cette jeune femme de 24 ans tuée par des balles de kalachnikov dans son appartement après une descente de mafieux pour intimider des rivaux dans un quartier du 13e arrondissement de Marseille au cœur de l’été 2023. Une ville dont certains policiers évoquent sa « mexicanisation », notamment avec l’expansion de résidences privées ultra-sécurisées, tels les « gated communities » américaines.

Ou le drame sordide du 21 août 2023 dans le quartier Pissevin à Nîmes où un jeune garçon de 10 ans a été abattu de sang-froid dans une voiture alors qu’il revenait d’une soirée au restaurant avec son oncle et son petit frère de 7 ans.

Ces évènements apparaîtront demain comme le symbole d’un craquage général de la civilisation.

Un craquage d’autant plus frappant qu’il ne se passe rien à ce sujet alors qu’on peut avoir des semaines d’émeutes pour la mort d’une jeune délinquant routier… Et on assiste à une spirale négative puisque la seule perspective que semble offrir la bourgeoisie c’est la fuite en avant avec une légalisation du cannabis qui a pourtant montré ses effets pervers sur le renforcement des mafias et régressifs sur les plans sanitaires dans les États légalisateurs dans les années 2010, tels l’Uruguay dès 2013.

Même l’extrême-droite est aux abonnés absents, et c’est tout à fait révélateur. En 2023, il apparaît qu’en finir avec les drogues et leurs trafics ne peut passer par une simple « remise en ordre », une « fermeté policière et judiciaire » mais doit passer par la construction d’un nouvel ordre débarrassé des maux de l’ancien monde. « Il y a tout à revoir », voilà ce qui ressort de manière générale car la drogue et son trafic condensent l’ensemble des problèmes d’une société capitaliste en chute libre.

Il y a besoin d’un tel électrochoc général : viser la révolution dans ce pays ne peut se faire sérieusement sans avoir pour objectif le règlement de cette problématique populaire. Et tout le monde sait bien au fond de lui qu’au rythme où vont les choses, cela finira avec la constitution de milices populaires contre les dealers… et les consommateurs.

Il est même tout à fait probable que l’apparition d’un mouvement de ce type soit le prélude à l’enclenchement d’un processus plus large de remise en cause de l’ordre existant. Et dialectiquement de rétablissement de l’ordre tout court, mais nouveau, car socialiste.

Catégories
Nouvel ordre

La guerre à venir contre les drogues de synthèse en France

En 2023, les drogues de synthèse n’existent que de manière marginale en France. Considérer qu’il existe un 24 heures sur 24 du capitalisme aboutit toutefois inévitablement à l’affirmation que celles-ci vont s’imposer et s’installer.

Elles répondent en effet à toutes les exigences de ce 24 heures du 24 du capitalisme. Faciles à produire, faciles à distribuer, elles répondent aux attentes des populations totalement déboussolées vivant dans le capitalisme avancé. Le zombie drogué est le pendant du zombie consommateur. Mais pas seulement : même pour travailler, les drogues sont devenues un support parfois nécessaire pour tenir le choc.

C’est là justement où les drogues de synthèse forment un saut dans la barbarie. Elles combinent fuite, dimension « récréative », intensité forcenée. Anti-douleur ou excitation rapide, mise de côté des angoisses, oubli des souffrances et coup de boost : voilà pour résumer la « magie » des drogues de synthèse. En fait, le capitalisme triomphant a tout simplement modifié le rapport aux drogues.

Le paysage métropolitain s’accompagne forcément de personnes en perdition, brisées dans la misère par les drogues

Les drogues sont, historiquement, en effet un fétichisme des débuts de l’humanité, où les consciences primitives des premiers Hommes, dans un environnement froid et hostile, découvraient les joies et les peines. Cela a donné les notions de paradis et d’enfer, le chamanisme préfigurant le monothéisme.

Et les drogues qu’on pouvait trouver naturellement étaient utilisées comme support au sein de religions établies. Ces drogues bouleversaient les esprits et ce bouleversement chimique était imaginé comme un accès à l’au-delà. Par la suite, se détachant de la dimension mystique, l’humanité a développé des drogues récréatives, se faisant piéger par le cannabis ou l’opium. Ici, on est dans une fuite assumée de la réalité, dans une optique de nervosité effacée.

La bataille de Palikao en 1860 marque la victoire franco-anglaise sur la Chine pour la forcer à accepter la consommation d’opium par sa population

Tout a changé depuis. La fin du 20e siècle a été marqué par le développement important de la chimie dans le domaine des drogues, avec surtout naturellement la superpuissance américaine, par les laboratoires des grandes entreprises pharmaceutiques, mais également l’armée américaine. On a notamment Alexander Shulgin qui a dressé un véritable catalogue des drogues de synthèse.

Puis, l’expansion capitaliste massive de 1989 à 2020 a permis un accès facile et aisé au matériel et aux matières premières pour fabriquer des drogues de synthèse. Après une première période artisanale criminelle, notamment romancée dans une série typiquement décadente comme « Breaking bad », on est désormais passé au niveau industriel.

Encore fallait-il un terreau pour cela. Il a été fourni par la crise sanitaire au sein de la superpuissance américaine. Le caractère misérable des soins accordés a permis à certaines entreprises de diffuser en masse des anti-douleurs. Outre que cela a provoqué de l’accoutumance et des décès, cela a été la porte ouverte à un trafic d’anti-douleurs produits dans des laboratoires mexicains avec des matières premières achetées en Chine.

En 2023 l’une des options américaines est une intervention militaire contre le Mexique afin de stopper les cartels

Il va de soi que la superpuissance chinoise était bien consciente des enjeux qu’on trouve ici, tout comme avec TikTok dont l’utilisation est largement restreinte dans son pays d’origine. Les drogues sont un vecteur d’importance stratégique ; un autre exemple significatif est la production massive désormais par la Syrie d’une drogue de synthèse, le captagon.

Et, donc, la crise des « opioïdes » est massive aux États-Unis désormais ; avec 90 000 morts par an, San Francisco envahi par des zombies en quête de « Fentanyl », le désastre est complet. Mais c’est également un modèle.

Une drogue de synthèse, en effet, ne nécessite pas de disposer de matières premières agricoles, comme pour le cannabis et le pavot. Pas besoin d’une agriculture maîtrisée, pas besoin de les transporter clandestinement non plus. Les quantités demandées sont de plus infimes. Rien que les saisies américaines de fentanyl en 2022, 4,5 tonnes, suffiraient à tuer l’ensemble de la population américaine.

2 mg de Fentanyl est déjà une dose létale pour la majorité des gens; la pièce américaine est un équivalent de nos cents et a 19 mm de largeur seulement

Jusqu’à présent, les experts bourgeois relativisent tout cela, en disant qu’aux États-Unis, il y a une dépendance aux anti-douleurs, qui n’existe pas ailleurs. Sauf qu’en réalité, il y avait juste un développement inégal et maintenant le fléau installé, il va se systématiser. Déjà en septembre 2023, l’Agence régionale de santé (ARS) de La Réunion constatait que les drogues de synthèse étaient présentes (protonitazène et étonitazène, plusieurs centaines de fois plus puissants que l’héroïne et la morphine). La Réunion connaît également les cannabinoïdes synthétiques, une version synthétique du cannabis sous forme de poudre, d’huile, de liquide ultra-concentré.

Et l’État, prisonnier de la forme en raison de sa nature bourgeoise décadente, a souvent un train de retard. Il faut en effet que la combinaison chimique employée pour une drogue de synthèse soit interdite officiellement de la part d’un État. Ce n’est pas la drogue qui est interdite, mais telle ou telle forme chimique. Il suffit donc parfois aux criminels de jouer sur quelques éléments pour contourner la loi. Cela permet un espace énorme pour les dealers qui vendent massivement sur internet des « sels de bain », de « l’engrais », de « l’encens », sans rien risquer, en inventant une nouvelle forme de drogue chaque semaine !

Avec de la « créativité » perverse. Une drogue comme la 3-MMC combine les effets de la cocaïne, de la MDMA et des amphétamines. C’est l’une des drogues mise en avant dans les soirées LGBT « Chemsex », des orgies avec utilisation massives de drogues qui ont largement été mises en avant dans la presse « branchée ». Les drogues de synthèse, ce n’est plus l’ancien monde du cannabis (d’ailleurs lui-même largement modifié en fait), de la cocaïne et du LSD. C’est un « horizon nouveau » pour le 24 heures sur 24 du capitalisme.

La discothèque berlinoise du Berghain ouverte en 2004 a joué un rôle significatif dans l’idéologie des drogues chimiques « branchées »

La fuite en avant dans les drogues synthétiques correspond tout à fait au rythme capitaliste, tant du point de vue du producteur que du consommateur. Il est capable de répondre à toutes les situations, tous les besoins. C’est une tendance inéluctable. Le Rapport européen sur les drogues 2023 constate lui-même que les drogues de synthèse s’affirment. La mondialisation du phénomène se lit également quand on voit l’avancée du tramadol en Afrique de l’Ouest et du Centre (où 10 % de la population consomme du cannabis par ailleurs). La méthamphétamine est en train de se lancer massivement au Mexique, alors qu’elle est déjà fortement présente en Asie de l’Est et du Sud-Est.

Dans un tel panorama, il est évident que seul le Socialisme peut proposer une réponse, car la réponse ne peut qu’être collective. Destruction militaire des mafias et refonte culturelle de la population, voilà la solution nécessaire, qui ne peut être mise en place que par le peuple en armes, car rien ni personne ne doit échapper au processus d’éradication du fléau.

Le Nouvel Ordre nécessaire implique un combat acharné et sans pitié contre les drogues de synthèse, cette sinistre réalité si conforme au 24 heures du 24 du capitalisme. Tout compromis sur ce plan, avec les drogues en général même, ramène au vieux monde. A la différence ici que les « vieilles » drogues étaient des fuites à rejeter, et que les nouvelles relèvent d’une participation coûte que coûte à un monde en perdition.

De la drogue en mode petit-bourgeois passif ou aristocrate prétentieux, déjà méprisable et condamnable, on passe aux drogues pour « tenir », pour se « précipiter », pour « aller de l’avant ». C’est là un accompagnement du capitalisme du 24 heures sur 24 de la vie quotidienne et donc un ennemi complet.

Et ce seront les femmes qui seront en première ligne contre le fléau : les mafias sont constitués d’hommes, les consommateurs sont en quasi totalité des hommes. Ce n’est pas pour rien !

Mikhail Devyatov, Sportives, URSS 1953
Catégories
Événements significatifs

30 ans après, l’EZLN se retrouve face aux narcos

Avant la Zad de Notre-Dame-des-Landes et avant le Rojava, il y avait l’EZLN au Mexique, dont la démarche est même à l’origine de tout ce discours post-anarchiste communautaire. Lorsque les zapatistes de l’EZLN débarquent pourtant, le 1er janvier 1994, ils n’ont pas cette image-là du tout.

Avec le sous-commandant Marcos, ils font figure de mouvement alter-mondialiste armé. L’ennemi annoncé, c’est le « néo-libéralisme », l’objectif proclamé, c’est la révolution.

L’EZLN semblait ouvrir un nouveau brasier en Amérique latine, à la suite d’une longue tradition, et au moment où le Parti Communiste du Pérou (dénoncé par les médias comme « Sentier lumineux ») perdait tous ses acquis après avoir ébranlé le pays.

Le mouvement des zapatistes émerge d’ailleurs le jour de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA/NADTA) en occupant plusieurs mairies dans l’État du Chiapas.

Hélas ! L’EZLN – Armée zapatiste de libération nationale – s’est très rapidement vendue à l’État mexicain. La raison est qu’en réalité, l’EZLN était le masque des Indigènes du Chiapas.

Le Sud du Mexique était en effet marginalisé, depuis l’effondrement de la civilisation maya, au 9e siècle. Même à l’époque des Aztèques puis des conquistadors, le sud restait bien à l’écart, au point d’une révolte chrétienne mystique au 19e siècle pour former un État maya « Chan Santa Cruz ».

Dans ce contexte arriéré, l’État mexicain s’est d’ailleurs empressé de ne rien faire. Les accords de San Andrés en février 1996 ont officialisé une grande autonomie communautaire, l’EZLN devenant alors concrètement le « représentant » rebelle d’un Congrès indigène fondé au mois d’octobre.

Ce Congrès a une prétention nationale, mais est totalement hors-jeu depuis le début au Mexique, n’exprimant que le point de vue du « sud » arriéré. Aussi, afin de tenir en obtenant des soutiens (internationaux et de gauche), il y a eu des « rencontres intercontinentales contre le néolibéralisme et pour l’humanité », des appels « pour la vie », d’innombrables communiqués du Sous-commandant Marcos, etc., et ce pendant trente ans.

Si l’EZLN est totalement passé de mode depuis 1996, il y a eu pendant cette période des soutiens ininterrompus, comme queue de la comète de la « flamme » lancée en 1994. Il était possible d’aller au Chiapas, de rendre visite aux communautés « autonomes », de participer à tout un folklore indigéniste rebelle, etc.

Or, comme on le sait, le capitalisme a connu une immense progression entre 1989 et 2020. Inévitablement, les répercussions se feraient sentir même dans le Sud du Mexique, malgré son arriération et ses bastions « communautaires ».

Et deux rouleaux compresseurs se précipitent désormais sur l’EZLN. De par la nature du pays, ceux-ci ont deux formes : une bureaucratique, une féodale.

Le capitalisme bureaucratique mexicain aimerait bien en effet avancer par la force, en se dégageant de la pesante tutelle américaine.

Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, est ainsi présenté par l’opposition libérale comme une sorte de Satan diffusant partout le virus communiste. Sa ligne est, grosso modo, celle du Venezuela.

Au nom du progrès, cela bureaucratise et militarise. La pointe extrême sud du pays connaît ainsi l’établissement d’un « train maya » pour permettre aux touristes de visiter les ruines de la civilisation maya. Non seulement c’est l’armée qui gère la construction du train, mais c’est également elle qui s’occupera du tourisme là-bas.

Ce militarisme dans le cadre d’un bureaucratisme capitaliste est présenté comme un développement du pays. Andrés Manuel López Obrador parle d’ailleurs à la population chaque matin pour expliquer tout ce qu’il fait au nom du peuple. Il s’est d’ailleurs vanté en 2019 d’avoir rencontre le Sous-commandant Marcos dans les années 1990.

Au centre, le Sous-commandant Marcos et Andrés Manuel López Obrador

Cet épisode du « train maya » touche l’EZLN, car en fait le « progrès » exige la soumission du sud du Mexique et son intégration économique, bloquée depuis la naissance du Mexique, ou même depuis les conquistadors et même les Aztèques. C’est la fin de toute une époque historique.

L’EZLN a d’ailleurs prétendu en 2019 qu’il ferait tout pour empêcher la construction du « train maya », mais c’est une défaite complète, malgré la mobilisation démocratique de quelques forces locales.

Car, l’EZLN, depuis 1996, c’est du folklore. Et le « train maya » n’est pas le seul projet : des groupes paramilitaires liés à des grands groupes capitalistes, notamment miniers, ont commencé, depuis 2019, à mener des provocations armées au Chiapas, parfois meurtrières, au point que l’EZLN prévient qu’il va « reprendre les armes ».

En réalité, l’EZLN sait qu’il ne peut rien faire et c’est pourquoi il a cherché à se relancer avec « La dernière initiative », qui depuis 2020 s’intitule « Capitalisme corporatif mondial, Patriarcat planétaire, Autonomies en rébellion ». Autrement dit, il s’est aligné sur l’idéologie du Rojava et des ZAD, dont il est de toutes façons le précurseur.

Contre les « mégaprojets », il faut que le pouvoir revienne aux « communautés » locales, etc.

Sauf que désormais ce néo-féodalisme est également confronté au capitalisme féodal virulent au Mexique : les narcos. Jusqu’à présent, le sud était relativement préservé, car les cartels mexicains visent des trafics avec les États-Unis. Ils s’exportent désormais cependant dans les pays voisins du Mexique, car ils ont des sommes d’argent colossales et une expertise militaire énorme.

Résultat, les cartels ont investi le Chiapas. En 1992, l’EZLN défilait en armes dans la ville de San Cristóbal de Las Casas, en 2023 elle est sillonnée par « Los Motonetos », des tueurs à motos au service du Cártel de San Juan Chamula, le premier cartel qui se fonde directement sur les populations indigènes.

Car les affrontements entre cartels pour le contrôle de la zone sont réguliers. Les drogues étaient inconnues au Chiapas il y a 10 ans, désormais elles sont monnaie courante dans toutes leurs variantes.

Et il y a le Guatemala juste à côté. Trafic d’êtres humains (pour migrer vers les États-Unis), d’armes, de drogues, prostitution (un phénomène massif au Mexique notamment visant les mineurs), pornographie « ethnique »…

La ville de Frontera Comalapa, aux frontières avec le Guatemala, a vu 3000 de ses 60 000 habitants s’enfuir en raison des affrontements.

Frontera Comalpa, à la frontière. Si les cartels sont désormais massivement présents dans tout le Mexique, ce n’était pas vrai justemet jusqu’aux deux dernières années pour les Etats du Chiapas, de Campeche et du Yucatan.

Tous les cartels se précipitent sur le Chiapas : « Los Zetas », « Cártel Jalisco Nueva Generación » (appelé « El Cártel de las Cuatro Letras » au Chiapas), et surtout le « Cartel de Sinaloa » qui a la main-mise.

Corruption des taxis, des fonctionnaires, des policiers, des syndicalistes, des commerçants, menaces et meurtres, tout est pratiqué pour les extorsions, les trafics, la prostitution.

Il y a dix ans, il n’y avait rien de tout cela ! Mais en contribuant au maintien d’une néo-féodalité indigéniste, l’EZLN a désormais le Chiapas qui se retrouve désormais corrompu et englouti par une autre néo-féodalité – capitaliste cette fois.

Et à cela s’ajoute l’armée et la bureaucratie capitaliste avec ses méga projets. C’est le drame complet.

Les rassemblements légaux, réformistes, sur une base communautaire de l’EZLN ont bien rassemblé un nombre très important de gens au Chiapas. Le succès a été très important. Mais le Chiapas n’est pas une île et désormais il revient dans l’histoire mexicaine, de manière sanglante.

On a là vraiment un événement significatif. C’est la fin de la candeur alter-mondialiste des années 1990. Face aux cartels de la drogue, il faut un niveau militaire digne d’une véritable armée. Ce n’est pas avec des petits regroupements d’auto-défense artisanaux que l’EZLN peut faire le poids.

La crise envahit le monde entier. L’EZLN paye le prix de son mensonge de vouloir à la place du socialisme un fantasme « communautaire », une ZAD indigène.

Cette conception anarchiste n’est qu’un romantisme individualiste du 19e siècle ; à une époque aussi développée que la nôtre, rien n’est possible sans les masses, sans la centralisation, sans un haut niveau de réflexion fondée sur les principes du Socialisme. Autrement dit, sans un Etan, une armée rouge.

Au 21e siècle, avec la crise, la naïveté et l’opportunisme se paient chers!

Catégories
Société

La drogue se banalise toujours plus en France

Dans un document publié début de décembre 2020, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies fait le point sur les tendances récentes (depuis 2019) à propos des usagers et des marchés de substances psychoactives. Le constat est simple : les tendances en cours depuis 20 ans s’aggravent, la drogue se banalise et son commerce est de plus en plus sophistiqué.

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a un dispositif particulier pour saisir les tendances récentes et nouvelles drogues, en s’appuyant sur des données de terrains minutieusement récoltées. Au sens strict, on n’apprend pas grand-chose de nouveau dans le bilan qui est fait en décembre 2020, si ce n’est que la situation empire.

En ce qui concerne les personnes marginalisées et ayant une consommation particulièrement dure de drogues, il n’y a aucune avancée. Il y a une tendance a écarter ces personnes du cœurs des grandes villes, mais l’héroïne et le crack, ainsi que l’alcool, continuent leurs ravages à la périphérie des villes, menant à des situations d’autant plus précaires pour les toxicomanes que l’État les laisse volontairement vagabonder.

C’est la même chose pour le milieu de la techno, particulièrement pour sa frange urbaine où la drogue continue son expansion. L’observatoire explique de manière très précise le phénomène de banalisation de la MDMA (ecstasy) qui accompagne la généralisation des soirées techno dans des lieux officiels, ou semi-officiels comme les soirées warehouses en périphéries des grandes villes, phénomène absolument massif en 2019.

Les before et afters, c’est-à-dire les rassemblement à domicile entre amis avant ou après les soirées en club ou warehouse, sont également des lieux de généralisation de la drogue, et surtout de diversification des produits. Les free parties restent toutefois les lieux où la consommation de drogue est est la plus intense et diversifiée, avec notamment le LSD, la kétamine, les champignons et la DMT.

Toutefois, le phénomène le plus marquant pointé par le rapport de l’Observatoire est l’accroissement fulgurant des réseaux de livraison à domicile permettant d’écouler des quantités toujours plus grandes de marchandises.

Cela date déjà d’il y a quelques années, mais il y a clairement un tournant et la France se retrouve maintenant submergée par la drogue, en raison d’un réseau de distribution absolument massif. En clair, au moyen des différents réseaux sociaux, les réseaux mafieux s’invitent directement chez les consommateurs et banalisent totalement leur marchandise.

En 2019, puis en 2020 avec le confinement, cela ne concerne plus seulement les bourgeois des grandes villes, mais le phénomène « s’étend aux zones périurbaines, concourant à une disponibilité accrue des produits illicites sur l’ensemble du territoire. »

Les saisies records par les forces de l’ordre pour l’année 2019 montre un accroissement massif de la circulation de drogue, particulièrement pour la cocaïne, alors que dans le même temps les services de polices se retrouvent littéralement submergés par les trafics.

Le constat est également que les prix sont très stables et les produits très concentrés, avec des teneurs en augmentation. C’est le reflet d’un commerce international extrêmement dynamique et florissant.

On a donc une société française particulièrement malade, où la drogue s’impose dans le quotidien d’une part toujours plus grande de la population, et pas seulement dans la jeunesse. Parallèlement, l’État est pratiquement aux abonnés absent, laissant les réseaux mafieux gagner du terrain et de l’influence en toute quiétude. Dans un tel contexte, la perspective pour les cinq prochaines années est particulièrement alarmante.

Il y a urgence : il faut écraser avec force les réseaux mafieux et combattre avec acharnement l’influence culturelle de la drogue, particulièrement dans la jeunesse. C’est une des tâches historiques les plus fondamentales de la Gauche dans un pays comme la France.

Catégories
Politique

Le Parisien, le PCF et le dealer

Le Parisien a publié un article évoquant le PCF Saint-Ouen qui peut provoquer de la surprise, voire de la stupéfaction, au point qu’on se dit qu’on y comprend plus grand-chose…

Le 29 août 2020, il y avait ce message publié sur le compte Twitter du PCF où on lisait :

« Trafic d’armes, trafic de drogues, trafic de personnes, reprenons le pouvoir dans toutes les rues de la République. »

Ce message a beaucoup fait jaser, parce qu’il sous-tend de reprendre la rue face à des gens violents. Et quand le PCF dit ça, cela a du sens, car de par le passé, il y a plusieurs décennies, il visait l’hégémonie dans les quartiers populaires, avec des comportements types, des valeurs, etc.

Bref, cela a choqué les libéraux et autres tenants d’une société « inclusive ». Démagogie du PCF, retour aux sources ? La question pouvait se poser, puis il y a eu un article du Parisien du 15 septembre 2020.

On se dit alors qu’il y a une erreur dans cet article, dont le titre est « Mort de Sofiane et Tidiane : une «exécution» qui bouleverse Saint-Ouen ». On se dit, cet article va être modifié. Ce qu’on lit n’est pas possible. Cela ne peut pas être à ce point là.

L’histoire est on ne peut plus sordide, puisque deux jeunes de 25 et 17 ans ont été abattus dans une cave de la cité Soubise de cette ville de Seine-Saint-Denis. Le premier des deux  étant considéré, dans l’article, comme le chef du réseau local de drogue. Si l’on s’arrête là, c’est un affreux fait divers, reflétant une violence toujours plus grande et diffuse dans la société. Les dealers ne reculent devant rien et si on ne les stop pas…

Sauf qu’en même temps, cette personne est présentée par Le Parisien comme un encarté au PCF, sympathique, conscient, engagé. À lire l’article, il faudrait être admiratif, même. La suggestion de son activité de deal est mentionnée comme en passant, comme s’il était le garagiste du coin :

« Une source proche du dossier affirme que « le plus âgé était identifié comme étant le chef du réseau local du trafic » (…).»

Pour le reste, c’est un article unilatéral, avec un grand lyrisme dont voici quelques exemples :

« Un jeune adorable, un bel esprit », résume Jacqueline Rouillon, ancienne maire (PCF) de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et très proche de la victime (…).

Sous le choc, Jacqueline Rouillon confie : « Je ne veux pas y croire. Pas lui. Il avait trop envie d’avoir une belle vie. Il avait d’ailleurs repris des études en BTS commerce et ressources humaines, mais il n’était pas parvenu à trouver un maître de stage cette année, comme beaucoup de jeunes. »

C’était aussi un compagnon de militantisme. Il avait pris sa carte au PCF et il était membre de l’association Citoyens solidaires. « Il était très présent dans la vie locale, mais il ne s’est jamais présenté sur une liste », précise-t-elle. L’ancienne maire veut retenir surtout sa personnalité « attachante ». « Tout de suite, il déclenchait la sympathie ». Denis Vemclefs, élu d’opposition, renchérit : « Nous avions beaucoup de discussions sur l’avenir des quartiers populaires. Il avait une réelle conscience politique. » (…).

Ce nouvel accès de violence illustre l’interminable guerre de territoire pour le contrôle des juteux points de stups de Saint-Ouen. Depuis juin, les règlements de comptes à coups d’arme à feu n’ont pas cessé dans la cité. »

On se dit donc que soit Le Parisien délire, soit c’est le PCF de Saint-Ouen qui délire. Et il semble bien que ce soit la seconde option, puisque la section PCF a réagit dans un communiqué, qui ne confirme pas l’appartenance au PCF, mais valide tout à fait l’existence du trafic de drogue et salue la mémoire du jeune homme…

Voici le communiqué :

« Ce mardi 15 septembre deux jeunes Audoniens ont été exécutés dans le quartier du vieux st Ouen.

Nous adressons nos sincères condoléances à la famille et à l’entourage de Sofiane Mjaiber et de Tidiane Bagayoko pour affronter cette épreuve.

Nombre de militants communistes ont eu l’occasion de connaître Sofiane et d’apprécier ses qualités humaines, sa joie de vivre et son intelligence. Apprendre son assassinat, est un grand choc, qui suscite tristesse et colère.
L’escalade de la violence sur fond de trafic de drogue a emporté deux jeunes hommes qui auraient dû avoir leur avenir devant eux. Ils sont victimes d’une guerre qui les dépasse.

Depuis le mois de juin dernier, une guerre de territoire fait rage dans plusieurs quartiers de notre ville. Les habitants de la place du 8 mai 1945, de Garibaldi, d’Arago et du Vieux st Ouen sont réveillés parfois plusieurs fois par semaine par le bruit des tirs.

Pour que les représailles ne soient pas suivies de vengeance le cycle de la violence doit être brisé. Le trafic qui gangrène notre ville et emporte inéluctablement dans son sillage violence et mort doit être combattu sans aucune ambiguïté.
La mobilisation de tous, habitants, municipalité, État doit être engagée.

Le tout sécuritaire, la politique du chiffre, a fait preuve de son inefficacité pour lutter contre le trafic. Si des effectifs supplémentaires de police nationale, annoncée depuis plusieurs mois par le gouvernement, seront bienvenus ils ne suffiront pas.

La Seine-Saint-Denis ne doit plus être un territoire délaissé par l’État qui n’a cessé de réduire les moyens alloués aux collectivités, aux services publics et au tissu associatif.
La rupture d’égalité territoriale, sociale et éducative n’est pas une fatalité. En cette période incertaine des perspectives doivent être offerte à la jeunesse audonienne durement secouée par ces morts.

Face à la violence, la cohésion sociale ne doit pas être affaiblie par des coupes budgétaires, elle doit au contraire être renforcée. Nous ne pourrons agir contre la violence et la peur qu’en recréant du commun, ensemble.»

Tout cela est lunaire. On peut donc apparemment être chef d’un point de deal, ou en tous cas impliqué dans le deal, tout en ayant une conscience politique et en agissant en fonction de celle-ci, être au PCF, ou en tous cas proche de lui et apprécié de lui ?

On ne s’étonnera pas qu’on préfère en revenir à la Gauche historique, plutôt que de tolérer cela.

Catégories
Politique

Grève nationale des dockers samedi, après l’assassinat sauvage d’un docker au Havre

La CGT des travailleurs portuaires appelle à une journée de grève ce samedi 20 juin 2020 dans l’ensemble des ports français, en hommage à Allan Affagard. Ce docker du Havre, délégué syndical, a été sauvagement assassiné en rentrant chez lui la semaine dernière et le trafic de drogue est directement mis en cause.

Allan Affagard a été retrouvé au petit matin sur le parking d’une école avec le corps sévèrement mutilé (les détails sont ignobles). La CGT pointe directement du doigt le trafic de drogue, à propos duquel elle alerte depuis longtemps.

La police judiciaire a tenu à préciser à la presse qu’il était mis en examen dans un dossier de trafic de stupéfiants, toujours en cours d’instruction, pour des faits datant de 2017. Cependant, la CGT, son syndicat, réfute totalement qu’il puisse être lié au trafic de drogue, en expliquant au contraire :

« Notre camarade Allan n’a jamais été condamné pour le moindre fait concernant le trafic de drogue et pour quoi que soit d’autre d’ailleurs ; à l’inverse, il a toujours été au front pour combattre ce fléau pour le port du Havre, et donc pour les ouvriers dockers »

L’ouvrier docker de 40 ans était par ailleurs père de famille, sportif et impliqué dans son club de rugby, le Racing Club Port du Havre. Son syndicat le décrit comme « un frère d’armes apprécié par tous. »

La grève de samedi, en plus de l’hommage indispensable à un camarade disparu dans des conditions atroces, sera également importante pour dénoncer les trafics de drogue dans les ports.

Voici le communiqué de la CGT des Travailleurs Portuaires du Havre :

Catégories
Culture

«Validé», la série qui célèbre les comportements anti-sociaux en pleine crise sanitaire

La série française « Validé » rencontre un grand succès ces derniers jours. Elle devrait pourtant être rejetée, conspuée, comme étant une contribution à ce que la société porte de plus mauvais, de plus décadent, de plus anti-social.

La crise sanitaire dit beaucoup de notre société, de ce qu’elle a de plus puissant et positif, mais aussi de ce qu’elle a de plus arriéré et insupportable. En ces temps compliqués, la responsabilité et la discipline collective deviennent une nécessité non plus philosophique, mais immédiate, vitale. Les comportements anti-sociaux apparaissent quant à eux d’autant plus ignobles.

Qu’il est troublant alors de constater l’immense succès dans la jeunesse de « Validé », avec plus de 15 millions de visionnages revendiqués ces deux dernières semaines. Cette série ne consiste pourtant qu’en la valorisation de ces mêmes comportements anti-sociaux, ruinant l’effort social collectif…

« Validé », c’est l’histoire d’un banal délinquant livreur de drogue. Son « travail » consiste, de manière tout à fait réaliste (et insupportable), à livrer de la drogue à domicile aux bourgeois parisiens branchés. C’est ni plus ni moins que le « Uber » du shit, de la cocaïne et de la MDMA. Pour faire plus vrai que nature, l’histoire commence le jour où il doit livrer à la radio Skyrock, pendant un direct de la célèbre émission « Planet Rap ». Canal +, qui produit et diffuse la série, se permet même d’assumer tranquillement ce genre de trafic de drogue, en faisant dire au personnage qui l’accompagne : « alors on va [livrer] où cette fois ? Canal+ encore? ».

Le « héros » se retrouve ensuite en direct à la radio, ce qui propulse sa carrière de rappeur, avec comme trame narratrice un « clash » tout ce qu’il y a de plus puéril avec le rappeur initialement présent pour l’émission. Il faut savoir ici que ces « clashs » sont devenus une habitude dans le milieu du rap, qu’ils soient parfaitement orchestrés ou bien relevant d’une stupidité patriarcale bien réelle. On a régulièrement des embrouilles de cours d’école mises sur la place publique, dans le but justement de faire parler dans les cours d’école, en visant précisément les publics collégiens et lycéens.

C’est stupide, violent, vulgaire, profondément arriéré, mais Canal+ trouve cela bien et en fait une série pour la jeunesse. Pire, la chaîne est aidée en cela par le « service public », donc l’État, puisqu’apparaissent dans la série à plusieurs reprises la radio « Mouv » (du groupe Radio France), ainsi qu’une vraie prison filmée en détail.

L’administration pénitentiaire, qui n’a que peu de considération pour les gardiens de prison en première ligne face à la délinquance, ne voit par contre aucun problème à ouvrir ses portes à un tel tournage, où est mis en scène un rappeur prisonnier se filmant en direct depuis sa cellule avec un portable pour passer dans l’émission « TPMP » de l’immonde Cyril Hanouna. C’est d’ailleurs un moment clef de l’intrigue, qui va précipiter le « clash » entre les deux protagonistes principaux. Pour le reste, on a comme décors tout ce que Paris a à offrir de mode de vie décadent, de fascination pour les grosses voitures, la vitesse, les femme-objets, les soirées privées select, les marques de luxe, la futilité des « réseaux sociaux », etc.

Comment la jeunesse peut-elle ne pas être révolté par une telle nullité qu’on lui sert ? Comment, particulièrement la jeunesse des cités HLM, peut-elle ne pas être révoltée par un telle mise en scène consistant à lui maintenir la tête sous l’eau dans la délinquance et la fascination pour la réussite individuelle, la drogue, la brutalité ?

Tout cela apparaît tellement décalé, insupportable, alors que l’humanité se retrouve confrontée à une crise sanitaire majeure en raison de son comportement erroné avec la nature et les animaux sauvage en particulier.

Catégories
Société

Tribune des parents d’élèves et habitants contre le trafic de drogue à Saint-Denis (93)

Voici une tribune publiée par Le Parisien-Aujourd’hui en France, dénonçant l’abandon de la jeunesse aux mains des réseaux mafieux liés au trafic de drogue. Elle est écrite par des parents d’élèves et habitants du quartier Delaunay-Belleville Sémard à Saint-Denis (93). Ils y réclament des actions et des moyens de la part de l’État, en rejetant une réponse qui serait uniquement répressive.

> Lire également à ce sujet : Des familles face aux dealers devant une école de Saint-Denis

« Tribune

Comme chaque matin depuis le mois de mai dernier, nous, parents d’élèves et habitants du quartier Delaunay-BellevilleSémard à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), formons une chaîne humaine devant nos écoles pour protéger nos enfants du trafic de drogue qui s’étend toujours plus dans nos quartiers nord. Normal ?

Dire tout haut l’enfer vécu au quotidien par les habitants et la colère de voir une jeunesse abandonnée aux mains des réseaux mafieux. Dénoncer enfin les conséquences d’une rupture d’égalité républicaine qui fait sombrer non seulement Saint-Denis mais la Seine-Saint-Denis toute entière.

Les intrusions répétées d’individus liés aux trafics symbolisent la faillite de l’État sur notre territoire. Un État paraissant incapable de garantir de façon égale aux enfants de la République de grandir dans un espace serein, sûr, propice à l’éducation et à l’épanouissement.

La gravité de notre situation n’a pas échappé à M. Leclerc, préfet de Seine-Saint-Denis qui nous a reçus le 4 septembre dernier.

Les « efforts consentis » sont pour la plupart de nature sécuritaire et répressive : 28 agents supplémentaires quand il nous en faudrait 200 de plus rien que pour Saint-Denis.

Le développement des trafics se nourrit d’autres graves défaillances : justice pénale et civile ralentie par ses effectifs insuffisants et ses tribunaux saturés, dispositifs de protection de l’enfance devenus inefficaces, prévention spécialisée décimée, non-remplacement des enseignants absents contribuant aux difficultés scolaires et aux décrochages, une absence de programmes sociaux de lutte contre la précarité, difficulté d’accès aux soins et à l’emploi, un tissu associatif qui vivote par absence de subventions publiques, affectation de néo-titulaires et instabilité des équipes qui freinent le bon fonctionnement des services publics, etc.

Le constat est tel qu’il a poussé cinq maires du 93 à entamer une action en justice contre l’État. La mobilisation des citoyens partout dans le 93 mais aussi à Toulouse, Montpellier et Marseille témoigne de leur volonté de reprendre la situation en main et de ne plus subir.

Suite à la parution en mai 2018 du rapport parlementaire n°1014 sur « L’évaluation de l’action de l’État dans l’exercice de ses missions régaliennes en Seine-Saint-Denis » et à la séance de débat qui a suivi à l’Assemblée le 5 février 2019, vous vous êtes engagé à « adapter l’action » de l’État aux enjeux du territoire.

Vous avez alors chargé le préfet de la Seine-Saint-Denis de mettre en place et coordonner des groupes de travail. Selon le Préfet, ces groupes, auxquels nous, parents d’élèves et habitants de la ville, n’avons pas été conviés et dont nous ne connaissons ni la composition ni le travail, se sont réunis. Leurs conclusions vous ont été remises sans être communiquées au grand public, principal concerné.

Nous demeurons très dubitatifs quant aux 55 mesures, non encore toutes détaillées, du « plan anti-drogue » qui semble exclure une action conjointe avec les ministères de la Santé et de l’Éducation Nationale.

Nous demandons une augmentation significative non seulement des effectifs de police mais aussi d’éducateurs spécialisés, de professeurs remplaçants, de fonctionnaires qualifiés.

Une réponse uniquement répressive est insuffisante. Nous ne voulons pas non plus d’un énième « plan banlieue ». Nous demandons simplement un service public à la hauteur et le rétablissement de l’égalité territoriale. »

Catégories
Société

Un grand plan «anti-stups» qui ne vise pas à endiguer le trafic de drogue

Le ministre de l’Intérieur a annoncé mardi un grand plan « anti-stups », non pas pour en finir avec les trafics de drogue, mais pour encadrer cela dans un sens administratif/anti-démocratique. La drogue est acceptée, mais la grande marche quotidienne du capitalisme ne doit pas être perturbée par les trafics illégaux.

Le trafic de drogue est tellement implanté en France, il est si omniprésent et conquérant, que l’État doit réagir pour ne pas être débordé. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a présenté à Marseille mardi 17 septembre un plan national censé lutter contre les stupéfiants. Il était accompagné de son secrétaire d’Etat Laurent Nunez, de la garde des Sceaux Nicole Belloubet et du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, pour présenter en grandes pompes une nouvelle organisation des services.

Depuis l’hôtel de police de Marseille, il a annoncé la création d’un nouvel Office anti-stupéfiants (Ofast) en 2020, accompagné de 55 mesures censées parer à l’urgence de la situation. En lien avec les autorités judiciaires, cette nouvelle entité doit coordonner les services de police, de gendarmerie, des douanes ainsi que ceux du secrétariat général de la mer, du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et du ministère des Armées.

Il s’agit surtout de mieux organiser les renseignements, tout en ayant une surveillance plus fine des territoires. L’enjeu pour l’État est de reprendre la main dans un certain nombre de quartiers et sur un certain nombre de réseaux, après avoir littéralement laissé pourrir des situations pendant de nombreuses années. Le choix de la cité phocéenne pour annoncer ce plan n’est pas anodin puisque la ville est littéralement rongée par les trafics, rendant certains quartiers invivables pour la population, avec déjà 9 morts issus de règlements de compte depuis le début de l’année. D’autres villes comme Lille ou Grenoble, ainsi que bien-sûr certains endroits de la région parisienne, sont aussi particulièrement touchés.

Cela concerne néanmoins tout le pays à des degrés divers. Il est expliqué dans le document présentant les mesures que le trafic de drogue a explosé ces 50 dernières années et particulièrement depuis le début du siècle. Le nombre de trafics identifiés aurait doublé entre 2000 et 2017 et si l’on s’en tient au cannabis, les saisies auraient augmenté de 343 % simplement entre 2010 et 2017.

On apprend également qu’en 1996, la France interpellait 46 000 personnes pour des affaires de stupéfiants, alors que le seuil des 200 000 a été franchi en 2013. En 1968, ces personnes n’étaient que… 283 ! L’État n’envisage pas cependant d’en finir avec la drogue et d’en revenir au moins à ce qui existait il y a 50 ans. Les annonces du ministère de l’Intérieur ne visent qu’à mieux encadrer un trafic qui a simplement été laissé faire avec peu de contrôle et une simple répression à la marge.

Il est estimé que le marché des stupéfiants génère 3,2 milliards d’euros de revenus en France. Ce chiffre est probablement donné à la volée, car on n’imagine pas que l’État sache véritablement ce qu’il se passe dans une situation qu’il admet ne pas contrôler. Il donne cependant un ordre de grandeur, qui correspond grosso modo à n’importe quel autre secteur commercial traditionnel.

C’est important donc, mais pas suffisamment pour justifier autant de troubles, comme l’insécurité chronique dans certains quartiers qui a tendance à s’étendre, mais surtout des comportements mafieux qui troublent de plus en plus l’ordre public ailleurs que dans les quartiers pauvres. Le trafic se « professionnalise », mais de manière chaotique, générant une grande instabilité. Le ministère estime que 80 % des règlements de comptes en France sont liés à la drogue et que 3 milliards d’euros sont blanchis chaque année grâce aux trafics.

Voici comment sont résumées les choses :

« Les réseaux du narco-banditisme utilisent toutes les nouvelles technologies et, de plus en plus, des méthodes violentes jusque-là réservées au grand banditisme ou au terrorisme (utilisation de moyens de géolocalisation, de vidéo et de sonorisation pour déjouer les surveillances de la police ou piéger une équipe concurrente, guetteurs dissimulés sur des points hauts et communiquant à distance, nouveaux lieux de stockage des stupéfiants en dehors des cités, utilisation d’armes de guerre pour sécuriser les lieux de vente ou procéder à des intimidations ainsi qu’à des règlements de comptes, vie en clandestinité de certains chefs de réseaux…). »

On annonce donc qu’on va faire du ménage, avec la prétention que la situation sera rapidement sous contrôle. Il est hors de question pour l’État d’accepter que les réseaux mafieux empiètent sur les autres secteurs industriels et commerciaux, perturbant la marche générale du capitalisme.

Il n’est nullement question cependant de procéder à un véritable plan d’éradication de la drogue dans le pays. Tout juste est-il question de « prévention », mais encore que cela n’est qu’un aspect annoncé au passage, avec une énième « campagne de prévention » bidon qui est annoncée, ne faisant même pas partie des 55 mesures opérationnelles du plan « anti-stups ».

> Lire également : Des familles face aux dealers devant une école de Saint-Denis

La volonté n’est pas de combattre démocratiquement ce fléau qu’est la drogue, en harcelant les trafiquants à la base, avec l’appuie de la population et particulièrement de la jeunesse. Cela reviendrait à donner du pouvoir aux habitants des quartiers populaires, ce qui est dangereux pour le capitalisme. Le trafic de drogue est au contraire très utile pour maintenir la tête sous l’eau aux habitants des quartiers populaires, afin d’endiguer tout esprit de révolte.

Catégories
Société

Des familles face aux dealers devant une école de Saint-Denis

Les télévisions ont relayé ces derniers jours l’initiative de parents contre les trafiquants de drogue à Saint-Denis, au nord de Paris. Ce sont surtout des mères de famille qui ont repris avec la rentrée la chaîne humaine qu’elles constituent chaque jour devant l’école de leurs enfants, pour la protéger symboliquement. Le trafic de drogue y est en effet un véritable fléau, qui pourrit littéralement la vie des habitants.

L’intrusion de dealers dans le groupe scolaire l’Ermitage-Balzac-Hugo le 13 mai dernier a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’école est en effet située entre deux « fours », c’est-à-dire des points de vente très fréquentés, pour ainsi dire quasiment des supermarchés de la drogue, ou plutôt des drives où les clients ne font que passer rapidement.

Cela fait déjà des années que la ville de Saint-Denis en Seine-Saint-Denis, le fameux département 93, est ravagée par les trafics de drogue ainsi que tout un tas de comportements anti-sociaux. Le trafic y est tentaculaire, il s’insinue partout comme le rapporte une habitante. La ville est aux portes de Paris, relativement accessible, alors les clients parisiens viennent s’y approvisionner en masse.

Le trafic se fait à ciel ouvert, au vu et su de tout le monde. Les plus jeunes, qui officient en tant que simples guetteurs dont le rôle est de crier « ça passe », disent gagner 80 euros par jour. Ce commerce est complètement ancré dans la vie locale et son tissu économique et social.

Pour autant, il n’y a rien de véritablement organisé et c’est un véritable chaos qui règne dans ces quartiers gangrenés par le trafic et les comportements mafieux, soumis à une concurrence sauvage entre les différents « fours ».

On comprend alors que les familles en ont ras-le-bol, surtout quand le trafic s’insinue dans l’école du quartier, en pleine journée. Les propos du collectif « Coup de balai à Saint-Denis – Bien vivre à Saint-Denis 93 » sont ainsi très dures, mais aussi très justes :

« Nous sommes des parents, enseignants, habitants du quartier Delaunay-Belleville-Sémard à Saint-Denis (93) bien décidés à récupérer notre espace public envahi par la drogue et les dealers et à lutter pour plus d’égalité dans tous les domaines. »

Il faut s’imaginer ici que les gens sont venus chercher leurs enfants à l’école et ont vu la police armée dans l’établissement. Les élèves avaient été confinés dans les classes le 13 mai dernier (selon le même protocole qu’en cas d’alerte attentat), alors que des individus liés au trafic s’étaient introduits dans l’établissement parce que poursuivit par la police.

Trente grammes de résine de cannabis (l’équivalent de 100 euros de marchandise) ont été découverts quelques jours plus tard, alors que ce n’était pas la première fois que de la drogue était retrouvée dans le groupe scolaire.

Il est très intéressant d’écouter ici ce reportage diffusé mardi sur France culture, qui prend le temps de donner la parole aux habitants, y compris aux jeunes liés au trafic :

Le portrait de la ville qui y est dressé est vraiment saisissant. Une telle situation est absolument inacceptable et on se dit que, si cette chaîne humaine est un geste évident de dignité populaire, c’est bien la moindre des choses. Comment ne pas vouloir prendre la fuite, plutôt ? À moins de ne pas pouvoir partir, d’être coincé là…

On ne peut qu’être saisi d’effrois en entendant cette personne rapporter les propos du commissaire, disant que ce n’est pas son problème et que de toutes façons les gens sont complices, eux-mêmes étant consommateurs et peu enclins à aider la police. Quel triste panorama.

Il faut dire ici la faillite terrible du PCF, qui gère cette ville de 111 000 habitants depuis plus de cent ans (hormis quelques années où les maires PCF Jacques Doriot puis Marcel Marschall sont passés sous l’égide fasciste du PPF). Le premier maire SFIO, Gaston Philippe, y a été élu en 1912. C’était un bastion ouvrier, c’est devenu une zone de non-droit.

Il serait trop facile cependant d’incriminer simplement le « 93 ». Si le trafic de drogue existe ainsi dans cette excroissance sombre de la grande métropole capitaliste parisienne qu’est Saint-Denis, c’est parce que la drogue est aussi présente partout ailleurs. Il n’y a pas de trafic à Saint-Denis sans des centaines de milliers de consommateurs à Paris et dans toute l’Île-de-France, comme partout ailleurs dans le pays.

Ce devrait être le rôle de la Gauche, l’un de ses grands combats, que de rejeter fermement la drogue en la combattant culturellement et socialement. Seulement, il faut pour cela accepter d’en finir avec le libéralisme, cette idéologie bourgeoise qui fait qu’on considère que chacun a le droit de faire ce qu’il souhaite, qu’il doit se voir respecté en tant qu’individu, en fait en tant que consommateur.

La véritable Gauche, celle de la classe ouvrière, du mouvement ouvrier, n’accepte pas ce libéralisme. Le combat culturel et social contre la drogue est alors une évidence. C’est une condition indispensable pour reconquérir des endroits comme Saint-Denis, en refaire des bastions populaires, des places fortes de la Gauche en région parisienne.

Catégories
Société

La drogue et l’alcool, ce conformisme de la jeunesse

Aujourd’hui en France, on se procure de la drogue comme on veut. Dans n’importe quelle soirée électro branchée, les gens, parfois des filles très jeunes, n’hésitent pas à demander des ecstasys à n’importe-qui. En teuf, c’est-à-dire en rave-party à la campagne, lors des plus gros événements on a même des rangées de dealers qui se postent à l’entrée du site pour proposer leur marchandise, en toute tranquillité.

C’est la même chose pour le cannabis et la cocaïne, qui circulent pour ainsi dire librement, notamment depuis les cités HLM où l’on peut s’approvisionner comme au supermarché. La nouvelle tendance étant la livraison à domicile via les réseaux sociaux, uberisation de la société oblige.

Tout cela n’est pas nouveau certes, mais c’est de pire en pire. L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a publié ces jours-ci son rapport 2019, cinq ans après l’éditions précédente en 2013. C’est officiellement ce qu’il y a de plus fiable comme données concernant la drogue et les addictions en général dans le pays. On y apprend que l’offre de stupéfiants explose, et qu’elle se diversifie.

Les mots de l’Observatoire dans son rapport sont très simples et très clairs (c’est nous qui soulignons) :

« Le marché des drogues illicites en France est en expansion, reflétant la forte progression des usages dans l’année et de leur intensité constatée depuis près de vingt-cinq ans dans les enquêtes en population générale, notamment pour le cannabis, la cocaïne et la MDMA/ecstasy. L’offre est portée par une diversité d’acteurs, des réseaux d’usagers-revendeurs aux organisations criminelles, dont l’enracinement sur l’ensemble du territoire est réel ».

Le principal indicateur quantitatif de l’étude est la saisie des drogues. Il est expliqué que les quantités saisies ont explosé. L’année 2017 a connu un record pour les quantités saisies d’herbe de cannabis (20,2 tonnes, contre 4,8 tonnes en 2013) et de cocaïne (17,5 tonnes contre 5,6 tonnes en 2013). Les quantités saisies de résine de cannabis ont été de 67 tonnes en 2017, alors qu’elles avaient fortement baissé après un pic en 2013 (70,9 tonnes).

Les drogues sont d’après l’Observatoire de plus en plus présentes dans la jeunesse, avec une augmentation chez les mineurs de l’expérimentation des drogues stimulantes, l’ecstasy (MDMA) et la cocaïne. En ce qui concerne les adultes, la consommation de cocaïne atteindrait en ce moment « un pic », avec 1,6 % des personnes en ayant consommé dans l’année.

Le phénomène récent le plus marquant est le développent dans les années 2010 des nouveaux produits de synthèse (NPS) qui imitent les effets des drogues illicites traditionnelles, mais avec des compositions chimiques légèrement modifiées pour contourner la législation. L’usage détourné de médicaments légaux à base d’opioïdes se développe également, avec des habitudes importées depuis les États-Unis via des clips de rap.

Cela correspond à un panorama général, dans lequel selon la note de synthèse du rapport :

« l’éventail des drogues consommées aujourd’hui – en Europe comme en France – est de plus en plus diversifié et les pratiques des usagers restent marquées par la polyconsommation. »

Cette diversification concerne également les réseaux d’approvisionnement, qui profitent de plus en plus d’internet où rien n’est contrôlé et où il est relativement facile de se procurer de la drogue, classique ou NPS.

Parallèlement, les drogues elles-mêmes sont de plus en plus efficientes, avec une optimisation de leurs principes actifs par des producteurs de plus en plus professionnels.

Il est expliqué que la teneur en THC a presque quadruplé durant les quinze dernières années en ce qui concerne la résine de cannabis et que la pureté de la cocaïne et de la teneur en MDMA des comprimés d’ecstasy ont augmenté de manière importante.

Un phénomène marquant est que les jeunes veulent de plus en plus d’herbe à la place de la résine de cannabis, qui reste cependant majoritaire. Cela illustre probablement la banalisation culturelle du cannabis, qui bénéficie d’une image « naturelle », voir de celle d’un produit sain. Il y a une approbation de plus en plus forte pour l’usage « thérapeutique » du cannabis, déjà autorisé par de nombreux États, parallèlement à d’intenses campagnes en faveur de la dépénalisation du cannabis en général.

À côté de cela, la consommation d’alcool est toujours aussi répandue, dans les mœurs, banale. 87 % des adultes entre 18 ans et 75 ans boivent au moins une fois dans l’année et 78 % des jeunes de 17 ans.

En ce qui concerne plus précisément la jeunesse, l’étude montre que neuf jeunes sur dix ont déjà bu de l’alcool à 17 ans, six sur dix ont déjà fumé une cigarette et quatre sur dix ont déjà fumé du cannabis. Seul 12 % des jeunes de 17 ans n’ont jamais consommé aucune des substances. Au contraire, 8 % des jeunes de 17 ans déclarent selon l’étude avoir consommé de l’alcool au moins dix fois durant le mois précédent et 7 % pour le cannabis.

La drogue est clairement une norme dans la jeunesse. C’est un conformisme, mais qui est vécu comme un anticonformisme parce qu’elle est illégale. L’alcool est quand à lui une valeur dominante, totalement assumée et souvent même revendiquée.

La jeunesse qui se drogue et se noie dans l’alcool se conforme au système, qui s’accommode en retour tout à fait de son enivrement, comme une sorte d’assurance contre les grands bouleversements sociaux et culturels.

Il faut dire que la jeunesse en France n’a jamais été aidée en cela par la Gauche, traditionnellement liée à la jeunesse mais qui n’a jamais véritablement critiqué ces paradis artificiels.Cela devrait pourtant faire partie des programmes et des valeurs les plus fondamentales.

Il ne faudrait pas croire qu’il s’agit ici d’une question de répression, car cela est secondaire. L’État connaît très bien les flux de trafics et les réseaux, au moins dans leur forme générale. Il ne faudrait pas grand-chose à un gouvernement de Gauche pour les écraser, ou en tous cas les isoler et les harceler. Seulement, cela n’est possible qu’avec une volonté de s’opposer au libéralisme, portée par des valeurs nouvelles et une volonté de véritablement changer la vie.

La jeunesse, quant à elle, ne devrait pas céder au conformisme, cette forme de vieillesse. Que vienne le moment où elle cassera massivement cette image de l’alcool et de la drogue comme étant cools, branchés, alternatifs ! La vie sur Terre a bien mieux à offrir que ces paradis artificiels, ces petites morts de sa propre existence.