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Guerre

Valeurs Actuelles en appelle au militaire Pierre de Villiers pour la tête de l’État

La revue représentative de la haute bourgeoisie favorable à l’alliance de la Droite et de l’extrême-Droite a publié un article élogieux au sujet de Pierre de Villiers, ancien chef d’État-Major des armées devenu une idole militariste depuis son affrontement ouvert avec les autorités civiles en 2017. On est là dans une logique du coup d’État militaire absolument typique de la culture politique française.

Alors que le chef d’état-major de l’armée de terre Thierry Burkhard pourfend Charlie Hebdo pour son antimilitarisme, Valeurs Actuelles fait une sort d’allégeance à Pierre de Villiers. C’est un signe de notre époque, un signe résolument fort.

Celui-ci a été chef d’État-Major des armées de 2014 à 2017 ; il est connu pour avoir lancé lors du huis-clos de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, en 2017 :

« Je ne me laisserai pas baiser comme ça »

Recadré par Emmanuel Macron, il s’est alors fendu d’une tribune dans Le Figaro (« Soyons fiers de nos armées françaises »), puis d’un long message sur Facebook. Il finit par démissionner avec un message formant une sorte d’appel du pied nationaliste et militariste, alors qu’il est ouvertement soutenu par une lettre ouverte au Président de la République de 15 hauts gradés à la retraite.

Nous sommes alors en juillet 2017 et dès novembre, Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon (c’est son nom complet) publie un ouvrage, Servir. Il publie l’année d’après Qu’est-ce qu’un chef ? et est recruté par le Boston Consulting Group, un cabinet international de conseil en stratégie.

Le président de la partie française, avec 600 personnes, de ce groupe brassant des milliards de dollars, est Guillaume Charlin, l’un des tout premiers soutiens d’Emmanuel Macron.

Puis, à l’occasion des gilets jaunes, Pierre de Villiers y est allé fort, parlant d’une « crise de l’autorité dans notre pays mais aussi dans les démocraties occidentales », du besoin du chef de se tourner « vers le plus faible, le plus petit », etc.

Il n’est pas étonnant donc qu’il soit considéré comme un recours, dans la grande tradition putschiste française ; rappelons que la Ve République est elle-même née d’un putsch militaire !

Après donc des gilets jaunes, des groupes d’extrême-droite, on a désormais la très importante revue Valeurs Actuelles qui s’y met, à l’occasion de la grande offensive actuelle pour présenter l’armée comme « au-dessus » de la politique, comme le seul garant de la nation, etc.

Offensive qui est, bien sûr, strictement parallèle à l’immense pression sociale actuelle. C’est la lutte de classes qui connaît un saut dans son histoire.

Valeurs Actuelles a ainsi publié un article intitulé Élection présidentielle : Pierre de Villiers, candidat rêvé d’une France désespérée. Ce qu’on y lit est d’une clarté limpide :

« Il en est un autre qui n’échappe pas à ce phénomène et qui ne peut plus dire ou écrire sans que ses moindres faits et gestes soient interprétés comme la première pierre d’une hypothétique candidature présidentielle.

La semaine dernière, [le quotidien très à droite] L’Opinion assurait que Pierre de Villiers cultivait les doutes… Diantre… Un militaire bientôt en campagne de France, voilà de quoi alimenter bien des chroniques. La postface que le général cinq étoiles a ajouté à l’édition poche de son Qu’est-ce qu’un chef ?, « nourrira les commentaires en vue de 2022 », ajoute le quotidien avec des airs de gourmandise.

Qu’a donc pu écrire Pierre de Villiers pour qu’on lui prête à nouveau l’ambition de faire de la politique ? (…) « Nos élites sont parfois de bons tacticiens ; ils sont souvent de piètres stratèges. (…) Nos élites manquent de profondeur. (…) Il nous manque des chefs qui incarnent une voix et fixent la voie. »

Il n’en fallait pas davantage pour que ceux qui sont convaincus que le général jouera un jour à nouveau un rôle de premier plan, y voient une sorte d’autoportrait (…).

Reste un problème majeur : si le général a le profil de candidat idéal pour beaucoup, si nombre de Français, à commencer par les lecteurs de Valeurs actuelles, rêvent de le voir jouer un rôle actif (au point de l’imaginer premier ministre pour 16 % d’entre vous, ministre de l’intérieur pour 24 % ou ministre de la Défense pour 45 % dans un gouvernement que vous auriez façonné à votre idée), s’il est l’homme qui a dit non à Emmanuel Macron, Pierre de Villiers n’entend pas être l’homme du recours. »

La fin est un classique : les militaires disent toujours refuser de faire de la politique… avant d’en faire. L’option d’un coup d’État par un maréchal a traversé la France de 1918 à 1940… jusqu’à ce que le maréchal Pétain s’y colle.

En 2019, voici donc Valeurs Actuelles jouant à souffler sur les braises de cette option. C’est tout à fait cohérent. Le fascisme, en France, a nécessairement l’armée au centre de son dispositif, pour contrer le poids démocratique existant dans notre pays.

Le coup d’État du 18 Brumaire en 1799 par Napoléon Ier, celui du 2 décembre 1851 par Napoléon III, celui du maréchal Pétain en 1940, celui de De Gaulle en 1958… Tous ont en commun d’avoir prétendu répondre à l’appel de la nation pour un sauvetage par le haut.

S’il était vraiment un démocrate, Pierre de Villiers combattrait résolument cette tendance, défendrait le principe du pouvoir au peuple. Mais comme on le sait, il veut un chef… Comme d’ailleurs, malheureusement, une bonne partie du pays – et la haute bourgeoisie en premier lieu.

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Politique

Jean-Luc Mélenchon, grand ennemi de la Gauche historique

Jean-Luc Mélenchon lance une grande offensive, qui se résume à une thèse très simple : il n’y a pas de classes, mais le peuple et l’oligarchie. L’actualité mondiale, c’est selon lui le « dégagisme » non-violent menant à une « assemblée constituante », ce qui forme une « révolution citoyenne ».

Le point de vue de Jean-Luc Mélenchon relève du bonapartisme social, qui en bien des points est proche du fascisme de par son refus de la conscience, des classes, du programme politique et sa valorisation du nationalisme, du mythe mobilisateur.

Voici le noyau de la thèse de Jean-Luc Mélenchon :

Jean-Luc Mélenchon a également écrit un très long article, présenté par lui comme le plus long qu’il ait écrit. Il y résume notamment son point de vue populiste en présentant ce qu’il considère comme les caractéristiques communes d’un dégagisme se développant dans les différents pays du monde. En voici les traits marquants :

« Le peuple nouvel acteur, la gauche disqualifiée c’est le diagnostic que j’ai posé noir sur blanc il y a près de 15 ans. »

« La théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne nous définit ce « peuple » comme l’ensemble de ceux qui ont besoin d’accéder aux réseaux collectifs pour produire et reproduire leur existence matérielle. Évidemment, ces réseaux sont de natures différentes et le fait qu’ils soient publics ou privés impacte directement leur mode d’accès. »

« Dans le déroulé de l’action, des caractéristiques communes surgissent. Elles ont un sens. Elles définissent « qui est là » et « que voulons-nous ». Il faut donc scruter les cortèges dans la rue pour lire le message. Partout le drapeau national fleurit dans les cortèges. C’est l’emblème de ralliement. »

« Une autre caractéristique identifiante de chacun de ces mouvements est l’affichage de leur connexion avec les évènements similaires dans le monde. Il s’y donne à voir une forme de légitimité universelle qui conforte celle déjà donnée par le drapeau national. On retrouve donc partout des gilets jaunes sur le dos de certains manifestants.

Mais aussi de façon tout aussi significative des emblèmes de culture contestataire universelle comme ces masques de Dalí, sur le mode de « La Casa de papel ». C’est une référence parlante que celle à la série Netflix dont la première saison est emblématique d’un message politique anti capitaliste de type non violent.

Une évocation typique des aspirations de la classe moyenne qui peut se payer l’abonnement à Netflix et y puiser une référence politique conforme à ses manières d’être sociales. Le maquillage du clown sans foi ni loi de « Joker » fait lui aussi son apparition désormais et on l’a signalé à Hong-Kong ou Beyrouth.

Car la volonté de non-violence est partout présente aux premiers pas des révolutions citoyennes. Elle lui donne un formidable liant. »

Ainsi, Jean-Luc Mélenchon veut que les classes populaires soient à la remorque des « classes moyennes ». La Gauche historique affirme le contraire et pour cause : c’est la classe ouvrière qui fait l’histoire, pas une petite-bourgeoisie qui un jour est du côté du peuple, un autre jour du côté des puissants.

Jean-Luc Mélenchon vise par ce populisme à empêcher que la classe ouvrière ne retrouve ses fondamentaux. C’est totalement vain. L’Histoire ne s’arrêtera pas.

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Politique

Municipales: la pression de l’extrême-Droite en Isère

L’Isère est un département d’Auvergne-Rhône-Alpes situé entre Lyon et les Hautes-Alpes. Scindé entre un nord plutôt à Droite et le sud plutôt à Gauche, l’Isère a comme préfecture une métropole « dynamique », Grenoble.

Le problème est que si Grenoble est une ville à Gauche, aux traditions ouvrières relativement fortes, le Nord-Isère est la nouvelle place forte de classe ouvrière avec une extrême-Droite bien établie.

Succieu, Torchefelon, Flachères, Bourgoin-Jallieu, La Bâtie Division, cinq villes du Nord-Isère qui ont en commun d’avoir accueilli un concert néonazi depuis 2013.

En septembre 2014, une croix gammée et un tag antisémite sont découvert sur la façade d’un coiffeur de Bourgoin-Jallieu.

En août 2016, c’est la mosquée de la Tour-du-Pin qui est la cible d’un incendie, qui s’avéra être l’œuvre de militants d’extrême-Droite, dont un ancien élu du groupe « Échirolles Bleu Marine ».

Nul besoin d’aller plus loin pour comprendre que le Nord-Isère est soumis à une intense activité fasciste. Si elle repose sur des groupuscules très minoritaires, il n’en reste pas moins certain qu’il y a dans cette région tout un contexte social et culturel propice au fourmillement de l’extrême-Droite.

Or, aux dernières élections européennes, LREM est arrivé largement en tête en Isère et EELV rafle la majorité des suffrages à Grenoble, Meylan, Voiron. C’est qu’en fait l’Isère est, comme ailleurs, un département divisé entre la ville et la campagne.

L’agglomération grenobloise a une contre-culture développée et un état d’esprit festif et solidaire porté par les étudiants issus des campagnes savoyardes voisines. Grenoble, c’est en quelque sorte l’opposé de Lyon, cette ville arrogante alimentée par une bourgeoisie hautaine issue des Mont-d’Or. Cette opposition est visible dans le football avec d’une côté les supporters grenoblois du « Red Kaos 94 » et de l’autre, les supporters lyonnais des « Bad Gones » et « Lyon 1950 ».

À Grenoble, c’est donc logiquement Eric Piolle qui dirige la municipalité, dans une vaste coalition de gauche qui repose essentiellement sur cette culture propre à la ville. Cette coalition a d’ailleurs annoncé qu’elle se représentait pour les élections de mars 2020.

Mais d’un autre côté, on a les petites villes ouvrières, notamment celles du Nord-Isère, encerclées par la gigantesque métropole lyonnaise et Grenoble. Avec une tradition industrielle tournée vers l’automobile, l’agglomération de Pont-de-Chéruy est constituée de ménages ouvriers, avec une partie issue de l’immigration maghrébine des années 1960 ayant accédée au « rêve pavillonnaire ».

Or, voici les scores du RN dans cette agglomération aux dernières élections européennes : 40,8 % à Chavagneux, 37, 54 % à Chavanoz, 34, 83 % à Saint-Romain-de-Jalionas, 33,6 % à Pont-de-Chéruy, 32,93 % à Tignieu-Jameyrieu, 25,3 % à Crémieu.

C’est dire comment l’extrême-Droite est implantée dans les mentalités de ce territoire. À quelques encablures de Lyon, c’est la Gauche qui devrait normalement être dominante dans cet espace stratégique.

Mais il faut dire que l’extrême-Droite ne sort pas de nulle part ici. Que cela soit dans sa variante catholique contre-révolutionnaire avec la forte implantation de la Fraternité Saint-Pie X ou sa variante poujadiste avec La Confédération intersyndicale de défense et d’union nationale des travailleurs indépendants (CIDUNATI) fondée par le petit boutiquier de La Bâtie-Montgascon, Gérard Nicoud, l’extrême-Droite a une longue et riche histoire.

C’est d’ailleurs le CIDUNATI qui organisa une grande manifestation contre l’assurance sociale en 1969, réunissant plus de 10 000 personnes à Grenoble (soutenue à l’époque par la Gauche, et notamment les maoïstes).

Or, pour les élections municipales 2020, le Rassemblement national avance sereinement ses pions sur un territoire qui semble tout ouvert à sa cause. À Bourgoin-Jallieu, c’est justement Nathalie Germain qui se présente. Née en 1966 à la Tour-du-Pin de parents militants au CIDUNATI, cette coiffeuse indépendante est également membre du conseil national du parti de Marine Le Pen.

Face à cette prétention, la Gauche est réunie autour de l’initiative de Berjallien Unis et Soldiaire (B.U.S) qui réunit le PS, le PCF, Forces Laïques et Génération-s. Gageons que cette unité à Gauche parvienne à isoler la démagogie nationaliste qui trouve ici un terrain propice à son succès.

À Chavagneux, Gérard Dézempte, élu maire en 2014 avec l’investiture de l’UMP, a basculé dans le camp de l’extrême-Droite après une lettre commune de soutien à Marine Le Pen en mai 2017, signée par les secrétaires départementaux de Debout la France (Edmond Damais) et du Rassemblement national (Thibaut Monnier).

Candidat à sa réélection, Gérard Dézempte est depuis adhérent à un micro-parti national-conservateur « Ensemble pour la France ». La mairie fut d’ailleurs recouverte de gilets jaunes à son initiative en novembre 2018, dans un état d’esprit poujadiste que n’aurait pas dédaigné Gérard Nicoud.

Trois listes RN sont également prévues dans l’arrondissement de la Tour-du-Pin. À Avenières Veyrins-Thuellin, petite ville de 7 712 habitants où le RN a obtenu 36,24 % des suffrages aux dernières élections européennes et où le mouvement des gilets jaunes a été lancé par l’Union Nationales des Indépendants Retraités du Commerce (UNIRC).

Il y a aussi Aoste, ce village de 2 873 habitants qui a voté à 37 % pour Jordan Bardella en mai 2019, que Anthony Turchetti veut tenter de gagner. Enfin, mentionnons Faverges-de-la-Tour (1 388 habitants) avec Marc Magnoux où le RN a atteint 30 % des votes.

Or, l’avancée de l’extrême-Droite ne semble pas se limiter qu’aux villes du Nord-Isère. À Echirolles, cela fait quelques années qu’elle pratique une intense pression sur cet ancien bastion ouvrier acquis au PCF. Après plusieurs divisions internes à l’extrême-Droite, Alexis Jolly va représenter le RN avec la volonté de « mettre un terme à 70 ans de communisme à Echirolles ».

De manière démagogique, il rappelle que « l’être humain a besoin d’espace de contact avec la nature pour s’épanouir » et demande un moratoire de deux ans sur toute nouvelle construction. C’est dans ce contexte de campagne électorale qu’il a réalisé une opération nettoyage du parc de la Buclée menacé de destruction.

Responsable départemental et conseiller régional, il avance plus que confiant :

« par rapport à 2014 on part vraiment pour la gagne. La gauche est totalement divisée vous avez dans la majorité des gens qui ont déjà annoncé qu’ils allaient se présenter contre le maire ».

En effet, le premier adjoint Thierry Monel (Génération-s) a annoncé sa candidature alors que Renzo Sulli, maire PCF sortant, est candidat à sa réélection.

On sait comment Lyon est un bastion de multiples groupuscules néofascistes. On comprend alors comment  la campagne nord-iséroise est un réservoir de renouvellement de ces groupuscules. Les élections municipales de mars 2020 risquent bien de fertiliser encore un peu plus ce sol pour l’extrême-Droite, y compris dans ses variantes radicales.

Plus généralement, le Nord-Isère est l’illustration de la catastrophe à Gauche, réfugiée depuis trop longtemps dans les grandes métropoles et leur vague culture « progressiste ». Elle va en payer le prix.

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Politique

Nantes: la CGT a obtenu l’annulation de la venue de Laurent Obertone à la Maison des syndicats

Laurent Obertone a entamé une tournée de dédicace dans le cadre de son dernier roman, en tête des ventes sur Amazon. Dans ce cadre, il devait se rendre ce vendredi 25 octobre à la Maison des Syndicats de Nantes, ce qui bien évidemment a été dénoncé par la CGT comme une provocation et l’événement a été déplacé.

Laurent Obertone est un écrivain ayant fait son fonds de commerce du thème d’une France au bord de la guerre civile entre différentes communautés. De manière racoleuse, il décrit cela dans des romans aux scénarios dignes d’un très mauvais jeu-vidéo des années 2000, qui forcément plaisent à l’extrême-Droite puisque cela sert directement leur mystique nationaliste et identitaire. Il figurait d’ailleurs parmi les invités de la Convention de la Droite du 28 septembre dernier.

Voici le communiqué antifasciste de la CGT nantaise, suivit de la lettre à la Préfecture du Secrétaire général de la CGT Loire-Atlantique :

« COMMUNIQUE DE PRESSE UL CGT NANTES 25 OCTOBRE 2019

Nous avons appris hier après-midi qu’une conférence était prévue à la maison des syndicats de Nantes, de l’essayiste Laurent Obertone, organisée par la librairie Dobrée, connue pour ses accointances avec l’extrême droite.
Ses écrits sont soutenus par Marine Le Pen, Eric Zemmour, Robert Ménard ou Bruno Gollnisch et des publications telles que Fdesouche, Valeurs Actuelles ou Breizh Info.
La venue d’un personnage assimilé à l’extrême droite, dans les locaux de la maison des syndicats, là où se trouvent les plaques mémorielles commémoratives en l’honneur des militants CGT torturés et tués par les barbares nazis il y a bientôt 80 ans, était une véritable provocation.
La CGT a demandé l’annulation d’une telle conférence dans les murs de la maison des syndicats à la Préfecture et interpellé la mairie. Nous avons été entendus.
La CGT se félicite de l’annulation de cette conférence à la maison des syndicats.
Pour autant continuons à lutter contre la propagation des idées de haine d’extrême droite dans la société. Ce lent poison divise les travailleurs au profit du grand capital.
N’oublions pas qu’avant-guerre les grands patrons clamaient « plutôt Hitler que le Front Populaire ».

UNION LOCALE CGT NANTES »

 

« COMMUNIQUE DE PRESSE UL CGT NANTES 25 OCTOBRE 2019

Monsieur le Préfet,

Nous venons d’apprendre la tenue d’une conférence demain soir vendredi 25 octobre de 20 h à 23 h à la maison des syndicats, place de la gare de l’Etat, à l’initiative de l’association des amis de la librairie Dobrée, connue pour ses proximités avec l’extrême-droite. Cette conférence a pour protagoniste l’essayiste Laurent Obertone, dont le travail est centré sur la criminologie, les médias et le multiculturalisme. Ses thèses sont particulièrement influentes dans les milieux d’extrême-droite.

Lors d’une conférence tenue en octobre 2018, Laurent Obertone déconseille l’utilisation du terme « français de souche » car les personnes désignées par cette expression, selon lui, seront bientôt minoritaires. Il relie l’immigration à la montée de l’insécurité, aux maladies et à la baisse du QI des Français. Il fustige le vivre-ensemble selon lui imposé par un formatage de « médias comme Le Monde que personne ne lit » mais soutien l’extrême-droite sur internet comme TV Libertés, cite Charles Maurras, acclame le succès d’Eric Zemmour et espère « que la France ait un Trump ou un Salvini ». Il soutient les implantations de lieux d’extrême droite et identitaires. En décembre 2018, Laurent Obertone participe à un colloque du parti d’extrême droite du Rassemblement National sur « l’ensauvagement de la société ».

Selon France Info, si Laurent Obertone « journaliste fétiche du FN » conteste tout racisme, il soutient que la criminalité est liée à l’immigration et à « certaines communautés » – sous-entendu « communautés africaines » pas « adaptées », de par « leur culture et leur histoire », « au mode de vie occidental ». Il rejette l’antiracisme, le multiculturalisme, le « droit-de-l’hommiste » et considère que « la France attache plus d’importance aux agressions commises à l’encontre des musulmans ou des juifs qu’aux actes de violence contre des « Français de souche ». », opinions qui lui valent le soutien de Marine Le Pen, Eric Zemmour, Robert Ménard et Bruno Gollnisch et de l’extrême-droite sur internet tel que Novopress, Fdesouche, ou Riposte Laïque.
Vous comprendrez aisément que la tenue de cette manifestation dans une salle municipale, qui plus est dans la maison des syndicats, lieu symbolique, n’est pas acceptable pour notre organisation, notamment.

Ce lieu ne peut recevoir l’extrême droite alors que les plaques mémorielles y rappellent le combat et le martyr de nos camarades contre la barbarie nazie et la collaboration de la droite extrême.

Le risque de troubles à l’ordre public est important si cette réunion provocatrice est maintenue.

Plus largement, la CGT demande que cette conférence ne puisse avoir lieu ni à la maison des syndicats ni ailleurs car les thèses défendues sont xénophobes et racistes.

La CGT appellera la population à manifester si cette conférence n’est pas interdite, ce qui serait encourager l’extrême droite déjà décomplexée avec toutes les exactions perpétuées à Nantes depuis quelques années (ratonnades sur le campus universitaire, attaque violente d’un bar nantais, tentative d’homicide à l’arrêt de tram du Chaffault, multiples attaques de militants antiracistes…).

Dans l’attente de votre décision que nous attendons avec intérêt, nous nous tenons prêts à toute initiative pour empêcher en place publique à Nantes les discours haineux et porteurs de troubles sociétaux.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Préfet, nos salutations distinguées.

Pour la CGT de Loire Atlantique
Fabrice DAVID, secrétaire général »

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Politique

PCF: communiqué sur l’exhumation de Franco

Voici le communiqué du PCF à propos de l’exhumation de Franco. C’est là une question démocratique d’une grande importance, non seulement en Espagne, mais aussi dans le monde entier, tant le monstre fasciste menace à nouveau à notre époque.

« Espagne/exhumation de Franco: Persévérer dans l’exigence de vérité, justice et réparation pour les victimes du franquisme

Le Parti communiste français se réjouit de l’exhumation du dictateur Franco de ce véritable « musée des horreurs du franquisme » que représentait le « Valle de los caidos ».

Cette journée souligne avant tout une avancée notoire pour toutes celles et tous ceux qui se sont battus et continuent à se battre pour que la vérité, la justice et la réparation soient rendues à toutes les victimes du franquisme et parmi elles, les dizaines de milliers de combattants antifascistes aujourd’hui encore ensevelis dans les fossés et les tombes.

Comme le soulignent notamment nos camarades communistes espagnols et les autres forces de progrès qui se sont battues pour la démocratie en Espagne, avec les associations et collectifs de mémoire démocratique, cette avancée souligne également le chemin qui reste à parcourir pour éliminer tous les vestiges du franquisme encore présents, mettre fin à l’impunité des crimes contre l’humanité engendrés par la dictature franquiste et faire droit aux exigences de justice et de dignité des disparus et de leurs familles tout en  luttant contre toute réminiscence de l’idéologie franquiste et fasciste dans les institutions. »

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Société

Le piège de la polémique sur le voile lancée par Julien Odoul du Rassemblement national

Les polémiques actuelles sur le voile sont totalement coupées de la vie quotidienne. Elles sont nourries par une extrême-Droite cherchant des boucs-émissaires et une « Gauche » post-moderne, post-industrielle pratiquant l’hystérie pour contribuer à l’individualisme capitaliste. L’objectif convergent est la négation de la lutte des classes, alors que la France craque toujours plus de partout.

L’interdiction du voile à l’école pour ce qui était alors un phénomène secondaire a été un terrible piège, la boîte de Pandore de tous les problèmes. Le pire c’est que ce sont des militants d’ultra-Gauche – de Lutte ouvrière en l’occurrence – qui ont amené tout cela il y a quelques années. Et maintenant, on se retrouve avec une affaire comme celle de l’affiche électorale récente de la FCPE, l’association des parents d’élèves liée à la Gauche. Celle-ci racole de manière éhontée, totalement communautariste, afin clairement d’essayer de sauver les meubles en termes de vote.

Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

Car le fond du problème est simple : on a d’un côté une Gauche qui a raison d’être contre la religion, mais qui ne comprend rien à la dimension culturelle de la religion et qui se comporte malheureusement souvent de manière simpliste. On a de l’autre une Gauche qui fait de la lutte anti-raciste une cause indéniablement importante, mais qui raisonne en termes de catalogues d’oppressions et aboutit ainsi à une véritable méthodologie de la différenciation individualiste.

Tout cela est d’autant plus grave que la polémique a été lancée véritablement par un mode opératoire classique. Julien Odoul a obtenu sa célébrité en jouant la dénonciation d’un bouc-émissaire. C’est évident et la Gauche aurait dû aisément faire bloc pour étouffer cette opération.

Le procédé est en effet terriblement choquant, car c’est une mère qui a été agressée et sur le plan des valeurs populaires, c‘est un crime. On en a rien faire du voile ici, c’est totalement secondaire. C’est une question de principe, de vie quotidienne. Il y a des choses qui ne se font pas.

Le migrant ayant frappé un enfant de deux ans et sa mère à Saint-Denis lundi dernier l’a appris à ses dépens, en se faisant démonter par les gens présents. Le peuple déteste les comportements anti-sociaux et voue une haine farouche à ses représentants.

Julien Odoul a agi clairement sur le même mode opératoire que le migrant à Saint-Denis, en prenant à partie de manière très agressive une mère accompagnant son fils et toute une classe de CM2 au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, en raison de son voile. Il a cherché à ostraciser une mère. C’est inacceptable.

Et c’est pareil pour le pompier ayant interdit pareillement à une mère accompagnatrice l’entrée d’une caserne de Creil lors d’une visite de classe, lundi dernier. Et c’est pareil pour Stéphane Guillon, qui sous prétexte d’humour a tenu des propos parmi les plus crapuleux qu’on puisse tenir peu avant le second tour des présidentielles. Nicolas Dupont-Aignan avait choisi de soutenir Marine Le Pen et alors que sa mère venait justement de décéder, Stéphane Guillon a expliqué :

« Il a perdu sa maman il y a deux jours donc j’ai respecté ce moment. Je me suis dit que ma mère aurait fait la même chose si je m’étais engagé aux côtés de Marine Le Pen et si j’avais déclaré être son Premier ministre, vouloir travailler avec elle : je pense que ma mère se serait aussi laissée mourir comme madame Dupont-Aignan. »

C’est ignoble. Et c’est à cause de gens comme cela qu’on ne parle pas de la vie des gens, de la vie populaire, comme de cette mère de deux enfants, morte à 23 ans dans un accident de manège à Firminy, dans le département de la Loire, lundi dernier. Ou donc, de cette femme à Saint-Denis. Alors que c’est la vie du peuple, la vraie actualité.

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Politique

Candace Owens à la convention de la Droite: le miroir inversé du «progressisme»

La jeune conservatrice américaine Candace Owens a été une invitée très appréciée lors de la Convention de la Droite. Elle est venue y prôner sa haine farouche du Socialisme et le nationalisme agressif de Donald Trump. Son populisme n’est qu’une réaction mécanique au « progressisme », comme un miroir inversé.

Candace Owens a été accueilli à la convention de la Droite sous un tonnerre d’applaudissements, présentée comme une « star américaine ». Elle est en effet une figure montante chez les conservateurs américains, de plus en plus mise en avant par Donald Trump lui-même.

Elle est surtout connue pour ses prises de position au sujet des afro-américains, qu’elle a évoquées lors de sa prise de parole à Paris. Son credo est le « Blexit », un jeu de mot en référence au Brexit signifiant « Black exit », pour « Black exit from the Democrat party » (sortie des noirs du Parti démocrate). C’est en fait, et surtout, un appel au nationalisme pour les afro-américains.

Son explication est toute simple, tout à fait populiste :

1/ le « progressisme » est une « prison mentale » pour les personnes noires, qui a pour but de « faire abandonner les droits individuels en faveurs du gouvernement » ;

2/ les oppressions sont « imaginaires » et fabriquées de toutes pièces, alors que le capitalisme est formidable pour tous les Américains, du moment qu’ils se replient sur eux-mêmes plutôt que de s’ouvrir au monde.

On ne rappellera jamais assez ici les dégâts immenses qu’ont causé les postmodernes, notamment aux États-Unis, en torpillant les questions démocratiques et les mouvements démocratiques de l’intérieur, avec des catalogues d’oppressions à la carte, extensibles à l’infinie de manière toujours plus irrationnelle.

Cela est insupportable et a favorisé l’expression populiste des conservateurs, qui n’ont plus qu’à dire l’inverse du « progressisme », afin de prétendre aller à l’encontre du « système ».

Voici le genre de propos qu’a tenu Candace Owens à la réunion de la Droite et de l’extrême-Droite française :

« « xénophobe » est maintenant le terme utilisé pour décrire les citoyens qui veulent savoir pourquoi nous priorisons les besoins des peuples étrangers à ceux des innombrables citoyens qui souffrent dans notre propre pays. »

« Et bien sûr, « raciste », (aujourd’hui l’injure préférée des journalistes), utilisée pour ceux qui, à juste titre, sont en colère contre le concept de frontières ouvertes, un concept qui aggraverait encore davantage le sort de nos minorités, déjà en difficulté, tout en punissant le contribuable américain.

Un concept que l’on développe au détriment des différences culturelles, au profit d’une idée imaginaire, utopique, relevant de la bien-pensance, selon laquelle nous serions tous les mêmes et pourrions parvenir à un accord planétaire magique sur la manière dont nous devrions être gouvernés. »

Elle a dit la même chose à propos du « sexisme » et on peut imaginer qu’elle a le même raisonnement pour toutes les questions démocratiques et sociales, conformément à ses idées de droite.

Quand elle critique un « accord planétaire magique », elle exprime exactement la même chose qu’Eric Zemmour à la même tribune, c’est-à-dire le refus de l’universalisme. Il ne faut pas être étonné d’ailleurs de voir que la campagne des conservateurs américains alignés derrière Donald Trump pour 2020, focalise déjà sur le spectre du Socialisme. C’est un thème historique pour la Droite américaine, tétanisée depuis toujours par l’idée même du Socialisme, ce totalitarisme universaliste.

C’est en fait une véritable obsession, à laquelle n’échappe pas Candace Owens. Elle a par exemple expliqué au sujet de la procédure de destitution contre Donald Trump :

« ils tentent de contester notre processus démocratique parce qu’ils sont des élitistes pourris qui se croient aptes à gouverner l’Amérique comme une oligarchie. Le rêve américain avait été compromis. Les états-unis étaient vendus, pièce par pièce, en faveur d’une vaste initiative mondialiste ».

La figure Candace Owens n’a donc rien de nouveau. Cela ne date pas d’aujourd’hui qu’il y a des afro-américains conservateurs, faisant partie de la bourgeoisie américaine ou aspirant à en faire partie. La série Le Prince de Bel-Air avec Will Smith traitait avec humour dans les années 1990 de cette question des bourgeois noirs niant la situation des noirs appartenant aux classes populaires.

Ce qui a changé par rapport aux années 1990 par contre, c’est que le capitalisme exige maintenant un repris national fort, pour tirer son épingle du jeu dans un contexte de crise mondiale menant tout droit à la guerre. La jeune conservatrice américaine, tout comme Marion Maréchal, ne représente que la nouvelle génération de ces gens pour qui le repli nationaliste est une bonne chose et qui demain assumeront ouvertement la guerre.

Elle est venue à Paris pour « favoriser la synergie » entre le « Make america great again » de Donald Trump et son équivalent français, exactement de la même manière que Marion Maréchal l’avait fait l’an dernier à la conférence des conservateurs américains (dont on a compris que la Conférence de la Droite devait être un équivalent français).

Ces jeunes femmes se considèrent fortes et portées par l’avenir, car elles ont en face d’elles des « leaders faibles », comme Justin Trudeau ou Emmanuel Macron, qui sont des « mondialistes ». Elles ne sont fortes que parce qu’en face le « progressisme » n’est qu’une pâle caricature bourgeoise des questions démocratiques initialement portées par la Gauche, dont elles n’ont qu’à dire l’inverse pour avoir un discours.

Elles ne feront par contre jamais le poids face à une véritable Gauche, emmenée par les classes populaires arborant de drapeau rouge de l’universalisme socialiste.

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Guerre

L’objectif de Marion Maréchal : une «révolution conservatrice» sur les décombres du «progressisme»

Marion Maréchal est une figure politique dans la lignée des Trump, Bolsonaro, Duterte, Poutine, Boris Johnson, Erdogan, etc. Elle sait que son heure viendra, car le repli du capitalisme sur sa base nationale est inéluctable pour la France également. La question est de savoir comment poser les éléments pour surgir de l’inévitable crise du « progressisme » d’Emmanuel Macron et de la Gauche post-moderne. C’est ce qu’elle a cherché à expliquer à la première convention de la Droite.

Si l’on regarde bien, Marion Maréchal a formulé trois axes fondamentaux pour la « révolution conservatrice » lors de la convention de la Droite. Il s’agit d’une véritable rupture avec le schéma traditionnellement conservateur-républicain, dont Jacques Chirac était par exemple un représentant.

Normalement, en effet, la Droite n’appelle pas à purger l’appareil d’État. Les seuls appelant à le faire est le PCF, qui appelle depuis les années 1960 à modifier le régime de l’intérieur. L’extrême-Droite authentique (donc pas vraiment Jean-Marie Le Pen) et les révolutionnaires de Gauche appellent directement à un changement de régime.

Or, Marion Maréchal appelle à la purge de l’appareil d’État :

« N’attendons pas que l’État nous sauve, actuellement il est phagocyté par une idéologie et des intérêts contraires à l’intérêt national. »

C’est l’équivalent de la ligne du PCF, mais inversé. Le PCF appelait à un Programme commun pour arracher l’appareil d’État aux monopoles, par l’unité populaire pour s’approprier par l’autogestion l’économie elle-même. Marion Maréchal appelle à une restructuration par en haut, par une Droite sur une ligne idéologique bien déterminée.

Le modèle n’est pas du tout le fascisme italien, ni le national-socialisme allemand, mais clairement la révolution conservatrice telle que théorisée en Allemagne, éventuellement l’austro-fascisme (mais il est trop directement sous dépendance cléricale), surtout le franquisme, historiquement une alliance des ultras-conservateurs avec une petite extrême-Droite mouvementiste et terroriste.

Le but de Marion Maréchal est ainsi de construire une Droite directement appuyée par tout un milieu, un véritable bastion implanté dans l’économie elle-même. Il ne s’agit pas de construire un mouvement populaire de l’extérieur des milieux capitalistes, puis de se vendre le plus tôt possible (et non pas, comme certains interprètent le fascisme italien ou le nationalisme-socialisme allemand, seulement à la fin).

Il s’agit de former un camp militant, offensif à tous les niveaux :

« Nous devons bâtir sur le roc, pas sur des coups médiatiques ! Par les idées, par les loyautés, les réseaux, des élus locaux, des soutiens financiers, culturels, intellectuels, par la confiance des entreprises. »

C’est extrêmement ambitieux, car seule une petite partie du capitalisme est favorable à une telle ligne dure. Seulement, les grandes entreprises sont ambitieuses à l’internationale et donc ouvertes à un tel projet. Et il suffit d’une crise approfondie se produisant pour que tout vacille et que le capitalisme se meuve vers une ligne dure.

> Lire également : «Convention de la Droite» le 28 septembre : l’affirmation d’un néogaullisme conquérant avec Marion Maréchal comme figure de proue

On l’aura compris : la clef, à l’arrière-plan, c’est l’armée. C’est elle qui traditionnellement impose les changements de régime. La Ve République est elle-même née d’un coup d’État militaire.

À la convention de la Droite, Marion Maréchal a souligné cette dimension essentielle de l’armée, combinée aux ambitions de la France :

« Il nous faut une armée de qualité, c’est la garantie de nos capacités diplomatiques. Nous sommes présents sur les cinq continents. »

Encore une fois, dans les conditions actuelles, tout cela semble bien vain. Le Monde et Libération sont contre, Le Figaro n’est pas pour, et le « progressisme » a le vent en poupe avec son libéralisme culturel se généralisant dans tous les domaines.

Mais ce qui est attendu, c’est le retour de bâton, qui ne peut être que virulent de la part d’une société qui va être écœurée d’elle-même. La victoire du « progressisme » sera son inéluctable défaite. Le miroir social sera tellement déformé que plus rien ne tiendra. En attendant ce moment, Marion Maréchal compte gagner en crédibilité et établir ses réseaux, pour agir très vite le cas échéant.

La Gauche sera-t-elle en mesure de faire face à un tel défi ?

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Politique

Convention de la Droite : identitaires et Gauche post-moderne contre l’universalisme

Eric Zemmour, le polémiste aussi précis à l’oral qu’extrêmement mauvais à l’écrit, a assumé la position identitaire lors de la convention de la Droite hier. L’ennemi, c’est l’universalisme : « l’universalisme marchand » et « l’universalisme islamique ».

Maintenant, si on est à Gauche et qu’on a de la culture, alors on comprend une chose très simple : « l’universalisme marchand » + « l’universalisme islamique » = le Socialisme. Car le Socialisme, c’est d’un côté une économie si riche qu’elle a universalisé les rapports entre les gens et de l’autre un régime politique hyper normé et réglé.

L’Islam n’est ainsi qu’une caricature communautaire et spiritualiste du Socialisme. Son succès n’est qu’une déviation temporaire, un accident historique de l’affirmation du seul universalisme possible : le Socialisme à l’échelle planétaire.

C’est de cela dont a peur Eric Zemmour, qui prône par conséquent les identités contre l’universalisme. La Gauche post-moderne fait de même, en prônant non pas les identités, mais les individus. Les deux discours se nourrissent l’un de l’autre, en cherchant à mettre le Socialisme sur la touche. Et ils y sont parvenus. Mais plus pour longtemps.

En effet, le capitalisme se mange lui-même et les tendances militaristes se renforcent comme jamais. Les gens vont être de plus en plus mécontents de toutes façons d’une société toujours plus dérégulée et aux salaires toujours plus bas pour la grande majorité. Il va donc y avoir un basculement.

Un tel basculement ne se fera jamais dans le camp du libéralisme, tant économique que culturel. Les gens ne comptent nullement « déconstruire » la civilisation, seule une infime minorité, avant-garde de l’ultra-capitalisme, est favorable à cela. Il se fera donc vers la Droite, d’où d’ailleurs la Convention de la Droite, qui vise à préparer les modalités de ce basculement.

> Lire également : «Convention de la Droite» le 28 septembre : l’affirmation d’un néogaullisme conquérant avec Marion Maréchal comme figure de proue

La Gauche, pour faire face à ce défi, doit écraser les variantes post-modernes, post-industrielles, post-nationales, pour qui le capitalisme n’existe pas et pour qui la conquête des « droits individuels » est l’alpha et l’oméga de l’intervention sociale. Tant qu’il y aura les bobos et des gens niant l’existence des hommes et des femmes pour pourrir la Gauche aux yeux du peuple, tout sera plombé.

Ce vaste ménage à faire n’est pas gagné du tout : le libéralisme culturel, depuis la promotion de l’art contemporain totalement méprisé par le peuple jusqu’à la PMA pour toutes, voire la GPA, a corrompu à un tel point qu’il est pratiquement entièrement hégémonique. Il faudrait les ouvriers pour balayer cela. Seulement voilà, les ouvriers, quand ils s’expriment, sont souvent happés par la démagogie nationaliste.

Tout cela demande donc du temps, sauf que le temps on ne l’a pas. Dans tous les pays, le curseur est à la bataille pour le repartage du monde et sur le ring on a déjà les Trump, Xi Ping, Bolsonaro, Duterte, Poutine, etc. Tout va donc se jouer dans les prochaines années, en comptant qui plus est qu’une fois les délires post-industriels écrasés, il faudra faire face à un ennemi historique d’une autre envergure : le nationalisme, le militarisme, le Fascisme, dont la convention de la Droite hier était une étape importante de la structuration en France.

C’est un sacré défi propre à paralyser les esprits lâches, les âmes endormies par leur confort matériel. Mais il a de quoi galvaniser ceux qui savent que l’Histoire a un sens.

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Politique

L’UEJF et SOS Racisme font annuler un spectacle de Dieudonné à Paris

Voici les communiqués de l’Union des étudiants juifs de France et de SOS Racisme, qui ont obtenu l’annulation d’un des deux spectacles de l’antisémite Dieudonné à Paris cette semaine. L’intervention était malheureusement largement confidentielle, probablement parce qu’elle s’est organisée au dernier moment ; c’est en tout cas une victoire marquante. Partout en France, il faut empêcher Dieudonné de répandre sa propagande antisémite.

UEJF :

« Le 19 septembre 2019, des étudiants de l’UEJF et de SOS racisme, rejoints par des passants ont scandé des slogans dénonçant le racisme et l’antisémitisme de Dieudonné pendant la première représentation de la soirée. Un important dispositif policier a été mobilisé et la préfecture de police a finalement demandé à Dieudonné d’annuler la seconde représentation de son spectacle prévue en fin de soirée Porte Maillot.

Dieudonné propage depuis des années l’antisémitisme et le complotisme, organise son insolvabilité et se joue des forces de l’ordre pour continuer à se produire.

Alors que l’antisémitisme a augmenté de 74% en France en 2018, l’UEJF demande aux maires et préfets de France de tout mettre en œuvre pour l’empêcher de se produire. Les autorités doivent agir et faire appliquer les décisions de justice.

Pour Sacha Ghozlan président de L’UEJF « Cette annulation est une étape supplémentaire dans le combat contre Dieudonné. Dans son dernier spectacle, il prétendait que les chambres à gaz n’ont jamais existé, tout en incitant à la haine. Malgré ses subterfuges pour échapper à la justice, nous continuerons à mener ce combat pour défendre des valeurs bafouées par un multirécidiviste haineux.

Après cette annulation, nous demandons aux pouvoirs publics de prendre les mesures nécessaires pour empêcher toutes les représentations de Dieudonné ».

SOS Racisme :

« Ce jeudi 19 septembre, des militants de SOS Racisme et de l’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) ont manifesté devant le bus dans lequel Dieudonné donnait son spectacle. Dans le 17ème arrondissement parisien, ils étaient munis de banderoles et scandaient des slogans afin de créer un trouble à l’ordre public et d’interrompre la représentation de l’«humoriste ».

Ce fut chose faite puisqu’un important dispositif policier a été mobilisé et que la préfecture de police a finalement demandé à Dieudonné d’annuler la seconde représentation du spectacle prévue en fin de soirée Porte Maillot. Une victoire pour les deux associations qui rappellent que Dieudonné a été maintes fois condamné pour incitation à la haine raciale.

En effet, depuis plusieurs semaines, Dieudonné, multirécidiviste antisémite, se produit au cœur de Paris dans un bus aménagé pour son spectacle « Gilets Jaunes ». Il propage depuis des années l’antisémitisme et le complotisme, organise son insolvabilité et se joue des forces de l’ordre pour continuer à se produire… Ce contre quoi les associations se battent au quotidien et ce qu’elles dénonçaient lors de cette action. Nous demandons désormais à ce que les maires et préfets de France mettent tout en œuvre pour l’empêcher de se produire. Les autorités doivent agir et faire appliquer les décisions de justice !

SOS Racisme rappelle enfin que les mobilisations militantes comme celle-ci permettent des avancées dans la cause antiraciste. C’est pourquoi nous devons être toujours plus nombreux ! »

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Politique

Michel Onfray fait enfin son coming-out de facho

Cela fait des années que Michel Onfray pourrit la Gauche de l’intérieur avec ses thèses proudhonistes d’une totale hostilité aux valeurs historiques du mouvement ouvrier. Il a enfin tombé le masque pour la rentrée en affirmant souscrire aux thèses de l’UPR, le mouvement de François Asselineau.

On avait déjà Aurélien Enthoven, très médiatisé fils de Carla Bruni et Raphaël Enthoven, qui avait rejoint l’Union populaire républicaine (UPR). C’est un exemple important, car celui qui est désormais un inconditionnel du Brexit (et donc du « Frexit ») était présenté hier comme un progressiste faisant une chaîne Youtube de vulgarisation intellectuelle (Motorsport Gigantoraptor), comme un adepte du véganisme, etc.

C’est un excellent exemple de comment des intellectuels bourgeois viennent pourrir les choses de l’intérieur, Aurélien Enthoven assumant somme toute la posture du dandy au-dessus de la mêlée se permettant de donner des leçons.

Michel Onfray a fait cela pendant des années, avec un gigantesque soutien médiatique. Sa pensée était brouillonne, incohérente, anti-historique, mais bon nombre de gens de la Gauche, par fainéantise ou faiblesses intellectuelles, ont cédé devant lui. Sa démarche a toujours été celle d’un « nietzschéen », se baladant de révolte en cercle intellectuel, racontant tout et n’importe quoi en cherchant l’éclat à coups de références éclectiques.

Il va de soi que personne de la Gauche historique n’a jamais pu porter attention à ses élucubrations, voyant aisément une sorte d’anarchiste de Droite cherchant un assentiment médiatique et populaire. Ce qui s’appelle, au sens strict, une démarche fasciste.

De toutes manières, on peut voir que Michel Onfray a soutenu en 2002 Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire (devenu depuis 2009 NPA) aux présidentielles de 2002, affirmant que « la gauche doit être de gauche ». En 2006, il explique finalement qu’il n’est pas contre le capitalisme ni la propriété privée. Il se dit alors post-anarchiste et pour un « capitalisme libertaire », pour soutenir le Front de gauche aux élections européennes de 2009, pour de nouveau changer d’avis, etc.

Finalement, ces derniers mois il s’est posé comme climato-sceptique et souscrit désormais ouvertement aux thèses de l’UPR. Ce coming out s’est fait à la toute fin d’une conférence de deux heures dans une librairie, avec une question « tombée du ciel » prétexte à une véritable apologie. C’est naturellement un coup politique.

On vivrait dans un « État supranational », il y aurait un « empire maastrichtien » : c’est tout le discours nationaliste, qui s’associe impeccablement au discours sur la décadence de « l’Occident » fait par Michel Onfray.

De manière très intéressante, il défend également les gilets jaunes des origines, contre ceux ensuite manipulés par Jean-Luc Mélenchon, la CGT, SUD, etc. Au lieu de faire une critique par la Gauche – et donc de rejeter les gilets jaunes, ainsi que l’opportunisme à ce sujet – il fait une critique par la Droite.

Il est à ce niveau dans la tendance, car les gilets jaunes ne vont ramener que de mauvaises choses, relevant de la boîte de Pandore du populisme, de l’éclectisme des idées au point de mélanger revendications sociales et nationalisme. Ce qui se déroule sous nos yeux est de l’Histoire à l’état pur.

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Politique

Oskar Lafontaine sur la progression de l’extrême-Droite en Allemagne

Le texte suivant, à propos des victoires électorales de l’extrême-droite lors d’élections partielles en Allemagne, est un excellent exemple d’affirmation de la Gauche historique. Il a été écrit par Oskar Lafontaine.

Celui-ci a dirigé le SPD, le parti socialiste en Allemagne, de 1995 à 1999. Il a ensuite contribué à fonder le Mouvement Die Linke (La Gauche), né de l’unité de la gauche du SPD avec le PDS, issu du SED ayant dirigé l’Allemagne de l’Est. Il est par ailleurs marié à Sahra Wagenknecht, fondatrice du mouvement Aufstehen.

Les élections dans le Brandebourg et en Saxe montrent qu’il y a eu beaucoup de mécontentement à l’égard de la politique de ces dernières années et que de plus en plus de gens se sentent marginalisés et déconnectés.

Et que les partis qui devraient en réalité représenter des améliorations sociales et donc les intérêts de la grande majorité de la population n’ont pas la confiance nécessaire de l’électorat. De plus, il ne faut pas se leurrer quant aux progrès des Verts, qui deviennent de plus en plus un parti bourgeois des plus aisés.

Mais les élections montrent également à quel point il est important de créer un mouvement au-delà des partis qui conduise, au Bundestag allemand, de nouveau à une majorité pour des salaires et des retraites plus élevés, de meilleures prestations sociales, une politique étrangère pacifique et une politique environnementale, qui détermine les produits et la production, force à la responsabilité les monopoles et n’impose pas un fardeau de plus pour les personnes à faible revenu.

L’expérience montre que les personnes qui se sentent lésées placent leur espoir dans les partis de gauche. Si elles sont déçues par ceux-ci, ils se subordonnent aux démagogues de droite.

Si l’AfD assumait une responsabilité gouvernementale, les travailleurs seraient comme Gribouille plongeant dans l’eau pour ne pas se mouiller sous la pluie.

L’AfD représente une politique fiscale qui aggrave encore plus l’inégalité croissante des revenus et des possessions – leur mot d’ordre : pas de taxe sur les successions, pas d’impôt sur la fortune – elle vote au Bundestag contre les améliorations sociales et préconise une augmentation des dépenses militaires et une participation aux guerres d’intervention.

Les partis du camp de la gauche doivent de nouveau placer au centre de leur travail les questions qui sont vraiment au cœur de la vaste majorité de la population, et non pas se concentrer uniquement sur des thèmes symboliques pour des minorités.

Au lieu de s’attaquer à la pauvreté et aux inégalités grandissantes, les partis de gauche se sont pliés à la logique de la propagande néolibérale, selon laquelle toute inégalité repose uniquement sur la discrimination et non sur les scandaleux rapports de propriété, qui donnent à une minorité la possibilité de largement déterminer l’économie et la vie politique.

Le prix de cette politique symbolique, qui s’épuise sur les identités, afin de ne pas avoir à faire face aux questions de pouvoir et de propriété, ces partis l’ont connu dimanche. Nous ne devons jamais oublier : la concentration croissante de richesses mène à l’autoritarisme et finalement au fascisme.

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Politique

Emmanuel Macron ouvre le thème de l’immigration avec la question «bourgeoise»

Emmanuel Macron a annoncé l’ouverture de l’immigration comme thème politique. Normalement marginalisé en raison des besoins économiques pour le capitalisme français, ce thème n’a fait que se renforcer au cœur de la société, c’est-à-dire dans les couches populaires.

Le thème de l’immigration apparaît désormais comme hautement explosif, notamment dans un contexte marqué par des déstructurations sociales toujours plus massives.

Emmanuel Macron n’y est donc pas allé de main-morte. Il sait que son « progressisme » fait ici face à un nationalisme conquérant, alors que la Gauche est totalement hors-jeu, quand elle ne sert pas carrément de force d’appoint au « progressisme ».

Le nationalisme conquérant veut faire en sorte que la réponse à la crise soit identitaire-sociale et militariste, comme dans les années 1930. L’affirmation politique indirecte de Marion Maréchal et la vigueur de Marine Le Pen rendent donc la situation incontournable, même pour les capitalistes modernistes, « progressistes », dont Emmanuel Macron est le représentant.

Devant les parlementaires de la majorité présidentielle, il a donc parlé de l’immigration et affirmé les choses suivantes :

« La question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas. Les bourgeois n’ont pas de problèmes avec ça : ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec. »

« La gauche n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies. Les classes populaires ont donc migré vers l’extrême droite. On est comme les trois petits singes: on ne veut pas regarder. »

« Vous n’avez qu’un opposant sur le terrain: c’est le Front national [en fait le Rassemblement national, NDLR]. Il faut confirmer cette opposition car ce sont les Français qui l’ont choisie. Il y a deux projets : celui du repli, tout faire peur ou bâtir une solution ouverte mais pas naïve. »

Ce que veut dire ici Emmanuel Macron, c’est que l’immigration massive utilisée par un capitalisme tournant à fond comme lors des « 30 glorieuses » (1945-1975) ne peut plus être de rigueur. Il ne l’a pas dit ainsi, mais un bon observateur politique comprend qu’il sous-entend la nécessité de passer à l’immigration choisie.

Le libéralisme conçoit en effet que chacun aille où il veut, mais seulement s’il fait tourner la machine capitaliste. On peut donc parier qu’il annoncera une « sélection » dans l’immigration dans son prochain programme, à l’occasion des présidentielles.

Il va de soi que la réaction de l’extrême-Droite a été vive, comme ici avec Stéphane Ravier, sénateur Rassemblement national des Bouches-du-Rhône :

« Emmanuel Macron non plus ne croise pas l’immigration. Il en parle sans doute parce que les sondages ont dû lui être présentés.

Les Français en ont assez d’une immigration de peuplement, de remplacement, d’une immigration qui ne s’intègre pas, qui est de plus en plus communautariste, revendicative et conquérante. Il y a le feu à la maison ! »

On aura compris que Stéphane Ravier entend ne pas accepter la logique d’Emmanuel Macron, afin de pouvoir continuer à faire de l’immigration un thème identitaire et populiste. Sa logique, c’est qu’au quotidien le capitalisme actuel est trop chaotique et ne parviendra pas à réguler quoi que ce soit, alors autant y aller à fond dans ce qu’on doit comprendre comme un appel au fascisme.

À l’arrière-plan, toute la question des « progressistes » et des nationalistes est de savoir comment se placer par rapport à la bourgeoisie. Les « progressistes » représentent une bourgeoisie ultra-puissante, mondialisée, « connectée », mais sans ancrage dans les masses. À l’opposé, la haute bourgeoisie est ambitieuse et capable donc d’assumer le populisme le plus démagogique.

C’est, somme toute, une simple réédition des années 1920-1930. La bourgeoisie libérale, expression du capitalisme triomphant, s’enlise dans son ghetto de profiteurs et n’a plus d’emprise sur les masses, se faisant ainsi dépasser par les nationalistes, les capitalistes ultra-agressifs.

Emmanuel Macron prétend avoir la clef pour empêcher ce qui s’est passé à l’époque, c’est-à-dire la montée du fascisme : personne à Gauche ne doit croire à une telle fantasmagorie. Un bourgeois libéral comme Emmanuel Macron n’empêchera jamais le fascisme, seul un nouveau Front populaire sera en mesure de le faire.

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Guerre

Vers la guerre : la Turquie veut la bombe atomique

Recep Tayyip Erdoğan, le président turc, a affirmé que son pays devait rentrer en possession de l’arme atomique. C’est une contribution de plus au bal dramatique des fous furieux allant à la guerre, de Donald Trump à Vladimir Poutine, de Rodrigo Duterte à Boris Johnson, de Jair Bolsonaro à Xi Jinping.

« On ne veut pas être prisonnier de 780 000m². »

Tels avaient été les propos du président turc Recep Tayyip Erdoğan il y a trois ans. Cela a le mérite d’être clair quant aux ambitions expansionnistes de ce dirigeant visant ni plus ni moins qu’à rétablir l’Empire ottoman. Il remet d’ailleurs ouvertement en cause les traités de paix issus de la Première Guerre mondiale.

Lors d’un forum économique à Sivas, il vient d’en rajouter dans la logique militariste, en expliquant la chose suivante :

« Il y a plusieurs pays qui ont des missiles avec des têtes nucléaires, pas seulement un ou deux. Mais ils nous disent, qu’on ne peut pas en avoir. Cela, je ne l’accepte pas. »

Comme en plus l’entreprise russe Rosatom construit, au sud-ouest de la ville de Mersin, la première centrale atomique turque, on comprend rapidement que ce ne sont pas des menaces en l’air, mais une véritable perspective, très concrète.

La Turquie s’est en effet rapprochée de la Russie ces derniers temps, au point que les États-Unis ont retiré la Turquie du programme d’emploi des avions de chasse F-35. La Turquie a en effet acheté à la Russie un système de défense anti-aérienne dénommé S-400, qui fournira aussi des informations techniques à la Russie.

À l’arrière-plan, il y a le dépeçage de la Syrie, que la Turquie et la Russie gèrent de manière pratiquement principale, de manière concurrente mais parallèle.

Il faut bien saisir également qu’une telle affirmation est parfaite pour satisfaire le nationalisme turc, qui est aisément panturc et dont l’esprit expansionniste est particulièrement ambitieux, voire totalement démesuré.

Rien de tel qu’une bonne guerre ! La Turquie le sait, elle qui dispose d’une forte puissance avec ses plus de 600 000 soldats, ses 358 généraux et amiraux ( il y a 200 000 soldats en France, avec 376 généraux), mais aussi ses 200 000 gendarmes et une capacité d’intégration de plusieurs de centaines de milliers de soldats dans ses troupes par la mobilisation générale.

Il faut bien ça pour effacer la question kurde, tout comme celle des multiples minorités nationales dans le pays, sans parler de la question arménienne, celle du rapport à l’Irak dont une partie est déjà vassalisée, etc.

La tendance de fond est irrépressible et pour la Turquie, c’est une fuite en avant du même type que pour la Russie. En plus de l’instabilité culturelle et politique, l’économie, dont la base est relativement faible et instable, ne peut s’appuyer que sur une dynamique extrêmement agressive à l’extérieur et brutale à l’intérieur. Il en va de même pour le Brésil évidemment, mais aussi pour la Chine, dont le développement si rapide a provoqué des inégalités de développement dans tous les domaines.

D’où le fanatisme nationalise et le militarisme intérieur forcené, tout comme le renforcement des projets d’expansion.

Des pays comme la France et les États-Unis auront beau jeu ainsi d’accuser de tels pays, alors qu’eux-mêmes sont intéressés par la guerre, pour renforcer leur situation hégémonique. En fait, tout le monde a intérêt à un repartage du monde, soit pour s’affirmer, soit pour renforcer son affirmation.

La guerre se nourrit elle-même, comme expression du besoin d’hégémonie, de conquête, de renforcement des capitalismes !

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Politique

«Convention de la Droite»: l’affirmation d’un néogaullisme conquérant avec Marion Maréchal comme figure de proue

Une partie de la Droite française se reconstitue autour d’un néogaullisme conquérant et farouchement opposé à la Gauche, en visant l’hégémonie dans son propre camp. C’est précisément dans ce cadre que s’inscrira la « Convention de la Droite », prévue le 28 septembre à Paris en présence de Marion Maréchal et d’Eric Zemmour, ainsi que d’un certain nombre de personnalités importantes de la Droite conservatrice et de l’extrême-Droite.

C’est le magazine L’incorrect qui organise cette convention avec les associations « Racines d’Avenir » (un mouvement issu des Républicains et destiné à la jeunesse) et « Cercle Audace » (un réseau issu du Front national et tourné vers l’union « des Droites »).

Doivent y participer tout autant des personnalités de LR comme Xavier Breton, député de l’Ain, que des personnalités du Rassemblement national comme Gilbert Collard, Robert et Emmanuel Ménard, ainsi que bien sûr que le prétendu électron libre Marion Maréchal. On y trouvera même un dirigeant de l’UDI / Nouveau Centre, Fabrice Haccoun, ainsi qu’un certain nombre de personnes liées au quotidien traditionnel de la Droite, Le Figaro.

Il y a depuis ces dernières années un grand bouillonnement au sein de la Droite française, qui voit converger avec la Droite traditionnelle des nationalistes liés d’une manière ou d’une autre à l’ancien FN et au mouvement identitaire. Cette « Convention de la Droite » doit être une étape importante dans la constitution de ce nouveau front néogaulliste, dont Marion Maréchal et son entourage immédiat apparaissent de plus en plus comme la force centrifuge.

Qui sont les organisateurs ?

Les trois organisateurs, Erik Tegnér, François de Voyer et Jacques de Guillebon, sont tous très proches de l’ancienne députée du Vaucluse et ont comme objectif commun le rassemblement de la Droite dans une perspective nationaliste.

Erik Tegnér, membre de LR, se présente comme « démineur d’une alliance populistes & conservateurs ». Il avait organisé l’année dernière lors de sa campagne pour la direction des Jeunes Républicains une réunion avec des figures très diverses allant de Romain Espino de Génération Identitaire à Nicolas Dupond-Aignan de Debout la France, en passant par le néogaulliste Paul-Marie Coûteaux, ancien proche et conseiller de Marine Le Pen, dont on disait qu’il serait le ministre de la Culture.

C’est la même rengaine pour François de Voyer, dirigeant du cercle Audace, qui a été candidat du RN aux dernières législatives et qui reçoit des figures aussi diverses que le très conservateur Jean-Frédéric Poisson ou le néogaulliste Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. François de Voyer avait accompagné Marion Maréchal aux États-Unis lors de son discours devant les conservateurs américains.

Jacques de Guillebon, un catholique traditionaliste, est lui aussi un fervent partisan d’une union allant de LR aux identitaires. Il est le président du conseil scientifique de l’ISSEP, l’École de Marion Maréchal, ainsi que le directeur de L’incorrect. Cette revue avait organisé l’an dernier un débat contre « mai 68 », dont la convention de cette fin septembre sera une sorte de prolongement.

> Lire également : Marion Maréchal contre « mai 68 »

Une grande ambition est ouvertement affichée puisqu’il est ni plus ni moins question de « victoire face à Emmanuel Macron en 2022 ». Alors que la Droite traditionnelle est éparpillée, sans chef de file, travaillée au corps par le centrisme et le libéralisme, les tenants d’une Droite conservatrice et farouchement antilibérale entendent s’affirmer et disposer de l’hégémonie en rassemblant jusqu’à l’extrême-Droite.

« L’alternative au progressisme »

Eric Zemmour, qui inaugurera les débats, est ici une figure de choix puisqu’il représente cette Droite que l’on dit décomplexée, assumant de s’en prendre ouvertement à la Gauche et de prôner un discours réactionnaire. « L’alternative au progressisme » sera d’ailleurs le thème principal de cette convention, au sens où bien entendu il s’agit de briser la Gauche en l’assimilant au « progressisme » d’Emmanuel Macron.

Il s’agit de réduire la Gauche à la prétendue Gauche devenue post-moderne, post-national, entièrement libérale culturellement, etc.

« L’heure est au réveil et à la reconquête » dit ainsi le texte de présentation qui parle directement de « stratégie conquérante ». Il s’agit pour ces gens de prendre le pouvoir, selon la considération que Marine Le Pen a échoué dans sa tentative, que la Droite traditionnelle est trop perméable au libéralisme et que rien ne vaut un grand élan nationaliste, pétri d’anticapitalisme version catholico-romantique, mais en même temps libéral économiquement, pour réussir.

La critique du libéralisme dans les mœurs, dans le prolongement des grandes mobilisations national-catholiques contre le mariage homosexuel (et aujourd’hui contre la PMA et la GPA) est le dénominateur commun de toute cette Droite, qui voit bien qu’elle a un boulevard de par la faiblesse extrême de la Gauche historique (celle qui n’est pas passée sur le terrain de ce libéralisme ultra-individualiste pour qui chacun doit consommer comme il veut). Il s’agit pour eux de s’appuyer sur ces questions pour mobiliser la société française afin de servir un néogaullisme dans le cadre de la tendance à un repartage du monde, jusqu’à la guerre.

C’est la version française des populismes mondiaux, en concurrence avec les autres options françaises du populisme que représentent principalement Marine Le Pen avec le Rassemblement national et Jean-Luc Mélenchon avec la France insoumise. C’est très proche de la stratégie du FPÖ autrichien, qui a pareillement les identitaires comme sas idéologique de formation et d’incubation des idées de « révolte » par la Droite.

Un populisme « gilets jaunes »

La question des gilets jaunes est donc ici très importante, afin de se présenter comme populaire, en fait populiste. La vidéo de présentation à la manière hollywoodienne de cette « Convention de la Droite » fait très fort dans ce « lyrisme » gilet jaune anti-Macron, affirmant que « le Peuple gronde » et que « la France se réveille ».

Marion Maréchal avait fait de même dans sa tribune publiée suite à l’annulation de son invitation à la réunion de rentrée du Medef, elle qui a soutenu les gilets jaunes depuis le début et jusqu’au bout. Elle y évoquait « le chef d’entreprise, l’artisan, le commerçant, les ménages usent leurs forces à financer le puits sans fond d’un chômage structurel, d’une immigration délirante et extrêmement coûteuse qui vient profiter des largesses de notre système social, ou de privilèges bien installés dont l’existence ne se justifie plus ».

Sa perspective est clairement un néogaullisme agressif ; elle cite d’ailleurs ouvertement De Gaulle dans sa tribune, ce qui est relativement nouveau de sa part :

« [De Gaulle] ne se soumettait pas à je ne sais quel diktat capitaliste, il n’était pas non plus obsédé par une vision comptable du remboursement de la dette : il agissait en patriote soucieux de l’indépendance française. »

Le ton est ouvertement nationaliste et va-t-en-guerre, pavant la voie à la militarisation totale :

« Notre pays ne peut malheureusement pas se contenter de vivre sur ses acquis en regardant désabusé la disparition progressive de la classe moyenne et la relégation croissante des classes populaires.

L’avenir appartient aux nations indépendantes qui déploient une véritable stratégie industrielle, qui refusent la colonisation économique de puissances étrangères dans des secteurs stratégiques comme l’industrie de défense ou l’agriculture, qui défendent leur souveraineté notamment numérique, qui favorisent les produits fabriqués sur leur territoire, qui protègent leurs ressources par une écologie concrète et non idéologue, qui orientent l’investissement vers l’innovation et l’éducation. »

Une convention très importante

La « Convention de la Droite » servira à discuter de cette orientation néogaulliste, afin de déterminer stratégiquement le chemin de la marche au pouvoir, qui passe inévitablement par l’union des forces de la Droite.

Il y a donc un moment très important dans l’actualité politique de notre pays, avec des forces réactionnaires synthétisant au moins deux décennies de divergences et de propositions issues de différents courants. L’heure est pour eux maintenant à l’unité, pour la conquête du pouvoir.

La Gauche doit considérer cela avec le plus grand sérieux et la plus grande attention, puisqu’il s’agit de la principale menace politique à moyen et long terme. Elle doit s’organiser dans cette perspective et mobiliser les classes populaires contre ce nationalisme et la tendance à la guerre dont il profite et à laquelle il participe de plein pied.

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Triomphe de l’AfD dans l’Est de l’Allemagne

Cela fait plusieurs mois qu’on savait que le mouvement d’extrême-Droite AFD allait faire un carton plein aux élections partielles dans certaines régions de l’Est de l’Allemagne. Malgré tous les efforts faits, cela n’a pas pu être empêché. C’est que la mise en place de la grande Allemagne s’accompagne de très importants problèmes internes, ce qui s’ajoute à la réaffirmation du nationalisme conquérant parallèlement à la crise du capitalisme mondial.

5,4 millions de personnes ont voté ce dimanche, dans deux régions allemandes. En Saxe, la Droite est en tête avec 32,3 % et juste derrière il y a l’AfD, avec 27,8 % soit quasiment 18 % de plus qu’en 2014.

Dans le Brandebourg, c’est le SPD c’est-à-dire l’équivalent du Parti socialiste qui est en tête avec 27,2 % des voix, l’AfD récoltant 22,8% des voix.

Cette situation est surtout une catastrophe pour le parti Die Linke (La Gauche), issue des structures de la Gauche est-allemande officielle d’avant 1989. Elle est décrédibilisée. Comme le dit Sahra Wagenknecht :

« Il est apparent que Die Linke n’est plus considérée comme une force crédible de la part de beaucoup de gens qui votaient pour elle auparavant, capable de prendre au sérieux ses intérêts et de changer leur vie pour quelque chose de meilleur. »

Il faut savoir ici que l’élite économique allemande n’est composée qu’à 2 % de gens originaires de l’Est du pays, que dans l’ancien territoire de la RDA, les gens ont un niveau de vie inférieur de grosso modo 20 % par rapport à l’Ouest. La rancœur prédomine alors que l’économie continue de se délabrer. C’est une des raisons du succès de l’AfD.

Une autre raison est que l’Allemagne devient une grande puissance, ce qui exacerbe le nationalisme conquérant. L’AfD est ainsi propulsé et propulse une multitude de regroupements nazis, le tout de manière non formelle. Jusqu’à présent, l’extrême-Droite était décapitée par les interdictions dès qu’elle passait un cap. Elle n’a jamais été en mesure de structurer un front pour se couvrir. Avec l’AfD, elle l’a enfin.

La troisième grande raison est le chaos provoqué par l’afflux de migrants et de réfugiés. L’Allemagne a dépensé 23 milliards d’euros pour accueillir plus d’un million de personnes. Cependant, cela ne suffit pas et les frictions sont très nombreuses. La perte de repère a déboussolé des personnes ayant quitté leur pays tout en emportant avec eux leurs valeurs souvent féodales, d’autant qu’ils sont bien souvent bien plus migrants économiques que réels réfugiés. Cela a, là aussi, provoqué une rancœur énorme dans la population.

La grande question en Allemagne depuis des mois est ainsi de savoir si ces élections catastrophiques absolument prévues préfigurent un renversement de tendance également à l’Ouest, ou pas.

Formellement, cela ne devrait pas être le cas à court terme, l’AfD ne disposant pas d’une dynamique suffisante. De plus, la grande dynamique allemande est surtout d’avoir l’hégémonie dans l’Union européenne, avec le moteur franco-allemand comme noyau dur.

Cependant, l’AfD est un outil bien utile pour liquider la Gauche et surtout les forces anti-guerre extrêmement puissantes en Allemagne. On peut donc bien parier sur son installation réelle dans le paysage politique.

Cela montre que l’Allemagne, comme la France, est un pays qui tangue. Dans ces deux pays, l’avenir va consister en de grandes révoltes sociales et une vraie bataille politique.

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Nouvelle agression du local PCF de la Croix-Rousse à Lyon

Le local du PCF du quartier de la Croix-Rousse à Lyon a de nouveau été dégradé hier, alors qu’il venait d’être réparé suite à une précédente agression. Cela porte assurément la marque de l’extrême-Droite qui est de plus en plus menaçante à notre époque.

Aline Guitard, dirigeante lyonnaise du PCF, a expliqué que les 22 vitres du local venaient d’être réparées, après « des mois de tergiversations de l’assurance ». Cela faisait suite à une précédente dégradation, s’inscrivant dans une longue liste d’agressions ces dernières années.

L’attaque a eu lieu pendant la nuit du 27 au 28 août 2019 de la part de trois individus cagoulés et armés de barres de fer. L’extrême-Droite, très implantée à Lyon, est évidemment en cause. On reconnaît là son style et on sait que son but est d’écraser la Gauche, pour empêcher toute expression politique démocratique et populaire.

Aline Guitard a ainsi justement expliqué :

« Mais nous ne désarmons pas pour autant : nous ne baisserons pas plus les bras que les yeux et nous continuons la lutte ! NO PASARAN ! »

La Gauche lyonnaise a logiquement soutenu le PCF face à cette agression, comme avec le premier secrétaire du PS du Rhône Yann Crombecque qui a affirmé qu’il est « est impératif que ces actes de violences soient condamnés, et que les auteurs de ces agissements détestables soient identifiés, arrêtés et jugés ».

De son côté, Karim Aou de Génération-s a exprimé sa stupéfaction et sa colère en affirmant notamment :

« Face à la brutalité exercée et à la volonté d’intimider un mouvement démocratique, il convient de garantir la sécurité des biens et des personnes, ainsi que la liberté d’opinion. Pour cela, j’invite le maire de Lyon et le Préfet de police à prendre les mesures nécessaires et sans attendre.

Les Lyonnaises et les Lyonnais dont la ville est la capitale historique de la Résistance, ne se laisseront jamais intimider par la peste brune. Tous ensemble, résistons à l’extrême-droite ! »

Rappelant que les dégradations concernent toutes ses sections en France avec « près d’une vingtaine de dégradations volontaires » en un an, le PCF a également expliqué que « ça suffit » et qu’il ne se laissera pas intimider par la violence.

On sait en effet à quel point la violence de l’extrême-Droite s’inscrit dans les interstices de la société, de manière subite et agressive, sans qu’on puisse forcément opposer autre chose que la force. Sans parler de la couverture toujours plus grande de tels agissements par l’État lui-même…

C’est là tout de même quelque chose que la Gauche sait par tradition. Lutte Ouvrière a publié à ce titre un document intéressant cet été dans son organe théorique : « Face à la crise et à l’extrême droite : la question de l’armement du prolétariat. »

Lutte Ouvrière récuse en revanche l’idée du Front populaire, ce qu’on peut évidemment critiquer si l’on considère que seule l’unité la plus large est à même de vaincre le fascisme. Dans tous les cas, les attaques d’extrême-Droite ne sont jamais anecdotiques et sont toujours à considérer avec un regard d’ensemble foncièrement politique.

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« Vénissieux fut le Diên Biên Phu de la ceinture rouge »

Reprenant la thèse d’Alain Soral du « grand remplacement » de la banlieue rouge sous l’effet de l’immigration, Eric Zemmour considère que le PCF est mort sous l’effet de l’effondrement de sa contre-culture. Une thèse à la fois totalement farfelue, avec une vérité fondamentale sur le rôle de la culture, que son anticommunisme lui fait remarquer.

Eric Zemmour publiait en 2014 Le suicide français. Étant une figure de la Droite, la question communiste est pour lui fondamentale. Voici ce qu’il pense observer sur la fin de la banlieue rouge encerclant Paris :

« Dans les banlieues françaises de ces années 1970, le pouvoir appartient encore au Parti. Crèches, écoles, dispensaires, stades, gymnases, bibliothèques, colonies de vacances, maisons de retraite, conservatoires de musique, naissances, mariages et funérailles : le parti communiste prend en main l’existence de chacun de 7 à 77 ans.

C’est une contre-société prolétarienne, collective et solidaire, qui n’a pas eu trop de mal à se lover dans une France forgée depuis mille ans par le catholicisme ; le marxisme a remplacé les Évangiles (…).

En 1945, à la Libération, le général De Gaulle avait d’abord pour objectif d’éviter la guerre civile ; les FTP communistes étaient armés et menaçaient de poursuivre le combat. De Gaulle négocia avec Staline leur reddition.

En échange de la paix civile, il livra aux communistes français des citadelles – comme Henri IV avait offert avec l’édit de Nantes des places fortes aux protestants. Parmi celles-ci, outre EDF et Renault, il y eut le ministère de l’Équipement. Ce fut une alliance rénovée du sabre et du goupillon entre les gaullistes qui voulaient restaurer l’État et le PCF qui rêvait d’être la nouvelle Église (…).

La jeunesse issue du regroupement familial refusa elle aussi [c’est-à-dire comme celle de mai 1968] de ployer le genou devant le Parti. Certains de ces adolescents, peu de temps après leur arrivée, goûtèrent vite aux premiers trafics, premiers vols, premières violences ; ils commençaient à vitupérer, insulter, frapper, faire des rodéos de mobylettes en pleine nuit, voler des voitures, de préférence des limousines allemandes, briser des vitrines, jeter des bouteilles par terre, pour rien, pour s’amuser, pour terroriser ; casser, voler, violer, pour mieux marquer leur territoire ; et menacer de représailles tout ce qui ose se révolter.

Ils débarquaient en bandes de garçons bruyants devant les boîtes de nuit ; harcelaient les filles dès qu’ils étaient entrés ; s’offusquaient d’être « discriminés » quand ils étaient refoulés. On n’avait pas encore inventé le mot « incivilités » pour euphémiser cette violence intolérable, et diaboliser par réaction la moindre résistance.

Certains s’armaient et tiraient ; ils étaient bientôt arrêtés, condamnés, et cloués au double pilori judiciaire et médiatique du « facho raciste ». Dupont Lajoie. Les autres, les plus nombreux, préféraient partir dès qu’ils le pouvaient. Ce fut un exode qui ne dit pas son nom (…).

Le ghetto idéologique et social que le Parti avait édifié devint peu à peu un ghetto ethnico-religieux qui leur échappait. Les communistes furent les premiers et les derniers à résister. Ils lancèrent une campagne contre la drogue qui éloignait les jeunes du militantisme politique. En vain. Le trafic de stupéfiants permit à ces bandes de jeunes de s’enrichir et de devenir les patrons de leur quartier, aidant les uns, terrorisant les autres.

Au contraire de ce que l’on crut et dit, les émeutes des Minguettes à Vénissieux ne furent pas un commencement, mais une fin. La fin du combat mené par les communistes pour tenir leur territoire. Vénissieux fut le Diên Biên Phu de la ceinture rouge. »

Il y a plusieurs idées, très intéressantes, qu’elles soient vraies ou fausses. La première, c’est que le PCF avait formé une contre-société autour de Paris. Cela est vrai et pas qu’à Paris. Être un militant de Gauche, jusque la fin des années 1980, c’est agir forcément à l’ombre du PCF, même pour les socialistes, car sur le terrain, il était omniprésent et puissant, disposant de relais solides avec des choses concrètes à proposer.

La seconde idée, c’est que l’immigration a fait de la banlieue rouge une zone de non-droit, avec des jeunes immigrés criminels. C’est là une lecture odieuse de par son racisme, en plus de sa fausseté. Eric Zemmour nie ici que jusque le milieu des années 1980, les immigrés sont puissamment ostracisés dans la société. Ils sont ghettoisés. Il caricature ici de manière sinistre la révolte des ghettos.

S’il fait cela, c’est pour prétendre que la criminalité forcenée des cités – qu’on ne saurait assimiler à la « banlieue » en général, sauf à l’extrême-Droite et l’ultra-Gauche – n’auraient pas une origine sociale, mais ethnique. Il y a une opération idéologique en ce sens très puissante à Droite et à l’extrême-Droite.

La troisième idée est la combinaison du constat juste (la contre-société) et de la thèse fausse (l’origine ethnique du crime qui est un phénomène purement social). C’est que le PCF, selon Eric Zemmour, aurait combattu la drogue, mais aurait échoué et donc aurait disparu. Comme Eric Zemmour est un anticommuniste, il fait ici une analyse juste, mais puissamment déformée.

Le PCF n’a pas mené de réelle campagne contre la drogue, à part de manière épisodique. Eric Zemmour généralise ici, parce qu’il sait très bien que les militants du PCF s’opposaient concrètement à l’alcool et aux drogues, proposant une lecture ouvrière de la réalité, c’est-à-dire posée, rationnelle, stricte, pleine de principes.

Et s’il a raison, c’est justement parce qu’il affirme que le PCF n’a pas été à sa propre hauteur et qu’il a échoué culturellement à combattre les comportements et attitudes criminelles – qu’Eric Zemmour attribue à l’immigration, qui sont en réalité un produit social.

L’immigration est un phénomène systématique du capitalisme, qui a besoin d’une armée de réserve pour les emplois, pour peser sur les salaires, profiter de salariés venant de la paysannerie et coupée des traditions ouvrières, etc. Mais les immigrés peuvent parfaitement rejoindre la lutte également, apportant un nouveau souffle. Le PCF a échoué à faire cela, car il n’a pas assumé le grand combat culturel contre le crime.

Et, si l’on voit une chose au 21e siècle, c’est que ce travail reste à mener. Sans cela, les démagogues ethno-différentialistes auront de leviers pour tromper les gens.

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L’Union européenne est-elle la cause de l’austérité ?

L’argument principal des chauvins (de type patriotique ou social) est que l’Union européenne serait la cause de l’austérité. En réalité c’est le contraire, elle est le reflet de l’austérité.

L’Union européenne impose des règles et les chauvins disent : ces règles amènent l’austérité. Tout serait de la faute de l’Allemagne qui, parce qu’elle est la seule à pouvoir intervenir de par sa solidité, exige une stabilité la plus grande possible, ce qui aboutit à l’austérité.

Pardon, pardon ! Raisonner avec cette idée que c’est l’Allemagne qui dirigerait l’Union européenne est d’une bien trop grande simplicité. Car cette dernière n’est, dans sa substance, rien d’autre que l’établissement d’un grand marché capitaliste. Il s’agit de dépasser les cadres nationaux pour faciliter les échanges et permettre au capital de mieux se réaliser.

L’idée de cette union – libérale-sociale appuyée par la social-démocratie – est que c’est d’autant plus d’un grand intérêt que cela va avec une croissance générale et par conséquent une stabilité sociale très forte. La fonction de la Commission européenne est ici de gommer les aspérités.

Cela a marché, pendant longtemps. Déjà, jusqu’en 1989, puis avec l’arrivée de la Chine comme usine du monde. Et maintenant que cela marche de moins en moins, cela serait la faute à l’Allemagne ? Ou aux banques, ou à tel secteur financier, ou à tel secteur technologique comme les GAFA ? C’est là nier la réalité économique en se focalisant sur des petits aspects importants certainement, mais pas décisifs.

Pourquoi ? Parce qu’il suffit de regarder les richesses pour voir qu’elles se sont accumulées de manière phénoménale depuis cinquante ans. La véritable question, c’est de savoir ce qu’on fait de ces richesses et pas simplement pour vivre mieux, mais pour se tourner vers ce qui est important : important pour l’humanité, pour la planète, pour l’océan, pour l’humanité de demain, pour la nature, pour les animaux, etc.

Et le problème est que toute orientation collective se heurte au fait que les richesses sont, par définition, individuelles, relevant de la propriété personnelle. On n’a donc pas le droit d’y toucher. Cela, ce n’est pas l’Allemagne qui le dit, ni même l’Union européenne. C’est tout simplement le Droit tel qu’il existe de nos jours.

Or, comme les riches deviennent par définition toujours plus riches, la richesse ayant beau s’accumuler toujours plus, les pauvres deviennent toujours plus pauvres. C’est une tendance irrépressible : sans riches pas de pauvres et inversement. Partant de là, c’est la question de la socialisation qui se pose.

Qu’est-ce que l’austérité dont on parle, alors ? Cela ne concerne qu’une petite partie des richesses, une petite part du gâteau. Mais pourquoi s’étriper sur un petite part, si on peut s’approprier de toutes façons tout le reste du gâteau ?

Pourquoi perdre son temps à négocier un 0,1 %, un 0,2 %, un 0,3 %, alors qu’il est possible de socialiser une très grande partie de l’économie, simplement en disant : vous les monopoles, vous êtes ce que vous êtes, donc désormais vous appartenez à la société toute entière ? Ce qui est à tout le monde est à tout le monde et ce qui est à tout le monde ne peut pas être possédé, au service simplement de quelques uns.

Rejeter ce culte des 0,1 %, 0,2 %, 0,3 %, est d’autant plus important que, qui plus est, l’extrême-droite instrumentalise une telle approche pour diffuser le nationalisme. Pour Jean-Luc Mélenchon, on ne sait plus trop où il en est, mais on peut dire que de toutes façons c’est au moins le nationalisme qui l’instrumentalise, lui et ses acolytes comme François Ruffin.

Car la grande question à l’arrière-plan, c’est celle, historique, de savoir s’il n’y a qu’une seule humanité, qui socialise son activité et agit de manière rationnelle ou bien si c’est la guerre de chacun contre chacun, de chaque entreprise contre chaque entreprise, de chaque pays contre chaque pays

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Tour de France : quand les Français gagnent, on ne parle plus de dopage

Les performances de l’équipe Sky (devenue Ineos) sur le Tour de France ont été l’objet de nombreuses critiques ces dernières années, avec des soupçons formulés plus ou moins ouvertement de dopage. Cette année, ce sont surtout deux Français qui réussissent sur le Tour, alors les doutes s’évaporent de manière tout à fait chauvine.

Le cyclisme est un sport abîmé, usé par les affaires de dopage. Non pas que ce phénomène n’existe pas ailleurs comme dans le football où il est tout simplement nié, mais plus que tout autre sport, le vélo est inéluctablement associé à cette corruption de l’esprit et du corps.

La succession de l’affaire Festina en 1998 puis de l’ère Armstrong dans les années 2000 a fait de grands dégâts, à tel point par exemple que la télévision allemande avait pendant un temps arrêté la diffusion du Tour. Les masses populaires ont relativement réglé ce problème du dopage avec un certain fatalisme, en se disant que de toutes manières cela ne change pas grand-chose à la course.

Qu’il y ait des tricheurs est dommage pensent les amateurs de vélo, mais dans tous les cas il y a toujours des coureurs plus forts que d’autres et de toutes manières, à peu près tout le monde doit se doper… Ce n’est pas idéal comme point-de-vue, c’est même regrettable, mais à défaut d’autre chose, cela a une certaine dignité. Et cela permet en tous cas de continuer à apprécier ce sport malgré un arrière-plan détestable.

L’apparition de l’équipe anglaise Sky ces dernières années a quelque peu changé la donne. Elle a en effet montré une puissance collective hors-norme, écrasant littéralement le Tour d’une manière très froide et calculée, presque mécanique. Cela a heurté l’esprit petit-bourgeois français qui au contraire aime le « panache » individuel, les grandes embardées « héroïques », quitte d’ailleurs à ce qu’elles aient une issue tragique.

De nombreuses personnes ont alors pris le prétexte de la critique morale et populaire du dopage pour en fait formuler surtout une critique chauvine envers les coureurs anglo-saxons. Christopher Froome en particulier a été l’objet d’une farouche hostilité, alors que de nombreux autres coureurs à la réputation non-moins suspecte ont été largement épargnés par la critique.

Ce chauvinisme est un poison et aucun grand changement démocratique ne pourra avoir lieu dans le pays sans une grande remise en cause culturelle sur ce plan. Mais quand on voit l’emballement qu’il peut y avoir aujourd’hui à propos des performances de Thibaut Pinot et Julian Alaphilippe sur le Tour depuis deux semaines, on se dit qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.

Le problème n’est pas bien-sûr que le public français puisse être content du succès de coureurs français. Il y a une proximité plus immédiate et palpable avec les coureurs français qui conduit assez logiquement à un soutien, là n’est pas la question. Le problème est quand les doutes disparaissent et que ceux qui pointaient du doigt le dopage ne le font plus, alors que les performances sont tout autant exceptionnelles, si ce n’est plus.

Disons-le franchement, si Julian Alaphilippe était britannique, les commentaires incendiaires à son sujet ne manqueraient pas. Lui qui vient d’une équipe à la réputation douteuse, qui suit les meilleurs grimpeurs du monde et écrase le contre-la-montre individuel alors qu’il est censé n’être qu’un puncheur ayant déjà eu son pic de forme sur les grandes classiques du printemps, qu’il avait survolé (il est en tête du classement UCI des meilleurs coureurs du monde).

On ne peut pas accuser sans preuve, évidemment. C’est précisément ce qui protège les tricheurs d’ailleurs, puisque le business qui corrompt le sport n’a aucunement envie qu’on mette les moyens pour enrayer le dopage. Mais il faut au moins avoir l’honnêteté de ne pas accepter aussi facilement ce qui est du même ressort que ce qu’on a critiqué auparavant.

Il faut donc en dire autant des performances de Thibaut Pinot, qui survole jusqu’à présent en montagne avec des performances largement comparables à ce qui a été critiqué les années précédentes.

Il ne s’est rien passé sur le plan de la lutte anti-dopage (qui n’a quasiment aucun résultat) pour expliquer un changement de situation. Les micro-transfusions ou l’usage détourné de corticoïdes et tous les autres artifices para-médicaux destinés à améliorer le rapport poids/puissance des coureurs n’ont pas disparus du jour au lendemain du peloton.

Pourtant, certains n’hésitent pas à faire de grandes déclarations triomphantes, comme Antoine Vayer, chroniqueur au Monde, qui explique sans détours que Thibaut Pinot roule à l’eau claire et qu’il n’y a rien de suspect chez lui.

Et pourquoi donc ? Sous prétexte qu’il le suit depuis son adolescence, alors il faudrait lui faire confiance. Dans une chronique au Monde, absolument détestable quand on connaît l’arrière-plan chauvin, il affirme ni plus ni moins que « le Tour 2019 va peut-être se jouer à vitesse réelle ». Aucune explication ne vient corroborer cela, il faudrait simplement le croire quand il dit que les performances sont plus normales qu’avant, alors qu’en réalité elles n’ont pas diminuées.

On peut d’ailleurs citer ici le coureur champion de France 2019 Warren Barguil qui a affirmé, données à l’appuie :

« Il est clair que ça roule beaucoup plus qu’en 2017 et 2018. Mon capteur de puissance en atteste. Je pense aussi qu’une équipe comme Ineos est au niveau des autres années, mais ça roule plus vite et en même temps le niveau est plus homogène. »

Le journal l’Équipe ou bien les commentateurs télévisés ne sont pourtant pas en reste pour aduler Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot en oubliant toute méfiance rationnelle quand au dopage, la fierté chauvine justifiant à peu près tout.

Cette « crise de mauvaise foi collective », comme l’a justement dénoncé le journaliste Stéphane Thirion du quotidien Belge Le Soir, n’est pas seulement exaspérante. Elle est surtout le reflet d’une tendance nauséabonde dans la société, très bien ancrée, qui n’augure rien de bon pour les temps à venir.

À la Gauche de démasquer ce chauvinisme, pour s’y opposer frontalement dans une perspective démocratique et populaire, pour empêcher l’irrationnel de triompher, pour enrayer la perspective nationaliste et guerrière qui se dessine de plus en plus clairement.