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Guerre

L’armée ukrainienne et l’idéalisme activiste nazi en Europe

L’armée ukrainienne est le principal vecteur de l’activisme d’extrême-Droite.

En ce tout début du mois d’avril 2023, la mort d’un combattant ukrainien a été annoncé, Modzhahed. Il était musulman et combattait à Bakhmout.

Avant d’être musulman, Modzhahed, Daniil Liashuk de son vrai nom, était un néo-nazi biélorusse.

Lors de la guerre en Ukraine dans le Donbass à l’issue de la révolte pro-occidentale du Maïdan de 2013-2014, il avait été membre du bataillon « Tornado ». Ce bataillon était allé tellement loin dans la torture et le massacre de civils que même le nouveau régime ukrainien avait été obligé d’en juger les membres. Daniil Liashuk a été condamné à dix ans de prison en 2016 et libéré en 2021.

La fascination pour l’Islam est très présente dans l’extrême-Droite de l’armée ukrainienne. On voit souvent ensemble des barbus levant le doigt et des gens au look nazi affirmé. On est ici dans le nihilisme et la fuite en avant.

Un exemple très parlant est Denis Kapustine, se faisant appeler Denis Nikitine. Lui aussi n’est pas ukrainien, c’est un Russe. Il a vécu en Allemagne, pays qui a interdit son entrée dans l’Union européenne depuis 2019.

Denis Nikitine avait monté « White rex », une marque d’habits très connue dans la scène néo-nazie en raison de la mise en place de nombreux et importants combats de MMA. Elle été fondée en 2008 et a existé pendant une dizaine d’années, jouant un rôle incontournable pour le développement de l’idéologie prônant les muscles et l’assassinat au service du racisme.

Denis Nikitine a joué un rôle essentiel comme intermédiaire entre les nazis ukrainiens d’Azov et l’extrême-Droite européenne. Il rejoint d’ailleurs Azov en 2017, s’installant à Kiev.

Depuis, Denis Kapustine a mis en place le Corps des Volontaires russes de l’armée ukrainienne. Le logo reprend un symbole de « l’armée de libération russe » mise en place par l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale.

La Russie a toujours assumé d’être multi-ethnique et les néo-nazis russes assument pour cette raison une démarche « accélérationniste ». Ils pensent que le découpage de la Russie permettra l’instauration d’une Russie ethniquement « pure ».

Ce corps de volontaires a notamment réalisé une incursion en Russie, début mars 2023, depuis l’Ukraine. Dans l’opération, un jeune russe de 10 ans a été blessé. Denis Nikitine s’est moqué de lui apprenant que sa mère était une Tatar de Crimée venue du Tadjikistan. Il a posé sur un réseau social une image d’une famille en tenue nationale tadjuk avec des croix gammées formant un halo au-dessus des parents et des enfants, écrivant « La Russie sera aryenne ou sans vie ».

Très logiquement, un des porte-paroles des Services secrets de l’armée ukrainienne, Andrey Yusov, a présenté ce Corps de volontaires russes comme « une des forces qui formeront la nouvelle configuration de la Russie post-Poutine ».

Il est en effet évident que, puisque le but du capitalisme est de stopper le Socialisme, il est absolument parfait qu’une idéologie se répande en Europe poussant à la mise en place de structures provocatrices et menant des agressions.

En ce sens, l’armée ukrainienne est le principal vecteur de l’activisme d’extrême-Droite. Des cadres nazis de différents pays vont voir Azov, qui est une composante même de l’armée. Ils participent pour certains aux combats. Ils reviennent dans leur pays. Ils diffusent un style bien précis.

En France, « Ouest casual » (dont le logo est aux couleurs de l’Ukraine) est le principal acteur de ce nihilisme provocateur.

KOTS signifie « King of the streets », le roi de la rue, et désigne une entreprise organisant des combats ultra-violents de MMA sans règles et sans rounds

De tels gens, de telles structures ne représentent pas du tout une menace de prise de pouvoir, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens sincères mais pris au piège. Car il est évident qu’au début du 21e siècle aucun projet raciste ne peut devenir majoritaire dans un pays d’Europe.

Le but de tels fous furieux est d’obnubiler, d’empêcher d’avancer de manière autonome à Gauche.

C’est pourquoi depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, il y a des attaques de la part de ces structures contre des syndicalistes et des étudiants. Il s’agit d’accaparer l’attention, de troubler les esprits, de perturber, d’amener dans des voies de garage.

Ces structures parasitent les esprits, apportent la confusion, par le spectaculaire et l’ultra-violence. Et le fond même de la démarche de ces structures sert clairement le chaos et le nihilisme, donc les intérêts de la superpuissance américaine qui profite de la déstructuration générale des pays capitalistes occidentaux pour mieux les satelliser.

La superpuissance américaine profite ainsi sur tous les tableaux au niveau culturel et idéologique.

Elle a avec la « Gauche » française des idiots utiles du libéralisme, diffusant le relativisme mercantile, le culte de l’identité maxi-individualiste en mode LGBT, les migrations (pour en réalité amener une main d’œuvre corvéable à merci)…

Bref toutes les inventions de la « gauche » américaine universitaire.

Et elle a avec l’extrême-Droite activiste des idiots utiles jouant le rôle de provocateurs sans perspective, de contributeurs au militarisme dans le cadre de l’Otan, d’agents de décomposition sociale et politique dans une France à encore plus satelliser.

C’est l’effondrement civilisationnel en France, accompagné par la superpuissance américaine.

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Guerre

L’armée ukrainienne toujours plus bandériste

Il faut souhaiter sa déroute la plus complète.

Le régime ukrainien est un satellite américain porté par une oligarchie ukrainienne et les nationalistes. Son idéologie est totalement anti-communiste et anti-socialiste, tout ce qui est de « gauche » est d’ailleurs formellement interdit.

Le régime se situe très clairement dans la perspective du fasciste Stepan Bandera, comme le montre la publication du Parlement ukrainien sur le média Twitter le 1er janvier 2023, afin de fêter l’anniversaire de celui-ci.

On y voit Valeri Zaloujny, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, devant un portrait de Stepan Bandera. Sur le selfie d’origine, il lève le pouce.

Surrout, il y est dit que « les directives de Stepan Bandera sont bien connues du commandant en chef des forces armées », ces directives étant présentées au moyen de plusieurs citations, dont : « la victoire totale et suprême du nationalisme ukrainien aura lieu quand l’empire russe cessera d’exister. »

Tout cela est on ne peut plus clair sur la nature du régime ukrainien. Naturellement, le message sur Twitter a fait scandale en Pologne dans la foulée, en raison du rôle des bandéristes pendant la seconde guerre mondiale.

Le parlement ukrainien a alors supprimé le message. Tout comme le maire de Lviv, Andrii Sadovyi, a supprimé son message du même jour. On le voit prendre une pose typiquement fasciste devant un monument à Stepan Bandera, dans cette ville de l’Ouest de l’Ukraine formant le bastion du nationalisme.

Dans son message, il dit que « à l’exemple de Bandera, une nouvelle génération a grandi, qui est allée à la bataille contre la nouvelle horde moscovite. Une génération de vainqueurs. Gloire à l’Ukraine! [slogan bandériste auquel on répond par « Gloire aux héros ! »] ».

Ces autocensures ne changent rien à l’affaire. Au fond, ce qui compte, c’est que toute l’idéologie nationaliste ukrainienne vise à la destruction de la Russie et à établir un régime ultra-réactionnaire. C’est le point de vue du régime, c’est le point de vue du commandant en chef de l’armée ukrainienne.

Ce dernier n’est pas forcément antisémite, d’ailleurs, car il a salué il y a quelques jours avant la fête juive de Hanoucca. Encore que ce soit totalement ambigu, puisqu’on peut trouver des photos de lui, comme en janvier de l’année dernière, avec des néo-nazis intégrés dans l’armée ukrainienne.

Telle est l’extrême-Droite, prête à tout pour exister du moment qu’elle a l’aval des grands capitalistes, quels qu’ils soient.

En haut on a le portrait de l’infâme bourreau bandériste Roman Choukhevytch, à droite celui de Stepan Bandera

L’armée ukrainienne constitue en permanence des forces au moyen de volontaires néo-nazis, comme par exemple la 67e brigade mécanisée formée en novembre 2022 sur la base des néo-nazis du Pravy Sektor et du Corps des volontaires ukrainiens. Cela ne veut pas dire que tous les gens qui rejoignent soient néo-nazis, mais que l’armée ukrainienne est encadrée dans une optique bandériste.

Qui plus est, les troupes d’élites sont toujours portées par des activistes néo-nazis, comme le bataillon Kraken, qui utilise une rune nazie comme symbole.

Tous les pires réactionnaires d’occident rejoignent d’ailleurs l’armée ukrainienne : les aventuriers, les romantiques nihilistes, les néo-nazis notamment français, les mercenaires de l’Otan et même des djihadistes (surtout Tchétchènes) qui sont organisés de manière autonome dans l’armée ukrainienne !

Un soldat avec un totenkopf nazi à côté d’un soldat « djihadiste »

Si le régime ukrainien gagne la guerre, on aura un État ultra-réactionnaire entièrement subordonné à l’Otan, servant de fer de lance du dépeçage de la Russie. Déjà le régime ukrainien sert de « modèle » aux États les plus réactionnaires d’Europe, comme la Tchéquie et les pays baltes.

Il ne s’agit plus du tout là de nation ukrainienne à protéger, mais d’un projet artificiel, nationaliste agressif, directement au service de l’Otan. Le régime ukrainien est bandériste, il doit tomber, il faut lutter contre tout soutien français à ce régime !

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Culture

Il y a cent ans naissait Sophie Scholl

Sophie Scholl représente une jeunesse capable de faire face.

Elle représente une jeunesse capable de faire face.

Les 8-9 mai 1945 l’Allemagne capitulait, et le 9 mai aurait été normalement l’anniversaire de Sophie Scholl, née en 1921. Mais cette figure du mouvement chrétien de résistance anti-nazie La Rose blanche avait été guillotinée par le régime national-socialiste le 22 février 1943.

Tel était le prix à payer pour avoir diffusé des tracts, qu’on peut lire ci-dessous, et qui abordent par ailleurs ouvertement la question des meurtres de masse commis par les nazis. Si l’Éducation nationale n’était pas décadente, à l’image de la société, les négationnistes et les gens comme Dieudonné n’existeraient même pas. Il suffit de savoir transmettre et d’affronter les forces obscures du nihilisme.

On notera que le fait que cette protestante ait comme référence, en plus du mystique et théologien Augustin (354-430), l’écrivain français Georges Bernanos avec Le journal d’un curé de campagne, semble confirmer la thèse de la base luthérienne de cet auteur. La Rose blanche est à ce titre un mouvement puisant dans le romantisme sa capacité de rébellion contre une société sordide.

roseblanche

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Politique

La Gauche française et les 75 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie

Si le 8 mai est un jour férié, de dimension nationale, la victoire sur le nazisme est considérée comme un aspect essentiel du dispositif idéologique et culturel de toute une partie de la Gauche. On peut pratiquement parler de fracture et il y a une profonde réactivation du courant communiste « historique ».

Il y a 75 ans, l’Allemagne nazie capitulait face aux Alliés. La version finale de cette capitulation arriva tard le soir, ce qui fit qu’en URSS c’était déjà le 9 mai, ce qui amène une double célébration internationale, le 8 mai pour les uns, le 9 mai pour les autres. Quant aux Allemands, tout comme étrangement les Autrichiens, ils ne célébraient rien du tout, considérant la défaite de l’Allemagne nazie comme leur propre défaite.

La Gauche allemande était terriblement choquée de ce constat et une large partie des socialistes d’Allemagne décida d’ailleurs de s’unifier avec les communistes, afin de faire face à la gigantesque tâche de réforme démocratique. Cela donna l’Allemagne de l’Est, alors qu’à l’Ouest les anciens nazis occupèrent l’ensemble de l’appareil d’État et les grandes entreprises. Le fondateur des services secrets ouest-allemands, Reinhard Gehlen, qui les dirigea jusqu’en 1968, fut d’ailleurs l’un des co-planificateurs de « l’opération Barbarossa » et ensuite le responsable des services secrets dans le cadre de l’invasion de l’URSS.

En France, la Gauche profitait à l’inverse évidemment d’une profonde unanimité. Cependant, la reconnaissance du 8 mai a toujours été une bataille. Si dès 1946, il y a une commémoration annuelle, le 8 mai n’est férié qu’à partir de 1953, à la suite d’une longue lutte.

De Gaulle supprime alors le 8 mai comme jour férié en 1959. Les commémorations restent. En 1975, Valéry Giscard d’Estaing supprime les commémorations. Toutes ces décisions reposent évidemment sur les besoins de la « réconciliation » dans le cadre de la construction européenne.

En 1981, c’est alors François Mitterrand qui rétablit à la fois les commémorations du 8 mai et cette date comme jour férié. C’était inévitable de par l’esprit et la culture de la Gauche. Mais son statut est précaire. Valéry Giscard d’Estaing avait fait du 11 novembre la journée des morts de la France et c’est de nouveau le cas depuis 2012. La suppression du 8 mai est une vraie hypothèse.

La raison de cette situation est que l’Union européenne a remplacé, pour une large partie de la Gauche, le mouvement ouvrier. Si le Parti socialiste mentionne les 75 ans de la victoire au détour d’un message twitter (et le même sur facebook), son dirigeant Olivier Faure n’en parle pas. EELV ne fait pareillement qu’ un message twitter, pour ne même pas parler des 75 ans, mais de la répression sanglante des émeutes tout aussi sanglantes en Algérie française le même jour. C’est d’ailleurs un des thèmes récurrents de la « seconde gauche », violemment anti-communiste.

Du côté de ceux assumant la tradition communiste, le 8 mai est par contre sacré et ces 75 ans forment un prétexte tout particulier de réaffirmation identitaire et culturelle, particulièrement marquée cette année. Le PCF reste sobre en saluant les 75 ans, mais dénonce tout de même la ministre des armées ne saluant que les pays alliés actuellement à la France pour leur soutien à la Libération (États-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Australie, Nouvele-Zélande), y voyant un plan pour « oublier » l’armée rouge.

Qu’en 2020 le PCF soit obligé de souligner l’importance de l’armée rouge en dit long sur la puissance de toute une tradition. On ne doit donc pas s’étonner de voir des initiatives encore plus hardies dans le cadre de ceux en « compétition » pour qu’un nouveau PCF émerge.

Du côté du Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF), il y a une Déclaration internationale de Partis communistes pour le 8 mai, qui a d’ailleurs été également signé par le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), qui a de son côté organisé un débat vidéo avec l’historienne Annie Lacroix-Riz. Il y a aussi un article saluant « les libérateurs au drapeau rouge » et dénonçant l’interprétation historique de la seconde guerre mondiale de l’Union Européenne (voir «L’Importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe», un texte contre la Gauche).

Mais en fait le PCF a signé également cette déclaration, ce qui est très intéressant ou marquant ou surprenant, comme on le voudra, car il est parlé de l’URSS comme d’un « Etat socialiste », ainsi que du « peuple héroïque soviétique et à l’Armée rouge, dirigée par le Parti communiste, dont la contribution, écrite dans des pages héroïques telles que les batailles de Moscou, de Léningrad et de Stalingrad ».

Cette notion de batailles décisives est précisément battu en brèche par les maoïstes du PCF(mlm) qui ont de leur côté publié un dossier sur « la grande guerre patriotique », comme l’URSS appelle de son côté la seconde guerre mondiale, insistant sur « l’art opérationnel » élaboré alors.

Et dans la déclaration internationale, signé par une soixantaine de partis dans le monde, on lit le même genre de discours que chez le PCF(mlm), puisqu’il est affirmé que « les secteurs les plus réactionnaires et agressifs de l’impérialisme voient de plus en plus le fascisme et la guerre comme une « sortie » de l’aggravation de la crise du système capitaliste ».

C’est là un retour en forces des thèses communistes « historiques », avec tout une gamme de rapports à Staline : un peu (PRCF), beaucoup (PCRF), à la folie (PCFmlm), pas du tout (PCF). D’ailleurs, les autres courants ne parlent pas des 75 ans de la victoire sur le nazisme, soit par désintérêt (les maoïstes « post » Staline, les anarchistes), soit par rejet historique de la Résistance (Lutte Ouvrière ne dit rien, le NPA porte quant à lui un regard très critique).

A-t-on ici un renouveau historique du Communisme comme mouvement, ou un simple rappel formel des fondamentaux ? L’avenir le dira.

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Politique

75 ans après la libération d’Auschwitz: l’antisémitisme qui n’en finit pas

Le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz par l’Armée rouge a été salué un peu partout, avec une grande pudeur, un sens réel de la justesse. Avec une arrière-pensée présente partout : on y arrive pas, cet antisémitisme, on ne s’en débarrasse pas, il reste outrageusement présent. Comment faire ?

Tout a été essayé ou presque contre l’antisémitisme, y compris le portrait guignolesque à travers Eric Cartman dans la série South Park. Mais on ne s’en sort pas, l’antisémitisme réapparaît toujours, vague après vague.

L’épisode de la quenelle avec Dieudonné a rappelé ici un point indiscutable. Plus on est éduqué, moins on est antisémite. L’antisémitisme est, en France, quelque chose de populaire. C’est une constante anecdotique mais ressurgissant par vague, de par son utilité : celui d’être un anticapitalisme romantique.

En ce sens, « l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles », même si August Bebel, figure de la social-démocratie allemande à qui on attribue cette phrase à la fin du XIXe siècle, n’a jamais prononcé cette phrase. Car pour lui il n’y a pas de socialisme des imbéciles, il y a le socialisme et il y a le reste. L’antisémitisme est une révolte dévoyée et en ce sens il faut la remettre sur la bonne voie.

Beaucoup de Juifs l’ont vu historiquement et c’est pourquoi ils ont rejoint les rangs de la Gauche, comprenant que tant que le socialisme n’aura pas vaincu, l’antisémitisme servira de paratonnerre au capitalisme.

Il ne faut d’ailleurs ici pas avoir d’illusion sur les discours pro-palestiniens existant en France, qui sont d’une double hypocrisie. Première hypocrisie, car ces gens n’en ont rien à faire de la Palestine, dont la situation est toujours plus dramatique. Islamisme, corruption, influences étrangères massives, division entre factions… La Palestine est asphyxiée, mais cela n’est pas vu, pas su, car en France c’est simplement un lieu de projection. D’où par exemple la scène théâtrale d’Emmanuel Macron le 23 janvier 2020 devant l’église Sainte-Anne, territoire français de Jérusalem.

Seconde hypocrisie, car c’est un antisémitisme qui ne s’assume pas, à part en privé. La pression antisémite est énorme à Gauche, depuis l’opposition à la guerre du Golfe en 1990. À partir de cette date, il y a le commencement d’un exode des Juifs de Gauche. Un « anti-impérialisme » abstrait a pris le dessus sur les valeurs idéologiques de la Gauche et de l’extrême-Gauche existantes auparavant.

Là où il y a le populisme, la véhémence, la recherche d’un bouc-émissaire, le refus de l’organisation, la négations des valeurs du mouvement ouvrier… Il y a forcément l’antisémitisme, comme moyen de se donner une image « anticapitaliste ». C’est évidemment plus facile et plus rapide que de lire Le Capital de Karl Marx… L’irrationalisme est plus rapide, plus marquant, plus efficace à court terme que le rationalisme.

Voilà pourquoi on ne sort pas de l’antisémitisme. Seule la Gauche peut vaincre le capitalisme, qui a besoin du paratonnerre antisémite. Mais la Gauche historique est trop faible, et la gauche populiste vocifère, blâme, cherche un bouc-émissaire pour ne pas combattre le capitalisme : hier Nicolas Sarkozy, aujourd’hui Emmanuel Macron…

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Société

Olivier Faure: «j’ai visité ces lieux d’où toute idée d’humanité s’était retirée»

Voici un récit d’une grande profondeur fait par le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure il y a une dizaine d’années. Il l’a republié hier à l’occasion des 75 ans de la libération d’Auschwitz par l’Armée rouge.

Elie Buzyn et sa femme, par Olivier Faure.

« Il y a 75 ans, le camp de la mort d’Auschwitz était libéré. En cette journée commémorative je remets en ligne le billet écrit il y a une dizaine d’années lorsque j’ai visité ces lieux d’où toute idée d’humanité s’était retirée.

Je savais en me rendant à Auschwitz-Birkenau que ce voyage se graverait dans ma mémoire. Je savais que j’avais rendez-vous avec les abysses de l’Humanité d’où toute lumière s’était retirée, que je visiterai ces camps où l’Histoire a sombré, que je foulerai un cimetière sans tombes. Je croyais tout savoir. Et peut-être même que je savais tout. Mais je ne savais pas que savoir n’est pas tout.

Depuis ce 22 octobre, je suis hanté chaque jour par cette journée. Raison pour laquelle je n’ai pas écrit depuis sur ce blog, en dépit d’une actualité politique et parlementaire chargée. Je voulais d’abord raconter ce que j’ai vu. Jusqu’ici sans y parvenir.

Dans cette ville d’Auschwitz qui comprenait 60% de juifs avant-guerre, il n’en restait plus qu’une. Elle vient de disparaître. C’est la première pensée qui vient en pénétrant ce village sans attrait : la mémoire peut disparaitre. On imagine une population polonaise partagée entre la nécessité de garder témoignage de l’horreur nazie et le désir de faire oublier que les fumées noires et âcres qui s’échappaient des crématoires obscurcissaient le ciel sans arracher la compassion et encore moins la résistance des voisins. C’est la seconde pensée qui assaille, il est possible de vivre en regardant passer des trains de femmes, d’enfants, de vieillards, d’hommes condamnés à l’humiliation, la torture et la mort. Il y a quelques années, la polémique enfla autour de la volonté de construire un supermarché en face du camp. Il y a aujourd’hui une grande pizzeria de l’autre côté de la route…

Nous avons franchi ce portail de fer forgé. Relu cette inscription : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre). Ironnie glaçante de nazis qui n’hésitaient pas à faire jouer l’orchestre pour accueillir les familles épuisées et inquiètes.

Il faisait un temps magnifique ce 22 octobre. Il ne faisait pas froid. Il n’y avait pas de boue, pas de prisonniers squelettiques en pyjamas rayés, pas de kapos, ni de soldats SS. Juste une caserne qui aligne des bâtiments de briques rouges. Le camp d’Auschwitz I fût en effet d’abord une caserne de l’artillerie polonaise. On est presque gêné par la banalité de l’endroit. Les mots de Hannah Arendt sur la banalité du mal trouvent là un écho particulier. Lieux ordinaires pour hommes ordinaires qui se transforment en bourreaux quotidiens.

Rien n’a été fait dans ce lieu pour impressionner outre mesure le visiteur. Ce n’est peut-être pas utile. Des échantillons d’horreur sont entreposés derrière des vitres : des valises abandonnées marquées du nom de leurs propriétaires, des chaussures d’enfants amassées, des montures de lunettes empilées… J’écris des « échantillons d’horreur » parce que ce sont des dizaines de milliers de prothèses, des dizaines de milliers de poupées de porcelaine, des dizaines de milliers de bagages, des montagnes de cheveux que l’on aurait pu amasser ici pour donner à saisir ce que crime de masse signifie. Il y a accrochée au mur cette carte d’Europe, sinistre, dont Auschwitz est le centre vers lequel pointent des rayons qui ont pour origine les villes de provenance des convois : Riga, Hambourg, Berlin, Bruxelles, Rome, Paris, Drancy, Pithiviers, Lyon…

Vers 16 heures, nous avons atteint Birkenau, le camp d’Auschwitz II. Le soleil se couche. Derrière les barbelés électrifiés, se profile un camp à perte de vue. Des baraques de part et d’autres d’une voie ferrée. Des miradors hauts perchés. Le gigantisme des lieux m’anéantit. Dans un dortoir, un rabbin a entamé une prière. Peut-être le kaddish, la prière des morts. Le soir tombe vite en Pologne. L’humidité monte. La fraîcheur aussi. Les bois sont tous prêts. J’entre dans les bâtiments des femmes. Dehors on entend des chiens aboyer. Une sirène de police hurle au loin. Dans la pénombre, je découvre ces couches superposées où s’entassaient celles qui n’avaient pas été condamnées au gaz dès leur arrivée. Elles devaient survivre à quelques dizaines de mètres des douches et des fours. Je reste une dizaine de minutes, seul dans ce bâtiment. Je suis englouti. Submergé. J’imagine ces filles auxquelles on offrit pour tout écrin à leur jeunesse, ces matelas de planches et ces murs de briques. J’imagine ces mères arrachées à leurs enfants. J’imagine ces coeurs serrés qui, la nuit venue, devaient scruter au travers des quelques ouvertures cet horizon fermé par d’autres baraques et saturé par d’autres douleurs.

Le soleil s’est pratiquement éteint lorsque j’atteins les ruines des chambres à gaz et des krématoriums, dynamités par les nazis avant l’arrivée des alliés. C’est ici que se perpétua l’organisation industrielle du crime. Tout fût pensé et planifié. Moll, le spécialiste de l’élimination des cadavres, alla jusqu’à imaginer un système de combustion à l’intérieur des fosses pour que la graisse humaine ainsi dégagée soit récupérée par des canalisations et vienne alimenter la flamme des fours en se passant de carburant… Des machines à broyer les os furent inventées pour réduire en poudre les restes humains qui n’avaient pas été réduit en cendres.

J’ai beaucoup hésité à écrire sur ce voyage. Devant tant de misère, je ne me sentais pas légitime à décrire l’indescriptible et l’insondable souffrance. Complexe du témoin qui se désole en se prenant pour un voyeur. Mais je sais aussi que ce sentiment doit s’effacer devant la nécessité de témoigner. Les nazis avaient décidé de retirer aux juif jusqu’au statut d’êtres humains. Ils ne voulaient pas seulement les exterminer, mais effacer jusqu’à leur passage et interdire le deuil et le souvenir.

J’ai fait de nombreuses photos. En les regardant, je les ai trouvées souvent trop esthétiques. Il y a une esthétique de l’horreur. Pour illustrer ce billet je me suis interrogé sur celle que je choisirais. J’ai préféré ce portrait parce qu’il évite tous les « clichés » avec miradors et barbelés. Cet homme s’appelle Elie Buzyn. C’est un des rescapés d’Auschwitz. Au premier plan, c’est sa femme qui parle. C’est la première fois qu’elle l’accompagnait sur les traces de son passé tragique. Au moment où je prends cette photo, elle raconte comment Elie sauva l’un de ses camarades d’une mort certaine en lui offrant sa ceinture (un pantalon qui tombe et c’est la mort), ne conservant pour lui-même qu’une ficelle… Elie a décidé de vivre le plus longtemps possible pour pouvoir emmener pour leurs 15 ans, tous ses petits enfants.

J’ai remonté dans la nuit noire le chemin de fer de Birkenau, éclairé par les projecteurs le long des chemins de ronde. Sur le ballast qui supporte les rails, j’ai prélevé trois petits cailloux. Un caillou pour chacun de mes enfants.

Trois cailloux comme ces cailloux que l’on dépose sur les tombes juives, symboles de la mémoire et de la permanence du souvenir. Dans l’antiquité, les pierres que chaque passant déposait, protégeaient aussi les corps des défunts des charognards.

Trois cailloux pour qu’ils se souviennent.

Trois cailloux pour que ce cri rapporté par Primo Levi, de cet homme qui fût pendu quelques heures avant la libération du camp, soit exaucé : « Kameraden, ich bin der letze ! « (Camarades, je suis le dernier !) »

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Culture

Nuit et Brouillard de Alain Resnais (1956)

Nuit et Brouillard est un film documentaire d’Alain Resnais sorti en 1956. Il s’agit d’un film de commande du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, dont l’objectif est de documenter, d’effectuer des recherches, de rassembler des témoignages ayant trait à la Seconde Guerre mondiale.

Nuit et brouillard

Le documentaire est réalisé pour marquer les dix ans de la libération des camps de concentration et d’extermination.

D’une durée de 32 minutes, il vise à marquer les esprits par une succession d’images d’archives, que ce soit photos ou vidéos, de la déportation, de la vie et de la mort dans les camps. Sont également intercalées quelques séquences filmées en couleur des camps à l’époque de la réalisation du film, contrastant par le vert éclatant de l’herbe qui a repoussé là où s’est tenu un des actes les plus barbares de l’histoire de l’Humanité.

Par dessus ces images, la voix off de Michel Bouquet déclame un texte de l’écrivain Jean Cayrol.

Le titre fait directement référence au nom des directives du Troisième Reich visant à faire disparaître, dans le plus grand secret, par la déportation en Allemagne, toutes personnes représentant une menace. C’est devenu, par extension, le nom donné par les nazis aux déportés dans les camps, les NN pour Nacht und Nebel.

Nuit et brouillard

Le film présente un certains nombre de limites, pour certains inhérente à l’époque à laquelle il a été réalisé.

Beaucoup ont pu lui reprocher un manque de rigueur, dans les chiffres, ou dans la présentation des images d’archives, on ne sait jamais s’il s’agit d’un camp d’extermination ou de concentration.

Cependant c’est passé à côté de l’objectif, de l’approche du film qui n’est pas de documenter les images qui sont présentées, mais d’en faire une œuvre révélant, par l’image, l’horreur et la barbarie nazi. Et c’est en cela qu’il est d’une grande valeur.

Loin de la représentation d’un système nazi totalement fou et psychotique, le régime du Troisième Reich apparaît au contraire comme un ensemble rationnel, dont les camps sont le prolongement industriel de son idéologie et où les officiers, les surveillants, les kapos, se sont organisés, avec leur famille, une vie presque normal, au beau milieu de la barbarie.

En plus de l’horreur des images des victimes, c’est ce contraste avec la froideur des nazis, tout à leur tâche, qui marque, qui choque.

Comme cette courte séquence au procès de Nuremberg où tous déclarent calmement qu’ils ne sont pas responsables.

Nuit et brouillard

Un autre point important, qui peut apparaître comme un parti pris, mais qui relève aussi de son époque est que le mot « juif » n’est prononcé qu’une seule fois sur l’ensemble du documentaire. Chaque déporté est fondu dans un grand ensemble, victime de la même barbarie. Ce n’est qu’un peu plus tard, dans les années 1970 que l’accent sera mis sur les spécificité de la Shoah et de l’idéologie dont elle découle, avec en son centre l’antisémitisme.

Si cette approche se comprend au vu de l’angle pris par Alain Resnais, il n’en demeure pas moins une réelle limite dans la compréhension de l’horreur nazi.

Il représente ainsi une œuvre importante, d’une valeur certaine, mais qui évidemment est loin de se suffire pour représenter l’ampleur de la barbarie de ces années.

Notons quelques autres films documentaires de grande qualité et dont l’approche totalement différentes se complète bien :

  • Shoah, de Claude Lanzmann (1985), rassemblant une très grande quantité de témoignages sur près de dix heures.

  • De Nuremberg à Nuremberg, de Frédéric Rossif (1988) portant davantage sur le contexte politique du régime nazi.

  • Le Chagrin et la Pitié, de Marcel Ophuls (1971) présentant la vie dans la ville de Clermont-Ferrand de 1940 à 1944, et plus généralement en Auvergne.

Il est évidemment primordiale de poursuivre l’effort de recherche, de documentation, d’éducation ayant trait à la Seconde Guerre mondiale et à la barbarie nazi. L’Histoire de l’Humanité ne s’écrit jamais en ligne droite, et les démons d’hier peuvent toujours ressurgir dans le présent ou le futur tant que leur source n’aura pas été tari.

C’est le sens de la fameuse citation :  « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde », approximative traduction d’une réplique de la pièce de théâtre La Résistible Ascension d’Arturo Ui, de Bertold Brecht  : « Der Schoß ist fruchtbar noch, aus dem das kroch. »

Et c’est aussi en ce sens que ce termine Nuit et Brouillard, avec ce fort monologue :

« Neuf millions de morts hantent ce paysage.

Qui de nous veille de cet étrange observatoire, pour nous avertir de la venue des nouveaux bourreaux ? Ont-ils vraiment un autre visage que le nôtre ? Quelque part parmi nous il reste des kapos chanceux, des chefs récupérés, des dénonciateurs inconnus…

Il y a tous ceux qui n’y croyaient pas, ou seulement de temps en temps.

Il y a nous qui regardons sincèrement ces ruines comme si le vieux monstre concentrationnaire était mort sous les décombres, qui feignons de reprendre espoir devant cette image qui s’éloigne, comme si on guérissait de la peste concentrationnaire, nous qui feignons de croire que tout cela est d’un seul temps et d’un seul pays, et qui ne pensons pas à regarder autour de nous, et qui n’entendons pas qu’on crie sans fin. »

Voici pour finir quelques extraits du film et le témoignage d’un survivant des camps, Alain Stanké  :

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Il y a 80 ans, la Nuit de Cristal

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 se déroule la progromnacht, connue en France sous le nom de nuit de cristal. Il s’agit d’un véritable pogrom à l’échelle du 3e Reich entier.

Synagogue de Karlsruhe, après la nuit de cristal

Ce progrom a été présenté comme réaction spontanée à la mort du diplomate nazi Ernst von Rahm tué courageusement par un jeune juif allemand d’origines polonaises de 17 ans à Paris. En effet Herschel Grynszpan, tua un des secrétaires de l’ambassade nazi à Paris en s’écriant : « vous êtes un sale boche et au nom de douze mille Juifs persécutés, voici le document. ». Les nazis ont joué de cela pour lancer leur campagne antisémite de la Nuit de Cristal.

Ce sont pas moins de 200 synagogues détruites, plusieurs milliers de commerces saccagés pour la seule raison qu’ils étaient exploités par des personnes juives. Plusieurs centaines de Juifs sont tués par les barbaries nazies, d’autres se suicident ou décèdent des suites de leurs blessures.

Les nazis cherchaient un prétexte depuis quelque temps pour lancer leur projet antisémite et ont maquillé leur projet en une révolte populaire, comme le présentera Goebbels le 10 novembre :

« Je présente les faits au Führer. Il décide : laisser les manifestations se poursuivre. Retirer la police. Les Juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. C’est justice. Je donne aussitôt les consignes correspondantes à la police et au Parti. Puis je fais un bref discours en conséquence devant les dirigeants du Parti. Tempêtes d’applaudissements. Tout le monde se précipite immédiatement sur les téléphones. Maintenant, c’est le peuple qui va agir. »

Les nazis ont organisé cette nuit là

Il y aura à la suite de la Nuit de Cristal plus de 20 000 déportations. Rappelons cependant, que la Nuit de Cristal n’est pas non plus spontanée chez les dignitaires nazis, et elle s’inscrit dans un véritable projet :

  • Le programme de 1920 du NSDAP stipule déjà que les Juifs ne sont pas des citoyens, car n’étant pas des « camarades de race ».
  • Dans Mein Kampf, Adolf Hitler parle à plusieurs reprises d’une « Allemagne sans Juifs », « libérée des Juifs ».
  • Il y a un lynchage ainsi qu’un boycott des Juifs avant même que le NSDAP n’arrive au pouvoir.
  • En 1933, des premières lois antisémites sont mises en places, jusqu’en 1935 où sont mises en places les dites « lois de Nuremberg ».
  • En 1937 est diffusé « der Ewige Jude » dans les cinémas allemands, l’année d’après les passeports des Juifs sont confisqués, leurs prénoms réglementés, etc.

Le déroulement de la progromnacht

Goebbels finit son discours à Munich en début de soirée puis les membres de la Stosstrupp Adolf Hitler se déchaînent contre une synagogue à Munich. Dans les heures suivantes, la plupart des villes et villages allemands sont atteints par le pogrom.

Dans certaines petites villes des SS se font passer pour des civils et assassinent des Juifs supposés influents. Dans certaines villes la population assiste à des autodafés. Les Juifs sont humiliés publiquement, on les force à baiser le sol en étant frappés, à danser, à chanter, etc.

Cette nuit fut d’une cruauté…

La grande partie des masses populaires allemandes eut un comportement passif.

Cela ne doit plus jamais se reproduire. Alors que l’antisémitisme se fait de plus en plus virulent à notre époque, il faut connaître et reconnaître ce qui s’est déroulé en cette tristement célèbre nuit du 9 au 10 novembre 1938.