Il y a maintenant plusieurs semaines, un mouvement étudiant s’est répandue dans une quinzaine de facultés contre le projet de réforme « Parcour Sup’ » entraînant plus de sélection sociale dans l’accès à l’université. Au cours du mouvement étudiant, l’occupation de la faculté parisienne de Tolbiac est apparue comme un des pôles radicales de la contestation, se rebaptisant elle-même « Commune Libre de Tolbiac ».
L’évacuation policière a débuté vendredi 20 avril dans la matinée, ce qui ne pouvait manquer d’avoir lieu après des semaines de blocage et une répression s’étant déjà abattue dans les autres facultés mobilisées.
C’est lors de cette évacuation qu’une rumeur à propos d’un blessé grave, voir d’un mort, s’est répandue entre le dimanche 22 et le mardi 24 avril. Une personne aurait ainsi soit-disant chuté d’un gradin par la faute d’un policier, lui causant un gravissime trauma crânien et le plongeant dans le coma. Voilà ce qu’ont diffusé des étudiants pseudos « témoins » dès le dimanche 22 avril.
Cette information s’est révélée être un pur mensonge, avec l’aveu d’une des témoins elle-même. Cette affaire révèle, en réalité, toute la vacuité et l’inconstance de ce mouvement de la « Commune Libre de Tolbiac ».
C’est le prix à payer lorsque les mouvements de gauche abandonnent toute fermeté, toute rigueur sur les repères idéologiques et culturels et se laissent emporter dans un hymne nihiliste et libérale-libertaire. Cela est une faute politique impardonnable car procéder par le mensonge, le trucage d’informations, c’est renforcer la confusion politique, l’irrationalité des comportements alors que le fascisme avance justement à grand pas…
Les fascistes étaient d’ailleurs venus attaquer l’occupation étudiante, dans un assaut typique d’un commando des années 1960-1970. C’est dans cette même faculté occupée que des tags antisémites à l’égard du local de l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF) avaient été relevé, quelques jours après le terrible assassinat de Mireille Knöll.
Dans un tel contexte crispé, terriblement tendu, la position de la Gauche doit être des plus fermes, des plus solides, des plus sérieuses.
Procéder au mensonge, aux fausses déclarations sur une soit disant personne morte lors de l’évacuation, c’est tout simplement ouvrir les vannes culturels à l’extrême droite !
Chacune et chacun sait que l’extrême droite à principalement comme base de mentir et de diffuser des analyses incohérentes, irrationnelles à coup de « fake news » et d’analyses « sensationnelles » notamment dans la sphère conspirationniste…
Mais faut-il s’étonner de tout cela lorsqu’on voit une étudiante issue de l’occupation de Tolbiac sur le plateau de LCI en compagnie de l’identitaire et maire de Béziers Robert Ménard et l’ultra-conservatrice Eugénie Bastié ?
Où sont les valeurs de Gauche, les digues culturelles ? Il y a là un exemple terrible de faillite morale propre à la petite-bourgeoisie libérale-libertaire qui accepte tout et n’importe quoi, y compris des fausses tribunes médiatiques dominés par l’extrême droite.
Et cela est d’autant plus indigne et scandaleux que cette étudiante dit « parler en son nom propre » tout en parlant du soit disant blessé grave comme « un fait », intervention bien évidemment relayée par l’une des pages Facebook du mouvement d’occupation de Tolbiac.
Il y a là le triomphe de l’individualisme, de l’irrationnelle, du refus de toute cadre collectif et moral, tendances qui renforcent toute l’extrême droite…
Il y a aussi cette témoin, Leïla, électrice de Jean-Luc Mélenchon, qui est interviewée par la chaîne d’information « alternative » « Le Média » (France Insoumise) et décrit avec un aplomb déconcertant le faux blessé grave de l’évacuation policière… Rien d’étonnant au final puisque la ligne de la France Insoumise consiste justement dans le populisme, l’association « des colères » sans définitions idéologiques stables, rigoureuses.
Quel scandale, quelle manque de dignité que de penser faire « avancer » le mouvement étudiant sur la base d’une fausse personne gravement blessée, mais tellement compréhensible lorsqu’on l’on sait le niveau de décomposition morale du mouvement, miné par l’alcool, les drogues, les graffitis nihilistes et sexistes, le harcèlement sexuel…
Le site journalistique « Reporterre » peut bien « rétropédaler », il n’en fait rien. Il y a une faute déontologique énorme, un manque de recul flagrant.
Hervé Kempf, son directeur, évite d’ailleurs toute auto-critique sérieuse en affirmant d’un côté avoir « reçu un témoignage par écrit cohérent » et d’un autre côté relativisant le mensonge sur la base du traumatisme qu’aurait vécu les étudiantes et étudiants lors de l’évacuation…
A la veille de la commémoration des 50 ans de mai 68, toute personne de Gauche sait bien qu’il faut impérativement élaborer une critique profonde du libéralisme-libertaire issu de ce mouvement. Sans critique de ce nihilisme « soixante-huitard », il est impossible de fonder une Gauche sérieuse, capable de remporter la bataille culturelle dans un moment où c’est l’extrême droite qui avance vers le pouvoir…