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Écologie

Hélène Thouy, candidate du Parti animaliste à la présidentielle de 2021

Le Parti animaliste fait comme s’il n’y avait pas de crise.

Le Parti animaliste est une véritable escroquerie sur le dos des animaux. Il ne défend aucune valeur concrète, même pas la fin immédiate de l’expérimentation animale. Preuve de cela, le discours s’est encore plus édulcoré. L’animalisme a cédé au discours traditionnel comme quoi pour préserver l’humanité il faut préserver les animaux. C’est totalement à rebours des valeurs des amis des animaux, pour qui les animaux ont une valeur en soi et pour qui il ne s’agit pas de faire du racolage utilitariste.

« Nous ne pouvons du reste vivre sans les animaux : la biodiversité, c’est-à-dire l’existence pérenne de millions d’espèces sur notre planète, est une condition sine qua non de notre survie. Les scientifiques ne cessent de nous alerter que le risque est grand que les humains subissent, tout autant que les autres espèces, la sixième extinction de masse de l’histoire de notre planète. »

Ces propos de Hélène Thouy sur son site pour l’élection présidentielle de 2022 en disent long sur la soumission totale du Parti animaliste à la vision dominante. Au lieu de dire que l’humanité n’est qu’une composante de la planète, de la vie sur Terre, on dit le contraire, les animaux seraient une composante de la vie de l’humanité. C’est là une inversion anthropocentriste qui est le produit du carriérisme, de l’insertion opportuniste dans le jeu électoral.

Le Parti animaliste n’est là que pour faire témoignage, avec des gens se valorisant individuellement et faisant carrière au moyen de ce que l’Etat finance aux candidats passant un certain pourcentage de voix. Et comme on le sait le Parti animaliste joue sur la corde sentimentale, avec des chiens et des chats sur des affiches. On est au niveau zéro sur le plan culturel et intellectuel. La lamentable vidéo mise en ligne pour l’annonce de la candidature à la présidentielle de 2022 en témoigne.

Le plus grave dans tout cela, c’est la négation de la crise. Le Parti animaliste fait tout de même le tour de force de ne même pas parler de la pandémie en cours, de ne même pas parler de son origine qui est la condition animale au niveau planétaire. Ce n’est pas pour rien qu’il n’en est pas parlé : c’est le reflet d’un point de vue petit-bourgeois électoraliste, qui ne veut pas choquer, qui veut s’inscrire dans l’idéologie dominante, en faisant passer l’animalisme en contrebande. C’est à la fois ridicule et lamentable, et surtout honteux de par ce que vivent les animaux, qui ont besoin de tout sauf de faux amis de ce genre.

Ceux qui contournent l’origine de la pandémie – que l’humanité joue aux apprentis-sorciers en s’imaginant sortie de la Nature – ont tout faux. Ceux qui veulent une humanité en harmonie avec la Biosphère ont raison. Il n’y a rien entre les deux et le Parti animaliste est du mauvais côté de la balance ; il est une partie du problème, pas une partie de la solution.

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Société

Le Parti animaliste et Michel Sardou le romantique

« On n’a plus aucune liberté » : c’est la vieille rengaine des anarchistes de droite depuis les années 1960. Michel Sardou se situe sur cette ligne, même s’il porte une critique romantique de la société dans une veine nostalgique, l’amenant à Droite. Son soutien au parti animaliste dit bien des choses sur l’utilisation de la juste défense des animaux pour une posture apolitique, anti-politique.

Au début des années 1970, Michel Sardou racontait comment il entendait dénoncer les choses :

« Je ne suis pas foncièrement un homme de révolte. Je chante les choses de la vie, faites de violence, d’amour, de soucis. Nous vivons dans une période d’agressions. »

Il était alors le barde de la Droite, au point qu’il y avait des Comités Anti-Sardou. Cependant, il faut faire attention, car il porte une dénonciation réelle de la société, qu’il croit de droite, car malheureusement c’est le romantisme qui a pris en charge une dénonciation de la folie moderne.

Pour preuve, sa chanson « Les Villes de Grandes Solitudes », cherchant à dresser le portrait de quelqu’un brisé par l’anonymat propre au capitalisme de son époque. Il y a eu un gigantesque malentendu à l’époque, où des féministes n’ayant rien compris à sa dénonciation ont cru qu’il fallait prendre cela au premier degré.

C’est ici la preuve d’un échec complet de la Gauche dans la critique du capitalisme, qui a prolongé la domination du romantisme basculant dans la nostalgie réactionnaire.

« Dans les villes de grande solitude
Moi le passant bien protégé
Par deux mille ans de servitude
Et quelques clous sur la chaussée

Dans les villes de grande solitude
De nouvel-an en nouveaux nés
Quand j’ai bu plus que d’habitude
Me vient la faim d’un carnassier

L’envie d’éclater une banque
De me crucifier le caissier
D’emporter tout l’or qui me manque
Et de disparaître en fumée

Mais dans les villes de grande solitude
Tous les héros se sont pollués
Aux cheminées du crépuscule
Et leurs torrents se sont calmés

Alors je fonce comme une bête
Sur le premier sens interdit
Aucun feu rouge ne m’arrête
Je me sens bien dans ma folie

J’ai envie de violer des femmes
De les forcer à m’admirer
Envie de boire toutes leurs larmes
Et de disparaître en fumée

Mais dans les villes de grande solitude
Quand l’alcool s’est évaporé
Je replonge dans la multitude
Qui défile au pas cadencé

J’ai peur d’avoir brisé des vitres
D’avoir réveillé les voisins
Mais je suis rassuré très vite
C’est vrai que je ne casse rien »

Quel gâchis pour la Gauche de ne pas avoir vu le besoin de changer la vie sous-jacent à de telles critiques. Cela a malheureusement formidablement aidé la formation d’une Droite populaire durant les années 1980.

Michel Sardou s’est bien entendu enferré dans sa démarche. Il idéalise donc la période qu’il dénonçait hier… Comme avec ses derniers propos sur RTL.

« On fumait, on faisait l’amour, on roulait vite, on pouvait boire, le théâtre marchait, les affaires marchaient… La vie est moins souple, moins détendue que dans les années 80. Le téléphone portable, je hais ça et les réseaux sociaux, n’en parlons pas. Et les gilets jaunes et les gilets rouges et les gilets bleus et les gilets verts… Et merde, ça va ! La seule politique que je pratique, c’est que je fais partie du Parti animaliste. Je défends les petites bêtes. »

Il rejoint donc la ligne, bien connue, de Brigitte Bardot. Et c’est une raison d’avoir critiqué ici le Parti animaliste pour son apolitisme. La défense des animaux, leur protection, même la révolution de leur condition… tout cela concerne la Gauche et doit être dans le programme de la Gauche.

> Lire également : Le parti animaliste aux élections européennes

Cela ne doit pas être prétexte à une posture pour voir tout en noir et se cantonner à caresser un chien ou un chat en disant : le monde est pourri ! C’est là une critique ayant sa part de valeur, mais conduisant dans un cul-de-sac, qui dessert la cause qu’on prétend servir.

Combien il reste de travail en France pour arracher la critique de la société aux postures romantiques-nostalgiques !

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Politique

Le parti animaliste aux élections européennes

Mouvement apolitique défendant une noble cause, le parti animaliste a mis en place une liste comportant exclusivement, à très peu de choses près, des gens relevant de la bourgeoisie, des entrepreneurs, des cadres. C’est là ne pas être capable de relier la question animale aux enjeux d’une époque attendant des changements profonds et populaires.

Pour ces élections européennes, il y a un « parti animaliste » qui se présente. Si l’on est sincèrement de gauche, alors on entrevoit quelque chose de positif. La question animale se pose enfin et cela devient un thème incontournable. Cela manquait véritablement et il est indéniable que le véganisme est depuis longtemps une valeur sûre de la Gauche dans de nombreux pays déjà, tels l’Allemagne ou l’Autriche.

Le thème était en fait déjà présent dans le mouvement ouvrier dès le début, avant de disparaître une fois qu’il a été récupéré par l’anarchisme, qui lui-même l’a abandonné. Il revient et c’est une bonne chose… À condition que le regard qu’on porte sur lui soit cohérent. À moins en effet de considérer que le rapport aux animaux, à la nature, ou encore celui des hommes sur les femme, soit un phénomène qui se balade au-dessus de l’économie et de la société, on ne peut pas échapper à la nécessité d’une analyse liée au capitalisme.

Quand on dit cela, cela ne veut pas dire qu’il suffit de penser qu’une fois le capitalisme critiqué, on est dans le bon camp. Il faut analyser la société et voir les valeurs qui vont avec. Le fait de manger de la viande de manière massive est une conséquence d’une démarche du capitalisme lui-même, qui cherche des moyens de se renforcer et qui voit une possibilité pour cela avec des gens toujours plus gros.

Le capitalisme exige également l’individualisme, l’indifférence aux autres, des choix purement individuels, en toute « conscience ». L’empathie et la compassion sont donc rejetés, tout comme l’exigence de la sensibilité par rapport aux vivants. Être véritablement à Gauche, c’est ici saisir cela et assumer une démarche personnelle ouverte à la nature, aux animaux, à la végétation. C’est ni plus ni moins quelque chose qui relève du Socialisme, ou du Communisme, comme on le voudra. En tout cas, c’est le sens de la socialisation la plus large, du partage le plus grand.

Or, le Parti animaliste ne se situe pas du tout dans une telle perspective. Et pour cause ! On trouve sur son site la liste des candidats. Qu’y trouve-t-on ? Plusieurs responsables des Ressources Humaines, un chef d’entreprise, une avocate, une ancienne conseillère en communication, un commercial, un ingénieur consultant, une maître de conférences, une analyste recherche, une professeure en marketing, des juristes, une gestionnaire marchés publics, une indépendante en conseil en stratégie, un directeur commercial, plusieurs professeurs, une responsable Administratif et Financier, etc.

Humainement, ces gens ont très certainement un rapport positif aux animaux, ils sont dans le bon camp. Mais de par leur nature sociale, ils contribuent inéluctablement à appuyer le capitalisme. Ils sont étrangers à la classe ouvrière, voire même ils sont eux mêmes des capitalistes. On sait bien ce qu’est notamment quelqu’un s’occupant des Ressources Humaines aujourd’hui dans notre pays… C’est une fonction qui, par définition même, s’oppose fondamentalement aux intérêts des salariés, c’est une arme de l’entreprise contre eux…

Pourtant, n’est-ce pas le système tel qu’il existe qui amène un rapport néfaste pour les animaux ? Et ne faut-il pas être cohérent ? Car des gens qui ont une position sociale très favorable dans un système ne remettent pas en cause le système. Des gens qui font partie d’un système ne peuvent pas aller au bout d’une logique prônant son renversement, son dépassement. Immanquablement, il y aura une capitulation, car ces gens vivent par le système lui-même. Seul le mouvement ouvrier peut porter quelque chose qui aille jusqu’au bout.

Et, pire encore, l’idée de faire de la défense des animaux un thème indépendant de tout le reste, est une attaque directe à l’idée d’un projet révolutionnaire bouleversant tous les aspects de la vie quotidienne telle qu’on la connaît. D’ailleurs, le système appuie lui-même le Parti animaliste, qui existe en participant aux élections et en touchant des fonds par conséquent de l’État, après avoir récolté des voix avec des affiches présentant des animaux, histoire de s’attirer les sympathies. Il se revendique haut et fort comme au-delà des classes sociales :

« La question animale est transversale, elle concerne toutes les familles politiques, toutes les catégories sociales, les ruraux comme les urbains, les jeunes comme les personnes âgées, … »

Rien n’est pourtant au-dessus des classes sociales. La question animale d’ailleurs moins qu’une autre peut-être. La défense des animaux est portée en très grande majorité par des femmes, et en grande majorité par des personnes d’un certain âge, et en grande majorité par des gens d’origine populaire. Cette vérité est très lourde de sens. Elle a toute sa dignité et est un appel à transformer la réalité, car ici des valeurs s’expriment qui exigent la compassion.

Cela n’a rien à voir avec des gens des hautes couches sociales qui, par en haut, veulent un changement, même s’il apparaît comme positif. Aucun changement n’est possible par en haut. C’est le peuple seul qui transforme la réalité. Qui veut défendre les animaux agit pour mobiliser le peuple et ne réduit pas en le véganisme un phénomène bobo, mais en saisit la portée historique, en liaison avec le Socialisme.