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Le rapport caricatural de l’OIP sur les gardiens de prison

L’Observatoire international des prisons a publié un rapport mettant en cause la violence des gardiens de prison : c’est typique de la « Gauche » qu’on définira comme chrétienne-démocrate si l’on est gentil, comme bisounours si on est réaliste. La prison est à l’agonie comme institution, les prisonniers basculent dans la folie alors que la démarche anti-sociale de beaucoup d’entre eux est une norme. Mais ce serait la faute au personnel pénitentiaire !

La société est toujours en retard par rapport à sa propre transformation. Elle s’aperçoit bien après que des choses ont changé. Prenons les policiers et les gardiens de prison. Auparavant, c’était des gens arriérés culturellement, venant directement de la campagne. Cela en faisait des cogneurs, des « fachos ». Et cela était vrai jusque les années 1980.

Puis la société s’est urbanisée et maintenant le policier, le gardien de prison, c’est bien souvent simplement quelqu’un cherchant du travail et se disant : là je peux aider, j’ai une certaine sécurité de l’emploi, c’est rude, mais j’aime bien me confronter au réel.

Or, les prisons françaises sont explosives. Locaux vétustes, surpopulation, manque de moyens à tous les niveaux, c’est une catastrophe. À cela s’ajoutent des détenus gangrenés par la folie et les comportements anti-sociaux virulents pour une large partie d’entre eux. Ce n’est pas de leur faute : c’est la société qui est responsable. Cela n’en rend pas les choses plus faciles pour autant au quotidien.

On imagine donc que tout est moche et que les salauds se révèlent vite du côté des matons, que même sans en être un on tombe forcément dans la pratique d’une forme d’injustice. C’est inévitable, c’est un déterminisme social évident.

Que faut-il comprendre de cela ? Que les matons sont des ordures, ou bien que le capitalisme est décadent et incapable de gérer l’emprisonnement ? L’Observatoire international des prisons a choisi son camp : la prison est une institution dont les employés ont des comportements mauvais, car eux-aussi sont mauvais. C’est ce qu’on comprend de son rapport qui vient de sortir.

C’est un raccourci, c’est trop simple, c’est de la fausse Gauche, qui se donne bonne conscience pour pas cher. C’est une manière de ne pas dénoncer la prison comme institution chaotique, laissée à l’abandon… Parce que la société ne fait qu’obéir au capitalisme et à son souci de rentabilité. C’est d’ailleurs cela ou l’enfer des prisons américaines, avec leur privatisation, etc.

L’Observatoire international des prisons fait donc son Victor Hugo, en déconnexion complète de la réalité. Voici par exemple ce qui est raconté dans son rapport.

« Il est fréquent que, lors d’altercations entre un détenu et un ou plusieurs surveillants, des personnels soient appelés au renfort pour contenir la situation. Il existe, dans ces situations à l’occasion desquelles les surveillants sont amenés à recourir à la force, des risques de dérives. »

Une recherche en sociologie note qu’ils sont plus importants encore « lorsque l’intervention fait suite à l’agression d’un agent ». Elle cite notamment un surveillant qui explique : « Quand il y a une alarme, tout le monde arrive parce qu’ils sont contents de maîtriser et de donner des coups, ou de protéger des collègues. »

Quelle incroyable recherche en sociologie ! Lorsqu’un collègue ou un ami est agressé, la motivation est d’autant plus grande pour le défendre ! Et c’est transformé en maton salaud cherchant un prétexte pour faire sa crapule.

Voici un autre exemple, tout aussi significatif.

« Plusieurs affaires récentes révèlent des complicités de violence ciblant tout particulièrement les auteurs d’infraction à caractère sexuel (AICS). Fin 2018, neuf personnes incarcérées pour des affaires de mœurs à la maison d’arrêt de Metz portaient plainte : elles se plaignaient d’avoir été passées à tabac par d’autres détenus, avec la complicité de surveillants qui leur ouvraient les portes. »

Pauvres violeurs, agressés par des gens qui, au-delà d’être anti-social bien souvent individuellement, connaissent personnellement les valeurs populaires fondamentales…

L’Observatoire international des prisons n’est tout simplement pas sérieux. Les prisons sont des lieux de corruption, de mal-être, de maladies, d’isolement, de folie… Et il serait possible de faire abstraction de cela, et de dénoncer le personnel pénitentiaire, toujours plus prolétarisé ? C’est tout simplement ridicule, à moins que ce soit pour donner raison à Marine Le Pen et surtout Marion Maréchal, en publiant des documents caricaturaux.

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Communiqué de l’OIP : « Violences des surveillants de prison : brisons le silence »

Voici le communiqué de l’association Observatoire international des prisons présentant un rapport présenté comme un état des lieux de la violence des gardiens dans les prisons.

Le rapport est disponible en cliquant sur ce lien. C’est un document très unilatéral, qui fait un raccourci caricatural en prétendant que tout serait la faute des « maton ».

« Violences des surveillants de prison : brisons le silence

Derrière les portes closes des prisons, des personnes détenues sont régulièrement victimes de violences physiques de la part d’agents pénitentiaires. Après une enquête d’une ampleur inédite, l’OIP publie aujourd’hui un rapport qui dresse un état des lieux de ces violences, décrypte les rouages qui leur permettent de se perpétuer et propose des recommandations pour mettre fin au déni et à l’impunité.

Ces deux dernières années, l’OIP a reçu près de 200 appels ou courriers de détenus qui déclarent avoir été violentés par des personnels pénitentiaires – deux signalements par semaine en moyenne, qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Pourtant, rares sont les cas qui font l’objet d’un traitement médiatique ou d’une décision de justice. Pourquoi ? Parce que vérifier les faits pour faire éclater une affaire de ce type au grand jour est souvent mission impossible. Parce que pour une personne détenue, porter plainte est un véritable parcours du combattant et un pari risqué. Parce que ces violences surviennent le plus souvent à l’abri des caméras de vidéosurveillance et sans témoins, et que ceux qui voudraient les dénoncer, qu’ils soient détenus ou agents pénitentiaires, s’exposent à des représailles. Parce que l’institution préfère souvent fermer les yeux, et que saisir la justice ou les organes de contrôle est presque toujours vain. Parce qu’en prison, opacité et omerta se conjuguent, jusqu’à l’impunité.

Après un an d’enquête et une centaine d’entretiens avec des victimes, des surveillants, des directeurs de prison mais aussi des magistrats, des avocats, des médecins, etc., c’est tout un système que ce rapport entend faire éclater au grand jour. Un système qui permet à ces violences de perdurer, quand bien même elles seraient le fait d’un petit nombre. Un système où des dysfonctionnements en série font qu’aucun des acteurs et institutions ne joue son rôle de garde-fou, où chacun s’en remet à l’autre pour rendre une justice qui, le plus souvent, ne vient pas. Un système enfin sur lequel repose une véritable chape de plomb.

À l’heure où les violences policières sont régulièrement pointées du doigt, ce rapport rappelle qu’il est un autre espace, non public, où la légitimité de la violence étatique devrait être questionnée, où aucun débordement ne devrait être toléré, où le silence devrait être brisé : la prison. »