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Agressions de féministes: le communiqué d’« Osez le féminisme »

Voici le communiqué du collectif « Osez le féminisme », dénonçant les agressions de féministes opposées à la prostitution lors des manifestations autour du 8 mars 2021. Il se forme maintenant un front démocratique contre les agresseurs d’ultra-Gauche « antifa », et c’est une chose absolument nécessaire.

« Non, on ne peut pas être « féministe » et agresser des survivantes de la prostitution et des féministes le 8 mars.

Lors des manifestations autour du 8 mars, à Tours, Montpellier, Toulouse, Paris, des survivantes de la prostitution et des féministes ont été insultées, menacées, agressées, leurs pancartes arrachées. C’est inadmissible !

Des “féministes” adoptent les stratégies des agresseurs et agressent dorénavant d’autres féministes. Nous connaissons bien ces stratégies contre lesquelles nous nous mobilisons lorsque nous soutenons toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. Mais, comment supporter que des féministes soient désormais les cibles de ces mêmes violences commises par des personnes qui se déclarent féministes ?

Les violences s’aggravent de manifestation en manifestation. Cela a commencé avec des bousculades. Les pancartes qui dénonçaient la violence de la prostitution étaient violemment arrachées et dégradées.  D’autres violences ont suivi, dans plusieurs villes, à Toulouse, Marseille, Paris, Strasbourg en 2019, puis en 2020, des manifestantes bousculées et attaquées, des rassemblements féministes perturbés, des campagnes virulentes en ligne, de la diffamation ou encore des appels au viol et au meurtre.

Le 7 et 8 mars 2021, lors de rassemblements féministes à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, à Paris, à Tours, à Toulouse et à Montpellier, des militantes pour l’abolition du système prostitueur et pornocriminel ont été insultées, bousculées, attaquées, menacées de mort.

A Paris, les pancartes affichaient un simple rappel des faits : “Jacquie et Michel, accusé de viols, proxénétisme et traite humaine”, d’autres dénonçaient le proxénétisme ou la pédocriminalité : “Mineure prostituée, adulte responsable”. Elles ont été arrachées. Certaines des militantes attaquées sont des survivantes de la prostitution. Elles étaient là pour dénoncer les viols qu’elles ont subi, commis par des proxénètes et des “clients” prostitueurs. La prostitution est un système de viol tarifé, l’acmé de la violence masculine, elles étaient là pour en témoigner.

Dans le contexte #METOO de libération de la parole des femmes, il est déjà inacceptable de ne pas les écouter, alors que dire des agressions qu’elles ont subi au sein même d’une manifestation féministe !

Des groupes “antifascistes” qui défendent le libre « choix » de se prostituer et “l’émancipation par la prostitution”, attaquent désormais toute femme qui aura un avis différent du leur, même une femme qui aura elle-même été directement concernée, victime du système prostitueur ou pornocriminel. Leur déni des violences exercées par le système prostitueur est total. Et dans une ultime inversion des rôles, les victimes  du système prostitueur ainsi que les travailleuses sociales qui accompagnent au quotidien les personnes en situation de prostitution sont accusées de « putophobie »… 

Le refus de débattre est patent. Il n’y a plus de nuance, il ne reste que le souhait d’imposer leur dogme par la violence. Leur violence a pour objectif de confisquer la parole des femmes. Nous ne l’acceptons pas !

Nous nous inquiétons de voir chaque année les violences s’aggraver. Cette fois, les survivantes de la prostitution ont du être “exfiltrées”. Sans cette protection entre féministes, comment cela se serait-il terminé? 

Nous refusons la silenciation imposée par ces groupes, nous condamnons fermement leurs violences. Les attaques verbales, les agressions, jeter des projectiles sur des femmes, les bousculer, les menacer de viol et de mort : ces pratiques masculinistes sont intolérables et doivent être dénoncées par l’ensemble du mouvement féministe.

On ne peut pas être féministe quand on menace et agresse d’autres féministes.

On ne peut pas être féministe quand on ne pas condamne pas toutes les violences subies par les femmes et par les féministes.

Aux féministes victimes de ces violences, nous renouvelons toute notre solidarité et notre sororité. « 

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«La prostitution est une violence machiste, pas un travail»

La militante féministe Daria Khovanka avait préparé un discours pour la manifestation parisienne du dimanche 7 mars 2021, à l’occasion du 8 mars. Elle n’a pas pu le lire, car elle a été agressée en raison de sa conviction anti-prostitution par un groupuscule d’ultra-gauche aux méthodes et au style d’extrême-Droite.

Si elle a été censurée place de la République à Paris, ses mots ont cependant été publié par le Mouvement du Nid, comme une tribune. Nous relayons avec conviction cette tribune pleine de sens. N’importe qui réellement à Gauche ne peut que saluer ces propos fermes et forts de Daria Khovanka. Précisons qu’elle a elle-même survécu à cette forme d’esclavage qu’est la prostitution, qui n’a rien d’un « travail ».

« Nous sommes là aujourd’hui pour porter la voix de nos soeurs survivantes de la prostitution. Mais aussi celles des femmes qui se battent en ce moment même pour survivre, et surtout, pour celles qui n’ont PAS survécu.

Nous sommes là pour les filles et les femmes qui subissent indirectement les conséquences de l’existence de ce système : celle d’être partout, tout le temps, prostituables aux yeux des hommes. Celle aussi de subir une sexualité de plus en plus destructrice et violente à cause d’une culture porno ultra populaire. Nous sommes là pour Grace, Aimée, Karima, Anaïs, Lola… et tant d’autres.

Nos amies, nos soeurs dont nous portons en nous les récits traumatiques, dont nous partageons l’expérience et la souffrance indicible d’avoir été vendues, et pour certaines d’entre elles, dont nous portons le deuil. Et en leur nom, nous ne cesserons de le répéter : la prostitution est une violence machiste, pas un travail.

Nous sommes un collectif de féministes sans frontières. Nous sommes là pour les femmes du monde entier qui sont, ou risquent d’être sexuellement exploitées. Nous nous sommes réjouies de la loi abolitionniste de 2016.

Des survivantes, comme Rosen Hicher, ont mené une lutte acharnée pour arracher cette victoire. C’était une très belle victoire, la reconnaissance, enfin, de la prostitution comme violence sexiste et sexuelle, la fin de la culpabilisation et de la persécution institutionnalisée des victimes. Nous sommes en colère. En colère que cette loi soit peu et mal appliquée.

En colère contre le manque d’alternatives pour les femmes en situation de prostitution, en colère contre l’insuffisance des moyens alloués face aux besoin immenses auxquels il est nécessaire de répondre pour leur offrir une chance d’échapper au système prostitueur : logement, soins médicaux et psychologiques, papiers, temps, dignité et sécurité. Nous voulons que les femmes n’aient pas à sacrifier leur sexualité sous la contrainte de la précarité.

Nous voulons que les femmes victimes de violence sexuelles accèdent à des soins appropriés avant de subir davantage de violences sous l’effet l’excitation traumatique. Nous voulons de la prévention pour que les filles et les femmes soient informées des conséquences traumatiques causées par la répétition de rapports sexuels non désirés.

Nous voulons que chaque femme ait le CHOIX, véritable, de ne PAS se prostituer. Nous sommes en colère parce que là ou la loi est appliquée, elle fonctionne et protège les femmes.

Mais comment pourrait-il y avoir une volonté politique de faire appliquer cette loi, de mettre plus de moyens à disposition des femmes et des organisations qui tentent de les aider, alors qu’une majorité de celles et ceux qui se prétendent féministes et alliés, font au contraire la promotion de la prostitution comme un libre-choix et nient la violence inhérente à ce système criminel pour en faire une profession comme une autre ?

Ceux-là ne reculent devant rien pour nous faire taire et chasser les féministes abolitionnistes des manifestations. À ceux et celles là, nous répondons que si nos proxénètes n’ont pas réussi à nous réduire au silence, ils et elles n’y arriveront pas non plus.

Lors d’un rassemblement féministe, le 25 novembre dernier, nous avons assisté à un discours honteux affirmant qu’en cette journée de lutte contre les violences faites aux femmes, la reconnaissance du « travail du sexe » devait être une priorité, discours acclamé par la foule entière.

Des gamines ont alors tenté de masquer nos pancartes abolitionnistes sous prétexte que nos messages étaient «oppressifs pour les travailleuses du sexe». Nous avons dû leur expliquer ce que signifiait être pénétrée à la chaîne par tous les trous, par des hommes qui nous méprisent. Nous brutalisent. Nous humilient. Nous objectifient. Nous violent.

Non, la prostitution n’est pas du sexe. Cette catégorie de militantes prétendent par ailleurs que le modèle abolitionniste ne fonctionne pas, mais n’ont-elles pas fait tout ce qui était possible pour que la loi ne soit pas appliquée ?

N’ont elles pas soutenu, à chaque instant, la pérennité d’un système phallocrate et misogyne au détriment des victimes ? Le système prostitueur est un système sexiste, classiste, raciste, industriel, capitaliste et pédocriminel.

Devons-nous rappeler l’âge moyen d’entrée dans la prostitution : 13 ans. Devons-nous rappeler que 95% des victimes de la traite des êtres humains sont des filles et des femmes, majoritairement à des fins d’exploitation sexuelle ?

Le système prostitueur est un système esclavagiste. La lutte pour l’abolition de l’esclavage n’est pas terminée, il reste une forme d’esclavage à éradiquer, qui concerne essentiellement les filles et les femmes, l’esclavage sexuel. »

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Encore des féministes agressées en manifestation à Paris

Les violences de la part des activistes queer deviennent une habitude à l’occasion du 8 mars… En 2020, des féministes avaient déjà été agressées par l’ultra-gauche anarchiste. Cette année encore, des violences ont eu lieu sous la bannière « antifasciste » en montrant un visage particulièrement réactionnaire et puérile.

Ce dimanche 7 mars avait lieu un rassemblement féministe sur la place de la République à Paris où le Collectif Abolition Porno Prostitution (CAPP), le collectif L’amazone et sa fondatrice Marguerite Stern étaient présentes pour revendiquer l’abolition du système pornographique et prostitutionnel.

On pouvait lire sur leurs pancartes « Nous voulons des moyens pour que les femmes puissent sortir de la prostitution », « la porno-prostitution est raciste, sexiste, capitaliste », « Jacquie & Michel mis en examen pour viol, proxénétisme et traite d’être humains aggravé » ou encore « vive le sexe féminin ». Un collage disait également : « mineure prostituée : adultes responsables, clients et proxos criminels ». La base du féminisme en somme.

Si quelques manifestantes post-modernes avaient déjà arraché une pancarte dès le début, c’est au bout d’une heure qu’un groupe d’ « antifas » de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue (AFAPB) est arrivé pour défendre la prostitution à l’aide d’œufs lancés sur les survivantes du CAPP.

https://twitter.com/IbtissameBetty/status/1368676038935511041

Ces militants et militantes de l’AFAPB devaient avoir 20 ans de moyenne d’âge, sans doute recrutés sur Instagram, c’est ce qui explique en partie la platitude de leur argumentaire publié sur Twitter pour rendre compte de leur action anti-féministe.

Ce groupe militant arrive à agglomérer de manière incroyable des queer, des trans « putes », des « décoloniaux » et des antisémites. En effet, les vidéos postées par les manifestantes féministes montrent un jeune portant un sweat floqué du « A » anarchiste, sans doute s’identifiant comme « non-binaire » faisant une quenelle avant de faire semblant de jeter une bouteille.

De tels énergumènes détruisent l’antifascisme et le féminisme de l’intérieur, un tel spectacle est consternant, mais malheureusement pas étonnant lorsque l’on connaît la lente déchéance politique de la gauche, complètement asphyxiée par le post-modernisme.

On est bien loin des préoccupations des femmes, qui se retrouvent davantage dans la lutte contre la marchandisation de leur corps, de celui de leur fille. Encore faut-il côtoyer des femmes du peuple et leur poser la question pour le savoir.

La seule raison pour laquelle ce courant post-moderne peut agir de la sorte, c’est qu’en cette période de recul général de la vie démocratique, la masse des femmes ne s’intéresse pas à ce qu’il se passe à Paris le 7 mars lors d’une manifestation.

Mais quand le vent tournera, quand les femmes du peuple prendront massivement en main leur destin, ce qui est sûr c’est que les post-modernes seront les premiers à sentir le sol se dérober sous leurs pieds.

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«GPA: un marché aux femmes»: un dossier de la CIAMS en collaboration avec le Mouvement du Nid

Face aux diverses pressions pour la légalisation de la GPA, l’association abolitionniste de la prostitution le Mouvement du Nid s’est associée à la CIAMS (Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution) pour produire un dossier faisant le point sur cette pratique relevant du trafic d’êtres humains.

Le Mouvement du Nid, bien que fournissant un travail de terrain et d’information principalement autour de la prostitution, s’est toujours positionné contre la GPA en soulignant sa similitude avec la prostitution en terme de marchandisation du corps des femmes. Au-delà de son énorme activité de terrain en soutiens aux personnes victimes de la prostitution, de son travail en direction des pouvoirs publics, cette association féministe sait produire des campagnes en direction de la population. C’est là quelque chose de très important lorsque l’on vise à faire pression sur des législations futures.

En effet, pour empêcher à tout prix une généralisation de la GPA, la Gauche, les féministes ne pourront que miser que sur une importante mobilisation à la base, il faut absolument appuyer les démarches allant dans ce sens.

Voici l’introduction du dossier, qui contient de vrais arguments de gauche qui n’ont rien à voir avec la soupe libérale qu’on peut entendre de la part du bloc pro-prostitution, pro-GPA.

« C’est le premier dossier que nous consacrons à la maternité de substitution (dite aussi gestation pour autrui, GPA). Le parallèle entre cette pratique et la prostitution est souvent fait, notamment pour montrer l’instrumentalisation des femmes. Dans une perspective féministe, ce dossier permet de mieux connaître, comprendre et analyser un phénomène devenu, en une trentaine d’années, un marché mondial estimé à présent à 6 milliards de dollars, et qui pourrait atteindre 27 milliards en 2025 (Ugalmugle et Swain: 2019). La matière première de ce marché, ce sont les femmes: leurs corps reproductifs, leurs besoins matériels, leur supposé altruisme. Comme la prostitution, c’est une pratique d’exploitation des femmes, basée intrinsèquement sur des violences à leur égard. Si l’approche ici est résolument critique, il s’agit de dénoncer la démarche d’exploitation et l’industrie qu’elle génère, et nullement les femmes qui deviennent mères porteuses. »

Pour lire le dossier, cliquer sur l’image :

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Nouvelle répression de survivantes de la prostitution à une manifestation contre les violences faites aux femmes

Depuis tout juste un an, le mouvement féministe à connu un tournant avec des violences à l’égard des femmes. De manière tout à fait intolérable, il y a particulièrement des violences à l’égard de femmes ayant vécu la violence de la pornographie et de la prostitution, des femmes organisées contre ces industries patriarcales.

Le 25 novembre est la journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, c’est la seule date, avec le 8 mars, qui soit entièrement dédiée à la question de l’émancipation féminine. Et depuis quelques années, cette journée tend à être détournée par les lobby du proxénétisme et le milieu queer. Selon ces personnes, ces deux journées devraient être plus « inclusives » des « minorités de genre ». Qu’ils incluent les « travailleurs du sexe » dans la question du genre ne semble pas, par ailleurs, troubler leur intelligence.

Lire aussi : 8 mars àParis : des féministes agressées par l’ultra-gauche libérale-libertaire

Une grande majorité des violences faites aux femmes sont donc complètement effacées de ces journées, le fait qu’il ne faudrait plus utiliser le mot « femmes » en est l’expression la plus révélatrice.

Les milieux féministes des centres-villes sont donc complètement phagocytés, le féminisme est étranglé par la décadence du capitalisme.

Les féministes abolitionnistes savent donc désormais qu’aller en manif est un risque, que ce sera une affirmation antagoniste dans ce qui devrait être leur mouvement, leur lieu d’expression.

Le Collectif Abolition Porno Prostitution (CAPP), a voulu porter la parole des survivantes de la prostitution le 25 novembre à Paris, comme le 8 mars dernier. Et la réponse prévisible du féminisme libéral a été encore une fois de réprimer cette parole. C’est littéralement violenter des femmes dans une manifestation contre les violences faites aux femmes.

https://twitter.com/CAPP_Radfem/status/1331678820580126725

Tant qu’il n’y aura pas de mouvement de masse, les revendications démocratiques seront étouffées par un militantisme libéral superficiel et puéril dans les villes. Il y a fort à parier que le vide politique actuel des zones rurbaines et péri-urbaines sera demain un terrain propice à l’affirmation d’un féminisme populaire et radical, qui finira par l’encerclement des villes et le rétablissement du féminisme, partout.

On trouvera sur la page Facebook du Collectif Abolition PornoProstitution – CAPP une vidéo présentant les faits de manière très précise et avec une analyse très juste.

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Les 30 arguments du mouvement du Nid contre la prostitution

La prostitution est une véritable barbarie, une des pires expressions du patriarcat. Que des hommes puissent s’acheter le corps d’une femme (ou d’un jeune homme) est inacceptable pour la Gauche, la vraie gauche, celle du mouvement ouvrier, qui porte en elle le progrès social et culturel, et donc la morale populaire.

Tel n’est pas le point de vue de l’ultra-gauche et de toute une frange de la fausse Gauche, mais vraie libérale, qui défend la prostitution comme un soi-disant « travail du sexe ». Le mouvement du Nid, une organisation historique du féminisme, a produit une série de 30 questions/réponses qui ont pour but de synthétiser toute l’approche féministe opposée à la prostitution.

Cela mérite d’être connu, car la prostitution est très répandue dans notre société et elle dispose de nombreux défenseurs, parfois acharnés, parfois se prétendant « de gauche ».

Les 30 questions/réponses sont à consulter directement sur le site du mouvement du Nid en suivant ce lien :

Nos 30 arguments en faveur de l’abolition de la prostitution

Voici à titre d’exemple les deux premiers arguments, qui sont essentiels :

« — La prostitution, c’est une affaire privée qui regarde d’abord les personnes prostituées. Certaines aimeraient surtout qu’on les laisse tranquilles.

– — Reconnaître la « liberté » des personnes prostituées, leurs raisons personnelles, semble partir d’un bon sentiment. Faut-il pour autant valider un concept de «liberté de se prostituer» qui, sous couvert de vie privée sert d’abord les intérêts de ceux qui profitent de la prostitution : proxénètes et « clients ».

Devenus de respectables acteurs économiques dans certains pays, ils ne demandent pas mieux qu’on les laisse, en toute tranquillité et en privé, fournir et consommer des femmes.

Les défenseurs du système prostitueur, en nous qualifiant de putophobes, déplacent le curseur pour faire oublier que les abolitionnistes s’attaquent aux proxénètes et aux « clients » prostitueurs et non aux personnes prostituées !

Nous combattons toute forme de répression des personnes prostituées, et jamais nous n’intervenons sur la sexualité des personnes dans leur vie privée. Mais la prostitution ne relève pas de la vie privée : il s’agit d’un marché, d’une institution sociale qui affecte les rapports femmes/hommes et la société dans son ensemble. Et nous pensons que les personnes prostituées sont douées de compétences plus profitables pour la société comme pour elles-mêmes.

« — Il y a d’autres priorités. Il vaudrait mieux lutter contre la pauvreté et le chômage.

– — En période de crise, des personnes de plus en plus nombreuses et de plus en plus jeunes en sont réduites à devenir prostituées: c’est une véritable négation de leur droit à l’emploi, du droit à vivre libéré de la pauvreté et de la précarité. Ces situations de prostitution, résultantes des acci- dents de la vie, de problèmes économiques et sociaux dont on sait combien ils sont démultipliés par les inégalités sexistes, doivent être considérées au même titre que toutes les autres formes d’extrême pauvreté. Quelle politique globale en faveur de l’emploi, de la dignité et de l’égalité oserait les laisser dans l’ombre ? »

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Pornographie: communiqué de presse féministe dénonçant viol et proxénétisme

« Jacquie et Michel » est un site pornographique tellement connu en France qu’il est presque devenu un nom commun, ou en tous cas l’objet de blagues graveleuses systématiques de la part des beaufs. Aujourd’hui, il est l’objet d’une enquête préliminaire pour proxénétisme aggravé et viols.

Voici le communiqué de presse des associations Le Mouvement du Nid, Osez le Féminisme ! et Les Effronté.es à ce sujet, qui dénoncent à juste titre l’industrie de la pornographie comme une forme de prostitution. L’industrie de la pornographie est une offense permanente et sordide à la dignité des femmes en particulier, et à la dignité humaine en général ; il n’est pas étonnant que le viol y soit monnaie courante.

« Ouverture d’une enquête contre “Jacquie et Michel” pour viol et proxénétisme

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le Mouvement du Nid, Osez le Féminisme ! et Les Effronté.es se réjouissent que, suite aux signalements  faits par nos associations au Procureur de la République le 27 février 2020, le parquet de Paris ait décidé d’ouvrir une enquête préliminaire à l’encontre de la société « Jacquie et Michel » pour proxénétisme aggravé et viols. Nous dénonçons les violences sexistes et sexuelles inhérentes au système pornocriminel et demandons justice pour les victimes. 

Le 18 février 2020, nous avions été en effet nombreuses et nombreux à être choqué.es, face aux révélations de la vidéo ”Les dessous sordides du porno amateur” diffusée sur la chaîne KONBINI : une enquête dénonçant les viols  lors des « tournages » de l’entreprise pornographique “Jacquie et Michel”. Y était également démontré le proxénétisme aggravé en bande organisée, expliqué par le co-fondateur lui-même dans un enregistrement téléphonique.

Le témoignage de Karima dans le journal 20 minutes paru ce soir décrit les mêmes pratiques de violences sexuelles, et d’abus de faiblesse. Il est aussi similaire aux témoignages reçus dans nos associations d’accompagnement des personnes prostituées. “Nous espérons ainsi que cette procédure judiciaire permettra de révÉler la réalité de “l’industrie pornographique, qui relève de la prostitution filmée. Nous recevons de nombreux témoignages de personnes accompagnées qui vont dans ce sens”, souligne Claire Quidet, présidente du Mouvement du Nid.

C’est donc un système organisé, des modes opératoires bien huilés à travers lesquels les proxénètes de “Jacquie et Michel” ciblent les femmes les plus vulnérables, pour commettre des violences sexuelles contre elles; un système déjà dévoilé par le livre-enquête “Judy, Lola, Sofia et moi” de Robin d’Angelo en 2018. Cette impunité doit cesser.

“Que pourrait-être un mouvement féministe de lutte contre les violences sexuelles comme #MeToo si nous ne nous pensons pas d’abord aux femmes qui subissent les pires viols et tortures, les violences organisées et systémiques du système pornocriminel et prostitueur”, souligne Céline Piques, porte-parole d’Osez le Féminisme !

La France a adopté en 2016 une législation pour lutter contre le système prostitueur : la loi abolitionniste a permis de décriminaliser les personnes prostituées, et de pénaliser le “client” prostitueur, mais aussi de renforcer la lutte contre le proxénétisme (+54% d’enquêtes ouvertes pour proxénétisme en 4 ans, selon le rapport interministériel de juillet 2020). Ces violences sexistes et sexuelles sont trop souvent concomitantes au trafic d’êtres humain.es, si colonialistes et racistes dans leurs racines profondes. Or, quelle est la différence entre prostitution et pornographie, sinon la présence d’une caméra dans la pièce ? Il est indispensable que le système pornocriminel cesse d’être l’angle mort de la politique abolitionniste de la France. Nous nous félicitons de cette réponse pénale aujourd’hui.

“Nous ne nous laisserons pas berner par la stratégie de glamourisation de la violence du système pornocriminel : loin d’être une marque populaire, fun et française, Jacquie et Michel est un cheval de Troie de la culture du viol, qui cible en priorité les plus jeunes”, souligne Claire Charlès, présidente des Effronté.es. 88% des vidéos pornographiques contiennent des scènes de violences sexuelles explicites.

Aujourd’hui, si nous nous félicitons de l’ouverture de cette enquête préliminaire pour viols et proxénétisme contre “Jacquie et Michel”, nous espérons toutefois que les actes de torture et barbarie et d’abus de faiblesse que nous avions également signalés seront retenus dans les qualifications pénales à venir.
Nous continuerons à dénoncer le proxénétisme et le système prostitueur sous toutes ses formes et à défendre une sexualité libérée des oppressions, pour toutes les femmes. »

Voici également un vidéo de prévention sur la prostitution filmée, par le Mouvement du Nid :

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Tribune anti-prostitution: «Sous le Strass, le corporatisme d’un monde libéral et antiféministe»

Le journal L’Humanité a publié vendredi 28 juillet 2020 une tribune très intéressante, dénonçant les défenseurs de la prostitution qui se prétendent féministes. Les arguments sont pertinents et revendiquent la Gauche historique… mais on se demande où étaient ces gens pendant toutes ces années. Car toute cette offensive libérale sur le plan des mœurs ne date pas d’aujourd’hui, et ne se limite pas qu’à la défense de la prostitution.

Voici la tribune et sa liste de premiers signataires :

« Sous le Strass, le corporatisme d’un monde libéral et antiféministe

Depuis quelques années, les médias de gauche ouvrent leurs colonnes à une obscure association corporatiste se présentant comme syndicat des « travailleuses du sexe » (STRASS). Cette association, portée par un projet profondément libéral vise à soumettre l’ensemble des activités humaines aux logiques du marché capitaliste.

Leur projet s’oppose à toutes les femmes qui luttent contre les violences qui leur sont faites au premier rang desquelles se trouvent les violences sexuelles. Les positions du STRASS sont en opposition radicale avec les organisations qui défendent le droit des salarié-e-s.

La position de la CGT et de la gauche majoritaire est très claire à l’égard de la prostitution.

« Dans la prostitution, la personne est engagée tout entière ; il n’y a plus de séparation entre elle et la fonction qu’elle occupe. Pour nous, la force de travail physique ou intellectuelle est à distinguer de l’intimité. Le sexe doit rester une barrière, il est du domaine de l’inaliénabilité. Tout ne se vend pas. »

Voilà en substance la position de la CGT concernant l’activité prostitutionnelle. Cette position est historiquement celle portée par la gauche française qui soutiendra dans sa grande majorité la campagne de Joséphine Butler pionnière de la lutte abolitionniste à la fin du XIXe siècle.

Le Parti Communiste a lui aussi affirmé maintes fois son positionnement abolitionniste et s’est prononcé en faveur de la pénalisation des clients. Du côté de Marx, la prostitution est une activité qui n’ouvre pas sur une contradiction porteuse d’émancipation comme c’est le cas pour l’ouvrier mais une activité seulement destructrice de l’individu.

Alors que le nombre de personnes se trouvant sous le seuil de pauvreté ne cesse d’augmenter dans ce pays, les médias de masse ne cessent de faire la promotion de la prostitution. Ils recourent au vocabulaire de la « travailleuse du sexe » et soutiennent que la prostitution serait un « travail comme un autre » en donnant régulièrement la parole au STRASS.

Or, ce « syndicat » est en réalité une association Loi 1901. Il est signataire de la charte du GLOBAL network of sexwork project (NSWP) lobby mondial en faveur du système prostitutionnel. La charte du NSWP prévoit d’inclure à la fois les femmes prostituées, les « intermédiaires » et les « managers » (autrement dit des proxénètes) sous le vocable de « travailleurs du sexe ».

Cela s’appelle une corporation. Comme le rappelle la CGT, un syndicat doit faire preuve d’une totale indépendance à l’égard de l’employeur. Ce n’est manifestement pas le cas du STRASS puisque ses principales revendications portent sur « la dépénalisation du proxénétisme et le refus de pénaliser les clients. Autrement dit, garantir et préserver la liberté pleine et entière d’exploiter !» soulignent Sophie Binet et Sabine Reynosa de la CGT.

Le STRASS tout comme Médecins du Monde France (contrairement à Médecin du Monde Espagne qui se bat pour l’abolition de la prostitution) ont saisi le Conseil Constitutionnel en janvier 2019 pour demander la suppression du délit « d’achat d’un acte sexuel sur les enfants, les personnes handicapées, les femmes enceintes et les personnes vulnérables », arguant que ces catégories de personnes pouvaient elles aussi « consentir ».

Leur argumentaire juridique consiste à soutenir que « pénaliser le client » porterait gravement atteinte « à la liberté individuelle, la liberté contractuelle et la liberté d’entreprendre » ! Discours classique de l’idéologie libérale qui fait abstraction de l’atteinte à la dignité des personnes prostituées et ne dit rien des violences qu’elles subissent au quotidien.

Rappelons que 80 % des personnes qui « consentent » à subir des pénétrations sexuelles non désirées sont des personnes étrangères et que 90 % sont des femmes. L’âge moyen d’entrée dans la prostitution est de 14 ans et leur espérance de vie moyenne est 34 ans !

La prostitution est une domination de classe profondément misogyne, raciste et LGBTphobe. C’est aussi un système largement pédocriminel (enfants et adolescents étant source de plus de profit). En outre, les corporations comme le Strass veulent revenir à une conception archaïque du viol, en refusant de considérer qu’une pénétration obtenue sous la contrainte de l’argent du « client » prostitueur ou d’un proxénète soit un viol.

Pourtant l’immense majorité des viols sont commis sans violence, par le biais de stratagèmes, de rapport de force morale et de sidération psychique. Les mêmes mécanismes qui rendent possible la soumission des personnes victimes de prostitution. Ainsi sous couvert de défendre des personnes prostituées, ces corporations sont des chevaux de Troie réactionnaires, gouvernés par un projet ultra libéral et antiféministe visant à décriminaliser le viol sous contrainte morale pour permettre la régulation des rapports sexuels sous l’égide d’un marché capitaliste. Cela représenterait un recul civilisationnel considérable.

Premiers signataires: Benoît Martin, secrétaire général de l’union départementale CGT Paris; Nathalie Arthaud, porte-parole de Lune ouvrière; Laurence Cohen, sénatrice PCF; Hélène Bidard, responsable de la commission féminisme du PCF; Charlotte Pommier, Parti de gauche; Amor Bella, rédacteur en chef de la revue Progressistes; Stéphanie Roza, chargée de recherche (CNRS/ENS Lyon); Michel Étievent, historien; René Granmont, directeur-gérant du Travailleur catalan; Jean-Michel Galono, professeur de philosophie, syndicaliste et membre de la rédaction du Travailleur catalan; Lise Bouvet, philosophe et traductrice féministe; Florian Galli, agrégé de philosophie; Suzy Rojtman, Collectif national pour les droits des femmes: Claire Charlès, présidente des Effronté-es; Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme, ; Nelly Martin, Marche mondiale des femmes; Anne Godard, membre de la direction nationale de Femmes solidaires: Daria Khovanka, survivante de la prostitution et militante abolitionniste; Mourad Aliaza, survivant de la prostitution ; Rosen Hicher, survivante de la prostitution. »

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Tribune: «Violences contre des survivantes de la prostitution»

Voici une tribune initialement publiée dans L’Humanité ce lundi 16 mars, pour dénoncer ces agressions révoltantes de féministes défendant l’abolition de la prostitution le 8 mars dernier.

Une vidéo de l’agression parisienne a d’ailleurs été publiée par un journaliste indépendant. Ce qu’on y voit est insupportable et indéfendable !

Voici la tribune :

« Violences contre des survivantes de la prostitution

Texte collectif

S’il est un système qui résume toutes les exploitations, toutes les oppressions, toutes les discriminations, c’est le système prostitutionnel.

S’il est des personnes, très majoritairement des femmes, qui ont tout vécu, tout subi sur l’échelle des violences sexistes et sexuelles, ce sont les victimes de la prostitution.

Et s’il est des femmes courageuses, ce sont bien les survivantes qui s’engagent dans le combat contre ce système. Un combat jalonné par la misère et la précarité, et par-dessus tout, marqué par les insultes et les menaces, y compris contre leur vie. Car ces femmes, elles, osent s’attaquer à des réseaux internationaux parmi les plus puissants et les plus cruels au monde.

Alors, s’il est un lieu où elles devraient être accueillies, protégées et célébrées comme les héroïnes qu’elles sont, ce sont bien les mobilisations féministes.

Et pourtant… Bruxelles, Paris, Toulouse, Marseille… Insultes, arrachages de banderoles et jusqu’aux agressions physiques contre des militantes et militants abolitionnistes se multiplient au rythme de l’extension du mouvement en faveur des droits des femmes. Des survivantes ont subi des coups, en France, dans le cadre des manifestations du 8 mars. Et alors qu’ensuite la plupart des manifestant·e·s célébraient dans la joie le grand succès des mobilisations, deux d’entre elles passaient cette même nuit entre commissariat et urgences médico-judiciaires.

Solidaires de toutes les associations abolitionnistes qui les soutiennent, on ne peut pas se taire face à cette réalité et face au lynchage, particulièrement ignoble, des survivantes de la prostitution !

Au-delà d’assurer les victimes de notre pleine solidarité et soutien, nous tenons à réaffirmer notre engagement dans la lutte contre cette violence extrême qu’est la prostitution. Il incombe au gouvernement de financer, renforcer et garantir le parcours de sortie de cet enfer.

Signataires

Jocelyn Adriant-Mebtoul, Présidente de la CLEF

Clémentine Autain, Députée FI

Zahra Agsous, Maison des Femmes de Paris

Ana Azaria, présidente de Femmes Égalité

Marie-Noelle Bas, Chiennes de garde 

Flor Beltran Las Rojas, collectif de femmes latino américaines, 

Hélène Bidard, Responsable nationale de la commission féministe / droits des femmes du PCF.

Oriane Bonnazi, Femmes Gilets Jaunes

Claire Charlès, Secrétaire générale des Effronté-es

Monique Dental, Réseau féministe “Ruptures

Claire Desaint, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir

Marie-Hélène Franjou, Amicale du Nid

Cécile Gondard Lalanne, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires

Cherifa Khiari, Comité de soutien aux Femmes du Palais

Le Planning Familial 94.

Le Planning familial Paris.

Mélanie Luce, présidente de l’UNEF

Myriam Martin, porte parole Ensemble!

Nelly Martin, Marche Mondiale des Femmes France

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT

Florence Montreynaud, « Encore féministes ! »

Catherine Morin Le Sech, co-présidente de CQFD Lesbiennes Feministes

Maud Olivier, ECVF

Céline Piques, porte-parole d’Osez le Féminisme !

Emmanuelle Piet, Collectif féministe contre le viol

Claire Quidet, Mouvement du Nid

Lorraine Questiaux, militante féministe et avocate.

Sabine Salmon, Femmes solidaires

Muriel Salmona, Mémoire Traumatique et Victimologie 

Roselyne Rollier, Maison des Femmes Thérèse Clerc de Montreuil

Suzy Rotjman, porte-parole du Collectif National pour les Droits des Femmes

Benoît Teste, secrétaire général de FSU

Aurélie Trouvé, porte parole d’ATTAC »

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Nouvel ordre Société

«La prostitution, plaie et honte de notre civilisation»

Voici un petit article très intéressant, issu d’une rubrique du journal Le Populaire (organe du Parti Socialiste SFIO) daté du 5 juin 1934 et évoquant le sujet de la prostitution.

1934. Une militante socialiste s’adresse à une militante contre la prostitution, qu’elle veut convaincre de rejoindre la lutte politique, générale, contre le capitalisme. Quand elle évoque la prostitution, son point de vue est simple, clair, net et précis : la prostitution est la plaie et la honte de notre civilisation.

Voilà le point de vue de la Gauche historique, affirmant la morale prolétarienne contre la décadence bourgeoise et la corruption des corps et des esprits par le grand marché capitaliste. Voilà qui est littéralement opposé à l’ultra-gauche libérale libertaire et décadente, défendant la prostitution et agressant même des féministes opposées à la prostitution.

Cet article est issu de la rubrique « La militante – tribune des femmes socialistes » du journal Le Populaire daté du 5 juin 1934 :

Le « redressement moral »

J’ai rencontré une protagoniste du droit de vote pour les femmes dans un préau d’école un soir de scrutin. Le lieu n’était pas très propice aux conversations et encore moins aux discussions, car c’était au moment du dépouillement des bulletins de vote. Nous étions dans une atmosphère de grande surexcitation, de sorte qu’entrecoupé par des cris d’une foule houleuse et énervée, notre entretien ne fut pas long.

J’eus juste le temps d’apprendre que mon interlocutrice appartenait également à la Ligue du « Redressement moral ». Cette ligue tient, paraît-il, à rester en dehors de la politique, et ne désire que s’occuper des questions concernant la prostitution. Sa tâche principale est le relèvement de la moralité.

Je regrette la brièveté de notre entretien. Mais dans l’espoir que notre page retient parfois l’attention de mon interlocutrice, j’essayerai de le continuer ici tout en tirant les conclusions logiques. Si j’en avais eu le temps, j’aurais demandé : « Comment cette ligue prétend-elle, dans les cadres du régime actuel, faire un véritable redressement ? Quels remèdes préconise-t-elle pour le relèvement de ces « créatures immorales » que vous dites en marge de la société, de cette société pourtant si coupable envers ces malheureuses ? »

Vous savez sûrement, madame, que l’on ne peut apporter des remèdes efficaces aux maux de toute sorte sans en rechercher les causes. Vous connaissez, bien entendu, les faits principaux amenant ces femmes à la prostitution, plaie et honte de notre civilisation.

Ces pauvres filles sont tantôt des bonnes séduites par le patron ou le fils de la maison et abandonnées à leur sort, tantôt c’est la grande misère de leur famille qui pousse les jeunes filles à faire commerce de leur corps, souvent les travailleuses des magasins ne gagnent qu’un salaire dérisoire, alors qu’elles sont obligées d’être mises plus que correctement.

Nous, femmes socialistes, nous les connaissons tous ces phénomènes aboutissant à l’immoralité forcée ; mais ce que nous savons aussi, c’est que la véritable cause de toutes les misères de l’humanité, y compris la prostitution, réside dans le régime même que nous subissons. C’est seulement en changeant la structure sociale et économique de la société que l’on arrivera à un réel « redressement de la moralité » et non en prêchant simplement une moralité que les circonstances rendent si difficile d’observer.

J’étais d’accord avec mon interlocutrice pour revendiquer le droit de vote.

Mais, contrairement à ce que pensent les féministes, le vote n’est pas pour nous un but, mais un moyen devant servir à l’affranchissement total de la femme. En amenant les femmes sur l’arène politique, surtout celles qui appartiennent à la classe travailleuse, celles qui fournissent le plus grand contingent de ces parias – objet des préoccupations des dames patronnesses – on arrivera à mieux leur faire comprendre leur propre intérêt, et elles verront qu’il est nécessaire pour elles de travailler à l’émancipation des classes opprimées et de préparer l’établissement du régime socialiste, qui, seul, fera disparaître le chômage et la misère, facteurs essentiels de la prostitution.

Ainsi la femme contribuera à l’instauration d’une vie saine et morale, que les conditions actuelles de vie rendent impossible.

Hélène EPSTEIN.

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Politique

Mouvement du nid: «Des personnes prostituées agressées et réduites au silence dans des manifestations du 8 mars»

Voici le communiqué du mouvement du Nid, une association luttant contre la prostitution depuis de nombreuses années. Le communiqué revient sur ces faits graves et très peu condamnés, où des féministes réclamant l’abolition de la prostitution se sont faites agresser violemment, à Paris, Toulouse, Marseille et Bruxelles.

« Des personnes prostituées agressées et réduites au silence dans des manifestations du 8 mars

Violences physiques, violences verbales, arrachages de pancartes. Au moins trois survivantes de la prostitution et plusieurs bénévoles d’associations abolitionnistes dont le Mouvement du Nid ont été agressées le 8 mars 2020 lors des manifestations de lutte pour les droits des femmes. Le Mouvement du Nid adresse un message fort de soutien aux victimes et dénonce fermement ces agressions qui visent à faire taire les survivantes de la prostitution.

Des femmes qui ont le courage de témoigner et de s’élever contre un système prostitueur qui fait dans le monde des millions de victimes, femmes et enfants en premier lieu. La Présidente du Mouvement du Nid, Claire Quidet, s’insurge : « Aujourd’hui des personnes qui ont le courage d’exprimer les violences qu’elles ont vécues dans la prostitution sont insultées et même agressées physiquement. Parce qu’elles osent une vérité bien loin du diktat du lobby « pro travail du sexe », qui sert les intérêts et les profits des proxénètes et des prostitueurs, tout semble permis pour les réduire violemment au silence ».

“C’est tellement plus confortable pour la société de ne pas entendre cette parole”, confirme Stéphanie Caradec, directrice de l’association qui accompagne chaque année plus de 1300 victimes de prostitution. “Les associations qui accueillent et accompagnent de manière inconditionnelle les personnes prostituées sont malmenées, diffamées, ce qui complique notre travail de terrain en soutien à ces personnes. C’est inadmissible et il faut que ces violences cessent”.

Dans le contexte de la libération de la parole des femmes suite au mouvement #Metoo, il est insupportable que celle des plus opprimées d’entre elles soit non seulement peu entendue, mais réduite à néant, censurée.

Témoignages recueillis par le Mouvement du Nid

  • A Paris, M.,une survivante de la prostitution qui manifestait auprès du Collectif Abolition Porno Prostitution a été frappée au visage. Elle raconte : “À 17h, j’étais, avec une amie du Collectif Abolition Porno Prostitution en train de déballer une banderole pour accueillir l’arrivée de la marche Place de la République. Tout s’est passé très vite. J’ai vu arriver en courant, derrière mon amie, une quinzaine de personnes vêtues de noir. Elles ont crié « c’est là, c’est elles ! ». Mon amie s’est pris un coup de pied dans le dos et s’est effondrée par terre. On nous a arraché notre banderole. J’ai voulu me relever pour la retenir, mais une femme m’a frappée au visage. S’en est suivi une mêlée, je prenais des coups sans savoir si j’avais une, deux ou trois personnes sur moi. J’ai repris mes esprits maintenue au sol, dans une flaque, par l’un des CRS qui a stoppé l’agression. D’autres amies du collectif qui se trouvaient un peu plus loin avaient suivi la scène, choquées. Quelqu’un est venu leur demander « C’est ici l’assaut contre les abolos ? ».

Les victimes de cette agression ont ensuite porté plainte. Deux d’entre elles ont du passer la nuit aux urgences.

  • A Toulouse, Fiji, une survivante de la prostitution qui tenait une pancarte abolitionniste, a été attaquée par des femmes en rollers qui ont tenté de la lui arracher. Heureusement, les manifestantes autour d’elle sont immédiatement intervenues pour la protéger. Elle est très choquée.
  • A Marseille, une bénévole du Mouvement du Nid a été violemment prise à partie : “3 femmes, plutôt jeunes, ont sauté sur ma pancarte pour me la tirer et me l’arracher violement. D’autres femmes ont tentè de les en dissuader mais elles étaient trop virulentes”.
  • A Bruxelles enfin, des manifestantes ont scandé « mort aux fachos, mort aux abolos » (cf la vidéo) ci-jointe. E., survivante de la prostitution qui était dans le cortège témoigne : “je me suis prise la violence d’un prostitueur qui m’a entraînée dans des actes de prostitution, le stigmate de la prostitution et maintenant je suis incitée à mourir en manif pour les droits des femmes parce que je souhaite dénoncer la violence subie”.

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Politique

Témoignage d’une féministe pour l’abolition de la prostitution agressée dimanche

Voici le témoignage d’une des personnes membres du Collectif Abolition PornoProstitution (CAPP) agressée dimanche par un collectif d’ultra-Gauche :

« Hier, dimanche 8 mars 2020, je suis allée manifester. Je pensais finir cette journée de lutte pour nos droits en la célébrant joyeusement autour d’un verre, entre amis. Je n’avais pas prévu de passer ma soirée et une bonne partie de ma nuit aux urgences et au comissariat.

À 17h, j’étais, avec une amie du Collectif Abolition Porno Prostitution en train de déballer une banderole pour accueillir l’arrivée de la marche Place de la République.
Tout s’est passé très vite. J’ai vu arriver en courant, derrière mon amie, une quinzaine de personnes vêtues de noir. Elles ont crié « c’est là, c’est elles! ». Mon amie s’est pris un coup de pied dans le dos et s’est effondrée par terre. On nous a arraché notre banderole. J’ai voulu me relever pour la retenir, mais une femme m’a frappée au visage. S’en est suivi une mêlée, je prenais des coups sans savoir si j’avais une, deux ou trois personne sur moi. J’ai repris mes esprits maintenue au sol, dans une flaque, par l’un des CRS qui a stoppé l’agression. D’autres amies du collectif qui se trouvaient un peu plus loin avaient suivi la scène, choquées. Quelqu’un est venu leur demander « C’est ici l’assaut contre les abolos? ».

Aujourd’hui, je me réveille dans un drôle d’état, l’esprit et le corps meurtris. Je réalise petit à petit.
J’ai été agressée pour avoir voulu déployer une banderole sur laquelle figurait les visages des femmes tuées par le système prostitutionnel.
On m’ a passée à tabac pour m’empêcher de dénoncer l’extrême violence d’un système qui n’est pas, pour moi, un concept abstrait, mais un enfer que j’ai connu de l’intérieur, qui a causé la mort de femmes qui étaient mes amies et qui m’a durablement abîmée.
Et enfin, souillée par cette accusation absurde de fachisme. Qui sont les fachistes? Une milice qui empêche, par la violence, des femmes de s’exprimer lors d’une manifestation pacifique? Où celles qui tentent de défendre les victimes d’une industrie meurtrière qui exploite principalement des femmes migrantes, racisées, précaires et réduites au silence?
Où est la cohérence?
Je suis blessée par dessus tout d’avoir été la cible de prétendus « antifa », me considérant moi même comme telle. Mon amie m’a dit, en sortant des urgences « c’est comme si j’avais été tabassée par les miens ou par moi même ». Skizophrénique.

Il se peut que nous ayons été agressées par erreur, même si nous semblions bien identifiées et ciblées par nos assaillants. Mais peu importe, puisque j’ai pu lire sur les réseaux sociaux de nombreux messages de soutien à nos agresseurs, pleins de haine à notre encontre et contre la cause que nous soutenons avec toute notre âme, par amour pour nos soeurs de toutes origines.

Sans compter que le slogan « mort aux fachos, mort aux abolos » n’est pas nouveau et a retenti hier dans de nombreux cortèges, notamment à Bruxelles où un groupe de survivantes a été harcelé par des opposantes. Cette technique employée pour nous faire taire est donc assez fréquente.

Si nous étions peu nombreuses hier, pour porter notre message, c’est que beaucoup d’entre nous craignent (à raison, preuve en est) la violence des activistes pro-prostitution. Nous avons d’ailleurs, avant cette attaque, essuyé plusieurs insultes et menaces de mort du type « on va leur couper la tête », au sein même de la manifestation. Aujourd’hui, nous faisons le décompte des agressions subies hier par nos camarades abolitionnistes partout en France et en Europe : en Espagne, en Belgique, à Toulouse, etc, des militantes, dont des survivantes, ont été harcelées, menacées, bousculées ou frappées pour avoir voulu dénoncer l’une des pires des violences masculines. Cela s’inscrit dans une longue série d’agressions. Ce qui s’est passé hier à Paris ne peut donc en aucun cas être considéré comme un fait isolé ou une erreur de cible et soulève de sérieuses questions de fond.

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=2657989054324599&id=100003405904005

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=3702379943137988&id=100000980564296

Cette année, j’ai été très émue de constater la gigantesque avancée de l’indignation contre les violences faites aux femmes, notamment en voyant l’augmentation du nombre de manifestantes lors des marches féministes. Le 23 novembre, j’ai pleuré devant la forêts de panneaux « on vous croit », « ce n’était pas de votre faute » brandies par le mouvement Nous Toutes… Il semble qu’après les récentes actions féministes très médiatisées comme metoo ou la superbe campagne lancée par Marguerite Stern contre les féminicides, il soit désormais assez communément admis que les viols et les meurtre de femmes, c’est mal.

Il reste donc une seule catégorie de femmes pour laquelle cet axiome ne s’applique apparemment pas dans l’esprit de nombreuses « féministes » : les personnes prostituées.
En effet, il serait « putophobe » ou « facho » de dénoncer la violence inconcevable que subissent ces femmes. Cela justifierait même de se faire démolir la mâchoire lors d’une journée mondiale de lutte pour les droits des femmes, ou d’appeler au meurtre de militantes.

J’invite toutes les personnes qui se questionneraient sur la prostitution à lire des choses à ce sujet. Les théories simplistes du strass ou les « enquêtes » de quelques privilégiées qui auraient « testé » le « travail du sexe » par désoeuvrement, pourquoi pas. Mais aussi et surtout, les centaines témoignages des premières concernées recueillis par le Mouvement du Nid depuis des décennies, ou sinon, à aller voir la pièce « les survivantes » au théâtre 13. Les travaux d’Andrea Dworkin ou de Claudine Legardinier. Les articles rassemblés sur le site « ressources prostitution ». Les statistiques et recherches de la psychiatre Muriel Salmona sur les conséquences traumatiques des personnes en situation de prostitution, sur le site « mémoires traumatique et victimologie ».
Bref, on ne manque pas de matière. Donc, s’il vous plaît, lisez, réflechissez et faites preuve d’honnêteté intelectuelle et de bon sens.  »

Clarissa  »

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Politique

8 mars 2020 à Paris: des féministes agressées par l’ultra-gauche libérale-libertaire

Un collectif d’ultra-gauche s’en est pris à un petit regroupement d’extrême-Droite lors de la marche des femmes du 8 mars… Agressant au passage le petit cortège du Collectif Abolition PornoProstitution. Voulue sciemment ou pas, l’agression correspond en tout cas tout à fait à la démarche postmoderne de légitimer la prostitution et de démolir ceux qui la combattent.

Voici le témoignage d’une militante membre du Collectif Abolition PornoProstitution (CAPP), racontant l’agression (qui a été interrompue par les forces de l’ordre) :

Le CAPP défend le point de vue suivant : la pornographie et la prostitution relèvent d’une industrie du viol liée au patriarcat, tout comme la GPA (gestation pour autrui), qui relève du « sexclavagisme ».

C’est là un point de vue qui, il y a trente, quarante ans, dans les rangs de la Gauche historique, était une évidence. Inversement, pour la Gauche « post-historique », post-industrielle, postmoderne, c’est inacceptable : selon elle, les prostituées sont des « travailleuses du sexe ».

L’agression du collectif le 8 mars à Paris était-elle ainsi volontaire, menée juste « en passant », ou un ratage ? Il apparaît en tout cas que c’est clairement le discours abolitionniste par rapport à la prostitution qui a amené l’agression, les « abolos » étant dénoncés lors de celle-ci, le CAPP étant depuis quelques temps déjà la cible de dénonciations pour sa position censée être « putophobe et transphobe ».

Car pour les postmodernes, toutes les personnes opposées à la prostitution sont des fachos. Pour les postmodernes, toutes les thèses culturelles de la Gauche historique relèvent de la réaction. Les postmodernes valorisent la prostitution, l’art contemporain, l’amour libre, la PMA pour toutes, la GPA, la banalisation de l’avortement, la vente libre de drogues, le porno « libre », les rapports sado-masos… Les postmodernes, c’est le capitalisme personnifié, le libéralisme complet, c’est Emmanuel Macron puissance 10.

Menée délibérément ou pas, l’attaque d’ultra-gauche contre le Collectif Abolition PornoProstitution est donc objectivement tout à fait cohérente. Elle représente toutefois un saut réel dans l’agression physique contre les valeurs de la Gauche historique, ce qui ne va pas sans problèmes, d’ailleurs. Ainsi, le groupe (lyonnais) ayant mené l’action a revendiqué d’abord celle-ci au moyen d’une photo montrant deux banderoles arrachées : celle du groupe d’extrême-Droite Némésis, celle du CAPP. Puis, la photo a été changée pour qu’on ne voit plus celle du CAPP.

Le changement de la photo s’explique simplement : les postmodernes se prétendent très radicaux, « antifas », mais en réalité ils ne sont ni radicaux, ni antifascistes. Ils représentent une ultra-gauche libérale libertaire manipulant les esprits démocratiques.

Les gens désirant réellement combattre le fascisme sont déviés vers des actions ne servant, en réalité, que l’agenda du libéralisme libertaire, et donc en fin de compte la conquête de domaines toujours plus grands par le capitalisme.

Ces errements sont inévitables tant qu’on ne se fonde pas sur la lutte des classes, sur une analyse de la réalité capitaliste, sur un engagement réellement populaire, en assumant la Gauche historique. Il est vrai que cela exige des mœurs pas du tout en phase avec la décadence urbaine des centre-villes, ni avec le style « étudiant » ou « ultra » des stades de football.

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Société

[tribune] «Contre les violences faites aux femmes? Dénoncez la prostitution et la GPA!»

Voici une tribune initialement publiée sur le site de Marianne par les militantes féministes Ana-Luana Stoicea-Deram (membre du CoRP), Marie-Josèphe Devillers et Catherine Morin Le Sech. Elles dénoncent les agressions qu’elles ont subi lors des manifestations contre les violence à l’égard des femmes le week-end dernier. Ces activistes féministes ont ici gravement sous-estimé l’hégémonie de la « Gauche » post-moderne et sa volonté de briser, y compris par la violence, tout ce qui relève de la Gauche historique.

« Contre les violences faites aux femmes ? Dénoncez la prostitution et la GPA !

Le 25 novembre est la « journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ». Ce sont les Nations unies qui ont établi cette date, et qui ont aussi défini la violence à l’égard des femmes comme « tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».

Ce samedi, en France, à l’appel du mouvement NousToutes, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour dénoncer l’une des formes les plus graves de ces violences : le féminicide. Les meurtres et les assassinats de femmes, en raison de leur sexe, ont augmenté cette année. Les plaintes portées par plusieurs d’entre elles, leurs demandes d’aide, n’ont pas empêché leurs agresseurs de les tuer. Pourquoi ?

Des violences ignorées

Car le féminicide s’inscrit dans une suite de violences que peuvent subir les femmes. Des violences générées ou tolérées par un système (social et politique) dans lequel des pratiques sociales et des comportements qui causent des préjudices ou des souffrances aux femmes, sont considérées comme acceptables, et donc acceptées. Toutes les personnes qui ont manifesté samedi ont voulu dénoncer les féminicides. Mais toutes ne sont pas prêtes à reconnaître l’ensemble des pratiques qui participent du système patriarcal et dont le féminicide est l’une des formes les plus visibles, mais seulement l’une de ses formes.

Le patriarcat est caractérisé par le déploiement d’un continuum de violences à l’égard des femmes, qui peuvent s’exercer avant même la venue au monde d’une fille (en l’empêchant, par sélection du sexe de l’enfant à naître), et ensuite tout au long de la vie d’une femme. Ces violences sont exercées en tant que telles, et visent à éduquer les filles et les femmes à la soumission aux hommes. Excision, mariage forcé, interdiction de travailler, discriminations, stéréotypes sexistes… – si des différences de nature et de degré existent, si certaines de ces pratiques sont interdites et combattues, d’autres sont admises, voire promues. Certaines violences seraient-elles plus tolérables que d’autres ?

Des pratiques qui s’enracinent dans les stéréotypes sexistes les plus rétrogrades font l’objet d’une attention bienveillante et d’une propagande très favorable à leur développement. Il s’agit de la prostitution et de la pratique dite de gestation pour autrui (GPA). Les deux sont justifiées par un soi-disant « consentement » des femmes à les pratiquer, et aussi par leur ancienneté : ne dit-on pas que la prostitution serait « le plus vieux métier du monde » ? N’entend-on pas, à l’Assemblée nationale, en 2019, tel député, regrettant d’être « timide, peu aventureux », pour ne pas faire comme ses ancêtres, qui pratiquaient la GPA, tel que le relaterait l’Ancien Testament* ? La propagande en faveur de la prostitution et de la GPA est présente depuis plusieurs mois dans de nombreux médias, dont des radios publiques. Dès lors, montrer l’évidence, à savoir les violences que ces pratiques représentent pour les femmes, se heurte au refus d’accepter les arguments des personnes qui les décrivent, étayés par les droits humains, des chiffres et des témoignages.

Les deux, prostitution et GPA, lorsqu’elles sont décrites et désignées comme violences, lorsqu’elles sont montrées comme des pratiques à abolir, suscitent le mépris, le rejet, voire l’agressivité et la violence à l’encontre des abolitionnistes.

C’est bien ce qui s’est passé samedi 23 novembre, dans plusieurs villes où des manifestations ont été organisées pour dénoncer la violence à l’égard des femmes. A Toulouse, des abolitionnistes ont été agressées, verbalement et physiquement, et leurs pancartes demandant l’abolition de la prostitution ont été détruites par des personnes qui se trouvaient aussi dans la manifestation. A Marseille, les abolitionnistes ont eu du mal à faire porter leurs slogans. A Paris, nos pancartes exprimant la violence médicale et psychologique de la GPA, l’exploitation et la marchandisation des femmes dans cette pratique ainsi que dans la prostitution, nous ont valu un jet de bouteille, des propos agressifs et la destruction d’une partie de nos tracts par des personnes venues manifester contre les féminicides. Les gens étaient là pour les féminicides et non pour dénoncer toutes les violences et surtout pas la prostitution ni la GPA.

Dénoncer le système patriarcal

Ainsi est-il entendu que l’on peut combattre ce qu’il est indiqué de combattre, ce pour quoi tout le monde est là, ce qui fait consensus : le féminicide. Mais dénoncer le système patriarcal dans la globalité de ses violences, en montrer l’étendue, les pièges discursifs et conceptuels qu’il tend aux femmes (« consentement », « libre choix »), est loin d’être accepté. Non que soit difficile à comprendre, le lien entre la violence et la prostitution ou la GPA. Non par manque de données prouvant les risques énormes encourus par les femmes qui se prostituent comme par celles qui deviennent mères « porteuses ». S’il est difficile à admettre l’évidence des violences que ces pratiques infligent aux femmes, c’est en raison du consensus médiatique, des discours lénifiants de celles et ceux qui les promeuvent, et qui veulent faire croire que si des femmes sont mutilées dans la prostitution, si elles perdent leur utérus dans la GPA, si elles sont assassinées en tant que prostituées, ou si elles meurent pendant ou des suites d’une grossesse GPA, eh bien, ce ne serait qu’une question de choix, librement consenti.

Lorsque des médias publics n’ont de cesse de raconter à quel point la vie de « fille facile » fascine les journalistes, comment peut-on admettre que des jeunes filles sont forcées à se prostituer, qu’elles y arrivent après avoir subi des viols, souvent des incestes, depuis leur enfance ? Quand des députés très en vue et autres politiques disent leur sympathie pour leurs amis ayant eu recours à la GPA, comment accepter l’évidence de la violence médicale, obstétricale et psychologique faites aux mères « porteuses » ?

Les préjudices et les souffrances infligés aux femmes dans la prostitution et dans la maternité de substitution (c’est ainsi qu’il faut nommer cette pratique, et non GPA, qui réduit la femme à l’état de « gestatrice », lui niant toute humanité), sont autant de violences faites aux femmes, parce qu’elles les subissent en raison de leur sexe. Elles s’inscrivent dans le continuum de la violence à l’encontre des femmes, et sont d’autant plus fortes, qu’elles sont niées, rejetées, réduites au silence. La violence que l’on ne veut pas admettre, et qui s’impose par la force du constat, est retournée contre les abolitionnistes qui seraient coupables de la dénoncer, responsables de la donner à voir par les consciences lucides de celles et ceux qui portent la revendication de l’égalité entre les femmes et les hommes.
On ne peut pas espérer éradiquer le féminicide si l’on ne combat pas le patriarcat dans sa globalité, c’est-à-dire en abolissant toutes les pratiques qui infériorisent les femmes, pour les exploiter sexuellement et à travers la reproduction.

*Tous les exemples utilisés pour donner à croire que des femmes mentionnées dans la Bible seraient des mères porteuses sont interprétés de façon tendancieuse. Ces femmes (cas d’Abraham, Hagar et Sarah), servantes ou esclaves, sont violées et elles élèvent elles-mêmes leurs enfants et les emmènent avec elles lorsqu’elles sont chassées, ce qui n’est pas le cas avec la GPA. »

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Proxénétisme « des cités » et aliénation de la société de consommation

Du 25 juin au 3 juillet s’est déroulé, au tribunal correctionnel de Paris, un procès pour proxénétisme aggravé. Les inculpés étaient 12 hommes d’une vingtaine d’années, accusés créé un réseau de prostitution en région parisienne et en Belgique, et finalement condamnés à des peines allant de six mois avec sursis à trois ans et demi de prison ferme, ainsi que 45.000 euros en faveur des parties civiles, des associations qui luttent contre le proxénétisme et la prostitution des enfants, et deux des victimes au titre du préjudice moral.

Les victimes sont âgées de 16 et 17 ans au moment des faits. Les jeunes filles étaient recrutées via les réseaux sociaux qu’elles fréquentent et utilisent (snapchat, instagram ou twitter). Elles sont appâtées par des promesses d’argent gagné facilement et rapidement. Des vêtements de grande marque leur sont offerts. Elles entrevoient alors une possibilité de devenir comme les femmes qu’elles suivent sur les réseaux sociaux : les filles Kardashian par exemple. Ces bimbos gagnent en notoriété et en succès en montrant leur corps, présentant leur vie de débauche comme un bonheur à atteindre pour toutes les jeunes filles.


La publicité, la société de consommation créent des besoins onéreux et inutiles : des vêtements, des accessoires. Le caractère individualiste des réseaux sociaux rend obligatoire, pour faire le buzz de se procurer ces objets. Mais il faut beaucoup d’argent pour cela. Des collégiennes et des lycéennes ne sont pas en mesure de s’offrir de telles choses. Elles vivent dans une sphère virtuelle qui leur offre la bouffée d’oxygène de leur quotidien.

Or ce n’est pas la réalité de la vraie vie à quoi elles aspirent. Elles désirent du rêve crée par la société capitaliste qui chercher à vendre encore et encore plus de choses inutiles rendues primordiales aux yeux des jeunes filles. Elles cherchent alors la facilité pour se les procurer. Elles sont prêtes à n’importe quoi pourvu que ça leur rapporte gros et vite. Elles désirent plus que tout obtenir de l’argent rapidement et en quantité.

Elles sont obnubilées par cette quête. Elles envisagent la prostitution comme un moyen de se sortir de leur situation. Zahia a bien « réussi sa vie » comme ça ! Elles se prennent en photo, à moitié nue dans des poses suggestives. Des « j’aime » et des commentaires élogieux pleuvent.

En rupture de l’école et/ou de leur famille, issues d’un milieu populaire, les filles ne savent pas ce qu’est le travail. Ne pas avoir de moyens de productions, de savoir-faire et/ou de compétences rend difficile le travail.

Cependant, des personnes souhaitent tout de même avoir rapidement de l’argent et en grande quantité. elles font alors des choses pour en obtenir jusqu’à s’oublier, s’abrutir. Elles sont aliénées par la marchandise, par le capitalisme. Passer de instagram au site payant sexemodel devient une ascension sociale pour elles. Leur vie est merdique, elles le savent bien. Alors quand des jeunes hommes les flattent, leur promettent une vie de rêve, elles y croient.

Elles n’ont pas dans leur schéma les valeurs du travail. Ce n’est pas pour manger ni pour apporter gratuitement une chose supplémentaire à la société qu’elles souhaitent travailler.

C’est pour répondre aux sirènes de la consommation capitaliste.

Ces jeunes filles sont bien aliénées par la marchandise, par la société capitaliste. Elles foncent tout en sachant ce qu’elles devront faire. Mais elles ne mesurent pas les conséquences et se prostituent encore et encore et accumulent moins de gains que prévu. La souffrance physique et mentale est telle qu’elles acceptent de se droguer pour continuer.

Jusqu’à dix passes par jour dans des appartements loués sur le site airbnb, des menaces et des insultes. S’en suivent alors les rendez-vous pris par les proxénètes via des sites de petites annonces tels que vivastreet et wannonce.

Le « proxénétisme des cités » c’est un business et les jeunes le perçoivent comme tel. Ils se conduisent comme des entrepreneurs gagnant bien leur vie, gérant leur carnet d’adresse de fournisseurs et de clients. Les prestations sont réglementées.

Les marchandises vendues sont testées et approuvées par les patrons eux-mêmes. Ils se conduisent comme des petits bourgeois du crime. Faire de l’événementiel c’est organiser un événement sur une thématique. Fédérer les travailleurs compétents dans le domaine concerné, louer une salle, créer la publicité, c’est travailler à l’organisation pour une demande précise.

Etre proxénète c’est appâter des filles et les contraindre à continuer de coucher avec des hommes pour de l’argent. C’est de l’esclavage. Quand les jeunes filles veulent se dédire, ils utilisent la violence. Elles sont enfermées dans des appartements, louées à la semaine.


La prostitution n’est pas un salon du tourisme, les agences de voyages présentes payent leur emplacement. Les prostituées ne payent pas pour se prostituer !
Donc la douzaine d’inculpés ne gèrent pas une entreprise de divertissement. Ils gèrent bien un réseau de prostitution de mineures. Ils sont proxénètes.
Pour les accusés du procès parisien, ces jeunes filles sont d’ailleurs qualifiées « de bonnes bosseuses ».

Le travail est la transformation de la nature par l’homme en réalisant ses buts de manière consciente. Le travail est un processus qui nécessite trois actions. La première est que l’homme mène une action en poursuivant des objectifs. Cette réalisation doit avoir un objectif de réalisation. L’homme a donc besoin de moyens de production pour arriver au résultat escompté.

Par le travail, l’homme se différencie de l’animal en ce qu’il utilise des moyens d’existence modifiés par le travail alors que l’animal utilise ce qui est à sa portée, donc ce qui n’est pas transformé. L’homme utilisera un écrou manufacturé par un ouvrier. C’est un honneur pour l’ouvrier de fournir des moyens d’existence aux autres. Le travailleur est alors une cheville ouvrière pour la collectivité.

La prostitution est une activité personnelle, ne transformant en rien une matière brute. Les filles qui sont obligées de se vendre n’ont pas pour objectif le viol tarifé. Elles n’en sont souvent pas fières. Elles sont contraintes d’être des marchandises et non des créatrices de moyens utiles aux autres.

La production n’est donc en rien un travail. Les jeunes filles victimes de ce réseau de prostitution ne sont pas des travailleuses, ce sont des victimes.


Quand les jeunes gens ont besoin de s’ouvrir à la sentimentalité, le capitalisme leur occulte les yeux avec des paillettes et des marchandises en veux-tu-en-voilà.

Ils en deviennent eux-mêmes de la marchandise pour se procurer ces choses superflues. Au vu leur activité quotidienne et des valeurs qu’ils en tirent, ils ne peuvent que se consommer du fait de la prostitution. Ce sont les valeurs qui dominent dans le capitalisme qui posent problème.

En tant que personnes de Gauche, nous devons travailler pour permettre une autre réalité sociale pour une autre culture qui succéderait à elle ci. Donc offrir aux jeunes gens une autre sentimentalité.