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Politique

Les deux documents contre le coronablues pour sortir de la crise

Quelle est la nature de la crise actuelle?

Il y a lieu de se tourner vers les deux documents anti-coronablues :

Il y a d’autant plus intérêt à le faire que leurs mises en perspective se répondent l’une à l’autre et que la réflexion avance d’autant plus facilement. Le premier document dit en effet que la crise actuelle est l’expression aggravée d’une décomposition déjà entamée et lisible depuis trente ans.

Le second document, à l’inverse, explique que ces trente dernières années ont été marquées par un saut qualitatif. Autrement dit le premier document dit que la crise vient d’un capitalisme au bout de sa vie, en « décomposition », alors que le second document expose la crise comme l’expression d’un capitalisme en expansion accélérée et venant seulement de rentrer dans le mur.

C’est, comme on le voit, très différent. Voici un extrait exposant le point de vue du premier document.

Cette immense catastrophe que constitue la pandémie n’est pas le produit de la fatalité ni de l’insuffisance des connaissances scientifiques ou des outils sanitaires (comme cela a pu être le cas dans des modes de production antérieurs) ; elle n’arrive pas non plus comme un coup de tonnerre dans un ciel serein ni ne constitue une parenthèse passagère.

Elle exprime l’impuissance fondamentale du mode de production capitaliste déclinant, qui va au-delà de l’incurie de tel ou tel gouvernement mais qui est au contraire révélatrice du blocage et du pourrissement sur pied de la société bourgeoise.

Et surtout, elle révèle l’ampleur de cette phase de décomposition qui s’approfondit depuis 30 ans (…).

Le pourrissement du capitalisme s’est étendu et approfondi à travers des phénomènes qui ont progressivement affecté de plus en plus d’aspects de la société et qui constituent les ingrédients qui ont provoqué le caractère explosif de la crise planétaire du Covid-19.

Certes, pendant ces 30 ans, la progression des phénomènes a été discontinue, mais elle s’est déroulée sur différents plans (crise écologique, chacun pour soi impérialiste, fragmentation d’États, terrorisme, émeutes sociales, perte de contrôle de l’appareil politique, pourrissement idéologique), minant de plus en plus les tentatives du capitalisme d’État de contrer son avancée et de maintenir un certain cadre partagé (…).

Ce rapport [=l’article] a montré que la pandémie n’ouvre pas une période nouvelle mais qu’elle est d’abord un révélateur du niveau de pourrissement atteint durant les 30 années de phase de décomposition, un niveau souvent sous-estimé jusqu’ici.

En même temps, la crise pandémique annonce aussi une accélération sensible de divers effets de la décomposition dans la période à venir (…).

La crise du Covid-19 engendre donc une situation encore plus imprédictible et confuse. Les tensions sur les différents plans (sanitaire, socio-économique, militaire, politique, idéologique) généreront des secousses sociales majeures, des révoltes populaires massives, des émeutes destructrices, des campagnes idéologiques intenses [de la part du capitalisme], comme celle autour de l’écologie.

Ainsi, pour le premier document, la crise sanitaire est un symptôme. Il y a un défi et le capitalisme est débordé. S’il l’est, c’est parce qu’il est à bout de souffle. C’est un événement s’ajoutant à des soubresauts profonds, comme a pu l’être l’attentat du 11 septembre 2001, l’élection du « vandale » Donald Trump, etc.

Ce n’est pas une période nouvelle, mais une catastrophe de grande ampleur renforçant la « décomposition ».

Voici un extrait exposant le point de vue du second document.

Le capitalisme a su laisser du temps libre pour la consommation tout en obtenant une élévation insensée de la productivité, au prix de la déformation des personnalités, de l’utilisation maximisée de leur potentiel nerveux et psychique.

L’un des aspects essentiels de cette aliénation se lit particulièrement dans la passivité et l’incompréhension des masses de la nature de ce que propose le capitalisme : des produits moches, de mauvaise qualité, cela pour les aliments comme pour les meubles, avec une capacité à accepter et vouloir ce qui est jetable, changeable.

L’incohérence se lit particulièrement dans le rapport aux animaux, alors que l’utilisation de ceux-ci a pris des proportions dantesques (…).

En fait, pour les gens vivant dans les pays capitalistes, il n’y a pas d’autre horizon que les cycles de la production et de la consommation capitalistes, qui sont par ailleurs très nombreux, puisque le capitalisme a multiplié les modes, les marchés, les possibilités de se « différencier », d’occuper son temps.

Et c’est pour cela, notamment, que la cassure imposée par la pandémie marque la seconde crise générale du capitalisme. Le rythme du capitalisme a été cassé, son cours normal a été stoppé et modifié (…).

[citation d’un document du PCF(mlm) de janvier 2020, soit juste avant la pandémie:] « Les années 2000 ont été marquées par d’immenses modifications technologiques généralisées – depuis les téléphones portables jusqu’à l’informatisation et internet – permettant au capitalisme d’affiner ses initiatives, de procéder à des modernisations, de relancer de nouvelles consommations, certains secteurs l’emportant sur d’autres.

Les années 2010 ont été le prolongement des années 2000, avec à la fois une consommation de masse encore plus élargie et, en même temps, un gouffre séparant une haute bourgeoisie aux mœurs toujours plus oligarchiques, décadentes, et les larges masses.

Pour nous, la période 1989-2019 n’a été qu’une parenthèse et c’est justement parce que telle a été sa nature qu’il y a eu un développement significatif des idéologies post-modernes, à l’initiative d’intellectuels identitaires produits par l’impérialisme (fondamentalisme islamiste, théorie du genre et LGBT, idéologie de la décroissance, etc.).

Les années 2010 ont comme aspect principal précisément d’aboutir à un retour aux années 1980, ou aux années 1930, ou aux années 1910, c’est-à-dire à une période où la bataille pour le repartage du monde est engagée, où le capitalisme s’enlise et n’est plus capable de satisfaire à ses propres exigences d’élargissement du profit. »

Le second document fait de la crise sanitaire une crise de croissance. Le capitalisme a connu une formidable expansion, la preuve les gens des pays capitalistes l’ont tous (ou presque) accepté ces trente dernières années. Mais l’apport de l’intégration des pays de l’Est et de la Chine comme usine du monde a formé un élan d’expansion destructeur ne pouvant pas durer éternellement.

La crise sanitaire est l’expression cette limite, par le heurt entre le capitalisme conquérant, bouleversant la planète comme Biosphère, et la vie elle-même.

On peut résumer comme suit, même si c’est caricaturer le propos :

– pour le premier document, la crise est une preuve de plus que le capitalisme a perdu ;

– pour le second document, la crise est la preuve concrète que le capitalisme a gagné.

Naturellement, cela sous-tend deux difficultés. Les auteurs du premier document doivent en effet prouver que la décomposition a bien lieu depuis trente ans, et de plus trente ans de décomposition, c’est long… comment expliquer que le capitalisme tienne encore?

Les auteurs du second document disent qu’il y a une « seconde crise générale du capitalisme » qui s’est ouverte en 2020. Il va falloir que les faits donnent raison à cette analyse des événements comme « cataclysmique » et cela on le saura assez rapidement.

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Culture Planète et animaux

Un suprême classique : Mercy Mercy Me (The Ecology)

Une chanson emblématique tirée d’un album référence.

Nous sommes en 1971 et le chanteur américain Marvin Gaye sort une album qui consiste en une sorte de vaste fresque, une sorte de grande histoire composée de chansons se reliant les unes les autres.

Cela parle d’amour, de paix, d’unité de l’humanité, de sentiment, de cette inquiétude face aux choses qui partent dans toutes les directions sans qu’on en saisisse le pourquoi ou même le contour… Mais que se passe-t-il?

Et au sein de cet album incontournable, qui change une vie comme ce qui est véritablement culturel, on trouve une chanson très connue, dont les paroles restent souvent méconnues en France de par le fait que cela soit en anglais.

Et ces paroles nous serrent la gorge en nous rappelant que nous avons au moins cinquante ans de retard sur les exigences de notre époque…

Oh, mercy mercy me
Oh, things ain’t what they used to be
No, no
Where did all the blue sky go?
Poison is the wind that blows
From the north, east, south, and east

Oh, pitié, aie pitié de moi
Oh, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient autrefois
Non, non
Où est passé tout le ciel bleu ?
Le poison est le vent qui souffle
Du nord, de l’est, du sud et de l’est

Oh, mercy mercy me
Oh, things ain’t what they used to be
No, no
Oil wasted on the oceans and upon our seas
Fish full of mercury

Oh, pitié, ai pitié de moi
Oh, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient autrefois
Non, non
Le pétrole a saccagé l’océan et dans nos mers,
des poissons plein de mercure

Oh, mercy mercy me
Oh, things ain’t what they used to be
No, no
Radiation in the ground and in the sky
Animals and birds who live nearby are dying

Oh, pitié, ai pitié de moi
Oh, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient autrefois
Non, non
La radiation dans le sol et dans le ciel
Les animaux et oiseaux qui vivent à proximité sont en train de mourir

Oh, mercy mercy me
Oh, things ain’t what they used to be
What about this overcrowded land?
How much more abuse from man can you stand?
My sweet Lord
My sweet Lord
My sweet Lord

Oh, pitié, ai pitié de moi
Oh, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient autrefois
Qu’en est-il de cette terre surpeuplée
Combien d’abus de l’Homme peut-elle encore supporter ?
Mon tendre Seigneur
Mon tendre Seigneur
Mon tendre Seigneur

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Écologie Planète et animaux

Ce matin, un lapin…

Une chanson classique, tout un symbole !

La chanson classique de 1977, avec les paroles.

Dans la forêt de l’automne, ce matin est arrivé
Une chose que personne n’aurait pu imaginer
Au bois de Mortefontaine où vont à morte saison
Tous les chasseurs de la plaine, c’est une révolution
Car
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui
C’était un lapin qui
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui avait un fusil
Ils criaient à l’injustice, ils criaient à l’assassin
Comme si c’était justice quand ils tuaient les lapins
Et puis devant la mitraille venue de tous les fourrés
Abandonnant la bataille, les chasseurs se sont sauvés
Car
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui…
C’était un lapin qui…
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui avait un fusil
Bien sûr ce n’est qu’une histoire inventée pour la chanson
Mais chantons leur cette histoire quand les chasseurs reviendront
Et s’ils se mettent en colère appuyés sur leur fusil
Tout ce que nous pouvons faire c’est de s’en moquer ainsi
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui…
C’était un lapin qui…
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui avait un fusil

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Culture Écologie Vie quotidienne

Un bijou incontournable de Moby et Steve Cutts

Une vidéo synthétisant une exigence du 21e siècle.

Un grand artiste de la musique rencontre un grand artiste du dessin et cela donne quelque chose de formidable. Pourquoi ? Parce que ces grands artistes, à rebours du subjectivisme, s’ancrent dans le réel. Une œuvre d’art, ce n’est pas un étalage émotionnel purement individualiste, mais une exposition de la réalité à travers la sensibilité.

On parle ici de Moby (qui assume d’être lié à l’esprit techno des années 1980) et de Steve Cutts (aux vidéos écologistes incontournables), le second ayant fait la vidéo de la reprise par le premier de sa chanson classique de 1999 Why Does My Heart Feel So Bad?.

La question animale, dont 99% des gens n’est toujours pas capable de parler en France en 2021, s’expose ici dans toute sa dignité… Et avec toute son exigence !

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Politique

Les déclarations du 1er mai 2021: la Gauche programmatique

Le point de vue de la Gauche plaçant les fondamentaux au cœur de toute démarche.

La Gauche programmatique est sur le mode défensif, prévoyant le pire et s’arc-boutant sur les principes à maintenir coûte que coûte, cherchant à maintenir les positions sur le long terme. En clair, elle pense qu’elle va être aux premières loges de l’Histoire, mais que celle-ci se fait attendre…

Les communiqués du premier mai sont des affirmations, comme en témoigne l’article « 1er mai : journée internationale de lutte des travailleurs ! » des trotskistes de Lutte Ouvrière.

« La crise sociale s’approfondit. Dans certains pays, et pas parmi les plus pauvres, les sans-emploi, les retraités, les adultes en situation de handicap sont déjà dans la misère. Au même moment, les mille milliardaires les plus fortunés de la planète ont retrouvé en quelques mois leur niveau de richesse d’avant la crise sanitaire. En France, les très grandes fortunes ont vu en six mois leur magot croître de 175 milliards d’euros, le double du budget de l’hôpital public.

À la source de ces richesses, comme de tout ce qui se construit, se fabrique et se consomme dans la société, il y a les travailleuses et les travailleurs de tous les continents. Leur nombre et leur rôle dans l’économie peut leur permettre de changer le monde, s’ils prennent conscience de leur force.

Affirmer que cette force existe à l’échelle internationale, par-delà les frontières, c’est le sens du 1er mai pour le mouvement ouvrier révolutionnaire. »

Le Pôle de Renaissance Communiste en France, qui se pose en alternative au PCF en revendiquant l’identité de celui-ci des années 1970-1980, propose dans sa déclaration du premier mai le « Frexit progressiste », le soutien à l’aile dure de la CGT (qui lui est liée), le vote aux élections présidentielles pour son candidat.

« À l’échelle mondiale, les amis de la paix n’ont rien de bon à espérer de Joe Biden, dont l’accès à la Maison-Blanche s’est traduit par de nouvelles provocations contre la Russie et la Chine populaire, avec une escalade militaire dangereuse des Pays baltes à la Mer de Chine en passant par l’Ukraine et le Caucase, sans compter l’appui à la tentative de coup d’Etat en Biélorussie (…).

Plus que jamais, ce n’est pas avec, mais contre les grands Empires capitalistes en construction, Europe supranationale et atlantique incluse, qu’il faut construire la riposte internationaliste et antiimpérialiste des travailleurs et des peuples opprimés pour l’émancipation sociale et nationale (…).

En France, face à un pouvoir macroniste qui continue de gérer la crise sanitaire de manière calamiteuse et qui annonce déjà qu’il récupèrera sur les travailleurs et sur les services publics les flots d’argent public alloués aux trusts sans contrôle, l’heure n’est nullement à alimenter l’illusoire, creux, voire dangereux “dialogue social” cher à Macron et aux dirigeants jaunes de la CFDT et de la C.E.S., pas plus que la stratégie faillie du “syndicalisme rassemblé” sans contenu revendicatif clair.

Soutenant sans frilosité le renouveau du syndicalisme de classe, les militants communistes ont le devoir de tout faire pour que convergent les luttes et qu’émerge au plus tôt le “tous ensemble en même temps” qui balaiera l’ensemble des contre-réformes maastrichtiennes, les plans de licenciements, les fusions transcontinentales (PSA, Renault, Alsthom…), les euro-privatisations et l’euro-austérité. 

Avec Fadi Kassem, faisons renaître l’espoir en portant une Alternative rouge et tricolore qui, centrée sur le monde du travail et sur la jeunesse populaire, fédérant l’ensemble des couches populaires et moyennes contre le grand capital, balaiera le faux « duel » et vrai duo Macron/Le Pen et attaquera à la racine les processus complémentaires de l’euro-dislocation et de la fascisation pour rouvrir à notre peuple la voie d’une République nouvelle, franchement insoumise à l’UE du capital et en marche révolutionnaire vers le socialisme et vers le communisme.

Du côté maoïste, le PCF(mlm) appelle dans sa déclaration du premier mai 2021, maoïsme oblige, à un bouleversement de la vision du monde.

« La situation se caractérise de la manière suivante : le capitalisme triomphant ne sait plus comment s’étendre, il pratique la fuite en avant, cherchant à façonner l’ensemble de la Biosphère selon ses besoins, à structurer les mentalités dans un sens qui lui soit encore plus favorable, à intégrer la moindre initiative dans quelque domaine que ce soit, en le détournant vers le subjectivisme et la corruption, afin d’ouvrir de nouveaux marchés.

Le capitalisme n’est plus que destruction, déformation, exploitation, aliénation. Et la crise sanitaire a ajouté du déséquilibre au déséquilibre, faisant passer un cap au capitalisme, enrayant son expansion qui l’a puissamment renforcé ces dernières années (…).

Nous tenons bien à insister sur ce caractère nouveau, avec en toile de fond la question du rapport entre l’humanité et la Biosphère qu’est la Terre. La situation actuelle n’est pas une aggravation quantitative de la « mondialisation », ni un sous-produit de la « crise financière de 2008 », ou quoi que ce soit de ce genre. C’est l’expression de toute une expansion ayant atteint sa limite, au niveau planétaire (…).

Depuis les années 1990, la systématisation du capitalisme s’est déroulée à travers un incroyable nombre de formes, depuis les fast-foods jusqu’à Facebook et Instagram, depuis les modes vestimentaires jusqu’au cinéma et les séries, depuis les sports jusqu’aux expressions artistiques et notamment le pseudo « art contemporain », depuis la pornographie jusqu’aux drogues dites récréatives.

Le terme de « mondialisation » est erroné car le capitalisme ne s’est pas développé que dans l’espace : le moindre interstice de la vie quotidienne des gens a été occupé de manière généralisée par le capitalisme, tout leur temps subit les assauts du capitalisme. L’exploitation systématisée s’accompagne d’une aliénation généralisée.

Mais la base même du développement capitaliste est rentrée en conflit avec la réalité et ses exigences ; la crise sanitaire montre que le capitalisme est incompatible avec un développement rationnel de l’humanité et de manière plus générale avec une vie naturelle sur Terre. C’est tout ce processus qui touche à sa fin et appelle à un dépassement, dans une réponse qui ne peut être que mondiale. »

Du côté de la tradition du gauchisme italien (le « bordiguisme »), le Parti communiste international (Le Prolétaire) rappelle dans « Premier mai 2021: quelle lutte pour le prolétariat? » ses fondamentaux, à savoir l’appel à la lutte sociale combinée à l’attente d’un nouveau cycle afin de reconstituer des organismes de lutte à l’instar des années 1920.

« La pandémie du coronavirus a aggravé le sentiment de résignation – nourri par des décennies d’illusions réformistes et démocratiques, de politiques collaborationnistes de la part des syndicats tricolores et des partis faussement ouvriers – qui depuis trop longtemps à affaibli les énergies prolétariennes de lutte.

Comme toutes les crises sous le capitalisme, la crise sanitaire qui bat toujours son plein, s’ajoutant à une crise économique déjà présente, a frappé le plus durement les masses prolétariennes (…).

Il n’y a pas de doute que depuis un siècle le capitalisme s’est développé dans le monde entier, et que les bourgeoisies sont devenues beaucoup plus fortes et plus puissantes. Mais cette puissance repose sur  l’exploitation du travail salarié, sans laquelle les capitalistes ne peuvent pas extraire la plus-value indispensable à la vie et à la croissance du capital. Les ouvriers sont indispensables aux capitalistes ; et ils sont tellement indispensables que tout le développement capitaliste qui a embrassé le monde n’a pu se faire qu’en constituant de plus en plus d’armées de prolétaires, de travailleurs salariés partout où il n’y avait autrefois que des paysans ou des populations primitives.

Aujourd’hui plus encore qu’hier, le mot d’ordre communiste : Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! effraie les gouvernements du monde entier car le cauchemar de la bourgeoisie est que  cette immense armée d’esclaves salariés prenne conscience de sa force sous la direction de son parti de classe (…).

Rompre le pacte de collaboration avec les capitalistes et leurs dirigeants est donc le premier grand objectif de la lutte de classe prolétarienne. Et cette rupture se réalise par la réorganisation des organismes de classe pour la lutte de défense exclusive des intérêts immédiats du prolétariat.

A partir de là, et du développement de cette lutte, le prolétariat peut réaliser que sa lutte ne peut se limiter à ces objectifs immédiats, mais qu’elle doit les dépasser en se hissant au niveau politique général, c’est-à-dire révolutionnaire, y compris parce que la classe dominante utilise et utilisera son pouvoir politique et son Etat pour maintenir le prolétariat dans sa situation d’esclave salarié.

Dans ce chemin long et tourmenté vers son émancipation, le prolétariat devra compter non seulement sur sa force sociale, mais aussi sur son parti de classe, car celui-ci constitue et représente la conscience de classe, la conscience des objectifs suprêmes de la lutte révolutionnaire. »

Minoritaire, isolée même, la Gauche programmatique considère que les choses sérieuses n’ont pas commencé, et se met pour ainsi dire dans les « starting-blocks ».

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Gauche pour le Parti: trois lignes programmatiques

Voici trois exemples d’affirmation idéologique affirmant être à la hauteur d’une époque vue comme nouvelle.

La crise a estomaqué une large partie de la Gauche et de nombreuses structures ont disparu du jour au lendemain (tel en juillet 2020 le Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes et le Parti Communiste Maoïste). C’est qu’il y avait trop de questions, trop de pression. Les choses se virent attribuer une dimension nouvelle, poser une ligne idéologique de gauche était trop compliqué. D’où un repli encore plus grand vers le côté « pratique », avec des initiatives « militantes », mais sans assumer un positionnement réel sur le plan des idées.

On peut citer néanmoins trois exemples, avec trois structures qui, comme le dit l’expression, « envoient du lourd », puisqu’il s’agit pas moins que de refonder « le Parti ». Profitant d’un arrière-plan idéologique développé, la crise a littéralement alimentés ces structures sur le plan des idées, leur accordant un réel optimisme au sujet d’une nouvelle affirmation programmatique. Leurs approches sont cependant évidemment très différentes.

La tendance Révolution Permanente du Nouveau Parti Anticapitaliste pose ainsi une nouvelle approche militante, conforme selon elle à un changement d’époque et de mentalités. Il y aurait un nouveau profil aux luttes et il faut s’y conformer. Voici des extraits du document du 30 mars 2021 La nouvelle génération ouvrière et la nécessité d’un Parti Révolutionnaire des Travailleurs, dont le titre résume parfaitement la conception.

« Depuis plus d’un an, la pandémie de coronavirus a ouvert une situation de crise aux conséquences durables. De fait, pour assurer le remboursement de la dette publique contractée et restaurer le taux de profit des entreprises capitalistes, les classes dominantes se préparent en effet à faire payer les travailleurs à coup de réformes néo-libérales, d’augmentation de la productivité et de mesures d’austérité. Or, face à cette sombre perspective, aucun projet politique à même de défendre les intérêts des travailleurs avec une stratégie à la hauteur ne semble émerger.

Une situation en profond décalage avec la politisation et les luttes intenses qui se sont enchaînées ces cinq dernières années en France.

En 2016 contre la Loi Travail, en 2018 dans le cadre du mouvement contre la réforme ferroviaire et de la lutte contre la sélection à l’université, en 2018-2019 avec le mouvement historique des Gilets jaunes, en 2019-2020 avec le mouvement contre la réforme des retraites et la grève historique du secteur des transports francilien. Dans différents secteurs on a en parallèle assisté à un renouveau des luttes, comme dans l’Éducation Nationale ou du côté des personnels des universités (…).

En ce qui concerne le NPA, un tel recul de sa capacité d’intervention est évidemment en lien avec la crise profonde que traverse le parti et qui fait aujourd’hui peser sur lui une menace d’implosion. Mais cela n’est que le dénouement d’un long processus, initié par la LCR dans les années 1980-1990, d’abandon d’une stratégie centrée sur le rôle de la classe ouvrière (dont le néo-libéralisme avait proclamé la mort), au profit de l’intervention dans les « mouvements sociaux », avant de se dissoudre dans un parti large non délimité stratégiquement, le NPA.

Du côté de Lutte Ouvrière, qui possède encore des bastions dans des secteurs stratégiques, règne une forme de scepticisme, accompagnée d’une dose de nostalgie du vieux mouvement ouvrier français, façonné par le PCF.

Ce scepticisme, qui rejette toujours la faute sur les travailleurs qui ne voudraient pas lutter, couvre en réalité le refus de prendre une part active au travail d’organisation des couches les plus avancées de la classe et d’une nouvelle génération ouvrière en gestation, ainsi que de combattre la politique néfaste des directions syndicales bureaucratiques (…).

Le mouvement ouvrier a vu notamment émerger une nouvelle génération qui pourrait être le levier de la construction d’une organisation de ce type. Nous l’avons vu pour la première fois en 2014, dans la grève de la SNCF, où, ne partageant pas les codes de la gauche politique et syndicale, voire partageant de façon peu consciente ceux de personnages confusionnistes comme Dieudonné (nous étions au sommet du phénomène des « quenelles »), ils et elles ont été souvent boudés par les militants d’extrême-gauche.

Depuis, nous les avons vu prendre leur place dans chacune des grandes mobilisations qui ont traversé le pays, avec des profils très variés : souvent racisés et issus de l’immigration dans les grandes agglomérations, ouvriers et ouvrières gilet-jaunisés dans la France périurbaine, militantes et militants syndicaux combatifs ou travailleurs du rang… (…)

Au NPA – Révolution Permanente, nous avons eu le mérite relatif d’avoir saisi l’émergence de cette nouvelle génération ouvrière assez tôt et d’avoir essayé de fusionner avec elle.

Que ce soit dans le cadre de la « Bataille du Rail » de 2018 avec la construction de la rencontre Intergare, de la grève victorieuse d’Onet, du mouvement des Gilets jaunes, du mouvement des retraites au travers de la coordination RATP-SNCF, où actuellement des grèves de Grandpuits et des agents d’entretien des voies (Infra-pôle) de Gare du Nord, nous sommes intervenus avec une même logique : celle de déployer dans chaque bataille un arsenal stratégique et programmatique qui permette de pousser ces expériences le plus loin possible, en sortant du cadre imposé par la routine syndicale.

C’est au travers de ces expériences que nous avons pu faire entrer dans nos rangs de nombreux jeunes militants ouvriers, parmi lesquels de véritables figures dans leur région ou branche, à l’image d’Anasse Kazib à la SNCF, d’Adrien Cornet chez Total, de Gaëtan Gracia dans le bastion toulousain de l’aéronautique, de Christian Porta chez Neuhauser (industrie agro-alimentaire) en Moselle, mais aussi de jeunes militants comme Rozenn à Chronodrive ainsi que d’autres camarades dans le privé ou dans le public, à la RATP, dans la Santé, la Culture ou l’Éducation Nationale.

C’est aux côtés et au travers de ces militants que nous souhaitons aujourd’hui lancer une campagne autour de la nécessité d’un Parti Révolutionnaire des Travailleurs. »

La tendance Révolution Permanente du NPA affirme ainsi, pour résumer, qu’elle a réussi à attirer à elle une nouvelle génération, que cela donne du sens à un nouveau projet. De manière intéressante, c’est l’inverse qui est vrai pour le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF). Lui dit qu’il a réussi à attirer à lui l’ancienne génération et que cela donne du sens à un ancien projet. Il s’agit en effet de refonder le Parti Communiste Français tel qu’il a existé dans les années 1970-1980.

Le PRCF a historiquement un pied dans le PCF et un pied dehors, désormais la ligne est celle de prendre sa place. En ce sens, le PRCF vise à présenter un candidat à la prochaine présidentielle, afin d’établir un réel socle pour un « Frexit progressiste ». Voici un extrait de la Déclaration du Secrétariat national du PRCF du 1er avril 2021.

« Voilà pourquoi, pour sortir rapidement et définitivement de ce cauchemar sans fin, il est vital de proposer la seule alternative en mesure d’empêcher un nouveau scénario catastrophe en 2022 que serait un faux « duel » et vrai duo Macron-Le Pen, entre le tyran nostalgique de la monarchie qui déroule un tapis brun à la fascisation en célébrant Maurras et Pétain à longueur de temps, et la mensongère « souverainiste » du prétendu « Rassemblement national » qui ne veut sortir de l’euro, ni de l’UE – dont la responsabilité dans le désastre sanitaire est immense, à l’image de la Commission européenne appelant à 63 reprises les États-membres, entre 2011 et 2018, à « réduire les dépenses de santé » –, ni de l’espace Schengen, ni de l’OTAN, ni du capitalisme. 

Cette alternative franchement communiste et franchement insoumise ne peut être que rouge-tricolore, nécessitant une rupture définitive et totale avec l’euro, l’UE, l’OTAN et le capitalisme exterministe.

Elle ne peut pas s’incarner dans une resucée d’« union de la gauche » associant les faux « socialistes » et « écologistes » et les « communistes » et « insoumis » édulcorés, autant de forces discréditées aux yeux des classes populaires – et notamment de la classe ouvrière – et faisant miroiter une impossible « Europe sociale ».

Cette alternative rouge-tricolore, patriotique et populaire, antifasciste et internationaliste – en cela diamétralement opposée à l’utopique et dangereuse « union des souverainistes des deux rives », qui sert de marchepied au RN –, écologiste et anticapitaliste, est portée par le PRCF et son porte-parole désigné Fadi Kassem.

Partout en France, de nombreux militants sont actifs dans la campagne auprès des communes rurales et populaires, des travailleurs – dont ceux de la classe ouvrière – et des citoyens attachés à la République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, alors que le risque d’effondrement de la France et de fascisation mortelle pour le mouvement ouvrier et les forces progressistes, à commencer par les communistes, ne cesse de s’accroître.

Plus que jamais, il est temps d’en finir avec le pseudo « Nouveau Monde » de Macron et ses laquais et l’Ancien Monde incarné par le RN et ses satellites. Afin qu’adviennent les « nouveaux Jours heureux » dont nous avons urgemment besoin, rejoignez le PRCF et menons, tous ensemble en même temps, la campagne en faveur de la seule alternative en mesure de faire gagner le monde du travail en 2022, celle de l’alternative rouge-tricolore pour une souveraineté nationale et populaire pleine et entière. Plus que jamais, Frexit progressiste, et vite ! »

Enfin, à rebours du terrain « militant » trotskiste de la tendance Révolution permanente du NPA et de l’affirmation électorale du PRCF, qui sont très concrètes, on trouve l’option maoïste, bien plus abstraite ou bien plus conceptuelle. Dans la perspective de la révolution culturelle, il y a chez le PCF(mlm) l’idée de suivre l’époque « avec de la hauteur » et de considérer qu’il faut l’idéologie au poste de commande, pour tout révolutionner. Voici ce qu’on lit notamment dans Le marxisme-léninisme-maoïsme est l’idéologie communiste de notre époque, du 1er avril 2021.

« Mao Zedong a affirmé dans les années 1960 que les 50-100 années à venir seraient celles d’un bouleversement comme l’humanité n’en a jamais connu. Cette position découlait de sa compréhension des contradictions propres à notre époque, des tendances en développement, des nécessités historiques.

Et aujourd’hui, au début des années 2020, l’humanité toute entière sait que plus rien ne peut être comme avant. Il y a le constat du rapport destructeur à la Nature, avec des contre-coups tel le COVID-19 et le dérèglement climatique, mais en général il est flagrant que le modèle de vie proposé par le capitalisme est à bout de souffle moralement et culturellement.

C’est la raison pour laquelle les gens sont tétanisés : ils sentent que le changement doit être complet, qu’il va falloir révolutionner les modes de vie, modifier les conceptions du monde, changer les rapports aux animaux, à la Nature en général, et bien entendu transformer l’ensemble des moyens de production et des manières de consommer.

Le défi est d’autant plus immense qu’il exige une réponse mondiale. En ce sens, nous affirmons que la position communiste est de parvenir à une révolution dans un pays donné, afin d’en faire l’exemple à tous les niveaux pour le reste de l’humanité (…).

Les années de référence doivent être 1948-1952 pour l’URSS et 1966-1976 pour la Chine populaire, ces deux périodes formant l’aboutissement le plus développé de l’expérience communiste (…). Le marxisme-léninisme-maoïsme n’est pas une méthode, il ne fournit pas des recettes : il est une vision du monde et par conséquent il doit être une réalité pour tous les aspects de la vie (…).

Nous affirmons que l’irruption de la crise du COVID-19 correspond à l’affirmation de la seconde crise générale du capitalisme, que l’idéologie marxiste-léniniste-maoïste doit en comprendre tous les aspects et fournir les réponses à la crise, à tous les niveaux.

C’est le sens de la révolution mondiale que d’être un bouleversement à tous les niveaux, dans tous les domaines ; la guerre populaire est la systématisation des réponses communistes à tous les niveaux, dans tous les domaines. »

On a là trois perspectives bien différentes, avec trois structures présentant certainement les économies politiques les plus développées à gauche. La raison en est bien entendu qu’on a ici trois traditions bien françaises : le trotskisme, le PCF, le maoïsme. Ancrées dans leurs traditions, elles se relancent. De manière fictive ou réelle ? Il est évident qu’une seule de ces mises en perspective peut se concrétiser.

Aussi différentes qu’elles soient, ces lignes programmatiques sont en effet opposées dans leur fond. Et pas simplement sur le plan des idées : dans leur démarche même, cela n’a rien à voir. La tendance Révolution permanente du NPA propose un activisme militant dans l’air du temps pour un Parti de lutte, le PRCF vise à la mise en place d’un Parti de masse pour une affirmation patriotique et sociale, les maoïstes proposent une introspection idéologique pour s’élancer culturellement à travers un Parti de cadres.

Cela reflète, dans tous les cas, une maturation de fond de la société française. Si on ne peut pas encore parler ici de résurgence, car c’est somme toute très marginal, il y a en tout cas une sorte de réaffirmation, comme si les dés de l’Histoire s’étaient remis à rouler.

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Culture

Daft Punk 1993 – 2021

Le duo electro-house iconique en France a décidé de mettre un terme à son existence.

En France, Daft Punk est intouchable. On dit d’ailleurs les Daft Punk, comme s’il s’agissait de cousins, de gens à la fois proches et loin. La musique des Daft Punk a réussi le tour de force d’être puissamment développée et tout à fait accessible. On est dans la quintessence de la French Touch, avec une musique cérébrale et entraînante.

L’annonce de la dissolution des Daft Punk a donc provoqué une avalanche de réactions, même des Sapeurs Pompiers de Paris, d’autant plus qu’une vidéo (tirée de leur film Electroma) a été utilisée comme « épilogue ».

Les Daft Punk ont-ils réellement eu tant de valeur que cela ? C’est à vrai dire discutable et on peut comprendre par exemple l’avis disant que les Daft Punk n’ont fait que décliner un son electro et house émergeant à l’époque, faisant tout comme Johnny Hallyday pour le rock. Si Around the world est brillant avec d’ailleurs une vidéo formidable, One more time est une prostitution régressive de la culture club.

Pareillement, si Da Funk reflète un haut niveau, tout comme bien entendu Revolution 909, avec une vraie culture club, Harder Better Faster Stronger est un variant commercial, où toute âme est écrasée au profit d’un filtrage du son aseptisé. C’est ce qui a été appelé la « House filtrée », un euphémisme pour décrire de la House dégradée pour passer commercialement. Il ne faut pas oublier que l’ignoble Music Sounds Better With You vient du groupe Stardust, un éphémère groupe de la mouvance des Daft Punk avec d’ailleurs un de leurs membres.

Il n’est pas difficile de voir que Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ne sont jamais sortis de cette contradiction entre une tendance ouverte à aller dans le sens de la pop commerciale et facile, et une culture club très développée. D’un côté, ils élargissaient le son des clubs fondés sur la House music, de l’autre ils la démolissaient comme le fit à la même époque la radio parisienne FG.

Les fans de la première heure regretteront ainsi inlassablement le premier album Homework (1997) alors que les succès commerciaux s’alignaient avec un second album Discovery qui a été un succès commercial gigantesque en 2001.

Human after All en 2005 n’a ensuite aucun impact avec son minimalisme répétitif sans orientation : les Daft Punk ont cru se préserver de la corruption avec leurs casques les préservant de la notoriété, mais ce n’est pas en section VIP à Ibiza qu’on progresse artistiquement parlant. D’où une tentative de redresser la barre avec la très réussie bande originale du film Tron Legacy en 2010 et un album s’orientant vers une néo-disco, Random Access Memories, en 2013.

Il est étonnant que depuis 2013 les Daft Punk aient été comme paralysés, alors que le meilleur était clairement devant eux. Il y avait un nouvel horizon.

Mais c’est que Daft Punk sont avant tout le produit de leur époque. Ce sont des gens de milieux bourgeois disposant de matériel et profitant de l’émergence de la techno, apportant leur contribution mais n’ayant jamais été capable de se dépasser et de prendre le parti des gens. Le succès commercial a été trop grand, la conscience politique et culturelle trop faible. Ils ont préféré faire des remix, des collaborations. Ils ont été incapables de produire le chef d’œuvre attendu.

Leur dissolution est d’ailleurs une capitulation. Le son électro a tellement évolué, que ce soit par le Hip Hop ou l’alternative R’n’b, sans parler de la musique électro en général, que les Daft Punk se sont retrouvés hors sol et hors jeu. Quand on voit qu’en 2017 la fanfare militaire du défilé du 14 juillet a repris Daft Punk devant Emmanuel Macron et Donald Trump…

Les Daft Punk restent donc emblématiques, mais ils reflètent surtout un énorme ratage. Ils accompagnent l’intégration – désintégration de la culture House Music en France. Avec donc, des morceaux populaires indéniables, mais une simplicité devenant simplisme. C’est une sacrée défaite culturellement parlant et une preuve de la capacité de corruption du capitalisme.

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Culture Vie quotidienne

Détruire ce qui nous détruit

Slogan de la Gauche allemande alternative, « détruire ce qui nous détruit » est emblématique d’une exigence de transformation de la vie quotidienne.

« Détruire ce qui nous détruit » est un slogan classique de la Gauche allemande alternative des années 1970 en Allemagne de l’Ouest ; à rebours complet de la logique syndicale, il place les revendications sur le plan de la vie quotidienne. C’est exemplaire de la différence d’ailleurs entre la Gauche française des années 1960-1970 et son équivalent allemand.

Ce slogan est connu par le groupe « Ton Steine Scherben » (Hauteur de voix Pierres Bris de vitres), dont c’est le premier single en 1970. Le groupe, qui pratique une sorte de rock, est devenu emblématique d’une scène allant des Verts alternatifs à la Fraction Armée Rouge en passant par les autonomes et tous les squats berlinois des années 1980, avec comme dénominateur commun la revendication de la transformation de la vie quotidienne. En France, le journal L’Internationale liée à Action Directe reprendra d’ailleurs le slogan en couverture de son numéro de décembre 1983 ; il est souvent employé par le PCF(mlm).

Voici la chanson de Ton Steine Scherben.

En voici les paroles, les dernières lignes étant présentes sur la version de l’album.

« Les radios sont allumés, les disques tournent
Les films sont diffusés, les télévisions allumés
Acheter des voyages, acheter des voitures

Acheter des maisons, acheter des meubles
Pourquoi ?

Détruisez ce qui vous détruit !

Détruisez ce qui vous détruit !

Les trains roulent, les dollars roulent

Les gens s’épuisent au boulot, les machines tournent

Construire des usines, construire des machines
Construire des moteurs, construire des canons

Pour qui ?

Détruisez ce qui vous détruit !

Détruisez ce qui vous détruit !

Les bombardiers volent, les chars roulent,

Les policiers frappent, les soldats tombent
Protéger les chefs, protéger les actions

Protéger le Droit, protéger l’État

De nous !

[A quoi s’ajoute sur l’album la chanson du Front de l’unité de Bertolt Brecht et Hanns Eisler :

Et parce que l’homme est un homme
voilà pourquoi il lui faut de quoi manger, eh oui!
Aucun bavardage ne le rassasie
ça ne ramène pas de bouffe.

Donc gauche, deux, trois!
Donc gauche, deux, trois!
Là où est ta place, camarade!
Range-toi dans le Front de l’unité des travailleurs
Car toi aussi es un travailleur

Et parce que l’homme est un homme
voilà pourquoi il lui faut aussi vêtements et chaussures.
Aucun bavardage ne le réchauffe
et pas de roulement de tambour, non plus

Donc gauche, deux, trois!
Donc gauche, deux, trois!
Là où est ta place, camarade!
Range-toi dans le Front de l’unité des travailleurs
Car toi aussi es un travailleur

Et parce que l’homme est un homme
voilà pourquoi les bottes dans la figure ne lui plaisent pas.
Il ne veut voir parmi soi aucun esclave
et au-dessus de lui aucun maître.

Donc gauche, deux, trois!
Donc gauche, deux, trois!
Là où est ta place, camarade!
Range-toi dans le Front de l’unité des travailleurs
Car toi aussi es un travailleur

Et parce que le prolétaire est un prolétaire
voilà pourquoi aucun autre le libérera,
la libération de la classe ouvrière
ne peut être que l’œuvre des ouvriers

Donc gauche, deux, trois!
Donc gauche, deux, trois!
Là où est ta place, camarade!
Range-toi dans le Front de l’unité des travailleurs
Car toi aussi es un travailleur] »

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Société Vie quotidienne

Iriedaily, le style berlinois

Une employée d’Iriedaily qui sert de prétexte à montrer une des productions de la marque, avec à l’arrière-plan une voiture de police qui brûle lors de la manifestation de 10 000 personnes contre l’inauguration de la Banque Centrale Européenne à Francfort en 2015 et une photo montrant un rassemblement « autonome anti-impérialiste » en Allemagne dans les années 1980… On l’aura compris, Iriedaily est une marque allemande, mieux encore de Berlin, mieux encore de Kreuzberg.

Inconnu (pour l’instant) en France, Iriedaily a pourtant déjà atteint un certain niveau dans le streetwear, puisqu’elle est distribuée dans une quinzaine de pays, à travers 400 magasins.

Le style est très berlinois, avec un esprit club chatoyant associé à une vraie dimension pratique, une approche rentre-dedans mais recherchée, ce qui fait qu’on est assez loin du côté carré – cadré français, même si on reconnaîtra pourtant une certaine patte française du début des années 1980 avec le côté coloré, géométrique, street art.

Iriedaily est née sur le tas, en 1994, d’un petit groupe pratiquant la sérigraphie (par exemple pour la tournée allemande de Bad religion) et d’un Français, Jaybo aka Monk, qui a vécu la vie de la bohème artistique le menant à s’installer à Berlin en 1986 et qui est devenu le chef designer d’Iriedaily.

On devine l’arrière-plan alternatif et d’ailleurs Iriedaily a son origine dans le quartier de Kreuzberg, le bastion des autonomes allemands durant toutes les années 1980. « Irie » signifie d’ailleurs plaisant en anglais jamaïcain, « daily » voulant dire quotidien, journalier, et « iriedaily ! » est une salutation amicale rasta.

L’entreprise – car c’en est une – n’hésite pas à donner la liste de ses fournisseurs en Chine et au Portugal, ainsi qu’à présenter les photos des ouvriers dans les lieux où sont produits ses marchandises pour montrer qu’elle ne cache rien et qu’elle est à la pointe du « fair wear ». Elle produit des t-shirts antinazis dont les fonds vont à des associations, elle insiste sur le sens des responsabilités sociales, il y a une affirmation de la nécessité de faire du durable, pratiquement tous ses produits sont vegans, etc.

Le style, par son approche berlinoise, est très différent de la démarche française et il y a lieu de se demander dans quelle mesure une certaine dimension féministe ne joue pas, si la différence ne tient pas tant, au fond, au style profondément différent entre la berlinoise et la parisienne.

Iriedaily est une marque qui vaut le coup d’être connu, surtout tant qu’il y a encore le fond alternatif et que le côté bobo ne l’a pas emporté, même s’il est déjà présent évidemment puisque l’entreprise est somme toute un refuge pour vivre de manière pas trop affreuse dans un capitalisme insupportable.

Il est tout à fait plaisant d’avoir une marque permettant des vêtements s’appuyant sur des matières durables, vegans, par une marque fournissant un salaire parmi les moins pires possibles aux ouvriers. C’est déjà ça, même si on ne peut pas s’y arrêter.

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Écologie

«et même végétariens» (1926)

Willi Eichler (1896-1971) est une importante figure socialiste allemande. Membre de l’Union internationale de la jeunesse socialiste, il est à ce titre exclu des rangs des socialistes et rejoint ensuite l’ISK (Union de Lutte Socialiste Internationale), une petite structure entre les socialistes et les communistes, qui appelle notamment à leur union aux élections de juillet 1932.

Fuyant le nazisme, il est plein de désillusions et finit par se ranger culturellement, abandonnant son orientation alternative. Il rejoint alors les socialistes en Allemagne de l’Ouest.

L’extrait suivant provient de « Même végétarien », publié en 1926 par l’ISK.

« Les membres de l’union de la jeunesse sont fous, ils sont abstinents [de tout alcool] et même végétariens ». C’est ce qu’a formulé en passant un éminent membre du Parti social-démocrate d’Allemagne au sujet de l’Union de la jeunesse internationale (IJB).

« Même végétariens » – qui n’entend pas le dédain de ces paroles, qui ne devine pas concrètement le haussement d’épaules de regret et de pitié de l’homme politique moderne qui ne comprend pas que, alors qu’il y a de si grandes tâches auxquelles l’humanité est confrontée, on s’adonne de telles « bizarreries » comme le végétarisme et l’abstinence (…).

Qu’a le mode de vie végétarien à faire avec la lutte des socialistes ? Le socialisme, cela signifie la société sans exploitation – libre de toute exploitation. L’exploitation est possible de différentes manières : le capitaliste exploite le prolétaire, celui-ci très souvent sa femme et ses enfants ; l’Église se tient comme collègue du régime et aide par l’intermédiaire de l’exploitation spirituelle qu’elle fait tourner à ce que se maintienne le système contemporain d’exploitation sociale.

Ce qu’il y a de commun à toutes ces sortes d’exploitation repose dans le mépris des intérêts d’autres êtres vivants, dans le fait de léser leurs intérêts – bref, qu’en raison d’un rapport de violence, ils soient abusés d’eux pour des fins personnelles (…).

Mais certains demanderont, les animaux ont-ils des intérêts ? La réponse ne peut qu’être : regardez les animaux. Qui a une fois observé les animaux sait qu’ils ont des intérêts, car les animaux ont bien sûr la possibilité de nous faire part sans ambiguïté de leurs intérêts.

Il est vrai qu’il leur manque le langage, mais il en ressort qu’ils ne peuvent pas nous mentir. Un passage à l’abattoir nous enseigne assez (…).

Dans l’abattoir, il y a – lui-même déplorable victime d’exploitation – le boucher : sale, gluant, fumant de sang frais de haut en bas, son expression faciale ne montre que la grossièreté, du cynisme et du sadisme.

Le voir se tenir à côté du bœuf et n’hésiter ne serait-ce qu’un instant à lequel des deux, s’il fallait choisir, mérite le coup fatal sur la nuque, ce n’est pas avoir de cœur dans la poitrine (…).

Oui, même le prolétaire, qui est abusé à un point tel qu’il est envoyé à l’abattoir pour humains pour les objectifs impérialistes, qui est assassiné « sur le champ d’honneur », meurt au moins avec la conception, même totalement fausse, d’un but plus élevé, que ce soit la protection de la patrie, de la famille ou la « culture ».

L’animal d’abattoir, à l’opposé, perd avec sa vie ce qu’il possède de plus cher, et comme dit simplement pour un loisir culinaire humain. Ce n’est par là aucune consommation d’être massacré de manière « humaine », même si c’est sur le coup moins douloureux. Est-ce que les prolétaires appellent à une exploitation humaine ? Ou bien notre lutte n’est-elle pas justement pour qu’il n’y ait plus aucune exploitation ?

Et si on parle de l’exploitation en tant que tel, alors on a soi-même pas le droit d’exploiter ; et même : justement les exploités sont les plus en situation de ressentir les tourments des animaux.

Si l’on voit ces tourments, et on les voit si on ouvre les yeux, alors on a le devoir de les faire cesser, au moins autant qu’on le puisse à ce moment-là. Et le pouvoir d’une personne va au moins assez loin pour être végétarien, c’est-à-dire, pour sa part, de se tenir loin du meurtre.

Je dis « au moins », car en vérité c’est encore bien trop peu (…). Qui ne se prononce pas au moins pour cette exigence honteusement modérée ne prend pas au sérieux la liquidation de l’exploitation (…).

Tant que nous exploitons nous-mêmes, nous perdons le droit à demander à d’autres de ne pas nous exploiter. Nous arrêtons alors d’être socialistes. Qui pense jusqu’au bout l’exigence d’une société sans exploitation devient végétarien.

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Nouvel ordre Politique

L’Appel de Stockholm (1950)

Le 18 mars 1950, le Congrès mondial des partisans de la paix, impulsé par les communistes, lançait l’Appel de Stockholm, un manifeste pour la paix qui eut un retentissement énorme. Il faisait suite à une dynamique mondiale importante dans toute la Gauche européenne, avec le Congrès mondial des intellectuels pour la paix à Wrocław en Pologne en 1948 puis les Assises pour la paix et la liberté à Paris.

En France, 14 millions de personnes signèrent la pétition liée à l’Appel de Stockholm, ainsi que 560 millions de personnes dans toute l’Europe. Ce fut un moment important pour la Gauche, marquant l’émergence d’un mouvement de masse en faveur de la paix, à l’époque où les États-Unis lançaient la construction de la bombe H.

C’est de cette époque et de cette dynamique que provient la fameuse colombe comme symbole de la paix, dessinée par Pablo Picasso. Le premier signataire de l’Appel fut le scientifique communiste français Frédéric Joliot-Curie, en tant que Président du Congrès mondial des partisans de la paix.

« APPEL

Nous exigeons l’interdiction absolue de l’arme atomique, arme d’épouvante et d’extermination massive des populations.

Nous exigeons l’établissement d’un rigoureux contrôle international pour assurer l’application de cette mesure d’interdiction.

Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n’importe quel pays, l’arme atomique, commettrait un crime contre l’humanité et serait à traiter comme criminel de guerre.

Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel.

— Stockholm, 19 mars 1950 »

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Politique

« Transformer », « émanciper », des concepts-clefs à Gauche

Qu’est-ce-que la vie ? C’est un enchevêtrement d’éléments matériels différents qui s’agrègent puis fusionnent pour aller vers des organismes toujours plus complexes. Au cœur de cette dynamique, il y a modification, changement, dépassement d’anciennes conditions vers une nouvelle condition générale.

C’est l’illustration bien connu du papillon : d’abord larve, la chrysalide se transforme pour s’émanciper progressivement vers un être vivant complexe.

En tant que produit de la rationalité, la Gauche est l’agent de cette dynamique. Alors que la Droite veut bloquer le processus à un point donné, et que l’extrême-droite souhaite revenir à l’ancien état des choses, la Gauche est porteuse de la dynamique de la vie.

Elle en est même l’accélérateur et c’est pour cela qu’il a été parlé, parfois, de « progressisme » : il faut aller de l’avant, car l’avenir est forcément radieux. Cela ne veut pas dire que le processus se fait de manière lisse, sans difficultés et sans détours houleux. Comme l’on dit « la vie est ainsi faite » : on avance, on subit des échecs, on recule puis on rebondit avec une meilleure compréhension des choses…

Or, qu’est-ce-que le Socialisme si ce n’est l’expression de la transformation du capitalisme lui-même en autre chose ? Qu’est-ce-que le Socialisme si ce n’est le reflet de l’émancipation de la classe ouvrière de son aliénation ? Mais pour voir les choses ainsi il faut avoir un rapport au travail, justement à la transformation sociale.

Karl Marx n’a t-il pas écrit :

« Les animaux et les plantes que d’habitude on considère comme des produits naturels sont, dans leurs formes actuelles, les produits non seulement du travail de l’année dernière, mais encore, d’une transformation continuée pendant des siècles sous la surveillance et par l’entremise du travail humain. »

La base c’est la transformation des choses et cela passe par le travail. On ne peut pas sortir de cela, c’est la nature de la vie humaine. On ne peut pas stopper ce phénomène, qui est une dynamique objective de la société.

Et la grande leçon de Marx c’est d’analyser comment le capitalisme est lui-même en train de se transformer en une société nouvelle, supérieure, qui est le Socialisme. C’est la fameuse formule du Manifeste du Parti communiste comme quoi « la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs ». Il n’est pas question d’une dégradation absolue des conditions de vie mais bien d’une transformation de la société bourgeoisie en une nouvelle et supérieure organisation sociale.

Cette transformation se réalise évidemment à l’intérieur d’une contradiction, la lutte des classes. À la transformation correspond donc forcément l’émancipation, celle de la classe ouvrière qui, au cœur de la transformation de la matière, se libère du capitalisme et établit une nouvelle société.

« Transformer » et « émanciper » sont les concepts clefs de la Gauche et il est assez révélateur que ces manières de voir les choses ne sont pratiquement plus mises en avant dans la Gauche actuelle. Il y a pourtant toute une tradition de la gauche dite de « transformation » ! Malheureusement, tout a été réduit une vision basée sur l’ « opposition » : on serait ainsi « antilibérale », « anticapitaliste », « antiraciste », etc. La nature de l’engagement ne serait pas un élan vers l’avant dans le Socialisme, le Communisme, le métissage, la collectivité.

La Gauche historique c’est justement cela, celle de correspondre à l’accouchement de la nouvelle société en comprenant la transformation en cours, en travaillant à l’émancipation culturelle de la classe ouvrière.

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Politique

Socialistes et communistes, l’un miroir de l’autre

Pour les communistes, les socialistes sont des communistes qui n’ont pas tout compris. Pour les socialistes, les communistes sont des socialistes qui pensent trop avoir tout compris. C’est la clef d’une différence historique, qui se maintient encore, même si de manière bien différente dans notre pays.

SPD Rosa Luxemburg

Après la révolution russe, Lénine n’a cessé de pester contre les communistes des pays occidentaux, c’est-à-dire les socialistes qui ont été d’accord avec lui. C’est paradoxal : il est mécontent des gens qui ont rompu avec ce qu’ils avaient été et qui adoptent ses propres positions ! Mais la raison de cela est très simple à comprendre. Il avait vu que la social-démocratie était un mouvement de masse et que seule une partie était devenue communiste.

Voilà pourquoi il disait aux communistes, ex-socialistes, d’aller chercher les autres. Sauf qu’évidemment, les communistes ne comptaient pas du tout le faire. Ils n’étaient tout de même pas devenus communistes pour aller avec les socialistes, qui eux justement refusaient de devenir communistes. Alors, ils ont refusé, ou bien fait semblant, ou bien traîné des pieds.

On notera que Rosa Luxembourg avait constaté le même problème lors de sa fondation du Parti Communiste d’Allemagne – Spartacus. On est trop peu, on est loin d’avoir les masses avec nous, disait-elle en substance. On s’en fout, répondaient en substances les ultras. La différence est que Lénine avait lui centralisé tous les partis communistes dans l’Internationale Communiste.

Pas une, pas deux, Lénine leur force la main. Il fait donc en sorte d’éjecter des nouveaux partis communistes tous les « ultras », publie Le gauchisme, maladie infantile du communisme, force les communistes à s’allier avec autant de forces que possible, notamment en Allemagne. Ceux qui ne sont pas contents peuvent aller voir ailleurs, et le font (cela donnera les bordiguistes italiens, les conseillistes hollandais et allemands, plus tard les trotskistes français, etc.)

Les socialistes s’en aperçoivent bien, évidemment. Alors ils font monter les enchères et disent que si les communistes ne cessent de se tourner vers eux, c’est qu’au fond ils savent qu’ils se trompent. Les communistes leur répondent en les traitant de salauds ou de traîtres, ou bien les deux. Les socialistes les accusent d’être des charlatans, des autoritaires, voire pire. Tout continue ainsi, jusqu’à la catastrophe allemande, qui met tout le monde d’accord.

Front populaire

C’est alors le Front populaire, né par en bas, par la pression des socialistes et des communistes, dont les associations populaires fusionnent alors. Cela deviendra le modèle pour les communistes et pour certains socialistes, surtout après 1945 dans les pays de l’Est. D’autres socialistes considèrent par contre alors que la fracture est complète et irrémédiable et rejettent les communistes de manière formelle. Cela sera le cas dans les pays occidentaux, notamment en France, jusqu’en 1981.

Les communistes sont-ils alors les mêmes ? Les socialistes sont-ils alors les mêmes ? Et y a-t-il encore aujourd’hui, au sens strict, historique, au-delà des mots, des socialistes et des communistes ? En tout cas, on ne peut pas comprendre les uns sans comprendre les autres. Forcément, les deux relèvent du mouvement ouvrier et il n’y a qu’un mouvement ouvrier.

Il est ainsi inévitable qu’à l’avenir, les identités socialiste et communiste ressurgissent, comme fruit historique du patrimoine du mouvement ouvrier. Mais cette fois, il ne faudra pas faire les mêmes erreurs, qui ont coûté si cher. Le Fascisme n’aurait jamais gagné en Allemagne si toute la Gauche avait agi collectivement, massivement, de manière unanime. À un moment, il faut bien assumer si on veut que la Gauche gagne, et si on est prêt à assumer que pour la Gauche gagne, il ne faut qu’il y ait plus que la Gauche, car inévitablement la Droite bascule du côté de l’extrême-Droite.

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Planète et animaux Réflexions

Planter un arbre, un ravissement

Tout le monde devrait avoir planté un arbre dans sa vie. C’est littéralement une petite cérémonie, où l’on fait comme un pacte avec dame Nature. Et ce pacte, c’est elle qui en a décidé les conditions.

Le fait de planter soi-même un arbre n’est pas banal. Même pour quelqu’un dont c’est le métier, il y a une dimension non pas métaphysique, mais à proprement parler tellement naturelle, qu’on ne peut être qu’ébahi. Surtout quand on sort la jeune pousse du pot où elle a été placée au préalable, pour s’élancer dans la vie. On l’ôte délicatement, en époussetant la terre de ses racines, en s’inquiétant de le faire mal, avec l’angoisse de l’abîmer.

Puis, on le transporte, le cœur joyeux, vers l’endroit où le futur arbre va s’enraciner. Là, on se dit qu’un jour, bien plus tard, ce sera un grand tronc auquel on fera face, et qu’on a joué un petit rôle. On ne se dit pas que c’est son propre arbre, mais en tout cas qu’il s’agit là, d’une certaine manière, d’un ami qu’on a aidé.

Alors, donc, on creuse un large trou, on prépare la terre, on prépare l’eau, et on place délicatement la pousse. On comprend alors que cet être va vivre des dizaines d’années, peut-être même des centaines d’années, selon le type d’arbre. Cet ami va nous survivre et on aura aidé à son installation.

Il y a dans le film Intouchables la figure du bourgeois expliquant que l’art contemporain est la seule preuve de notre présence sur terre, à la vue d’un tableau blanc arrosé de tâches rouges. Quelle folie ! Comme un tel discours s’oppose totalement au fait de creuser la terre en faisant un effort physique, de nettoyer les racines avec ses doigts salis mais qu’on use délicatement, pour contribuer à la vie !

Car c’est de la vie qu’il s’agit, et seule la vie propose un tel ravissement. Les paradis artificiels sont justement artificiels, ils sont intenses, mais sans profondeurs. Alors que là, face à l’arbre en face de soi, il n’y a pas de raisonnement métaphysique ou de rapport destructeur, simplement la joie de voir un être qui va pouvoir vivre.

L’arbre va persévérer dans son existence, on le voit, on le sait, on peut revenir le voir et on va le voir grandir avec la vie. Notre propre vie peut bien se terminer, un jour, le plus tard possible espérons le, on sait que la vie continue, quant à elle. La vie appelle la vie et le processus est infini, et on se saisit soi-même comme modeste élément de cette chaîne sans fin (et sans Dieu).

Pour cette raison, tout le monde devrait planter un arbre. Pour le ravissement que cela fournit, mais également pour la maturité des sensations que cela apporte. On devrait fixer un âge où, lorsqu’on devient citoyen, il y a une cérémonie intime où l’on va planter un arbre.

En fait, on devrait de toutes façons de manière régulière contribuer à la vie des campagnes, de l’agriculture. La vie urbaine est sans cela aliénée. Au-delà, toutefois, il y a la question d’une cérémonie quasi initiatique de reconnaissance du caractère suprême de la vie. Aurait-on peut-être la naïveté de penser que quelqu’un ayant planté un arbre, en connaissance de cause, ne pourrait jamais devenir quelqu’un de mauvais ?

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Culture Nouvel ordre

La grande chanson ouvrière « L’Internationale »

L’Internationale est la grande chanson historique du mouvement ouvrier. En voici les paroles et une version chantée.

Debout, les damnés de la terre
Debout, les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère,
C’est l’éruption de la faim.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout, debout
Le monde va changer de base,
Nous ne sommes rien, soyons tout.

C’est la lutte finale ;
Groupons nous et demain
L’Internationale
Sera le genre humain.

Il n’est pas de sauveurs suprêmes
Ni Dieu, ni César, ni Tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes
Décrétons le salut commun.
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer tant qu’il est chaud.

L’État comprime et la Loi triche,
L’impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche ;
Le droit du pauvre est un mot creux
C’est assez languir en tutelle,
L’Égalité veut d’autres lois ;
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle
Égaux pas de devoirs sans droits. »

Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la banque
Ce qu’il a crée s’est fondu,
En décrétant qu’on le lui rende,
Le peuple ne veut que son dû.

Les rois nous saoulaient de fumée,
Paix entre nous, guerre aux Tyrans
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent ces cannibales
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.

Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs,
La terre n’appartient qu’aux hommes,
L’oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours.

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Politique

Le «premier» premier mai en 1968 et la nature du premier mai

C’est quelque chose de fondamentalement méconnu, tellement cela paraît invraisemblable, mais dans les années 1950-1960, les défilés du premier mai étaient interdits par l’État, en raison des guerres d’Indochine et d’Algérie.

Cela signifie qu’à l’époque, la Gauche avait entièrement capitulé au sujet de l’un de ses plus grands symboles. Cela a grandement contribué à la perte de toute un état d’esprit, de toute une tradition, de toute une certaine vision politique de confrontation au lendemain de 1945.

A l’époque, il y avait une grande polarisation et assumer la CGT, c’était assumer la lutte des classes… La CGT elle-même avait fort logiquement des revendications dépassant largement le cadre restreint des mesures sociales.

Malheureusement, l’interdiction acceptée par la Gauche a endormi les travailleurs.

Ainsi, le premier mai 1968, il y a cinquante ans, lors du premier défilé depuis de nombreuses années, ce fut le choc de la confrontation entre la CGT d’un côté, les gauchistes de l’autre, avec notamment les « marxistes-léninistes » (c’est-à-dire les maoïstes) pour qui le « P « C »F », comme ils le désignaient, avait trahi.

Les vieux reprochaient aux jeunes de ne pas avoir le sens des réalités, de mépriser la bataille des acquis ; les jeunes accusaient les vieux d’avoir trahi l’idéal révolutionnaire, d’avoir abandonné le projet d’une société ayant renversé le capitalisme.

Au-delà de la confrontation d’idées, c’est la question de la démarche elle-même qui se posait. En quoi consiste le premier mai ? En une démonstration de force des forces sociales défendant des intérêts économiques ? Ou bien en un rappel des grands idéaux de la Gauche, ceux d’un monde sans exploitation ni oppression ?

L’affiche de 1951, avec des revendications précises et politiques

Le 1er mai en France est, en effet, malheureusement prétexte à des rassemblements syndicaux, alors qu’en réalité, une telle journée devrait être l’expression de la Gauche politique.

Cela reflète le vrai problème de fond de la question sociale en France : en raison de la charte d’Amiens fait par la CGT en 1906 et séparant radicalement la politique de l’activité syndicale, il y a deux mondes qui coexistent, au lieu que la primauté revient à la politique normalement.

Cela a renforcé le syndicalisme réformiste et gestionnaire, totalement coupé sur le plan des idées et des valeurs de ce qu’est la Gauche. C’est la fameuse figure du syndicaliste râleur, collaborant avec le patronat pour avoir ses heures sans travail, collaborant aux projets de l’entreprise, ayant des normes particulièrement sexistes, porté largement sur l’alcool, etc.

Un personnage insupportable, prétendant même représenter la Gauche, alors que son existence dépend des millions et des millions d’euros donnés aux syndicats afin de maintenir leur existence et de pacifier les rapports sociaux.

L’affiche de 1972, où règne le flou et avec la CGT placé au centre, sans drapeau rouge

Les forces conservatrices ont ici très bien joué, ayant très bien comprises l’apolitisme syndicaliste française. Si à partir d’avril 1919 le 1er mai devient une journée chômée, il n’est férié et payé à l’initiative du syndicaliste CGT René Belin.

Sauf que cela se passe en 1941 et que René Belin est alors ministre du travail du régime de Vichy, qui instaura alors la « Fête du Travail et de la Concorde sociale ».

Prétendre que cela n’a pas eu d’influence serait absurde. C’est dans cette identité liée au « travail » et non pas à la Gauche qu’il y a eu l’espace pour le Front National de commencer un rassemblement du premier mai à partir de 1988. Même Nicolas Sarkozy a eu une initiative similaire en 2012, pour célébrer le « vrai travail ».

Il n’y a qu’en France qu’une aberration est possible. Le premier mai devrait avoir un sens politique, pas un sens économique ou social. C’est là, bien entendu, toute la question d’une définition de la lutte des classes.

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Politique

Guerre d’Espagne : affiches du PSUC et de l’UGT

Le Parti socialiste unifié de Catalogne est né en juillet 1936, quelques jours après le coup d’État de Franco, en tant que fusion des socialistes et des communistes. Il dirigeait également l’Union générale des travailleurs (UGT). Voici quelques unes de leurs affiches durant la guerre d’Espagne.

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Politique

Affiches de mai 1968

 

 

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Nouvel ordre Politique

Le programme du Front Populaire (1936)

Le programme de revendications immédiates que publie le Rassemblement populaire résulte d’un accord unanime entre les dix grandes organisations qui composent le Comité national de Rassemblement :

Ligue des Droits de l’Homme,

Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes,

comité mondial contre le fascisme et la guerre (Amsterdam-Pleyel),

Mouvement d’Action combattante,

Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste,

Parti Socialiste S.F.I.O.,

Parti Communiste,

Union socialiste et Républicaine,

Confédération Générale du Travail,

Confédération Générale du Travail Unitaire.

Il s’inspire directement des mots d’ordre du 14 juillet Les partis et organisations, groupant des millions d’êtres humains, qui ont juré de rester unis, aux termes du serment, « pour défendre les libertés démocratiques, pour donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse et, au monde, la grande paix humaine » ont cherché ensemble les moyens pratiques d’une action commune, immédiate et continue.

Ce programme est; volontairement limité aux mesures immédiatement applicables.

Le Comité national entend que chaque parti, chaque organisation, participant au Rassemblement populaire, puisse se joindre à l’action commune sans rien abdiquer de sa doctrine, de ses principes, et de ses fins particulières. Il s’est astreint, d’autre part, à présenter des solutions positives aux problèmes essentiels, actuellement posés devant la démocratie française.

C’est ainsi que, dans l’ordre politique, il définit les mesures indispensables pour assurer le respect de la souveraineté nationale, exprimée par le suffrage universel, et pour garantir les libertés essentielles (liberté d’opinion et d’expression, libertés syndicales, liberté de conscience et laïcité) – que, dans l’ordre international, il pose les conditions nécessaires à la sauvegarde et à l’organisation de la paix, suivant les principes de la Société des Nations – et que, dans l’ordre économique et financier, il s’attache à lutter, dans l’intérêt des masses laborieuses et épargnantes, contre la crise et contre les organisations fascistes qui l’exploitent pour le compte des puissances d’argent.

Ces problèmes d’économie et de finance, d’une si haute importance actuelle, le Rassemblement populaire se refuse à les résoudre séparément : il veut atteindre les causes des moins-values fiscales en agissant contre la crise, et compléter son action contre la crise par l’amélioration du crédit public et privé.

Le Rassemblement populaire souligne qu’un grand nombre des revendications qu’il présente figurent déjà dans les plans et programmes élaborés par les organisations syndicales de la classe ouvrière.

Il ajoute que ces revendications urgentes, et par là même restreintes, si elles apportent une première modification au système économique actuel, devront être complétées par des mesures plus profondes pour arracher définitivement l’Etat aux féodalités industrielles et financières.

En tous les ordres de problèmes, le Rassemblement, a cherché des solutions de justice, seules conformes aux principes de la démocratie : justice égale pour tous dans l’application des lois pénales – justice fiscale – justice pour les indigènes dans les colonies – justice internationale, dans le cadre et suivant l’esprit de la Société des Nations.

S’il a été possible au Comité national du Rassemblement populaire d’aboutir à des formules unanimes, c’est que les partis et organisations qui le composent ont collaboré amicalement dans un esprit de conciliation et de synthèse. Aux masses populaires de soutenir à présent ces revendications et de les faire triompher. Quand ce programme commun aura passé dans la réalité, un grand changement sera obtenu : la liberté sera mieux défendue, le pain mieux assuré, la paix mieux garantie.

De tels biens sont assez précieux pour que tout soit subordonné à la volonté de les conquérir.

C’est à cette volonté revendicatrice que le Rassemblement populaire fait appel. Qu’elle se traduise par une cohésion étroite, où se prolonge la fraternité du 14 juillet, et qu’elle signifie à tous, en France et hors de France, que la démocratie est invincible dès qu’elle reprend sa vigueur créatrice et sa puissance d’attraction.

REVENDICATIONS POLITIQUES

I – Défense de la Liberté

1 – AMNISTIE GÉNÉRALE.
2 – CONTRE LES LIGUES FASCISTES :

a) Désarmement et dissolution EFFECTIVE des formations paramilitaires, conformément à la loi.

b) Mise en vigueur des dispositions légales en cas de provocation au meurtre ou d’attentat à la sûreté de l’Etat.

3 – ASSAINISSEMENT DE LA VIE PUBLIQUE, notamment par les incompatibilités parlementaires.

4 – LA PRESSE

a) Abrogation des lois scélérates et des décrets-lois restreignant la liberté d’opinion;

b) Réforme de la presse par l’adoption de mesures législatives :

1° qui permettent, la répression efficace de la diffamation et du chantage ;

2° qui puissent assurer aux journaux des moyens normaux d’existence, qui les obligent à rendre publique l’origine de leurs ressources, qui mettent fin aux monopoles privés de la publicité commerciale et aux scandales de la publicité financière, et qui empêchent enfin la constitution de trusts de presse.

c) Organisation des émissions radiophoniques d’Etat en vue d’assurer l’exactitude des informations et l’égalité des organisations politiques et sociales devant le micro.

5 – LIBERTÉS SYNDICALES :

a) Application et respect du droit syndical pour tous.

b) Respect du droit des femmes au travail.

6 – L’ÉCOLE ET LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE :

a) Assurer la vie de l’école publique, non seulement par les crédits nécessaires, mais par des réformes telles que la prolongation de la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans et la mise en pratique, dans l’enseignement du second degré, d’une sélection indispensable comme, complément de la gratuité.

b) Garantir à tous, élèves et maîtres, la pleine liberté de conscience, notamment par le respect de la neutralité scolaire, de la laïcité et des droits civiques du corps enseignant.

7 – LES TERRITOIRES COLONIAUX : Constitution d’une Commission d’enquête parlementaire sur la situation politique, économique et morale dans les territoires français d’outre-mer, notamment dans l’Afrique française du Nord et l’Indochine.

II – Défense de la Paix

1 – Appel à la collaboration du peuple et notamment des masses laborieuses pour le maintien et l’organisation de la paix.

2 – Collaboration internationale, dans le cadre de la Société des Nations, pour la sécurité collective, par la définition de l’agresseur et l’application automatique et solidaire des sanctions en cas d’agression.

3 – Effort incessant pour passer de la paix armée à la paix désarmée, d’abord par une convention de limitation, puis par la réduction générale, simultanée et contrôlée des armements.

4 – Nationalisation des industries de guerre et suppression du commerce privé des armes.

5 – Répudiation de la diplomatie secrète, action internationale et négociations publiques pour ramener à Genève les Etats qui s’en sont écartés, sans porter atteinte aux principes constitutifs de la Société des Nations : sécurité collective et paix indivisible.

6 – Assouplissement de la procédure prévue par le Pacte de la Société des Nations pour l’ajustement pacifique des traités dangereux pour la paix du monde.

7 – Extension, notamment à l’Europe orientale et centrale, du système des pactes ouverts à tous, suivant les principes du Pacte franco-soviétique.

REVENDICATIONS ÉCONOMIQUES

I – Restauration de la capacité d’achat supprimée ou réduite par la crise

CONTRE LE CHÔMAGE ET LA CRISE INDUSTRIELLE : Institution d’un fonds national de chômage. Réduction de la semaine de travail sans réduction du salaire hebdomadaire. Appel des jeunes au travail par l’établissement d’un régime de retraites suffisantes pour les vieux travailleurs Exécution rapide d’un plan de grands travaux d’utilité publique, citadine et rurale, en associant à l’effort de l’Etat et des collectivités l’effort de l’épargne locale.

CONTRE LA CRISE AGRICOLE ET COMMERCIALE : Revalorisation des produits de la terre, combinée avec une lutte contre la spéculation et la vie chère, de manière à réduire l’écart entre les prix de gros et les prix de détail.

Pour supprimer la dîme prélevée par la spéculation sur les producteurs et les consommateurs ; création d’un office national interprofessionnel des céréales.

Soutien aux coopératives agricoles, livraison des engrais au prix de revient par les offices nationaux de l’azote et des potasses, contrôle et tarification de la vente des superphosphates et autres engrais, développement du crédit agricole, réduction des baux à ferme.

Suspension des saisies et aménagement des dettes.

Mise au point de la révision des billets de fonds de commerce.

En attendant l’abolition complète et aussi rapide que possible de toutes les injustices que les décrets-lois comportent, suppression immédiate des mesures frappant les catégories les plus touchées dans leurs conditions d’existence par ces décrets.

II – Contre le pillage de l’épargne

Pour une meilleure organisation du crédit. Réglementation de la profession de banquier.

Réglementation du bilan des banques et des sociétés anonymes.

Réglementation nouvelle des pouvoirs des administrateurs des sociétés anonymes.

Interdiction aux fonctionnaires retraités ou en disponibilité d’appartenir aux conseils d’administration des sociétés anonymes.

Pour soustraire le crédit et l’épargne à la domination de l’oligarchie économique, FAIRE DE LA BANQUE DE FRANCE, aujourd’hui banque privée, LA BANQUE DE LA FRANCE :

Suppression du Conseil des Régents.

Élargissement des pouvoirs du Gouverneur, sous le contrôle permanent d’un conseil composé de représentants du pouvoir législatif, de représentants du pouvoir exécutif et de représentants des grandes forces organisées du travail et de l’activité industrielle, commerciale et agricole.

Transformation du capital en obligations, des mesures étant prises pour garantir les intérêts des petits porteurs.

III. – Assainissement financier.

Révision des marchés de guerre en liaison avec la nationalisation des industries de guerre.

Répression du gaspillage dans les administrations civiles et militaires.

Institution de la caisse des pensions de guerre.

Réforme démocratique du système des impôts comportant une détente fiscale en vue de la reprise économique, et création de ressources par des mesures atteignant les grosses fortunes (progression rapide de la majoration du taux de l’impôt général sur les revenus supérieurs à 75 000 francs – réorganisation de l’impôt successoral – taxation des profits des monopoles de fait en évitant toute répercussion sur les prix de consommation).

Suppression de la fraude sur les valeurs mobilières, par la mise en vigueur de la carte d’identité fiscale votée par les Chambres, en l’accompagnant d’une amnistie fiscale.

Contrôle des sorties de capitaux et répression de leur évasion par les mesures les plus sévères, allant jusqu’à la confiscation des biens dissimulés à l’étranger ou de leur contre-valeur en France.

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Nouvel ordre Politique

Le bel hymne du Parti Socialiste en 1977

Au milieu de l’année 1977, le Parti Socialiste tenait son congrès à Nantes, au Parc des expositions. Cela fut le prétexte à l’instauration d’un hymne, avec des paroles écrites par Herbert Pagani et une musique du Grec Míkis Theodorákis, deux artistes particulièrement engagés.

Les paroles sont une célébration de l’utopie et de la possibilité de réaliser celle-ci.

Les voix des femmes et les voix des hommes
Ont dû se taire beaucoup trop longtemps
Ne croyons plus aux lendemains qui chantent
Changeons la vie ici et maintenant
C’est aujourd’hui que l’avenir s’invente
Changeons la vie ici et maintenant

Prendre la parole
Décider nous-mêmes
Libérer nos vies des chaînes de l’argent
Écrire notre histoire à la première personne
Être enfin des hommes et non des instruments

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Ne versons plus au nom de leur puissance
Notre sueur, nos larmes, notre sang
Les travailleurs travaillent pour la France
Pas au profit de quelques possédants
Pour partager les fruits de l’abondance

Changeons la vie ici et maintenant
Prendre la parole
Décider nous mêmes

Libérer nos vies des chaînes de l’argent
Faire du bonheur notre monnaie courante
Maîtriser la science et dominer le temps

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Il nous faudra reprendre en main nos villes
Qui ne sont plus que des ghettos géants
Où le printemps n’a plus le droit d’asile
Où meurent les vieux, les arbres, les enfants
C’est dans nos propres murs qu’on nous exile

Changeons la vie ici et maintenant
Prendre la parole
Décider nous-mêmes

Libérer nos vies des fleuves de ciment
pour ne plus mourir de l’air que l’on respire
Et pour pouvoir vieillir auprès de nos enfants

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Un siècle meurt, un millénaire commence
Plus de prisons, de cages et de camps
Tendons la rose rouge de l’espérance
Aux opprimés de tous les continents
L’histoire est là qui nous offre une chance

Changeons la vie ici et maintenant
Libérer la femme
Libérer l’école
Donner la parole aux frères émigrants

Ecrire notre histoire à la première personne
Être enfin des hommes et non des instruments

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant.