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Le teknival «Tek’Steve’All» en périphérie de Nantes

Pratiquement 15 000 personnes se sont rassemblées en périphérie de Nantes pour un teknival nommé « Tek’Steve’All », en référence au jeune décédé dans cette ville lors de la fête de la musique. L’événement, traditionnel dans sa forme, a ouvertement assumé un discours anarchiste, prônant la vie à l’écart des valeurs dominantes, la haine de la police, le cantonnement dans une fuite en avant dans le « son » et, bien évidemment, l’alcool et les drogues.

Depuis l’occupation de la piscine Molitor à Paris en 2001 pour une free party historique, la scène techno des frees et des teknivals a toujours oscillé entre une volonté de reconnaissance et un goût prononcé pour la marginalité. Les exigences préfectorales ont cependant toujours été telles que finalement, c’est le choix de la bande à part qui a été fait pour ceux refusant de tout abandonner ; sur la vingtaine de frees de l’année dernière, une seule avait été déclarée.

La mort de Steve lors d’une fête techno à Nantes a forcément transcendé une scène qui, à l’arrière-plan, a toujours connu un énorme problème d’identité. À l’opposé du phénomène de masse que cela a été en Angleterre, la scène techno française des frees a toujours surtout rassemblé des jeunes à la périphérie des grandes villes, cherchant une dynamique culturelle positive.

L’apolitisme dominant – même si de manière régulière la chanson « porcherie » (sic!) des Béruriers Noirs clôt une free – se résume donc toujours par cette volonté suprême d’être « laissé tranquille ». Les multiples slogans du teknival qui vient de se dérouler sont à comprendre en ce sens :

« La police peut nuire à vous et à vos proches », « Etat policier, rue de la répression », « Ni oubli ni pardon pour Steve », « Justice pour Steve », « Justice pour Steve, mort pour avoir dansé », « Partout comme en teuf, défendons-nous face aux keufs », « Légitime défiance, la police est coupable », « La police tue… pas nos basses ! », « Face à la répression, unis pour nos libertés », « danger police », « UnisSONs-nous et RAVE’oltons-nous contre la répression », etc.

Cela semble d’autant plus rebelle que, conformément à l’esprit des teknivals, il y a un vrai effort de fait pour la décoration, le jeu de lumières, la qualité des sound-system, etc. Le problème est que cela fait 20 ans que les choses n’ont pas bougé. La scène des free parties vit dans la passé. Elle écoute une musique du passé, avec un style du passé. Rien ne bouge, surtout rien ne doit bouger.

À cela s’ajoute le problème de fond : l’utilisation obligatoire de drogues. La scène techno des free parties n’utilise pas les drogues comme un moyen, ce sont désormais les drogues qui l’utilisent comme moyen. Le problème des drogues était déjà énorme à la base, mais il était possible de discuter. Aujourd’hui c’est impossible, les drogues imposent leur domination totale. Ce panneau d’avertissement artisanal au teknival de Nantes prévenant, sur un pont, qu’en-dessous il y a un cour d’eau, en dit long :

Le teknival « Tek’Steve’All » est donc régressif sur tous les plans, ce qui est typique d’une orientation anarchiste. C’est une simple expression de la volonté de vivre isolé, à l’écart, sans intervention de l’État, pour vivoter d’une manière artisanale tout en se défonçant, tout en imaginant que culturellement on écoute une musique « underground », incompréhensible pour le commun des mortels vivant une vie banale, etc.

Le monde peut s’effondrer, tant pis, il faut vivre à l’écart. « Plus le son est fort, moins on entend le monde s’effondrer. »

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Politique

Énorme fiasco pour l’extrême-gauche et les anarchistes à Nantes

La manifestation à Nantes ce samedi 3 août 2019 n’a réuni que peu de monde, malgré cinq semaines de campagne intense dans la ville et malgré le tapage fait au niveau national relayant la thèse anarchiste d’une « attaque policière » de la Fête de la musique qui serait « l’aboutissement d’années de violences et d’impunité pour les forces de l’ordre ».

L’agitation de l’extrême-gauche et des anarchistes dénonçant des violences policières et un État policier ne prend pas. Le spectacle devenu traditionnel de casseurs saccageant le centre-ville de Nantes a bien eu lieu, mais cela reste anecdotique, insignifiant. La police n’a dénombré que 1 700 manifestants l’après-midi, pour 39 placements en garde à vue, alors qu’il y avait des personnes venues d’ailleurs, parfois même d’autres pays, pour ce qui avait été annoncé comme un besoin de recueillement important de la population nantaise.

Non pas qu’il n’y ait pas eu ces dernières semaines une certaine émotion à propos de Steve Maia Caniço de la part de beaucoup de nantais, surtout de jeunes gens des milieux culturels et alternatifs vivant à proximité du centre. Mais justement, malgré cela, malgré des discussions récurrentes aux terrasses des cafés, malgré des banderoles « Steve » arborées par certaines boutiques plus ou moins alternatives, malgré des messages d’artistes lors de concerts, malgré des affiches partout en ville pendant cinq semaines, il n’y a eu que quelques centaines de personnes au rassemblement pacifique du matin et tout au plus quelques milliers l’après-midi.

L’extrême-gauche et les anarchistes avaient pourtant un boulevard pour mobiliser, d’autant plus qu’ils avaient le soutien au moins passif des autorités de la ville et des institutions culturelles comme le Voyage à Nantes. La Préfecture n’a pas interdit le rassemblement, non déclaré comme c’est l’usage dans cette ville, mais l’a simplement cantonné aux grands axes habituels. Il y a même eu deux adjoints (PCF) de la maire socialiste qui se sont exprimé ouvertement contre la police, avec quasiment mot pour mot le même discours que les anarchistes de « Nantes révoltée ».

Seulement voilà, quand il n’y a pas de fond, quand on fait de la parodie de contestation, du supermarché de la révolte, cela ne mène à rien. Le petit-bourgeois nantais peut bien être d’accord pour ne pas aimer la police, mais il n’ira pas pour autant lui jeter des cailloux dessus en criant « Castaner, Assassin » à la manière d’un gilet jaune ! Encore moins si c’est pour saccager les infrastructures d’un festival de rue, comme l’ont fait ces idiots de casseurs.

– Les installations du festival Aux heures d’été qui ont été détruites –

Les masses populaires quant à elles regardent cela de très loin, avec une certaine sympathie pour le jeune Steve bien sûr, mais en considérant cette affaire somme toute comme un fait divers dramatique. On pourra regretter la passivité populaire, cette tendance à trop se tenir à distance de l’actualité politico-culturelle, mais pas sa rationalité.

Cette rationalité, ce bon sens populaire, est précisément ce que n’ont pas l’extrême-gauche et les anarchistes, dont les propos ne sont que grotesque, mauvaise foi et irrationalisme. Il faut d’ailleurs souligner ici à quel point la société française est perméable à cet irrationalisme, notamment à Gauche et dans les milieux intellectuels, cultivés, engagés socialement (ce qui revient en fait quasiment au même).

Il n’y a qu’à voir cet emballement autour du rapport de l’IGPN, que tout un tas de gens dénoncent hardiment alors qu’ils ne l’ont même pas lu et qu’ils n’ont absolument aucune idée du rôle de cette instance policière. La « police des polices » dit, dans son style formel typiquement bourgeois propre aux administrations françaises, qu’elle n’a pas d’élément lui permettant de prouver que la police est directement responsable de la mort de Steve. La belle affaire !

En vérité, personne n’a pour l’instant d’élément tangible et précis liant directement l’action de la police à la chute du jeune homme dans la Loire et ce n’est d’ailleurs aucunement le rôle de l’IGPN d’enquêter là-dessus. Il y a une enquête ouverte par le parquet pour homicide involontaire, une commission d’enquête parlementaire va probablement voir le jour, une enquête administrative est enclenchée, etc. Mais peu importe la réalité, ce qui compte est de s’offusquer, de ruer dans les brancards, pour ne surtout pas remettre en cause quoi que ce soit de la société française. Tout ce qui est excessif est insignifiant, dit l’expression.

L’extrême-gauche et les anarchistes ne sont ici que les idiots utiles de la petite-bourgeoisie radicalisée, qui maintient la fiction d’une opposition au régime. Cela produit en fait tout l’inverse, renforce le régime et même pire, pousse une partie des classes populaires dans les bras de l’extrême-Droite qui a un boulevard pour apparaître comme le parti de l’ordre.

À la Gauche en face de montrer qu’elle est un ordre nouveau, en portant le Socialisme comme seul et unique chemin vers une société pacifiée et authentiquement démocratique.

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Politique

La famille de Steve Maia Caniço ne soutient pas les rassemblements aujourd’hui à Nantes

La famille du jeune Steve Maia Caniço a expliqué qu’elle ne soutenait pas les rassemblements qui doivent avoir lieu aujourd’hui à Nantes. L’extrême-gauche et les anarchistes qui organisent ces rassemblements ne mènent pas un combat démocratique et populaire, mais se servent de la moindre occasion pour dérouler leur fiction d’une répression policière systématique et d’un État policier.

C’est la crainte de débordements violents qui a rebuté la famille de Steve Maia Caniço, disparu dans la nuit du 21 au 22 juin dernier et retrouvé sans vie dans la Loire il y a quelques jours. Par le biais de son avocat, elle a fait savoir qu’elle « ne soutenait pas du tout » les appels à manifester ce samedi 2 août. Maître Cécile de Oliveira a même expliqué que le deuil des parents est « abîmé par le fait que Steve devient un enjeu politique très fort », parlant de colère de la part des proches qui considèrent « une forme de confiscation de la mémoire » de leur fils et frère.

Les mots sont très forts. La sœur du jeune homme s’est livrée plus en détail, affirmant ne surtout pas vouloir que le nom de Steve puisse être associé de près ou de loin à des violences, craignant qu’ensuite certains osent faire un amalgame entre des violences et ce qui s’est passé sur le quai Wilson.

Personne n’est dupe en effet des appels sous les mots d’ordre « ni oubli, ni pardon » ou encore « contre les violences policières ». Ce sont évidemment des prétextes pour « casser du flic » et quelques vitrines, de la part de gens dont l’obsession est de croire que « tout le monde déteste la police ».

Ces appels sont soutenus par tout un tas de personnes plus ou moins radicales, depuis les bobos du mouvement Place publique jusqu’aux populistes de la France insoumise. Le PCF est particulièrement mobilisé sur cette affaire, l’un de ses responsables nationaux parlant même de « meurtre d’État ».

Les membres de la section locale du PCF interviennent volontiers à la télévision pour faire de tout cela une affaire d’État, mettant en cause le ministre de l’intérieur et le gouvernement, appelant à des démissions, etc. Il y a eu dans le même genre cette Une pittoresque de L’Humanité hier matin, titrant « Steve : la vérité, toute la vérité », illustrée par une photo sur fond noir « Justice ! ».

Tous ces gens n’ont-ils donc rien d’autre à dire sur la marche actuelle du monde, la tendance à la guerre, la montée du fascisme, l’écocide, pour à ce point ruer dans les brancards en prenant prétexte d’un tel accident dramatique ?

La famille a raison d’être en colère face à ce qui est une opération de récupération odieuse, anti-populaire, faisant de Steve Maia Caniço un totem pour masquer une absence totale de contenu et de perspective politique.

Il est légitime de réclamer la vérité sur les circonstances du décès, c’est même une exigence démocratique fondamentale et c’est d’ailleurs ce que dit la famille. Tout porte à croire que le jeune homme est tombé à l’eau suite à l’intervention policière qui a dégénéré et il y a de toutes manières beaucoup de choses à dire sur cette intervention policière elle-même, dont l’issue reflète bien le chaos dans lequel s’enfonce de plus en plus notre société.

Les sound sytem jouant de la techno ce soir là étaient relégués dans cette partie de la ville, sur un quai non sécurisé, dangereux, hors du périmètre officiel de la fête de la musique. La police est intervenue sous les ordres d’un commissaire dénoncé comme brutal, qui a voulu ici faire appliquer administrativement la réglementation, de manière anti-populaire, probablement en sachant très bien que cela allait dégénérer, ce qui a engendré la chute de plusieurs personnes à l’eau.

Pour autant, l’époque exige beaucoup de raison et de lucidité, mais surtout pas des mises en scène de contestation, d’offuscation, qui n’ont d’ailleurs aucun écho dans les masses populaires.

Contrairement à ce que veulent faire croire l’extrême-gauche et les anarchistes, bien relayés par ce qui reste de l’esprit gilet jaune, la police en France n’assassine pas impunément. Elle n’a pas délibérément jeté dans la Loire des jeunes qui écoutaient de la musique et il n’y a aucune opération systématique et gouvernementale visant à généraliser une violence policière contre le peuple.

La mort de Steve est un drame social, pas un drame simplement policier. C’est toute notre époque qui est en crise, c’est la société elle-même qui perd ses fondements.