Le 28 février 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé à la Maison-Blanche pour signer un accord-cadre sur des investissements américains dans les minerais, les hydrocarbures et les infrastructures ukrainiennes.
Cette cérémonie n’a rien de la rencontre diplomatique entre partenaires égaux que les médias bourgeois ont tenté de présenter.
Donald Trump a clairement révélé la nature de cette relation en accusant Zelensky de « s’être mis en très mauvaise posture » et en affirmant qu’il « n’a pas les cartes en main ». L’humiliation est totale lorsque le président américain lance avec colère à son homologue ukrainien : « Vous devez être reconnaissant ».
Cette interaction expose sans fard les véritables « rapports de force », qui sont en fait inexistant puisque l’Ukraine est totalement assujettie et ce depuis le début.
Pendant que Zelensky juge « crucial » que les États-Unis garantissent la sécurité d’une future force de maintien de la paix, Trump se frotte les mains devant les richesses qu’il s’apprête à piller.
L’Ukraine, ravagée par le conflit, n’a plus aucune marge de négociation face à la puissance américaine qui convoite ses ressources. Cette dynamique n’est pas nouvelle – elle s’inscrit dans une longue tradition impérialiste américaine dont le Plan Marshall constitue un précédent historique fondamental.
Le Plan Marshall : un modèle d’asservissement économique
Dans l’après-guerre, le Plan Marshall s’est présenté comme un acte de générosité américaine pour reconstruire l’Europe. En réalité, il a constitué une stratégie d’expansion impérialiste méthodique. Pour la France, cette « aide » américaine s’est transformée en un outil de domination économique et politique dont les effets se font encore sentir aujourd’hui.
L’impact concret de ce plan sur la vie quotidienne des Français a été considérable. En échange de dollars, la France a dû ouvrir ses marchés aux produits américains, ce qui a progressivement détruit son indépendance industrielle. Les conditions imposées ont forcé l’abandon de nombreux projets de nationalisation et l’adoption d’une politique économique alignée sur les intérêts du capital américain.
Dans le secteur agricole, les paysans français ont vu leur production réorientée vers un modèle industriel américain, ce qui a augmenté leur dépendance aux intrants et aux machines importées. Les ressources naturelles françaises ont été systématiquement dirigées vers les besoins du marché américain plutôt que vers la reconstruction nationale autonome.
La France présente toutefois une particularité dans ce dispositif impérialiste. Grâce au gaullisme et à sa posture d’indépendance nationale relative, elle a pu limiter certains aspects de la domination américaine. De Gaulle a refusé l’installation de bases militaires américaines permanentes sur le sol français et a maintenu une politique étrangère partiellement autonome, notamment en développant la force de frappe nucléaire française et en quittant le commandement intégré de l’OTAN en 1966.
La temporisation gaulliste n’a pas empêché l’infiltration économique, mais a permis d’éviter le sort de l’Allemagne qui, elle, est devenue une véritable semi-colonie américaine avec l’installation sur son territoire de la plus grande base militaire américaine d’Europe, Ramstein, qui abrite encore aujourd’hui le quartier général des forces aériennes américaines en Europe et sert de plaque tournante pour les opérations militaires américaines dans le monde entier.
La guerre comme solution à la crise du capitalisme
Il faut souligner la différence fondamentale entre l’Ukraine, pays périphérique réduit à l’état de colonie économique, et la France, puissance impérialiste en phase de déclassement mais qui reste un acteur du pillage mondial. La France, aujourd’hui entièrement vassalisée par la superpuissance américaine, participe néanmoins activement à l’exploitation des pays marqués par les plaies que sont le semi-colonialisme et le semi-féodalisme, notamment en Afrique.
La situation actuelle révèle une vérité incontestable : le capitalisme en crise profonde ne connaît qu’une seule voie de sortie – la guerre. Le conflit ukrainien représente pour les grandes puissances impérialistes une opportunité de relancer l’accumulation du capital par la destruction massive suivie de « reconstruction », permettant de nouvelles conquêtes de marchés et l’accès aux ressources.
La « Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine » avait d’ailleurs été mentionnée ici, avec, dès décembre 2022, en tant que dispositif faisant de la France un des créanciers de l’Ukraine, avec également des attentes en termes de retours sur investissement.
Il n’y a pas d’autre explication à ces phénomènes que celle fournie par Lénine dans « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme » :
« Le capital financier, concentré dans quelques mains et exerçant un monopole de fait, prélève des bénéfices énormes […] et établit la domination de l’oligarchie financière. À la place de l’ancienne bourgeoisie libre-échangiste s’installe la nouvelle bourgeoisie monopoliste. […] L’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises sous le régime du capitalisme non monopoliste, prend une importance toute particulière. […] Le monde se trouve partagé entre une poignée d’États usuriers et une immense majorité d’États débiteurs. »
Ce que nous voyons aujourd’hui en Ukraine n’est pas une anomalie, mais la manifestation normale du fonctionnement du système capitaliste à son stade impérialiste. Du Plan Marshall à l’accord sur les minerais ukrainiens, la logique reste identique : utiliser l’endettement pour assujettir les nations, s’approprier leurs ressources, élargir la base capitaliste.
C’est par la compréhension et l’application du matérialisme dialectique que nous pouvons démasquer ces mécanismes et comprendre que le capitalisme ne peut survivre qu’en intensifiant l’exploitation et en menant sans cesse de nouvelles guerres pour résoudre ses contradictions internes.
C’est là une vérité que tout observateur honnête des événements actuels doit admettre sans équivoque.
Afin de se préparer aux immenses transformations que va connaître le monde dans les deux prochaines décennies – et déjà, pour aller dans le bon sens, il faut vaincre la marche à la guerre. Ou la révolution empêche la guerre, ou la guerre provoque la révolution !