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Refus de l’hégémonie

États-Unis: 95 milliards de dollars pour la guerre

La Chambre des représentants, l’équivalent américain de l’Assemblée nationale en France, a voté samedi 20 avril 2024 un plan gigantesque de 95 milliards de dollars, dont 61 milliards présentés comme étant en faveur de l’Ukraine, par 311 voix pour et 112 voix contre.

Cela faisait des mois que la situation était bloquée par l’opposition républicaine, particulièrement par sa frange la plus radicale organisée autour de Mike Johnson, réputé proche de Donald Trump.

Il est le président de cette assemblée et prônait une ligne dure consistant en le fait de se focaliser uniquement sur l’affrontement contre la superpuissance chinoise (via Taïwan), en laissant de côté l’affrontement avec la Russie (via l’Ukraine).

Finalement, il a fait voter le plan de Joe Biden à propos de l’Ukraine en déclarant :

« Pour parler franchement, je préfère envoyer des munitions à l’Ukraine plutôt que des soldats américains. Mon fils va entrer à l’Académie navale cet automne. Pour moi comme pour de nombreuses familles américaines… ce n’est pas un jeu, ce n’est pas une plaisanterie ».

D’ici quelques jours, les formalités devraient être réglées après un passage du texte devant le Sénat, puis une validation par le Président Joe Biden lui-même.

En fait, les 61 milliards pour le régime ukrainien seraient ainsi répartis :

  • environ 10 milliards de dollars pour de l’assistance économique dédiée aux secteurs de l’énergie et des infrastructures, sous la forme d’un prêt ;
  • près de 14 milliards de dollars pour former, équiper et payer l’armée ukrainienne ;
  • le reste pour les usines d’armement américaines.

Par ailleurs, le plan d’aide autorise le Président Joe Biden à confisquer et à vendre des actifs financiers russes, pour qu’ils servent à financer la reconstruction de l’Ukraine.

Autrement dit, tout cela consiste essentiellement en deux choses : d’une part l’asservissement économique de l’Ukraine (ou de ce qu’il en restera) à l’issue de la guerre, d’autre part en la mise en branle de l’économie de guerre aux États-Unis en vue de l’affrontement avec la Chine.

Le plan consiste également en 13 milliards d’aide à Israël, qui profite du massacre du 7 octobre pour procéder à la destruction meurtrière de Gaza, et surtout en 8 milliards d’investissement dans des sous-marins pour venir en aide au régime de Taïwan contre la Chine.

À la manière d’une film hollywoodien (il faut imaginer ici une musique mièvre et lancinante pour accompagner la lecture), le président ukrainien Zelensky a immédiatement déclaré à l’issue du vote :

« Je remercie la Chambre des représentants des États-Unis, les deux partis, ainsi que le président Mike Johnson personnellement pour cette décision qui maintient l’histoire sur la bonne voie.

La démocratie et la liberté auront toujours une importance mondiale et n’échoueront jamais tant que les États-Unis contribueront à les protéger. Le projet de loi vital sur l’aide américaine adopté par la Chambre aujourd’hui empêchera la guerre de s’étendre, sauvera des milliers et des milliers de vies et aidera nos deux nations à devenir plus fortes.

Une paix et une sécurité justes ne peuvent être obtenues que par la force.

Nous espérons que ces projets de loi recevront le soutien du Sénat et seront envoyés au bureau du président Biden. Merci l’Amérique ! »

En plus d’être pathétiques, ces propos sont odieux, car bien évidemment ils n’aideront en rien à sauver des milliers de vies. Ce qui se prépare, concrètement et directement, c’est un emballement guerrier meurtrier avec les millions de victimes que fera la grande bataille pour le repartage du monde, qui ne fait que s’élargir, chaque jour.

L’Ukraine, la nation ukrainienne, n’est malheureusement qu’un prétexte à tout cela, son peuple servant de chair à canon pour ce qui n’est qu’un prologue à la troisième guerre mondiale.

Concrètement, le régime nationaliste et corrompu de Kiev va pouvoir, grâce à l’aide américaine, tenir tête encore quelques temps au rouleau compresseur russe. Mais l’Ukraine est déjà condamnée depuis longtemps, n’étant qu’un pion, une case, un passage sur le chemin historique du véritable conflit : l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger, la superpuissance chinoise.

D’ailleurs, le président Joe Biden ne s’est pas trompé en expliquant très justement la nature de ce plan de 95 milliards :

« un message clair sur la puissance du leadership américain à travers le monde ».

Ce n’est pas pour rien que le même jour, le secrétaire d’État américain Antony Blinken (l’équivalent d’un ministre des Affaires étrangères) expliquait que selon lui la Chine alimente indirectement le conflit en Ukraine en fournissant des composants pour son industrie de défense, permettant ainsi à Moscou de « continuer son agression ». Un voyage en Chine est d’ailleurs annoncé de sa part.

C’est en effet de cela dont il s’agit en priorité pour les représentants américains : affronter indirectement la Chine et se préparer à affronter directement la Chine.

Tout le reste n’est que du cinéma, de la narration, pour légitimer le fait de faire tourner l’économie de guerre américaine. Personne n’en a rien à faire ni de l’Ukraine, ni des Ukrainiens.

Forcément, la Russie ne se prive pas de le dénoncer et c’est très habilement que le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a déclaré :

« La décision de fournir une aide à l’Ukraine était attendue et prévisible. Elle enrichira davantage les États-Unis et ruinera encore plus l’Ukraine, en tuant encore plus d’Ukrainiens à cause du régime de Kiev ».

Il faut préciser également une chose très importante, qui pourrait paraître anecdotique au premier abord mais qui ne l’est pas du tout. Le plan voté ce samedi 20 avril 2024 contient également un texte prévoyant la possibilité de l’interdiction de l’application TikTok.

Cette application est directement liée au régime chinois, via sa maison-mère ByteDance, pour ce qu’il est convenu d’appeler à notre époque la guerre hybride.

TikTok est d’abord un gigantesque aspirateur à intelligence : sur le plan culturel et moral, l’application est un véritable désastre, abrutissant une génération entière de part son fonctionnement qui rend les cerveaux hostiles à tout effort, à toute réflexion. Il est évident que la Chine a intérêt à abrutir la jeunesse américaine (et la jeunesse occidentale en générale).

Mais il y a également le fait, plus concret et facile à voir, que l’application est accusée par les représentants américains d’être utilisée par la Chine pour espionner et manipuler ses 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis.

Il y a là un enjeu immense, un affrontement de la plus haute importance, entre les deux puissances rivales. C’est la bataille pour le repartage du monde, c’est la 3e guerre mondiale comme perspective immédiate.

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Joe Biden en Israël contre Vladimir Poutine en Chine

L’actualité mondiale est la conquête de l’hégémonie de la part des grandes puissances. Cela donne en pratique une guerre larvée, d’influence, en plus des théâtres strictement militaires en Ukraine, en Arménie ou en Palestine. Le 18 octobre 2023 était un jour particulièrement marquant pour la grande bataille pour le repartage du monde, avec le dessin toujours plus net de deux grands blocs opposés.

Le premier, celui mené par la superpuissance américaine, tente de maintenir à tout prix ses acquis et ses positions. C’est pour cela que le président américain Joe Biden était en Israël, afin d’y affirmer son autorité au Conseil de guerre israélien.

Pour la forme, il est fait comprendre que les États-Unis soutiennent fermement Israël… et que ce dernier lui est soumis stratégiquement. Joe Biden a dit :

« À la suite de l’attaque terroriste du Hamas, qui était brutale, inhumaine, inimaginable, ce conseil s’est rassemblé, solide et uni. Je veux que vous sachiez que vous n’êtes pas seuls. Comme je l’ai déjà souligné, nous continuerons de soutenir Israël, alors que vous travaillez à la défense de votre peuple. Nous continuerons de travailler avec vous et les partenaires régionaux pour protéger des civils innocents d’autres tragédies. »

Israël est concrètement une base américaine au Proche-Orient, une base militaire, mais aussi politique et culturelle. Tout doit se définir par là. Alors Israël est prié de ne pas trop faire de vague, pour assurer les intérêts américains.

En début de semaine, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken avait déjà assisté à l’intégralité du Conseil de sécurité israélien… qui s’était déroulé en bonne partie en anglais, et pas en hébreu moderne. Jamais un pays réellement indépendant ne pourrait accepter une telle supervision, bien entendu.

Et mercredi 18 octobre, pour affirmer sa main-mise, Joe Biden a expliqué notamment qu’il fallait l’entrée d’une aide humanitaire dans la bande de Gaza « au plus vite ». Il veut surtout limiter au maximum la portée politique néfaste mondialement d’un massacre de masse de la part d’Israël à Gaza.

L’armée américaine, qui a fait de grosses livraisons d’armes et de systèmes militaires à Israël, est donc sur le qui-vive dans la région pour faire en sorte que tout reste sous contrôle… et assumer l’escalade au besoin, mais selon les intérêts américains.

Après s’être rendu à Tel-Aviv, Joe Biden devait se rendre à Amman, en Jordanie pour y rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, ainsi que le roi Abdallah de Jordanie et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Il s’agit là de pays et d’une entité largement alignés en pratique sur les États-Unis, mais qui peuvent vite vaciller dans le contexte international. Et que s’est-il passé justement ? La visite a été annulée au dernier moment, officiellement en raison de l’explosion meurtrière survenue l’avant-veille sur le parking de l’hôpital al-Ahli, à Gaza. Il y a eu plusieurs centaines de morts et blessés graves selon le Hamas, quelques dizaines selon l’Union européenne.

Il y a eu tout un battage médiatique mondial pour accuser Israël, alors qu’en pratique l’attaque dans ces conditions d’une telle cible n’était pas cohérente. Israël explique de son côté qu’il s’agirait d’un tir de roquettes (ciblé ou manqué) de la part des brigades al-Qods, c’est-à-dire la branche armée du Djihad islamique palestinien (JIP), une organisation plus ou moins concurrente du Hamas (et liée à l’Iran, bien que sunnite).

Ce qu’il se passe en tous cas, c’est que les forces réactionnaires du monde arabe poussent de manière forcenée pour provoquer coûte que coûte un embrasement et se servent allégrement de cette tragédie autour d’un hôpital. Il y a notamment d’importants remous à Ramallah en Cisjordanie.

Pendant ce temps, la Chine assumait toujours plus clairement et ouvertement sa concurrence au bloc américain. Le 18 octobre 2023, elle recevait encore une fois Vladimir Poutine, le président russe. En l’occurrence pour des questions économiques, mais il a été rabâché à quel point les deux pays sont alignés, s’entendent sur les questions mondiales et veulent continuer leurs coopérations internationales.

Le président chinois a particulièrement insisté sur le « partenariat stratégique global de coordination sino-russe », expliquant que celui-ci est fondé sur un bon voisinage durable et une coopération mutuellement bénéfique, avec un engagement à long terme.

Le président russe a expliqué de son côté que :

« l’évolution du paysage international prouve pleinement le jugement stratégique du président Xi selon lequel le monde subit des changements sans précédent depuis un siècle. La Russie est prête à travailler avec la Chine pour renforcer la communication et la coordination au sein des BRICS et d’autres mécanismes multilatéraux, défendre le système international fondé sur le droit international et promouvoir la construction d’un système de gouvernance mondiale plus juste et équitable. »

Bien entendu, il a été question de la situation palestino-israélienne. Vladimir Poutine n’y est pas allé de main morte pour critiquer indirectement les États-Unis soutenant Israël, en leur opposant la création d’un État palestinien totalement « souverain et indépendant » et « avec Jérusalem comme capitale ».

Le même jour, mercredi 18 octobre 2023, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov arrivait à Pyongyang en Corée du Nord pour deux jours et la Chine recevait les présidents du Kenya, du Nigeria et de l’Indonésie. La veille, elle recevait les dirigeants de Hongrie, du Chili, d’Éthiopie et du Kazakhstan.

La situation mondiale se tend clairement drastiquement, la guerre mondiale se dessine toujours plus nettement avec la concurrence pour l’hégémonie des deux grandes superpuissances que sont les États-Unis et la Chine (et son premier allié la Russie).

Rien n’échappe à la satellisation par les deux superpuissances à moins d’une ligne d’indépendance, fondée sur les principes de la Gauche historique. On n’y est pas, nulle part, et il le faut pourtant à tout prix pour indiquer le vrai chemin à suivre !

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Les Etats-Unis remplacent la France au Gabon

La France a été une grande puissance coloniale en Afrique et elle a réussi à maintenir sa domination à différents degrés malgré les « indépendances ». C’est ce qu’on a surnommé la « Françafrique ». Le Gabon était considéré comme l’ex-colonie la plus sous le contrôle français, et en août 2023 un coup d’État surprise a changé la donne. Cependant, ce n’est pas au profit du bloc sino-russe : c’est en fait la superpuissance américaine qui a pris le contrôle du pays.

Le Gabon sur le continent africain

C’est une expression de l’effacement continu de la puissance capitaliste française. Alignée sur la superpuissance américaine, elle est aspirée par celle-ci, satellisée. La France ne peut faire que ce que la superpuissance américaine attend d’elle, comme faire un partenariat avec l’Ukraine pour une union politico-militaire au service des intérêts américains en Europe. Si elle est considérée comme pas assez fiable ailleurs, elle est dégagée.

Car le coup d’État au Gabon rentre dans le contexte de la bataille pour le repartage du monde dans la région. Depuis l’irruption de la crise du capitalisme en 2020, l’Afrique du Centre et de l’Ouest a connu une série de coups d’État au Niger, au Burkina Faso, au Soudan, en Guinée, au Mali et au Gabon. Si on excepte le Soudan, on parle de pays francophones et de passage dans l’orbite sino-russe.

Le coup d’État au Gabon est le fruit d’une logique américaine qui dit : la France perd toutes ses billes en Afrique et il faut la remplacer, exactement comme ce fut le cas pour le Vietnam, où la superpuissance américaine avait remplacé la France.

Il faut dire que la présence française au Gabon relevait d’un néo-colonialisme vraiment à l’ancienne. Omar Bongo, le premier président du Gabon « indépendant », est resté à la tête de pays de 1967 à sa mort en 2009. Il a été de toutes les magouilles militaires et économiques avec la France, ainsi que politiques puisqu’il a arrosé des partis politiques. Il a eu 33 femmes et une cinquantaine d’enfants, plaçant toute sa famille à tous les échelons de l’État, etc.

C’est d’ailleurs son fils Ali Bongo Ondimba qui a prit le relais et le coup d’État a suivi de quelques minutes la réélection de celui-ci pour un troisième mandat, avec pratiquement 65% des voix. C’était tellement invraisemblable, tellement bricolé, qu’à part pour les Français arrogants traditionnellement, il était évident que l’instabilité prévaudrait.

C’est pourquoi ce sont les propres services de sécurité de la présidence qui ont mené le coup d’État. C’est une fausse révolution de palais : pour que rien ne change, tout doit changer.

Voilà pourquoi les réactions sont très différentes de lors des coups d’État favorables à la Chine et à la Russie. Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine a annoncé la suspension avec effet immédiat du Gabon. Mais il n’y a pas la menace d’une intervention militaire.

La France ne compte pas évacuer ses ressortissants ou couper les fonds des « aides ». Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a pratiquement excusé le coup d’État.

« Au Niger, le président était un président démocratiquement élu (…). Au Gabon, quelques heures avant le coup d’État militaire, il y a eu un coup d’État institutionnel car les élections ont été volées (…). Je ne peux pas dire que le Gabon était une vraie démocratie avec une famille qui dirigeait le pays depuis 50 ans. »

Selon lui, le vrai coup d’État « institutionnel » serait même d’avoir truqué les élections ! Autrement dit, rien n’a changé au Gabon à part la puissance tutélaire.

Et tout cela est allé très vite. En juin 2023, Ali Bongo Ondimba etait encore l’invité d’honneur de la rencontre à Paris sur le financement durable, celui-ci étant considéré comme proche par Emmanuel Macron.

Toutefois, il y a eu des signes avant coureurs, surtout l’adhésion du Gabon en 2022 au… Commonwealth ! C’est-à-dire l’union historique de l’empire britannique, et en fait surtout de nos jours une union à caractère anglophone, donc liée de fait à la puissance américaine.

La puissance française a tout simplement été mise de côté. C’est une expression double : à la fois de sa propre décadence et de l’alignement forcé sur les deux superpuissances, américaine et chinoise. On va à la troisième guerre mondiale de repartage du monde et elle a en fait même déjà commencé en Ukraine.

Telle est la réalité historique !

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La nature des Brics et le rôle central de la Chine

Le nom Brics vient de l’acronyme BRICS formé par les initiales du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud (South Africa) ; c’est une alliance informelle entre ces 5 pays, élargie à partir de 2024 à l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Argentine, l’Iran et l’Éthiopie.

C’est la Fédération de Russie qui est à l’origine de ce regroupement, en 2006, en marge d’une assemblée générale de l’ONU. Il y a eu ensuite différents jalons en vue des coopérations multilatérales entre ces pays se considérant au même niveau dans l’échiquier mondial : trop faible pour peser directement face aux puissances occidentales historiques, trop forts pour se contenter d’appartenir au tiers-monde.

Le premier véritable « sommet » des Brics n’eut lieu toutefois qu’en 2009, le 16 juin à Iekaterinbourg en Sibérie occidentale (et quatrième plus grande ville de Russie). La déclaration commune à l’issue disait avoir comme but de :

« promouvoir le dialogue et la coopération entre nos pays de manière progressive, proactive, pragmatique, ouverte et transparente.

Le dialogue et la coopération des pays BRIC sont propices non seulement à servir les intérêts communs des économies de marché émergentes et des pays en développement, mais également à construire un monde harmonieux de paix durable et de prospérité commune.

Le document expose une perception commune des moyens de faire face à la crise financière et économique mondiale. »

Cela ne souffre d’aucune ambiguïté : la volonté des Brics est d’exister de manière alternative à l’hégémonie de la superpuissance américaine. De par leur développement économique respectif, l’importance de leur population (plus de 40 % de la population mondiale) et la primauté de leurs ressources naturelles, ces pays entendent exister mondialement sans avoir à se soumettre aux États-Unis, mais tout en s’intégrant parfaitement dans la mondialisation capitaliste.

C’est pour cela que les Brics ne formaient pas, jusqu’au début des années 2020, une alliance formelle, de type militaire ou encore avec une intégration économique commune d’envergure. Il s’agissait normalement surtout d’une alliance de circonstance, pour peser et faire valoir leur puissance économique qui représentait en 2013 environ 27 % du PIB mondial.

La donne a toutefois changé depuis 2020. D’abord, il y a eu la crise sanitaire, qui s’est généralisée sur le plan économique, a changé la face du monde et chamboulé tous les rapports. Ensuite, il y a le conflit militaire en Ukraine, qui a accéléré la contradiction entre l’occident (sous domination américaine) et la Russie, créant un gigantesque clivage politico-diplomatique planétaire.

L’expansion potentielle des Brics

Surtout, la Chine s’est énormément développée durant les années 2010, devenant ouvertement une superpuissance challenger à l’hégémonie de la superpuissance américaine. Impossible dorénavant de considérer les Brics sans prendre en compte l’importance et le rôle de la superpuissance chinoise.

En fait, il faut même dire que l’existence des Brics, sa forme, ses discours, ses prétentions, intègrent totalement la stratégie chinoise d’hégémonie « alternative ». Voici le titre de l’allocution du président chinois Xi Jinping lors du 15e sommet des Brics à Johannesbourg en août 2023, où a été annoncée l’élargissement de l’alliance :

« Rechercher le développement par la solidarité et la coopération et assumer les responsabilités pour la paix. »

Ces mots choisis de manière très précise résonnent très fort dans tous les pays du tiers-monde, qui comprennent qui leur est proposé de suivre une autre voie que celle de la domination habituelle de la superpuissance américaine.

La Chine, particulièrement en Afrique, passe son temps à faire des accords économiques, acheter des terres, vendre des marchandises, proposer des appuis militaires, tout en prétendant ne pas du tout reproduire le schéma américain de domination.

Les Brics consistent essentiellement en ce support à la Chine dorénavant ; c’est une force d’appui à l’hégémonie « alternative » de la superpuissance chinoise. Voici ce qu’expliquait le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois à Johannesbourg le 24 août 2023, expliquant les propos de son président durant le sommet :

« Les pays des BRICS sont une force importante pour façonner l’échiquier international, a déclaré Xi Jinping.

Le fait que nous choisissons en toute indépendance nos voies de développement, défendons ensemble notre droit au développement et avançons ensemble vers la modernisation représente l’orientation du progrès de l’humanité et influencera certainement en profondeur le cours du monde, a-t-il affirmé.

La coopération des BRICS se trouve à un moment crucial pour ouvrir de nouvelles perspectives sur la base des accomplissements réalisés, a souligné le président chinois.

Suivant la tendance du développement mondial et répondant aux aspirations des peuples du monde entier, le président Xi Jinping a fait une proposition en quatre points sur la coopération des BRICS dans divers secteurs, traçant la voie à suivre pour une croissance saine et substantielle de la coopération des BRICS.

Nous devons approfondir la coopération commerciale et financière pour stimuler la croissance économique.

Nous, pays des BRICS, devons être des compagnons de route sur le chemin du développement et de la revitalisation, et nous opposer au découplage et à la rupture des chaînes d’approvisionnement, ainsi qu’à la coercition économique, a déclaré XI Jinping.

Nous devons étendre la coopération politique et sécuritaire pour maintenir la paix et la tranquillité, a-t-il ajouté.

Les pays du BRICS doivent maintenir le cap du développement pacifique, se soutenir sur les questions relatives à leurs intérêts fondamentaux respectifs et renforcer la coordination sur les grandes questions internationales et régionales.

Nous devons proposer nos bons offices sur les questions brûlantes, en encourageant un règlement politique, a affirmé Xi Jinping. Nous devons intensifier les échanges entre les peuples, promouvoir l’apprentissage mutuel entre les civilisations et préconiser la coexistence pacifique et l’harmonie entre les civilisations, a-t-il proposé.

Nous devons promouvoir le respect de tous les pays dans le choix indépendant de leur voie de modernisation, a ajouté Xi Jinping.

Nous devons défendre l’équité et la justice et améliorer la gouvernance mondiale, a-t-il noté. Les pays du BRICS doivent pratiquer un véritable multilatéralisme, défendre le système international centré sur les Nations Unies, soutenir et renforcer le système commercial multilatéral centré sur l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), et rejeter les tentatives de création de « petits cercles » ou de « blocs exclusifs ».

Nous devons faire avancer la réforme des systèmes financiers et monétaires internationaux et augmenter la représentation et le droit à la parole des pays en développement, a déclaré Xi Jinping. »

Les États-Unis, ainsi que tout le bloc occidental aligné sur la superpuissance américaine, sont directement visés. Il est fait allusion de manière très claire à la guerre en Ukraine entre l’Otan et la Russie ainsi qu’à la domination économique américaine au moyen du dollar et des embargos ou sanctions économiques. La République populaire de Chine prépare également très clairement le terrain en vue d’un affrontement direct avec les États-Unis sur la question de Taïwan.

Mais cela va plus loin que cela, car la Chine s’imagine pouvoir peser durablement et mise particulièrement sur le développement de l’Afrique au 21e siècle.

« En se concentrant sur le thème du sommet « Les BRICS et l’Afrique : Partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif », les dirigeants des cinq pays BRICS ont eu un échange de vues approfondi et sont parvenus à un large consensus sur la coopération entre les BRICS et les questions majeures internationales d’intérêt commun.

Les parties sont d’avis que les BRICS doivent renforcer leur solidarité, continuer à embrasser l’esprit d’ouverture, d’inclusion et de coopération gagnant-gagnant, accélérer l’expansion des BRICS, rendre le système de gouvernance mondiale plus inclusif, plus juste et plus équitable, et promouvoir la multipolarité dans le monde.

Les BRICS doivent se soutenir sur les questions concernant les intérêts fondamentaux de chacun et respecter les voies de développement choisies indépendamment par les pays et adaptées à leurs réalités nationales.

Les BRICS doivent contribuer à accélérer la réforme du système financier et monétaire international, augmenter la représentation et le droit à la parole des marchés émergents et des pays en développement, faire progresser le développement durable et promouvoir une croissance inclusive. »

Depuis Johannesbourg, avec l’élargissement à d’autres pays, il devient évident que l’alliance des Brics n’est plus un regroupement informel, secondaire et de circonstance ; c’est un outil de développement pour l’hégémonie de la superpuissance chinoise en concurrence avec la superpuissance américaine.

C’est aussi, voire surtout en ce qui nous concerne en France, le marqueur de la dégringolade de la puissance américaine et de la fin de l’occident ! Non pas qu’il faille croire en l’hégémonie chinoise qui serait « meilleure » (si tant est qu’elle puisse se réaliser d’ailleurs), mais il faut se réjouir et appuyer l’effondrement occidental ; ce sera là le salut de la Gauche, la vraie, pour un monde qui doit changer de base!

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Premier élargissement des BRICS

Le groupe Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (Brics) s’est élargi à l’occasion de son 15e sommet en Afrique du Sud, à Johannesburg, du 22 au 24 août 2023. Un tel événement, une année et demie après le début du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine, reflète la vague de fond qui est l’affirmation historique du tiers-monde contre l’hégémonie de la superpuissance américaine. Non seulement il n’y a pas d’alignement sur cette dernière, mais il y a même un soutien appuyé à son concurrent, la superpuissance chinoise.

La raison de cela, c’est que l’incroyable croissance du capitalisme dans la période 1989-2020, désormais brisée par la crise, a produit un développement massif de trop de pays pour que l’équilibre des forces ne soit pas remis en cause. L’affrontement sino-américain ne concerne pas que les États-Unis et la Chine. Tous les pays du monde participent, à leur échelle, à la grande bataille pour le repartage du monde.

Les BRICS forment le camp des outsiders les plus affirmés. Et les pays membres vont être rejoints en 2024 par l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Argentine, l’Iran et l’Éthiopie.

L’exemple de l’Arabie Saoudite est très parlant. Son État a été construit littéralement artificiellement par les États-Unis en raison du pétrole. C’est tellement un satellite néo-colonial que lorsque Ben Laden avec Al-Qaïda tente une révolte justement néo-coloniale contre les États-Unis, cela n’a aucun impact véritable. Et vingt ans après les attentats du 11 septembre 2001, l’Arabie Saoudite s’émancipe de la tutelle américaine pour partir à l’aventure.

Autrement dit, des pays à moitié féodaux, largement soumis économiquement aux pays « riches », deviennent tout de même assez riches pour chercher à tirer leur épingle du jeu. En Argentine, le peuple est dans la misère, mais le pays a atteint une masse suffisamment grande pour tenter de rentrer dans le grand jeu.

Tel est l’appel d’air fourni par en priorité la Chine, mais également la Russie (à travers sa taille et ses ressources), à quoi s’ajoutent l’Inde qui est concurrente de la Chine mais a besoin d’espace face aux États-Unis, le Brésil qui se verrait bien dominer l’Amérique du Sud, l’Afrique du Sud qui aimerait bien devenir la puissance dominante dans la partie Sud de l’Afrique.

Les dirigeants des pays des BRICS dans sa version 2023

Toute une série de pays est d’ailleurs à la porte des BRICS. On parle ici des pays suivants en première ligne, même si la liste n’est pas précisément fixe : Afghanistan, Algérie, Angola, Bahreïn, Bangladesh, Biélorussie, Gabon, Indonésie, Kazakhstan, Mexique, Nicaragua, Nigeria, Pakistan, République démocratique du Congo, Sénégal, Soudan, Syrie, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Uruguay, Venezuela, Zimbabwe. Les prochains adhérents seront certainement l’Algérie et le Nigeria, l’Indonésie et la Thaïlande.

Il va de soi que l’intégration des prochains pays est déjà programmé. Le fait d’avoir intégré un pays latino-américain, deux pays africains, trois pays moyen-orientaux, est un signal fort. Il s’agissait de souligner un peu l’interventionnisme sur le continent américain (chasse gardée des États-Unis selon la doctrine Monroe en 1823), beaucoup la perspective africaine, à la folie la mise à la disposition des ressources en pétrole et en gaz.

Ce qui est dit, c’est : « nous avons la masse en termes d’habitants, nous avons le grand poids lourd économique chinois et le grand poids lourds en ressources russe, le moyen-orient se moque de qui dominera du moment qu’il est de la partie, vous avez tout à gagner à nous suivre. »

Le conflit armé en Ukraine a fourni la première étape de la grande remise en cause, la question de Taïwan en fournira la seconde. C’est la fin de l’occident qui se joue.

Le président français Emmanuel Macron a tenté de rendre visite au sommet des BRICS : il s’est fait recaler. La France est désormais clairement considérée comme un simple satellite américain. Elle est en première ligne pour l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne et dans l’Otan. Ce qui est tenté, c’est un partenariat France-Ukraine pour remplacer l’Allemagne comme force principale en Europe. Pour cette raison d’ailleurs, la droite allemande rage totalement du soutien « trop faible » du gouvernement socialiste allemand au régime ukrainien. L’extrême-Droite exige par contre une alliance avec la Russie.

Le président russe Vladimir Poutine n’a pas pu venir au sommet des BRICS non plus, en raison des poursuites pénales promues par l’occident, par l’intermédiaire de la Cour pénale internationale. C’est le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui l’a remplacé, afin d’éviter à l’Afrique du Sud de se retrouver dans un imbroglio juridique international.

Les pays membres ou futurs membres des BRICS ne veulent que prendre la place des pays riches. Cependant, ils affaiblissent historiquement l’ordre mondial, ils contribuent à la remise en cause de l’occident. Et ils portent une pierre bien trop lourde pour eux. La remise en cause totale de l’hégémonie américaine n’impliquera pas l’affirmation de la Chine (ou bien de manière très temporaire), mais bien du Socialisme, car c’est l’ensemble du système capitaliste mondial qui sera totalement ébranlé.

C’est la fin de l’occident et cette fin implique la fin du capitalisme. Et si l’occident croit dans sa quasi intégralité que tout restera tel quel, c’est en raison de l’aveuglement propre à une force en décadence. Le monde a totalement changé depuis 2020, il continue de changer et il ne s’arrêtera plus de changer jusqu’à l’effondrement général du capitalisme !

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Guerre

La Chine entre en scène : acte 2

Elle fait ouvertement concurrence aux États-Unis.

La République populaire de Chine avait marqué l’actualité le 24 février 2023 avec l’annonce d’un « plan » pour mettre fin au conflit entre l’Ukraine et la Russie au moyen du dialogue. C’était le premier acte d’une pièce savamment orchestrée, consistant en le fait de se placer diplomatiquement sur la scène mondiale en concurrence avec les États-Unis dans le cadre de la guerre mondiale pour le repartage du monde.

Cela fût une grande réussite et depuis la Chine n’a eu qu’à attendre que les événements se déroulent en sa faveur. Tant l’Ukraine elle-même que les Européens ont effectivement poussé pour qu’il y ait une communication directe entre la Chine et l’Ukraine, à propos du conflit.

C’est dorénavant chose faite, à l’initiative de l’Ukraine, comme a tenu à le souligner la diplomatie chinoise, appuyant ainsi son statut de superpuissance. Le mercredi 26 avril 2023, le président chinois Xi Jinping s’est en effet entretenu par téléphone avec le Président ukrainien Zelensky.

Ce dernier a parlé d’un appel « long et significatif » (il aurait duré près d’une heure) devant donner une forte impulsion au développement des relations bilatérales entre les deux pays.

Il en ressort deux choses. D’une part, un ambassadeur ukrainien en Chine a été nommé. Il s’agit d’un ancien ministre des Industries stratégiques, Pavlo Riabikine, pour un poste vacant depuis février 2021.

Le régime ukrainien, avec ses illuminations nationalistes s’imagine avoir un quelconque poids dans la scène internationale et pouvoir profiter diplomatiquement de la Chine avec cet ambassadeur ; il se fait encore une fois l’idiot utile du jeu des grandes puissances menant la 3e guerre mondiale.

Ce qui compte vraiment en revanche, c’est qu’il sera envoyé prochainement un « Représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires d’Europe et d’Asie centrale ». Il devra se rendre tant en Ukraine que dans d’autres pays pour, selon le ministère chinois des Affaires étrangères :

« mener des échanges approfondis avec différentes parties sur le règlement politique de la crise ukrainienne. »

On comprend tout de suite que ce médiateur a vocation à se rendre également en Russie pour mener des négociations, celles-ci devant servir non pas à la paix comme but principal, mais au rayonnement international de la Chine face aux États-Unis. Il s’agirait d’ailleurs de l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères Li Hui, qui a été ambassadeur de Chine en Russie de 2009 à 2019.

Que ces négociations aboutissent ou non, cela ne change strictement rien à l’affaire car ce qui compte pour la Chine est uniquement de se placer et d’exister en opposition à la superpuissance américaine.

Le communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères appuie très clairement sur cette opposition, la superpuissance chinoise se posant en miroir inversée de la superpuissance américaine.

« La Chine n’est pas à l’origine de la crise ukrainienne, ni n’est partie à la crise. Membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies et grand pays responsable, elle ne reste pas les bras croisés ni ne jette de l’huile sur le feu, et encore moins en tire profit pour ses propres intérêts.

Ce qu’elle fait est désintéressé et impartial. Le dialogue et les négociations sont la seule solution viable. La guerre nucléaire ne fait pas de gagnant. »

Il faut bien souligner ici que, comme à son habitude, la Chine ne parle certainement pas « d’invasion russe », ni ne prononce le mot « guerre ». La Chine ne fait aucun mauvais coup à son allié russe qui est considéré comme une partie devant discuter.

« Il faut saisir les opportunités pour accumuler des conditions favorables au règlement politique de la crise maintenant que la réflexion et la voix de la raison de différentes parties se multiplient.

J’espère que les différentes parties tireront des enseignements profonds de la crise ukrainienne, et recherchent ensemble par dialogue une voie pour assurer la sécurité et la stabilité de long terme en Europe. »

La réaction de la Russie a été bien entendu très modérée, se contentant de rejeter la faute sur les Ukrainiens et les occidentaux ne voulant pas discuter. Prenant acte de la volonté de la Chine de « s’efforcer de mettre en place un processus de négociation », le ministère russe des Affaires étrangères a surtout dénoncé la partie adverse, ce qui fait directement le jeu de la Chine.

« Les autorités ukrainiennes et leurs soutiens occidentaux ont déjà démontré leur capacité à saper les initiatives de paix ».

De son côté, la superpuissance américaine s’est montrée forcément très ennuyée par le jeu de la superpuissance rivale. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby a ainsi expliqué à la presse à propos de cet appel téléphonique :

« Nous estimons que c’est une bonne chose. Cela dit, savoir si cela peut déboucher sur une initiative, une proposition ou un plan de paix sérieux, nous l’ignorons pour l’instant. »

Surtout, il rappelle le rôle des États-Unis, qui ont véritablement la main sur le régime ukrainien et qui feront nécessairement tout pour saboter les œuvres chinoises, alors que les chinois font ici tout pour saboter les œuvres américaines.

« [la discussion de paix] ne sera pas viable ou crédible si les Ukrainiens et le président Zelensky, personnellement, n’y sont pas impliqués et ne la soutiennent pas».

C’est un moment marquant de la 3e guerre mondiale qui se déroule et s’amplifie chaque jour.

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Les États-Unis convoquent leurs vassaux à Ramstein

Ils veulent renforcer la guerre à la Russie.

Les États-Unis ont décidé qu’il fallait accentuer la fourniture d’armes et de matériel militaire à l’Ukraine, alors leurs vassaux étaient convoqués vendredi 21 avril 2023. En l’occurrence, il s’agit des pays membres de l’Union européenne et (ou) de l’Otan, ainsi que le Japon par exemple. Cela a eu lieu à Ramstein, sur une base militaire américaine dans le sud de l’Allemagne, symbole de la soumission de ce pays à la superpuissance américaine.

Puisqu’il s’agit de faire la guerre, c’est le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin qui présidait cette 11e réunion du « Groupe de contact de la défense ukrainienne » (qui est surnommé « forum de Ramstein » en raison du lieu).

Il avait à ses côtés le dirigeant de l’Otan Jens Stoltenberg, de retour de Kiev la veille. Pour amuser la galerie et assurer le spectacle, il a été fait comme si ce dernier venait relayer les demandes pressantes du président ukrainien Zelensky à fournir encore et toujours plus d’armes et de matériel militaire, en l’occurrence plus de blindés, d’artillerie, de munitions ainsi que des avions de combat et des systèmes de tirs de longue portée pour les russes derrière la ligne de front.

En réalité, l’Ukraine n’a absolument aucun poids et ce sont évidemment les États-Unis qui décident de tout, c’est-à-dire du rythme, de la nature et de l’organisation de ces livraisons d’armes. C’est précisément ce dont il s’agissait à Ramstein.

En général, il s’est agit de trois sujet clefs : la défense aérienne, les munitions et la coordination. En particulier, les États-Unis et l’Allemagne ont annoncé le début imminent de la formation des ukrainiens à l’utilisation des chars Abrams et Léopard. L’Allemagne a aussi annoncé un accord pour un centre de réparation des Léopard en Pologne. De plus, la question de la fourniture des avions de chasse occidentaux a été discuté une nouvelle fois.

Outre l’aspect technique et logistique, cette réunion (la 11e du genre, donc), avait également un but politique et diplomatique. Autrement dit, les directives américaines doivent être entendues et appliquées !

Lors de son discours d’ouverture, le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin a félicité ses vassaux pour leurs efforts dans la guerre américaine contre la Russie, présentant en détail les apports depuis plus d’un an. Le ton est celui de la bataille de l’occident contre les ennemis de la « démocratie », avec la Russie devant payer cher sa défiance à la superpuissance américaine.

« Mesdames et Messieurs, plus d’un an plus tard, l’Ukraine tient toujours bon. Notre soutien n’a pas faibli. Et je suis fier des progrès que nous avons réalisés ensemble.

Au total, les membres de ce groupe de contact ont fourni plus de 55 milliards de dollars d’aide à la sécurité pour l’Ukraine. C’est dix fois plus depuis notre première rencontre.

Au cours des derniers mois seulement, nous avons fourni l’équipement et la formation nécessaires pour appuyer neuf brigades blindées supplémentaires pour l’Ukraine. Cela a déjà renforcé la position de l’Ukraine sur le champ de bataille.

Ce groupe de contact a également fourni des systèmes de défense aérienne clés pour protéger le ciel, les citoyens et les infrastructures critiques de l’Ukraine. Cela inclut les systèmes Patriot des États-Unis, d’Allemagne et des Pays-Bas, SAMP/T d’Italie et de France et NASAMS du Canada et de Norvège.

Nous avons également amélioré la formation, le maintien en puissance et la puissance de nos bases industrielles.

Et tout au long, nous avons démontré notre unité et notre détermination. Nos efforts communs ont fait une énorme différence pour les défenseurs de l’Ukraine sur le champ de bataille. Et ils soulignent à quel point le Kremlin a mal calculé.

Poutine pensait qu’il pourrait facilement renverser le gouvernement démocratiquement élu de Kiev. Il pensait que le reste du monde le laisserait s’en tirer. Il pensait que notre unité éclaterait.

Mais il avait tort, à tous points de vue.

Alors que nous nous réunissons à nouveau à Ramstein, le monde entend nos voix haut et fort. Le monde voit ce que nous avons accompli ensemble. »

Ce qui compte est donc de continuer et renforcer l’effort de guerre, qui est la 3e guerre mondiale. Le ministre américain a été très clair sur le fait qu’il faille accentuer l’effort.

« Beaucoup d’entre vous ont puisé dans leurs réserves pour aider l’Ukraine. Certains de nos alliés, comme l’Estonie et la Lettonie, ont fait don de plus d’un pour cent de leur PIB à la cause de l’Ukraine.

L’Union européenne a récemment annoncé une importante initiative visant à accélérer la production industrielle de munitions. Et grâce au travail de nos directeurs nationaux des armements, de nombreux autres pays augmentent également leur production de munitions dont l’Ukraine a un besoin si urgent.

Maintenant, plus tôt cette semaine, les États-Unis ont annoncé leur 36e prélèvement présidentiel d’aide à la sécurité pour l’Ukraine, d’une valeur de 325 millions de dollars. Nous avons maintenant fourni plus de 35 milliards de dollars d’aide à la sécurité à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe à grande échelle. Dans ce dernier package, nous avons inclus plus de munitions pour HIMARS, des obus d’artillerie supplémentaires de 155 millimètres et 105 millimètres et d’importantes capacités antiblindées. »

Forcément, c’est l’Otan qui est au cœur de ce dispositif et c’est au dirigeant de l’Otan qu’est revenu le rôle de faire la communication à propos de cette réunion. Ce qu’il a raconté à la presse se résume de la façon suivante : il est très confiant dans le fait que les Ukrainiens sont désormais en mesure de libérer encore plus de terrain, raison pour laquelle il faut accentuer l’effort de guerre contre la Russie.

La guerre occidentale contre la Russie tourne donc à plein régime et va continuer de plus belle. Voici, pour finir, le résumé officiel de cet journée par l’Otan. Le ton et l’approche, ainsi que le contenu, sont très significatifs de la situation actuelle : c’est la 3e guerre mondiale.

« Secrétaire général de l’OTAN à Ramstein : nous devons renforcer le soutien à l’Ukraine

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a participé à une réunion du groupe de contact de défense ukrainien dirigé par les États-Unis à Ramstein, en Allemagne, vendredi 21 avril 2023, à la suite de sa visite en Ukraine. La réunion était présidée par le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin et le président des chefs d’état-major interarmées, le général Mark Milley.

Le secrétaire général a souligné l’importance d’intensifier l’aide militaire à l’Ukraine alors qu’elle continue de se défendre contre la guerre d’agression brutale de la Russie. « Je viens de rentrer de Kiev hier soir et j’ai rencontré le président Zelenskyy, et son message était qu’il apprécie vraiment et se félicite du soutien solide que les alliés et les partenaires de l’OTAN ont apporté à l’Ukraine, mais compte également sur nous pour continuer à soutenir l’Ukraine dans le futur », a-t-il déclaré.

M. Stoltenberg a remercié le secrétaire à la Défense Lloyd Austin pour son leadership et s’est félicité du nouveau programme d’assistance des États-Unis pour l’Ukraine, comprenant des munitions pour les systèmes de fusées d’artillerie à haute mobilité (HIMARS), des missiles avancés et des missiles antichars. Il s’est félicité des annonces récentes d’autres pays de l’OTAN, dont le Danemark et les Pays-Bas, concernant la livraison de véhicules blindés. Le secrétaire général a également appelé à la poursuite des fournitures de défenses aériennes, de munitions et d’entraînement. Il a ajouté que l’Alliance travaillait en étroite collaboration avec l’industrie pour accélérer la production d’armes et de munitions et reconstituer les stocks alliés.

Le secrétaire général a souligné l’importance d’intensifier l’assistance militaire non létale, notant que le programme d’assistance complet de l’OTAN fournit des fournitures médicales, des systèmes mobiles par satellite et des ponts flottants.

Pendant son séjour à Ramstein, le secrétaire général a également rencontré le ministre ukrainien de la Défense Oleksiy Reznikov et le ministre néo-zélandais de la Défense Andrew Little. »

Sabotez la guerre américaine contre la Russie ! Pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !

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Les États-Unis organisent un tribunal pour juger Vladimir Poutine

La superpuissance américaine veut la conquête.

Le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken parlant de l’Ukraine à des ministres des Affaires étrangères en mars 2023

La superpuissance américaine vise le point de non-retour contre la Russie, car elle a besoin de mobiliser le plus largement possible contre la Chine. Il s’agit de maintenir son hégémonie, coûte que coûte.

En ce sens, le ministère américain des Affaires étrangères, appelé « secrétaire d’État », organise un tribunal « international » pour juger Vladimir Poutine.

C’est Beth Van Schaack, « ambassadrice » pour les questions du droit international, qui a expliqué à quoi ça ressemblerait. Il y aurait une cour pénal internationale avec des juges ukrainiens. Et l’accusation serait la « guerre d’agression ».

Rappelons qu’il y a déjà une cour pénale internationale, basée à La Haye, qui vient justement d’émettre mi-mars un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine. Mais cette manœuvre mise en place par les pays occidentaux a une faille de taille : ni les États-Unis, ni l’Ukraine (ni la Russie), n’ont signé la participation à cette cour.

Hors de question pour les États-Unis d’y adhérer. Eux-mêmes étalent régulièrement leur droit au monde entier… mais refusent de dépendre de qui que ce soit. Ils ont l’hégémonie mondiale et veulent la conserver.

Beth Van Schaack n’a pas perdu cet aspect de vue. Parlant en cette fin mars 2023 à l’Université catholique de Washington, le 27 mars pour être précis, elle a rappelé qu’il ne fallait pas former un précédent qui pourrait amener à juger de la même manière des dirigeants américains.

Il faut donc pour la superpuissance américaine bricoler un autre tribunal.

Depuis mars 2022, on peut lire « Poutine, La Haye t’attend » sur le fronton de la mairie de Vilnius, capitale de la Lituanie ; la mairie est en face de l’ambassade russe

Il faudrait donc que le tribunal soit un mélange de droit international et de droit ukrainien, avec un cadre juridique pour le procès qui soit mi-ukrainien, mi-international. Ce serait un procès spécial, unique.

Comment le justifier ? Car l’idéal pour la superpuissance américaine, ce serait de juger le président russe pour des « crimes de guerre ».

Problème : c’est déjà du ressort de la cour pénale internationale. Mais si la cour pénale internationale considère qu’elle peut juger les dirigeants des pays, elle ne peut pas juger sans leur aval ceux des pays non signataires.

Il y a alors l’idée de s’appuyer sur l’Ukraine. Le souci est que l’Ukraine se situe dans le cadre juridique des États posant que ses dirigeants ne peuvent pas être jugés pour leurs activités. Si on se fonde donc uniquement sur le droit ukrainien, on ne pourra pas juger Vladimir Poutine pour ses décisions, ce serait malaisé comme opération.

L’idée américaine est alors la suivante : le nouveau tribunal se contenterait de juger les « crimes d’agression », un concept non employé par la cour pénale internationale.

On utiliserait l’Ukraine comme base juridique justificatrice et on placerait une superstructure de juges internationaux (en fait, occidentaux).

Cela permet de contourner la cour pénale internationale, de pouvoir juger le président russe sur la base du droit ukrainien, et en plus niveau dénonciation de « l’empire russe » c’est adéquat. Pour la superpuissance américaine, une telle construction artificielle est un jackpot.

Beth Van Schaack a présenté ainsi la conception de ce tribunal:

« A ce moment critique de l’histoire, je suis heureux d’annoncer que les États-Unis soutiennent le développement d’un tribunal internationalisé dédié à la poursuite [pénale] du crime d’agression contre l’Ukraine.

Bien qu’un certain nombre de modèles aient été à l’étude, et qu’ils aient été analysés de près, nous pensons qu’un tribunal internationalisé ancré dans le système judiciaire ukrainien, mais qui comprend également des éléments internationaux, fournira la voie la plus claire pour établir un nouveau Tribunal et maximiser notre chances de parvenir à une responsabilisation significative.

Nous envisageons un tel tribunal doté d’éléments internationaux importants – sous la forme de droit substantiel, de personnel, de sources d’information et de structure.

Il pourrait également être situé ailleurs en Europe, du moins dans un premier temps, pour renforcer l’orientation européenne souhaitée par l’Ukraine, donner de la gravité à l’initiative et permettre une implication internationale, notamment par le biais d’Eurojust [Unité de coopération judiciaire de l’Union européenne].

Ce type de modèle – un tribunal national internationalisé – facilitera un soutien international interrégional plus large et démontrera le leadership de l’Ukraine en matière de responsabilité pour le crime d’agression.

Il s’appuie également sur l’exemple d’autres mécanismes de justice hybride réussis.

Nous nous engageons à travailler avec l’Ukraine et les pays épris de paix du monde entier pour mettre sur pied, doter en personnel et financer un tel tribunal de manière à obtenir une responsabilité complète pour les crimes internationaux commis en Ukraine (…).

Il s’agit véritablement d’un moment historique du droit pénal international. Tout comme les Alliés à la fin de la Seconde Guerre mondiale ont fait progresser l’impératif de justice et inauguré une nouvelle ère de responsabilité pour les pires crimes imaginables, il nous incombe à tous de veiller à ce que les promesses de Nuremberg ne soient pas de l’histoire passé.

Les États-Unis restent inébranlables dans leur soutien au gouvernement et au peuple ukrainiens alors qu’ils défendent leur pays et leur liberté. Le peuple ukrainien mérite justice, et nous devons tous rester unis pour demander des comptes aux responsables, quel que soit le temps que cela prendra.

Naturellement, pour qu’un tel procès ait lieu, il faut que la Russie ait été vaincue et n’existe plus comme État… Ce qui est bien le but de la superpuissance américaine et de son auxiliaire ukrainien.

Ce tribunal est à la fois une propagande de guerre et un mode prévu pour la division de la Russie, dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

C’est une puissante contribution à la guerre. Une guerre dont nous, Français, sommes une partie, car notre État participe entièrement à l’Union européenne, à l’Otan.

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La narration américaine sur l’Ukraine

Une propagande ciselée.

Le Département d’Etat américain est l’équivalent du Ministère des Affaires étrangères. Il vient de publier un document sur le conflit militaire en Ukraine, donnant évidemment le point de vue de la superpuissance américaine.

Il faut étudier ce document, riche d’enseignements.

Il indique déjà qu’il y a une narration américaine très précise, dont le régime ukrainien est par ailleurs la voix. Cela indique bien que la propagande marche à fond, que tous les médias occidentaux la reprennent. Cela montre l’ampleur de la question et du bourrage de crâne qu’on connaît depuis plus d’un an.

Ensuite, on voit très bien comment la superpuissance américaine a un mal fou à masquer les traits fascistes du régime ukrainien. Elle a également énormément de difficultés à faire passer le message (ridicule) comme quoi il ne s’agit pas de détruire la Russie (alors que l’objectif est avoué).

Enfin, la superpuissance américaine montre bien qu’elle est engagée à fond et qu’elle ira au bout. Il y a bien une guerre américaine contre la Russie.

Et nous, en France, soutenons objectivement cette guerre car notre pays est partie prenante dans le camp occidental. C’est ça qu’il faut saboter – il faut la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !

Voici ce document de la superpuissance américaine.

« La roulette de la désinformation : un an de mensonges du Kremlin pour justifier une guerre injustifiable

 Il est évident que les missiles ou l’artillerie de la Russie ne parviendront ni à briser notre unité ni à nous faire vaciller. Et il devrait être tout aussi évident que l’unité ukrainienne ne peut pas être brisée par les mensonges ou l’intimidation, par les fausses informations ou les théories du complot. » – Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy , le 16 juillet 2022

Le 24 février 2022, des millions de personnes en Ukraine ont été réveillées par un concert de sirènes annonçant un raid aérien , du jamais vu depuis 80 ans .

La Russie venait de lancer une invasion massive. Jusqu’à cette matinée fatidique, et pendant toute l’année qui a suivi, l’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie a déployé tout un éventail de messages mensongers dans le but de duper le monde quant aux intentions néo-impérialistes du Kremlin, de dépeindre au peuple russe sa guerre choisie contre l’Ukraine comme une riposte nécessaire à de prétendues menaces émanant des États-Unis et de l’OTAN, et de tenter de justifier une guerre injustifiable.

Le Kremlin a régulièrement modifié ses affirmations mensongères pour faire oublier ses échecs sur le champ de bataille et son isolement politique. Ce rapport mettra en évidence cinq des narratifs les plus saillants diffusés par l’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie :

1) La Russie était encerclée  par l’OTAN  avant l’invasion de février 2022 ; 2) L’Ukraine est en train de commettre un génocide  au Donbass ; 3) Le gouvernement ukrainien doit être « dénazifié et démilitarisé »  ; 4) Le rétablissement des valeurs traditionnelles exige la « désatanisation » de l’Ukraine ; et 5) La Russie doit combattre en Ukraine pour défendre sa souveraineté contre l’Occident.

Narratif mensonger no 1 : « L’encerclement » par l’OTAN et la Russie « n’est pas l’agresseur »

L’une des premières justifications fabriquées par le Kremlin à propos de la guerre est l’affirmation fallacieuse selon laquelle l’OTAN et « l’Occident » seraient des agresseurs menaçant la sécurité de la Russie. Pendant les mois qui ont précédé le 24 février 2022, la Russie a exigé des garanties sécuritaires , notamment des restrictions sur l’adhésion de pays à l’OTAN, une position qui rejetait le droit souverain de l’Ukraine et d’autres pays de choisir eux-mêmes leur politique étrangère.

Tandis que Moscou massait jusqu’à 190 000 soldats  à la frontière de l’Ukraine, le ministère russe des Affaires étrangères diffusait de fausses informations pour brouiller les intentions du Kremlin, affirmant  que les troupes russes ne se trouvaient pas à la frontière avec l’Ukraine et reprochant simultanément aux États-Unis et à leurs alliés de semer l’hystérie .

Le président Poutine a accusé à tort l’OTAN d’être responsable de l’escalade des tensions ; il a prétendu qu’il ne planifiait pas d’invasion , et il a accusé les États-Unis de se servir de l’Ukraine comme d’« un outil pour contenir la Russie » .

Cherchant à rejeter la faute, des organes  de désinformation liés au Service fédéral de sécurité russe (FSB), à la Direction du renseignement militaire (GRU) et au Service du renseignement extérieur (SVR) ont amplifié ces allégations mensongères, qualifiant les avertissements émis par les États-Unis et l’OTAN quant à une possible offensive militaire de la Russie contre l’Ukraine d’« hystérie occidentale  » visant à « entraîner l’Ukraine dans la guerre » .

Au cours de cette année de guerre, le Kremlin a changé son narratif mensonger sur les Occidentaux qui pousseraient à la guerre, et adopté la thèse selon laquelle les États-Unis et l’OTAN, en aidant l’Ukraine à se défendre, prolongeraient ou intensifieraient la guerre. À la suite d’une réunion ministérielle de l’OTAN en novembre 2022, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé  que la « majorité du monde » comprenait les menaces posées par l’OTAN, accusant  l’Alliance d’avoir soi-disant poussé l’Ukraine à poursuivre la guerre.

Des organes de désinformation, tels que Newsfront  (mandaté par le FSB) et Sputnik  (géré par l’État) ont tous deux cité de prétendus « experts » selon lesquels l’OTAN « versait de l’huile sur le feu » en promettant de l’aide supplémentaire à l’Ukraine. La Strategic Culture Foundation  et l’Oriental Review , deux organisations dirigées par le SVR, ont prévenu que l’Ukraine allait tenter d’« entraîner l’OTAN dans une guerre à l’intérieur des frontières de l’Ukraine » et ont affirmé avoir démontré que le conflit en Ukraine avait été provoqué par l’OTAN.

Le Kremlin ressuscite ces messages fallacieux à chaque fois que les partenaires de l’Ukraine annoncent de l’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine. Le dernier en date accuse l’OTAN de russophobie après que les États-Unis et l’Allemagne ont accepté de fournir des chars modernes Abrams M1 et Leopard à l’Ukraine.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov a repris ce narratif  à son compte en janvier 2023, affirmant : « L’OTAN, avec une persévérance maniaque (…), a systématiquement rampé jusqu’aux frontières russes, tout en zombifiant nos pays voisins avec des histoires d’horreurs russophobes. »

La Russie diffuse de fausses informations dépeignant l’OTAN comme l’agresseur afin de jeter la confusion. La Russie est la seule à avoir déclenché cette guerre, pas l’Ukraine. La Russie est l’agresseur, pas l’OTAN. Comme l’a déclaré  le secrétaire d’État Antony Blinken au Conseil de sécurité des Nations unies le 22 septembre 2022, « si la Russie arrête de se battre, il n’y a plus de guerre. Si l’Ukraine arrête de se battre, il n’y a plus d’Ukraine. »

Narratif mensonger no 2 : « Les provocations ukrainiennes » et « le génocide contre le Donbass »

Pendant que la Russie entretenait le mythe de l’agression de l’OTAN, elle a simultanément tenté de dépeindre à tort l’Ukraine comme étant en train de planifier une action militaire contre les Russes de souche dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine.

En janvier 2022, des responsables de la Fédération de Russie ont affirmé que Kyiv avait envoyé « la moitié de son personnel militaire » dans les zones du Donbass occupées par la Russie, et que l’Ukraine avait intensifié ses attaques  contre les pseudo-Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk  (RPD/RPL).

Le Kremlin a affirmé  que l’incursion de Kyiv dans le Donbass contrôlé par la Russie était imminente, tandis que les autorités alliées de la Russie ont prétendu  que l’Ukraine avait l’intention d’utiliser des armes chimiques le long de la ligne de contact entre les forces de défense de l’Ukraine et celles déployées en Ukraine par la Russie et ses alliés.

La fréquence avec laquelle cette fausse affirmation a été répétée s’est intensifiée après que les États-Unis ont révélé  le projet du Kremlin de mener une opération sous faux drapeau dans le Donbass contrôlé par la Russie, qui servirait de prétexte à une nouvelle invasion.

Le 3 février, les États-Unis ont discrédité ce narratif en levant le voile  sur le projet secret du Kremlin d’employer une vidéo fabriquée de toutes pièces par les services de renseignement russes et remplie de scènes choquantes d’explosions, de cadavres, de bâtiments et d’équipements militaires détruits, ainsi que d’acteurs se faisant passer pour des personnes en deuil.

L’écosystème de désinformation et de propagande de la Russie a également accusé à tort l’Ukraine de terrorisme, prétendant que le pays préparait une « catastrophe chimique »  et suggérant que l’Ukraine allait mener une « frappe écrasante »  contre la centrale nucléaire de Zaporijia.

Le président Poutine a transformé ce narratif mensonger en prétexte à la guerre. Dans une déclaration  du 15 février, il a affirmé à tort qu’« un génocide avait lieu au Donbass ». À la suite de cette déclaration de Poutine, le Comité d’enquête russe a ouvert  une procédure pénale liée aux allégations de « fosses communes de civils »  au Donbass.

L’appareil de désinformation et de propagande du Kremlin a continué à promouvoir des messages fallacieux accusant l’Ukraine de « génocide », notamment par le biais du site Web « Tragedy of Donbas »  (La tragédie du Donbass), qui selon le Washington Post , est géré par les services du renseignement militaire russes. Les agents d’influence financés par le gouvernement russe utilisent un réseau de sites Web  et de blogs  ciblant l’Ukraine, l’OTAN, l’Union européenne et les États-Unis pour amplifier la désinformation, y compris pour diffuser ce narratif .

Le discours  télévisé de Poutine, le 21 février 2022, a cimenté cette thèse infondée pour justifier la guerre. Prétendant reconnaître comme des États indépendants les pseudo-Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk sous contrôle russe, la Russie a ordonné  le déploiement de troupes de « maintien de la paix » au Donbass.

Pour diaboliser l’Ukraine aux yeux de l’opinion russe, Poutine a accusé à tort l’Ukraine d’avoir commis « un génocide » et d’avoir fait preuve de discrimination à l’égard de la population russophone du Donbass depuis 2014. Il a ainsi créé un prétexte à la prétendue nécessité de « protéger les nôtres », faisant passer de manière peu convaincante son agression pour une opération visant à arrêter « un génocide » inexistant.

Des médias indépendants, des experts de la lutte contre la désinformation et des organisations internationales multilatérales de défense des droits humains ont rigoureusement réfuté ce narratif. L’équipe de fact-checking de la BBC  a souligné : « Il n’y a aucune preuve de génocide ». Polygraph.info  a discrédité cette affirmation en signalant que Poutine et d’autres responsables de la Fédération de Russie avaient « employé librement le terme de génocide » contre la Géorgie lors de l’invasion du pays par la Russie en 2008.

Polygraph.info a également fait remarquer : « L’incident le plus proche [d’un génocide] a peut-être été commis en 2014 par les forces russes à Sloviansk, où les forces ukrainiennes qui ont repris la ville ont trouvé une fosse commune contenant 20 corps. » Le Conseil de l’Europe , le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme  et la Mission d’experts établie dans le cadre du Mécanisme de Moscou de l’OSCE  ont conclu de manière indépendante qu’il n’y avait aucune preuve que des personnes d’origine russe ou russophone aient été persécutées par les autorités ukrainiennes.

Ces messages mensongers resurgissent à chaque fois que la guerre d’agression du Kremlin subit des revers stratégiques. L’analyse des narratifs à partir des données de médias sociaux sur Telegram, menée par le GEC, montre des pics de conversations en russe à propos du « génocide au Donbass » lors de ces revers.

Par exemple, le Kremlin a ressorti du placard ces fausses informations en juin 2022, un mois marqué par plusieurs échecs stratégiques pour Moscou. Quand le premier système de roquettes d’artillerie à haute mobilité (HIMARS) est arrivé en Ukraine , et quand l’Ukraine s’est vu accorder le statut de candidate à l’UE , le département de la Justice des États-Unis a annoncé  des mesures de responsabilisation visant à « aider à identifier, appréhender et poursuivre en justice les personnes impliquées dans des crimes de guerre et des atrocités » en Ukraine.

L’ambassade de Russie à Washington a riposté en répétant les allégations fallacieuses du Kremlin  selon lesquelles des Ukrainiens auraient commis un génocide contre la population russophone.

Le début de la contre-offensive de Kherson en Ukraine en septembre, la libération rapide de la région de Kharkiv et les annonces de mobilisation faites par la Russie qui ont suivi ont donné une impulsion supplémentaire au Kremlin pour relancer ce narratif. Le président Poutine a démarré le mois de septembre par des déclarations  truffées de fausses informations, affirmant que la Russie essayait seulement d’arrêter « le génocide »  qui aurait été perpétré par Kyiv depuis 2014.

Dans son discours du 30 septembre  annonçant la soi-disant annexion des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia après les pseudo-référendums, Poutine a répété à tort que « pendant huit longues années, les habitants du Donbass ont été soumis à un génocide, à des bombardements et des blocus, et qu’ils ont fait l’objet d’une politique criminelle visant à cultiver la haine envers la Russie et tout ce qui est russe », et il a accusé l’Ukraine de « réserver aux russophones à l’intérieur de ses frontières le même sort que celui que l’Occident ‟colonialiste” cherche à infliger au monde entier ».

Le Kremlin prétend défendre le peuple russophone d’Ukraine contre « un génocide » inexistant. Pourtant, depuis huit ans, les forces d’invasion russes et leurs alliés ont semé la mort et la destruction dans des régions majoritairement russophones de l’Ukraine.

Des millions de personnes ont fui les zones occupées par la Russie dans l’est et le sud du pays. La destruction de Marioupol , ville russophone, est catastrophique. Au mois mars 2022, le gouvernement américain a estimé que des membres des forces russes avaient commis des crimes de guerre  en procédant à des opérations de filtration  et en expulsant illégalement des milliers de civils ukrainiens.

Au mois de février 2023, s’appuyant sur des preuves de plus en plus nombreuses provenant des régions russophones de l’Ukraine libérées de l’occupation russe, le gouvernement américain a déterminé que des membres des forces russes et des responsables russes avaient commis des crimes contre l’humanité  en Ukraine, notamment en torturant des civils en détention au moyen de passages à tabac, d’électrocutions et de simulacres d’exécution, ainsi que par le viol et le meurtre relevant de l’exécution d’hommes, de femmes et d’enfants ukrainiens.

La Russie cherche à priver l’Ukraine de sa souveraineté et de son indépendance, et à supprimer son histoire et sa culture. Pendant que la Russie occupait Kherson, les autorités de la ville ont vidé les bibliothèques de la littérature ukrainienne et pillé des objets culturels  dans les musées.

Le gouvernement russe a déporté systématiquement  et illégalement  au moins 6 000 enfants d’Ukraine vers un réseau d’établissements en Crimée occupée par la Russie et dans toute la Russie, où ils sont « rééduqués »  ou mis en adoption  aux quatre coins du pays. Ces enfants ne sauront peut-être jamais qu’ils viennent d’Ukraine . Le Kremlin semble déterminé à rejeter l’existence de l’Ukraine en tant qu’État, en tentant de faire table rase de son passé — et de son avenir .

Narratif mensonger no 3 : « La dénazification et la démilitarisation »

Le président Poutine a invoqué le récit de désinformation le plus persistant du Kremlin dans son discours, avant l’aube, annonçant le lancement de l’invasion massive du 24 février . Il a déclaré : « L’objectif de cette opération est de protéger des personnes qui, depuis huit ans, sont confrontées à l’humiliation et au génocide perpétrés par le régime de Kiev. À cette fin, nous chercherons à démilitariser et à « dénazifier » l’Ukraine. »

Il a porté des accusations sans queue ni tête  contre le gouvernement démocratiquement élu de l’Ukraine, le comparant à « un gang de toxicomanes et de néonazis qui se sont installés à Kiev et ont pris en otage le peuple ukrainien tout entier ».

Il est absurde d’accuser de néonazisme le président de l’Ukraine, Zelensky, qui est juif. Mais les allégations de la Russie sont aussi calculées qu’elles sont abracadabrantes. Depuis des années, le Kremlin assimile méthodiquement la soi-disant « russophobie » au néonazisme.

Le gouvernement russe a eu recours à l’antisémitisme  à plusieurs reprises pour diffuser de fausses informations sur la guerre de Moscou en Ukraine. Cela fait longtemps que le Kremlin instrumentalise l’histoire de la Seconde Guerre mondiale pour encourager un sentiment nationaliste en Russie lorsqu’il promeut ses ambitions géopolitiques.

En janvier 2023, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a lancé la formule  « Soutien à l’Ukraine = russophobie = néonazisme » en comparant à tort l’aide fournie par l’Occident à l’Ukraine pour se défendre contre la Russie à l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie. Lavrov a invoqué le génocide intenté par Hitler contre les Juifs pour résoudre ce qu’il appelait « la question juive », accusant l’Occident de comploter « pour enfin résoudre la question russe » .

Ce narratif a émergé au premier plan lorsque la Russie a essuyé de lourdes pertes sur le champ de bataille au début de la guerre. Dans son discours du 9 mai marquant la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, Poutine a amplifié ce narratif, déformant l’histoire pour justifier sa guerre brutale contre l’Ukraine. Poutine a affirmé à tort que sa guerre de choix était un acte « sacré » et « patriotique », semblable à la lutte des Soviétiques contre l’Allemagne nazie (appelée en Russie la Grande Guerre Patriotique) ou à toute guerre dans laquelle la Russie « s’est défendue ».

En répétant ses arguments habituels de propagande, Poutine a accusé l’Occident de « mettre fin » aux valeurs traditionnelles, de falsifier l’histoire et de promouvoir la russophobie. Le Kremlin manipule et déforme sans arrêt l’histoire afin d’exploiter le sentiment de fierté animant le peuple russe qui a consenti des sacrifices pour vaincre le nazisme.

En outre, le Kremlin qualifie régulièrement de « coup d’État fasciste »  la Révolution de la dignité qui a eu lieu en Ukraine de 2013 à 2014. Ces distorsions de l’histoire ont un objectif stratégique, à savoir susciter le patriotisme et rallier le soutien de la Russie à la guerre de Poutine contre l’Ukraine.

Si la thèse de « la dénazification »  a servi à Poutine de justification principale dans son discours du 24 février 2022, il semble qu’elle n’ait pas fait écho longtemps au sein du public russe. L’analyse par le GEC des conversations en russe sur Internet montre une légère hausse du volume des conversations en ligne impliquant ce narratif à la fin février, immédiatement après le discours.

Dès mars 2022, les responsables russes ont progressivement réduit  l’utilisation de cette version du narratif. Tout au long du mois de mars, les délégations russe et ukrainienne ont entamé plusieurs séries de négociations  pour établir des couloirs humanitaires afin d’aider à évacuer les civils et de parvenir à un cessez-le-feu.

La diminution du nombre de fois où est mentionné le narratif de « la dénazification » est peut-être un signe que, même pour le Kremlin, la dissonance cognitive était trop forte pour faire avaler au public le fait qu’il négocie avec les responsables ukrainiens tout en essayant de les « dénazifier ».

Cependant, le sursis de la « dénazification » a été de courte durée. Ce narratif a atteint son point culminant dans les messages en russe sur Telegram fin mars et début avril. Lorsque des preuves de crimes de guerre et de charniers ont commencé à émerger à Boutcha  après le retrait des troupes russes, l’écosystème de désinformation et de propagande du Kremlin a répondu au tollé mondial suscité par ces sinistres révélations en niant, dans un premier temps, l’implication de ses forces, puis en contestant la véracité des informations et en renouvelant la thèse de la « dénazification ».

Accusant à tort l’Ukraine d’employer des tactiques que la Russie elle-même utilise, le ministère russe de la Défense a affirmé  à tort : « Les photos et les vidéos de Boutcha sont une autre imposture, une mise en scène et une provocation par le régime de Kiev à l’intention des médias occidentaux. » Le ministère russe des Affaires étrangères a prétendu  à tort qu’il y avait « des signes de vidéos contrefaites et d’autres falsifications ».

Les ambassades et les médias russes dans le monde entier ont amplifié ces conspirations pourtant facilement discréditées , notamment les affirmations selon lesquelles l’Ukraine aurait utilisé de faux cadavres  qui se sont « réanimés » une fois les caméras éteintes. En dépit des preuves abondantes fournies par le New York Times Bellingcat  et la BBC  contredisant les affirmations de la Russie et démontrant son implication, la machine à désinformer du Kremlin a continué d’essayer  de cacher la vérité.

Le média d’État russe RIA Novosti a tenté de détourner l’attention en publiant un article qui plaidait pour « la dénazification de la majorité de la population ukrainienne »  par « la rééducation, la répression idéologique (…) et une censure stricte : non seulement dans la sphère politique, mais obligatoirement aussi dans la sphère de la culture et de l’éducation ». En outre, l’article préconisait le gommage de l’Ukraine en tant qu’État, notamment par la « désukrainisation », affirmant qu’« un pays dénazifié ne peut pas être souverain ».

Malgré la nature grotesque de ce narratif, il reste utile à l’écosystème russe de désinformation. Par rapport aux quatre autres narratifs du Kremlin abordés dans ce rapport, celui de la « dénazification » a été le plus souvent utilisé si l’on regarde le volume quotidien de publications, et il continue de provoquer le plus haut niveau d’engagements si l’on mesure le nombre de réactions et de partages.

L’écosystème russe de désinformation et de propagande renoue avec la thèse de « la dénazification », destinée à rejeter la faute, à chaque fois que Moscou subit des revers stratégiques.

Un narratif que le président Poutine a une fois de plus brandi sans vergogne dans son message du 27 janvier 2023  à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. « Oublier les leçons de l’Histoire, a-t-il dit, conduit à la répétition de terribles tragédies. Les crimes contre les civils, le nettoyage ethnique et les actions punitives organisées par les néonazis en Ukraine en sont la preuve. »

Il a persisté dans la même veine lors de son discours du 1er février marquant le 80e anniversaire de la bataille de Stalingrad, pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’il a accusé l’Occident de nazisme  : « Nous constatons aujourd’hui que, malheureusement, l’idéologie du nazisme – cette fois sous sa forme moderne – crée à nouveau des menaces directes pour notre sécurité nationale, et nous sommes, encore et toujours, contraints de résister à l’agression de l’Occident collectif. »

L’escalade de ses joutes oratoires faisait suite à l’annonce, quelques jours plus tôt, que l’Allemagne et les États-Unis allaient livrer des chars  Leopard et Abrams M1 à l’Ukraine pour l’aider à se défendre contre l’attaque brutale de la Russie.

Les éléments de preuve des crimes du Kremlin contre les civils ukrainiens dans les zones occupées par la Russie s’accumulent aussi rapidement que les mensonges flagrants du Kremlin. À la fin du mois de janvier 2023, l’Ukraine enquêtait sur près de 67 000 crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés  – tels que des exécutions sommaires, des viols, des tortures, des enlèvements et des déportations forcées, des bombardements aveugles ainsi que des attaques ciblées contre des civils et des biens civils.

Des enquêtes indépendantes, des organisations médiatiques , la Commission d’enquête indépendante des Nations unies sur l’Ukraine  et des missions d’experts dans le cadre du Mécanisme de Moscou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe  ont toutes démontré que des membres des forces russes ont documenté une série de crimes de guerre et d’autres atrocités commis par des membres des forces russes en Ukraine.

Ces crimes contre l’humanité  ne sont pas un phénomène isolé. Ils s’inscrivent dans le droit fil de l’attaque généralisée et systématique du Kremlin  contre la population civile de l’Ukraine. Le narratif de la « dénazification » colporté par le Kremlin et la déshumanisation méthodique  du peuple ukrainien dans les propos tenus jouent un rôle dans ces abus inadmissibles.

Les survivants de l’occupation russe de Boutcha ont rapporté que les forces russes faisaient du porte-à-porte et fouillaient les immeubles résidentiels « à la recherche de nazis  ». Lorsque la ville de Kherson a été libérée par l’Ukraine, des témoins ont évoqué  la vie sous l’occupation russe : « Si les Russes vous entendent parler ukrainien, ils vous prennent pour un nazi. Ils vérifient les réseaux sociaux, les tatouages ; si vous avez des symboles ukrainiens sur votre corps, ça va vous attirer des ennuis. »

Narratif mensonger no 4 : Redéfinir la guerre comme non plus une « dénazification » mais une « désatanisation »

Maintenant que la guerre franchit le cap de la première année, le Kremlin tente de justifier ses actions injustifiables en affirmant désormais qu’il combat « le satanisme occidental ». Certes, les propagandistes du Kremlin diabolisaient  déjà les Ukrainiens au moins depuis avril 2022, mais l’assimilation par le président Poutine de ce qu’il appelle les valeurs occidentales à du « satanisme pur et simple », dans son discours du 30 septembre 2022 , a propulsé cette accusation au rang de narratif officiel.

Le Kremlin de Poutine s’est autoproclamé le gardien des « valeurs traditionnelles » contre les valeurs étrangères dépravées que, selon lui, l’Occident avance en Ukraine et tenterait d’imposer à la Russie. Ce narratif est apparu pour la première fois en avril 2022, après la découverte des atrocités commises par la Russie à Boutcha.

L’un des plus ardents défenseurs du concept de « Russkiy mir » (monde russe), le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill, a prêché que la Russie se battait en Ukraine pour la « véritable indépendance » du « monde russe », qu’il considère comme le dernier bastion contre l’Occident immoral et dépravé. Cette action, dit-il, reflète « la vérité de Dieu  » et repousse « l’Antéchrist  » contre l’épouvantail de la puissance mondiale , adversaire de la Russie.

Le patriarche considère  que l’Ukraine fait partie du « territoire canonique » de l’Église orthodoxe russe, bien que la majorité des croyants orthodoxes ukrainiens se réclament  de l’Église orthodoxe autocéphale indépendante d’Ukraine  ou se disent « simplement orthodoxes ». Kirill dépeint les actions du Kremlin comme une guerre sainte « fratricide »  que la Russie doit livrer à ceux qui veulent faire des Ukrainiens, « partie intégrante de la sainte Rus’ unie », un État « hostile à la Russie ».

L’écosystème de désinformation et de propagande du Kremlin a amplifié le message du patriarche Kirill par le biais de ses nombreux piliers . Les personnalités publiques des organes de propagande d’État  ont commencé à dépeindre la Russie comme « l’incarnation des forces du bien », évoquant un « affrontement métaphysique entre les forces du bien et du mal » et une « guerre sainte » dont la Russie doit sortir vainqueur.

Les sites  de désinformation agissant pour le compte  du Kremlin, tels que News Front , qui relève du FSB, et Tsargrad , sur la liste de désignation des États-Unis, un maillon du réseau d’influence malveillante de l’oligarque russe Konstantin Malofeyev inculpé par les États-Unis , sont allés encore plus loin en qualifiant  les Ukrainiens de « satanistes ». Le Kremlin a ainsi ajouté une « croisade » à sa liste de prétextes pour mener une guerre brutale et commettre des atrocités contre le peuple ukrainien.

Ce narratif a refait surface lorsque la Russie a essuyé des revers cuisants sur le champ de bataille tout au long de l’été et de l’automne.

En juillet 2022, lorsque le gouvernement russe proposait d’étendre l’interdiction de la « propagande » sur les « relations sexuelles non traditionnelles  » – une proposition qui est devenue loi après la signature de Poutine en décembre 2022 – des personnalités  du Kremlin ont présenté l’exclusion  de la Russie du Conseil de l’Europe en mars 2022 comme l’échec des « efforts visant à imposer des valeurs étrangères et le mariage homosexuel » à la Russie, alors que la décision du Conseil de l’Europe était motivée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine.

Les commandants militaires de la République de Tchétchénie, dirigée par l’homme fort Ramzan Kadyrov, sous le coup de sanctions des États-Unis, ont proclamé  à maintes reprises que la Russie menait une guerre sainte en Ukraine  contre « l’armée de l’Antéchrist » et « les valeurs sataniques LGBT ».

Dans un discours en septembre , le président Poutine a attaqué l’Occident et sa « dictature des élites occidentales » pour leur « déni radical des normes morales, de la religion et de la famille », qu’il a qualifié de « satanisme pur et simple ». Poutine a laissé entendre que les pays occidentaux menaient des « expériences monstrueuses  » sur des enfants. Les lois  de la Russie et la rhétorique du Kremlin amalgament à tort  personnes LGBTQI+ et pédophilie.

Poutine n’est pas le seul à tenir des propos extrêmes. Emboîtant le pas au Kremlin, Ivan Okhlobystine, acteur excentrique, prêtre défroqué et fervent partisan de Poutine, a appelé  à pleins poumons à la « guerre sainte » lors d’un rassemblement organisé le 1er octobre sur la Place Rouge en soutien à la tentative d’annexion de quatre régions d’Ukraine par la Russie.

Apparemment à la stupéfaction  d’une partie de l’assistance, Okhlobystine a crié  Goyda ! (Гойда), un vieux cri de guerre russe que poussait Ivan le Terrible pour appeler sa police secrète . Okhlobystine continue sur un ton théâtral : « Aie peur, vieux monde ! Dénué de la vraie beauté ! De la vraie foi ! De la vraie sagesse ! Gouverné par des fous, des pervers, des satanistes ! Aie peur, on arrive ! »

Fin octobre, d’autres responsables du Kremlin ont amplifié les appels  à la « désatanisation » de l’Ukraine, affirmant que l’Occident s’employait, par la promotion de cultes sataniques, à « reformater » l’esprit des Ukrainiens pour les dresser contre les valeurs traditionnelles incarnées par la Russie.

L’homme fort de Tchétchénie, Kadyrov, a exhorté  les hommes russes à prendre les armes et à partir en « djihad  » contre les satanistes ukrainiens, appelant à « rayer de la carte  » les villes de l’Ukraine. Selon des sources  dignes de foi, les combattants tchétchènes de Kadyrov en Ukraine ont commis des atrocités .

Face à la vigueur des contre-offensives des forces ukrainiennes dans la région de Kharkiv et de Kherson, le narratif de la « désatanisation » a refait surface et s’est intensifié.

À mesure que la Russie continue de subir des pertes sur le champ de bataille et dans l’opinion publique mondiale, le Kremlin cherche un argument qui va tenir, en avançant des idées chacune plus absurde que la précédente.

Les efforts du Kremlin pour diaboliser les Ukrainiens en les qualifiant de « satanistes » ne sont qu’une tentative à peine voilée destinée à expliquer ses pertes au peuple russe et à justifier celles qui suivront. A priori dénué de pertinence, le narratif de la « désatanisation » déshumanise le peuple ukrainien et tente de justifier la dépravation et les atrocités cruelles à son encontre.

Narratif mensonger no 5 : « Défendre la souveraineté de la Russie » contre l’Occident

Les plans de Poutine relatifs à des simulacres de référendum et à une mobilisation militaire ayant été mis à mal par la contre-offensive de l’Ukraine en septembre 2022, le Kremlin a changé de discours : sa guerre de choix est devenue une guerre de nécessité « pour défendre la souveraineté de la Russie  ».

Un an seulement après avoir présenté ses « exigences sécuritaires » soi-disant pour éviter un conflit, le Kremlin a bouclé la boucle, revenant à son narratif de désinformation initial selon lequel l’Occident serait le véritable agresseur et voudrait détruire la Russie au moyen d’une guerre par acteurs interposés en Ukraine. Perdre du terrain face à l’Ukraine, un État membre de l’ONU que Poutine a rejeté  comme n’étant « pas un vrai pays », serait inconcevable.

Confronté à la libération de la région de Kharkiv par l’armée ukrainienne, le Kremlin a opté pour un nouveau narratif selon lequel la Russie se bat pour défendre sa souveraineté contre l’Occident. Le 21 septembre 2022, Poutine a allégué que la mobilisation partielle  et les simulacres de référendum  étaient nécessaires pour « protéger la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale de la Russie ».

Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou , et le le président de la Douma, Viatcheslav Volodine , se sont fait l’écho de cette interprétation en arguant que la mobilisation était nécessaire parce que la Russie combattait l’Ukraine ainsi que l’OTAN et « l’Occident collectif ».

Lorsque l’Ukraine a libéré la ville de Kherson de l’occupation brutale de la Russie et que des milliers d’hommes ont fui la Russie pour éviter la mobilisation , Poutine a de nouveau rejeté la responsabilité de la guerre sur l’Ukraine et l’Occident. Dans son discours du 15 novembre, Poutine a soutenu , à tort, que la guerre résultait des efforts  déployés par l’Occident en vue de déstabiliser l’Ukraine, accusant l’Occident de vouloir affaiblir la Russie et présentant la guerre comme une mesure défensive contre le sabotage.

Dans son discours à la nation  à la Saint-Sylvestre 2022, le président Poutine a dépeint « l’opération militaire spéciale » de la Russie sous le jour d’une lutte existentielle visant à garantir la « souveraineté » et « l’indépendance véritable » de la Russie. Flanqué de membres présumés des forces armées russes, dont certains étaient peut-être des acteurs , dans un décor qui rompait avec la toile de fond traditionnelle du Kremlin, il a recyclé des narratifs de désinformation sur l’hypocrisie de l’Occident.

Poutine a affirmé que les « élites occidentales » faisaient seulement semblant d’aider à résoudre « le conflit dans le Donbass » et « encourageaient les néonazis » à poursuivre « les actions terroristes contre des civils pacifiques ». Il a ensuite accusé l’Occident de « mentir en parlant de paix tout en se préparant à l’agression » et d’« utiliser cyniquement l’Ukraine comme moyen d’affaiblir et de diviser la Russie ». Il a ajouté que l’Occident avait déchaîné « une vaste guerre de sanctions », mais que la Russie avait prévalu.

Enfin, il a affirmé que cette « lutte » servait d’exemple aux autres pays « en quête d’un ordre mondial multipolaire juste ». Au-delà des prétextes habituels, Poutine a fait appel au patriotisme, déclarant que la défense de la patrie était un « devoir sacré » et que la « vérité morale et historique » se trouvait du côté de la Russie.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a renforcé  ce narratif le 18 janvier 2023  en dressant le bilan de la diplomatie russe pour l’année 2022.

Il a déclaré : « Comme Napoléon, qui a mobilisé presque toute l’Europe contre l’Empire russe, et Hitler, qui a occupé la majorité des pays européens et les a déchaînés contre l’Union soviétique, les États-Unis ont créé une coalition rassemblant presque tous les États européens membres de l’OTAN et de l’Union européenne, et utilisent l’Ukraine pour mener une guerre par acteurs interposés contre la Russie dans le but d’en finir une fois pour toutes avec la « question russe », comme Hitler, qui cherchait une solution finale à la « question juive ».

À la fin du mois de janvier 2023, donnant suite aux demandes des médias après la conférence de presse susmentionnée, Lavrov persiste et signe  : « Il est clair depuis longtemps pour nous que l’existence même de la Russie en tant que l’un des éléments constitutifs du vaste espace eurasiatique pose problème à nos adversaires. »

Dans une version de ce narratif particulièrement tirée par les cheveux, le Kremlin présente le partenariat et la coopération  à l’échelle internationale sur la réduction des menaces biologiques en Ukraine comme une menace pour la souveraineté de la Russie et l’ethnicité russe. La machine à désinformer du Kremlin a organisé une attaque généralisée  contre la vérité dans les organisations multilatérales , cherchant à dépeindre des travaux de recherche pacifiques  en Ukraine comme des expériences sur des armes biologiques qui consisteraient à dresser des oiseaux migrateurs  et des chauves-souris  malades destinés à menacer la Russie.

En juillet 2022, les médias d’État  et ceux agissant au nom de la Russie  ont fait passer la désinformation sur les « laboratoires biologiques gérés par les États-Unis » dans le domaine de la science-fiction lorsqu’ils ont donné la parole à des responsables russes selon lesquels  les soldats ukrainiens étaient soumis à des expériences  capables « de neutraliser les dernières traces de conscience humaine et de faire d’eux les monstres les plus vicieux et les plus mortels possible » ainsi que des « machines cruelles sous le contrôle des États-Unis ».

Ces déclarations font suite aux accusations portées en mars 2022 par le ministère russe de la Défense selon lesquelles les États-Unis développaient en Ukraine des « armes bioethniques  » destinées à cibler les Slaves de souche, comme les Russes. Ces affirmations farfelues servent à alimenter les théories du complot et à dépeindre la guerre de la Russie contre l’Ukraine comme une « lutte pour la souveraineté » existentielle face à l’Occident, ainsi qu’à détourner l’attention pour dissimuler la performance médiocre des forces russes.

Selon un autre élément grotesque de ce type de désinformation, les Ukrainiens subiraient un lavage de cerveau de la part de l’Occident. Dans une interview  du 30 janvier 2023, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a accusé l’OTAN de « zombifier » délibérément les pays voisins de la Russie en leur racontant « des histoires d’horreur russophobes » et en montant des actions « dont le but est de détruire notre code historique et culturel ».

La propagandiste du Kremlin Margarita Simonyan  a amplifié ce narratif : si l’idée de combattre leurs « frères » ukrainiens est une pilule difficile à avaler pour les Russes, a-t-elle déclaré, l’Occident « lui a enlevé son goût amer pour ce qui est de se battre avec les Ukrainiens ou même pour eux. Il apparaît clairement maintenant que la lutte contre l’Occident était peut-être inévitable. »

Pour tenter de justifier l’invasion de la Russie en 2022, le Kremlin a prétendu que l’Occident refusait de négocier, alors même que c’était Moscou qui s’était retiré des négociations . Cherchant à justifier la poursuite de la guerre, le Kremlin accuse à tort l’Occident de vouloir démembrer la Russie et détruire la culture russe.

Pour faire accepter à la population russe le mensonge selon lequel Moscou a attaqué à juste titre ses voisins, un peuple « frère » aux yeux de nombreux Russes, le Kremlin affirme que l’Occident a zombifié les Ukrainiens.

Dans cette version pervertie de la réalité, la Russie peut faire valoir qu’elle combat non pas des « frères » ukrainiens, mais des Ukrainiens « zombifiés », « néonazis » et « satanistes ». Pour rendre les pertes de la Russie acceptables, le Kremlin prétend qu’il n’est pas en guerre contre l’Ukraine mais qu’il se bat noblement en Ukraine pour « défendre sa souveraineté » contre l’incursion de l’Occident.

Conclusion : « Nos terres historiques »

Le courage et la résilience du peuple ukrainien, sa détermination absolue à défendre l’indépendance et la démocratie de son pays, l’unité des États-Unis et de leurs alliés et partenaires pour soutenir la légitime défense de l’Ukraine, et la condamnation mondiale de l’agression par la Russie, forcent le Kremlin à changer constamment de narratifs pour tenter de justifier sa guerre auprès de la population russe et de la communauté internationale.

Les mensonges de la Russie ne changent rien à la vérité. Le Kremlin a choisi de commencer cette guerre, et le Kremlin peut choisir d’y mettre fin.

L’Ukraine est un État indépendant et membre des Nations unies. Elle a le droit souverain de défendre son territoire et de choisir sa politique étrangère. La guerre de la Russie contre l’Ukraine a commencé en 2014, lorsque les forces russes se sont emparées de la péninsule ukrainienne de Crimée et ont dirigé, financé et entraîné des agents pour fomenter des troubles dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. L’Ukraine démocratique n’est pas infestée de nazis ni de satanistes – le Kremlin a créé ces mythes pour attiser la ferveur de sa propre population. Les citoyens ukrainiens de toutes les ethnies ont élu démocratiquement un président juif, Volodymyr Zelensky, et la communauté internationale a reconnu la légitimité de son gouvernement.

Dans les mois qui ont précédé le lancement de l’invasion massive par la Russie, les États-Unis et d’autres pays se sont joints à l’Ukraine dans le cadre d’une diplomatie de bonne foi afin d’explorer les moyens de répondre aux prétendus problèmes de sécurité de la Russie sans compromettre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. La Russie a préféré la guerre.

La Russie a lancé son invasion massive en février 2022, en violation flagrante des principes de la Charte des Nations unies concernant le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États et le non-recours à la force. La Russie a brutalement saisi et occupé des parties des oblasts de Louhansk, de Donetsk, de Zaporijia et de Kherson, puis a organisé des simulacres de référendum et décrété leur annexion, tout comme elle l’a fait en Crimée, dans le but de réaliser les ambitions territoriales prédatrices du Kremlin.

Toutes les contorsions rhétoriques de la Russie ne servent qu’un seul objectif : dissimuler les tentatives manifestes faites par la Russie pour rayer de la carte l’État souverain et indépendant d’Ukraine, et subjuguer son peuple . Ses mensonges cachent des signes révélateurs des véritables ambitions néo-impériales  du Kremlin. La missive de Poutine en juillet 2021 dans laquelle il déclare que les Russes et les Ukrainiens ne forment qu’« un seul peuple  », et ses discours pro-guerre  de février 2022 empreints de révisionnisme historique et de désinformation niant le statut d’État  et la souveraineté de l’Ukraine, ont donné au monde un aperçu de ses objectifs.

Les mêmes arguments sont fréquemment repris par les figures de la propagande du Kremlin, comme Margarita Simonyan , qui a récemment réitéré la contre-vérité selon laquelle l’Ukraine aurait été construite par la Russie et devrait sa puissance aux dons de la Russie . La vision de Poutine, qui est de réaliser les ambitions  expansionnistes impériales de Pierre Ier et de « récupérer les territoires perdus  », et les commentaires  sans fard  des responsables du Kremlin, trahissent leur véritable intention.

Des représentants du Kremlin  ont indiqué que Moscou pourrait exercer des représailles contre la prétendue « russophobie » et le « génocide contre les Russes », inexistant, dans des endroits  autres que l’Ukraine qu’elle considère comme ses terres historiques. Des observateurs du Kremlin ont déjà avancé l’idée que la Russie pourrait devoir « dénazifier » le Kazakhstan , la Moldavie  et tout autre pays présumé être un foyer de « russophobie ».

Dans un discours en janvier 2023 , Poutine n’a guère laissé planer le doute quant à sa vision de l’avenir : « L’objectif, comme je l’ai dit à de nombreuses reprises, est avant tout de protéger les populations et de protéger la Russie elle-même des menaces qu’ils essaient de créer sur nos propres terres historiques voisines. Nous ne pouvons pas le permettre. »

Quel que soit le narratif que déploie le Kremlin à un moment ou à un autre dans son jeu perdant de la roulette de la désinformation, l’Ukraine reste un État souverain et indépendant reconnu par la communauté internationale. Son peuple courageux restera inébranlable dans la défense de son pays et de sa démocratie, et les États-Unis resteront aux côtés de l’Ukraine  aussi longtemps qu’il le faudra. »

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Mer Noire : la Russie intercepte un reaper américain

L’escalade est patente.

Nous vivons une époque de bouleversement en raison de la crise ouverte en 2020 avec la pandémie ; plus rien ne peut rester pareil. Résultat, alors que la société française est en décomposition et que cela produit une crise gouvernementale, la guerre mondiale s’installe toujours davantage.

Le dernier épisode en Mer Noire est ici très clair. Il concerne un drone américain de type « reaper ». Les drones ont désormais acquis une signification majeure dans la guerre moderne. On notera d’ailleurs que l’Ukraine a utilisé pour la première fois un drone dans le Donbass en octobre 2021, soit avant « l’opération spéciale » russe.

Le « reaper » américain est ici un MQ-9 Reaper, soit un drone d’une vingtaine de mètres de long, coûtant 20 millions de dollars et bourré de technologie pour intercepter les communications électroniques et surveiller une large zone.

Il a d’ailleurs été intercepté par des chasseurs russes Su-27 à une soixantaine de kilomètres de Sébastopol en Crimée. Cela s’est passé le 15 mars 2023.

Le reaper volait sans avoir allumer son transpondeur, donnant un prétexte à l’armée russe pour « aller voir ». Les avions russes sont alors passés 19 fois très près du drone, en lâchant même du carburant. « Manque de chance », à cause de ce carburant lâché ou d’une petite collision, le « reaper » est tombé à l’eau.

Il va de soi que l’armée russe s’est précipitée sur place avec ses navires pour tenter de le récupérer, mais c’est une opération très difficile à 1000 ou 1500 mètres de profondeur.

La superpuissance américaine a tout à fait relativisé l’incident. L’armée américaine s’est contentée de dire que les aviateurs russes, pour résumer, étaient nuls et avaient réalisé une manoeuvre dangereuse (ce qui donne « volé devant le MQ-9 d’une manière imprudente, peu respectueuse de l’environnement et non professionnelle »). Le pentagone a même sorti une petite vidéo censée montrer l’incident.

Du côté français, il est bien entendu repris l’antienne des pilotes russes jouant au fou. Tout cela ne serait pas sérieux, c’est exemplaire de la nullité russe, etc.

La vidéo de Pierre-Henri « Até » Chuet est ici à conserver dans les annales pour sa pseudo-rationalité française, sa prétention occidentale gigantesque et digne de Top gun, une de ses références d’ailleurs bien évidemment. On est ici dans le modèle de pensée français fat et replet, qui considère que « ce qui est excessif est insignifiant ».

De manière sérieuse, il est à l’inverse évident que la Russie a mené une action dans le sens de l’escalade, en la formulant de manière tout à fait « subtile » en ce sens que cela ne met pas immédiatement en soi le feu aux poudres. L’avertissement est cependant tout à fait clair.

Depuis le début du conflit militaire en Ukraine, les drones occidentaux parcourent le plus de territoires possibles pour fournir des informations à l’armée ukrainienne. Tout l’occident utilise son matériel pour épauler le régime ukrainien. L’occident est objectivement en guerre avec la Russie.

Et en faisant se crasher un « reaper » américain juste devant la Crimée, la Russie lance un avertissement comme quoi elle ne cédera pas, et surtout pas la Crimée.

Tout cela a sa rationalité, mais surtout cela rentre dans le cadre de la guerre pour le repartage du monde. On est très mal ! Il n’y a pas une journée qui ne passe sans que l’escalade soit plus ou moins prononcée. La Pologne vient d’ailleurs de décider de fournir quatre avions de type mig à l’armée ukrainienne.

Et les Français ne suivent rien à tout ça, ils ne se sentent pas du tout concernés. Ils s’imaginent que la question des retraites est l’alpha et l’oméga du cours de l’Histoire : quelle folie !

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Le plan de partition de la Russie « décolonisée »

Le régime ukrainien en est le vecteur.

La photographie qu’on peut voir ici présente Kyrylo Boudanov, le directeur du renseignement militaire ukrainien, dans ses bureaux. C’est une figure majeure du régime ukrainien. Derrière lui, il y a une carte de la Russie. Il a fait exprès de l’avoir en accueillant des journalistes occidentaux, tout en refusant de répondre à des questions à ce sujet.

On peut voir que la Russie a connu une partition. C’est la « fameuse » décolonisation de la Russie prônée par désormais tous les pays occidentaux.

Seule la France considère qu’il serait grosso modo malencontreux d’aller si loin, mais elle n’a pas vraiment voix au chapitre et de toutes façons elle suit le mouvement général. De plus, idéologiquement, l’idéologie « inclusive », « décoloniale », « post-moderne », « woke »… est totalement installée en France et pousse dans le sens de la soumission aux perspectives de la superpuissance américaine.

La carte divise la Russie en plusieurs États. L’idée n’est pas nouvelle, au XXe siècle c’est le Royaume-Uni qui a été l’un des plus fervents partisans d’une telle partition.

Regardons la carte en détail, car elle représente l’objectif stratégique de la superpuissance américaine. Notons que cette version n’est pas forcément aisée à appréhender, car elle est du type mappemonde.

Regardons en extrême-Orient d’abord, car comme la superpuissance chinoise est liée à la Russie, il faut donner des gages à celle-ci.

C’est pourquoi il y a un État, ici dénommé « K », peut-être pour « Kray », territoire, mais en réalité bien plus vraisemblablement pour… Kitaï, la Chine. Cet État « K » n’a d’ailleurs pas de frontière marquée avec la Chine.

Il s’agit surtout de la Yakoutie actuelle, la lettre K étant d’ailleurs placée à son niveau.

On retrouve également le mot « Japon » tout à droite, au niveau des îles Kouriles.

Il faut savoir qu’il n’y a jamais eu de traité de paix entre l’URSS et le Japon à la fin de la seconde guerre mondiale. Le Japon, soutenu par la superpuissance américaine, revendique ces îles, alors qu’il a signé un accord impliquant le contraire. Son argument est toutefois qu’il n’a pas signé d’accord comme quoi les îles reviennent à la Russie !

A l’occasion du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine, le Japon s’est précipité pour désigner comme « illégal » la présence russe sur ces îles.

A l’ouest de cet État fantôme ou de ce territoire devenu chinois « K », on trouve l’État désigné comme « Tsar » (en ukrainien, en russe il manquerait une lettre d’accentuation). On parle ici d’un vaste territoire tenant surtout au district fédéral sibérien actuel, avec notamment Novossibirsk.

Quand on dit « surtout », c’est en fait un peu plus de la moitié. Et rien que ce district, faisant donc un peu plus de la moitié de l’État « Tsar », c’est pratiquement neuf fois la France (avec 20 millions d’habitants)…

Cet État avec un immense territoire serait évidemment la principale cible de la superpuissance américaine. Il permettrait de relancer le capitalisme occidental sans commune mesure.

Regardons maintenant la partie occidentale. Tout en haut à gauche, il y a les lettres RFA, indiquant que la région Kaliningrad est censée revenir à la République Fédérale d’Allemagne.

Tout en haut à droite, c’est le « F » de Finlande. Cette dernière obtiendrait un vaste territoire, la Karélie, la péninsule de Kola, et sa frontière serait directement avec Saint-Pétersbourg. Comme la Finlande rejoint l’Otan, celle-ci serait à quelques kilomètres de la ville…

Voyons maintenant où est l’Ukraine. La carte est accolée à une autre, afin de parvenir à saisir ce qu’il en est. Sur la partie gauche, on a « RFA » (pour Kaliningrad). Comme il n’y a pas de marquage de frontière ni avec Pologne, ni avec la Biélorussie, on en déduit que cette dernière a été intégrée par la première.

En-dessous on a « Ukraine ». Celle-ci… s’agrandit : elle prend à la Russie les régions de Rostov, de Krasnodar, de Belgorod et de Koursk.

Rien que cet aspect de la carte révèle la nature fondamentale du régime ukrainien. Il est nationaliste et expansionniste.

Le mot tout en bas, c’est Ichkeria, en français Itchkérie, terme employé pour désigner leur pays par les nationalistes islamistes tchétchènes.

Au centre, on a « RF », pour « Fédération de Russie », avec une taille forcément devenue restreinte à la suite des découpages.

Que dire ! Ce plan, plutôt ce fantasme ukrainien, directement au service de l’empire américain, a une substance totalement impérialiste.

L’Ukraine est utilisée comme vecteur pour la désagrégation de la Russie. Et ce qui est très clair ici, c’est que si la nation ukrainienne est bien opprimée, le régime ukrainien ne le représente nullement et est entièrement au service de la superpuissance américaine. Et tant que les Ukrainiens soutiennent ce régime, c’est la catastrophe assurée pour eux.

Quant à nous, en France, nous devons constater qu’il y a une guerre américaine contre la Russie, par l’intermédiaire du régime ukrainien porté à bout de bras par l’Otan et l’Union européenne.

Et nous sommes une composante de cette guerre, car notre régime fait partie de l’Union européenne, de l’Otan, de ce bloc servant la superpuissance américaine sur les plans économique, financier, politique, militaire, social, idéologique, culturel.

Pas de convergence avec notre capitalisme ! Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

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Ukraine, Taiwan : la Chine entre en scène

C’est la superpuissance challenger des États-Unis.

L’actualité internationale de ces dernières semaines est indéniablement marquée par l’entrée en scène de la diplomatie chinoise dans le cadre de la guerre mondiale pour le repartage du monde. Cela a commencé véritablement le 24 février 2023 avec l’annonce d’un « plan » pour mettre fin à la guerre entre l’Ukraine et la Russie au moyen du dialogue.

C’était un contre-pied à la superpuissance américaine qui, au contraire, pousse absolument à la guerre et a fait en sorte qu’aucun dialogue ne soit possible. Non pas que la Chine soit pacifiste, mais les choses sont très simples pour elle puisqu’il lui suffit d’exister en disant autre chose. Et le tour est joué. Alors elle ne s’en prive pas et l’occurrence, il suffit de dire le mot « paix ». Pas besoin d’y croire, ni d’avancer concrètement en ce sens, il faut juste en parler.

Ainsi, quelques jours auparavant, lors de la conférence sur la sécurité internationale à Munich le 17 février 2023, le directeur du bureau central des affaires étrangères Wang Yi prononçait un discours dans lequel il ressassait le mot « paix ». Une trentaine de fois.

De fait, la superpuissance chinoise est portée par la remise en cause mondiale de l’hégémonie occidentale ; elle est même quasiment propulsée. Le conflit en Ukraine change en effet totalement la donne historiquement, en ouvrant la voie à une remise en cause généralisée de l’occident qui mène la guerre à la Russie. Alors il suffit pour la Chine, là encore, de s’engouffrer dans la brèche.

Ce qu’à fait cette semaine le président chinois Xi Jinping, qui est allé à fond dans cette direction lors d’une session parlementaire à Pékin, session largement commentée et relayée par la presse internationale.

« L’environnement externe du développement de la Chine a connu des changements rapides. Les facteurs incertains et imprévisibles ont considérablement augmenté.

Des pays occidentaux, menés par les États-Unis, ont mis en œuvre une politique d’endiguement, d’encerclement et de répression contre la Chine, ce qui a entraîné des défis sans précédent pour le développement de notre pays ».

C’est simple et efficace pour exister comme superpuissance anti-américaine sur la scène internationale.

Il ne faudrait pas croire pour autant que la Chine n’est pas elle-même très agressive. Il n’y a qu’à penser à la question de l’île de Taïwan, à propos de laquelle elle multiplie les provocations. Et puis surtout, il y a son développement militaire.

Un récent rapport très commenté de l’Australian Strategic Policy Institute, publiée parle journal britannique The Guardian, parlant de l’avance technologique généralisée de la Chine sur les États-Unis, évoque tout particulièrement la question militaire. Y sont évoqués les progrès fulgurants de la Chine en matière de missiles hypersoniques à capacité nucléaire.

Il est dit :

« Selon notre analyse des données, au cours des cinq dernières années, la Chine a généré 48,49% des articles de recherche à fort impact [à ce sujet]. »

Et sur les dix meilleurs instituts de recherche mondiaux dans ce domaine de l’armement, sept sont établis en Chine.

Dans ce contexte, le premier ministre chinois Li Keqiang a annoncé cette semaine une hausse du budget de défense de pas moins de 7,2 %, assumant le fait que :

« Les forces armées doivent intensifier leur entraînement dans tous les domaines ».

Et mardi 7 mars 2023, le ministre des Affaires étrangères chinois Qin Gang a ciblé directement la superpuissance américaine.

« Si les États-Unis continuent de s’engager sur la mauvaise voie et ne freinent pas, aucun garde-fou ne pourra empêcher le déraillement »

Selon lui, si les États-Unis persistent en soutenant le gouvernement rebelle de Taïwan, « il y aura inévitablement un conflit et une confrontation ».

Et il a parlé d’une « main invisible » utilisait la crise en Ukraine pour « servir un certain agenda géopolitique ».

La Chine est maintenant entrée pleinement sur le devant de la scène et elle compte bien se donner les moyens de s’y maintenir. Le monde a littéralement changé en quelques mois ! Et la transformation va continuer de s’accélérer ! Nous allons à la bataille pour le repartage du monde – aux dépens des masses mondiales, et il faut s’y confronter !

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Joe Biden à Varsovie

Un discours très martial depuis la Pologne.

Pratiquement un an après le début de l’offensive russe en Ukraine, la situation est plus que jamais tendue sur la scène mondiale. Le président américain Joe Biden, après s’être rendu personnellement à Kiev, a prononcé un discours très offensif face à la Russie le lendemain mardi 21 février 2023 en Pologne.

Le discours n’a duré qu’une vingtaine de minutes, mais il y avait une mise en scène spectaculaire, typiquement à l’américaine, faite de jeux de lumière, d’une foule en liesse, d’enfants défilants avec des drapeaux et un sourire niais, le tout devant le château royal de Varsovie pour accentuer le côté marquant de l’affaire.

Le discours était directement une réponse à celui de Vladimir Poutine le matin même et on remarquera forcément l’opposition de style. Si Vladimir Poutine a parlé relativement longuement, exposant en détail et de manière minutieuse la situation russe, Joe Biden a été au contraire expéditif, jouant à fond sur l’image d’une Amérique surpuissante, faisant rouleau-compresseur contre toute opposition.

Le président américain a ainsi prétendu que les États-Unis sont là généreusement pour sauver le monde, sur les bases du fameux « monde libre ».

« Nous avons été questionnés sur nos principes fondamentaux : la liberté, la démocratie, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Et maintenant nous avons apporté la réponse : nous avons défendu ces principes, quoi qu’il en coûte ! »

« Tout ce que nous faisons aujourd’hui, c’est pour que nos enfants connaissent un monde libre : l’ennemie des tyrans, c’est la liberté ! »

Bien entendu, à part en occident où les populations baignent dans la consommation capitaliste 24 heures sur 24, la grande majorité de la population mondiale ne croit pas en ces prétentions américaines.

Nous sommes néanmoins à un tournant historique et il va être question maintenant de savoir si les États-Unis ont les moyens de continuer ce discours et cette posture de superpuissance mondiale, ou bien si au contraire l’occident est touché et va vaciller.

La Russie assume totalement de vouloir faire vaciller l’occident et la Chine, à son tour, va s’y mettre prochainement. Les États-Unis le savent, alors ils gonflent les muscles, assumant de mener le monde à la 3e guerre mondiale s’il le faut, afin de maintenir leur hégémonie.

Ce n’est pas autrement qu’il faut comprendre ces propos hallucinants de Joe Biden, qui sont un appel ouvert à ce que la situation dégénère en une guerre mondiale.

« L’article 5 est solide : tous les pays de l’Otan le savent et Poutine le sait aussi. Chaque attaque contre un pays membre de l’Otan est une attaque contre l’Otan. C’est un serment sacré. »

C’est grotesque, car il n’a jamais été question pour la Russie de s’en prendre à un pays de l’Otan. Mais Joe Biden souhaite justement que la situation dégénère, car les États-Unis ont besoin d’aller à l’affrontement pour prendre les devant dans la guerre mondiale de repartage du monde.

Son discours était un discours martial, comme rarement dans l’Histoire moderne, celui d’un faiseur de guerre, impliquant ouvertement l’Otan dans le conflit en Ukraine pour que la situation dégénère.

Et donc, c’est directement et ouvertement Vladimir Poutine qui a été désigné et pris pour cible par le président américain, faisant de l’Ukraine une question personnelle.

Joe Biden est littéralement obnubilé par Vladimir Poutine, et ce de manière caricaturale, tel qu’on peut le voir dans les pires films hollywoodiens. Le mot hollywoodien est tout à fait juste, car c’est là tout un narratif visant à mobiliser les opinions publiques.

Cela correspond à une simple vérité : les États-Unis (et la France avec) sont en guerre contre la Russie, bien que ce ne soit pour l’instant que l’Ukraine qui serve de terrain de guerre (et le peuple ukrainien de chair à canon).

« Poutine a été pris au dépourvu : il voulait obtenir une finlandisation de l’Otan, il a eu une otanisation de la Finlande ».

« Un an après le début de cette guerre, Poutine ne doute plus de notre mobilisation. Mais il doute de nos convictions, de notre capacité à rester unis : nous allons lui montrer que l’Otan ne faiblira pas ! »

« l’Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie, car les peuples refusent de vivre dans un monde d’obscurité et de désespoir. Les autocrates doivent entendre le mot : non ! »

Il est tout sauf anodin que ce discours anti-Poutine ait été prononcé depuis la Pologne, tant ce pays est devenu la place forte de l’hystérie occidentale anti-Russe. Il y a en Pologne un régime fanatique, tout comme en Ukraine, qui n’attend que l’autorisation du maître américain pour se jeter corps et âme dans une guerre acharnée contre la Russie.

La Pologne peut d’ailleurs prendre l’initiative sans l’Otan au départ, pour contribuer à ce que les choses débordent.

La guerre mondiale est l’actualité ; il faut saboter les plans américains, il faut faire tomber l’occident avant qu’il ne fasse sombrer le monde !

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Joe Biden en visite à Kiev le 20 février 2023

Le président américain s’est rendu dans la colonie ukrainienne.

C’est la première fois qu’un président américain se rend dans un pays en guerre sans qu’il n’y ait de troupes américaines dans le pays. Cela en dit long sur le statut de l’Ukraine du point de vue américain. L’Ukraine est pratiquement une annexe américaine, une colonie, et pas seulement un pays vassal, aligné.

Les États-Unis y sont chez eux, donnent le la, et viennent en terrain conquis, quoique de manière rocambolesque avec un train présidentiel partie de la Pologne dix heures plus tôt, ainsi que bien sûr un coup de fil à la Russie pour assurer le coup sur le plan de la sécurité.

Ce qui est marquant surtout, c’est de voire à quel point le régime ukrainien s’écrase totalement avec la visite du maître américain. Le propos de Zelensky pour qualifier la visite du chef de la superpuissance américaine est une honte absolue pour l’Ukraine.

Il s’agirait de la visite :

« la plus importante de toute l’Histoire de l’Ukraine ».

Rien que cela ! Comme si la visite d’un banal président américain, pour appuyer une guerre dévastatrice face à la nation sœur qu’est la Russie, avait une quelconques valeur historique pour la nation ukrainienne.

La seule explication rationnelle, c’est de considérer que l’Ukraine n’est rien d’autre qu’un jouet de l’occident, et qu’elle devrait être honorée au plus haut point de recevoir cette visite du dirigeant de la puissance cheffe de l’occident.

Il aurait été discuté lors de cette visite de comment gagner la guerre cette année, alors que le président américain a annoncé un nouveau soutien d’un demi-milliards de dollars d’aide. Un communiqué de la Maison Blanche parle également de la livraison d’autres équipements essentiels, notamment de munitions d’artillerie, de systèmes antiblindage et de radars de surveillance aérienne.

Il a été redit le soutien « indéfectible » à l’Ukraine par les États-Unis, qui dirige l’occident. Le ton martial de Joe Biden en dit très long sur ce qui attend le monde dans les mois, voire les semaines à venir.

« Poutine a cru que l’Ukraine était faible, et l’Occident divisé, il a juste tout faux. »

La superpuissance américaine va se battre contre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien !

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Ukraine : la tentative américaine de négocier avec la Russie

La question chinoise est à l’arrière-plan.

Les médias ont beaucoup parlé ces dernières 24 heures d’une information marquante. Le directeur de la CIA Williams Burns se serait secrètement rendu à Moscou à la mi-janvier afin de négocier une sortie de crise.

On parle ici du moment où s’est posée la question des chars occidentaux à envoyer à l’armée ukrainienne.

Williams Burns aurait proposé, dit-on, 20% du territoire ukrainien en échange de la paix. La Russie aurait refusé, considérant qu’elle allait l’emporter ; de toute façon, le régime ukrainien entend de son côté aller jusqu’au bout et se débarrasser de la « Moscovie ».

La Maison Blanche a catégoriquement démenti. Le souci est que l’information vient d’un article du Neue Zürcher Zeitung. On parle là d’un quotidien suisse ultra-conservateur qui profite d’une aura majeure dans les pays germanophones. C’est un journal extrêmement bien informé, à destination des élites.

La « NZZ » explique également avoir deux sources différentes jouant un rôle politique significatif en Allemagne. Et, surtout, ce n’est pas une information lâchée au détour d’une brève, il y a tout un panorama de présenté.

Le journal dit les choses suivantes :

– le conseiller à la sécurité Jake Sullivan et le chef de la CIA Williams Burns veulent mettre vite fin à la guerre pour se concentrer sur la Chine (on se rappelle ici que c’était la ligne de Donald Trump) ;

– cet avis est également exprimé par la RAND corporation, un think tank majeur aux Etats-Unis, mis en place par le complexe militaro-industriel en 1948 et disposant de 300 millions de dollars de budget ;

– à l’inverse, le responsable des Affaires étrangères Antony Blinken et le ministre de la Défense Lloyd Austin considèrent qu’il est possible de régler son compte à la Russie et qu’il faut mettre le paquet.

– cela montre qu’il y a des dissensions au sein de la tête des Etats-Unis ;

– le chancelier allemand Olaf Scholz pensait que la ligne Sullivan-Burn l’emporterait, et il voulait éviter donc de donner le moindre tank au régime ukrainien, d’où le fait que, officiellement, le gouvernement allemand… ne sait toujours pas combien l’armée allemande dispose de tanks en état de marche ;

– Olaf Scholz est ici en dissension avec la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, qu’il a court-circuité dans l’affaire des tanks pour le régime ukrainien ;

– Olaf Scholz s’est fait avoir car l’Allemagne va livrer des chars Leopard qui risquent de se faire détruire alors que les 31 chars américains Abrams proviennent de dépôts et ne seront livrés que dans un an après rafistolage !

On l’aura compris, l’article fait passer Olaf Scholz pour un incapable agissant de manière désordonnée, et c’est le but. La « NZZ » joue ici un rôle pour l’Allemagne qui est le strict équivalent de celui du Canard enchaîné en France. Il s’agit d’informer par la bande pour une remise à plat.

La différence étant bien entendu que le Canard enchaîné prétend être satirique, alors que la « NZZ » représente le maximum du sérieux bourgeois (pour ce qu’il en reste).

Cependant, ce qui compte surtout c’est que la « NZZ » dit ouvertement qu’il y a une dissension stratégique à la tête de superpuissance américaine. La mention de la position de la RAND corporation ajoute un poids majeur à ça.

En l’occurrence, il y a l’étude de 32 pages intitulée Avoiding a long war – Eviter une longue guerre. Rien que la présentation dit tout :

« Une mise en garde importante : cette perspective se concentre sur les intérêts américains, qui s’alignent souvent sur les intérêts ukrainiens mais ne sont pas synonymes de ceux-ci.

Nous reconnaissons que les Ukrainiens ont été ceux qui se sont battus et sont morts pour protéger leur pays contre une invasion russe non provoquée, illégale et moralement répugnante.

Leurs villes ont été rasées ; leur économie a été décimée ; ils ont été victimes des crimes de guerre de l’armée russe.

Cependant, le gouvernement américain a néanmoins l’obligation envers ses citoyens de déterminer comment différentes trajectoires de guerre affecteraient les intérêts américains et d’explorer les options pour influencer le cours de la guerre afin de promouvoir ces intérêts. »

Que dit l’article ? Tout d’abord, que pour la Russie le conflit en Ukraine est existentiel et que s’il le fallait, elle appuierait sur le bouton rouge de l’arme atomique. Les conséquences seraient incalculables et risquent de précipiter les États-Unis dans un emploi forcé de l’arme atomique.

Ensuite, que de toute façon la Russie a ouvert la boîte de Pandore de l’instabilité mondiale et que ce ne sont pas des km2 qui comptent. Si on pouvait geler la situation, ce n’est pas plus mal car l’Ukraine telle qu’elle est actuellement est utilisable, mais pas si elle cède encore du terrain.

Une Ukraine l’emportant totalement, par contre, aboutit à un risque d’engrenage, surtout en raison de la Crimée… Alors que de toute façon, la Russie est affaiblie.

Les États-Unis ont donc tout à gagner de faire en sorte qu’il y ait une armistice, plutôt que tout cela dure, coûte cher et soit risqué. L’article conclut en disant que passer de l’armistice à un accord sera très difficile, mais c’est toujours mieux que de faire durer les choses. Il trouve dommage que le président Joe Biden n’ait laissé aucun espace pour prévoir l’armistice et l’accord à trouver.

Tout cela est fort rationnel. Cependant, objectivement, ce que dit la RAND Corporation a six mois de retard. Désormais, la Russie est obligée de prendre Odessa. Elle ne peut pas se permettre d’avoir confiance en l’Occident et en le régime ukrainien. Elle avait demandé des garanties pendant des semaines avant le début de « l’opération spéciale », elle n’en a jamais eu.

Il ne peut donc pas y avoir de paix. Et, de toute façon, le vrai fond de tout ce qui se passe, c’est la bataille pour le repartage du monde. L’article de la RAND corporation ne le dit pas mais la vraie question c’est la Chine. Celle-ci n’est pratiquement jamais mentionné dans l’article… à part pour dire au passage :

« Au-delà du potentiel de gains russes et des conséquences économiques pour l’Ukraine, l’Europe et le monde, une longue guerre aurait également des conséquences sur la politique étrangère américaine.

La capacité des États-Unis à se concentrer sur ses autres priorités mondiales, notamment la compétition avec la Chine, restera limitée tant que la guerre absorbe le temps des décideurs politiques et les ressources militaires américaines. »

C’est là la ligne de Donald Trump. En fait, c’est une critique de la ligne de Joe Biden, en disant : il fallait maintenir tout cela gelé pour s’occuper uniquement de la Chine, là on se disperse et c’est très mauvais.

Cela reflète une intense bataille dans la haute bourgeoisie américaine, entre deux factions : celle « républicaine » visant la Chine d’abord et surtout voire uniquement, celle « démocrate » voulant d’abord liquider la Russie, voire l’Iran, avant de s’occuper de la Chine.

C’est cela qui explique le voyage à Moscou de Williams Burns. Il s’agissait d’une tentative de calmer la faction « la Chine seulement » en lui donnant un gage, en montrant que l’écrasement de la Russie est la seule voie possible en ce moment.

Cela tangue à la tête de la superpuissance américaine ! Mais quelle que soit la faction qui triomphera, ce sera de toute façon la guerre pour l’hégémonie mondiale.

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Les USA fournissent 2,2 milliards d’armement au régime ukrainien

Dont des missiles d’une portée de 150 km.

Un véhicule de type Stryker

La superpuissance américaine a décidé d’ajouter encore 2,2 de dollars d’armement à ce qu’elle a déjà fourni au régime ukrainien. Au total, cela fait 29,3 milliards de dollars en un an. Rien qu’avec cette somme on aurait déjà le onzième budget militaire annuel dans le monde.

L’escalade est le mot qui exprime le mieux cette initiative, puisque vont être fournis des missiles GLSDB (Ground Launched Small Diameter Bomb) d’une portée de 150 kilomètres. Ce ne sont pas réellement des missiles, mais plutôt des bombes placées sur un moteur-fusée. L’idée est de permettre à l’armée ukrainienne de frapper encore plus en profondeur.

S’ajoutent à cela des véhicules de transport de troupes Stryker et des véhicules de combats d’infanterie Bradley, davantage de missiles HIMARS (d’une portée de 80km), des munitions d’artillerie (155mm), des munitions pour mortiers (120mm)…

Ainsi que 190 mitrailleuses lourdes avec imagerie thermique et munitions anti-drones, 181 véhicules résistant aux mines, 250 systèmes javelins avec 2 000 roquettes anti-tanks, des radars, du matériel de communication, du matériel médical, deux systèmes anti-aériens Hawk, des équipements pour aligner la défense anti-aérienne sur le système occidental, etc.

Naturellement, la superpuissance américaine fournit cet argent au régime ukrainien pour en réalité procéder à des achats à son propre complexe militaro-industriel. Ce sont les usines d’armement américaines qui vont tourner à fond.

Rappelons que la superpuissance américaine a également fourni au régime ukrainien 9,9 milliards de dollars pour assurer la sécurité alimentaire et médicale, et 15,1 milliards pour faire tourner l’État.

C’est comme on le voit un investissement massif, qui reflète bien la volonté d’utiliser l’Ukraine comme chair à canon contre la Russie. Une ligne qui est celle de la France également.

Les pays occidentaux prétendent ne pas être belligérants du conflit en Ukraine, mais en réalité ils le sont : c’est juste qu’ils n’ont pas encore l’opportunité d’envoyer leurs propres troupes, une chose qu’ils aimeraient éviter tant qu’ils le peuvent. Mais concrètement, nous sommes en guerre.

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Guerre

L’Allemagne pourrait produire bientôt du matériel de guerre américain

L’économie de guerre, dans la soumission à la superpuissance américaine.

La société allemande Rheinmetall AG est un conglomérat industriel spécialisé dans l’armement (ainsi que l’équipement automobile). Elle fabrique notamment le canon de 120 mm du char Leopard 2. Son PDG, Armin Papperger, a annoncé le 29 janvier 2023 qu’il envisageait de produire directement du matériel américain.

En l’occurrence, il s’agit des M142 HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System) de Lockheed Martin. C’est un système d’artillerie puissant, très utilisé en Ukraine. A l’origine, il est question pour Rheinmetall d’augmenter considérablement la production de munitions de chars et d’artillerie, car la demande en Ukraine et en Occident est très forte. C’est clairement l’économie de guerre qui est en place.

Il a expliqué :

« Nous pouvons produire 240 000 cartouches de munitions de char (120 mm) par an, ce qui est plus que ce dont le monde entier a besoin ».

Et dans ce cadre donc, il explique que cela passera probablement (en fait sûrement) par une soumission directe au matériel américain.

« Nous avons la technologie pour la production des ogives ainsi que les moteurs-fusée. Et nous avons les camions sur lesquels monter les lanceurs».

De fait, Rheinmetall agit ici directement comme agent américain, en finissant de détruire toutes les perspectives européennes en ce qui concerne l’armement. La soumission à la superpuissance américaine doit être totale.

Historiquement, l’Union européenne, c’est le moteur franco-allemand. C’était encore largement vrai jusqu’à il y a peu, mais la crise et la guerre en Ukraine (deux phénomènes relevant d’une même chose) changent la donne.

L’Union européenne est devenue uniquement une succursale politique de l’Otan, donc une dépendance des États-Unis. L’Allemagne et la France ne pèsent plus en tant que telles, mais simplement de par leur capacité à se soumettre aux États-Unis.

Jusqu’à récemment, il était question de relative autonomie politique et militaire, avec surtout le projet SCAF, système de combat aérien du futur. Autrement dit, un projet franco-allemand (et un peu espagnol) d’avion de guerre, pour remplacer le Rafale (français) et l’Eurofighter (utilisé par l’Allemagne et l’Espagne) d’ici 2040.

Tout cela a du plomb dans l’aile depuis la fin 2022 et il est de plus en plus clair que l’Allemagne n’en prend plus le chemin. Surtout qu’en 2022, elle avait fait une grosse commande de 35 avions F-35 américains.

Du côté de la bourgeoisie française, le message est très clair. Dans Le Figaro, le « consultant » dédié à la chose explique à propos de cette annonce de la société allemande de fabriquer du matériel américain que cela va à l’encontre directe des projets franco-allemands.

«[Rheinmetall ] se positionne de manière très agressive pour torpiller les accords franco-allemands. Il entretient l’espoir de satisfaire rapidement des besoins immédiats, qui les positionnera comme leader pour les projets futurs, ou les tuera simplement dans l’œuf».

C’est dans l’ordre des choses. La 3e guerre mondiale, c’est l’affrontement entre deux blocs, celui de la superpuissance américaine et celui de son challenger, la superpuissance chinoise.

Tant la France que l’Allemagne sont maintenant entièrement précipitées dans le bloc américain, mais à peine en tant qu’alliés, de plus en plus clairement en tant que colonies. La question de l’autonomie dans l’armement étant ici un point clef quant à cet aspect.

La France est un pion dans la grande bataille pour le repartage du monde. Un pion en or, mais un pion tout de même.

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Politique

Visite d’Emmanuel Macron aux États-Unis: la France fait allégeance

La soumission française est assumée.

La France ne pèse plus grand-chose sur la scène internationale et dans le capitalisme mondial. Elle est maintenant ouvertement une puissance secondaire, reléguée au rôle de subalterne de la superpuissance américaine dans son affrontement au bloc rival formé par la Chine.

Telle est la signification de la visite d’État d’Emmanuel Macron aux États-Unis du 29 novembre au 2 décembre 2022. Malgré ses faiblesses, la France parvient toutefois à se maintenir relativement pour trois raisons : elle représente un marché de consommateurs important, elle possède une armée relativement moderne et dotée de l’arme nucléaire et enfin elle dispose d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.

Cela fait qu’elle reste incontournable pour les États-Unis, bien que le rapport soit entièrement déséquilibré. Ce qui prime, c’est que les États-Unis font ce qu’ils veulent et donnent le la sur tous les sujets, militaires, diplomatiques, économiques, etc.

On sait très bien par exemple que sur la question du gaz, ils ont littéralement planté un couteau dans le dos des Européens en faisant en sorte qu’ils soient coupés du gaz russe puis en leurs vendant du gaz à des prix exorbitants.

Pareillement, dans le contexte mondial de crise économique, la superpuissance américaine déploie un immense plan de renforcement de son propre capitalisme face à la concurrence mondiale, intitulé « Inflation Reduction Act » (IRA). On parle là de près de 400 milliards d’argent public pour les entreprises américaines, ce qui déséquilibre totalement la concurrence avec les autres capitalismes, notamment européens, alors qu’ils sont censés êtres alliés.

Emmanuel Macron l’a regretté, notamment auprès de parlementaires américains à qui il a demandé… d’être « respecté comme un bon ami », déplorant le fait que personne ne l’ait contacté quand l’IRA était en discussion. Il a ensuite clairement dit lors d’une interview à la télévision américaine que les États-Unis et l’Union européenne ne sont « pas sur un pied d’égalité » en raison de ces subventions.

Mais qu’a obtenu Emmanuel Macron à ce sujet, après trois jours de visite et de congratulations mutuelles ? Absolument rien, car la France ne fait pas du tout le poids. La seule chose qui compte pour les États-Unis est que la France reste, en tous cas pour l’instant, un marché de consommateurs stable et surtout un partenaire militaire fidèle et docile.

A ce compte-là, Emmanuel Macron a entièrement rempli sa mission, en faisant totalement allégeance aux intérêts de la superpuissance américaine dans le cadre de la guerre mondiale pour le repartage du monde.

Renforcement militaire, soumission à l’armée américaine et alignement diplomatique totale sur la superpuissance américaine… Tel est le programme d’Emmanuel Macron pour la France. Voici un long extrait du communiqué commun du Président de la République française et du Président des États-Unis d’Amérique du 1er décembre 2022, qui exprime cette perspective de manière très claire et précise.

C’est un document incontournable, posant les bases de l’engagement militaire de la France auprès des États-Unis dans la 3e guerre mondiale.

« Les deux présidents sont déterminés à continuer d’œuvrer sans relâche pour une Europe unie, libre et en paix. Cela implique de continuer d’assurer la défense et la sécurité collectives de nos nations, notamment par l’intermédiaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), de recourir à une approche plus robuste, plus intégrée et plus cohérente pour renforcer la résilience, au niveau national et collectif, face aux menaces militaires et non-militaires qui pèsent sur notre sécurité, et de promouvoir la stabilité internationale pour répondre à l’ensemble des menaces actuelles.

Les deux présidents reconnaissent également l’importance d’une défense européenne plus forte et plus opérationnelle, qui contribue positivement à la sécurité transatlantique et mondiale et qui est complémentaire et interopérable avec l’OTAN.

Les missions et opérations sous conduite européenne, notamment en Bosnie et les actions de formation en soutien à l’Ukraine, contribuent de manière positive à la sécurité transatlantique.

Les deux présidents saluent la relation entre la France et les États-Unis dans le domaine de la défense et se félicitent de la déclaration d’intention signée le 30 novembre 2022 entre le ministre français des Armées et le secrétaire américain à la Défense, qui permettra de renforcer l’interopérabilité et la coopération dans les domaines de l’espace, du cyberespace, du renseignement et de la lutte contre les influences malveillantes.

Les deux présidents ont l’intention d’étendre la coopération en matière de défense dans les domaines des capacités avancées et des technologies essentielles qui joueront à l’avenir un rôle critique pour la dissuasion et la défense.

Ils se félicitent des avancées du dialogue stratégique franco-américain en matière de commerce militaire pour promouvoir des approches communes des questions liées à l’accès aux marchés et aux exportations militaires. La France et les États-Unis entendent poursuivre leur coopération pour améliorer l’efficience des procédures d’autorisation d’exportation dans le domaine de la défense, afin de développer des bases industrielles de défense plus solides et plus interopérables en Europe et aux États-Unis, pour améliorer les capacités militaires dans l’intérêt de l’Alliance.

Ukraine

Les deux présidents condamnent fermement la guerre d’agression illégale menée par la Russie contre l’Ukraine, et ils soulignent que cibler intentionnellement des civils et des infrastructures civiles constitue des crimes de guerre et que leurs auteurs doivent répondre de leurs actes.

Ils condamnent et rejettent également la tentative illégale d’annexion par la Russie de territoires ukrainiens souverains, en violation flagrante du droit international. La France et les États-Unis déplorent l’escalade délibérée de la Russie, notamment son discours irresponsable en matière nucléaire et sa désinformation au sujet de prétendues attaques chimiques ou de programmes d’armes biologiques ou nucléaires.

Les deux présidents réaffirment le soutien continu de leurs deux pays en faveur de la défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, notamment par l’intermédiaire d’une assistance dans les domaines politique, humanitaire, économique et de sécurité aussi longtemps qu’il le faudra.

Cela comprend l’envoi de ressources importantes pour soutenir la résilience civile ukrainienne pendant tout l’hiver, notamment l’accélération des livraisons de systèmes de défense aérienne et d’équipement nécessaire à la réparation du réseau énergétique ukrainien.

La France et les États-Unis ont l’intention de poursuivre leur travail avec leurs partenaires et alliés pour coordonner leur assistance, notamment lors de la conférence internationale qui se tiendra à Paris le 13 décembre 2022. Ils entendent également continuer de fournir à l’Ukraine un appui budgétaire direct et conséquent, et d’exhorter les institutions financières internationales à accroître leur soutien financier.

La France et les États-Unis réaffirment devoir respecter leurs obligations internationales en vigueur ainsi que les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies.

Ils réaffirment également leur détermination inébranlable à ce que la Russie rende des comptes pour les atrocités et les crimes de guerre, dont l’existence est largement attestée, commis tant par ses forces armées officielles que par ses supplétifs, notamment les mercenaires du groupe Wagner et d’autres entités.

La France et les États-Unis soutiennent à cet effet les mécanismes de responsabilisation au niveau international, notamment la Cour pénale internationale, le parquet général ukrainien, la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, le mécanisme de Moscou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, les sanctions, et d’autres moyens.

La France et les États-Unis demeurent déterminés à lutter contre les conséquences plus vastes de la guerre menée par la Russie, notamment en œuvrant avec la communauté internationale pour renforcer la résilience face aux perturbations alimentaires et énergétiques.

Indopacifique

La France et les États-Unis, deux nations de l’espace indopacifique, renforcent leur partenariat dans la région en faveur de la prospérité, de la sécurité et des valeurs communes reposant sur l’ordre international fondé sur des règles de droit, la transparence de la gouvernance, les pratiques économiques justes et le respect du droit international, notamment la liberté de navigation.

La France et les États-Unis entendent accroître leur participation à la diplomatie, au développement et à l’économie dans la région dans le but de renforcer la résilience des îles du Pacifique.

Ils ont également l’intention d’accroître leur coordination pratique dans la région en matière de sûreté maritime. Les États-Unis entendent renforcer leur soutien et leurs contributions matérielles aux déploiements aériens et maritimes de la France et d’autres nations européennes dans la région.

Ils continueront de coordonner leurs préoccupations concernant la remise en cause par la Chine de l’ordre international fondé sur des règles de droit, notamment s’agissant du respect des droits de l’Homme, et de travailler de concert avec la Chine sur des enjeux mondiaux d’importance tels que le changement climatique.

Les deux présidents réaffirment qu’il importe de préserver la paix et la stabilité de part et d’autre du détroit de Taïwan.

Les deux chefs d’État condamnent également fermement le nombre sans précédent d’essais de missiles balistiques illégaux conduits cette année par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui violent plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et qui menacent la paix et la stabilité régionales ; ils sont déterminés à poursuivre leur coordination au sein du Conseil de sécurité des Nations unies pour faire face aux violations commises par la RPDC.

Afrique

Les deux présidents réaffirment leur détermination à travailler avec les partenaires africains sur les priorités concernant la gouvernance partagée, la sécurité et l’économie sur le continent.

Ils soulignent l’importance des voix africaines au sein des enceintes multilatérales, notamment dans le cadre de la lutte contre des crises mondiales telles que le changement climatique, la réponse en cas de pandémie et la reprise subséquente, l’accès durable à l’énergie et l’insécurité alimentaire. Ils entendent soutenir les institutions démocratiques et les sociétés civiles en Afrique pour accroître la responsabilisation et la prestation des services de base.

Ils réaffirment leur appui conjoint à l’initiative de la Grande Muraille verte, menée par l’Afrique pour faire face à la crise du climat et de la biodiversité et qui contribue au développement durable, à la paix et à la sécurité dans les régions du Sahara et du Sahel.

La lutte contre la désinformation et le terrorisme sur le continent reste une priorité commune de la France et des États-Unis. Les deux pays entendent poursuivre leur étroite collaboration avec l’Union africaine et les organisations régionales pour faire face aux enjeux auxquels est confronté le continent et tirer parti des possibilités de développement du commerce et des investissements.

Moyen-Orient

La France et les États-Unis sont déterminés à œuvrer en étroite collaboration en faveur de la paix et de la prospérité au Moyen-Orient.

Les deux présidents se félicitent du lancement du forum du Néguev et du deuxième anniversaire de la signature des accords d’Abraham ainsi que de l’avancée historique que constitue l’accord entre Israël et le Liban délimitant leur frontière maritime conclu en octobre 2022.

Ils sont déterminés à déployer des efforts conjoints visant à exhorter les dirigeants libanais à élire un président et à mettre en œuvre des réformes essentielles. En tant que membres de la Coalition internationale contre Daech, ils demeurent attachés à maintenir les moyens et capacités nécessaires à la mission anti-terroriste en Irak et en Syrie.

La France et les États-Unis poursuivent leurs efforts visant à améliorer la situation humanitaire précaire à laquelle la population syrienne fait face, et à promouvoir un règlement pérenne et juste du conflit syrien. Ils continueront à coopérer avec leurs partenaires au Moyen-Orient et assureront le suivi de la conférence de Bagdad organisée en août 2021.

Les deux présidents expriment également leur respect envers la population de l’Iran, en particulier les femmes et les jeunes, qui manifeste courageusement pour obtenir la possibilité de jouir de ses droits et libertés fondamentaux que les autorités iraniennes se sont engagées à respecter et pourtant bafouent.

Ils demeurent déterminés à faire en sorte que l’Iran ne développe ni n’acquière jamais une arme nucléaire.

La France et les États-Unis continuent de travailler avec d’autres partenaires internationaux pour répondre à l’escalade nucléaire de l’Iran, à son défaut de coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), notamment concernant les questions graves et pendantes liées aux obligations juridiques de l’Iran en vertu de son accord de garanties dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et à ses activités déstabilisatrices au Moyen-Orient, en particulier la question urgente de ses transferts de missiles et de drones, y compris à destination d’acteurs non étatiques.

Ces transferts sont susceptibles de menacer des partenaires clés de la région du Golfe ainsi que la stabilité et la sécurité dans cette région, de contrevenir au droit international et de contribuer à présent à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine.

La France et les États-Unis travailleront avec leurs partenaires pour accroître la coopération concernant l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies et la lutte contre ces activités.

Ils déploieront des efforts conjoints pour continuer à renforcer le cadre international visant à limiter la prolifération de missiles iraniens et de technologies liées aux aéronefs sans pilote dans la région et au-delà et pour améliorer les mesures concrètes visant à contrecarrer cette prolifération.

Dissuasion nucléaire, non-prolifération et désarmement

La France et les États-Unis réaffirment que la dissuasion nucléaire est essentielle pour leur sécurité nationale et constitue un élément clé des capacités générales de l’OTAN en matière de dissuasion et de défense.

Ils réitèrent le fait que l’objectif premier des capacités nucléaires détenues par l’OTAN est de préserver la paix, de prévenir la contrainte et d’éviter les agressions dirigées contre l’alliance.

Ils réaffirment l’importance du TNP ainsi que leur opposition au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui ne reflète pas le contexte international de sécurité de plus en plus difficile et ne correspond pas au régime existant de non-prolifération et de désarmement. En outre, la France et les États-Unis réitèrent leur appui à leur accord de défense mutuelle ainsi que leur intention d’élargir leur coopération technique couvrant de nombreux sujets en matière de réduction des risques stratégiques. »

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Guerre

Les eurodéputés français de « gauche » aux ordres de l’OTAN votent contre la Russie « terroriste »

A chaque vote au Parlement européen, ils s’alignent sur l’OTAN !

Les eurodéputés de « gauche » sont de bons petits soldats aux ordres de l’OTAN. Qu’ils soient socialistes, de LFI, ou encore d’EELV, ils sont tous sur la même ligne : il faut converger avec le capitalisme occidental, voter selon les exigences de l’OTAN et éventuellement en paroles se positionner comme le moins pire dans le genre.

On avait déjà vu cela cet été avec la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Et ce n’est pas mieux à l’Assemblée nationale où début octobre le régime ukrainien a été unanimement salué.

Là, on a ça de nouveau avec le vote le 23 novembre 2022 d’une résolution au Parlement européen affirmant que la Russie est un « État promoteur du terrorisme », qu’elle a recours aux « moyens du terrorisme », qu’elle doit être isolée de manière encore plus grande, que ses institutions faisant de la « propagande » doivent être fermées, qu’un neuvième paquet de sanctions doit être mis en place.

494 eurodéputés ont voté en faveur de la résolution, 59 contre, 44 se sont abstenus.

Sur ces 59 contre, 27 sont d’extrême-Droite, 10 sont non inscrits mais en fait d’extrême-Droite ou populistes.

12 sont socialistes ou « démocrates », mais avec naturellement aucun français. 10 sont de Gauche assumée dans une orientation hostile au capitalisme, avec également là aucun Français bien entendu.

N’ont pas participé au vote 6 députés d’extrême-Droite, 6 non inscrits, 3 conservateurs, 1 libéral, 9 socialistes ou démocrates, 4 écologistes, ainsi que 15 députés considérés comme les plus à Gauche.

Là on trouve des Français, puisqu’on a les députés La France Insoumise, avec Manon Aubry, Leïla Chaibi, Marina Mesure (qui a remplacé Manuel Bompard au Parlement), Younous Omarjee, Anne-Sophie Pelletier. Emmanuel Maurel n’apparaît pas dans la liste, il était sans doute absent.

Vu le positionnement du PCF, si celui-ci avait eu des eurodéputés, cela aurait été cette même attitude de « critique » passive, de refus de la confrontation avec la propagande militariste de l’OTAN.

Cette dernière peut bien entendu compter sur les socialistes et les écologistes français, qui sont objectivement des valets américains de manière systématique.

Les députés EELV et affiliés ont naturellement voté pour la résolution : François Alfonsi, Benoît Biteau, Damien Carême, David Cormand, Gwendoline Delbos-Corfield, Karima Delli, Claude Fruffat, Yannick Jadot, Michèle Rivasi, Caroline Roose, Mounir Satouri, Marie Toussaint.

Pareil pour les députés socialistes et affiliés : Éric Andrieu, Raphaël Glucksmann, Sylvie Guillaume, Aurore Lalucq (Pierre Larrouturou et Nora Mebarek étant a priori absents).

Cela rappelle deux choses. Tout d’abord, la Gauche gouvernementale n’est pas capable d’autre chose que de s’aligner sur le capitalisme occidental. Ensuite, que la Gauche populiste – La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon assume ce terme – n’est pas capable d’autre chose que de converger avec le capitalisme occidental.

On est ici dans la corruption par le capitalisme occidental, dans la soumission aux institutions, aux valeurs dominantes, au style de vie dominant, et finalement à l’OTAN, à la superpuissance américaine.

On est en dehors des valeurs de la Gauche historique, du refus de la guerre, du combat contre la guerre, de la dénonciation des menées militaristes, de l’opposition au bourrage de crâne.

Tant la Gauche gouvernementale que la Gauche populiste ne servent à rien, ou alors ils trompent, ils mentent, ils endorment les gens. On va à la guerre, et ces gens font comme si de rien n’était, comme si tout cela était somme toute bien secondaire !

C’est criminel et il est évident que lorsque les choses vont mal tourner, très mal tourner, on ne pourra pas compter sur eux.

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Politique Refus de l’hégémonie

L’ennemi principal en France, c’est la superpuissance américaine

C’est le rapport à la superpuissance qui détermine la vie politique française… et son absence.

S’il ne se passe rien en France, c’est également parce que les décisions ne sont plus prises à Paris, mais à Washington. Et de par l’ampleur d’un tel phénomène, c’est même le facteur principal : ce n’est pas également parce que Washington décide, mais surtout parce que Washington décide. C’est la superpuissance américaine qui décide des orientations internationales de la France (et de l’Union européenne), qui encadre ses perspectives militaires, qui orientent ses moeurs et même ses mentalités.

La société française suit un modèle américain, avec sa fragmentation sociale à la fois individualiste et communautaire ; tous les intellectuels universitaires se situent de manière assumée dans la perspective post-moderne dont le contenu tient à l’idéologie LGBTQ, l’écriture inclusive, l’art contemporain, le relativisme moral, la négation des classes (ou alors pour dénoncer le « classisme »), l’absence de toute critique du militarisme, etc., etc. !

La superpuissance américaine est le coeur du monstre capitaliste, c’est là que se décide le mode de vie dominant, qui se répand à travers les grandes entreprises américaines et l’influence étatique américaine. La crise de la civilisation capitaliste est avant tout la crise de la superpuissance américaine.

Ce n’est pas pour rien que des nationalistes français comme Eric Zemmour, Marion Maréchal, Marine Le Pen ont capitulé devant l’OTAN et le soutien au régime ukrainien lors du démarrage de l’opération militaire russe en février 2022. Ils savent que s’ils assumaient une rupture avec la superpuissance américaine, il aurait alors fallu une remise en cause du mode de vie français, et ça ils ne peuvent certainement pas l’assumer.

C’est une grande chance que nous avons en France, car à l’inverse en Russie malheureusement les forces nationalistes ont réussi à synthétiser une idéologie pour galvaniser les masses, prenant les commandes du refus de l’OTAN pour l’aligner sur un expansionnisme russe tout aussi impérialiste. Cela signifie qu’il existe un espace en France pour dénoncer la superpuissance américaine et basculer de là dans un rejet du capitalisme.

Il va de soi que cette dénonciation de la superpuissance américaine ne saurait tenir en l’anti-américanisme ou en l’alignement sur la Russie ou la Chine, cette dernière voulant simplement prendre la place des États-Unis. Cette dénonciation doit reposer sur la critique systématique, complète, intransigeante du mode de vie capitaliste dominant, avec son exploitation et son aliénation, sa destruction de la culture et sa fuite dans la guerre.

Une telle chose fait que la question animale est par exemple essentielle, car McDonald’s est un grand symbole du mode de vie capitaliste destructeur. Tout comme la dénonciation des réseaux sociaux, calibrés pour assécher les esprits, les faire se désorienter dans une consommation abrutissante, doit prendre une place réelle. On ne peut pas dénoncer le capitalisme en perdant sa vie sur Instagram, Facebook, Twitter, Tinder, Youtube et autres variantes pas forcément américaines, comme TikTok.

Dire qu’en France l’ennemi principal c’est la superpuissance américaine, c’est opposer non pas la France au États-Unis, mais les intérêts démocratiques et populaires des larges masses à l’alignement sur la superpuissance américaine et ses valeurs dans tous les domaines.

L’apolitisme en France est l’expression de cet alignement et rien ne peut se faire sans le rejet affirmé de la superpuissance américaine !