Un ouvrage qui remet les pendules à l’heure.
Alors que le prix du paquet de cigarettes est appelé à augmenter pour atteindre 11 €, on trouvera toujours des gens, y compris malheureusement à gauche, qui par populisme critiqueront cette inflation.
C’est ici que le petit livre d’Olivier Milleron sorti le 7 septembre 2022 est salutaire tant il appelle à rejeter cette drogue grand public qui s’est imposée par le biais de l’accumulation capitaliste.
Dans une présentation du livre à la presse suisse RTS, Olivier Milleron formule un résumé on ne peut plus juste quant à l’industrie du tabac :
Parler de l’industrie du tabac, c’est vraiment l’exemple type d’un produit dont on a pas besoin, dont les profits sont énormes et dont les conséquences sont socialisées. On paie tous les conséquences du tabac, soit sur la santé et ce sont nos systèmes de protection sociale qui paient, soit la fabrication des cigarettes qui est un hyper-toxique pour la planète.
Le cardiologue, lui-même ancien fumeur, part du principe vécu qu’à gauche, il n’y a aucune ou pratiquement aucune remise en cause du tabac.
C’est en partant de cette absence de rejet par principe qu’il retrace le fil historique du développement de l’industrie du tabac, née quelque part dans le creuset de la traite négrière et de la colonisation des Amériques en même temps qu’elle fut valorisée par les cours royales européennes du XVIe siècle. Et de rappeler que ce fut Jean Nicot, ancien diplomate français au Portugal, qui introduit le tabac à la Cour car supposé soigner les maux de tête du fils de Catherine de Médicis, lui donnant alors le nom moderne de nicotine.
On y trouve donc présenté de manière accessible le développement antisocial et antiécologique de cette industrie fondée sur la corruption des puissants, le mensonge contre le peuple, la surexploitation des populations les plus pauvres, notamment des enfants, y compris aux États-Unis où on apprend qu’il existe une législation exceptionnelle autorisant les enfants de 12 ans à travailler dans les champs de tabac.
L’industrie du tabac, c’est concrètement 7 millions de morts par an dans le monde et le creuset de la manipulation anti-démocratique grâce aux publicités mensongères, aux études truquées et qui « cumule à peu près toutes les activités délétères du système capitaliste en cause dans le réchauffement climatique ».
On regrettera toutefois l’absence de mention de l’exploitation des animaux dans des expérimentations sordides, qui rajoute une couche supplémentaire à l’infamie de cette industrie.
Les derniers éléments de l’ouvrage illustrent finalement que l’on entre dans une nouvelle ère. Car après après avoir contesté le lien entre cancers et tabagisme entre les années 1950 et les années 1990 à travers des subventions à des études fondées sur la « stratégie du doute », l’industrie du tabac vise maintenant à diviser le camp anti-tabac (abolitionnistes VS réduction des risques).
Cela passe notamment par la mise en avant des « produits sans fumée » telle que la cigarette électronique… mais cela ne trompe plus personne. L’industrie du tabac est condamnée et, comme d’autres aspects de cette société en décadence générale, il ne manque plus qu’une mobilisation populaire prolongée pour en finir une bonne fois pour toutes.
En bref, « fumer, c’est choisir son camp » et il est maintenant temps que la Gauche devienne une force culturelle à la hauteur de son époque, ce qui passe par le refus clair et net des drogues, et donc de la cigarette.