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Culture & esthétique

Le train du passé doit nous inspirer

Il faut absolument en finir avec l’ère de l’automobile. Les voitures détruisent tout : la santé, la vie, le climat, les animaux, mais aussi les villes et les campagnes, qui ont été entièrement remodelées à la fin du 20e siècle et au début du 21e siècle pour correspondre au modèle de la circulation individuelle anarchique voulu par le capitalisme.

L’été, avec ses épisodes réguliers de surcharge des routes le samedi, où cumulent facilement les 1000 km de bouchons sur tout le territoire, est à chaque fois un désastre. Cela sans compter les surcharges abominables des routes et des parkings dans les zones touristiques elles-mêmes. Il faut penser ici à la bande littorale du Pays-Basque, littéralement prise d’assaut par les flux automobiles.

Il est évident que le modèle de développement par le chemin de fer dans la première moitié du 20e siècle, jusque dans les années 1960, était bien plus efficace, correspondant à un niveau de civilisation plus élevé. Bien entendu, ce n’était pas un choix : c’était une conséquence de la réalité et de la pratique, et de l’élan industriel du 19e siècle. Cependant, il y avait une dynamique de fond.

Pendant l’été 1958 par exemple, rien que pour la région parisienne, la SNCF transportait 1,6 millions de jeunes pour les colonies de vacances partout dans le pays. C’était une véritable organisation de masse, planifiée et efficace. Cette dimension de masse est à la fois présente encore, et a totalement disparu.

En 2022, la SNCF a ainsi connu une année historique avec un bénéfice record de 2,2 milliards d’euros, dépassant celui de 2017 avec 1,5 milliards d’euros. C’est l’augmentation du nombre de billets vendus, permettant donc un meilleur remplissage des trains, qui en serait la cause. La SNCF affirme avoir transporté 14 millions de voyageurs durant l’été 2022.

Ce chiffre important, reste sans commune mesure avec le nombre de voyageurs par la route. De plus, il ne reflète pas du tout la qualité de service qui en vérité s’est dégradée. La SNCF profite essentiellement de voyageurs sur ses grandes lignes TGV, entre les grandes métropoles et les points touristiques les plus denses. Mais elle ne dessert pas du tout uniformément et efficacement le territoire.

Même depuis les grandes métropoles vers des villes touristiques intermédiaires, il est en fait difficile de se déplacer. Par exemple, les liaisons entre Nantes et Vannes sont très faibles, et très chères, alors que par contre la route départementale (deux fois deux voies) entre les deux villes est absolument bondée. Pareillement, passer une semaine estivale de randonnée dans les Alpes en se déplaçant uniquement en train découragera vite la plupart des gens qui préféreront la voiture individuelle, quitte à en louer une pour l’occasion.

Tel n’était pas le cas jusque dans les années 1950/1960 où l’offre ferroviaire était beaucoup plus importante, et surtout plus systématique, pour une population bien moins grande (45 millions d’habitants en 1960 contre 68 millions en 2023).

Il y a donc lieu de connaître et reconnaître l’héritage ferroviaire du pays, qui certes ne s’est pas évaporé, mais n’est pas devenu à la hauteur de ce qu’il devrait être. Et de ce qu’il sera !

Il existe justement parfois sur YouTube, dans les méandres des vidéos insipides et sans valeurs, des productions de qualité, mettant en valeurs des aspects en particulier. C’est le cas des vidéos de la chaîne de modélisme ferroviaire de Renaud Yver. Seulement 23 000 abonnés pour cette chaîne, alors que les pires imbéciles égocentriques et futiles en ont des millions…

Cette chaîne est très instructive et incontournable si l’on s’intéresse aux chemins de fers français au 20e siècle. Pour résumer, il profite d’un réseau d’un réalisme exceptionnel, autour de la gare fictive de Luzy, pour montrer le quotidien ferroviaire de l’époque. C’est ludique et inspirant.

Et c’est là qu’on se dit, en voyant ses vidéos : que de temps perdu en France, que de compétences perdues, avec toutes ces petites gares fermées, avec toutes ces petites lignes qui ne fonctionnent plus !

La vidéo « De l’Atlantique à Luzy », réalisé sur plusieurs réseaux ferroviaires amis, est très marquante à cet égard.

Si on réfléchi intelligemment, on comprend tout de suite que la combinaison du transport voyageur et de fret, pour relier des petites villes, est une solution d’avenir ! Que de temps (et de vie, et de nature) perdu avec le fret routier !

Mais c’est que le fret ferroviaire demande du temps, avec surtout une planification à grande échelle en amont. Ce n’est pas du tout le rythme du capitalisme, qui fonctionne à flux tendu, avec des acteurs atomisés et perdus au milieu de la concurrence.

Voici la vidéo « Luzy marchandises » qui montre très bien le rythme qu’est celui du fret ferroviaire. Tout ce qui est expliqué est réaliste et n’a en vérité pas beaucoup changé, notamment dans les termes utilisés.

Pour comprendre le fonctionnement du chemin de fer, il est indispensable aussi de regarder cette vidéo : « Le 505 est en détresse ».

On y apprend en détail, et de manière réaliste, comment il faut s’organiser pour secourir en toute sécurité une machine en panne. Là encore, la procédure n’a pas vraiment changé à notre époque.

Pour la culture historique, il faut également regarder la vidéo « Sabotage à Marhodieu ». Le chemin de fer était économiquement incontournable dans les années 1940 et le travail de sabotage du réseau par la Résistance contre l’occupant nazi a été très importante en France ; la vidéo en est un témoignage intéressant.

Pour se rendre compte de l’importance et de la qualité du travail nécessaire à la réalisation d’un réseau ferroviaire de ce niveau, on trouve également sur la chaîne de nombreuses vidéos explicatives, en mode « tuto ».

Même quand on n’est pas intéressé par la construction d’un tel réseau, cela est plaisant à regarder. Il s’agit surtout d’ingéniosité et de simplicité, qui donnent avec application de grands résultats !

Se tourner le train est vraiment important. Le train façonne un pays. Et si l’on veut un contre-exemple le montrant bien, il suffit de prendre le Mexique et la Colombie avec leurs narco-trafiquants. Dans ces deux pays, il n’y a pas de trains de voyageurs. C’est donc le règne de la voiture (et des cars), avec les embouteillages et l’esprit individualiste qui va avec.

Il y a une véritable réflexion à avoir à ce sujet : un pays sans maillage ferroviaire peut-il réellement être organisé, planifié? Dans quelle mesure le train est-il un vecteur essentiel de la civilisation?

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Nouvel ordre

L’avenir de la circulation passera par le train

C’est une question de civilisation.

Dans l’avenir, on peut gager sans risque, et tout particulièrement en France qui a déjà une certaine tradition en la matière, que le train aura une place centrale dans la circulation des personnes et des marchandises.

A grande échelle, il n’y a pas de moyens de transport terrestre aussi efficace que le train. Il a joué un rôle historique pour le développement de la société, par le capitalisme. Mais le capitalisme l’a relativement mis de côté, au profit des voitures et des camions, bien plus conformes finalement aux exigences du capital (pas de planification, fonctionnement en flux tendu, atomisations des acteurs économiques, privatisation des intérêts, aucune considération pour la planète et la santé de la population, etc.).

C’est tout le problème du capitalisme, qui favorise des solutions individuelles, alors qu’il faut en réalité des moyens collectifs. Il est plus naturel pour lui de se tourner vers la circulation routière, qui laisse les gens seuls face à leur besoin de se mouvoir.

Besoin d’ailleurs accru par l’existence d’une contradiction entre la ville et la campagne, qui force beaucoup de personnes plus éloignées des cœurs économiques que sont les villes à faire de longs trajets pour aller travailler. C’est ce qui explique pourquoi la voiture et le camion sont bien plus choyés par le capitalisme que les transports collectifs.

Mais le train jouera un rôle capital à l’avenir, tant sa capacité à réduire la taille du monde est importante. Les masses ont et auront besoin d’un réseau ferroviaire développé pour ne plus rouler en voiture…

Les Français de demain devront organiser démocratiquement le secteur des transports, ce qui n’est pas une mince affaire tant la situation actuelle est critique. Cette réorganisation de la société, et donc par extension de la façon de se déplacer, devra absolument avoir l’écologie comme horizon. Cela exigera de se battre contre l’étendue toujours plus vaste du réseau routier et ses millions de voitures et de camions dégazant en permanence au rythme imposé par un capitalisme qui exige que chacun s’organise à sa manière de son côté, dans un flux ininterrompu, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Le train est plus rapide que la voiture. Il est aussi moins polluant et incommensurablement moins dangereux. Il permet de faire déplacer un très grand nombre de personnes en un temps record, avec une dépense énergétique moindre, là où les autoroutes connaissent des bouchons, un rendement énergétique catastrophique, des accidents au quotidien, avec des chauffards qui font trop souvent la loi…

Les masses ont besoin de trains plus performants, en plus grand nombre, plus confortables ! Il faudra rouvrir des lignes, en créer de nouvelles, procéder à la mise en place du train et ses dérivés comme le tramway comme moyens de transports principaux de la population. Tout cela bien sûr doit être couplé avec les autres moyens de transport que sont le vélo, l’avion ou encore le bateau. Il faut ajouter évidemment à cela la marche à pied, qui dans des villes et des campagnes correctement aménagées selon les besoins du peuples, et non ceux du capitalisme, sera un moyen de déplacement privilégié.

La voiture et les camions quand à eux devront se contenter d’une place limitée, là où ils sont vraiment utiles : pour le déplacement des personnes très isolées à la campagne, pour les transports urgents de proximité (police, ambulance, travaux, etc.), pour les derniers kilomètres du transport de marchandise tant dans les villes que les campagnes.

Le mot d’ordre sera simple : aucune proposition s’appuyant sur les responsabilités d’individus coincés dans le statu quo ne saurait être considérée comme une solution aux problèmes qui se poseront à l’avenir. Quelques soient les problématiques, il devra toujours y avoir une réponse à l’échelle de la société elle-même, et le train en fera partie.

Sortir de la civilisation de l’automobile pour fonder une nouvelle civilisation du train, tel doit être le programme de la Gauche !