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Communiqué de l’Association nationale des supporters contre le projet de «Super Ligue»

Voici le communiqué de l’Association nationale des supporters contre le projet de « Super Ligue » européenne de football. On y retrouve le style caractéristique des « ultras », les supporters des tribunes les plus investies dans les stades, mais avec une réelle volonté d’être démocratique, d’aller dans le sens populaire le plus large.

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Robin Leproux donne sa vision de la «pacification» du Paris Saint-Germain

Dans une interview, Robin Leproux explique comment il a fait en sorte que le PSG puisse être racheté par le Qatar, en cassant la dynamique de ses supporters, pour les remplacer par de sages consommateurs.

Robin Leproux joue la carte de l’humilité dans Le Parisien, mais c’est un grand bourgeois qui ne parvient pas à le masquer. Il dit ainsi qu’il n’est pas venu à la présidence du PSG pour l’argent, la preuve il ne gagnait que 10 000 euros par mois ! Faut-il être déconnecté pour raconter ce genre de choses !

Il est connu pour son « plan » de pacification des tribunes, en faisant en sorte que les places soient tirées au sort pendant plusieurs mois, pour briser l’unité des supporters au sein des tribunes Boulogne et Auteuil. C’est qu’il constate effectivement avec réalisme la chose suivante :

« Avec le phénomène de violence continue et historique autour du club et du Parc des Princes, on m’opposait souvent : « Robin, on t’aime beaucoup mais on ne peut pas s’associer à un club raciste et violent. »

Les gens sont amnésiques : dans l’histoire du PSG, il y a 20 ans de violences aux alentours du Parc avec des moments dramatiques et funestes. Il y avait eu un mort lors de la présidence d’Alain Cayzac ( NDLR : Julien Quemener en novembre 2006 ). J’étais dans ce contexte. Quand il y a eu le deuxième mort ( NDLR : Yann Lorence en février 2010 ), je ne peux pas vous dire. C’est un choc très personnel, un tournant dans ma vie (…).

A l’époque, il se dit ou s’écrit qu’il faut dissoudre le PSG, l’exclure du championnat, etc.. Je suis formel : le PSG a failli disparaître. »

Si en effet, les années 2000-2010 ont amené un changement profond, il est historiquement indéniable que les années 1980-2000 marquent l’hégémonie au PSG de la tribune Boulogne, entièrement composée de nationaliste avec de larges fractions de néo-nazis et apparentés. Le niveau de violence au sein de cette tribune était d’une grande brutalité et, si l’on peut dire, d’un vrai professionnalisme.

Julien Quemener, relevant de cette tribune Boulogne, a été tué par un policier alors qu’avec une centaine d’autres personnes il pourchassait trois fans du Hapoel Tel Aviv (un club israélien historiquement très à gauche). Yann Lorence s’est fait lynché lors d’une rixe, alors que supporters de la tribune Boulogne menaient une charge contre ceux de la tribune Auteuil, qu’ils harcelaient régulièrement, notamment lors des déplacements.

Si l’ancien président du PSG Robin Leproux ne le dit pas, mettant tous les « ultras » dos à dos, le début des années 2000 a correspondu pourtant à une énorme fracture sociale et raciale dans cette anomalie qu’était le Parc des Princes. La tribune Boulogne était composée de petits-bourgeois des milieux populaires, d’esprit lepéniste voire directement raciste et en tout cas nationaliste. C’était en décalage complet avec une banlieue parisienne immigrée et métissée, qui à l’époque s’orientait souvent vers l’Olympique de Marseille tellement le PSG apparaissait comme odieux. C’est encore le cas pour beaucoup de monde.

La tribune Auteuil a alors été marqué par la tentative progressive de former des « ultras » violemment hostiles à tout racisme, voire liés à une ultra-gauche anarchiste (Supras, Tigris, Authentiks,la Grinta, K-Soce Team…). Quand on dit « liés », il ne faut pas du tout croire que ce soit une liaison organique ou même politique. Les ultras de la tribune Auteuil étaient simplement anti-racistes, d’extraction populaire ou antiraciste, ils n’avaient rien contre l’ultra-gauche anarchiste (ou du NPA) dans laquelle certains étaient actifs, mais rien pour non plus.

Cela va faire un grand malentendu où l’ultra-gauche aida la tribune Auteuil à avoir une image « antifasciste », alors que des affrontements d’une extrême violence vont se développer entre les tribunes. Cela va amener un pillage de l’iconographie de la gauche radicale par les ultras et inversement une adoption du style « ultra » par l’ultra-gauche. Pour beaucoup de jeunes rejoignant l’ultra-gauche aujourd’hui, « militer » c’est utiliser des fumigènes lors des manifestations, s’habiller en ultra, faire de larges grafs sur les murs, etc. etc.

C’est là que Robin Leproux arrive. Il comprend que le PSG commence à ressembler à la région parisienne et qu’avec les activités des ultras il a un levier pour élargir gratuitement le public de l’entreprise PSG, de rompre l’isolement du PSG. Les « ultras » de la tribune Auteuil, en visant à rendre le club non raciste et également tourné vers les banlieues, ont été directement l’outil pour les capitalistes afin de former le « grand club de la capitale ».

Robin Leproux remodèle alors l’organisation des ultras avec son plan, alors que le PSG est racheté par le Qatar et que les ultras sont récupérés progressivement dans une version turbulente mais sélectionne et édulcorée (le CUP Paris, acceptant totalement la main-mise qatarie et la rupture avec l’histoire du club).

Pour les « historiques », avec le rachat par le Qatar, le PSG est un autre club. Pour toute l’immense vague de gens de la région parisienne passée dans la fascination pour le PSG, ce n’est pas bien grave : avec les millions, les centaines et centaines de millions, il y a le glamour et les victoires, et cela suffit.

> Lire également : La défaite du PSG est une (relative) défaite du football moderne

Robin Leproux a été l’artisan rusé de cette opération et il témoigne de l’intelligence des capitalistes par rapport à la sociologie et aux mentalités.

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Football: des ultras refusent de revenir au stade en raison du Covid-19

Le peuple, quand il s’organise, a l’esprit collectif et la responsabilité sociale chevillés au corps. On a un bel exemple de cela avec les communiqués de différents groupes de supporters « ultra » qui expliquent pourquoi ils refusent de revenir dans les stades en raison de la crise sanitaire.

Malgré la possibilité (pour l’instant) d’avoir 5000 supporters dans un stade, il y a l’idée que soit tout le monde peut venir au stade, soit personne. Il n’est pas question d’avoir un quelconque favoritisme ou bien d’engendrer des frustrations. On a là une haute conscience sociale, de la part de personnes souvent jeunes. Mais ce n’est pas la seule raison.

Les ultras, bien qu’ils soient relativement criminalisés en France, sont des gens responsables, en tous cas pour la plupart d’entre eux. Ils savent très bien que leurs tribunes sont des lieux de promiscuité et de liesse collective. Impossible de respecter les mesures sanitaires dans ce cas et comme il n’est pas question de refuser les mesures sanitaires (les ultras ont souvent été à la pointe de la solidarité avec les soignants pendant le confinement), alors l’évidence s’impose : pas de retour au stade dans de telles conditions.

Gageons que l’ensemble des groupes d’ultras rejoignent cette position dans les jours qui suivent, alors que le championnat de France doit reprendre le 21 août pour la Ligue 1 et le lendemain pour la Ligue 2.

Nous reproduisons ci-dessous quelques exemples typiques.

Voici pour commencer le communiqué du 16 août 2020 des Merlus Ultras 1995, supporters du FC Lorient, qui expliquent avec une très grande dignité pourquoi et comment ils ont « essayé » pendant un match amical, avant de se rendre compte dès la mi-temps que ce n’était pas possible :

Voici le communiqué du 17 août 2020 des Red Tigers 1994, supporters du RC Lens, particulièrement actifs pour la solidarité populaire pendant le confinement :

Voici le communiqué du 16 août 2020 de la Brigade Loire 1999, supporters du FC Nantes, avec une critique très intelligente et très bien vue du « laxisme » ambiant dans la société quant aux mesures sanitaires :

Voici le communiqué du 17 aout 2020 des Ultrem 1995, supporters du Stade de Reims :

Voici un extrait du communiqué des South Winners 1987, supporters de l’Olympique de Marseille, qui déjà le 6 août 2020 entrevoyaient l’impossibilité de reprendre l’activité en tribune et appelaient à la plus grande responsabilité sanitaire :

On notera que certains groupes d’ultras n’ont pas le même sens des responsabilités ni la même dignité populaire. C’est le cas du Collectif Ultra Paris (PSG) qui a organisé un lamentable rassemblement sauvage devant le Parc des Princes pour « fêter » une victoire de leur club en 1/4 de finale de coupe d’Europe mercredi 12 août (comme si c’était une victoire de la coupe), avec banderoles, chants, fumigènes, etc.


Mais il faut noter ici que le CUP ne représente qu’une petite partie des ultras parisiens historique, celle qui a accepté l’état de fait où leur club est rentré en possession du Qatar.

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Politique

L’anarchisme, une catastrophe pour une CGT toujours plus à l’heure du choix

En utilisant les anarchistes pour ajouter de la tension à des mobilisations pas vraiment vivifiantes, la CGT a recréé depuis quelques années l’atmosphère du tout début du XXe siècle. Celle où anarchistes et syndicalistes empêchaient les travailleurs d’accéder à la culture de la Gauche et aux questions politiques.

Si encore les anarchistes étaient vraiment des anarchistes, on pourrait se dire qu’il y a quelque chose qui bouge. Mais les anarchistes français actuels sont des post-anarchistes ; ils ne retiennent de l’anarchisme qu’une sorte de spontanéité maladive se justifiant par une fascination pour une hypothétique « grève générale ». C’est le fameux mythe mobilisateur du grand soir.

C’est que les anarchistes actuels sont particulièrement imprégnés des importants succès du syndicat CNT tout au long des années 1990 et jusqu’au début des années 2000. La CNT a servi de grande lessiveuse détruisant les idées et les fondements de la culture anarchiste, au nom du « syndicalisme » et de sa croyance en la « grève générale », « illimitée », « insurrectionnelle », etc.

Résultat, alors que les anarchistes ont toujours soutenu depuis la fin des années 1940 Force Ouvrière, ils servent désormais surtout de troupes de chocs à la CGT. Les uns ont besoin des autres. La CGT mobilise ses troupes, mais l’esprit n’y est pas, pas plus que le nombre, bien souvent. Alors quand les anarchistes cassent, cela fait du bruit, c’est donnant donnant et tout le monde est content.

Les anarchistes se montent la tête et pensent que la grève générale arrive. La CGT fait passer sa démarche anti-politique pour un succès social exprimant une tension réelle.

Il faut voir ici le grand écart opéré. Depuis mai 1968, la gauche de la Gauche a une profonde aversion pour les directions syndicales, voire pour la forme syndicale elle-même. Depuis que la CGT a tout fait pour torpiller mai 1968, la cassure était nette.

Tout cela s’est évaporé et la CGT se voit désormais attribuée toutes les qualités d’un syndicat combatif, non institutionnel, mobilisateur, etc. Alors que tout le monde sait qu’il s’agit d’une gigantesque machinerie bureaucratique ne tenant que par l’abnégation de petites mains bien isolées.

Sa terrible perte de vitesse en témoigne et comme le syndicalisme français n’est déjà pas de masse, c’est pratiquement la survie qui est en jeu. D’où le besoin de faire du bruit pour occuper l’espace médiatique. De la même manière que les gilets jaunes ont voulu faire croire qu’ils représentaient quelque chose alors qu’il s’agit d’un mouvement numériquement marginal, les anarchistes servent de force d’appoint pour les besoins spectaculaires de la CGT.

Depuis quelques années, la convergence est évidente. Son caractère entièrement improductif aussi. La mobilisation du 5 décembre 2019 en a été d’ailleurs un exemple assez frappant. Le contraste était saisissant entre les défilés syndicaux particulièrement lisses et une casse esthétisée au maximum (habits en noirs, fumigènes, graffitis s’appuyant sur des jeux de mots, etc.)

Il va de soi qu’à un moment donné, même la base de la CGT va dire qu’il faut arrêter les frais, cesser de jouer au « syndicalisme révolutionnaire » et passer aux choses sérieuses. Et là il n’y a pas 36 solutions. Soit la CGT plie et se fond dans Force Ouvrière, soit elle assume de se subordonner à la Gauche politique pour ses grandes orientations. Il n’y a que ces deux choix possibles.

La CGT tente de refuser tant l’un que l’autre, depuis plusieurs années, mais la crise est désormais là et l’heure du choix approche toujours plus.

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Société

Homophobie dans les tribunes ? Les supporters répondent en assumant l’humour grotesque

Accusés d’homophobie, les supporters de football « ultras » des tribunes populaires s’en sont donné à cœur joie ce week-end pour répondre avec des banderoles plus ou moins créatives, mais toujours incisives. Et ils ont raison, car il n’y a rien de plus insupportable que les bourgeois prétendant donner des leçons au peuple.

Depuis le début de la saison, le gouvernement et la LFP, l’instance organisatrice du football professionnel en France, ont décidé de faire de l’homophobie un thème. On a alors découvert que les tribunes françaises seraient particulièrement « homophobes », qu’on y entendrait « les mots « pd », « enculé », pendant une heure trente », comme l’a dit la ministre des Sports Roxana Maracineanu.

On est là en pleine caricature évidemment, avec des supporters « ultras » considérés comme des regroupements de beaufs, d’énergumènes arriérés qui seraient simplement violents et intolérants. En fait, les gens comme Roxana Maracineanu, pétris de leur condescendance bourgeoise, sont complètement à côté de la plaque avec leur discours sur les discriminations que véhiculeraient les classes populaires.

Les supporters ont bien compris cela et ont réagit ce week-end avec de nombreuses banderoles souvent très bien vues, assumant totalement le fun, faisant part d’une certaine subtilité et d’un humour très vif.

Tout le monde a compris que la question de l’homophobie n’est ici qu’un prétexte de la part des instances et du gouvernement, mais aucunement un combat démocratique sincère. Alors, il ne faut pas les prendre « pour des cons », comme l’ont affiché les supporters nantais. C’était en effet juste de leur part de rappeler :

« Nous faire la leçon sur la prétendue homophobie dans nos tribunes après être allé promouvoir le sport français au Qatar, vous nous prenez vraiment pour des cons ! »

Ce thème du Qatar, faisant référence au PSG et à la prochaine Coupe du Monde, a été relayé à de nombreuses reprises, tellement c’est en effet grotesque. On a ainsi eu à Lyon des banderoles :

« FIFA, Roxana, Schiappa : l’homophobie n’est-elle grave que sans pétrodollars? »

« Schiappa, tu parleras d’homophobie au Qatar-2022? »

Il y aussi eu dans ce stade d’autres choses bien vues pour dénoncer ce décalage avec la réalité comme :

« Le Père Noël est une ordure sans « Je t’encule Thérèse », c’est aussi plat qu’un stade sans second degré. »

Ou encore, de manière volontairement provocatrice, des allusions à la bonne entente entre les supporters de Bordeaux et Saint-Étienne, rivaux des Lyonnais, ce qui serait :

« preuve que l’homosexualité a sa place dans les stades » !

Ce genre de provocation a été récurrente, comme de la part des Rouennais à propos de leurs rivaux du Havre :

« Non à l’homophobie, soutien aux Havrais »

Les Toulousains ont quant à eux eu le nez fin pour provoquer subtilement, ironisant sur la faiblesse de leur équipe :

« Toujours en L1 trois ans après, merci PD »

« PD » étant les initiales de Pascal Dupraz, l’entraîneur du club !

Les banderoles les plus retentissantes ont été celles des Niçois, d’autant plus qu’elles étaient réalisées avec soin. La première fait référence au nouveau repreneur du club, Ineos, qui est aussi investit dans le cyclisme et dont l’équipe a gagné le Tour de France :

« Bienvenue au groupe Ineos : à Nice aussi on aime la pédale »

« LFP/Instance : des parcages pleins pour des stades plus gay. »

L’arbitre du match s’est couvert de ridicule en arrêtant le match pendant dix minutes à causes de ces banderoles provocantes.

Très amusante fût la banderole des messins, qui ont repris les paroles de la chanteuse Angèle, que tout le monde connaît et qui à aucun moment n’ont fait scandale :

« PSG, LFP, Laisse moi te chanter d’aller te faire ennnnn… Je passerai pas à la TV parce que mes mots sont pas très gais »

La question du Qatar a également été évoquée à Metz par un petit jeu de mot :

« Coupe du Monde au Qatar, les stades sont-ils homologay ? »

À Caen, on a provoqué plus simplement, mais très sévèrement :

« LFP, Ministres, l’homophobie est un vrai sujet… »

De manière très amusante encore à Nantes, il y a eu la banderole visiteurs Montpelliérains « Faire la queue leu leu c’est homophobe ? », qui a été repris par les supporters locaux chantant « à la queu leu leu » !

Très bien vu aussi pour pointer l’absurdité des accusations d’homophobie, alors qu’il s’agit surtout de vulgarité, à Angers où une femme officiait en tant qu’arbitre, il y a eu la banderole :

« « arbitre enc**ée », est-ce homophobe pour une femme ? »

Dans leur style caractéristique très vulgaire et anti-parisien, les Marseillais ont de leur côté affiché :

«  La LFP se sert de l’homophobie pour sodomiser nos libertés : A Paris, vous avez toujours des prétextes en bois de Boulogne pour nous la mettre ».

Ils ont ensuite affirmé :

« des fumis contre l’homophobie. Nous sommes seulement Ligophobes. On a le droit ? »

Parallèlement, comme on pouvait s’en douter, les Marseillais s’en sont donné à cœur joie pour provoquer durant tout le match, scandant à tue tête « qui ne saute pas est un pédé » ou leur « fameux » chant, « Paris, Paris, on t’encule », sans que l’arbitre à aucun moment n’interrompe le match, comme ce fût le cas au début du week-end ou lors des précédentes journées.

Les instances dirigeantes du football et le gouvernement se sont en effet retrouvées coincées ce week-end, prises à leur propre jeu de la dénonciation de l’homophobie par des supporters qui ne sont pas dupes et qui ne comptent pas se laisser dire la messe.

Ils considèrent en effet, comme cela a été écrit à Reims, que :

« Quand on veut se débarrasser des supporters, on les accuse d’homophobie »