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Des scientifiques belges contestent l’avis de l’Académie royale de médecine de Belgique sur les dangers du végétalisme

Au printemps dernier, la prise de position de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme chez les femmes enceintes et allaitantes ainsi que chez les enfants avait provoqué quelques remous, tellement cela relevait de la propagande ouverte contre les vegans et pas de l’argumentation scientifique. Des professionnels de la santé et docteurs en sciences se sont alors réunis autour d’une position commune, afin de contredire l’institution.

Des médecins belges ont formé un collectif suite à la publication de l’Académie royale de médecine de Belgique. Les docteurs Lamprini Risos, cardiologue préventive à l’hôpital Erasme et Catherine Devillers, médecin nutritionniste et rédactrice scientifique au Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique à titre privé, ont alors produit une analyse critique très approfondie, venant selon leurs mots « contredire les conclusions alarmistes de l’académie ».

Dans un communiqué, il est expliqué ni plus ni moins que « l’avis est infondé » et qu’il « relève d’une désinformation » :

« Des médecins belges se sont rassemblés pour répondre à l’ARMB. Ils ont analysé une par une les études dont celle-ci s’était inspirée dans deux rapports successifs à charge contre le végétalisme.

Leur constat: les sources citées par l’académie, parfois hors sujet, contredisent ses propres conclusions. Parmi plus de 40 références, seules deux sources allemandes, plus réservées, incitent à la prudence et au suivi régulier des patients végétaliens. En revanche, les autres sources citées par l’ARMB concluent qu’une alimentation végétalienne bien planifiée et équilibrée est bénéfique pour la santé à tous les stades de la vie. »

On ne sera pas étonné qu’un conflit d’intérêts ait été remarqué, avec 4 membres de la commission ayant rédigé cet avis « liés à l’industrie laitière (Danone et Nestlé) ».

Un long rapport a été produit, ainsi qu’une version plus courte destinée au grand public, que nous publions ci-dessous. Cette réponse à l’institution belge a été signée par plus de cent professionnels de la santé et docteurs en sciences, issus de 13 pays différents. C’est une contribution très importante au débat démocratique sur la question du végétalisme, contre les tentatives de désinformation.

(Les informations sont également disponibles en anglais et en néerlandais).

Réponse à l’Académie Royale de Médecine de Belgique : version courte

« Nous, professionnels de la santé (médecins, chirurgiens, dentistes, diététiciens, docteurs en sciences), avons souhaité réagir au récent avis de l’Académie Royale de Médecine de Belgique (ARMB) qui proscrit l’alimentation végétale exclusive (végétalienne ou végane) chez les femmes enceintes, allaitantes, les enfants et adolescents.

Nous leur avons adressé une longue réponse que nous souhaitons transmettre au grand public de façon plus succincte. Les alimentations végétariennes (excluant les chairs animales) et végétaliennes (excluant aussi les produits laitiers, les œufs, le miel) sont en augmentation en Belgique et partout dans le monde pour des raisons éthiques, écologiques et sanitaires. Par leur caractère récent chez nous, elles suscitent des inquiétudes auprès du grand public et des professionnels de la santé. Cependant, elles sont bien mieux connues à l’étranger, notamment dans les pays anglo-saxons qui les ont intégrées dans leurs recommandations nutritionnelles.

L’ARMB a émis deux avis datant de juin 2018 (paru dans la presse en mai 2019) et de juin 2019. Elle invoque des carences systématiques sans apporter d’argument scientifique valable pour soutenir cette affirmation. Nous avons minutieusement analysé les sources utilisées pour ces deux avis et nous estimons sa position incompréhensible.

Aucune des sources citées ne proscrit l’alimentation végétale. Depuis des décennies, de nombreuses publications comparant l’alimentation végétale au régime omnivore chez les adultes sont rassurantes et même encourageantes. Ce type d’alimentation est associé à des effets positifs sur divers paramètres cliniques et biologiques reconnus comme facteurs de risque des maladies cardiovasculaires et des cancers, premiers contributeurs à la mortalité globale à l’échelle mondiale. Les végétaliens souffrent moins d’obésité, ont une meilleure tension artérielle, moins de «mauvais» cholestérol, moins d’insulinorésistance (diabète).

Chez les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes en particulier, nous citons de nombreuses recommandations (américaines, anglaises, australiennes, portugaises, israéliennes, italiennes, canadiennes) qui peuvent être résumées en reprenant les mots de l’AND (Academy of Nutrition and Dietetics) américaine, organisme fort de 67 000 professionnels faisant autorité dans le domaine de la nutrition.

Son avis est le suivant: «Les alimentations végétariennes (y compris végétaliennes) bien menées sont adaptées à tous les stades de la vie, notamment aux femmes enceintes, aux femmes qui allaitent, aux nourrissons, aux enfants, aux adolescents ainsi qu’aux sportifs.» Les recommandations britanniques précisent qu’il n’y a pas d’âge minimum pour une alimentation végétalienne. Nous rappelons que de 0 à 6 mois, l’allaitement maternel doit être privilégié et fortement encouragé. Ces recommandations insistent sur une information correcte des professionnels de santé auprès des personnes et des parents qui souhaitent adopter ce type d’alimentation.

Les publications scientifiques les plus récentes précisent qu’aucune étude sur le végétalisme n’a montré de risque pour la santé ni de malformations néonatales. Elles ont même mis en évidence certains bénéfices: moindre gain pondéral pour la mère durant la grossesse, réduction du risque de prééclampsie et d’accouchement prématuré. Notre réponse à l’ARMB est motivée par le souci d’une information scientifique rigoureuse et à jour, et par la nécessité d’informer correctement le grand public en-dehors de tout intérêt financier. Aucun de nos cosignataires (belge ou étranger) n’a de lien financier avec l’industrie agroalimentaire ou pharmaceutique. Nous regrettons que le rapport de l’ARMB ne mentionne pas les conflits d’intérêts de ses experts. Sur les 8 membres de la commission qui ont rédigé cet avis, 4 sont liés à l’industrie laitière (Danone et Nestlé).

En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la viande transformée comme cancérogène et la viande rouge comme cancérogène probable. Il semble dès lors logique de vouloir l’exclure de son alimentation. Plus récemment, le Canada a retiré les produits laitiers des aliments dits indispensables. Nous rappelons aussi que nous faisons face à une épidémie d’obésité infantile aux conséquences graves et avérées: morbi-mortalité cardiovasculaire et par cancers.

Il est de notre devoir de professionnels de la santé de prendre toutes les mesures nécessaires pour promouvoir une alimentation saine dès le plus jeune âge. Pointer systématiquement du doigt une alimentation végétale pour laquelle, jusqu’à présent, nous n’avons aucune preuve de risque, mais au contraire de nombreux indices de bienfaits, correspond à de la désinformation. En cas d’alimentation végétalienne, il faut veiller à des apports suffisants, quotidiens et variés en fruits, légumes, céréales, légumineuses et oléagineux. Les oléagineux sont des sources de graisses non saturées saines et peuvent se consommer sous forme de graines, noix (pâtes d’oléagineux chez les jeunes enfants) ou huiles.

Chez les tout-petits, il faut veiller à augmenter progressivement la quantité de fibres dans l’alimentation. Une alimentation exclusivement à base de plantes nécessite à tous les âges une supplémentation en vitamine B12 et en vitamine D (la supplémentation en vitamine D est également recommandée en cas d’alimentation omnivore). Une carence en nutriments n’est à craindre que si l’on exclut intentionnellement de son alimentation un groupe alimentaire. Une alimentation équilibrée, variée, et contenant le plus possible d’aliments non-transformés apportera tous les nutriments nécessaires.

Quelques exemples de sources pour certains nutriments: les noix, les graines de lin et les huiles qui en sont dérivées sont de bonnes sources d’omega-3. Le calcium est présent en abondance dans les légumes à feuilles vertes, les graines de sésame et l’eau minérale. Les céréales et les légumineuses sont riches en fer et en protéines. Les modes de préparation (trempage, fermentation, germination) et de cuisson (vapeur) des végétaux permettent une meilleure assimilation des différents nutriments.

La carence en protéines dans notre pays n’est pas un problème si l’on consomme suffisamment de calories de sources végétales diverses. Nous espérons, par ces éclaircissements, rétablir une vérité scientifique actuelle et bien référencée, rassurer les professionnels de l’enfance et les parents, mais aussi encourager la formation en nutrition des divers corps de métiers de notre système de soins de santé. »

CONTACTS PRESSE Pour plus d’informations concernant les auteurs et cosignataires ainsi que les références mentionnées dans notre publication : Lamprini Risos, cardiologue préventive à l’hôpital Erasme T 0486 59 00 26 lamprini.risos@hotmail.com

Catherine Devillers, médecin nutritionniste et rédactrice scientifique au Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique T 0493 56 85 10 catherine.devillers76@gmail.com

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Écologie Planète et animaux

Pourquoi le cochon, l’oie, la poule ? Et pas le chat ?

Il y a quelque chose de profondément troublant dans ce dessin d’un boucher qui caresse un chat, alors qu’il fait face à de nombreux autres animaux qui, eux, peuvent terminer à l’abattoir, voire n’existent que pour cela. Cela expose une vérité simple et dérangeante en même temps.

C’est qu’on se demande, en toute bonne logique : pourquoi l’un et pas l’autre ? Et naturellement, on ne se dit pas que le chat lui aussi devrait faire partie des animaux servant d’alimentation. Strictement personne ne va penser cela. Telle est d’ailleurs finalement la preuve qu’à terme, on ne mangera plus d’animaux. Si on est socialiste avec le chat, si on l’intègre à notre vie et qu’on lui fournisse plein de choses, alors pourquoi pas l’autre, si on peut ?

On dit d’ailleurs que le chien, par exemple, fait partie de la famille. C’est inexact : il rejoint la famille, il est un élargissement de la famille naturelle. Il est pratiquement un élargissement de la vie communautaire familial, une extension du communisme familial à quelque chose d’extérieur. Aimer les animaux, c’est en quelque sorte élargir encore plus le champ du partage, de la collectivité, même du collectivisme.

Est-ce à dire qu’on aura un jour des poulets et des cochons chez soi, comme membres de la famille ? Et que rien ne changera pour ces animaux jusque-là ? Il va de soi que non et qu’à l’arrière-plan, il s’est déroulé des convergences faisant que les chats et les chiens font irrémédiablement partie de l’humanité. Il y a une symbiose qui s’est faite. Cela est vrai d’ailleurs pour d’autres animaux, tels certaines espèces de pigeons, largement domestiquées et qui restent par la suite, même libérées, dans les zones où les humains se rassemblent : les villes.

Quant aux animaux où cette convergence a été inexistante ou malheureuse pour elle, comme les cochons, les poules et les coqs, les chevaux et les moutons, il est évident cependant qu’à un moment, la dynamique du partage va les attendre aussi. Une fois qu’on est sorti de la démarche de compétition, d’arrachage de tout et n’importe quoi juste pour satisfaire sa consommation, ses caprices, on sort d’un irrationnel allant jusqu’au meurtre.

Car, franchement, qui a envie de tuer ? Qui se voit un couteau à la main en train d’égorger ? Rien que l’idée est odieuse. Certains le peuvent, effectivement, mais ce n’est pas qu’ils sont forts, c’est qu’ils sont devenus insensibles. Après tout, quand on voit les images atroces des islamistes égorgeant des gens ligotés, on ne dit pas : oh, comme ils sont forts ! On se dit : quelle horreur, ces gens sont des monstres !

Il y a bien entendu de nombreux hommes, et même des femmes, pour célébrer la dimension patriarcale du « triomphe » de l’humanité sur la nature. Vu comment les choses tournent dans le rapport entre l’humanité et la nature, ces gens feraient bien de définitivement se taire. Et comme ils ne veulent pas, il a falloir les forcer à se taire.

Parce qu’ils sont odieux, parce qu’ils relèvent du passé, parce qu’il sont des criminels.

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Société

L’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme : simplement ridicule

L’Académie royale de médecine de Belgique a pris une position très ferme sur le végétalisme : elle le déconseille totalement comme « inadapté et donc non recommandé pour les enfants à naître, les enfants et les adolescents, de même que les femmes enceintes et allaitantes ». C’est un parti-pris qui se veut scientifique, mais qui équivaut à ce qu’il y avait de scientifique lorsque de par le passé, les religions plaçaient la Terre au centre de l’univers.

Il existe ainsi de nombreuses personnes végétaliennes de par le monde, y compris des gens l’étant depuis leur naissance. Il y a des sportifs et des intellectuels, y compris de haut niveau ; il y a des jeunes, des vieux, des femmes enceintes, des enfants, etc. Bref, il y a des gens bien différents exerçant des activités dans des domaines bien différents. Ces gens vivent et nulle part on apprend qu’ils tomberaient malades en masse ou seraient incapables de gagner telle compétition ou de passer telle épreuve universitaire, d’enseigner ou bien de travailler à l’usine.

Mais parfois la réalité est difficile à admettre, et cela encore plus qu’elle change de manière ininterrompue. Elle est même inacceptable pour qui ne peut pas accepter le changement. L’Académie royale de médecine de Belgique est, ainsi, simplement ridicule de par sa position anti-végétalienne. Elle est même ridicule tout court, car avoir un roi en 2019 et l’admettre, c’est assumer qu’on est dans la posture du charlatan reconnaissant la fiction comme quoi un être humain serait par nature supérieur à un autre.

Alors, en plus, donner des leçons au monde entier, c’est fort de café. Il y a pourtant des vegans en Belgique, et ce depuis fort longtemps, et il suffirait d’aller les voir. Mais on sait à quel point l’idéologie dominante ne s’intéresse pas aux faits, se focalisant uniquement sur l’avis des experts. Experts qui, pétris de certitudes, terrassés par une incompréhension de la réalité par leurs œillères institutionnelles, ne savent que répéter de vieux mantras réactionnaires.

Car quand on lit le communiqué de l’Académie royale de médecine de Belgique au végétalisme, on a l’impression qu’il est parlé d’une activité loufoque d’une poignée de babos au fin fond d’un obscur village, qui refuseraient tel ou tel aliment tout en ne marchant que sur un pied en chantant des chansons médiévales. Et les médecins belges auraient été les seuls au monde à avoir étudié le problème et à l’avoir résolu !

Comme quoi, nos amis belges savent être aussi chauvins et nationaux-centrés que nous en France. Ce n’est guère rassurant ! Déjà que notre prétention historique est insupportable, alors si nos voisins s’y mettent aussi… Et, malheureusement, ils le font avec la même hypocrisie que nous, avec la même mauvaise foi. Car le fait que l’Académie royale de médecine de Belgique prenne comme thème les enfants est quelque chose de véritablement sordide.

L’opinion publique, à juste titre, porte une attention extrême à la question de l’enfance et de sa protection. Alors le fait de répandre des affirmations, sans aucun égard pour des analyses différentes (et elles ne manquent pas sur le végétalisme pour les bébés, les enfants…), sur une question aussi cruciale, c’est agir en faisant un coup bas. Et rien que cela disqualifie le propos.ouvre un nouvel onglet)

Ce que fait l’Académie royale de médecine de Belgique, c’est de la propagande, pas un travail scientifique donné au peuple belge, ni aux peuples du monde. Si les médecins ayant signé le document assumaient leur position, ils partiraient dans la dénonciation de tous les ouvrages et de tous les sites dans le monde qui affirment qu’on peut être un bébé végétalien. Le feront-ils ? Bien sûr que non, cela serait ridicule tellement c’est décalé par rapport à la réalité.

> Lire également : Les arguments de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme

En fait, la position de l’Académie royale de médecine de Belgique n’est que l’expression d’une grande peur : celle d’être dépassée. Les réactionnaires du monde entier son en panique devant des revendications d’un style de vie non seulement différent, mais se heurtant aux fondements mêmes du rapport à l’existence. Que des adultes consommateurs remplissent les caisses de la grande industrie vendant des produits végétaliens, c’est pour eux dans l’ordre des choses. Mais faire du végétalisme une valeur en soi, de la naissance à la mort, c’est lui conférer une universalité… Et c’est là ce qui est inacceptable pour eux.

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Les arguments de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme

Les arguments de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme ne reposent pas sur une analyse scientifique de la nature des aliments consommés réellement par les végétaliens. Ce sont des extrapolations faites à partir de connaissances basées sur l’alimentation moderne classique, dans le but de manipuler les esprits.

L’Académie royale de médecine de Belgique a pris position de manière ridicule contre le végétalisme en prétendant avoir un discours scientifique à propos de l’alimentation végétale.

Ce qui importe pour la nutrition, ce ne sont pas les aliments en eux-mêmes mais leur composition chimique et la façon dont ils sont synthétisés dans l’organisme. De ce point de vue, la nourriture d’origine animale n’a rien de spécifique en elle-même, avec des nutriments qu’on ne pourrait obtenir ailleurs.

Cela n’a ainsi, par exemple, aucun sens de parler de protéines en général puisque ce qui compte est leur composition en acides aminés. L’organisme n’a pas besoin des protéines d’un autre organisme (végétal ou animal) en tant que telles, mais des acides aminés qui les composent, pour synthétiser ses propres protéines.

Est-ce possible de la faire uniquement avec des végétaux ? Oui, ça l’est. Est-ce facile de le faire uniquement avec des végétaux ? Oui, ça l’est, il n’y a pas besoin d’aller chercher des aliments « exotiques » pour cela, ni d’augmenter les apports dans des proportions particulières pour obtenir les acides aminés essentiels.

Il faut véritablement ne rien connaître au végétalisme et à la réalité de ce que mangent les végétaliens pour raconter des choses comme :

« L’alimentation végétalienne excluant toute forme de protéines animales (et donc d’une série d’acides aminés essentiels) nécessite en d’autres termes systématiquement l’augmentation des apports alimentaires supplémentaires par rapport aux besoins ainsi qu’une analyse précise des aliments consommés afin de s’assurer du meilleur équilibre alimentaire possible. »

C’est tout simplement faux. C’est d’autant plus faux qu’il est parlé à un moment de « protéines de haute valeur biologique », alors que justement cette « haute valeur » n’est pas quelque-chose de souhaitable pour la santé.

Qu’en est-il des autres risques de carence soulevés, en vitamine B12 , vitamine D, calcium, fer, zinc, iode et le DHA ?

La vitamine B12 ne pose absolument aucun problème ni ne nécessite de suivi médical particulier. La grande majorité des personnes végétaliennes prennent un supplément en vitamine B12 sous forme de bonbon ou comprimé, ou alors consomment des produits fortement enrichis. Cela est tout aussi facile à faire pour les enfants, sans qu’aucun risque ne soit avéré scientifiquement.

Le problème se pose d’autant moins pour les nourrissons, qui par définition doivent consommer le lait maternel et recevront la vitamine B12 présente dans le lait maternel de la mère qui n’est pas carencée.

Le problème qui se pose pour les nourrissons qui ne sont pas nourris au lait maternel n’est pas un problème spécifique au végétalisme. Il existe de nombreuses stratégies pour palier artificiellement (et insuffisamment) au lait maternel, mais le lait de vache ne consiste en aucune manière en une solution indispensable. Qu’ils soient d’origine animale ou végétale, ces produits de substitution ont une composition qui est élaborée très précisément de manière à correspondre le plus possible à la composition chimique du lait maternel humain, qui est très différent de celui des vaches.

Le problème de la vitamine D n’est pas non plus un problème spécifique aux végétaliens. En Belgique ou dans la partie nord de la France, tant les enfants que les adultes, végétaliens ou non, doivent se complémenter en vitamine D l’hiver pour palier au manque de synthèse fait par la peau grâce au soleil. Les personnes végétaliennes ou non qui ont une exposition suffisante au soleil n’ont pas de carence en vitamine D. C’est aussi simple que cela et c’est mentir que de prétendre l’inverse.

Il en est de même pour le calcium, le fer, le zinc, l’iode ou le DHA (via les oméga-3) : les carences en ces nutriments sont possibles, mais nécessitent simplement une alimentation équilibrée et diversifiée pour y faire face. Manger sainement, avec des produits de qualité le moins possible transformé industriellement, variés, suffit largement à couvrir les besoins. Les connaissances pratiques accumulées depuis des dizaines d’années de végétalisme permettent facilement d’avoir un équilibre alimentaire idéal.

Ce qui compte, il faut le rappeler encore, n’est pas tant les nutriments en eux-mêmes que la façon dont ils sont synthétisés. Les « scientifiques » écrivant des rapports tels que celui de l’Académie royale de médecine de Belgique ont du mal à comprendre cela car ils raisonnent mécaniquement, en séparant les éléments les uns des autres.

Le fer serait donc un problème pour eux, par exemple, car ils « voient » que le fer héminique (provenant du sang d’un animal) s’assimile plus directement que celui provenant des végétaux. Ils ne voient pas par contre que la vitamine C des fruits et légumes améliore grandement la synthèse du fer d’origine végétal pour les personnes végétaliennes.

Ce qui compte en alimentation, ce sont les synergies qui se forment lors du processus complexe de l’alimentation, à différentes étapes depuis la mastication jusqu’au passage dans les intestins.

Il est ainsi facile de faire peur volontairement en disant des choses complexes, sans rappeler que cette complexité s’organise en fait naturellement lors d’une alimentation simplement équilibrée :

« Par ailleurs la répartition respective des différents aliments végétaux (céréales, légumineuses, fruits-oléagineux, légumes et fruits) pour couvrir les besoins en un certain nombre d’oligo-éléments et de nutriments est absolument essentielle en particulier pour le calcium présent par exempledans le chou, les graines de sésame ou les amandes, et les omégas-3, présents dans les noix, le colza ou le soja. Il existe aussi un risque d’excès de fibres (phytates) par consommation importante de légumineuses et céréales, de fruits et de légumes pouvant interférer avec l’absorption digestive des minéraux et du fer. »

Il est aussi sacrément gonflé de la part de l’Académie royale de médecine de Belgique de parler de « déséquilibres métaboliques et l’obligation d’un suivi médicalisé » pour les végétaliens, alors que justement c’est l’alimentation moderne « omnivore » qui provoque un nombre grandissant de déséquilibres métaboliques (obésité, diabète) et qui est de plus en plus incriminée dans les cas de maladies auto-immunes.

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Société

Non, Benoît Hamon, le kebab n’est certainement pas un apport culturel

Voulant combattre le racisme à Béziers, Benoît Hamon a mangé un kebab et l’a revendiqué. Cela représente pourtant le degré le plus haut de souffrance animale, d’exploitation des travailleurs, d’alimentation anti-diététique, de produit ultra vite fait et ultra mal fait mais appétant, de petit commerce agressif et prêt à tout.

Benoît Hamon est, parmi toutes les figures actuelles de la Gauche, sans doute celle qui est la plus ouverte à l’esprit alternatif sur le plan du mode de vie. Il a très certainement de la sympathie pour l’esprit authentique des rastas, du respect pour les vegans, un intérêt pour les hippies, et si on lui parle du skate punk californien, il dira très certainement que c’est fort intéressant et nettement positif. Malheureusement, cela reste indéniablement extérieur à lui. Et de nos jours, le capitalisme est tellement puissant qu’on ne peut pas être alternatif à moitié.

Ainsi, Benoît Hamon a succombé à son manque de rigueur, à son formatage bourgeois. Cela part d’un bon sentiment, il est vrai : il est à Béziers, une ville dont le maire Robert Ménard joue sur la corde identitaire et nationaliste autant qu’il peut, dans une région fortement marquée par un racisme revendiqué. Il est également accompagné de Naïma Charaï, élue bordelaise à qui Robert Ménard intente un procès en diffamation.

Elle avait dit dans la presse l’an passé que celui-ci a été condamné pour incitation à la haine raciale. Le jugement avait en fait été réformé en appel (et non « cassé » comme le dit Benoît Hamon, qui confond avec un pourvoi en cassation). Dans ce cas, l’arrêt rendu par la cours d’appel rend caduque le jugement initial – c’est comme s’il n’avait jamais existé, puisqu’il est considéré que l’affaire a été mal jugée. Au sens strict, Naïma Charaï ne peut donc pas dire que Robert Ménard a été condamné pour incitation à la haine raciale.

Tout cela pour dire que, donc, jeudi 16 mai 2019, Benoît Hamon s’est filmé en train de manger un kebab, envoyant une « dédicace » à Robert Ménard, Marine Le Pen et Jordan Bardella. La publication a même été « épinglée » sur son compte Twitter de manière à ce qu’elle reste visible un long moment, dans le but d’en faire une actualité politique anti-raciste. Peut-on être pourtant plus incohérent ?

Il est invraisemblable qu’en 2019, il y ait des gens à Gauche pour valoriser le kebab. Pourquoi le kebab est-il si peu cher ? Parce que les animaux qui ont servi pour la viande ont connu le pire des enfers, dans le cadre d’un capitalisme ultra-agressif. Il ne s’agit pas seulement d’animaux par définition dans les abattoirs, il s’agit d’animaux connaissant le pire des abattoirs, car il s’agit ici de fournir la viande la moins chère de toutes. Les gens qui ont servi dans les abattoirs et pour les livraisons font partie des prolétaires les plus pressurisés, les plus exploités, en plus du caractère démolisseur psychologiquement de leur travail pour les premiers.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Spéciale dédicace à Robert Menard, @marine_lepen, @jordanbardella, en direct du meilleur kebab de #Beziers 📸 @teofaure

Une publication partagée par Benoît Hamon (@benoit_hamon) le


Le kebab est également ultra appétant, à coups de sauces grasses mélangées aux viandes, à la fois pour masquer le goût ignoble (les viandes étant les pires restes des secteurs déjà les plus agressifs de cette industrie) et pour contribuer à l’empiffrage, qui est le principal « plaisir » du kebab, comme pour la pizza, le hamburger ou le tacos. C’est le principe de la malbouffe et cela a un succès gigantesque dans notre pays.

C’est donc une catastrophe. Et il est tout aussi catastrophique de parler du couscous en le plaçant au même degré que le kebab, comme le fait Benoît Hamon par anti-racisme. Le kebab est une invention très récente, faite par des commerçants turcs à Berlin. Sa nature est industrielle, commerciale, un équivalent du hamburger ou du hot-dog.

Le couscous est quant à lui un plat relevant de la culture populaire, avec un profond équilibre nutritif, une recherche gustative au moyen d’une grande finesse dans le choix des éléments. Ce n’est pas une accumulation des pires viandes mélangée à de la sauce, coupée en petits morceaux et mélangés avec le fameux triptyque salade – tomates – oignons, dans un pain dont rien que la digestion coûte plus d’énergie au corps qu’il n’en apporte, avec des frites surgelées !

Si on conclut en plus en disant que les kebabs sont des repères patriarcaux, on aura tout dit. Benoît Hamon aurait dû comprendre le piège tendu par Robert Ménard qui ne cesse de dénoncer les kebabs depuis plusieurs années. Il aurait dû comprendre qu’il l’a fait pour se donner une image anticapitaliste romantique auprès des masses, qui ne sont pas dupes de ce que représente le kebab. Quant aux jeunes qui vont au kebab (surtout des jeunes hommes), ils le font passivement et s’en moqueront que Benoît Hamon le fasse également.

Les gens qui prennent des kebabs sont autant passifs que ceux qui vont au McDonald’s, et sont d’ailleurs souvent les mêmes. Quand on est à Gauche, on le voit bien et on comprend qu’il y a un problème. Benoît Hamon ferait mieux d’aller chercher l’adolescente qui se met à l’écart de ces lieux de commerce où règne l’attitude beauf par rapport au monde tel qu’il est, et qui bataille contre ses parents pour pouvoir assumer son véganisme. S’il y a quelque part de la dignité, l’avenir de la Gauche et même du monde, c’est bien là, et pas dans un kebab.

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Politique

Le parti animaliste aux élections européennes

Mouvement apolitique défendant une noble cause, le parti animaliste a mis en place une liste comportant exclusivement, à très peu de choses près, des gens relevant de la bourgeoisie, des entrepreneurs, des cadres. C’est là ne pas être capable de relier la question animale aux enjeux d’une époque attendant des changements profonds et populaires.

Pour ces élections européennes, il y a un « parti animaliste » qui se présente. Si l’on est sincèrement de gauche, alors on entrevoit quelque chose de positif. La question animale se pose enfin et cela devient un thème incontournable. Cela manquait véritablement et il est indéniable que le véganisme est depuis longtemps une valeur sûre de la Gauche dans de nombreux pays déjà, tels l’Allemagne ou l’Autriche.

Le thème était en fait déjà présent dans le mouvement ouvrier dès le début, avant de disparaître une fois qu’il a été récupéré par l’anarchisme, qui lui-même l’a abandonné. Il revient et c’est une bonne chose… À condition que le regard qu’on porte sur lui soit cohérent. À moins en effet de considérer que le rapport aux animaux, à la nature, ou encore celui des hommes sur les femme, soit un phénomène qui se balade au-dessus de l’économie et de la société, on ne peut pas échapper à la nécessité d’une analyse liée au capitalisme.

Quand on dit cela, cela ne veut pas dire qu’il suffit de penser qu’une fois le capitalisme critiqué, on est dans le bon camp. Il faut analyser la société et voir les valeurs qui vont avec. Le fait de manger de la viande de manière massive est une conséquence d’une démarche du capitalisme lui-même, qui cherche des moyens de se renforcer et qui voit une possibilité pour cela avec des gens toujours plus gros.

Le capitalisme exige également l’individualisme, l’indifférence aux autres, des choix purement individuels, en toute « conscience ». L’empathie et la compassion sont donc rejetés, tout comme l’exigence de la sensibilité par rapport aux vivants. Être véritablement à Gauche, c’est ici saisir cela et assumer une démarche personnelle ouverte à la nature, aux animaux, à la végétation. C’est ni plus ni moins quelque chose qui relève du Socialisme, ou du Communisme, comme on le voudra. En tout cas, c’est le sens de la socialisation la plus large, du partage le plus grand.

Or, le Parti animaliste ne se situe pas du tout dans une telle perspective. Et pour cause ! On trouve sur son site la liste des candidats. Qu’y trouve-t-on ? Plusieurs responsables des Ressources Humaines, un chef d’entreprise, une avocate, une ancienne conseillère en communication, un commercial, un ingénieur consultant, une maître de conférences, une analyste recherche, une professeure en marketing, des juristes, une gestionnaire marchés publics, une indépendante en conseil en stratégie, un directeur commercial, plusieurs professeurs, une responsable Administratif et Financier, etc.

Humainement, ces gens ont très certainement un rapport positif aux animaux, ils sont dans le bon camp. Mais de par leur nature sociale, ils contribuent inéluctablement à appuyer le capitalisme. Ils sont étrangers à la classe ouvrière, voire même ils sont eux mêmes des capitalistes. On sait bien ce qu’est notamment quelqu’un s’occupant des Ressources Humaines aujourd’hui dans notre pays… C’est une fonction qui, par définition même, s’oppose fondamentalement aux intérêts des salariés, c’est une arme de l’entreprise contre eux…

Pourtant, n’est-ce pas le système tel qu’il existe qui amène un rapport néfaste pour les animaux ? Et ne faut-il pas être cohérent ? Car des gens qui ont une position sociale très favorable dans un système ne remettent pas en cause le système. Des gens qui font partie d’un système ne peuvent pas aller au bout d’une logique prônant son renversement, son dépassement. Immanquablement, il y aura une capitulation, car ces gens vivent par le système lui-même. Seul le mouvement ouvrier peut porter quelque chose qui aille jusqu’au bout.

Et, pire encore, l’idée de faire de la défense des animaux un thème indépendant de tout le reste, est une attaque directe à l’idée d’un projet révolutionnaire bouleversant tous les aspects de la vie quotidienne telle qu’on la connaît. D’ailleurs, le système appuie lui-même le Parti animaliste, qui existe en participant aux élections et en touchant des fonds par conséquent de l’État, après avoir récolté des voix avec des affiches présentant des animaux, histoire de s’attirer les sympathies. Il se revendique haut et fort comme au-delà des classes sociales :

« La question animale est transversale, elle concerne toutes les familles politiques, toutes les catégories sociales, les ruraux comme les urbains, les jeunes comme les personnes âgées, … »

Rien n’est pourtant au-dessus des classes sociales. La question animale d’ailleurs moins qu’une autre peut-être. La défense des animaux est portée en très grande majorité par des femmes, et en grande majorité par des personnes d’un certain âge, et en grande majorité par des gens d’origine populaire. Cette vérité est très lourde de sens. Elle a toute sa dignité et est un appel à transformer la réalité, car ici des valeurs s’expriment qui exigent la compassion.

Cela n’a rien à voir avec des gens des hautes couches sociales qui, par en haut, veulent un changement, même s’il apparaît comme positif. Aucun changement n’est possible par en haut. C’est le peuple seul qui transforme la réalité. Qui veut défendre les animaux agit pour mobiliser le peuple et ne réduit pas en le véganisme un phénomène bobo, mais en saisit la portée historique, en liaison avec le Socialisme.

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Écologie

La Gauche devrait épauler les antispécistes du procès de Lille

Le procès des « antispécistes » ayant dégradé des vitrines et parfois attaqué par le feu des boucheries et des restaurants vient de se tenir à Lille. La Gauche a raté une occasion de s’exprimer sur un thème important… Elle peut encore le faire.

Trois femmes d’environ trente ans et un jeune homme sont passés en procès à Lille pour leurs actes commis dans le nord de la France : antispécistes, c’est-à-dire en combat contre la domination d’une espèce par une autre (le « spécisme »), ils ont visé des boucheries et des restaurants, cherchant à dégrader et à attirer l’attention sur leur cause.

L’image qu’ils ont donné d’eux au procès est celle de novices en politique, ayant des idées mais se demandant comment ils ont pu terminer au tribunal, voire même s’interrogeant sur leurs propres actes. On l’a compris, ils n’ont pas été véritablement protagonistes de ce qu’ils ont fait. Ils se sont saisis d’une question importante, cela les a dépassés et ils ont agi avec les moyens du bord sur le plan intellectuel et pratique.

Il serait donc tout à fait juste que la Gauche s’engage pour protéger ces gens de la vindicte des bouchers, charcutiers, restaurateurs… qui veulent une peine « exemplaire » et entendent bien que les amendes soient faramineuses, deux restaurateurs demandant pas moins d’ailleurs que 500 000 euros chacun.

La Gauche devrait épauler les antispécistes du procès de Lille, en leur fournissant les clefs pour comprendre ce qu’est l’État, l’économie, les choix de société, bref la politique. C’est un peu tard car le procès est passé, mais il est encore en temps de s’exprimer assez fortement pour ne pas que ces gens soient véritablement écrasés par quelque chose qui les dépasse.

Si en effet la Gauche ne s’est pas saisie de la question des animaux – ce qui est un erreur fondamentale – il n’en reste pas moins que celle-ci est d’une importance énorme, que cela soit sur le plan économique ou moral. Les quatre antispécistes vont se retrouver seuls face à toute l’industrie liée aux animaux, c’est-à-dire pour dire les choses expressément, face à toute l’industrie capitaliste liée aux animaux. À quoi s’ajoutent bien sûr tous les conservateurs de notre pays, tous les fanatiques du terroir, bien sûr tous les chasseurs, bref tous les réactionnaires.

On peut cependant partir du principe que la clémence, la mansuétude, la compréhension est un sentiment partagé chez les gens voyant bien qu’il y a un problème. Il faut donc que la Gauche s’exprime de manière correspondante à ce sujet et soit en phase avec ce qui représente une valeur positive : celle de la solidarité avec ceux et celles qui n’acceptent pas le monde tel qu’il est et cherchent des solutions concrètes.

Ce qui rend les choses bien difficiles, naturellement, c’est que la Gauche française est en miettes et que sur le plan des valeurs elle est contaminée par toute une série de mœurs libérales ou traditionnelles, selon. Il y a ainsi trop de gens à gauche qui tolèrent les chasseurs par libéralisme, voire pratiquent la chasse par « tradition ». On a ici un véritable problème, d’ailleurs tout à fait exemplaire de ce qui nuit à la Gauche.

On voit mal de ce fait comment la Gauche, qui n’est même pas capable de dénoncer la chasse à courre, pourrait s’exprimer en défense d’accusés antispécistes, alors que la remise en cause de la condition animale va encore plus loin. Mais peut-être que comme c’est plus loin, c’est d’autant plus facile à comprendre.

Personne ne pourra faire l’économie d’une réflexion et d’une modification de ses pratiques par rapport aux animaux dans les prochaines décennies. Et si l’antispécisme est une philosophie qui vaut ce qu’elle vaut, rien en attendant ne s’oppose sur le plan des valeurs de gauche à une pratique du végétalisme, du véganisme ; ne pas utiliser de produits testés sur les animaux ne devrait pas être bien difficile à comprendre comme démarche pour des gens de Gauche !

Voilà pourquoi, au-delà de ce qu’on peut penser des antispécistes de Lille sur leur démarche et leur philosophie, la Gauche devrait épauler ces personnes se retrouvant en première ligne dans un combat qui les dépasse de par son ampleur : c’est à la politique de prendre les choses en main.

> Lire ailleurs :

  • Le reportage sur le procès de La Voix du Nord :

Lille La prison requise contre deux défenseurs des animaux qui avaient attaqué des commerces

  • Le reportage sur le procès de France 3 Hauts-de-France :

Lille : 6 et 10 mois de prison ferme requis contre deux militants antispécistes

  • Un article sur le procès de La Terre d’abord :

Procès des antispécistes de Lille : Candide face aux juges

  • Le site du Comité de soutien aux activistes antispécistes :

Comité de Soutien aux Activistes Antispécistes

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Écologie

« Stop spécisme » : multiples arrestations à Lille

La police avait la pression : la frange la plus réactionnaire de notre pays comptait bien faire un exemple. Il fallait à tout prix alpaguer les gens ayant dégradé et peinturluré le slogan « stop au spécisme » sur neuf commerces à Lille et dans ses environs.

Canard street, « stop spécisme »

Le but de la course-poursuite pour procéder à des arrestations : empêcher que cela ne se fasse contagion. Il est vrai d’ailleurs que ces actions ont possédé une certaine émulation. Aux cibles lilloises initiales – la boucherie L’Esquermoise le 13 mai, la poissonnerie Au Petit Mousse le 18 mai, le restaurant Canard Street le 2 juin, puis toujours en juin la rôtisserie 3 Coqs – se sont ajoutées la Boucherie Pitel dans les Yvelines, la Fromagerie Madame à Wambrechies dans les Hauts-de-France, une boucherie à Thionville et une autre à Cattenom (toutes deux en Moselle), puis quatre à Fontenay-sous-Bois dans le Val-de-Marne, et enfin la Boucherie Du Parc à Epinay-sur-Orge en Essonne.

Au-delà de cela, il y a surtout la compréhension par la France la plus réactionnaire que tout cela allait abîmer le vernis faussement démocratique d’une France totalement agro-industrielle engloutissant les campagnes après les avoir déjà profondément défigurées.

Il faut d’ailleurs qu’on soit dans une situation bien catastrophique pour que quelques dégradations engendrent un tel remue-ménage chez les bouchers, les éleveurs et les médias. On est extrêmement loin des actions quotidiennes par dizaines et portées par un mouvement de masse comme cela fut le cas en Grande-Bretagne dans les années 1980 avec l’ALF.

Ce qui ne peut pas ne pas laisser penser que toute cette hystérie des bouchers, éleveurs et chasseurs est clairement surjouée, que c’est un cinéma visant à conquérir ou reconquérir l’opinion publique. Les réactionnaires sont agressifs et en veulent toujours plus. C’est la Droite à l’offensive, tout simplement. Il est grave d’ailleurs que la Gauche ne le voit pas, voire change de camp.

lille

Le PCF soutient ainsi ouvertement les chasseurs et Martine Aubry, maire de Lille, devant une boucherie dégradée en mai, a fait en sorte que la mairie se porte partie civile. C’est totalement aberrant d’un point de vue de Gauche.

Car quand même, hystérie réactionnaire ou jeu guignolesque, il reste que l’équilibre des idées concernant les campagnes, la nature, est tellement précaire que tout est prêt à s’effondrer du jour au lendemain, et qu’ainsi même quelques dégradations tapent là où cela fait mal. Le système est intenable, détruisant la planète et asservissant les animaux de manière abjecte. Cela ne peut tout simplement pas continuer ainsi.

Il y a donc lieu d’avoir un regard non pas critique, mais certainement plein de sympathie pour les personnes arrêtées, cinq femmes et un homme, une jeune femme de 21 ans se retrouvant inculpée et passant en procès le 14 décembre. Car il faut établir l’arrière-plan : la domination d’une agro-industrie capitaliste totalement destructrice et moralement infâme.

La Gauche, c’est la révolte contre l’ordre établi, pas son aménagement. C’est le mode de production lui-même qui est problématique. Inévitablement, la question animale s’avère explosive lorsque ce mode de production engloutit le monde lui-même. C’est aussi simple que cela, ou en tout cas cela devrait l’être pour toute personne de Gauche.

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Écologie

Le tribunal administratif rétablit le « Calais vegan festival »

La justice administrative saisie en urgence a tranché : l’initiative festive-commerciale Calais vegan festival doit avoir lieu. Néanmoins, la décision du juge des référés est une victoire en trompe-l’oeil pour les vegan. En effet,s’il s’agit bien d’une victoire juridique pour l’organisation du festival, l’ordonnance du juge administratif fait plus qu’enfoncer un coin dans le caractère alternatif du veganisme.

Pourtant, de part ses conséquences sur la vie quotidienne, le veganisme comme pratique écologique et comme éthique envers les animaux doit être discuté au sein du peuple dans toutes ses dimensions pour pouvoir s’affirmer largement.

Voilà la mécanique des arguments juridiques retenus par l’ordonnance de référé.Le juge considère que la Mairie de Calais a abusé de son droit de refuser la location de la salle en se retranchant derrière le risque de trouble à l’ordre public, sans pouvoir démontrer qu’elle n’était pas en mesure d’assurer la sécurité.

En pratique, la justice retient que le refus de louer la salle revient à interdire le festival, cette mesure doit dès lors être vue comme une mesure de police administrative. Cette mesure de police administrative constitue une entrave, manifestement illégale, à l’exercice de la liberté d’expresion et la liber du comerce et de l’industrie.

Pour soutendre son raisonnement, le juge valide le fait que les personnes morales (associations et sociétés commerciales) qui organisent et participent à ce festival doivent être dissociées des personnes qui ont commis les dégradations des commerces de bouche à Lille. C’est le professionnalisme des organisateurs (présence d’agents de sécurité) et le caractère marchand de l’évènement (présence de sociétés commerciales et entrée payante à la salle) qui a convaincu le juge que la Mairie devait assurer sa part de sécurité et accéder à leur droit.

Le tribunal marque ici une différence nette entre la nature du festival et la « détérioration de devantures de commerces spécialisés dans la vente de produits alimentaires d’origine animale par quelques activistes se réclamant de la défense des animaux ». L’organisateur du festival s’est par ailleurs empressé de jouer la corde de la dissociation et du pacifisme à la fois béat et commercical.

« Nous invitons toutes les personnes pacifistes, quelles que soient leurs idées, à venir à notre événement qui se veut amical, familial, informatif et non-violent. Venez découvrir de la nourriture, des boissons, des cosmétiques, des produits d’hygiène et ménagers, de la décoration, etc. Il y aura aussi des associations, des conférences, des ateliers, un espace pour les enfants, des tables & des chaises pour déguster les bons petits plats ou pour se reposer (…).

Nous demandons aux vegans et aux non vegans qui ont de la haine en eux de ne pas venir, car notre philosophie est basée sur le respect d’autrui, qu’il/elle soit humain-e ou animal-e. Ne venez pas pour provoquer : personne n’y gagnerait. »

L’ordonnance de référé enjoint donc, à titre principal, la Mairie de permettre l’organisation du festival au forum Gambetta ce 8 septembre. Et cette solution est vue comme une victoire. De fait, c’est bien la victoire des organisateurs et des personnes morales participantes. Mais, est-ce une victoire du veganisme ?

On peut surtout affirmer qu’il y a là un précédent facheux. Les mairies ou les loueurs de salles privés ne manqueront pas de soumettre les vegans à tout un tas de conditions censées garantir la sécurité. Mais surtout, cette décision de justice est de nature à accentuer la division existant déjà dans le mouvement vegan.

Le veganisme vécu comme un activisme au profit des animaux et contre l’industrie appuyée sur l’exploitation animale ne pourra plus trouver de soutien de la part des associations et des entreprises qui cherchent la reconnaissance des institutions.

Et puis, sur le fond, la raison pour laquelle les arguments de l’association ont prospéré est que la Mairie aurait entravé l’exercice de la liberté d’expression des vegans. Il s’agit là d’une posture libérale et non d’un véritable soucis démocratique. Ce que valide le juge, c’est l’apparence de débat garanti par la possibilité de l’expression d’une pluralité d’opinions. Les chasseurs et les bouchers doivent pouvoir manifester leur opposition et, parallèlement, les vegan doivent pouvoir tenir des stands pour vendre leurs produits.

Farce !

L’enjeu est bien au delà de ces libertés de pure forme. Au travers du veganisme, il est question du sort des animaux, des élevages, de l’industrie agroalimentaire, du devenir des industries des sous-produits animaux. Les opposants ne s’y sont pas trompés. Ils voient dans le veganisme une menace pour leurs revenus, mais aussi la négation de ce que certains considèrent comme des pratiques traditionnelles, un pan de la culture française.

L’Etat cherche à faire l’économie de l’affrontement des idées. En intégrant la frange la plus policée des vegan, ceux qui ont des visées commerciales, institutionnelles ou tout simplement une quête de renommée, la bourgeoisie choisit parmi les pratiques du veganisme celles qui sont strictement compatibles avec son mode de vie.

Le bon vegan sera le commerçant et le conférencier bon teint, ou même l’activiste bruyant et caricatural. Le veganisme sera voué au commerce de niche et à l’élite spirituelle, ou bien à un folklore répétitif et sans perspective. En garantissant à ceux-ci des droits à la condition qu’ils rejettent les vegan les plus vindicatifs, l’Etat joue son rôle de diviseur et de vecteur du libéralisme.

La question végane ne peut avoir de sens, inversement, que dans le développement de la conscience démocratique, pour que les questions véritables puissent être discutées dans la population, afin d’interroger la vie quotidienne, l’emprise terrible des industriels sur la production de nourriture, le sort effroyable réservé aux animaux, la barbarie qui irrigue les racines de la culture de notre pays.

Cela présuppose, indubitablement, une hostilité sans compromis avec les forces réactionnaires et les monopoles, sans quoi tout est vain.

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Réflexions

« La vie la pute »

Paris est un endroit parfois incontournable l’été, c’est après tout une grande ville pleine d’histoire, c’est aussi notre héritage fascinant, malgré toute la répulsion que l’on peut éprouver en pensant à quel point c’est désormais surtout la forteresse des nantis et d’une liste sans fin de prétendus intellectuels et artistes à leur service.

On regarde les rues en flânant et on se dit : quelle beauté, quel gâchis, quelle culture, quelle corruption, quel confort, les idées se chamboulent dans notre tête ! Et alors qu’on se dit que pour changer le pays, il faudra bien virer la moitié des Parisiens pour les remplacer par des gens du peuple, on peut, au détour d’une rue, être parfois frappé du fait que malgré les arrivages massifs de gens toujours plus aisés défigurant les rues, il reste des aspects populaires saisissants.

C’est par exemple une impression marquante, lors d’une simple ballade dans le centre, que de tomber début juillet sur la pittoresque manifestation hindoue consistant à tirer un grand char. Parmi les quelques centaines de personnes, surtout du Sri Lanka et façonnant de magasins et de restaurants une des rues longeant la gare du Nord, on retrouvait les Hare Krishna à l’origine de cette marche.

Il y a la recherche d’une joie qui ne peut laisser indifférent, quoiqu’on pense de tout ce folklore religieux et de son obscurantisme intellectuel. Ce n’est pas une vaine agitation, l’ambiance est colorée et pacifique, l’esprit vivifiant de l’Inde n’est pas loin et après tout, ne célèbre-t-on pas ici le végétarisme aussi ? Certains végans curieux, attentionnés et critiques, ne s’y trompent pas et on en trouve quelques uns, reconnaissables à leurs t-shirts témoignant de leur liaison avec la culture musicale du punk hardcore straight edge.

On trouvait d’ailleurs aussi quelqu’un à l’apparence pas forcément engageante, pour ne pas dire peut-être patibulaire sans vouloir l’offenser, avec un t-shirt des Cro-mags, ce groupe de musique lié à la culture Hare Krishna connu pour son album fondateur d’un certain hardcore agressif et abrasif propre à la ville de New York, The Age of Quarrel, en 1986. C’est la repentance suite à l’ultra-violence, comme l’a connu aussi « Petit Willy », un skin fameux pour sa brutalité fanatique dans les années 1980 à Paris avec le groupe nazi des « JNR » et qui vénère désormais en toute paix Krishna dans un monastère de Rouen.

Les cro-mags

La marche non forcée pour tirer le grand char finit par aboutir une centaine de mètres plus loin, place du Châtelet, où de nombreux stands étaient présents pour vendre diverses babioles alors qu’un rond et jovial animateur – coiffé et habillé comme Elvis Presley dans les années 1970 malgré une chaleur de plomb – mettait de l’ambiance pour annoncer de petits spectacles de danse et vanter le culte de Krishna.

Puis il y eut comme une apparition parmi ces gens formant, si l’on veut, un attroupement bigarré et connaissant malgré tout une certaine forme de communion. Il s’agit d’une femme, très clairement parisienne de par son style, avec cet air pincé que l’on sait. Ce qui était inscrit sur son t-shirt tranchait entièrement avec son environnement ; c’était une formule lapidaire, agressive comme savent en concocter les ambitieux cherchant à rendre à la mode leur production streetwear. On lisait ainsi, simplement mais avec une surprise dégoûtée, ce slogan allant droit au but : « La vie la pute ».

Cela relève de ces moments où toute l’absence de délicatesse de la vie en métropole nous prend à la gorge. Le cynisme s’affichant dans Paris est effrayant, effroyable, cependant là il n’a pas fait que se montrer, il s’est également présenté. Bonjour, je suis le fait de ne croire en rien, bonjour, je suis le fait de considérer mon petit moi comme unique et seul au monde, bonjour, je suis l’amertume.

Et cette présentation malsaine continuait inlassablement de se marteler après cette vision : bonjour, je suis l’âpreté, bonjour, je suis la rancœur, bonjour, je suis le ressentiment, bonjour, je suis le dépit, bonjour, je suis l’âcreté.

Et ce bonjour empoignait jusqu’à l’angoisse toute considération avant, heureusement, de s’en aller bien pensif de cet endroit.

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Écologie

Le « Calais Vegan Festival » annulé sous la pression réactionnaire

Le festival devait rassembler plusieurs centaines de visiteurs autour du mode de vie vegan (c’est-à-dire exempt de toute exploitation animale). Les visiteurs devaient, d’après le site internet de l’association, « découvrir des stands de nourriture, boissons, mode, décoration, hygiène, beauté, associations, etc. »

Les organisateurs ont dû annuler l’événement pour des raisons matérielles. Ils se sont purement trouvés privés de lieu. La mairie, propriétaire de la salle, a décidé d’en annuler la location.

La Mairie de Calais s’explique au travers d’un communiqué lapidaire. Elle dit avoir reçu des informations laissant penser que des troubles à l’ordre public étaient à craindre. C’est donc pour des raisons de sécurité qu’elle a décidé d’annuler l’évènement.

Elle précise, de manière assez maladroite, que la décision n’a rien à voir avec la nature du salon, c’est-à-dire avec le veganisme. Or, si la Mairie a reçu des menaces, c’est bien par rapport au thème du salon, c’est évidemment en raison du veganisme, sinon pourquoi ?

L’arrière-plan est d’ailleurs donné, sans filtre, par les perturbateurs eux-mêmes. Ainsi, le président du syndicat patronal des bouchers-charcutiers traiteurs du Nord endosse publiquement (ses propos sont repris par le journal Libération) la responsabilité des menaces en réaffirmant l’intention de « l’ensemble des acteurs autour de l’alimentation » d’aller « au contact » des vegans.

Les organisateurs comme les participants annoncés à l’événement (qui s’apparente plus à un salon professionnel qu’à un rassemblement d’activistes) rejettent quant à eux toute intention violente.

L’éditorialiste du journal local Nord Littoral avait, début juillet, annoncé la tenue du salon. Il rappelait le contexte tendu quelques jours après que les bouchers aient demandé la protection du Ministère de l’Intérieur suite à des dégradations volontaires de boutiques à Lille. Le journaliste en appelait naïvement au vivre-ensemble et concluait par une pirouette se voulant humoristique : « si vous n’êtes pas vegan, n’en faites pas un steak! »

A la lecture de ces lignes, le président de la fédération nationale des chasseurs avait réagi le jour-même avec virulence sur les réseaux sociaux. Il se positionnait sur le terrain politique de l’opposition au véganisme, lançant un appel du pied aux commerçants liés à la question animale.

La décision municipale ayant entraîné l’annulation du festival vegan est d’une portée bien supérieure à la simple gestion locale et la Maire de Calais est une élue habituée aux situations de violences ouvertes en pleine rue.

Face à cette menace de trouble à l’ordre public, l’État dispose des moyens nécessaires. La Ville de Calais pourrait s’en saisir. Or, tel n’est pas le cas. La Ville a donc fait un choix délibéré, celui de ne pas résister aux menaces et de ne pas assurer la sécurité du salon.

La Maire de Calais a cédé à la pression politique exercée par l’alliance des commerçants du secteur industriel utilisant des animaux et des chasseurs, qui esquisse un front de la réaction opposé à toute réflexion et intervention sur la question des animaux et de l’écologie.

Ils veulent par là maintenir un certain rapport aliénant aux campagnes et à la nature, afin de maintenir la chape de plomb de la France profonde sur les mentalités.

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Culture

Joël Robuchon a-t-il révolutionné la gastronomie française ?

Le décès de Joël Robuchon a donné lieu à toute une série d’éloges consacrant son talent et son rôle pour la cuisine française. Il est partout expliqué qu’il a bouleversé les traditions de la gastronomie en bousculant les codes.

Joël Robuchon est connu pour avoir dit :

« À part quelques expériences intéressantes, la grande cuisine française m’emmerde ! »

C’était dans un entretien au magazine l’Express, publié le 11 juin 2009. De manière plus précise, il expliquait juste avant :

« Le concept d’Atelier […] est une formule gagnante, surtout en temps de crise, car elle correspond exactement à ce que les gourmets et les hommes d’affaires veulent aujourd’hui : un comptoir qui donne directement sur les fourneaux, une cuisine minute et sans chichis, des produits de première fraîcheur, des sets de table, des couverts en Inox, un service décontracté et une addition raisonnable.

Il y a peu de temps, j’ai eu une conversation avec François Pinault, qui fréquente mes Ateliers dans le monde entier et qui me disait qu’il supportait de moins en moins les grands restaurants. »

Il précisait ensuite :

« Les plats sophistiqués à l’extrême, les nappes matelassées, l’argenterie, le ballet de trois garçons pour vous servir une assiette et les additions stratosphériques, j’ai assez donné. Il y aura toujours une place pour ce genre d’établissements, mais les clients exigent désormais plus de simplicité, quels que soient leurs moyens. Allez faire un tour dans les restaurants trois étoiles à Paris : la plupart d’entre eux sont à moitié vides… »

Ce grand chef français avait donc fait le choix de satisfaire une clientèle mondiale, cosmopolite, en quête de modernité et de rapidité.

     Lire également > Joël Robuchon, la grande cuisine française pour les riches

Les fioritures de la table française traditionnelle apparaissant pour nombre de ces gens comme dépassées, inutiles, voire encombrantes. Il y a bien-sûr, aussi, une coquetterie de grands-bourgeois qui veulent toujours du nouveau, pour s’imaginer différents, particuliers.

Dans un autre entretien à l’Express, en janvier 2016, Joël Robuchon expliquait :

« Les États-Unis font partie des pays où il y a le plus de végétariens. Même de vegan. On doit avoir des menus pour eux. A Las Vegas [dans son établissement], 20 à 30% de la clientèle est végétarienne, certains jours. »

Il affirmait également :

« Des pays qu’on n’attend pas se rendent compte de tous les bienfaits des produits sains, naturels, sans pesticides ou autres. La France est un des derniers d’Europe dans ce domaine. De toute façon, il faudra changer. »

On a là encore une volonté de s’adapter à une société changeante. Il adoptait un point de vue pragmatique, avec une démarche ouverte, non sectaire.

En mai 2013, dans un entretien au Figaro cette fois, il présentait un projet de restaurant à orientation végétarienne, à Bombay en Inde, avec ce discours :

« Mon constat est simple. C’est maintenant que se jouent les dix prochaines années. Elles s’appuieront sur la santé, et en cela, la cuisine végétarienne sera l’un des axes de cette évolution. Je veux être là. Voilà pourquoi, malgré l’avis de mes proches collaborateurs, j’ai décidé d’ouvrir un Atelier à Bombay à la fin de l’année. J’ai besoin d’apprendre leur cuisine et de suivre leur talent pour jouer avec les légumes et les épices. On n’imagine pas combien un simple plat de lentilles, de pois chiches, de courgettes ou de soja peut être grand… Aujourd’hui, je suis un apprenti, je recommence à zéro. »

Et quand les journalistes lui demandent si la cuisine végétarienne est vraiment de la gastronomie, il répondait franchement :

« Oui, regardez ce que font Alain Passard et Frédéric Anton avec une simple betterave. Le tout, c’est de ne pas s’enfermer dans la haute gastronomie et ses prix astronomiques, mais de rester sur terre. À l’image de ce que nous avons fait dans les Ateliers créés il y a dix ans: de la haute cuisine abordable avec un service convivial. Pas besoin de se compliquer la vie et de multiplier les prix par trois (étoiles). »

De manière intéressante, il a pu dire également :

« Nous quittons la cuisine sophistiquée pour aller vers plus de sagesse, ensuite ça tournera encore. La simplicité reste l’un des plus durs des challenges. Je rêve de voir le concours du Meilleur Ouvrier de France se jouer autour d’un panier de légumes ! »

Ce discours de « bons-sens », de simplicité élaborée, il l’a multiplié à l’envi. C’était comme une marque de fabrique, sa signature, à l’image de sa fameuse « purée ».

Joël Robuchon était-il une figure importante ayant fait avancer la gastronomie française ou bien a-t-il surtout eu un discours conforme à ses exigences commerciales dans une économie mondialisée ?

A-t-il révolutionné la gastronomie française ?

La France est un pays de lettres, donc quand il y a un sujet, il y a souvent au moins un auteur ou un écrit qui lui est associé. En ce qui concerne le gastronomie, c’est l’ouvrage La Physiologie du goût de Jean Anthelme Brillat-Savarin qui fait office de référence.

Publié en 1825, il y a près de deux siècles, toutes les prétentions de Joël Robuchon en termes de simplicité, de bon goût, d’authenticité dans les saveurs, d’intérêt pour la santé, y figurent déjà. Et en mieux, car c’est affirmé d’une manière bien plus radicale et universelle.

Le point de vue est évidemment bourgeois, mais il prend le parti de la civilisation, et non pas de simplement satisfaire quelques clients fortunés à travers le monde.

Jusqu’en 2018, Joel Robuchon a donc surtout été un homme en retard de deux siècles par rapport aux prétentions qu’a pu avoir la bourgeoisie en ce qui concerne la gastronomie.

L’ultra-formalisme et l’entre-soi porté par la grande cuisine française, ou du moins ce qu’elle est devenue au XXe siècle avec ses étoiles au guide Michelin, doit bien-sûr être critiqué, rejeté.

Mais il faut pour cela se tourner vers la population française elle-même, et non pas pratiquer la fuite en avant cosmopolite, au service d’une minorité d’ultra-riches mondialisée.

Bien sûr, la démarche d’ouverture sur le monde est forcément positive ; elle est d’ailleurs constitutive de l’identité française, et donc de la gastronomie française. Mais cela ne signifie pas qu’il faille pour autant jeter par la fenêtre l’héritage culturel français de la grande cuisine et tout l’art de vivre qu’il porte en lui.

La question du végétarisme, et surtout en fait du véganisme, est ici quelque chose de très intéressant. À partir du moment où la question des animaux dans l’alimentation est posée et qu’il est matériellement possible d’y répondre, une société pacifiée et civilisée doit forcément y répondre.

Joël Robuchon n’a pas vu cela, car il ne s’est pas intéressé à la société. Il a simplement entrevu cette possibilité, en tant qu’opportunité commerciale et défit technique. On peut penser que cela est utile, contribuant à faire évoluer les mentalités de par l’influence qu’il a sur la société en tant que grand chef. Mais ce n’est bien sûr pas suffisant. Sa démarche n’était qu’anecdotique, incapable d’aller dans le sens d’un réel engagement.

En ce sens, on ne peut pas dire que Joël Robuchon ait révolutionné la gastronomie française, il l’a simplement modernisé dans un sens plus conforme à son époque.

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Écologie

Stanislas Kraland : vegan mais pas vraiment

Stanislas Kraland est un journaliste français dont le premier livre a été publié récemment (mai 2018) : « L’expérience alimentaire ». Il a exposé ses motivations et son parcours dans des articles et des vidéos du Huffington Post.

Le parcours se résume facilement. L’auteur avait une certaine sensibilité envers les animaux et est devenu végétarien puis il a cherché à passer le cap du véganisme – sans jamais y arriver puisqu’il dit dans ses vidéos qu’il n’a jamais arrêté les produits laitiers. Cette transition lui aurait causé de nombreux problèmes sur le plan physique et sur le plan psychologique. Il s’est donc remis à manger de la viande.

 

sébastien kraland, huffington post blog

 

Stanislas Kraland se veut démocratique. Il souhaite engager le débat sur le véganisme et les risques qui y seraient liés, selon lui. Son but : que personne ne blâme personne, et qu’une discussion calme se construise. Les vegans ne devraient pas critiquer son retour en arrière car l’auteur n’a rien contre les vegans.

 

Les problèmes soulevés sont-ils de vrais problèmes ?

 

sébastien kraland, l'obsL’auteur évoque des problèmes physiques comme des « fringales de sucre », « chute de masse musculaire », des troubles au niveau de certaines articulations, tendinites, « crise de sciatique extrêmement aiguë », « sursautements de membres » en position allongée, une hypersensibilité auditive (son oreille « ne supportait plus le bruit d’une cuillère qui tombait par terre »). Il pensait que devenir vegan aurait forcément un impact positif sur sa santé, il n’a donc pas cherché à établir un lien immédiatement.

Voici pour la présentation des problèmes physiques. Intéressons, aux plus gros problèmes rencontrés : ceux psychologiques. Essayer de devenir vegan aurait plongé l’auteur dans un état dépressif. Pour preuve : il est allé voir en psychiatre qui lui a prescrit des anti-dépresseurs.

On apprend donc qu’il a commencé à se dire « je n’aime pas cette planète », « je n’aime pas ce monde », « je n’aime pas cette société », « je n’aime pas mon travail », « je n’aime pas ma famille ». La raison de tous ces maux ? Le changement d’alimentation, encore une fois.

Les premiers problèmes décrits ont encore un minimum de poids avant qu’on en arrive à l’étape de la dépressions. Comment accorder de la crédibilité au témoignage d’une personne vivant dans un monde merveilleux de bisounours et qui, en réalisant que l’humanité se comporte d’une manière barbare envers la planète (déforestations, réchauffement climatique, pollution, blanchiment de coraux, etc.) et les animaux (abattoirs, tests sur les animaux, chasse à courre, etc.), tombe de haut et commence à déprimer ?

 

sébastien kraland, huffington post blog

 

Le problème ici est que tout cela est du ressenti et que cette personne a abandonné des principes qu’elle avait voulu défendre (très très modérément puisqu’elle n’a jamais été vegan). Impossible de faire la part entre l’exagération, le somatisation, et la vérité. Ajoutons à cela d’éventuels mensonges par omission et nous nous retrouvons dans un débat sans fin.

Cependant, une chose transparaît clairement : cette personne cherche à tout pris à justifier son revirement. On apprend même que sa dépression serait due à une carence en tryptophane, un acide aminé qui serait moins disponible dans les végétaux. Il est tout de même étonnant de voir le nombre de personnes vegan depuis dix ou quinze ans, ou plus, qui n’ont pas ce genre de trouble… On nous répondra que chacun est très différent, que certaines personnes peuvent être vegan et d’autres non, etc. Encore une discussion sans fin.

 

Ego et psychodrame contre morale et démocratie

 

S’il est impossible d’affirmer quoi que ce soit avec une certitude inébranlable concernant les symptômes décrits, il est revanche très simple de juger la démarche de la personne.

Cette personne dit qu’être vegan a été une des expériences les plus difficile de sa vie dans une vidéo, tout en reconnaissant… qu’elle a continué à consommer des produits laitiers. Elle n’a donc jamais été vegan.

Cette personne se veut démocratique et veut aider les gens à prendre conscience des risques à devenir vegan. Elle veut que chacun fasse des choix de manière éclairée et amener tout le monde à reconnaître que tout le monde ne peut pas devenir vegan – en raison des risques encourus.

sébastien kraland, l'obs
Après le végétarisme, les élevages…

Pourtant dans aucune de ses deux vidéos, il n’est fait mention de visites médicales, de prises de sang, de tentatives sérieuses pour comprendre d’où provenaient ses problèmes. Nous n’avons le droit qu’a des ressentis. Si tout ce que l’auteur décrit est vraiment lié à une alimentation végétalienne et qu’il était vraiment sincère, il aurait évoqué ses consultations, il aurait demandé si de l’aide pour savoir si d’autres personnes avaient les mêmes problèmes, et si oui, comment les surmonter.

Si cette personne avait un minimum de sincérité, elle ne profiterait pas des problèmes liés, encore une fois selon l’auteur, à une alimentation « quasi-végétalienne » pour vendre son livre.

Nous avons donc une personne qui a été vegan-mais-pas-vraiment-au-final, qui veut informer mais ne donne aucune information utile et qui profite de toute cette histoire pour mettre en avant son égo. On retrouve malheureusement la démarche insupportable de chez certains journalistes, doublé d’un niveau de conscience politique ras-les-pâquerettes, et d’un esprit carriériste étranger à toute l’histoire de la social-démocratie et du mouvement ouvrier.

Devenir vraiment vegan

Le véganisme est devenue une mode ces dernières années, tout particulièrement dans les centre des grandes villes comme Paris. De plus en plus de personnes le deviennent, mais qui dit mode dit égo et superficialité. Et cela se vérifie avec des personnes comme Stanislas Kraland.

Il n’est pas le premier à arrêter et faire une vidéo publique pour expliquer ses raisons. La santé est un argument massue dont bon nombres d’ex-vegan ont abusé pour justifier leur capitulation.

Pourtant, le véganisme porte quelque chose de fort et il est évident qu’une société socialiste ne peut que devenir vegan. L’humaniste Thomas Moore dans son Utopie, avait relégué l’abattage à l’extérieur de sa cité. Ce travail était même réservé aux esclaves, jugé disgracieux pour ces citoyens. Et quelques siècles plus tard, le végétarisme était un thème mis en avant au sein du mouvement ouvrier. Il est évident que tout notre rapport à la Nature et aux animaux doit changer.

Le véganisme va dans le sens de l’histoire, mais des personnes comme Stanislas Kraland préfèrent se cramponner au faible prestige que leur offre notre époque. Ces personnes veulent avoir l’air bien, elles pensent faire bien… jusqu’à ce qu’elles craquent, lorsqu’elles en ont marre de sacrifier quelques petits moments de confort. A ce moment-là arrive l’excuse de la santé: « ce n’est pas de ma faute, c’est mon corps ».

Arrêter est une chose, arrêter après avoir critiqué l’exploitation animale pendant des animaux en est autre. Et le faire, en plus, en se mettant en avant est immonde.

Stanislas Kraland est devenu un argument supplémentaires des anti-vegan. Il est devenu un allier objectif des boucheries, des éleveurs, et de toutes les personnes qui tuent et exploitent des animaux : « vous voyez, l’humanité ne pas devenir vegan ». Il n’est que l’expression d’une tendance de fond, d’une vague qui refuse d’aller de l’avant et se tourner vers la planète et les animaux.

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La gastronomie végan et ses « chefs étoilés »

Au début du mois, une dizaine de chefs étoilés (absolument pas véganes) a signé une tribune dans Libération intitulée « La gastronomie végan a aussi ses chefs étoilés ».

Au rythme des saisons, potagers et vergers sont une source infinie d’inspiration. D’ailleurs, pour le chef Joël Robuchon, il ne fait aucun doute que «la cuisine végétarienne sera celle des dix prochaines années». Aujourd’hui, la gastronomie végétale ne cesse de se développer et de convaincre.

Dans nos restaurants, où la viande et les productions animales ont longtemps tenu une place centrale, la demande pour la cuisine végétalienne est toujours plus forte. Elle n’est plus cantonnée à l’accompagnement ou à la garniture d’un plat principal habituellement carné : elle devient l’essence même d’un plat, d’un menu.

Nous sommes aux commencements d’une nouvelle histoire et d’une nouvelle culture culinaire qui n’ont pas fini de nous surprendre. Peut-être l’intérêt de certains grands chefs pour la cuisine végétale a-t-il de quoi étonner.

Nous-mêmes, restaurateurs, chefs cuisiniers, pourrions être déstabilisés de voir nos habitudes culinaires malmenées et notre apprentissage (largement basé sur les produits d’origine animale) mis à rude épreuve.

Et pourtant ! Quelles belles perspectives s’ouvrent à nous, qui savons qu’en cuisine, tout est affaire de plaisir et de découverte ! Satisfaire sa clientèle, lui proposer un voyage gustatif, partager ensemble de nouvelles saveurs et textures… La cuisine végétale nous engage à relever ces défis.

Qui aurait en effet prédit que les noix de cajou ou les amandes pourraient permettre la confection de fromages végétaux ?

Qu’il serait possible de composer des mousses au chocolat ou des meringues en utilisant du jus de pois chiche à la place des œufs traditionnels ? Ou encore que le soja et le blé offriraient la possibilité de cuisiner des substituts à la viande animale ?

Et les légumineuses, comme les lentilles vertes, qui apportent goût et texture à un pâté végétal ? Enfin, que dire de ces fruits et légumes oubliés ou venus d’ailleurs, pourtant si riches en saveurs, qui apportent couleurs et originalité à notre cuisine, tels le raifort, le yuzu, le citron bergamote, la betterave jaune, la carotte violette ?

Sans compter ces céréales que notre culture occidentale a délaissées ou connaît si peu, alors même qu’elles peuvent réaliser de petits miracles en cuisine : le sarrasin, le petit épeautre, le kamut…

Nous pensons qu’aimer la cuisine, c’est oser relever de nouveaux défis, briser les codes et revisiter sans cesse la gastronomie dite «traditionnelle».

Penser et créer un menu entièrement végétal, c’est s’amuser : jouer sur la présentation, la coupe des légumes, les cuissons, les associations de saveurs et de couleurs.

C’est faire honneur à notre passion, tout en étant conscient des enjeux environnementaux. Vous aussi, laissez-vous surprendre par la cuisine végétale, et surtout soyez curieux !

Signataires : Jean-François Bérard Les Collectionneurs, La Cadière-d’Azur (Var), Jean-André Charial L’Oustau Baumanière, Les Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône), Julien Dugourd La Chèvre d’or, Eze (Alpes-Maritimes), Lionel Giraud La Table Saint-Crescent, Narbonne (Aude), Grégory Hamon Zest, Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), Xavier Isabal Ithurria, Aïnhoa (Pyrénées-Atlantiques), Clovis Khoury Maison Clovis,Lyon, Geoffrey Poësson La Badiane, Sainte-Maxime (Var), Marina Réale-Laden Château de Coudrée – François-Ier,Sciez (Haute-Savoie), Emmanuel Renaut Flocons de Sel,Megève (Haute-Savoie), Christian Sinicropi Hôtel Martinez, Cannes (Alpes-Maritimes), Stéphane Tournié Les Jardins de l’Opéra, Toulouse (Haute-Garonne), Benoît Vidal L’Atelier d’Edmond, Val-d’Isère (Savoie).

Objectivement, que dire de ce torchon? Tout d’abord, la restauration gastronomique est une aberration économique.

Même si l’on adopte un point de vue capitaliste, c’est un investissement catastrophique, qui n’existe que pour deux raisons : a) l’existence d’un marché du luxe visant à satisfaire les exigences d’une clientèle fortunée qui souhaite se distinguer du commun des mortels par ses choix de consommation et b) l’existence de cuisiniers-entrepreneurs qui se prennent pour des artistes, alors que la cuisine est, au mieux, dans sa forme la plus élaborée, un artisanat.

Rappel des chiffres : les repas gastronomiques représentent seulement 1% des repas consommés hors domicile en France.

Le ticket moyen d’un repas pris hors domicile le midi, lui est de 13,10 euros, mais un tiers des ces repas coûte moins de 10 euros… contre 150 euros pour un repas pris dans un deux étoiles.

La restauration gastronomique doit donc être vue comme une vitrine, et quand cela fonctionne, c’est parce que qu’il y a derrière un empire économique composé de lignes de produits en barquettes vendues en grandes surfaces, d’émissions de télé, de complexes hôteliers, de poêles en téflon, d’écoles de cuisine, etc…

La gastronomie a toujours souffert d’une crise d’identité, prétendant être ce qu’elle n’est pas, pour essayer de cacher son vide culturel abyssal. Pour occulter l’essentiel, à savoir qu’elle est un loisir à destination de la bourgeoisie. Et que hors de ce périmètre, elle n’a aucun sens et aucune raison d’être.

Comment peut-on se fantasmer artiste, quand on méprise totalement la vie et qu’on ne voit qu’un « produit » à « travailler »? Il faut être totalement déconnecté du réel, et les protagonistes de la haute cuisine sont passés maîtres dans l’art de se raconter des fables.

A leur décharge, c’est grâce aux bataillons de personnes aliénées volontairement impressionnables à la vue d’un homme en blanc en train de renifler pensivement un bouquet de sarriette, qu’ils trouvent encore une forme de validation culturelle.

Et donc, quel sens accorder à la tribune parue dans Libération « La gastronomie végan a aussi ses chefs étoilés »?

Eh bien d’abord, c’est purement de l’opportunisme, mais comme tous les opportunistes intelligents, ces grands chefs ont tout d’abord eu le soin de développer une passion pour leur nouveau sujet d’étude, car oui évidemment que c’est un plaisir de cuisiner sans souffrance animale.

Ensuite, c’est un constat à la ramasse, avec la fameuse citation de Joël Robuchon, « la cuisine végétarienne sera celle de ces 10 prochaines années », déjà vieille de 4 ans. Dépéchez-vous, il ne vous reste que 6 ans!

Enfin, c’est une provocation. Aux menus de ces chefs-entrepreneurs, on trouve entre autres, « Veau et foie gras » à 75 euros, et « Le Trio: Terrine de la Cheffe, coussin de Pieds de Veau « Tremollette », Foies de Volaille, condiment médiéval », entrée à 22 euros.

Comment, dans ce contexte, peut-on prétendre avoir un quelconque rapport avec le véganisme? C’est grotesque, obscène. D’ailleurs, il n’y a dans la tribune aucune référence à des considérations morales, à des choix de vie, de société.

Ce triste constat n’est que le reflet de ce qui est en train d’arriver au véganisme, qui est vidé de son contenu pour ne devenir qu’un produit de niche, une part de marché, alors que l’exploitation animale se fait chaque jour plus violente au niveau mondial.

Aujourd’hui, une jeune personne végane qui souhaite se former professionnellement au métier de cuisinier doit affronter un véritable parcours du combattant pour être prise au sérieux, arriver à valider son apprentissage, et trouver un emploi.

Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des contradictions de notre époque, mais qui illustre bien la nécessité de faire un recadrage de ce qu’est le véganisme, à savoir, un choix de société. Et ces gens-là n’ont rien à dire, rien à apporter qui puisse faire avancer l’humanité et son rapport à la nature.

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278 recettes de cuisine végétalienne

278 recettes de cuisine végétalienne, dans le document au format PDF ci-dessous (cliquer sur l’image).