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S’engager sur des courses de vélo

Le titre de l’article est au pluriel car en effet, on ne s’engage pas sur « une » course de vélo, mais sur toute une série de courses. Une course de vélo n’a de sens que si elle s’inscrit dans une saison, en général de février/mars à septembre/octobre.

C’est comme au football, ou bien dans la plupart des sports en fait. Il y a un travail de longue haleine avec une vision à long terme, pour une série d’événements. La différence, c’est qu’au football, il y a une accumulation quantitative de résultats, des défaites, des victoires et des matchs nuls, qui donnent un certain nombre de points et déterminent un classement final.

Au vélo par contre, il s’agit d’accumuler qualitativement la participation à de nombreuses courses pour parfaire sa forme et décrocher à un moment une victoire.

Si une course de vélo est très exigeante en elle-même, ce qui compte et qui demande beaucoup d’effort est surtout l’arrière-plan qu’elle sous-tend. Il faut beaucoup de préparation pour se présenter sérieusement sur la ligne de départ, en ayant la capacité au moins de peser sur la course, si ce n’est de la gagner.

Cela commence à la fin de l’automne avec des petites sorties, qui se transforment ensuite en hiver en de longues sorties collectives d’endurance. A cela s’ajoutent, au fur et à mesure de la préparation hivernale, des entraînements spécifiques, souvent travaillés individuellement.

Il s’agit de développer sa vélocité (tourner vite les jambes), sa force (appuyer fort sur les pédales), son explosivité (pour les sprints), sa capacité à résister à l’acide lactique (pour les efforts soutenus de plusieurs minutes). Il faut surveiller attentivement son alimentation et son hydratation, pendant, avant et après le vélo.

Il y a également le travail en bosse, les relais en groupe à vive allure, l’accumulation de travail à haute intensité sur de très courtes périodes, l’exercice individuel prolongé (type « contre la montre »), le gainage, etc. Tout ce travail doit être relativement maintenu durant la saison, en semaine, ou parfois le week-end lorsqu’on ne fait pas de course.

Il existe différents schémas, voire des stratégies très différentes, pour arriver en forme sur les courses au printemps. Ce qui est incontournable toutefois est la nécessité d’un travail qui est à la fois prolongé et structuré, donc réfléchi.

Il ne s’agit pas simplement de faire des efforts, mais plutôt d’un véritable engagement. C’est d’ailleurs le nom que portent les inscriptions sur les courses amateurs de la Fédération française de cyclisme, quelque-soit le niveau. On dit qu’on s’engage sur telle ou telle course et on paie son droit d’engagement (à moins que ce soit le club qui paie, pour les coureurs ayant un bon niveau et faisant partie d’une équipe structurée avec un peu de moyen).

Cela n’a rien à voir avec le fait de « s’inscrire » sur un événement, de manière consommatrice (par exemple un événement « gravel », une « cyclo-sportive », etc.) La grande différence tient en le rapport à la victoire.

Quand on s’inscrit à un événement, il n’y a rien à gagner, si ce n’est une petite satisfaction personnelle, qui est en réalité très consommatrice (on a acheté un dossard et on est content d’avoir terminé l’événement).

Une course, une véritable course, c’est autre chose. On ne gagnera pas forcément, mais ce qui compte est d’envisager concrètement et pratiquement la victoire. On se prépare longtemps pour gagner et on se donne les moyens sur le moment pour gagner.

Il faut ainsi prendre en compte le règlement, avec des arbitres qui surveillent la course et sanctionnent, comme dans n’importe quel autre sport. Et puis il y a la tactique, car on doit courir autant avec sa tête qu’avec ses jambes, comme le dit l’expression.

Pour gagner une course de vélo, il faut être attentif aux moindre mouvement du peloton, repérer ses adversaires les plus en forme, « sentir les coups », c’est-à-dire observer avec ses yeux, mais surtout avec son corps, les moments où il faut vraiment produire un effort, et ceux où il faut au contraire « laisser filer » pour ne pas perdre inutilement de l’énergie.

Ainsi, il y a une autre dimension à l’effort lors d’une course. C’est un effort qui devient productif, autant qu’il est collectif. Car on ne gagne pas tout seul, mais grâce à ses adversaires que l’on a battu (et parfois grâce à ses équipiers avec qui on a produit un travail d’équipe).

Cela est d’autant plus intéressant qu’une course de vélo s’inscrit forcément dans un arrière-plan culturel et produit elle-même une culture. Il y aura des anecdotes chaque année sur telle course, des habitudes se forment au fur et à mesure des années, avec un palmarès, des records, des façons de gagner ou perde telle course, un public qui supporte et commente, etc.

Les courses cyclistes en elles-mêmes sont et produisent une culture, avec une mentalité propre, avec des figures locales, avec des habitudes qui évoluent (en 2023, pratiquement tous les coureurs ont des chaussures blanches, alors qu’elles étaient systématiquement noires il y a quelques années), avec d’autres habitudes qui sont extrêmement bien ancrées (on ne se présente pas sur une course avec des jambes qui ne sont pas rasées ou épilées ! )

Voilà pour quoi il faut s’engager sur des courses de vélo quand on aime le vélo ! Comme pour n’importe quel autre sport d’ailleurs, il faut s’engager et faire des compétitions, de manière sérieuse ! Au moins quand on est jeune. Et puis devenir arbitre, entraineur, encadrant, dirigeant, bénévole d’un jour, etc.

Il ne faut pas être de simples consommateurs de la vie, mais de véritables acteurs de la société, ayant une vie culturelle riche, productive et concrète ! Les courses de vélo sont une excellente école pour cela !

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Comment acheter un vélo ?

Quelques conseils de base.

Acheter un vélo n’est pas une chose facile, surtout à notre époque où le capitalisme exerce une pression immense sur les consommateurs. Soit pour vendre des choses inutiles, soit pour faire croire qu’il est possible d’avoir des choses bien en ne dépensant pas grand-chose.

Typiquement, le « vélo à assistance électrique » est une chose inutile. Si on ne veut pas pédaler, il ne faut pas s’acheter un vélo. Et si on s’estime pas assez en forme pour faire du vélo… et bien justement il serait temps de faire du vélo pour être en forme !

Inversement, les supermarchés et les chaînes de magasin de sport vendent des vélos très lourds, avec des composants de basse qualité qui sont difficilement remplaçables, mais ils prétendent qu’ils vendent des bons vélos pour pas cher. Il faut absolument éviter tous ces magasins.

Un vélo est un objet technologique de grande valeur qui doit être entretenu convenablement, ce qui n’est pas possible avec un vélo « discount » acheté dans une chaîne. Seul un bon vélo aura une bonne base et pourra être entretenu convenablement. Reste à savoir maintenant ce qu’est un « bon » vélo.

Souvent, le marché de l’occasion est une bonne solution, surtout pour des personnes jeunes disposant d’un faible budget. Cela nécessite par contre de la rigueur pour ne pas acheter n’importe quoi. Il est préférable d’avoir l’avis d’une personne connaissant (vraiment) le cyclisme avant d’acheter un vélo qui n’est pas neuf. L’occasion en magasin est une solution envisageable, bien que plus cher qu’en vente directe.

De manière générale, on peut distinguer deux grandes catégories d’usage déterminant l’achat d’un vélo. Soit pour les déplacements quotidiens et aller au travail, soit pour le loisir et le sport.

Dans le premier cas, le vélo d’occasion peut être une solution pour des trajets courts, sur des voies urbaines lentes et sécurisés. On cherchera alors typiquement un vélo de marque des années 1970 ou 1980, en acier. Avec un entretien régulier chez un professionnel, une fois par an, c’est très souvent une bonne idée, car ce sont des vélos robustes, qui sont très confortables sur des petits trajets et efficaces.

Toutefois, dès qu’on cherche à faire des trajets quotidiens longs, de plus de 20 à 30 minutes, voire très longs, de plus de 40 minutes, alors il faut se tourner vers le neuf. Ou alors vers de l’occasion mais en très bon état, et surtout, récent. Cela pour deux raisons essentielles, ainsi qu’une troisième relativement importante : d’une part le confort, d’autre part la sécurité, enfin le rendement.

Pour le loisir, c’est un peu l’inverse. Pour un usage occasionnel et peu intense sportivement, il sera difficile (et peu intéressant) de trouver un vélo de qualité en occasion. Autant se tourner vers du neuf et en profiter pour s’intéresser à l’univers du cyclisme en cherchant à développer sa propre pratique.

Par contre, pour un usage sportif, même débutant, même pour de simples longues ballades, on trouvera facilement en occasion des vélos en bon état et récents, qui permettent d’avoir un très bon matériel pour un coût moindre. Mais attention, cela demande de la vigilance et de la discipline pour bien étudier les annonces avant d’acheter.

Résumons ici les quatre grandes catégories définies ci-dessus, avec un ordre de prix (hors vêtements et casque).

Pour le quotidien avec des trajets assez courts, sur routes sécurisées (pistes cyclables, centre-ville ou bourg) et uniquement sur revêtement dur (bitume) :

50€ à 100€ d’occasion + 50€ minimum pour une première révision + 20€ à 100€ d’équipements (lumières, panier, garde boue, etc.)

On cherchera un vélo en acier, typiquement un Peugeot en bon état, avec un panier à l’avant ou un support à l’arrière pour des sacoches.

Ce vélo par exemple est vendu pour 70€ sur un site de petites annonces. Il faut ajouter des catadioptres, enlever les dynamos pour les remplacer par des lumières rechargeables, passer chez un mécanicien cycle pour vérifier les éléments de sécurité, puis le tour est joué !

Pour le quotidien avec des trajets de plus de 20 minutes, sur route et chemin cyclable :

1000€ à 3000€ neuf + 50€ à 500€ d’équipement.

On cherchera nécessairement un garde-boue ainsi que de quoi transporter ses affaires.

Ce Bergamont Sweep 6 EQ par exemple est vendu 1150€ neuf.

Pour le loisir occasionnel et peu intense :

– environ 1000€ neuf, et pas forcément d’équipement.

Par exemple, ce VSF Fahrradmanufaktur T-100 vendu 1200€ est un choix intéressant.

Pour un usage sportif débutant :

1000€ à 2000€ d’occasion, à partir de 2000€ neuf (ou 1500€ pour un gravel) + 100€ à 500€ d’équipements (lumières, pédales automatiques, kit de réparation, GPS, etc.)

Souvent, il se posera ici la question de privilégier un vélo typé gravel, ou randonnée, ou plutôt route. Un article sera disponible prochainement pour aider répondre à cette problématique. De manière générale, on évitera les VTT, à moins d’en faire un usage très spécifique de manière sportive, et donc avec du matériel de très haute qualité.

Voici par exemple un vélo route d’occasion vendu pour 1700€ sur un site de petites annonces. Ce Canyon Ultimate en carbone équipé d’un groupe Shimano Ultegra mécanique 11 vitesses et d’une bonne paire de roues brontrager est un excellent vélo sportif et peut tout à fait servir y compris sur des courses !

Ce gravel Jari 2.1 de chez Fuji est vendu neuf pour 1600€ est également un très bon vélo, qui sera durable dans le temps et se revendra très bien même dans plusieurs années.

Ensuite, quelque-soit le type de vélo, il faudra régulièrement le nettoyer et surveiller les éléments de sécurité. Une visite annuelle chez un professionnel du cycle s’impose, à moins de se former rigoureusement pour effectuer soit même les opérations d’entretien.

En voici les principales :

  • vérifier régulièrement son freinage et savoir le régler, remplacer les patins ou les plaquettes de freinage, effectuer une purge le cas échéant.
  • vérifier, nettoyer et huiler régulièrement sa chaine, la changer tous les 3000 km environ.
  • vérifier et ajuster régulièrement le réglage du dérailleur.
  • vérifier régulièrement la pression des pneus et les changer en cas d’usure.
  • vérifier régulièrement tension des rayons des roues, ainsi que l’ensemble des serrages et vis du vélo.

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Société

« Le vélo des champs doit obtenir la même sécurité que le vélo des villes »

Communiqué de presse.

Voici un communiqué initié par l‘association « Mon vélo est une vie », qui fait un travail de longue haleine en ce qui concerne la sécurité routière à vélo. Il y est question du vélo sur les routes de campagne, qui est il est vrai bien souvent oublié, car toute l’attention à notre époque se porte sur les grandes métropoles.

Voici le communiqué datant du 31 janvier 2023, suite à un dramatique accident en Bretagne. Dramatique, mais nullement étonnant pour qui a l’habitude de circuler à vélo sur les routes de campagne françaises. Il y a sur ce sujet, comme tant d’autre, une véritable révolution culturelle à mener.

« Les cyclistes Français en danger de mort

Samedi 21 janvier 2023, sur la départementale 84 à Plouagat, un automobiliste alcoolisé a fauché treize jeunes cyclistes du Vélo Club du Pays de Guingamp.

L’automobiliste a percuté de front les coureurs qui roulaient en groupe et ensuite pris la fuite. Encore une fois, ces accidents en route de campagne ont impliqué des cyclistes sportifs en qualité de victime.

Plus de 60% des cyclistes trouvant la mort après un accident roulaient en dehors des villes. Ces cyclistes regroupent des pratiquants sportifs affiliés dans des fédérations aussi bien que des pratiquants en loisir.

La conséquence de cette insécurité peut entraîner une diminution des licenciés auprès des fédérations, qui ont la route pour seul terrain d’entraînement, une diminution générale de la pratique du vélo, qui est enjeu majeur de santé publique et des mobilités.

Nous comprenons l’inquiétude des parents qui confient leur enfant à une structure affiliée afin de pratiquer sur des routes de campagne ouvertes à la circulation.

Comment les rassurer lorsque l’on sait que chaque cycliste a peur de se faire percuter par l’arrière ? En effet, nombreux sont ceux qui mentionnent l’irresponsabilité de certains automobilistes qui ne respectent pas les distances de sécurité d’un mètre cinquante lors des dépassements.

Comment pouvoir les rassurer lorsque l’on sait que certains voudraient faire un strike d’un groupe de cyclistes? En effet, nombreux sont ceux qui pourraient témoigner de la dangerosité dont les chauffards font preuve au quotidien.

C’est pourquoi le vélo des champs doit obtenir la même sécurité que le vélo des villes.

Avec l’incitation du gouvernement aux mobilités douces, le vélo des champs doit obtenir la même sécurité que le vélo des villes. Que ce soit dans un but sportif ou de loisir, nous devrions pouvoir rouler sans avoir peur des délinquants de la route Nos futurs champions dont certains participeront peut-être aux Jeux Olympiques de Paris 2024, sont tout aussi concernés que les voyageurs à vélo ou tout pratiquant de loisirs.

C’est avec cette volonté que nous demandons aux Ministères des Sports et de l’intérieur d’organiser au plus vite un Grenelle de la mobilité en conviant les associations et les fédérations signataires de ce communiqué. L’objectif sera de rapidement établir une stratégie de sécurité afin de diminuer le taux de mortalité) sur les routes en cohabitant et en partageant au mieux la chaussée.

Signataires :

– Fédération Française de Cyclotourisme (FFVélo)

– Mon vélo est une vie

– 40 millions d’automobilistes »

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Politique

Le cycliste Romain Bardet à propos du sport sur France Inter

Le coureur cycliste Romain Bardet était l’invité de l’émission Par Jupiter sur France Inter jeudi dernier. C’est une émission satirique mais néanmoins sérieuse, typique de l’esprit de la gauche française.

Voici une retranscription d’un échange intéressant concernant certaines pratiques liées au sport.

On peut l’écouter à partir de 44min 30 secondes sur ce lien.

« Charline Vanhoenacker : Voici un sujet sur le sport extrême où les gens veulent se surpasser.

Il y a de plus en plus de salles et d’adeptes de cross-fit, de sports inspirés des méthodes de l’armée américaine et aussi beaucoup de vélo en salle où les gens cherchent à flirter avec le rouge.

Quasiment parfois à la suffocation, certains rendent sur le parquet après le sport. Est-ce que vous comprenez cette démarche de vouloir se surpasser ?

Romain Bardet : Non j’ai un peu de mal je vous avoue. Cela m’est un peu étranger, ce n’est pas la conception que j’ai originel du sport. C’est vrai que le sport m’a été inculqué par mes parents, c’était les grandes randonnées le dimanche à vélo, finir le col avec mon père, profiter des paysages, faire un pic-nique dans l’herbe tout simplement.

C’est découvrir des lieux, être au grand air et pour moi les séances, voilà quand faut rester à l’intérieur, c’est de la véritable torture mentale, parce que ce n’est pas la conception que j’en ai.

On a la chance d’avoir une grosse diversité des paysages en France et pleins de choses à découvrir et je pense que le sport amène aussi ce lâcher prise, quand on va dans des grandes étendues, des grands espaces, les montagnes, moi les volcans en Auvergne, justement propice à découvrir des choses et être en communion avec la nature.

Et voilà vous en parliez c’est vrai qu’il y a une grosse tendance pour ces sports un petit peu extrêmes où les gens dans un temps imparti doivent faire le maximum, un peu à l’image de la société dans laquelle on vit, dans la vie de tous les jours…

Charline Vanhoenacker : c’est vrai dans l’instantané, peu de temps pour le faire…

Romain Bardet : mais aussi il y a un vrai tendance retour à la nature avec le phénomène trail qui se développe énormément où des gens aussi ont besoin de rechercher une certaine quiétude que la nature peut apporter. »

Ceci est très intéressant. D’abord à propos de la nature, mais aussi à propos du sport. À la base du sport, il y a le plaisir et le jeu.

Les sportifs, notamment les cyclistes mais c’est aussi le cas des footballeurs, insistent très souvent dans les interviews sur le fait que cela soit une passion pour eux.

La souffrance n’est pas le but. Ce qui est valorisé par contre est l’effort, la rigueur pour arriver à ses buts. Mais toujours avec à l’esprit le plaisir.

Le plaisir est d’ailleurs collectif, y compris dans l’adversité, puisque l’adversaire dans la grande majorité des cas est respecté et salué pour ses performances, que l’on soit gagnant ou perdant.

Au contraire, les pratiques dénoncées dans l’émissions et qui sont à la mode à Paris et dans les grandes villes françaises sont typiques de la décadence de notre société.

Cela n’a aucun sens et reflète un grand malaise chez les personnes riches et branchées qui vivent dans ces grandes villes.