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Politique

Municipales: la Roche-sur-Yon en Vendée, un enjeu pour la Gauche

Préfecture d’un département s’étant largement ouvriérisé depuis les années 1970, la Roche-sur-Yon en Vendée revêt un enjeu stratégique pour la Gauche. Malgré une longue tradition conservatrice au niveau du département, la Roche-sur-Yon a vu la Gauche et la Droite alterner au pouvoir depuis 1945.

Avec ses 53 741 habitants, la Roche-sur-Yon a tout de l’allure d’une ville dortoir, loin de sa stature de préfecture départementale. Il faut dire que la métropole nantaise située à quelques kilomètres absorbe largement la dynamique sociale et culturelle et contribue également à une périurbanisation croissante du territoire.

Il n’y a qu’à voir l’extension de ces vastes zones industrielles et commerciales au nord et au sud de la ville (Acti-Sud, Flanerie…) et le récent plan de licenciement à Michelin rappelle l’ancrage industriel du territoire.

Alors que la mairie était aux mains du Parti socialiste depuis 1977, c’est l’agent d’assurance fils d’agriculteur, Luc Bouard qui conquiert la mairie pour l’UMP (devenu ensuite Les Républicains). Si le premier tour plaçait le candidat de la Droite à 35,33 % contre 36,09 % pour Pierre Regnault, Luc Boaurd gagna haut la main au second tour avec plus de 53 % des voix.

En 2014, la Gauche était partie divisée avec trois listes, une issue du PS, une du Front de Gauche et une portée par Lutte Ouvrière. Mais la Droite était également éparpillée entre trois listes, dont une du Front national incarnée par Brigitte Neveux, retraitée à Brétignolles-sur-Mer parachutée dans la préfecture.

A mois de 6 mois des élections municipales, la situation politique semble avoir bien changé cinq ans après, en parallèle des évolutions nationales. En effet, Luc Bouard a été récemment investi comme comme candidat de LREM et le Rassemblement national souhaite en finir avec sa tradition de parachutage. Le parti d’extrême-Droite vient d’annoncer sa candidate : Catherine Roy, une professeur de danse « qui habite et travaille à la Roche ».

Cependant, malgré quelques poches ultra-conservatrices comme l’Institut Catholique d’Enseignement Supérieur (ICES), l’extrême-Droite n’a pas un grand écho dans la ville. Aux élections européennes, le RN obtenait 13,5 % des voix, derrière EELV à 17,80 % et LREM à 27,8 %.

L’enjeu politique pour la Gauche s’avère être surtout sa capacité à isoler les mentalités socialement conservatrices qui s’expriment dans le centre politique, actuellement représenté par LREM. Or, si LREM a investi Luc Bouard comme candidat légitime du parti centriste, il y a aussi Raoul Mestre, issu du centre-droit et ayant soutenu Emmanuel Macorn en 2017, qui se présente « sans étiquette ».

La force centriste, principale obstacle de la Gauche à La Roche-sur-Yon, est ainsi éparpillée.

Or, contrairement à 2014, la Gauche est quant elle unifiée depuis quelque temps autour de « La roche solidaire et écologique », structure issue de l’association des élus d’opposition en 2014 « La Roche citoyenne ». L’initiative qui se veut ouverte, soutenue par le PS, le PCF, Place Publique, EELV, Générations et Énergie Citoyenne, multiplie les interventions dans les quartiers mais aussi les propositions militantes.

Ces forces s’opposent ainsi à la destruction de la passerelle Eiffel, construire en 1907, et véritable joyaux patrimonial de la ville, mais aussi une pétition pour le sauvegarde de la gestion publique de l’eau. De la même manière que « La Roche citoyenne » a apporté son soutien aux ouvriers de Michelin en lutte contre un plan de licenciement et a participé à la manifestation du samedi 19 octobre en défense de la dune et de la zone humide de Bretignolles-sur-Mer. Le communiqué commun du PS, PCF et EELV sur cette question écologique cruciale montre bien l’élan unitaire bien ancré localement.

Avec un score de 17,8 % Europe Écologie a marqué son empreinte dans la ville aux dernières Européennes. Et si l’on ajoute les score de Place-Publique alliée au Parti socialiste (9,65 %), de Générations (3,8%) et du PCF (2%), les forces liées à la Gauche sont largement majoritaires à La Roche-sur-Yon. Elles devraient logiquement l’emporter et constituer un point d’appuis important pour la Gauche dans cette France dite périphérique.

 

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Culture

Mc Circulaire et Patrick 51, des expressions prolétaires des campagnes

En juin 2018, le rappeur Kamini produisait « Eul’Vraie France » revenant sur la situation d’isolement et de délabrement des zones rurales. Quelques mois plus tard, c’est Mc Circulaire, le père du « rap de plouc », qui sortait « France éternelle » sur la même thématique. Ces titres expriment la contradiction entre la ville et la campagne, que le mouvement des gilets jaunes a été incapable de résoudre de par son incapacité à s’organiser sur le plan politique et idéologique.

Lorsqu’on écoute ses morceaux de rap, on comprend vite que Mc Circulaire n’est pas là pour faire du buzz, pour s’attirer la lumière. Avec plus de 3 millions de vues, le titre « Demain c’est trop tard » est au prolétariat des campagnes ce que « Demain c’est loin » d’I am a été au prolétaires des périphéries urbaines.

Ce rap respire une vie authentique, celle de la misère sociale et culturelle des campagnes françaises. Que Mc Circulaire soit originaire de Vendée ne change rien à la nature de sa musique : quiconque vivant l’ennui, la morosité et l’arriération culturelle des campagnes s’y reconnaît.

Dans la même démarche, il y a aussi Patrick 51 (que l’on peut voir dans le clip « France éternelle »). Usine, chômage, quotidien ennuyeux, alcool, les grands sujets de la vie prolétaire sont abordés avec réalisme. Des paroles à la production, « Campagne shit » reflète parfaitement cette ambiance au ralenti des campagnes, cette impression que tout tourne en rond.

Il serait bien erroné de penser qu’il y a là une valorisation unilatérale de l’alcool et des drogues car « quand tu voudrais être à New-York et qu’t’es dans la cambrousse, faut d’l’imagination et un pack de 12 ». C’est une volonté de transcrire fidèlement le réel pris dans une fuite en avant alors que toute la richesse sociale et culturelle est spoliée par la ville, la grande métropole.

Des paroles au « blase » de ces rappeurs, il y a une approche typiquement populaire de la franchise, de la rigolade, de ne pas trop « se prendre au sérieux ». Si ce style n’aide pas toujours à élever le niveau culturel, laissant une porte ouverte à la passivité, il reste un puissant rempart à la corruption mentale du business et de son esprit aseptisé.

C’est ainsi que Mc Circulaire a toujours refusé les grands majors du disque, les plateaux de TV, la démarche commerciale. Dans une récente interview, il déclare :

« Moi je fais ce business, enfin ce business, je fais ce taff pour faire des morceaux qui déchirent et faire des concerts. Le reste j’en ai rien à foutre, j’ai rien à vendre, j’ai jamais eu besoin de Hip Hop pour grailler tu vois »

Fidélité populaire disons : le délaissement des campagnes ne méritent pas d’être vendue, la situation ne doit pas être un tremplin à la promotion individuelle. Ces morceaux respirent la dignité, l’authenticité, la sincérité comme l’illustre si bien la tourmente existentielle de la mort avec « Pierre Tombale », ou cet ennui terrible que toute personne en campagne a vécu ce « jour de pluie ».

Il est finalement peu étonnant que ces « légendes rurales » soit originaires d’Île-et-Vilaine et de Vendée. La paysannerie y était encore forte dans les années 1960-1970 et a été brutalement prolétarisée au cours des années 1980-1990. Ce sont deux départements qui ont vu la paysannerie fondre comme neige au soleil et par conséquent les rares endroits en France qui ont connu une forte hausse du nombre d’ouvriers depuis 1968.

Mais cette prolétarisation s’accompagne nécessairement de l’accentuation de la contradiction entre une ville captant tout et une campagne se renfermant sur le quotidien « voiture, boulot, dodo ». La campagne française, c’est culturellement les années 1970, mais socialement l’usine moderne, l’individualisme des pavillons et des routes, avec l’alcool et le shit comme pacification sociale se substituant à une religion en perte de vitesse.

On est bien désemparé quand on reprend les paroles si justes et parallèles de NTM dans « qu’est-ce qu’on attend ? » en 1995 :

« Voilà pourquoi cela finira dans le désarroi
Désarroi déjà roi, le monde rural en est l’exemple
Désarroi déjà roi, vous subirez la même pente, l’agonie lente
C’est pourquoi j’en attente aux putains de politiques incompétentes
Ce qui a diminué la France
Donc l’heure n’est plus à l’indulgence, mais aux faits, par le feu
Ce qui à mes yeux semble être le mieux
Pour qu’on nous prenne un peu plus, un peu plus au sérieux »

Car finalement, avec une même substance sociale, ni la révolte de novembre 2005, ni celle de novembre 2018, n’ont été en mesure de résoudre ce grand problème de la contradiction ville/campagne. Il faut écouter et ré-écouter Mc Circulaire et Patrick 51 car la pente à remonter va être longue et sinueuse, avec une Gauche post-moderne aliénée aux grandes métropoles qui favorise l’emprise de l’extrême-Droite…

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Écologie

Brétignolles-sur-mer: communiqué commun d’EELV, du PCF du PS sur la situation du projet de port

EELV, le PCF et le PS signent un communiqué commun. Il appellent au rassemblement citoyen de ce samedi 19 octobre à la Roche-sur-Yon en Vendée contre le projet de port de plaisance à Brétignolles-sur-mer.

> Lire également : Littoral : un projet de port de plaisance contesté à Bretignolles-sur-Mer en Vendée

« Face au début des travaux sur le site de la Normandelière à Brétignolles, une vaste contestation s’est mise en place. Des citoyens et citoyennes ont découvert un site « massacré » pour réaliser un futur port. Depuis la contestation se poursuit de façon pacifique dans le respect du droit.

Cette contestation vient souligner l’exigence des populations et des associations d’être entendues (les avis contre ce projet n’ont pas été assez pris en compte lors de l’enquête publique)

L’addition de signatures d’élus(es), certes respectables, ne suffit pas pour valider un projet.

Sans renier la légitimité des élus(es), nous rappelons qu’ils et elles ont aussi la charge d’anticiper l’avenir de nos territoires et de les protéger au regard du dérèglement climatique

Nul ne peut ignorer que le trait de côte est menacé partout dans le monde et donc, en particulier, à Brétignolles sur mer en Vendée. Comment peut-on après les derniers rapports de GIEC, soutenir un tel projet ?

Nous, partis politiques appelons la Ministre de la transition écologique à faire stopper ce projet destructeur qui doit être définitivement abandonné.

Une alternative existe pour ce territoire fort de nombreux atouts environnementaux et humains. Dans ce sens, et afin de sortir de l’impasse actuelle, il faut reprendre les échanges et écouter les citoyennes et les citoyens mais aussi les associations qui ont des propositions à faire

L’intérêt général, la sécurité des populations imposent la préservation du trait de côte et donc celle des zones fragiles et de la biodiversité qui en dépendent.

Claudine GOICHON  EELV 85 
Stéphane IBARRA  PS 
Marie –Françoise MICHENEAU PCF

Restons mobilisés #balancetonport ACT2 : rassemblement citoyen pour protester contre la déclaration d’Utilité Publique signée par Mr le Préfet.

NON à ce projet  destructeur, non-sens écologique, et qui fait fi des réserves émises par les commissaires enquêteurs  des 2 enquêtes publiques du port et du PLU de Brétignolles. Les travaux compensatoires ont démarré avant même le résultat des recours posés en justice…

Soyons nombreux le samedi 19 octobre à 15h place Napoléon à la Roche-sur-Yon. »

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Écologie

Littoral : un projet de port de plaisance contesté à Bretignolles-sur-Mer en Vendée

Un projet de port de plaisance sur la commune de Bretignolles-sur-Mer en Vendée fait face à une mobilisation écologiste depuis de nombreuses années. Une manifestation est prévue dimanche 6 octobre 2019 pour s’opposer au début des travaux.

Dans les grands projets d’urbanisation, les dossiers traînent souvent dans les tiroirs des tribunaux jusqu’à leur dénouement final. À Bretignolles-sur-Mer, une petite ville d’un peu plus 4 000 habitants, le projet de construction d’un port de plaisance existe depuis 1990. Il doit bientôt être lancée, malgré une opposition populaire locale qui dénonce l’atteinte écologique à un site remarquable.

À la tête de la mairie depuis 2001, Christophe Chabot, ancien chef d’entreprise « divers droite », est le principal défenseur et artisan de ce port de plaisance. Il est censé voir le jour sur une zone de plus de 80 hectares autour de la place de la Normandelière.

Pour une somme de 43 millions d’euros avec 915 places de port prévues, ce projet d’aménagement portuaire s’attaque frontalement aux politiques nationales et européennes de protection littorale qui sont de préserver de manière absolue le caractère naturel des côtes dunaires.

En effet, le port doit déchirer le cordon dunaire en deux pour enfoncer un chenal à plus de 600 mètres dans les terres. Les dunes de sables sont pourtant des écosystèmes extrêmement fragiles qui sont déjà, bien malheureusement, dégradées par la fréquentation touristique et des tempêtes d’hivers toujours plus intenses (notamment avec la hausse du niveau des océans). À ce titre, remarquons également que l’entrée du port serait prisonnière de deux barres rocheuses avec de puissantes déferlantes, rendant périlleuse l’arrivée jusqu’au chenal.

Ce n’est pas tout puisque ces mêmes terres abritent le « marais girard », reconnu comme abritant une vaste zone humide de plus de 14 hectares , de la même manière qu’une ancienne carrière s’est reconverti avec le temps en un bassin de 340 000 m³ d’eau douce, lui-aussi menacé de destruction.

Classée Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type II, la plage de la Normandelière est, comme le souligne l’association de « veille citoyenne et écologique » La Vigie, un site des plus remarquables. On comprend qu’il y a là tout un écosystème en inter-action entre terre, mer et espaces humides, dont la fragilité et la nécessité de le protéger n’est plus à prouver.

Alors, que rétorque le maire Christophe Chabot pour défendre son projet ? Avec cynisme et pragmatisme, il affirme :

« cette dune n’a aucun statuts, pas de valeurs, alors, oui, on va la couper » (Le Canard enchaîné).

Parlant du bassin d’eau douce, des plus précieux dans le contexte de sécheresse durable qui touche les Pays-de-la-Loire, il affirme :

« elle en sert à rien. On va la vidanger, la boucher, avec des terres de déblaiement et en faire un endroit extraordinaire » (Le Canard enchaîné). 

Malgré le soutien populaire de l’association de défense de la Normandelière, le projet a été signé par le préfet au mois de juillet après qu’une enquête publique 2 608 avis favorables contre 2 589 défavorables. Le relevé de l’enquête publique laisse apparaître que 88 % des avis favorable sont « peu argumentés » alors que 70 % des avis défavorables sont relevés comme argumentés, voir très argumentés.

La Vigie dénonce ainsi, à juste titre, un tour de force anti-démocratique, anti-populaire, alors que plusieurs mobilisations se sont succédé depuis plusieurs années, avec plus d’une centaine de personnes début mai et encore 300 personnes début août.

Ainsi, l’association appelle, en lien avec d’autres associations écologistes, à un grand rassemblement le dimanche 6 octobre 2019. Cette mobilisation s’annonce comme un moment clef d’une lutte, alors que « le passage en force des prédateurs sera un défi qui engage le combat politique sur le terrain ».

> Retrouvez plus d’infos et un dossier complet sur : la-vigie.org