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Restructurations économiques

Le lithium en Alsace, une catastrophe

C’est la restructuration du capitalisme vers l’économie de guerre.

De vastes opérations de restructurations industrielles agitent l’appareil de production français en Alsace autour de la question du lithium. Cette question est venue à travers celle de la géothermie, c’est-à-dire de la captation de la chaleur d’une poche de magma sous la surface terrestre dans des zones où la profondeur de ces poches est relativement faible, ce qui est le cas en Alsace, qui sur le plan géomorphologique est un morceau du vaste bassin d’effondrement rhénan.

L’exploitation des capacités géothermiques en Alsace a cependant une dimension toute autre, qui pour les capitalistes français est en fait l’aspect principal : c’est l’opportunité d’exploiter les eaux de profondeur, dont la teneur en lithium est ici particulièrement élevée. C’est notamment le cas en Alsace du Nord, où ce métal est présent aggloméré dans des roches volcaniques formée il y a près de 400 millions d’années. Il s’agit en fait un type de granit abondant dans le sous-sol, dans un vaste secteur autour de la petite ville thermale de Niederbronn.

Et les travaux de géothermie menés depuis plusieurs décennies ont permis de constater que les eaux géothermales avaient une teneur en lithium intéressante au plan industriel.

Présentée comme une énergie propre et abondante, la géothermie avait une relative popularité au sein des masses locales, mais tout a changé depuis l’échec catastrophique de Fonroche, ayant provoqué en décembre 2020 une série de 11 séismes en un mois frappant tout le nord de la ville de Strasbourg, et dépassant souvent une magnitude 3,5 sur l’échelle de Richter. Après de longs atermoiements, un arrêt administratif de la production et de toutes les activités sur le site, avait été décidé par la préfecture du Bas-Rhin.

> Lire aussi : https://agauche.org/2020/12/06/strasbourg-violent-seisme-cause-par-un-projet-industriel-geothermique/

La large émotion ayant alors agité les masses avait fait prendre conscience de l’enjeu du lithium dans la question. Les capitalistes ont donc provisoirement reculé, pour revenir depuis quelques semaines en ciblant une zone moins densément peuplée que l’agglomération strasbourgeoise.

L’entreprise en charge de cette nouvelle opération s’appelle de manière significative « Lithium de France », et elle développe une active propagande en direction des masses devant illustrer la capacité des industriels du capitalisme français à gérer correctement la question. Il est assuré déjà qu’il s’agit là d’une activité « décarbonée » sans que personne ne comprenne vraiment en quoi de manière concrète, mais surtout, il s’agit de paralyser les interrogations des masses sur les dangers environnementaux en rationalisant en apparence la technique mise en oeuvre par les industriels. Voici comment Guillaume Borel, le directeur de Lithium France a présenté cela :

« Pour l’instant, et c’est aussi une leçon retenue de Fonroche, on prend les choses les unes après les autres. On va se concentrer sur notre première centrale, et faire les choses proprement. C’est aussi un devoir moral vis-à-vis de la population. On doit montrer qu’on sait travailler de façon correcte et propre, avant d’envisager la suite. L’un des deux puits servira à remonter l’eau, afin d’en extraire son lithium, mais également ses calories. Car il s’agit de faire d’une pierre deux coups, et de permettre par la même occasion de chauffer des bâtiments industriels ou des serres agricoles dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres. Ce sera comme une éponge sélective, qui ne va capter que le lithium, et ensuite, il ne restera plus qu’à rincer l’éponge. C’est un circuit fermé. Et ce n’est pas de l’eau de consommation, on est loin des nappes phréatiques. On veut s’assurer dès le départ que le procédé qu’on met en œuvre sera effectivement celui avec le plus faible impact environnemental »

« L’éponge » dont il parlé ici est en fait constituée de titanate de lithium, nécessitant en lui-même du lithium, dont la fabrication en masse sera assurée par des usines chimiques locales : GeoLith à Haguenau et Tronox à Thann. Tout cela est présenté comme relevant d’une technologie propre, sûre et fiable, mais s’il participe des profonds cycles équilibrant le sous-sol de notre biosphère en rapport avec sa surface, le lithium est justement un matériau extrêmement délicat à ramener à la surface terrestre.

Le lithium métallique réagit en effet autant avec l’azote, l’oxygène et la vapeur d’eau dans l’air. Par conséquent, la surface de lithium devient une mixture d’hydroxide de lithium (LiOH), de carbonate de lithium (Li2CO3) et de nitrure de lithium (Li3N). Or, le lithium d’hydroxide présente un risque potentiel significatif car il est extrêmement corrosif, en constituant donc une menace directe sur les environnements aquatiques et les organismes s’y étant développés. Le risque est donc considérable de fait, et l’exploitation industrielle sera forcément définitivement instable et dangereuse.

Mais la population doit donc ici se contenter bien lamentablement des assurances a priori de l’appareil industriel aux mains des monopoles de la bourgeoisie française pour se rassurer.

Le matraquage en faveur du lithium, malgré la méfiance croissante des masses, est à mettre directement en relation avec le vaste mouvement de restructuration de l’économie française, dans le cadre de l’Union européenne. On trouve là le projet industriel LIFE (LIthium For Europe), déclinaison de la tendance au « souverainisme industriel et numérique », devant couper l’appareil industriel européen de sa dépendance à l’égard des pays émergents, et désormais adversaires, avec la Chine comme cible de premier ordre, et de ses approvisionnements énergétiques extérieurs.

Cette restructuration est en elle-même entraînée par la Crise du capitalisme dans son mouvement en direction de l’économie de guerre, en ce qu’il s’agit explicitement de tenter d’assurer au capitalisme français une relative indépendance dans le cadre de l’Union européen, afin de l’élancer à nouveau contre les pays émergents, en restaurant sa capacité industrielle à être une puissance du capitalisme.

Il suffit d’ailleurs d’écouter le chantage qui est fait sur cette question aux emplois et à la souveraineté économique de la France, devant faire bloc dans le cadre de l’Union européenne contre ses rivaux capitalistes pour s’en rendre compte. Tout se met en place donc pour piéger les masses dans la fuite en avant du capitalisme dans son agression généralisée contre la Vie. Rien ne manque en fait avec cette question du lithium, ni le pillage et la destruction de la biosphère comme horizon économique, ni la volonté de paralyser les masses dans les exigences toujours plus furieuses du capitalisme en crise, ni la tendance à la guerre, en fait au centre même des dynamiques.

Le lithium des capitalistes n’est donc pas un miracle pour les masses qui leur assurera une énergie propre et abondante. C’est un piège à tout point de vue qui alimente la fuite en avant folle furieuse du capitalisme dans son impasse historique tragique. Et quand on sait en outre que le lithium fournit aussi un isotope permettant la fabrication d’armes nucléaires, on se dit vraiment que l’horreur est ici complète.

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Société

Pour ou contre la voiture électrique ?

La question de la route doit être posée démocratiquement.

Lorsque le peuple organisé de manière démocratique prendra en mains la question des déplacements sur la route, il lui faudra discuter de ce qu’est un véhicule. Quel usage doit-il avoir, comment doit-il être produit, qui doit s’en servir, et quel énergie doit-il utiliser pour se mettre en mouvement ?

Il a déjà été dit à maintes reprises que l’électrique, vendu comme l’avenir du transport notamment par le bourgeois décadent Elon Musk avec sa marque de voitures tragiquement nommée Tesla, est une supercherie. Cela produit des véhicules lourds, aux batteries polluantes et non-recyclables, qui reposent avant tout sur le développement du nucléaire pour continuer de fonctionner… Il faudrait passer au tout électrique d’ici une poignée d’années, rien que ça. Alors même que le prix de l’énergie monte en flèche, alors même que des coupures de courant sont déjà prévues de par l’incapacité de la bourgeoisie à produire les conditions nécessaires au maintien d’une grille énergétique saine.

Plus un véhicule est lourd, plus ses freins doivent être puissants pour stopper l’inertie de la masse en mouvement. Or, l’usure des freins provoque des rejets de particules fines. Plus un véhicule est lourd, plus ses pneus sont soumis à de fortes contraintes, et des pneus qui s’usent rejettent aussi des particules fines dans l’atmosphère. Tous ceux qui se posent sérieusement la question de l’avenir écologique de l’humanité le savent déjà, et savent également que les véhicules électriques ne sont en réalité qu’une manière à peine dissimulée derrière un maigre argument écologique d’ouvrir en grand les portes d’un marché qui ne demande qu’à grossir.

Alors quoi ? Vive les véhicules thermiques, puisque l’électrique n’est pas meilleur ? Évidemment, les choses ne sont pas si simples. Il ne faut pas confondre dénonciation du tout électrique et défense unilatérale du thermique. Il s’agit avant tout de comprendre comment fonctionnent ces véhicules. Un moteur thermique utilise un carburant à brûler pour générer de l’énergie mettant des pièces mécaniques en mouvement, mouvement lui-même transmis jusqu’aux roues motrices par divers moyens plus ou moins complexes. Un moteur fonctionne sur une plage régime idéale, et des rapports (ou vitesses) sont utilisés pour démultiplier la puissance et le couple moteurs. C’est en fait comme un vélo : il y a des plateaux et des pignons qui permettent de démultiplier la force de nos jambes, ce qui permet d’atteindre des vitesses élevées. Difficile de commencer à pédaler sur le grand plateau et le petit pignon, car la démultiplication de force est énorme en comparaison de l’énergie que nos jambes peuvent développer : on ne peut pas développer assez de couple (force qui entraîne la roue dans sa rotation) pour pédaler dans ces conditions. Pour une voiture thermique, c’est pareil : difficile de démarrer en 6e par manque de couple, et difficile d’atteindre 110kmh en 1ère par manque de puissance (vitesse à laquelle la roue sera en mesure de tourner).

Mais en électrique, le moteur donne toute sa puissance et tout son couple immédiatement, car il n’y a pas de pistons qui montent et descendent dans des cylindres pour générer de l’énergie envoyée jusqu’aux roues par la transmission, il n’y a pas de combustions avec des temps morts mécaniques liés à l’injection de carburant et à l’évacuation des gaz d’essence brûlée et d’air pollué via l’échappement. Ce n’est qu’une histoire de dosage de l’accélérateur que le conducteur doit gérer seul. En électrique, tout est instantané, il n’y a pas de mollesse jusqu’au moment où le moteur est dans sa plage de régime idéale. Cela donne des véhicules extrêmement nerveux, qu’il faut manier avec prudence pour ne pas faire d’excès… Et qui à cause du poids extrême des batteries doivent être stoppés par une force de freinage très élevée.

La pertinence de la voiture électrique, et des véhicules électriques en général, est par conséquent à remettre en question, et à réserver à certains usages. Un magasinier en entrepôt fermé a bien évidemment besoin d’un chariot élévateur électrique plutôt que thermique pour des raisons de pollution de l’air sur l’espace de travail. Des travailleurs couvrant de larges distances en véhicule tôt le matin ou tard le soir, aux heures où les bruits de moteur gênent le plus de monde, auraient eux aussi besoin de l’électrique. Mais ont-ils absolument besoin d’une voiture électrique pour se rendre au travail ? Plus on creuse le sujet, plus on s’aperçoit qu’en réalité, ce sont avant tout les moyens de transport individuels qui posent problème. Combien de fois remarque-t-on, coincés dans les bouchons, que nous sommes seul dans notre voiture cinq places ? Et que les dizaines, les centaines, les milliers d’autres automobilistes sont tous aussi seuls que nous dans leurs propres voitures ?

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Écologie

Non aux voitures électriques !

Le Parlement européen a voté mercredi 8 juin 2022 la fin de la vente de voitures thermiques neuves en 2035 et va négocier avec les États pour valider la mesure. Il est parlé de « révolution » dans le cadre des objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. Hors de question pourtant de toucher au modèle turbo-capitaliste du tout voiture, qui pourrit littéralement les villes et les campagnes.

Modernisation et innovation contre l’écologie

Aucune révolution donc, mais un accompagnement dans le pire, pour prétendre changer les choses sans les changer en vérité. La voiture électrique est une catastrophe. Allons-nous construire partout en Europe des dizaines de réacteurs nucléaires et accentuer le pillage de l’Afrique pour construire les batteries ?

Et lorsque ces batteries ne seront plus utilisables, qu’en fera-t-on ? Ces mêmes libéraux s’imaginent-ils que le recyclage va résoudre tous les problèmes ? Croient-ils réellement aux promesses des industriels comme Veolia ?

C’est une fuite en avant, voilà tout. On modernise et on soutient les secteurs les plus libéraux afin de relancer un mode de production en bout de course.

L’écologie est de nouveau vidée de tout sens et ne sert qu’à masquer le cœur de la démarche : le soutien à la modernisation et à l’innovation capitalistes. Cette « révolution » ne vise qu’à soutenir les pans les plus libéraux des bourgeoisies de chaque pays. C’est l’écologie-Tesla, tout le contraire de ce dont la planète et l’ensemble de ses habitants ont besoin.

Un plan inapplicable

Si tout le parc automobile (40 millions en France actuellement) passait à l’électrique, on aurait également un sacré problème de pollution aux particules fines : les voitures électriques, très lourdes, sont une catastrophe en la matière.

Et vient nécessairement la question des voitures existantes et fonctionnelles : qu’en fera-t-on ? Pour que les voitures polluent moins, produisons-en des dizaines de millions neuves ? Mais peut-être que là aussi, ces champions du libéralisme s’imaginent que l’industrie trouvera une solution ?

La révolution, ce sera de chasser les voitures, pas de les transformer en de soit-disant véhicules verts.

L’écologie, c’est un plan massif de construction de tramway urbains et ruraux, de développement du fret ferroviaire et fluvial, l’accélération de la recherche pour des voiles nouvelles génération pour le fret maritime. C’est la limitation drastique des vitesses de circulation des automobiles ainsi que de la circulation dans les centres urbains. C’est le vélo. C’est l’endiguement de l’étalement urbain combiné à une politique publique de soutien logistique au commerce de proximité, accessible sans voiture partout ou presque sur le territoire.

Et puis, tant qu’à parler des voitures, la moindre des choses serait l’interdiction immédiate et sans contrepartie des SUV et des grosses cylindrées dite sportives, électriques ou thermiques, ces monstres énergivores qui sont une insulte tant à la Raison qu’à la Nature.

A la Gauche historique de remettre la Nature au coeur du débat : pour la Terre et tous ses habitants !