Il y a 75 ans, jour pour jour, débutait le soulèvement du ghetto de Varsovie. Le 19 avril 1943, la veille de Pessa’h (pâque juive), deux milles policiers allemands et SS entrent dans le ghetto afin de le détruire.
Face à eux s’opposent quelques centaines de personnes : des membres de l’organisation juive de combat (Żydowska Organizacja Bojowa ou ŻOB), de l’union militaire juive (Żydowski Związek Wojskowy ou ŻZW) et quelques hommes de l’armée de l’intérieur (Armia Krajowa – mouvement polonais non juif contrairement aux deux premières organisations) qui fournira également des armes.
L’opération devait durer trois jours, elle durera jusqu’au 16 mai 1943. Le ghetto fut rasé et les survivants envoyés dans des camps de concentration (Poniatowa et Trawniki), d’extermination (Treblinka et Majdanek).
Le ghetto de Varsovie était le plus important ghetto juif au sein de l’Europe nazie. Construit en 1940, il sera donc détruit trois ans plus tard. Le ghetto sera qualifié de « zone de contagion » par l’occupant nazi, les lois de plus en plus dures à l’égard des personnes juives (qui seront obligées de venir y vivre), et les conditions de plus en plus catastrophiques.
Il comptera jusqu’à 400 000 habitants qui devront survivre dans une zone de 3,3km². Les conditions de vie y sont terribles : insalubrité, malnutrition… Les épidémies frappent et font beaucoup de mort.
Entre le 23 juillet et le 21 septembre 1942, entre 4 et 7 000 personnes juives seront déportées quotidiennement vers le camp de Treblinka. Personne ne sait au début que ces personnes partent vers un camp d’extermination. Entre 250 et 300 000 mourront à Treblinka durant ces huit semaines.
Les déportations reprirent en janvier 1943, après plusieurs mois de calme, et les premières actions de résistance armées et organisées eurent lieu. La ŻOB et la ŻZW subirent de lourdes pertes mais l’occupant nazi recula et arrêta les déportations au bout de quelques jours : 5 000 juifs l’ont été, contre 8 000 prévus. Les deux organisations prirent le contrôle du ghetto.
Le 19 avril 1943, l’insurrection héroïque débuta. Les organisations de résistance disposaient d’armes et de planques mais n’avaient aucune chance face aux troupes nazies (tant en nombre de combattants qu’en matériel).
Après trois jours de combats, les maisons furent brûlées et les sous-sol dynamités. Le ghetto fut rasé petit à petit et la résistance fut brisée : le 29 avril, la ŻZW n’avait plus de commandements et les combattants restants s’échappèrent via un tunnel. Le 16 mai, le commandant Jürgen Stroop fit exploser la grande synagogue de Varsovie. Ceci marqua la fin de l’insurrection.
En ce 19 avril 2018, nous n’oublions pas la résistance des combattants du ghetto de Varsovie. Nous n’oublions pas l’horreur nazie, ce qui ne veut pas dire qu’il faille éprouver une quelconque haine à l’égard du peuple allemand, ou du peuple polonais martyr lui-même par ailleurs. L’ennemi est le fascisme.
Et le fascisme n’est pas une anomalie historique qui ne pourrait pas ré-apparaître. On ne peut pas être de gauche aujourd’hui et s’imaginer que tout cela n’est que du passé. Le fascisme monte et, comme hier, le fascisme veut le pouvoir. Ceci est vrai en France, en Autriche et dans de plus en plus de pays.
Face au fascisme, il faut toujours un rassemblement le plus large possible des personnes progressistes afin de lui faire barrage : « plus jamais ça !».