Le Groupe communiste républicain citoyen écologiste (CRCE) au Sénat a produit un communiqué dénonçant la mobilisation des forces de l’opération Sentinelle pour le prochain samedi des gilets jaunes.
Il est rappelé par ces sénateurs, comme par la plupart des intervenants à Gauche, que ce recours à l’Armée n’est pas conforme à la pratique républicaine qui distingue la Police, qui relève du civil, c’est-à-dire d’un cadre démocratique particulier, de l’Armée, qui relève de la guerre.
La déclaration du gouvernement quant à la mobilisation de ces forces relève en grande partie de l’effet d’annonce, d’un pas de plus dans le grotesque, dans l’ambiance grotesque du pays en ce moment. Il est en effet expliqué par le Ministre de l’intérieur que le préfet de police pourra s’appuyer sur ces militaires, mais qu’ils « ne doivent en AUCUN CAS participer au maintien de l’ordre », et donc qu’ils devront en cas de besoin… appeler la Police.
Cela est absurde, et on aura bien compris que cela vise surtout à renforcer une posture, de manière politicienne, afin d’apparaître comme le parti de l’Ordre, alors qu’en réalité presque rien n’avait été décidé pour empêcher la casse samedi dernier, comme l’ont largement expliqué, franchement ou à demi-mots, les représentants policiers.
Il n’en reste pas moins que cette annonce du recours à l’Armée dans le cadre d’une manifestation sociale est inacceptable sur le plan politique, de part ce que cela sous-tend en arrière plan comme remise en cause du cadre démocratique.
Ainsi, une personnalité comme Ségolène Royale, qui n’avait déjà pas grand-chose de gauche, s’écarte définitivement de la Gauche en déclarant à ce propos :
« Je me suis demandée pourquoi ça n’avait pas été fait plus tôt », ajoutant que « les black blocs ne sont pas des terroristes mais ils sèment la terreur. Et donc c’est la même chose. »
Le recours à l’Armée dans le cadre d’une manifestation raisonne à Gauche comme un danger fascisant, et réveille la mémoire de la grande répression de 1948 faisant intervenir l’Armée. Plusieurs mineurs avaient été tués par les militaires dans le nord de la France après de grandes grèves.
Voici le communiqué du Groupe communiste républicain citoyen écologiste au Sénat :
« Emmanuel Macron doit renoncer au recours à l’armée à l’occasion de l’Acte 19 des Gilets jaunes
Emmanuel Macron a annoncé sa décision de recourir aux militaires de Sentinelle pour, dans le cadre de l’Acte 19 des Gilets jaunes, « sécuriser les points fixes et statiques conformément à leur mission ».
Contrairement à ce qui a été affirmé par Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres, ces militaires aucunement formés au maintien de l’ordre et équipés d’un matériel de guerre seront de fait associés à l’action de la police.
C’est une décision grave qui marque une étape inquiétante dans la surenchère sécuritaire en cours.
L’interdiction de manifester, la compétition malsaine entre le pouvoir et la droite la plus dure pour bomber le torse face au mouvement des Gilets jaunes, menacent de porter atteinte aux libertés fondamentales et en premier lieu au droit de manifester.Les sénatrices et les sénateurs du groupe CRCE l’ont dit et répété, ils condamnent les destructions et les violences qui surviennent lors de certaines manifestations. Cette casse dessert le mouvement.
Mais ils ont également souligné l’attitude du pouvoir qui pousse à une escalade potentiellement dévastatrice pour notre pays.Les sénatrices et les sénateurs du groupe CRCE estiment que le Parlement doit être informé et consulté pour une si grave décision.
En tout état de cause, Emmanuel Macron doit respecter la pratique républicaine en matière de maintien de l’ordre qui en réserve l’exercice à la police et à la gendarmerie.
Ils rappellent à cet égard que depuis 1921, le maintien de l’ordre dans le cadre des manifestations est confié à la gendarmerie et à la police.
Ce pouvoir a en effet été transféré, par un vote à l’Assemblée nationale, de l’armée aux effectifs de gendarmerie mobile.
Groupe CRCE au Sénat, le 21 mars 2019 »