Pour la fin de la saison de chasse à courre, l’association AVA a réussi quatre rassemblements différent pour marquer le coup. C’est une réussite exemplaire, avec plus de mille participants en tout.
AVA avait organisé un rassemblement l’année dernière à Compiègne, qui avec mille personnes avait été un succès marquant. Un espace démocratique avait été ouvert ; pour la première fois, l’hégémonie réactionnaire particulièrement sévère qui régnait avait été ébranlée et ce profondément. Ce fut un épisode qui a compté.
Cette année, quatre rassemblements différents ont été mis en place, pour asseoir un mouvement qui dispose désormais de 19 antennes ; il s’agissait bien entendu de prouver qu’il y avait partout des gens pour qui tout cela comptait. Il y eut donc le 30 mars 2019 des mobilisations à Pont-Sainte-Maxence (Oise), Paimpont (Ille-et-Villaine), Castelnau-de-Montmiral (Tarn) et Rambouillet (Yvelines).
Il y a eu autant de gens que l’année dernière, ce qui est donc un bon ancrage, puisque le cadre d’une lutte locale a été dépassé, ce qui n’est jamais aisé, comme on s’en doute. Et c’est un succès populaire pas du tout inespéré pour qui a saisi les enjeux du refus de la chasse à courre et qui connaît le travail de fond qui a été mené par des gens courageux, mobilisés par un profond sentiment de justice.
Le tremblement de terre provoqué par ce combat a par ailleurs été bien compris également par les partisans de la chasse à courre, qui appelaient à des contre-rassemblements et ont cherché à mobiliser les bouchers, charcutiers, chasseurs, agriculteurs, éleveurs, etc. Ils étaient un millier à Paimpont et 400 à Rambouillet.
C’est beaucoup, car ces gens ont compris que le sol vacillait sous leurs pieds et que cela concernait tous les partisans d’un mode de vie rétrograde, passéiste, obscurantiste, fondamentalement hostile aux valeurs démocratiques et à l’ouverture à la question animale.
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D’où, justement, l’outrance ! À Rambouillet, la banderole tenue en première ligne disait ainsi : « Les veneurs mobilisés : halte à la dictature anti-chasse et anti-ruralité ». Ces gens ne sont pas complètement idiots : il n’y a rien d’anti-chasse en France, alors qu’il y a même quatre membres du gouvernement participant au congrès des chasseurs ! C’est donc de l’outrance, de la démagogie, dans ce qu’elle a de plus infâme.
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Et cela avec l’aide de la police, qui n’est pas stupide, elle non plus : alors pourquoi envoyer des policiers devant une boucherie à l’occasion du passage du cortège d’AVA, à Rambouillet, si ce n’est pour faire peur ?
Que dire aussi des propos de ces réactionnaires ? « Ça devient insupportable qu’on ait des groupes ‘anti-tout’ qui viennent tuer les racines françaises », raconte à l’AFP un dénommé Marc-Antoine D’Aymery, secrétaire de l’équipage de chasse à courre de Bonnelles-Rambouillet. Dire qu’on a fait la Révolution française, et qu’on a encore de telles choses !
#Bretagne les opposants à la chasse à courre à #Paimpont sont motivés pic.twitter.com/CQVLHQNmyY
— Samuel Nohra (@SamuelNohra) 30 mars 2019
Il faut rappeler ici que les militants anti-chasse à courre connaissent des pressions terribles, allant des intimidations aux pneus crevés, des menaces aux brutalités, voire aux agressions. Le site Tendance Ouest a interviewé deux personnes à l’occasion de l’un des quatre rassemblement d’AVA : le responsable d’AVA Normandie et celle du Collectif animaliste de l’Orne, co-organisateur. Les deux n’ont pas été en mesure de donner leur nom de famille, par peur de représailles. Et ils ont eu raison, car l’État laisse objectivement faire les agresseurs.
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Il est fort dommageable que la Gauche n’ait pas mobilisé largement en soutien à AVA. Heureusement, certains ont défendu l’honneur, comme plusieurs membres d’EELV à Rambouillet dont Mounir Satouri, le Président du groupe Alternative Écologiste et Sociale au Conseil régional D’Île-de-France, David Cormand, secrétaire national du parti, ou encore Laurence Abeille.
Il y avait au rassemblement de Pont-Saint-Maxence dans l’Oise, l’ancien maire socialiste de la ville, Michel Delmas, aux côté de l’actuel maire (LR), Arnaud Dumontier, qui sont tout deux opposés à la chasse à courre. Le député France insoumise Bastien Lachaud, à l’origine d’une proposition de loi contre la vénerie, était également du rassemblement.
Voici que s’achève la deuxième saison d’AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui), et ce sur une mobilisation nationale unique, pour la première fois : 1100 personnes sont sorties fêter avec nous la fin de saison de chasse à courre, et le retour du calme dans les forêts. 👥 pic.twitter.com/m4zUNI1kLQ
— AVA France (@AvaFranceOff) 30 mars 2019