Cherchant à faire les yeux doux aux socialistes pour son premier meeting des Européennes, Raphaël Glucksmann a cité Jean Jaurès. Mais, évidemment, il a été obligé de falsifier la citation, qui parlait effectivement bien de réforme, mais de réforme pour abolir le salariat, supprimer tout le capitalisme ainsi que la propriété bourgeoise…
Ce samedi se tenait à Toulouse un petit meeting du Parti socialiste, de Place publique et de Nouvelle donne. C’est évidemment Raphaël Glucksmann qui était attendu au tournant, après sa prestation considérée comme très faible et sans orientation lors du premier débat télévisé des élections européennes de mai 2019.
Cherchant à convaincre, il s’est lancé notamment dans une longue citation de Jean Jaurès, qu’il a bien entendu dû totalement modifier pour que cela passe. Jean Jaurès était un effet un réformiste, mais un réformiste membre du Parti socialiste SFIO et donc visant tout de même le socialisme, c’est-à-dire la socialisation des moyens de production.
Voici la citation telle que Raphaël Glucksmann l’a lue lors du meeting de Toulouse :
« Parce que le Parti socialiste est un parti de révolution, précisément parce qu’il ne se borne pas à réformer et à pallier les pires abus du régime actuel, mais veut réformer en son principe et en son fond ce régime même, il est le parti le plus activement et le plus réellement réformateur.
Il est le seul parti qui puisse donner à toute tentative partielle d’affranchissement et d’amélioration, la plénitude d’une force que rien n’arrête et que rien n’effraie. »
Raphaël Glucksmann a ensuite parlé de radicalisme et de réformisme comme étant ce qui caractérise le Parti socialiste, à l’opposé des tentatives « autoritaires » comme celle des bolcheviks. En apparence, c’est de l’anticommunisme, en réalité c’est de l’antisocialisme.
Ce n’est pas pour rien qu’au meeting, il a par ailleurs souligné que les socialistes, c’était Jaurès et Blum, mais aussi Mendès-France et Rocard. Car ces deux dernières figures n’étaient que des figures de centre-gauche, n’ayant justement rien à voir avec le Jaurès et Blum, avec les valeurs du socialisme.
Et Jaurès donc, bien qu’il n’ait jamais agi dans l’esprit de la social-démocratie allemande – avec son marxisme orthodoxe porté par Karl Kautsky – appartenait bien à un parti voulant le socialisme. Pour cette raison, Raphaël Glucksmann a été obligé de falsifier la citation de Jean Jaurès.
Voici les propos réels de Jean Jaurès, au congrès de Toulouse du Parti socialiste SFIO, en 1908 :
« Nous vous disons, précisément parce que le Parti socialiste est un parti de révolution, précisément parce qu’il ne se borne pas à réformer et à pallier les pires abus du régime actuel, mais veut réformer en son principe et en son fond ce régime même, précisément parce qu’il veut abolir le salariat, résorber et supprimer tout le capitalisme, précisément parce qu’il est un parti essentiellement révolutionnaire, il est le parti le plus activement et le plus réellement réformateur.
Précisément parce qu’il n’est pas arrêté, dans sa revendication incessante, par le droit, périmé à ses yeux, de la propriété bourgeoise et capitaliste, il est le seul parti qui puisse pousser toutes les réformes jusqu’à la réforme totale et il est le seul parti qui puisse donner à chaque réforme, à chaque tentative partielle d’affranchissement et d’amélioration, la plénitude d’une force que rien n’arrête et que rien n’effraie. »
« Abolir le salariat, résorber et supprimer tout le capitalisme », « la propriété bourgeoise et capitaliste » comme un droit périmé… Cela est bien loin de Raphaël Glucksmann et de son style grand-bourgeois Paris-New-York. C’est à l’opposé les valeurs de la Gauche historique, dont nous avons besoin aujourd’hui.