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Une militante CGT exclue du rassemblement «la vérité pour Adama» à cause de son drapeau

Une militante CGT s’est faite conspuer puis dégager de la manifestation du collectif « la vérité pour Adama ». Elle a publié une lettre pour se défendre, dans laquelle elle montre qu’elle n’a pas compris le cœur du problème : si est elle s’est faite jeter aussi vertement, c’est parce qu’elle a été assimilée au mouvement ouvrier.

Une militante CGT avait décidé de participer avec le drapeau de son syndicat au rassemblement du collectif « la vérité pour Adama », qui a rassemblé 20 000 personnes devant le tribunal de grande instance de Paris. L’orientation postmoderne de l’initiative fait qu’elle s’est faite jeter, avec une grande vigueur, les manifestants n’acceptant pas de se voir liés au mouvement ouvrier.

Trop heureuse d’un tel événement politique, la Droite ultra-conservatrice Valeurs Actuelles a diffusé une vidéo dans laquelle on voit ce qui s’est passé :

La militante CGT proteste à juste titre contre la récupération faite par Valeurs Actuelles, mais elle se plie en même temps entièrement aux postmodernes identitaires qui l’ont pourtant rejeté, car elle a été assimilée au mouvement ouvrier.

Son discours revient même totalement à une liquidation de tout principe de classe, au profit d’un discours identitaire, à la différence qu’elle appelle à des « convergences », ce que ne font pas ceux qui sont dans la logique des « Indigènes de la République ». Son message a initialement été diffusé par le site trotskiste Révolution Permanente. Le voici :

« Deux choses doivent être dites sur cette vidéo : le rassemblement d’hier contre le racisme et contre les violences policières était un moment historique, et Valeurs Actuelles est un « media » d’extrême droite connu et reconnu comme tel. Je suis particulièrement scandalisée par cette instrumentalisation honteuse dont je fais l’objet, à propos d’un fait extrêmement marginal, qui s’est produit au moment où j’allais quitter le rassemblement.

Le fait que des manifestant-e-s présent-e-s n’aient pas apprécié de voir un drapeau CGT à la manifestation n’enlève strictement rien à la justesse du mouvement et au combat contre le racisme et les violences policières. Il est d’ailleurs judicieux qu’aujourd’hui on se pose la question de la présence et du rôle des syndicats dans la lutte antiraciste, et de notre responsabilité, tout comme la responsabilité historique de nos organisations syndicales, dans les combats antiracistes d’aujourd’hui pour construire les convergences de demain. Le syndicalisme doit être antiraciste.

Ensuite, étant animatrice des luttes des salariés du nettoyage et des hôtels, majoritairement des personnes noires, arabes, asiatiques, immigrées, ou issues de l’immigration, dont je fais partie, étant immigrée moi-même, nous avons toujours fait face à la police, sa violence et sa brutalité, dans la vie de tous les jours comme lors des luttes au travail ! À l’hôtel Holiday inn de Clichy, au campanile de Suresnes, au parc Hayat Vendôme, à l’Ibis des Batignolles. La police est toujours intervenue. Au parc Hayat Vendôme, on a été brutalisé-e-s et criminalisé-e-s juste parce que nous luttions pour la dignité, pour des augmentations de salaires et contre la sous-traitance, obligé-e-s à payer des amendes … dans toutes ces luttes, on a été soutenu-e-s par le comité pour la justice et la vérité pour Adama.

De même, notre syndicat a été présent dans les actions et mobilisations du comité, ainsi que dans toutes les actions antiracistes, contre l’islamophobie, contre l’antisémitisme, tout comme toutes les mobilisations et les grèves contre la régression sociale et les attaques patronales qui fragilisent toujours davantage celles et ceux qui sont socialement assigné-e-s aux travaux les plus durs et les moins rémunérés et valorisés !

Je dénonce avec fermeté cette instrumentalisation honteuse par ce « torchon » fasciste » et j’affirme une fois de plus mon soutien à tous-tes les camarades partout dans le monde qui se battent contre le racisme, pour la justice, pour la convergence des luttes et pour l’union de nos forces. Pour un avenir sans exploitation et sans domination. Le syndicalisme a toute sa place dans les luttes contre les violences policières et contre le racisme, car ces violences ne s’arrêtent pas aux portes du travail, au contraire elles structurent son organisation et l’exploitation des personnes racisées. Justice pour Adama, pour Amine Bentounsi, Babacar Gueye, Ali Ziri, Ibrahima Bah, Zineb Redouane, Gaye Camara, Steve Maia Caniço, et Fatouma Kebe ! Justice pour George Floyd, justice pour toutes les victimes des violences policières et du racisme !

Tiziri Kandi, CGT HPE