La liste d’union à Gauche « le Printemps marseillais » est arrivée en tête du premier tour des municipales en mars dernier. Elle est maintenant en capacité de remporter la mairie le 28 juin, face à la Droite et l’extrême-Droite, alors que la Droite est visée par la justice pour une possible affaire de fraude électorale.
Le score du « Printemps marseillais » au premier tour des municipales 2020, arrivé en tête avec 23,4 % des suffrages contre 22,3 % pour la Droite et 19,4 % pour l’extrême-Droite, est déjà une victoire en soi. C’est la victoire d’un processus d’unité de la Gauche.
La liste portée par l’écologiste Michèle Rubirola est le fruit d’un long processus de convergences, malgré les nombreuses tentatives de divisions, voire de sabotage de l’initiative. Un moment marquant pour le « Printemps marseillais » a été la décision de Benoît Payan du Parti socialiste de se retirer de la tête de liste, en raison des critiques envers le PS. Il faisait ainsi le choix de l’unité contre la Droite et l’extrême-Droite, dans un esprit de Front populaire.
Il avait alors ces mots très forts :
« Au risque de voir perdurer ce système qui a conduit Marseille dans le mur, et face au danger du FN, nous n’avons pas d’autre choix que de nous rassembler pour gagner. C’est notre seul et unique espoir. Ce rassemblement de la gauche, des citoyens et des écologistes, il existe aujourd’hui, il s’appelle le Printemps Marseillais.
Bien évidemment, des esprits chagrins ont eux préféré leurs petits intérêts personnels à la construction d’une alternative crédible pour Marseille. Marseille se meurt de ce personnel politique médiocre, de ces diviseurs et de ces irresponsables.
Je ne serai jamais de ceux-là. »
> Lire également : «Ma seule ambition, c’est Marseille»: la démarche unitaire de Benoît Payan du PS
Cet élan a permis à différents collectifs et personnalités locales du mouvement démocratiques marseillais et de la Gauche marseillaise de participer pleinement à la démarche. L’appui, depuis le début, de Jean-Marc Coppola du PCF a également été déterminant.
Le score du « Printemps marseillais » a ainsi été une grande victoire, autant qu’une grande surprise pour de nombreux commentateurs. Cela a complètement ridiculisé EELV, qui assumait totalement de saboter la démarche en refusant de s’y joindre. Michèle Rubirola, la tête de liste du « Printemps marseillais », est pourtant elle-même issue de EELV, avec qui elle a été élue au Conseil départemental en 2015. Cependant, elle en a été suspendue en raison de son ralliement au processus d’unité de la Gauche.
Elle disait alors fort justement :
« Le but, ce n’est pas de se faire plaisir et d’arriver troisième comme dans ce sondage, mais d’être en situation de gouverner la ville. Tous unis d’un côté et nous de l’autre, quel est le message pour les électeurs ? Les Marseillais veulent l’union, c’est ça qu’ils n’entendent pas ! »
> Lire également : Municipales: les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille
Il ne faut pas croire ici que c’était simplement une démarche opportuniste personnelle, car il n’y avait à ce moment-là rien d’évident à ce qu’elle soit désignée tête de liste et devienne potentiellement maire de Marseille.
C’est par contre la preuve que les démarches d’unité, quand elles sont menées efficacement, avec un élan populaire et démocratique, fonctionnent. Le résultat de l’élection marseillaise sera donc scruté avec attention par toute la Gauche française. Cela pourrait constituer un élan déterminant pour le processus d’unité de la Gauche à l’échelle nationale, pour les scrutins à venir.
La liste du « Printemps marseillais » portée par Michèle Rubirola a ainsi déjà été soutenue par Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, ainsi que tout l’appareil EELV, qui s’y est finalement rallié. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure est également attendu à Marseille dans la semaine pour soutenir la liste.
Le résultat du scrutin dans la seconde plus grande commune de France sera également d’une grande signification pour l’ensemble du pays sur le plan politique. Tant l’extrême-Droite (avec le liste RN portée par Stéphane Ravier, ex-maire du septième secteur de la ville), que la Droite, avec la liste LR portée par Martine Vassal, soutenue par le maire sortant Jean-Claude Gaudin, doivent être évitées.
L’implantation du Rassemblement national dans une ville à l’identité aussi populaire que Marseille est un très grand danger, et c’est une priorité de la combattre le plus largement possible. Quant à la Droite, elle représente au plan local tout un système affairiste âprement dénoncé par toutes les oppositions démocratiques depuis de nombreuses années, en raison du climat particulièrement malsain que cela engendre dans la ville et sa région.
Le climat est tel d’ailleurs, qu’au premier tour un bureau de vote a été attaqué avec des armes factices pour tenter de saisir l’urne, alors que des irrégularités ont été dénoncée dans de nombreux bureaux par le « Printemps marseillais ». Il a également, bien entendu, cette affaire récente de suspicion de fraude aux votes par procuration dénoncée par France 2 et le magazine Marianne, pour laquelle la police judiciaire a été saisie. Une perquisition a eu lieu samedi matin au local de campagne de Martine Vassal, la tête de liste de la Droite (et présidente de la métropole), pour rechercher de possibles «manœuvres frauduleuses» et des «faux et usage de faux».