Eric Zemmour pose des défis politiques et culturels.
Lors de son passage à Nantes le 30 octobre, Eric Zemmour a directement abordé la question du fascisme et de l’antifacisme. Il l’a fait de manière bien calculée, car Nantes est un bastion anarchiste et évidemment 450 personnes ont pratiqué une ligne substitutiste, cherchant à perturber le meeting d’Eric Zemmour en entrant dans l’enceinte du Zénith pour essayer de le bloquer, ainsi qu’en collant la veille des affiches avec une cible sur le visage d’Eric Zemmour. C’est inefficace et même contre-productif, puisque cela ne fait que renforcer le « buzz » d’Eric Zemmour.
Il est tout à fait logique qu’Eric Zemmour aborde, dans un même meeting, la question du fascisme et celle de la chasse, prenant pour la première fois position sur cette dernière. A rebours des anarchistes qui ne comprennent rien à rien, Eric Zemmour a compris que ce qui était en jeu, c’était la question du mode de vie fondé sur une certaine vision du monde. Il a a saisi que la question animale était fondamentale pour le camp du changement, et comme il ne veut pas le changement, et que de toutes façons le véganisme est trop « difficile » pour des Français fainéants et libéraux, il sait qu’il a un boulevard.
Quant à l’antifascisme défini comme « une colonisation intellectuelle de l’humanité, voulue par le cerveau malade de Staline », c’est une référence très précise à l’Histoire. L’antifascisme comme démarche a en effet été défini par le Bulgare Georgi Dimitrov et systématisé par le mouvement communiste dans le cadre du septième congrès de l’Internationale Communiste en 1935.
Cela est très peu connu en France, car les anarchistes ont pratiqué un lessivage sur le plan des idées afin de se présenter comme « antifas » alors qu’en réalité, ils ont toujours nié la nécessité du « front » antifasciste. Le « front » est historiquement l’alliance des socialistes et des communistes (principalement), les anarchistes et l’ultra-gauche dénonçant une trahison de la révolution. Cela dit ce n’est pas toujours exact : dans le front populaire espagnol, on trouvait la CNT au gouvernement, et seule une frange d’ultra-gauche s’y opposait.
En France c’est cette ligne d’ultra-gauche qui prévaut chez les « antifas », avec un soutien naturel de la part des libéraux, comme cet article du Monde du 26 octobre 2021, L’antifascisme, un renouveau par la jeunesse, qui fait leur éloge, notamment de la « Jeune Garde ». Le capitalisme libéral apprécie que l’antifascisme soit réduit à une défense des migrants et un rejet des bandes fascistes, à une critique de l’autoritarisme de l’État, etc. Des éditions anarchistes viennent même d’ailleurs de sortir un jeu de société « antifa » dans cet esprit.
Le souci, ce n’est pas simplement que ce soit faux, c’est que c’est suicidaire. Comme en témoignent les propos triomphalistes sur porte-parole de la Jeune Garde (à la suite du passage chez Hanouna ou de l’article du Monde).
On n’arrive à rien du tout, oui. CNews utilise les « antifas » pour montrer aux bourgeois qu’Eric Zemmour est efficace pour polariser. S’imaginer qu’un bourgeois puisse craindre quelque chose dans un contexte comme le nôtre, c’est littéralement délirer. L’offensive bourgeoise est gigantesque. C’est un rouleau compresseur qui déboule, parce que la situation est celle d’une crise.
Alors, oui les antifas forment une mouvance importance de plusieurs centaines de personnes, mais leur impact sur la société est à l’image de celui de la Gauche, pratiquement inexistant. La dernière manifestation « antifa » à Lyon a rassemblé 2 000 personnes le 23 octobre 2021 et c’est présenté comme une victoire. Lyon, c’est avec son environnement direct pratiquement deux millions de personnes. Dans les sondages, Eric Zemmour est à 17%, Marine Le Pen à 16%. Les meetings d’Eric Zemmour sont pleins et tout un pan de la bourgeoisie le soutient, avec à l’arrière-plan la haute bourgeoisie désireuse d’une sorte de Brexit à la française. La majorité des ouvriers est peu ou prou sous l’hégémonie de Marine Le Pen.
Voilà pourquoi les seules réponses antifascistes réelles peuvent et doivent être politiques. L’ultra-gauche a failli, comme le montrent d’ailleurs son soutien aux gilets jaunes et aux anti-pass sanitaire. C’est la Gauche historique qu’il faut réactiver.