Les animaux dans les cirques c’est fini, mais en fait non.
La loi contre la maltraitance animale a finalement été adoptée définitivement, après avoir fait l’habituelle navette entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Nous présentions cette loi lors de sa première adoption en janvier dernier dans l’article « L’Assemblée nationale adopte une petite loi pour les animaux ».
Cette loi ne changera pas grand-chose, même si elle est évidement une petite avancée sur quelques sujet. Toutefois, ce n’est pas le cas à propos de la présence des animaux sauvages dans les cirques. La loi a été présentée par beaucoup de personnes, dont les élus de la majorités qui en sont à l’origine, comme une grande avancée. En gros, il est laissé entendre que les animaux sauvages dans les cirques, c’est enfin fini.
Tel n’est pourtant pas le cas. Déjà, car tout cela va prendre du temps. Il faut attendre au moins sept ans avant que les cirques n’aient vraiment plus le droit de mettre en scène ces animaux… Si la loi n’est pas suspendue ou contournée d’ici là.
Mais surtout, il y a une « subtilité » dans la loi… Seuls les cirques itinérants sont concernés par l’interdiction. Autrement dit, il suffira d’être installé fermement quelque part pour continuer à martyriser des lions, de singes, des hippopotames pour de soit-disant spectacles.
C’est terrible, car on a en apparence une grande avancée pour les animaux, mais en réalité ce n’est qu’une modernisation de la maltraitance animale.
Les cirques nomades sont inévitablement un enfer pour les animaux sauvages et il était évident qu’il n’y avait pas grand-chose à aménager de ce côté là en raison de la complexité inhérente à l’itinérance. Mais plutôt que d’aller véritablement dans le sens des animaux en interdisant purement et simplement les cirques, la loi va en fait servir à moderniser ce business, en obligeant de nouvelles normes pour des cirques sédentaires et en prétendant que celles-ci sont bien pour les animaux sauvages.
Voilà un terrible piège, car il sera d’autant plus difficile d’accéder à une véritable libération pour les animaux des cirques, étant donné que leurs bourreaux pourront prétendre respecter de nombreuses règles nouvelles et prendre vraiment « soin » de « leurs » animaux.
Cela signifie également une autre chose, vraiment terrible. Si les animaux sauvages sont interdits dans les cirques, on pouvait imaginer que ceux-ci allaient forcément être recueillis par des sanctuaires, comme par exemple « Elephant Haven » en Haute-Vienne. Ce n’est pas du tout le cas, les cirques bourreaux pourrons continuer à garder « leurs » animaux, du moment que c’est une installation fixe et non nomade.
De telles installations existent déjà, comme par exemple le Jungle Park près de Nice qui appartient au cirque Medrano, comme le rappelle la porte-parole de l’association One Voice, à la pointe du combat sur ce sujet, qui a justement réussi à faire fermer ce site, mais qui ne pourra pas tous les faire fermer.
D’ailleurs, du côté de One-Voice, il n’y a aucune illusion quand à cette loi qui est un véritable échec sur le sujet des cirques :
« Il y a trop de failles dans ce texte catastrophique »
« On ne peut pas parler de loi de protection animale quand certains cirques peuvent continuer d’exploiter des animaux sauvages ! Des tigres et des lions vont rester aux mains de dresseurs qui vont se sédentariser, certains le font déjà. Dire que c’est une grande avancée : non. C’est un premier pas. »
D’après le ministère de la Transition écologique, ce sont actuellement 800 animaux sauvages, dont 8 éléphants, qui sont emprisonné et forcés à se donner en spectacle pour des cirques. C’est énorme, et inadmissible. La société française est complètement à la traîne sur cette questions, en raison des mœurs libérales du pays et d’un mépris culturel vis-à-vis de la vie animale très ancré dans les mentalités.
Les animaux ont besoin d’une véritable révolution culturelle pour que les choses changent vraiment, sinon le piège continuera à se refermer sur eux avec des petites avancées, qui sont en fait surtout des modernisations… servant à continuer à les maltraiter.