L’alignement français est officiellement salué par l’OTAN.
Il est courant de dire qu’en ce qui concerne l’OTAN, la France a un pied dedans et un pied dehors. La présidence d’Emmanuel Macron a réalisé une tendance déjà en cours depuis plusieurs années : la France est désormais entièrement dans l’OTAN sur le plan stratégique. La visite du président du Comité militaire de l’OTAN à Paris pour saluer l’engagement français en est une preuve.
Cette visite, à la suite directe de la réunion de l’OTAN à Bruxelles qui a été marquée par une condamnation de la Russie, n’est naturellement pas simplement de courtoisie. Le président du Comité militaire est forcément venu avec toute son équipe, pour contribuer à la mise en place du bloc politico-militaire contre la Russie. La France étant un acteur essentiel de l’OTAN, notamment sur le plan maritime et aérien, comme en témoignent les activités militaires françaises en Mer Noire à la mi-décembre 2021, il s’agit là d’une mise en place technique inévitable.
C’est un aspect très important, car maintenant que la question ukrainienne « commence » à apparaître comme thématique, on a déjà l’expression d’un opportunisme complet expliquant que, somme toute, c’est un affrontement lointain entre les pays occidentaux et la Russie, et qu’il faudrait, le cas échéant, simplement protester si la France fait partie de la coalition occidentale. Il faudrait rééditer alors la Conférence de Zimmerwald de 1915 pour s’opposer à « l’union sacrée ».
C’est totalement honteux, alors que la France n’est pas un éventuel allié de la superpuissance américaine, mais une puissance agressive de premier plan, une composante essentielle de l’OTAN. Cela exprime en fait le point de vue des intellectuels bourgeois « de gauche » en France, qui veulent protester mais dans le confort d’une position critique semblable à celle d’un professeur. C’est aussi un chauvinisme à la française : si la France fait quelque chose de mal, c’est qu’elle est manipulée par les Etats-Unis ou Israël, etc.
C’est un exemple de comment la crise démasque tous les faussaires et révèle les choses telles qu’elles sont. Il ne faut surtout pas se fier à de telles positions opportunistes. La France est bien une partie essentielle de l’OTAN et donc de la tendance à la guerre ! La visite en France du président du Comité militaire de l’OTAN le montre bien.
Le 17 décembre 2021, l’amiral Rob Bauer [de la Marine royale néerlandaise], président du Comité militaire de l’OTAN [depuis juin 2021], s’est rendu à Paris afin de s’entretenir avec le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées (France).
Il a également effectué une visite au centre de planification et de conduite des opérations, où une série d’exposés sur les activités militaires de la France lui ont été présentés.
Après avoir été accueilli par une garde d’honneur officielle à l’École militaire (Paris), le président du Comité militaire de l’OTAN, l’amiral Bauer, s’est rendu au centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). Depuis 2004, cette entité de premier plan apporte son soutien à la France pour tout ce qui concerne la planification et la conduite des opérations nationales et internationales auxquelles participent les militaires français.
En communication permanente avec les commandements opérationnels du monde entier, y compris ceux déployés en mission, le CPCO permet une meilleure coordination, des réponses plus rapides à l’évolution de la situation et une gestion de crise plus efficace.
Lors de son entretien avec le général de division Philippe Susnjara, chef du CPCO, l’amiral Bauer a souligné l’importance de disposer d’un tel quartier général : « Les nouveaux défis exigent de nouvelles réponses, notamment dans les domaines que nous abordons depuis peu, où la technologie se développe à un rythme extrêmement rapide. Nous devons pouvoir proposer des réponses efficaces, en temps voulu, et c’est pourquoi un éclairage opérationnel est essentiel à la prise de décisions ».
Une série d’exposés ont été présentés à l’amiral Bauer, notamment sur les priorités de la France concernant une approche à 360 degrés et sur ses activités militaires actuelles, dont les opérations en cours au Mali et en Iraq, ainsi que sur sa participation actuelle à des missions de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN.
La France contribue actuellement à la mission renforcée de police du ciel de l’OTAN et au groupement tactique multinational en Estonie dans le cadre de la présence avancée rehaussée de l’OTAN.
« En ce moment, 30 000 militaires français sont déployés sur le territoire et à l’étranger pour protéger les pays, leurs populations et leurs valeurs. Une partie des effectifs est déployée à l’appui de missions de l’UE et de l’OTAN pour assurer la sécurité, la dissuasion et la défense du territoire euro-atlantique », a ajouté le président du Comité militaire.
Lors de leur rencontre, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées de la France, et l’amiral Bauer ont abordé les axes de travail en cours, et plus particulièrement l’élaboration du concept-cadre de l’OTAN sur la capacité à combattre et le concept de dissuasion et de défense pour la zone euro-atlantique.
Ils ont également évoqué l’état actuel des dépenses de défense, la France étant le troisième principal contributeur en Europe, et le quatrième parmi les pays de l’OTAN. L’amiral Bauer a par ailleurs remercié la France de son offre d’accueillir le nouveau Centre d’excellence de l’OTAN pour l’espace, qui sera établi à Toulouse d’ici 2025.
« La France compte dans ses rangs des militaires d’exception, dispose de capacités de pointe, a la volonté politique de les employer et peut les déployer rapidement. Les avions de chasse français participent régulièrement à la mission de police du ciel de l’OTAN dans les États baltes afin d’assurer la sécurité de l’espace aérien de l’Alliance. L’an prochain, la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation de l’OTAN sera dirigée par une brigade franco-allemande. La France, dans l’ensemble des domaines traditionnels, contribue activement au dispositif de dissuasion et de défense de l’Alliance, ce à quoi s’ajoute désormais l’espace », a indiqué en conclusion le président du Comité militaire.