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Les chauves-souris de Kharkiv ou bien l’Ukrainienne d’Emily in Paris et de Docteur House?

C’est une grande bataille qu’il faut gagner.

C’est l’image de la femme ukrainienne qui est en jeu, et c’est une bataille.

Lors du début de l’invasion russe, les sites internet diffusant de la pornographie ont connu des recherches massives des mots clefs « Ukrainian girls ». Il ne s’agit pas là de curiosité malsaine, mais de bien pire : d’une tendance patriarcale à l’esclavagisme sexuel. Les monstres se précipitent sur des femmes qui se retrouvent dans une situation de faiblesse. Et les réfugiées ukrainiennes à travers l’Europe subissent d’autant plus cette terrible menace patriarcale.

Cette tendance était déjà particulièrement marquée en Ukraine, pays le plus pauvre d’Europe où la prostitution était un système particulièrement développé, industrialisé, autant que celui des mères porteuses. Il existait avant la guerre une « sexualisation agressive » et iconique de la femme ukrainienne. La femme ukrainienne est présentée dans cette perspective comme belle et volontaire, autrement dit prête à tout, si on y met les moyens financiers.

Les exemples « pop » de cette idéologie sont innombrables. Dans la série Dr House, la très volontaire Dominika Petrova obtient de Dr House de réaliser un mariage blanc afin qu’elle obtienne la nationalité américaine, en l’échange du ménage et de la cuisine. Dans la série Emily in Paris, l’étudiante Petra est une étudiante voleuse, prête à tout pour les richesses matérielles, servant d’antithèse au personnage principal. Mais on peut retrouver de tels exemples dans de très nombreuses déclinaisons, car la « culture » dominante reflète des rapports de force capitalistes.

Le capitalisme ne va certainement pas valoriser le Centre Ukrainien de réhabilitation des chauves-souris ou en général les femmes de la protection animale. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas l’abnégation, mais le marché. Le capitalisme vend qu’on puisse tout vendre et acheter, il ne veut pas de femmes donnant leur temps aux animaux, mais des femmes vendant leurs corps aux hommes.

La question de la femme ukrainienne, déjà importante, devient désormais un aspect désormais essentiel du féminisme. Si le patriarcat arrive à ses fins, à soumettre les femmes ukrainiennes réfugiées, c’est la Cause de toutes les femmes qui est gravement touchée. Et cela sera un exemple terrible pour les conflits à venir, ce sera un appel d’air au patriarcat le plus virulent. La guerre à venir, c’est l’enfer pour les femmes du monde. La bataille pour le repartage du monde implique en soi la mise en place de nouveaux marchés – les femmes formeront un tel marché.

Il est d’ailleurs significatif que la fondatrice des Femen, l’Ukrainienne Inna Shevchenko, n’aborde pas du tout la question du statut de la femme ukrainienne. Elle est depuis le début de la guerre entièrement dans le camp des propagandistes au service de l’OTAN, déversant sans fin des messages reprenant tout le bourrage de crâne du capitalisme occidental et du nationalisme ukrainien (les Russes « exterminent » les Ukrainiens et ils l’ont toujours fait). Cela, alors qu’elle n’a jamais parlé de l’Ukraine avant l’invasion, malgré les tensions énormes existant déjà. Elle a « redécouvert » l’Ukraine seulement dans la mesure où elle pouvait converger avec le capitalisme occidental. Dans une telle démarche, il n’y a aucune place pour le féminisme, qui ne peut être par définition que démocratique et populaire.

A travers la question de la femme ukrainienne, il y a la question de la femme en général qui se pose – la bataille pour le repartage du monde est la grande menace sur la Cause des femmes.