Rater son positionnement, c’est aider le fascisme.
Mettons de côté les stupidités anarchistes et trotskistes comme quoi le fascisme ce serait des gangsters racistes faisant un hold up sur l’État et regardons les choses avec réalisme. Le fascisme, c’est une remise en ordre de marche de la société pour aller à la guerre. C’est un mouvement qui correspond au repli de chaque capitalisme sur sa base nationale, afin d’être en position de force dans la bataille pour le repartage du monde.
Eh bien c’est là que la question américaine prend une place capitale, et c’est là que va se jouer, pratiquement, la question de savoir si c’est le Fascisme qui va prendre le dessus, ou bien le Socialisme. Pourquoi cela ? Pour la simple raison que la superpuissance américaine est le capitalisme dominant depuis 1918.
Elle a été l’initiatrice de la société de consommation, d’un mode de vie de dimension civilisationnelle. Elle est la première puissance économique mondiale, sa monnaie est centrale dans le capitalisme mondial, son armée est de très loin la plus puissante au monde.
Seulement, la superpuissance américaine périclite. Le capitalisme est en crise, la compétition s’exacerbe donc jusqu’à aller dans le sens de la guerre. Chaque pays va procéder à son propre BREXIT – l’invasion de l’Ukraine, c’est le Brexit à la russe – et il va y avoir de multiples options idéologiques pour se prétendre le meilleur choix pour le pays.
Or, comme le capitalisme américain est hégémonique mais en crise, parce que l’ensemble du capitalisme est en crise, il y a des courants qui prônent le découplage par rapport à lui. Aujourd’hui, ces courants sont insignifiants et même Eric Zemmour, qui n’allait pas loin du tout sur cette ligne, s’est fait écraser sur le plan des idées au moment de la présidentielle 2022.
Seulement, si la Russie gagne en Ukraine – ce qu’elle est en train de faire – ces courants vont prétendre avoir obtenu une grande légitimité. Ils vont dire : regardez, la globalisation recule, le monde devient multipolaire, il faut être de la partie. La Chine devient incontournable, la Russie est inébranlable, et il y a l’Inde, le Brésil, l’Iran… Et ils prôneront une option « nationale-révolutionnaire », qui va servir de levier à la mise en place de l’idéologie fasciste en tant que telle.
Ce qui est terrible sur le plan des idées si on comprend ça, c’est qu’on voit très bien comment La France insoumise sème des graines dans cette direction, tout comme la mouvance issue de la « gauche » du PCF, à quoi il faut ajouter la scène « anti-vax » convergeant avec une extrême-Droite antisémite et complotiste qui s’imagine qu’une oligarchie décide du sort du monde.
Autrement dit, tout cela forme quelque chose qui ne ressemble à rien aujourd’hui, mais qui peut demain former l’ossature d’une approche générale permettant un élan politique dans une situation de crise. C’est d’ailleurs très exactement comme cela que le nazisme allemand est apparu du jour au lendemain sur la scène politique allemande. Il a été une synthèse de multiples initiatives délirantes et marginales, finissant par former une proposition d’orientation qui a obtenu l’accord du grand capital allemand et s’est mis au service de ce dernier.
C’est la raison pour laquelle écraser sur le plan des idées et de la culture ces tenants de l’option « nationale-révolutionnaire » (plus ou moins élaborée) est essentielle. Il faut être au premier rang de la dénonciation de la superpuissance américaine, mais pas pour faire de l’anti-américanisme, pour expliquer que c’est le mode de vie capitaliste qui a fait son temps, qu’il ne s’agit pas de remplacer une puissance hégémonique par une autre – car un monde « multipolaire » n’existe pas de par le côté inégal du développement capitaliste et de chaque puissance. L’heure est à une humanité unifiée, au Socialisme comme nouvelle civilisation.
C’est en ce sens, et cela a déjà été souligné, que nos articles sur l’Ukraine – qui annonçaient la guerre plusieurs mois avant qu’elle ne se déclenche – sont une arme politique antifasciste du plus haut degré. Ils sont la preuve que les partisans de la Gauche historique n’ont pas pris le train en marche, contrairement aux autres. Ils sont la preuve que les événements ont été compris et prévus. Ils sont la preuve de la justesse de la vision du monde qui affirme que l’avenir appartient au drapeau rouge.
C’est en ce sens que nous insistons sur la question des mentalités, du mode de vie, notamment par rapport à la question animale. Cette question est la grande frontière, elle délimite parfaitement qui relève de l’avenir et qui relève du passé. C’est la ligne de démarcation qui nous sépare des beaufs et des turbocapitalistes, ces indifférents et ces hyper-consommateurs aveugles.
L’effondrement de la superpuissance américaine peut aboutir à sa grande victoire sur son challenger chinois, sa grande défaite face à ce dernier – mais historiquement ce qui va advenir inévitablement c’est l’effacement du capitalisme et de ses valeurs pour faire la place au Socialisme !