La guerre va passer un cap, la France se subordonne à la superpuissance américaine.
Le soir du 20 septembre 2022, il était attendu que Vladimir Poutine prenne la parole à la télévision. Les heures précédentes, la tension ne cessait de monter et il semblait évident que la Russie allait annoncer la mobilisation générale, c’est-à-dire le passage à une guerre ouverte, frontale.
La prise de parole du président russe a cependant été repoussée. Ce n’est que reculer pour mieux sauter, car la thèse ici développée d’une Russie ayant brûlé ses vaisseaux la semaine précédente semble s’avérer entièrement juste.
Il a en effet été annoncé, de manière subite, la tenue de référendums pour rejoindre la Russie, dans les régions de Donetsk et de Lougansk, de Kherson et de Zaporijjia, du 23 au 27 septembre 2022. Or, ce que cela implique, c’est que si les référendums amènent ces régions à rejoindre la Russie, elles deviendront une composante légale de la Fédération de Russie du point de vue de celle-ci. La Russie se retrouverait alors de facto en guerre et cela déclencherait la mobilisation générale, l’état d’urgence, la loi martiale.
Tout cela forme un scénario parfait et l’offensive ukrainienne « réussie » par le retrait russe joue ici un rôle adéquat dans ce cadre. De son côté, le régime ukrainien ne le voit pas et d’ailleurs s’en moque ; le discours officiel est que la Russie va être défaite militairement. Des troupes sont amassées en ce moment depuis l’ouest du pays pour chercher à capitaliser l’avancée effectuée ces derniers jours.
Ce qui est aberrant quand on sait qu’une mobilisation peut aller jusqu’à deux millions de personnes, sept en cas de mobilisation absolue. Et sil es commentateurs occidentaux disent que la Russie ne peut pas réussir une telle mobilisation rapidement, cela ne tient pas. Mais si la France l’a réussi en 1914, la Russie le peut en 2022, d’autant plus que le pays est déjà militarisé depuis des décennies, avec l’apprentissage des armes étant assez répandu. De plus, le régime russe jouerait ici son va tout, donc cela va aller dans le sens d’une économie de guerre.
Le 20 septembre 2022, Vladimir Poutine a justement appelé les industries militaires russes à davantage produire. Ce qu’il va annoncer le 21 septembre ira dans le sens d’une escalade, comme annoncé ici ces derniers jours.
Et la France est de la partie. Le 20 septembre 2022, l’ambassadeur français a été convoqué au ministère russe des affaires étrangères, où il s’est fait signifier que l’utilisation des fameux canons CAESAr contre des civils, notamment dans la ville de Donetzk, était une ligne rouge. La Russie a résumé cela dans un communiqué, comme suit :
« L’accent a été mis sur le caractère inacceptable de la poursuite du gavage de l’Ukraine avec des armes occidentales, dont des françaises, que le régime de Kiev utilise pour bombarder des installations civiles et des infrastructures. »
Autrement dit : ces armes seront bientôt considérées comme frappant la Russie elle-même. C’est un avertissement très clair.
Cela n’a pas empêché le président français Emmanuel, le 20 septembre 2022 toujours, de prendre la parole à l’ONU pour appeler à unilatéralement soutenir le régime ukrainien, et à combattre la Russie. Son discours a été entièrement aligné sur les intérêts de la superpuissance américaine.
Cela fait que, sans même attendre le changement officiel d’orientation de la Russie, on a déjà passé un cap historiquement. La France et l’Allemagne ne comptent plus temporiser en rien. Le découpage possible de l’Ukraine publié ici le 26 juin 2022 est caduc. Désormais, il y aura un perdant dans l’affrontement.