Aucune valeur historique !
La marche « contre la vie chère et l’inaction climatique » du dimanche 16 octobre a rassemblé à Paris, entre Nation et Bastille, 140 000 personnes selon les organisateurs, 30 000 selon la police. Par organisateurs, il faut entendre des partis d’un côté, des associations de l’autre, et des « personnalités. Plus précisément, on parle ici des principaux partis de la Gauche gouvernementale, prise au sens le plus large, parce que ce qui est de gauche au sens réel du terme, il faut le chercher pour le trouver : le Parti socialiste, le PCF, Europe Écologie-Les Verts, et surtout La France insoumise.
Il faut bien voir que, même si on accepte le chiffre de 140 000, le chiffre est terriblement faible, car la manifestation était nationale. C’est qu’on est revenu à la Gauche d’avant 1914 : de bons scores électoraux… mais une base d’activistes très faibles, une capacité mobilisatrice très faible.
Pour rappel, le 10 avril 2022, Jean-Luc Mélenchon dirigeant de la France Insoumise obtenait au premier tour de l’élection présidentielle… 7 712 520 suffrages.
Autant dire que tout cela ne pèse pas lourd, alors que la situation est censée être très grave à entendre les discours brandis, les gens en France étant proche de la misère ! Le décalage est immense avec la réalité d’un pays lancé à pleine vitesse dans le capitalisme 24 heures sur 24 et où, il faut le souligner, les Français acceptent l’inflation car ils soutiennent la guerre contre la Russie, espérant en toucher les dividendes.
Les masses françaises sont corrompues par une mentalité impérialiste. Elles acceptent la tutelle stratégique américaine, elles espèrent se débarrasser des problèmes économiques par la victoire ukrainienne sur la Russie, et le dépeçage de la Russie.
C’est pour cela que la manifestation du 16 octobre 2022 n’abordait même pas la question de la guerre en Ukraine, que les blacks blocks anarchistes présents ont mené leur petit cinéma ridicule contre les policiers comme si de rien n’était, bref que tout était comme avant, comme si le monde n’avait pas fondamentalement changé.
La lutte des classes est totalement au point mort. Il y a bien la grève des opérateurs de raffineries en ce moment, mais cela reste circonscrit à quelques centaines d’ouvriers, tout à fait intégrés dans la consommation et réclamant (de manière tout à fait légitime) une encore plus grosse part du gâteau.
C’est bien, ou pas mal en tous cas, mais cela ne changera pas le monde, et d’ailleurs les travailleurs en grève ne comptent pas du tout changer quoi ce soit, ils veulent vivre comme avant, voilà tout.
Idem pour la grève qui se profile à la RATP ou à EDF, des secteurs protégés du capitalisme où les travailleurs jouissent d’une situation très favorable stratégiquement plutôt que d’une réelle combativité de classe.
Il faut le dire et le répéter, car c’est là l’esprit de la société française pour cette période. La 3e guerre mondiale, voilà l’actualité, mais ça n’intéresse personne, et certainement pas les enfants pourris gâtés du capitalisme qui demande encore plus d’État protecteur, toujours plus d’État protecteur, et jamais de lutte des classes.
Mais l’Histoire se chargera bien vite de la remettre sur le devant de la table et balayera ce genre d’initiatives hors du temps et de la marche du pays. C’est pourquoi il faut porter l’alternative, les valeurs, les conceptions de la Gauche historique, sans céder à cette pesanteur, cette torpeur, cette décadence, ce nihilisme que propage le capitalisme pourrissant.